city:memphis

  • Un #fromage vieux de 3 200 ans découvert dans une tombe égyptienne
    https://www.francetvinfo.fr/sciences/archeologie/un-fromage-vieux-de-3200-ans-decouvert-dans-une-tombe-egyptienne_290007

    Un fromage vieux de 3 200 ans a été découvert dans l’ancienne capitale de l’#Égypte antique, Memphis, selon une étude relayée vendredi 17 août par le HuffPost. Une équipe scientifique a retrouvé des pots cassés remplis d’une mystérieuse substance blanche dans la tombe de Phtames, l’ancien maire de #Memphis.

    #archéologie #alimentation #égyptologie

    Lien vers l’article du Anatical chemistry : https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acs.analchem.8b02535

  • Mort d’Aretha Franklin : quand la « reine de la soul » enchantait le Palais des sports de Paris
    Francis Marmande, Le Monde, le 16 août 2018
    https://abonnes.lemonde.fr/disparitions/article/2018/08/16/mort-d-aretha-franklin-quand-la-reine-de-la-soul-enchantait-le-palai

    Archives. Seul concert d’Aretha Franklin en Europe en 1977, il est marqué par la lecture d’une scène de « Cyrano de Bergerac » et l’attitude d’un public de gougnafiers.

    Lundi 28 novembre 1977, soleil pâle : la reine de la soul music, l’impératrice des musiques de l’âme, la fille du révérend Franklin chavirée par le style de Ray Charles, l’homologue de James Brown, mais femme-femme, trois fois femme, Aretha Franklin, est au Palais des sports de Paris.

    Robe lamée, éclairages pour Holiday on Ice, esthétique tchécoslovaque, sono de salle des pas perdus à la gare Saint-Lazare, prix stratosphériques, orchestre sous-payé, bouillie sonore, public très mixte, ce qui n’est, sauf pour le free jazz, la musique antillaise et le blues, à l’époque jamais la règle. Dehors, queue de comète du gauchisme virulent, affaire de l’avocat allemand des chefs de la Fraction armée rouge Klaus Croissant, c’est soir de manif.

    Le concert d’Aretha Franklin est son seul concert en Europe. Son Aretha in Paris avait été enregistré en public dans les premiers jours de mai 1968. Le concert commence avec un solide retard. Ambiance d’échauffourée larvée. Le côté non voulu de la carrière d’Aretha est émouvant : cet enfant qu’elle a à 14 ans, sans bien savoir ; l’aspect étape des Alpes de sa course sentimentale ; celui, étape des Pyrénées avec quatre cols, de ses relations avec ses maisons de production, tout cela finit par toucher énormément et s’inscrit dans sa voix.

    A l’époque du Palais des sports, elle vient de tomber sous la houlette de l’immense et méconnu Curtis Mayfield (il lui permet d’enregistrer, en 1976, la bande originale du film Sparkle). Bien plus tard, Curtis Mayfield reste paralysé pour avoir pris un projecteur sur le crâne. Le dialogue d’Aretha Franklin avec le malheur n’est pas moins constant que celui qu’elle instaure avec la gloire.

    Une ambiance de radio-crochet

    De toute façon, comme Nina Simone, elle voulait être concertiste et uniquement concertiste, puisqu’elle en avait la compétence et la reconnaissance académique. Mais, Noire. Et il se trouve aujourd’hui de petites douanières de la pensée universitaire (si l’expression n’est pas devenue un oxymore), elles cachetonnent dans les universités américaines et interprètent, sur fond de gender studies et pensée politique de bactérie, les attitudes et les déclarations de Nina Simone ou d’Aretha Franklin, voire leurs choix musicaux, comme autant de stratégies de carrière. Fines mouches. Misère !

    Aretha Franklin est la première artiste à avoir dépassé par les ventes Elvis Presley. Elle est noire, elle impose le respect, sa voix couvre quatre octaves, elle milite pour les droits civiques, pour la culture, pour l’émancipation des femmes dans la culture afro-américaine. C’est le temps de la militante Angela Davis. N’importe quel clip ce soir peut donner, a contrario, la mesure du combat de ces femmes. Lesquelles ne faisaient que reprendre avec virulence le style de Bessie Smith, de Ma Rainey et de toutes ces filles du blues qui vivaient entre filles.

    Sur la scène du Palais des sports, dans une ambiance de radio-crochet, il lui vient une idée. Aretha Franklin n’a pas réussi à nouer avec le public turbulent ce lien sensuel, agressif, charmeur, gorgé de rythmes et de gospel profane qu’elle noue d’habitude. Qu’il attend. Pourtant, le public est partant. Mais les choses ne passent pas. C’est un temps où les publics sont comme aujourd’hui : uniquement prêts à aimer ce qu’ils connaissent déjà.

    Dans ces années 1960-1970, on vire Anita O’Day parce qu’elle est trop blanche, on conspue Albert Ayler parce qu’il joue trop free, Archie Shepp parce qu’il ne joue plus free, le Modern Jazz Quartet parce qu’il est trop bien sapé, Sun Ra parce qu’il ne l’est pas assez. Bref, l’intelligence ne manque pas.

    Elégance casse-cou

    C’est l’instant qu’Aretha Franklin choisit pour faire entrer en scène Glynn Turman, inconnu au bataillon, acteur de télé très célèbre dans le Middlewest, pas du tout au Palais des sports. C’est son nouvel amoureux. Elle lui fait fête. Elle est ainsi faite. Ambiance. Ils s’installent et elle l’interviewe dans la langue de Faulkner. Ambiance. On leur apporte les commodités de la conversation (pour mémoire : des fauteuils). Là, scène très étrange. Glynn Turman extirpe laborieusement de sa poche une édition de Cyrano de Bergerac : dans la langue d’Edmond Rostand. Ils lisent ensemble une (trop) longue scène de la pièce. C’est pour être agréable à l’Amour, à la culture, à la langue, à la France. Ingratitude des gougnafiers. Grande ambiance. Sortie injuste autant que piteuse de l’amant.

    Ce dont on se souvient, c’est la façon impérieuse, sèche, indéniable, dont Aretha Franklin récupère au piano, avec un blues sans fioriture, la situation, le déséquilibre. Et l’aliénation les gougnafiers. Qui fondent comme des nigauds. Ce génie de l’art et de la maladresse, cette élégance casse-cou, l’inaptitude totale au trucage, cette beauté de fille surprise par l’âge de femme, c’est exactement ce qu’on aimait. Sans indulgence, mais sans réserve.

    #Aretha_Franklin #Musique #Soul #Francis_Marmande

    • Archive : Aretha Franklin, « force et grâce » à l’Olympia en 1968
      Lucien Malson, Le Monde, le 8 mai 1968
      https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/08/16/archive-aretha-franklin-force-et-grace-a-l-olympia-en-1968_5343116_3382.html

      8 mai 1968. Que le jazz ait fécondé les variétés, qu’il ait eu avec elles des rejetons plus ou moins charmants, qu’il ait en tout cas modifié l’apparence de l’art populaire occidental, voilà ce dont on ne peut douter. D’autre part, ce grand séducteur voyage sous des noms nouveaux et, muni de faux papiers d’identité, va de New York à Londres et de Londres à Paris. Qu’est-ce donc que le « rhythm and blues » authentique, sinon une musique qui n’existe que pour le swing et ne vaut que par lui ?

      En ce domaine, les Noirs des Etats-Unis nous ont toujours paru difficilement imitables, non par le fait de quelque génie racial – à supposer qu’il soit concevable, celui-ci se trouverait aujourd’hui fort dilué –, mais en raison des circonstances de leur vie. Ce n’est pas un hasard, par exemple, si les talents de la plupart des chanteuses de couleur, depuis la guerre, éclosent dans les églises avant de s’épanouir dans les salles de concert. Cette expérience du rythme extatique, dès l’enfance, a marqué Fontello Bass, Mitty Collier, Byrdie Green, Etta James, Gloria Jones, Kitty Lester et, bien sûr, Aretha Franklin, que nous avons applaudie hier soir aux galas d’Europe 1.

      Comparée à Ray Charles

      Aretha Franklin, fille d’un pasteur baptiste, née à Memphis en 1942, s’est consacrée d’abord au gospel song et, pendant sept ans, jusqu’à la saison dernière, à toutes les formes de l’art vocal de divertissement chez Columbia. Désormais, Atlantic la révèle telle qu’elle est au plus profond d’elle-même : musicienne de jazz dans l’âme, et que la critique, outre océan, compare déjà – un peu hâtivement – à Ray Charles.

      La voix puissante d’une Mahalia Jackson et un tempérament scénique remarquable

      La troupe d’Aretha Franklin, c’est vrai, s’apparente à celle de Charles. Elle apporte partout où elle passe un mélange réjouissant de chants et de danses, de musique et de spectacle. Pourtant, le groupement criard et assommant, qui assure la première partie, n’a rien à voir avec celui de son illustre confrère ni même avec l’ensemble de James Brown. Les douze musiciens jouent selon le vieux principe du « chacun pour soi et Dieu pour tous » et ne se rachètent qu’après l’entracte en accompagnant tout de même assez bien la chanteuse. Celle-ci a la voix puissante d’une Mahalia Jackson et un tempérament scénique remarquable. Sa très jeune sœur, Caroline Franklin, anime un aimable trio vocal qui tient ici le rôle des « Raelets ».

      Tant de force et tant de grâce alliées font merveille. Le public parisien a beaucoup aimé une Aretha Franklin qui se promet de revenir et nous donne ainsi l’espoir d’assister plus souvent à ces « soirées de la 125e Rue », auxquelles nous restons très attachés.
      ==============================
      Et pourtant ce concert a été très critiqué, jusque même sur la pochette du disque live (lors de sa réédition en CD) qui s’excuse que ce ne soit pas son meilleur concert...

    • Aretha Franklin, respect éternel
      Jacques Denis, Libération, le 16 août 2018
      http://next.liberation.fr/culture/2018/08/16/aretha-franklin-respect-eternel_1672542

      La reine de la soul est morte ce jeudi à 76 ans. De l’église de son père au sommet des charts, sa voix a inscrit dans la légende des dizaines de tubes et porté haut les causes du féminisme et des droits civiques.

      « J’ai perdu ma chanson, cette fille me l’a prise. » Quand il découvre Respect, une ballade qu’il a écrite pour son tour manager Speedo Sims, Otis Redding ne peut que constater les faits face à Jerry Wexler, le pape de la soul music au label Atlantic. Ce jour-là, le chanteur sait que le titre paru deux ans plus tôt, en 1965 sur l’imparable Otis Blue, lui échappe. Pas sûr en revanche qu’il puisse se douter alors que ce hit fera danser des générations entières, porté par la voix de la papesse soul. Combien de soirées où cet hymne au féminisme débridé aura fait se lever toutes les femmes et filles, prises d’un doux délire  ! « La chanson en elle-même est passée d’une revendication de droits conjugaux à un vibrant appel à la liberté. Alors qu’Otis parle spécifiquement de questions domestiques, Aretha en appelle ni plus ni moins à la transcendance extatique de l’imagination », analysera Peter Guralnick, l’auteur de la bible Sweet Soul Music.

      Enregistrée le jour de la Saint-Valentin, la version d’Aretha Franklin, morte jeudi à 76 ans, est effectivement bien différente de celle du « Soul Father », qui vantait les mérites de l’homme allant au turbin et méritant de fait un peu de respect en retour. La jeune femme se permet d’y glisser quelques saillies bien senties  : « Je ne te ferai pas d’enfant dans le dos, mais ce que j’attends de toi, c’est du respect. » Le tout boosté par un chœur composé de ses sœurs Erma et Carolyn qui ponctue de « Ooh  ! » et « Just a little bit », donnant à l’histoire les faux airs d’une conversation complice entre femmes. Et de conclure par un tranchant  : « Je n’ai besoin de personne et je me débrouille comme une grande. » La suite, tout du moins d’un point de vue artistique, donnera raison à celle qui devint ainsi pour la postérité tout à la fois l’une des égéries des droits civiques et la visionnaire pythie d’une libération des mœurs.
      Dix-huit Grammy Awards

      « Cette chanson répondait au besoin du pays, au besoin de l’homme et la femme de la rue, l’homme d’affaires, la mère de famille, le pompier, le professeur – tout le monde aspire au respect. La chanson a pris une signification monumentale. Elle est devenue l’incarnation du "respect" que les femmes attendent des hommes et les hommes des femmes, le droit inhérent de tous les êtres humains », analysera-t-elle a posteriori dans son autobiographie, Aretha : From These Roots.

      Sa reprise de Respect n’était pas le premier succès de la native de Memphis. D’ailleurs, à l’époque, ce ne sera que le deuxième 45-tours de son premier album sous pavillon Atlantic, précédé par I Never Loved a Man (the Way I Love You) qui donne son titre à ce disque. Mais avec ce tube, bientôt suivi d’une quantité d’autres, elle se hisse vers des sommets à hauteur des mâles blancs qui dominaient l’époque. Coup double aux Grammy 1968 – les premiers d’une très longue série, dix-huit au total –, la chanson truste les charts pop, quatorze semaines au top des ventes afro-américaines où la concurrence est alors plutôt sévère, et intronise la « Soul Sister » (surnom emprunté à son précédent disque) en reine du genre  : « Queen of Soul », pas moins. Elle ne sera jamais détrônée.

      Pourtant l’album enregistré entre Muscle Shoals, l’usine à tubes d’Alabama, et New York, où elle dut se replier avec quelques musiciens sudistes, fut accouché dans la douleur, tel que relaté par un autre biographe émérite d’Aretha Franklin, le Français Sebastian Danchin (Portrait d’une natural woman, aux éditions Buchet Chastel). Toujours est-il que le 28 juin 1968, elle fait la une de l’hebdomadaire Time  : un simple portrait dessiné d’elle, discrètement barré d’un explicite The Sound of Soul. Cette année-là, elle est juste derrière Martin Luther King en termes de ­notoriété.

      Atteinte d’un cancer et officiellement rangée des hits depuis début 2017, la grande prêcheuse du respect est morte cinquante ans plus tard à Détroit, à 76 ans, devenue pour l’éternité celle dont un président des Etats-Unis (pas le moins mélomane, Barack Obama) a pu dire  : « L’histoire américaine monte en flèche quand Aretha chante. Personne n’incarne plus pleinement la connexion entre le spirituel afro-américain, le blues, le r’n’b, le rock’n’roll – la façon dont les difficultés et le chagrin se sont transformés en quelque chose de beau, de vitalité et d’espoir. »
      Premier disque

      Avant d’en arriver là, tout n’était pas écrit d’avance pour cette fille de pasteur, née le 25 mars 1942 dans le Sud profond, où la ségrégation fait force de loi. Grandie dans le giron de ce père homme de foi, Aretha Louise Franklin trouve sa voix à l’église, comme souvent. Elle a pour premier modèle son paternel, personnalité aussi sombre à la maison qu’auréolée de lumière sur l’estrade  : le pasteur Clarence LaVaughn Franklin enregistre et publie ses gospels sur la firme Chess, fréquente les stars (Sam Cooke, Jackie Wilson, Art Tatum…), enchaîne les tournées, au risque de délaisser le foyer où les enfants se débrouillent comme ils peuvent. D’autant que leur mère, Barbara Siggers, « immense chanteuse gospel » selon la diva Mahalia Jackson, a quitté le foyer au lendemain des 6 ans d’Aretha.

      Sept années plus tard, l’adolescente grave son premier disque, avec le chœur de la New Bethel Baptist Church, le sanctuaire au cœur du ghetto de Detroit où son père célèbre sa mission sur Terre. L’année qui suit, elle accouche d’un premier enfant, suivant là encore les traces du prédicateur, par ailleurs fornicateur à ses heures  : une des demi-sœurs de la jeune Aretha est le fruit de relations illicites avec une paroissienne de 13 ans  !
      Ferveur inégalée

      Avant 18 ans, Aretha a déjà deux enfants. Autant dire un sérieux handicap pour qui entend faire carrière en musique. C’est pourtant la même, certes délestée des bambins qui se retrouvent chez mère-grand Rachel, qui est castée par le talent-scout John Hammond. Elle a 19 ans quand elle débarque à New York pour intégrer l’écurie Columbia, où la future Lady Soul – autre surnom absolument pas usurpé – est censée suivre le sillon creusé par Lady Day, la femme au chihuahua Billie Holiday. Las, l’histoire ne se répète jamais, et malgré d’indéniables talents et de petits succès dont un bel hommage à Dinah Washington, une de ses références avouées, et un recommandable Yeah où elle tente déjà de faire siennes quelques rengaines empruntées à d’autres, celle qui sera plus tard la première femme à rejoindre le Rock’n’roll Hall of Fame ne parvient pas à se distinguer dans le jazz. Jusqu’à ce qu’elle franchisse le Rubicon, en passant chez Atlantic où, outre Jerry Wexler, elle trouve en Arif Mardin un directeur musical à son écoute.

      « Quand je suis allée chez Atlantic Records, ils m’ont juste assise près du piano et les tubes ont commencé à naître. » Il ne faudra jamais oublier qu’à l’instar d’une Nina Simone, Aretha Franklin était aussi une formidable pianiste. La liste des classiques enregistrés en moins de dix ans donne le tournis  : Baby I Love You, (You Make Me Feel Like) A Natural Woman, Think, (Sweet Sweet Baby) Since You’ve Been Gone, Chain of Fools, Until You Come Back to Me… Entre 1967 et 1974, la porte-voix d’une communauté chante ou déchante l’amour, en mode énervé ou sur le ton de la confidence sur oreiller, portée par des arrangements luxuriants ou dans ce dénuement propre à magnifier les plus belles voix sudistes (de Wilson Pickett à Sam & Dave). Dans cette série qui ressemble à une irrésistible ascension, chacun a ses favoris  : Call Me, par exemple, pas forcément le plus gros succès, demeure une ballade pour l’éternité où elle fait valoir toute la classe de son toucher sur les noires et ivoire. A moins que ce ne soit I Say a Little Prayer, le cantique écrit par Burt Bacharach et Hal David pour Dionne Warwick (qui se le fera chiper), tout en légèreté laidback. Qu’elle flirte volontiers avec la pop, reste fidèle à l’esprit de la soul ou mette le feu au temple frisco rock Fillmore West dans un live mémorable avec le terrible saxophoniste r’n’b King Curtis, son directeur musical assassiné quelques mois plus tard, la voix d’Aretha Franklin transcende toujours les sacro-saintes chapelles avec une ferveur inégalée. Celle héritée du gospel, la genèse de tout, auquel elle rend un vibrant hommage en 1972 avec Amazing Grace, un office avec le révérend James Cleveland qui devient le premier disque du genre à réussir la jonction avec le public profane.

      La série va pourtant s’arrêter au mitan des années 70, alors que Jerry Wexler s’apprête à quitter la maison mère pour rejoindre Warner Bros. A Change Is Gonna Come, pour paraphraser la superbe complainte qu’elle a empruntée à Sam Cooke dès 1967. Le disco triomphe, et bientôt le rap qui saura lui rendre hommage, à l’image de Mos Def revisitant One Step Ahead ou de Lauryn Hill s’investissant dans The Rose Is Still a Rose. Orpheline de son mentor, Franklin elle-même quitte en 1980 Atlantic pour Arista. La chanteuse ne s’en remettra pas, alors même qu’elle parvient à toucher un public rajeuni en étant au générique des Blues Brothers. Elle y chante en femme de ménage (mais chaussée de mules en éponge roses  !) Think, hymne à la liberté et à la féminité affirmée haut et fort (encore).

      Ombre d’elle-même

      La scène d’anthologie marque les esprits, mais dans la vraie vie, Aretha Franklin n’aspire qu’à des productions de plus en plus pompières, qui masquent par leur outrance l’essentiel  : ses exceptionnelles qualités d’interprète. Les interventions de jeunes musiciens comme Marcus Miller ou Narada Michael Walden n’y font rien, même si avec ce dernier elle parvient une nouvelle fois à toucher furtivement la place de numéro 1 des charts r’n’b.

      Si elle se fait rare en studio, si elle ne marque plus l’histoire de la musique, elle n’en demeure pas moins une icône pour les nouvelles générations. George Michael s’adonne ainsi à un duo – une spécialité de la diva, qui sans doute trahissait déjà un réel manque de renouvellement – avec celle qu’il considère comme une influence majeure. Toutes les chanteuses de nu soul prêtent allégeance à la première dame, qui de son côté s’illustre dans la rubrique mondanités. Elle traverse ainsi les années 90 en ombre d’elle-même, caricature de ses grands millésimes, qu’elle fructifie. Elle n’en reste alors pas moins une figure que l’on met aisément en couverture, affichant des looks pas toujours raccords, et au premier rang des chanteurs de tous les temps selon Rolling Stone.

      De come-backs avortés en retours guettés par des fans toujours en demande, rien n’y fait. La star, rentrée vivre à Detroit, attise pourtant les désirs et envies des jeunes producteurs : André 3000 d’Outkast et Babyface mettent même un album en chantier, alors que l’année d’après, en 2014, le festival de jazz de Montréal la fait remonter sur scène. Longue robe blanche, cheveux blonds, elle assure le show.

      Trois ans plus tard, elle est encore en blanc, mais considérablement amaigrie, pour un gala au profit de la fondation Elton John, à New York. Plus que de résurrection, cela sonne comme un concert d’adieux. Néanmoins, on gardera plutôt en souvenir le dernier grand moment d’une carrière hors norme de cette chanteuse  : le 6 décembre 2015 lors des prestigieux Kennedy Center Honors, elle entre en scène en manteau de fourrure, voix aussi sûre que son doigté au piano, pour interpréter (You Make Me Feel Like) A Natural Woman devant le couple Obama, auquel elle avait déjà fait l’honneur de chanter lors de son investiture en 2009. Comme la révérence d’une voix pas ordinaire, en tout point populaire.

      Jacques Denis

    • « Aretha Franklin a chanté son époque, avec son époque, et pour son époque »
      Isabelle Hanne, Libération, le 16 août 2018
      http://www.liberation.fr/planete/2018/08/16/aretha-franklin-a-chante-son-epoque-avec-son-epoque-et-pour-son-epoque_16

      Daphne Brooks, professeure d’études Afro-américaines à l’université Yale, revient sur la figure d’Aretha Franklin et sa place dans l’histoire musicale et nationale.

      Daphne Brooks, 49 ans, professeure d’études afro-américaines à l’université Yale, écrit sur la question raciale, le genre et la musique populaire. Elle a ­notamment travaillé sur le parcours d’Aretha Franklin pour son ­livre Subterranean Blues  : Black Women and Sound Subcultures (à paraître) et a donné plusieurs conférences sur la Queen of Soul, qu’elle a rencontrée à l’occasion d’une lecture à Princeton qui lui était dédiée. Elle s’intéresse ­particulièrement aux moments où les artistes Afro-Américaines se retrouvent à la croisée entre les ­révolutions musicales et la grande histoire nationale, Aretha Franklin étant la figure ty­pique de ces intersections.
      Que représente Aretha Franklin pour vous  ? Quels sont vos ­premiers souvenirs d’elle  ?

      J’ai grandi dans les années 70 en Californie, dans une famille qui écoutait de la musique en permanence alors qu’elle avait déjà acquis le statut de « Queen of Soul ». Elle a toujours été omniprésente dans mon monde.
      Comment est-elle devenue l’un des objets de vos recherches  ?

      La musique d’Aretha Franklin, c’est le son de la conquête des droits ­civiques, du Black Power, ce ­mélange de joie, de blackness, ce sens de la fierté, notre héritage afro-amé­ricain. Elle a su trans­mettre cette beauté intérieure dans ses chansons.
      Quels sont les liens entre Aretha Franklin et le mouvement de lutte pour les droits civiques  ?

      Ils sont nombreux. Son père, C.L. Franklin, était ce pasteur très célèbre à Detroit et son église, la New Bethel Baptist Church, un haut lieu du combat pour les droits civiques. Il galvanisait un public noir à travers ses sermons diffusés à la radio pendant les années 50 [puis commercialisés sur disque, ndlr]. Il accueillait Martin Luther King lors de ses séjours à Detroit. Aretha Franklin a d’ailleurs accompagné ce dernier à plusieurs manifestations et chanté lors de ses funérailles. Mais cette connexion ne se limite pas à ces liens familiaux. Sa musique, elle aussi, s’inscrit dans ce contexte historique. Il y a, bien sûr, son ADN gospel. Et pas seulement  : Respect, la chanson écrite par ­Otis Redding mais réinterprétée par Franklin en 1967, une année pivot [l’année du « Long, Hot Summer », une série d’émeutes raciales], est devenue instantanément un hymne des droits civiques, de l’émancipation des Noirs, du Black Power et du mouvement féministe. Trois ans plus tôt, en 1964, elle avait déjà ­enregistré Take a Look, dont les paroles avaient fortement résonné lors du « Freedom Summer », cet été où des centaines d’étudiants ont risqué leur vie pour inscrire des Noirs sur les listes élec­torales du Mississippi [« Lord, what’s happening / To this human race  ? / I can’t even see / One friendly face / Brothers fight brothers / And sisters wink their eyes […] / Just take a look at your children / Born innocent / Every boy and every girl / Denying themselves a real chance / To build a better world. »] Dans sa musique elle-même, elle a su articuler ce chagrin et ce regard sur l’humanité si propre à la soul music.
      Vous dites qu’elle n’a pas seulement été une voix des droits ci­viques, comme Nina Simone, mais qu’elle a également eu un impact sur le féminisme afro-américain  ?

      Aretha a chanté son époque, avec son époque, et pour son époque. Avec des chansons comme Natural Woman, elle s’est aussi exonérée d’une certaine image pour se ­connecter au mouvement féministe moderne, au féminisme noir. Très tôt dans sa carrière, elle s’est donné le droit de chanter les tourments émotionnels des Afro-Américaines avec tellement de genres musicaux différents  : c’était son appel à l’action, à l’émancipation des Noires aux Etats-Unis. Elle a chanté la ­bande-son complexe de la femme noire qui se réinventait. Elle montre que cette dernière peut être un ­sujet doué d’émotions complexes, d’une volonté d’indépendance… Toutes ces choses qui ont été si longtemps refusées aux Afro-Américains aux Etats-Unis. Elle a vraiment été dans la droite ligne du Black Power  : désormais, les Noirs montrent qu’ils n’ont pas besoin de s’excuser d’exister.
      Elle a aussi été cette icône aux tenues extravagantes, luxueuses, en perruque et fourrure. Peut-on dire qu’elle a participé à façonner une certaine féminité noire  ?

      Oui, mais comme d’autres activistes ou artistes noires, telle Diana Ross par exemple, qui ont en effet développé cette image de la beauté noire glamour, somptueuse. Mais elle a également montré, dans les années 70, une image plus afrocentriste, avec des tenues plus sobres et une coiffure afro.
      A bien des égards, Aretha Franklin est une synthèse des Afro-Américains...

      Elle est née dans le Sud, à Memphis (Tennessee), mais elle a grandi dans le Nord, à Detroit, dans le Michigan. Sa famille a fait comme des millions d’Afro-Américains au milieu du XXe siècle  : ils ont déménagé du Sud vers le Nord, ce phénomène qu’on appelle la Grande Migration [de 1910 à 1970, six millions d’Afro-Américains ont émigré du sud des Etats-Unis vers le Midwest, le Nord-Est et l’Ouest, pour échapper au racisme et tenter de trouver du travail dans les villes indus­trielles]. Elle a aussi su faire la synthèse ­entre tous les genres musicaux afro-américains, de la soul au r’n’b, de la pop au jazz. Aretha Franklin fait partie, fondamentalement, de l’histoire des Noirs américains. Elle appartenait à cette génération d’Afro-Américains qui a sondé l’identité noire, qui venaient du Nord comme du Sud, urbains comme ruraux, passionnés de jazz, de blues, de r’n’b et de pop. Le tout en se battant pour faire tomber les murs de la ­culture Jim Crow [les lois qui organisaient la ségrégation raciale] à travers l’agitation sociale et la performance artistique.
      Isabelle Hanne correspondante à New York

  • Musiciennes de Memphis, de 1940 à nos jours
    Lucie Baratte, Rebelles Rebelles (émission musicale et féministe de Radio Campus Lille), le 9 juillet 2018
    https://soundcloud.com/rebelles-rebelles-radio/musiciennes-de-memphis-de-1940-a-nos-jours-emission-du-09-juillet-2018

    >> “Me And My Chauffeur Blues” – Memphis Minnie – 1941
    >> “I Need A Man” – Barbara Pittman – 1956
    >> “Any Day Now” – Carla Thomas – 1969
    >> “Send Peace And Harmony Home” – Shirley Walton – April 1968
    >> “Long Walk To D.C.” – The Staples Singers – August 1968
    >> “Respect” (with the Royal Philarmonic Orchestra) – Aretha Franklin – 2017 rearranged version of the 1968’s recording
    >> “I Can’t Stand The Rain” – Ann Peebles – 1973
    >> “Woman To Woman” – Shirley Brown – 1974
    >> “Workin’ Woman Blues” – Valerie June – 2013
    >> “Meet Me On The Corner” – Motel Mirrors (Amy LaVere & John Paul Keith) – 2013
    >> “Come My Way” – Liz Brasher – 2018
    >> “Love Me Right” – Southern Avenue – 2017
    >> “Heart Of Memphis” – Robin McKelle and the Flytones – 2014
    >> “About To Be A Baby” – Robin McKelle and the Flytones – 2014

    Avec en particulier :

    Woman to Woman de #Shirley_Brown :
    https://www.youtube.com/watch?v=_y7i7tYnOp8

    Workin’ Woman Blues, de #Valerie_June :
    https://www.youtube.com/watch?v=8ywuF-N8xXQ

    #Musique #Femmes #USA #Memphis #Blues #Soul

    NB1 : à rajouter à la playlist de chanteuses féministes :
    https://seenthis.net/messages/392880

    NB2 : je suis en vacances (en France, en plus !), donc ne vous inquiétez pas si j’écris peu d’ici au 5 août prochain...

  • Richard Florida : « La #crise urbaine, c’est la crise centrale du #capitalisme »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/07/07/richard-florida-la-crise-urbaine-c-est-la-crise-centrale-du-capitalisme_5327


    Je n’arrête pas de m’en faire la réflexion : les métropoles sont connectées entre elles et tout le reste est de plus en plus exclu, éloigné et négligé.
    À la rentrée, ma fille va intégrer un lycée de la métropole régionale… ce qui a l’air d’être déjà une chance, tant les gosses de bouseux ont l’air assignés à résidence, dans des établissements aussi peu dotés que possible.
    Il y a 30 ans, quand j’ai fait le même chemin, je prenais le bus pour aller à la métropole régionale. Là, les lignes ont été supprimées, nous n’avons trouvé aucune correspondance possible pour le lundi matin, ce qui était impensable il y a 30 ans.
    Là, c’est devenu normal. La plupart des métropoles sont à présent plus proches les unes des autres que les gens de leurs périphéries le sont du centre-ville qui est devenu inatteignable de l’extérieur. Je mets plus de temps pour aller inscrire ma fille à son lycée (où ma présence physique est requise avec des tirages papiers de mes scans, à l’heure d’Internet !), que pour me rendre à Paris, qui est 5 fois plus éloignée !

    Le problème, c’est que quelques grandes ­#métropoles internationales concentrent la ­majorité des #richesses, et deviennent de plus en plus #inaccessibles. Dans ces villes superstars, l’explosion des prix de l’#immobilier chasse peu à peu les artistes, les professions intellectuelles, les créatifs des quartiers qu’ils avaient investis. Mais ce ne sont pas les moins bien lotis, car ceux-ci trouvent souvent d’autres quartiers ­populaires où ils peuvent s’installer. Ce qui est terrifiant, c’est que les policiers, les pompiers, les gens qui travaillent dans des boutiques ou des restaurants, les infirmiers, les artisans, les jardiniers doivent quitter ces grandes villes, devenues trop chères. Et vivre beaucoup plus loin, dans des zones mal desservies par les transports en commun. La nouvelle crise urbaine n’est pas une crise du déclin des villes, comme dans les années 1970. C’est une crise causée par leur succès. Et la conséquence, c’est qu’aux Etats-Unis nous avons d’un côté une petite vingtaine de métropoles superstars, entrées de plain-pied dans l’économie de la connaissance, et de plus en plus riches. Et tout le reste du pays qui plonge et s’appauvrit. La crise urbaine, c’est la crise centrale du capitalisme contemporain.

  • #Etats-Unis : le #racisme, un mal qui n’en finit pas
    https://www.mediapart.fr/journal/international/090418/etats-unis-le-racisme-un-mal-qui-n-en-finit-pas

    Washington, 4 avril 2018. Eva B. Stallings, révérende à Norfolk (Virginie), participe à un rassemblement contre le racisme © Thomas Haley Cinquante ans après l’assassinat de #Martin_Luther_King, le 4 avril 2018 à Memphis (Tennessee), tout pourrait être à refaire. De Washington, où s’est tenu mercredi un rassemblement organisé par les Églises chrétiennes, à Montgomery (Alabama), où un mémorial en hommage aux victimes de lynchages sera inauguré à la fin du mois, Mediapart suit le chemin d’une Amérique en proie aux discriminations.

    #International

  • #Etats-Unis : le #racisme, un mal qui n’en finit pas (1)
    https://www.mediapart.fr/journal/international/090418/etats-unis-le-racisme-un-mal-qui-n-en-finit-pas-1

    Washington, 4 avril 2018. Eva B. Stallings, révérende à Norfolk (Virginie), participe à un rassemblement contre le racisme © Thomas Haley Cinquante ans après l’assassinat de #Martin_Luther_King, le 4 avril 2018 à Memphis (Tennessee), tout pourrait être à refaire. De Washington, où s’est tenu mercredi un rassemblement organisé par les Églises chrétiennes, à Montgomery (Alabama), où un mémorial en hommage aux victimes de lynchages sera inauguré à la fin du mois, Mediapart suit le chemin d’une Amérique en proie aux discriminations.

    #International

  • 1968 riots: Four days that reshaped Washington, D.C. - Washington Post

    https://www.washingtonpost.com/graphics/2018/local/dc-riots-1968

    On April 4, 1968, the country was still reeling from racial tensions that had sparked deadly riots the year before in Detroit and Newark. But the capital city was said to be special. Some whites called it “the colored man’s paradise.” For thousands of blacks, there was a darker side to paradise, one where humiliation, poverty, segregation and discrimination had accumulated for a century.

    Then, shortly after 8 p.m., word reached the District that the Rev. #Martin_Luther_King Jr. had been slain in Memphis. His assassination ignited an explosion of rioting, looting and burning that stunned Washington and would leave many neighborhoods in ruins for 30 years.

    #états-unis #émeutes_urbaines #urban_matter

  • Le rêve de Martin Luther King : émerger des vallées obscures - 7 Lames la Mer
    http://7lameslamer.net/joyeux-anniversaire-reverend.html

    Le 28 août 1963, devant plus de 250.000 personnes à #Washington, #MartinLutherKing prononce un discours parmi les plus célèbres de l’histoire contemporaine. #Militant #nonviolent pour les #droitsciviques des Afro-Américains, pour la #paix et contre la #pauvreté, #prixNobeldelaPaix en 1964, il est assassiné le #4avril 1968 à Memphis (Tennessee). « #Ihaveadream », texte intégral en français. Zordi mi mazine...

    #racisme #segregation

  • Fifty years since the assassination of Martin Luther King Jr. - World Socialist Web Site

    https://www.wsws.org/en/articles/2018/04/04/king-a04.html

    Fifty years since the assassination of Martin Luther King Jr.
    By Fred Mazelis

    4 April 2018

    April 4 marks the 50th anniversary of the assassination of Martin Luther King, Jr. in Memphis, Tennessee, where he had gone to support the struggle of African-American sanitation workers for decent wages and human dignity. In the days leading up to this anniversary, the media has been filled with articles on the life and legacy of the slain civil rights leader.

    The example of King raises questions that have lost none of their urgency in the past five decades. A serious discussion of this period shines a bright light on present-day American society and exposes the lies and hypocrisy of the defenders of the status quo who falsify King’s legacy.

    #droits_civiques #Martin_Luther_King

  • Je n’avais pas entendu parler de The Invaders (aussi connu sous de Black Organizing Project), un groupe d’activistes de Memphis proches du Black Panther Party. D’abord opposés à Martin Luther King, ils finissent par se rapprocher de lui et par assurer sa garde rapprochée quand il est à Memphis. Comme par hasard, ils sont éloignés de lui (probablement par un agent double, Marrell McCullough) lorsqu’il est assassiné en 1968.

    Un article :

    The Invaders : A Uniquely Memphis Story
    Smart City Memphis, le 30 mars 2008
    http://www.smartcitymemphis.com/2016/11/the-invaders-a-uniquely-memphis-story

    Un film :

    The Invaders de #Prichard_Smith (2016)
    http://www.imdb.com/title/tt5039442

    Une critique du film :

    ‘The Invaders’ set to take New York City by storm
    Real Times Media, le 11 novembre 2015
    http://realtimesmedia.com/index.php/memphis/56787-film-review-%E2%80%98the-invaders%E2%80%99-set-to-take-new-yor

    Un article qui en parle :

    It’s Been 50 Years, and Most Don’t Know the FBI & Police Admitted Their Role in the Assassination of Dr. King
    Andrew Emett, The Free Thought Project, le 4 avril 2017
    http://thefreethoughtproject.com/fbi-memphis-polices-admitted-involvement-assassination-mlk

    Et même dans un document officiel :

    Findings on MLK Assassination, National Archives, pages 411-413
    https://www.archives.gov/research/jfk/select-committee-report/part-2d.html#inciting

    Et apparemment RFI va en parler lors de son hommage à Martin Luther King, 50 ans après son assassinat...

    #The_Invaders #Black_Organizing_Project #USA #Memphis #Lorraine_Motel #Black_Panther_Party #Martin_Luther_King #MLK #Noirs #Racisme #FBI #agents_doubles #assassinat_politique

  • #Diamond_Pipeline disrupts oil flows around U.S.
    https://af.reuters.com/article/commoditiesNews/idAFL4N1PL4SZ

    The Diamond Pipeline has
    scrambled crude oil flows around the U.S. Gulf Coast and Midwest
    since it opened in December, cutting supply at the Cushing hub
    and hammering Louisiana oil prices.
    The line from Cushing, Oklahoma to Memphis, Tennessee, a
    joint venture between Plains All American Pipeline LP
    and Valero Energy Corp , has dented volumes on the
    Capline system - the nation’s largest crude pipeline that runs
    from the Gulf to key refineries in the Midwest.
    Prices for Gulf Coast crude grades traded in the Louisiana
    region have been hit hard.
    […]
    The 440-mile long Diamond line feeds Valero’s Memphis,
    Tennessee refinery, which has a capacity of about 190,000 bpd.
    Valero has historically moved large volumes from North Dakota’s
    Bakken shale region by rail to Louisiana and then shipped it up
    Capline, a long and expensive route, traders said.
    In December, Marathon Pipe Line LLC said it would reverse
    Capline, pending agreement among owners, to initially send about
    300,000 bpd of crude south beginning in the second half of 2022.
    However, if supply is getting stuck in Louisiana as a result of
    Diamond, the additional crude from Capline could worsen that
    effect.

    http://www.diamondpipelinellc.com/project-overview/maps

  • Map: How Many Hours Americans Need to Work to Pay Their Mortgage
    http://www.visualcapitalist.com/hours-americans-pay-mortgage-map

    With about 170 hours in a normal work month, the average people in these [most expensive] cities are spending 50% or more of their income just to pay down their mortgages. It’s worst in New York City and Los Angeles, where at least 65% of income is going towards housing.

    These cities stand in stark contrast to the five cheapest cities based on hours of work needed:

    [...]

    In a city like Memphis, TN it takes only 18.4 hours of work a month to pay down the average mortgage. That’s equal to only about 10% of monthly household income.

    #Etats-Unis #hypothèque #infographie

  • l’histgeobox: «Respect yourself»
    http://lhistgeobox.blogspot.com/2017/10/respect-yourself.html

    Au cours des années 1960, dans un Memphis cloisonné par la ségrégation raciale, un petit miracle se produit au 926 East McLemore Avenue. Durant quelques mois, une compagnie de disque, Stax, devient un havre de paix où le talent et la personnalité l’emportent sur la couleur de peau. Quelques unes des plus belles pages de la soul musique y furent écrites.

  • Gone With the Wind, Scarlett...
    http://www.dedefensa.org/article/gone-with-the-wind-scarlett

    Gone With the Wind, Scarlett...

    Le vent soufflant dans le sens qu’on sait, il était inévitable qu’on en vint à mettre en question Autant en emporte le vent (Gone With the Wind). C’est fait, comme nous l’explique en détails Tyler Durden, c’est-à-dire ZeroHedge.com, ce 27 août 2017. L’établissement historique Orpheum Theatre de Memphis, dans le Tennessee, a décidé de déprogrammer le film régulièrement classé parmi les plus grands films de l’histoire du cinéma de son programme de films classique Summer Movie Series pour l’été 2018. Gone with the wind est jugé “racialement insensible”, – raciste si vous voulez, – et ainsi Autant en emporte le vent emporté par un “vent divin” (kamikaze en japonais, désignant les avions-suicides de la Deuxième Guerre mondiale).

    On voit donc que la révolution culturelle qu’un esprit (...)

  • r.i.p "The King" 08/07/1935 - 16/08/1977


    Voilà 40 ans que le king a avalé son bulletin de naissance et qu’il mange les pissenlits par la racine.

    Enfin toute la vérité sur la disparition du King ! Pour Les Requins Marteaux, #Jürg (le plus #rock’n’roll des auteurs belges) a remonté le temps jusqu’en l’an 1977. Fatigué des strass et du stress #Elvis_Presley s’est retiré dans sa résidence secondaire de Charleroi. Il y coule des jours heureux, entièrement consacrés à l’absorption insouciante d’alcools forts et de frites bien grasses, alors qu’à #Graceland, un sosie assure l’intérim.
    Mais cette paisible retraite va tourner au cauchemar suite à un bête accident domestique : inculpé d’homicide, Elvis est incarcéré sous son faux nom par une administration belge.
    Un malheur n’arrivant jamais seul, le 16 août 1977, alors qu’il purge sa peine en secret, son sosie meurt d’une crise cardiaque à #Memphis, Tennessee. Alors que du fond de sa prison il voit à la télévision que 80 000 personnes en larmes affluent sur Elvis Presley Boulevard, le véritable Elvis comprend soudain que sa vie vient de basculer.

    http://www.lesrequinsmarteaux.com/album/twist-and-shout
    Ce Twist & Shout de Jürg est jubilatoire, publié chez les non-moins mirifiques #Requins_Marteaux

    Jürg est né en 1973 dans le Hainaut, en Belgique. Après de brèves études scientifiques, sa fascination pour les héros de papier le pousse à devenir une sorte d’artiste. Il décide de ne plus se couper les cheveux, se met à écouter des disques à la gloire de Satan et suit plusieurs formations artistiques qui le mènent à Bruxelles où il s’auto-édite frénétiquement et collabore à de multiples fanzines aujourd’hui oubliés. Depuis, il a publié une dizaine de #bandes_dessinées dont certaines sont scénarisées par les écrivains Daniel Picouly et Jean-Bernard Pouy. En 2015 il colorise l’ouvrage Les Collectionneurs (éd. Du Long Bec)

    son blog : http://jurg-poulycrock.blogspot.fr
    https://duckduckgo.com/?q=hommage+au+king&bext=wcp&atb=v33-5__&ia=web
    #hommage au King sur DuckDuckGo Vous ferez votre sélection entre tous ces King ( kong )


    https://www.discogs.com/fr/artist/27518-Elvis-Presley

    http://www.facebook.com/ziinfams

  • Bunch of Kunst - Sleaford Mods: Die wütendste Band Englands | ARTE MEDIATHEK | ARTE
    http://www.arte.tv/de/videos/075202-000-A/bunch-of-kunst

    Ce « road-movie » à travers la Grande-Bretagne raconte l’histoire de ce duo de rappeurs (blancs) au flow rageur. Les Sleaford Mods aiment brocarder le parti conservateur, tirer à vue sur les mirages de la célébrité ou raconter par le menu la vie en bas de l’échelle sociale. Ce duo s’inscrit dans la tapageuse lignée des grandes gueules anglaises, de Johnny Rotten à The Streets.

    https://www.youtube.com/watch?v=Vc_6SCpTtjU&list=RDVc_6SCpTtjU#t=72

  • Officials Investigating ’Potential Threat’ Aboard Maersk Containership in Port of Charleston,Terminal Evacuated – gCaptain
    http://gcaptain.com/potential-threat-aboard-maersk-memphis-port-of-charleston

    Officials are investigating a ‘potential threat’ aboard a U.S.-flagged Maersk Line containership at the Port of Charleston in South Carolina.

    The Coast Guard said at approximately 8 p.m. Wednesday authorities were made aware of a potential threat in a container aboard the vessel Maersk Memphis in the Port of Charleston.

    The Maersk Memphis is moored at Charleston’s Wando terminal, which has been evacuated while law enforcement units from federal, state and local law enforcement agencies investigate the threat.

    A 1 nautical mile safety zone has been established around the vessel while law enforcement authorities investigate the threat.

    Federal, state and local law enforcement agencies are currently investigating the type of the potential threat,” the Coast Guard said on Twitter.

    Coast Guard officials described the threat as a possible “dirty bomb”, according to Reuters and other media outlets. A #dirty_bomb is a combination of radioactive and conventional explosives. 

    An unified command has been established to oversee the coordinated response, which the Coast Guard described as ‘active and ongoing’ as of 2 a.m. ET. 

    According to Maersk Lines website Maersk Memphis last called the port of Newark on June 12 after sailing from Middle East via the Suez Canal and Algeciras.

  • Les petits secrets de l’informatique cognitive

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/05/08/les-petits-secrets-de-l-informatique-cognitive_5124376_1650684.html

    Plusieurs progrès en mathématique et en informatique concourent aux succès actuels de l’intelligence artificielle.

    L’apprentissage

    C’est actuellement la reine des méthodes, celle qui a rajeuni le bon vieux concept d’intelligence artificielle, né après-guerre avec l’informatique. Avant cette invention, pour qu’une machine reconnaisse la présence d’une tumeur dans une image par exemple, il fallait qu’elle suive une liste de règles préétablies par les spécialistes (couleur, contraste, localisation, forme…). Cela supposait de grandes connaissances biologiques et… fonctionnait mal.

    Désormais, on montre à la ­machine des milliers d’images pathologiques ou normales et on la « sanctionne » si elle se trompe. La « sanction » consiste à changer ses milliers de paramètres afin qu’elle se rapproche de la bonne solution. Tout comme le peintre cherche le bon mélange en ajoutant plus ou moins de couleur à sa mixture. A la fin de cette procédure, le système classe correctement n’importe quelle image.

    Plusieurs méthodes d’apprentissage existent mais, en 2012, l’une d’elles s’est imposée lors d’une compétition d’informatique en reconnaissance d’image : les réseaux de neurones profonds (ou deep learning). Par analogie avec le fonctionnement des vrais neurones, des connexions se renforcent numériquement quand elles conduisent à la bonne ­réponse. Depuis, ces réseaux servent pour analyser des images mais aussi des textes, des voix, faire de la traduction…

    Le big data ou les méga-bases de données

    Les données sont la ­solution mais aussi le problème. L’apprentissage par réseaux de neurones ne fonctionne pas s’il y a trop peu d’exemples, mais d’autres techniques existent pour pallier ces manques, comme l’exploration d’arbres aléatoires de décision ou la classique régression linéaire (trouver la meilleure droite joignant plusieurs points).

    Autre problème, les données sont souvent « sales », c’est-à-dire de natures très diverses. En santé, un patient peut être associé à ses informations personnelles, à ses milliers de mutations génétiques, à ses images d’IRM, ses résultats d’analyses biologiques, ses notes de visite chez le médecin… Devant cette quantité et cette hétérogénéité, les ingénieurs ont imaginé de nouvelles manières de stocker et traiter l’information. Le secteur de la santé bénéficie de ces innovations inventées par les moteurs de recherche (Google), le commerce en ligne (Amazon) ou les réseaux sociaux (Facebook).

    Les bases de connaissances

    Autre retour de vieilles idées : les ontologies ou bases de connaissances. Ces mots barbares désignent l’art et la manière de donner du sens à une information. Un ­ordinateur ne comprend pas la phrase : « Le chanteur Elvis Presley est né à Memphis. » Sauf si elle est écrite pour lui, avec des indications que chanteur est un métier, qu’Elvis est un prénom, que Memphis est une ville… Toute l’encyclopédie Wikipédia a ainsi été transformée en base de connaissances, de manière à être comprise par des machines. Et c’est ainsi que les moteurs de recherche ou les ­assistants personnels des téléphones portables comprennent des phrases entières et y répondent. Ou que le système Watson d’IBM sait extraire des informations pertinentes d’articles scientifiques.

    Les machines

    Tous ces concepts échoueraient si la puissance de calcul et les mémoires informatiques n’avaient pas suivi. Les processeurs de cartes graphiques des consoles de jeux sont maintenant utilisés pour ces calculs scientifiques, car ils sont construits pour répéter des opérations simples des millions de fois par seconde. L’un des leaders de ces architectures, Nvidia, est même devenu un acteur majeur du domaine de ­l’intelligence artificielle.

  • Bulletproof
    http://www.swampdiggers.com/Young_Dolph_Bulletproof

    Le rappeur de #Memphis vient de sortir ce 1er avril son deuxième album studio, qui est également son deuxième projet de cette année 2017 (après Gelato, un mois auparavant). Bulletproof voit le jour suite à la fusillade dont a été victime #Young_Dolph le 25 février à Charlotte (Caroline du Nord). Alors que le rappeur se trouvait dans son van, trois tireurs ont surgi et ouvert le feu, déchargeant plus de 100 balles sur le véhicule. Tentative vaine, puisque le prévoyant Dolph avait équipé son camion d’un (...)

    #Chroniques

    / Young Dolph, #Gucci_Mane, #Zaytoven, #Metro_Boomin, #DJ_Squeeky, #trap, #gangsta, Memphis, #Tennessee, (...)

    #Chroniques
    « http://www.livemixtapes.com/mixtapes/42270/young-dolph-gelato.html »
    « http://www.xxlmag.com/news/2017/02/footage-young-dolphs-suv-shot-at »
    « 

     »
    « https://www.youtube.com/watch?v=N8Js00gAZY0
     »
    « https://www.youtube.com/watch?v=n_jldq21Xmw
     »
    « https://www.youtube.com/watch?v=VyIU5olq1Q4
     »
    « https://www.youtube.com/watch?v=poItViwebuE
     »
    « https://www.youtube.com/watch?v=RsWMqMx5Of8
     »
    « https://www.youtube.com/watch?v=9LEgymKtDNo
     »

  • Bulletproof
    http://www.swampdiggers.com/Bulletproof

    Le rappeur de #Memphis vient de sortir ce 1er avril son deuxième album studio, qui est également son deuxième projet de cette année 2017 (après Gelato, un mois auparavant). Bulletproof voit le jour suite à la fusillade dont a été victime #Young_Dolph le 25 février à Charlotte (Caroline du Nord). Alors que le rappeur se trouvait dans son van, trois tireurs ont surgi et ouvert le feu, déchargeant plus de 100 balles sur le véhicule. Tentative vaine, puisque le prévoyant Dolph avait équipé son camion d’un (...)

    #Chroniques

    / Young Dolph, #Gucci_Mane, #Zaytoven, #Metro_Boomin, #DJ_Squeeky, #trap, #gangsta, Memphis, #Tennessee, (...)

    #Chroniques
    « http://www.livemixtapes.com/mixtapes/42270/young-dolph-gelato.html »
    « http://www.xxlmag.com/news/2017/02/footage-young-dolphs-suv-shot-at »
    « 

     »
    « https://www.youtube.com/watch?v=N8Js00gAZY0
     »
    « https://www.youtube.com/watch?v=n_jldq21Xmw
     »
    « https://www.youtube.com/watch?v=VyIU5olq1Q4
     »
    « https://www.youtube.com/watch?v=poItViwebuE
     »
    « https://www.youtube.com/watch?v=RsWMqMx5Of8
     »
    « https://www.youtube.com/watch?v=9LEgymKtDNo
     »

  • #DJ_Sound & #Tha_Frayser_Click
    http://www.swampdiggers.com/DJ-Sound-Tha-Frayser-Click

    Jean-Pierre Labarthe descend dans les ruelles de Memphis pour nous faire découvrir l’un de ses secrets les mieux gardés : le légendaire Dj Sound. Au programme, un portrait du producteur accompagné d’une sélection #Mixée de ses créations les plus menaçantes. « Fucking with the killas out the crest you get your feelings hurt » Frayser Click / "Killaz Out Tha North" Si vous êtes à la recherche d’une vraie merde 666 des 90’s encore capable de vous « angoisser » un tant soit peu, c’est du côté de North Side (...)

    #Sélections

    / DJ Sound, #horrorcore, #Devil_Shyt, #underground, #Sélections, #Focus, #Tennessee, #producers, Mix, #Portraits, Tha Frayser (...)

  • J – 111 : C’est comme si j’avais grandi avec ce cinéma. Celui de Jim Jarmusch. Je me souviens être allé voir Stranger than paradise sur la seule foi de son affiche (et un peu du titre), j’aimais cette image en noir et blanc de ces trois jeunes gens avec leurs airs cool dans une voiture américaine, j’étais dans ma première terminale, rien ne me prédisposait à aimer ce film dans lequel j’avais entraîné deux amis qui, comme moi, n’étaient pas du tout épatés en sortant du film, mais alors je n’aurais pas voulu l’avouer, je ne pense pas que j’avais capté grand-chose de ce film dans lequel il ne se passe pas grand-chose (la grande constante du cinéma de Jim Jarmusch), à une vitesse fort lente (puisqu’il ne se passe pas grand-chose, rien ne presse, l’autre grande constante de ses films), mais il était hors de question que je sois pris en flagrant délit de ne pas comprendre un truc obscur, et je me souviens avoir argumenté dur comme fer à la sortie à propos de la lenteur du film, de son atmosphère, de sa photographie (à l’époque, je me piquais de photographie, je tirais moi-même mes photographies dans ma salle de bain, mais j’étais encore loin de détenir le moindre savoir technique sur le sujet, tout était terriblement empirique, mais ayant accidentellement découvert les vertus de la solarisation et bien que ne sachant pas que c’était de la sorte que l’on appelait ce procédé, j’en faisais grand usage et expliquais que c’était un trucage que j’avais mis au point, quand j’y pense alors j’aurais pu écrire des romans avec de pareilles fictions, et que j’y pense encore, ma vie d’adulte aura surtout consisté à donner un corps à de telles fictions seulement adolescentes, finalement il n’y a guère que dans la musique que je ne suis pas parvenu à faire quelque chose dont je me serais prévalu adolescent, je n’entends rien à la musique et en dépit d’une véritable obstination pour apprendre à jouer de la guitare sèche avec une méthode de piano à queue, en dépit de l’obstination, le manque de méthode n’a rien donné), bref j’avais été de la plus mauvaise foi pour dire que j’avais adoré ce film dont en fait je ne pensais pas grand-chose, alors, parce que, maintenant, je suis en larmes d’émotion à chacun de ses plans ou presque, surtout celui de la visite des bords du lac Erie.

    Down By Law est sorti en septembre 1986 en pleine vague d’attentats à Paris et à la rentrée en première année aux Arts déco, d’ailleurs j’étais fort jaloux qu’une partie des premières années, dans une autre classe, étudiaient le script de ce film dans les moindres détails, dessinant des story boards , reproduisant des scènes en les photographiant etc… et d’ailleurs je suis allé le voir plusieurs fois en bandes organisées au point de très rapidement en connaître des pans par cœur. Et cela aura été pour moi le vrai passeport de mon inclusion aux Etats-Unis, quand je tombais sous la coupe des deux Greg au département photo de SAIC qui s’amusaient énormément avec ma maîtrise très défaillante de leur langue, m’apprenant dans un premier temps du vocabulaire technique photographique de travers, du genre objectif pour margeur et inversement ( easel pour objectif et lens pour margeur), puis ayant passé cette étape des expressions idiomatiques fausses, certaines d’ailleurs dont je ne parviens pas toujours à me défaire, comme de dire que the grass is always greener on the other side of the river et non fence (l’herbe est toujours plus verte chez le voisin, en anglais de l’autre côté du grillage, dans l’anglais fautif des deux Greg, de l’autre côté de la rivière), et je pense que je les avais finalement mis de mon côté, lorsqu’un jour je finis par leur dire, en forçant mon accent français, it is a sad and beautiful world buzz off to you too . Des années plus tard j’aurais eu beaucoup de plaisir à rassurer mon ami L.L. de Mars qui avait les miquettes sur une route à la foi enneigée et verglacée vers le festival d’Angoulême en lui faisant réciter, et en lui donnant la réplique, les dialogues de Roberto avec Jack & Zack, its’ Jack, not Zack, get it straight man.

    J’ai vu Mystery train à Chicago avec Cynthia et cela m’avait même armé pour certaines de nos disputes, quand je finissais par lui dire avec mon accent européen I am sorry I am a bit discumbobulated , et quand cela la faisait rire, elle finissait par me répondre en imitant la grosse voix de Screamin’ Jay Hawkings, yes I know the feeling . J’aime ce film, moins connu, à la folie. J’aime son ambiance de small time America , la petite ville américaine (ce qui n’est pour rien dans mon adoration, désormais, de Paterson ), encore que Memphis tout de même.

    J’ai vu Dead Man à Portsmouth, hypnotisé par les effets de delay de la guitare électrique de Neil Young qui signe là sans doute sa meilleure musique, effondré de rire lorsque le personnage interprété par Mitch Mitchum, son dernier film je crois, monologue avec le grizzly empaillé de son bureau, et ensuite littéralement pris par la main par le personnage de l’Indien quand les hautes portes barricadées du village s’ouvrent et que la vision du personnage interprété par Johny Depp ne cesse de perdre de la netteté. C’est un film qu’ensuite j’ai vu de nombreuses fois par petits bouts, or il me semble que c’est exactement cela un film fort que l’on avale à petites lampées comme un simple malt, des lampées qui brûlent mais qui sont tellement belles ? ou comme on ne relit jamais la Recherche en entier, seulement par extraits presque pris au hasard.

    Night on Earth est sans doute celui qui me fait le plus rire et je ne pense pas que je pourrais le voir dans un cinéma sans m’en faire jeter tellement cela me fait rire fort et avec un petit temps d’avance parce que j’en connais tous les lacets par cœur, la non-rencontre entre Gena Rowlands et Winona Ryder, la folle confession du chauffeur de taxi italien interprété par Roberto Begnini, quand ce dernier explosait encore de talent, et le feu d’artifice d’humour noir kaurisimakien en Finlande

    Ghost dog m’a moins plu, j’en goûte beaucoup l’excellente musique de RZA , le jeu admirable de Forest Whitaker, la narration aussi et la construction du personnage, mais beaucoup moins une certaine forme d’esthétisation des assassinats.

    Coffee & cigarettes est peut-être mon préféré, c’est l’association merveilleuse des deux grandes forces de Jim Jarmusch, une ambiance très calme, enveloppante, et des retours arrières dans le scénario sur le thème du déjà vu, en anglais dans le texte. Quant à la scénette entre Tom Waits et Iggy Pop, qui ont tous les deux arrêté de fumer, je crois que je pourrais la regarder plusieurs fois de suite.

    Broken flowers m’a fait pleurer tellement je trouvais cela beau ce personnage d’homme hanté par son passé amoureux et sa résolution en queue de poisson, et aussi pour le coup un sens admirable du détail qui place toute la confiance dans le spectateur de relever de tels détails pour comprendre la progression du scénario, quels sont les cinéastes qui nous font suffisamment confiance ? Et quel cadeau ils nous font, quand ils le sont !

    Je suis passé entièrement à côté de the Limits of control , mais d’un autre côté je l’ai vu d’après un fichier téléchargé, dans une définition très moyenne, que j’ai regardé dans le train un dimanche soir en revenant de Clermont-Ferrand, sans doute pas la meilleure des justices que l’on puisse rendre à une œuvre cinématographique, qui plus est de la part d’un cinéaste comme Jim Jarmusch.

    En sortant de Only lovers Left alive , j’étais très mitigé, pour une fois la lenteur du film m’a pris à rebrousse-poil, j’avais le sentiment qu’il se regardait en train de filmer, qu’il y avait des problèmes de faux rythme dans cette lenteur et ce n’est qu’après-coup que j’ai compris les nombreuses métaphores du film, celle des vampires qui, immortels, finissaient par périr de notre crise de l’environnement, celle de la solitude des artistes, celle de la fin du monde en situant l’action du film dans les quartiers défoncés de Detroit (et il fallait le faire !), et du coup je me dis souvent qu’il faudrait que je le revoie.

    Bref, vous l’aurez compris Jim Jarmush pour moi cela a toujours été une sorte de grand frère qui aurait fait les Arts Déco dix ans avant moi, qui m’aurait prêté ses disques, notamment ceux de Tom Waits et celui de RZA , un grand frère que j’aurais admiré dont j’aurais parfois voulu copier, toutes proportions mal gardées, une certaine forme de lenteur dans la narration, mais aussi une sorte de copain du bar de mon quartier du temps où j’habitais à Chicago, Jim Jarmusch c’est comme si j’avais déjà joué au billard avec lui au Gold Star . Et ce n’est pas la moindre des qualités que je trouve à son dernier film, Paterson , donc, que de me replonger dans cette atmosphère américaine, celle d’une époque que je tiens pour bénie de mon existence, et dont je sais intuitivement, et c’est sans doute cela qui me retient de traverser l’Atlantique, que je n’en retrouverais aucune trace sur place, si ce n’est donc, de façon fugace dans quelques plans et dans l’ambiance même des films de Jim Jarmusch, singulièrement le dernier, Paterson .

    Et justement j’aime dans Paterson , dès la première scène de réveil, la lumière, certes de studio, certes truquée, dans le sens qu’en fin d’été, début d’automne, il ne fait pas à ce point jour à six heures du matin (je soupçonne Jim Jarmusch de ne pas se lever souvent à six heures du matin), mais cette lumière du matin américain, de ses odeurs de café insipide, de bol de céréales avec un lait insipide aussi, même celui donné pour entier, ses bagels, cette lumière rasante qui rentre dans les chambres et qui éclairent les meubles faussement vieux et les petits cadres posés sur des napperons, oui cette lumière-là contient tout ce que je regrette des matins américains. J’aime les collègues qui, à défaut d’aller comme un lundi, ont des soucis infinis avec l’existence et la difficulté de la financer à crédit, j’aime la petite ville américaine qui fait son possible pour ressembler aux grandes, sa main street et les passagers du bus, élèves, étudiants, ouvriers et retraités (tout le reste de la population est en voiture), et j’aime par-dessus tout l’atmosphère sombre et chaleureuse du bar le soir, le même bar où l’on va sans se poser de questions, où l’on appelle le barman par son prénom, où l’on appelle tout un chacun par son prénom, et où ce sont les mêmes clients qui sont là, tous les soirs, autour de la table de billard où on joue à la boule huit, no last pocket , plus rarement à la boule neuf, qui est plus un truc de pool hall dans lesquels gravitent les fameux pool huslers (comme celui de Robert Rossen, dont d’ailleurs toutes les scènes de billard sont tournées à Chicago dans un pool hall fameux où Greg m’emmena un jour, seul endroit de la ville avec un billard français ce qu’il voulait essayer).

    Et dans ce merveilleux écrin, cette atmosphère chaleureuse, ce conte remarquable, parfaitement narré, fondu dans l’enchainement des jours, le quotidien immuable et répétitif, belle gageure de narration répétitive sans générer le moindre ennui, tout au contraire, de la fascination, de celle qui fait que l’on remarque petit à petit certains détails, et, donc, très très bien joué, notamment par Adam Driver au début de la scène finale, des larmes sans larme, un homme vaincu, complètement écrasé, sur le point d’exploser. C’est l’une des plus belles scènes du cinéma de Jim Jarmusch, elle en contient tous les ingrédients habituels, elle prend son temps et c’est un élément étranger qui arrive dans le cadre côté cour, telle la dealeuse à la fin de Stranger than paradise , l’aubergiste italienne de la fin de Down By Law , la veuve italienne à la fin de Mystery Train , celle qui se sent un peu discumbobulated , dans Paterson , le poète japonais égaré, grand lecteur de William Carlos Williams, qui finit par apporter ici le salut, là la solution, dans le cas de Paterson, les deux, et donne au récit, qui avait pris tout son temps, toute son épaisseur, de celles qui vous poursuivent longtemps après avoir vu le film, telle la portée poétique d’un vers. Un poète vaincu, écrasé par le quotidien dont il était parvenu à s’extraire grâce à sa poésie justement, tel l’apôtre Pierre sur le Mont des Oliviers, se renie et répond que non il n’est pas poète, qu’il est juste un chauffeur de bus comme un autre — autant vous dire qu’un certain informaticien de ma connaissance, qui écrit des fictions à ses heures, n’en menait pas très large devant cette scène —, et c’est un autre poète qui le sauve en donnant de nouveau un sens à son existence, une injonction, la seule qui vaille, écris ! Et le poète vaincu qui n’est plus au bord des larmes redevient un poète, il ne pleure plus le recueil perdu, il écrit ce qui le détermine, sa poésie qui est plus grande que lui, plus grande que les poèmes détruits.

    Le poète est à l’image des autres personnages de ce film, un artiste à la recherche de son véritable moi, un moi libre et émancipé, un moi serein, qui vit sereinement dans l’enveloppe charnelle d’un conducteur de bus d’une petite ville des Etats-Unis qui porte le même nom que lui — volonté chez le cinéaste de nous dire que son film est à la fois à propos d’un personnage, Paterson, et à la fois à propos d’une petite ville, Paterson, admirable fusion.

    Mon grand frère Jim a vieilli un peu, il n’écoute plus de rock, il est un peu plus raffiné dans ses prédilections, ses narrations sont encore plus lentes qu’auparavant, il est surtout en train d’entrer dans la catégorie des cinéastes poids lourds et chenus à la fois, les Manoel de Oliveira, les Bergman même, Tarkovski, il touche au sublime. Quel dommage en revanche qu’il n’ait pas pensé à engager un graphiste digne de ce nom pour ce qui est de l’écriture des poèmes à même les images de la ville notamment. Un poète qui écrit sans rature est-il un vrai poète ? Mais en regard de l’immense film qu’est Paterson c’est un infime reproche.

    #qui_ca

    • Ben je ne trouve pas cela très opérant comme critique. C’est un peu, comment dire, primaire.

      Je ne pense pas que le récit de film fasse de hiérarchie entre les différents « artistes » de ce film, et même plutôt le contraire. Tous les personnages ou presque qui ont effectivement un rôle dans ce film sont à la recherche d’une forme d’émancipation, le barman s’entraîne pour son tournoi d’échec de samedi, l’acteur expérimente in situ ses rôles (exprérience un peu limite c’est vrai), le personnage de Laura entreprend de développer sa ligne de cupcakes ET de devenir une chanteuse de folk (avec, en plus, davantage de réussite que son compagnon), et donc Parterson lui-même qui écrit des poèmes. Finalement le seul personnage qui n’est pas dans une telle recherche est celui qui est englué dans ses problèmes domestiques, le contrôleur. Quant à la scène finale, elle voit Parterson réaliser que ce n’est pas tant la sauvegarde de ses poèmes qui est importante mais leur écriture au moment de l’écriture, que c’est surtout pour lui-même qu’il écrit ses poèmes.

      Et en tant qu’auteure de Chez soi , tu ne vas pas me contredire que l’artiste la plus importante parmi tous ces personnages c’est Laura quand on voit cette manière extraordinaire qui est la sienne de transformer quotidien (qui déborde largement, les petites photos tous les jours différentes dans la lunchbox sont une oeuvre en soi) et habitation !

      Vraiment au contraire tous les personnages du film (à l’exception notable du contrôleur dont le problème majeur dans l’existence finalement c’est qu’il est endetté, qu’il vit à crédit) sont des artistes de leur propre existence, des artistes d’eux-mêmes en somme.

    • Ouais, les amies, vous avez sans doute raison. Je pensais que c’était moins flagrant que vous ne le dites, mais à la réflexion, je pense que vous avez sans doute raison. Cela doit tenir de l’impensé chez lui.

      Il faudrait par ailleurs je repense à cela en regard du reste de sa filmographie dans laquelle il me semblait pourtant que les personnages féminins étaient nettement moins caricaturaux que dans les films de ses collègues, que souvent même, c’étaient elles qui sauvaient des situations dans lesquelles les hommes s’étaient embourbés. Enfin cela paraissait plutôt équilibré. Je vais y repenser.

    • http://www.dictionary.com/browse/discombobulated
      http://www.wordreference.com/enfr/discombobulated

      @aude_v Je crois que le seul qui est vraiment peut-être aps raté, mais disons moins réussi que les autres, c’est The limits of control il me semble que tu devrais apprécier Only lovers left alive pour la métaphore à propos de l’environnement. Et Broken Flowers est très beau aussi. Je te parle des récents, les autres tu les connais.

  • Rencontres très dense autour de l’expo #attica à Cherbourg.
    http://www.lepointdujour.eu/fr/rencontres

    L’Amérique de Nixon au bord de l’implosion
    Caroline Rolland-Diamond
    Art et contestation dans l’Amérique des années 1970
    Elvan Zabunyan
    Musique et politique autour d’Attica
    Jedediah Sklower
    Projection / 18h
    King. De Montgomery à Memphis
    Ely Landau et Richard Kaplan (États-Unis, 1970, 105 min.)
    Attica et la contre-information filmique *
    Nicole Brenez

    et pleins de #films


    #histoire #prison #usa