« L’INFÂME DIALECTIQUE » Le rejet de la dialectique dans la philosophie française de la seconde moitié du XXe siècle
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Pour définir la dialectique, Deleuze s’arrête en particulier sur une figure de la Phénoménologie de l’Esprit, celle de la mauvaise conscience, qu’il retourne contre son auteur, Hegel. Cessant d’être une figure transitoire de la dialectique, elle est, assure Deleuze, le portrait fidèle du dialecticien tourmenté : « la découverte chère à la dialectique est la conscience malheureuse, l’approfondissement de la conscience malheureuse, la solution de la conscience malheureuse, la glorification de la conscience malheureuse et de ses ressources. Ce sont les forces réactives qui s’expriment dans l’opposition, c’est la volonté de néant qui s’exprime dans le travail du négatif. La dialectique est l’idéologie naturelle du ressentiment, de la mauvaise conscience. Elle est la pensée dans la perspective du nihilisme et du point de vue des forces réactives. D’un bout à l’autre elle est pensée fondamentalement chrétienne » . Derrière cette série d’affirmation, on peut lire en filigrane que la dialectique est indissociable d’une philosophie idéaliste de l’histoire, philosophie qui est couramment imputée à Marx.
On aurait tort de voir dans ces lignes péremptoires le produit d’une lecture un peu hâtive dans un livre somme toute consacré à un autre auteur que Hegel et qui, lui, pense en effet pis que pendre de la dialectique : il s’agit d’une opération bien plus élaborée, qui participe à la promotion collective d’un nouvel arsenal de références philosophiques, au travers desquelles se définit aussi un nouveau rapport à Marx et au marxisme.