city:montreuil

  • Se défendre de la police/ 8 juillet 2009 à Montreuil
    https://paris-luttes.info/se-defendre-de-la-police-8-juillet-6983

    Autour du procès de 3 policiers mis en examen au TGI de Bobigny avec leurs flashball, repas de soutien et réunion publique les 6 et 10 novembre — aff_reunion_publique-1_-_copie.jpg, Répression - prisons, Montreuil, flashball, armes de la police, violences policières, justice, répression, police

    https://paris-luttes.info/home/chroot_ml/ml-paris/ml-paris/public_html/IMG/jpg/aff_reunion_publique-1_-_copie.jpg

  • Cinétract réalisé à partir de super-8mm N&B et de la lecture d’un texte écrit par Joachim à l’hôpital, enregistrés lors de la manifestation du 13 juillet 2009, cinq jours après que la police nous a tiré dessus.
    https://vimeo.com/188709886

    PAS DE PAIX - Collectif 8 juillet https://collectif8juillet.wordpress.com/2016/10/10/pas-de-paix

    7 ans après, 3 policiers et leurs flashballs comparaissent devant le TGI de Bobigny.

    7 ans après, combien de blessés, de mutilés, de tués par la police ?

    La police nous a tiré dessus au flashball le soir du 8 juillet 2009 à Montreuil, alors que nous étions nombreux à manifester suite à l’expulsion de « La Clinique », un lieu d’organisation ouvert sur la ville. Parmi les six personnes blessées, cinq ont été touchées au dessus de l’épaule, précisément là où la police n’est pas autorisée à viser. L’un d’entre nous a perdu un oeil. Fait peu ordinaire, 7 ans plus tard, trois policiers vont finalement être jugés au Tribunal de Bobigny, du 21 au 25 novembre prochain.

  • Des nouvelles de la Parole Errante, et lettre à l’attention des différents acteurs culturels en compétition pour obtenir « l’exploitation de l’ensemble immobilier dit la Maison de l’arbre », à Montreuil, plus connu sous le nom de la Parole errante

    http://laparoledemain.jimdo.com

    Bonjour,

    comme vous le savez, un appel à projets a été lancé le 8 juillet 2016 par le conseil départemental de Seine-St-Denis concernant les locaux de la Parole errante. Au moment où le Conseil départemental tarde à donner sa réponse, nous avons décidé d’interpeller directement les structures qui se sont portées « candidates ». Il semblerait que 6 structures aient répondu à l’appel d’offres, mais l’opacité de la procédure est telle que nous ne connaissons que quatre d’entre elles : Les jeunesses musicales de France (contact@jmfrance.org), le Théâtre La Cité (contact@theatrelacite.com), Les pépinières européennes pour jeunes artistes (pepinieres@art4eu.net), Mains d’oeuvres (info@mainsdoeuvres.org).

    Nous vous sollicitons ici en tant qu’acteurs de la défense du lieu et vous demandons de renvoyer cette lettre par mail aux structures sus-nommées, et de l’accompagner éventuellement de votre propre courrier. Dans une période cruciale pour l’avenir du lieu, il s’agit de réaffirmer publiquement qu’un processus de réinvention du lieu est actuellement en cours et que son avenir ne pourra se décider sans ses usagers ! Construisons ensemble une réalité si forte que ce lieu ne puisse pas disparaître ! Continuons !

    (sur le site vous trouverez par ailleurs le calendrier des événéments à venir, le programme du Centre Social Autogéré, à bientôt)

    À l’attention des différents acteurs culturels en compétition pour obtenir « l’exploitation de l’ensemble immobilier dit la Maison de l’arbre », à Montreuil, plus connu sous le nom de la Parole errante

    Ami.e.s, usagères et usagers de ce lieu, nous avons été informés de manière fortuite de vos ambitions concernant la Parole errante. En effet, jusqu’à présent, les usagers, usagères, amis et amies de ce lieu n’ont jamais eu connaissance de vos projets. De plus, contrairement à notre réponse à l’appel d’offres du conseil départemental pour « l’exploitation de l’ensemble immobilier dit la Maison de l’arbre », disponible sur internet et sur papier pour qui veut bien s’y intéresser, vos projets semblent dépourvus de tout caractère public. Alors même que l’appel d’offres indique que la librairie Michel Firk et le festival Ta parole maintiendront et développeront leur activité sur place, il nous paraît étonnant que vous ne soyez entrés en relation qu’avec le seul propriétaire des murs, le conseil départemental.

    Pourtant, vous n’ignorez sans doute pas l’histoire déjà longue de ce lieu, sa vitalité, l’abondance et la diversité des activités qui y prennent place, ni non plus le fait que depuis 2015, un collectif d’usagers s’est constitué pour réinventer ce qu’il sera demain et le défendre. Des dizaines de personnes rassemblées dans le collectif La parole errante demain font actuellement vivre ce lieu et permettent ainsi à des centaines d’usagers et à un public tout aussi engagé que foisonnant de le fréquenter, de s’y retrouver et de l’utiliser.

    Un processus de réinvention du lieu, ouvert à tous, est engagé depuis plus d’un an. Diverses compagnies de théâtre et de nombreux collectifs à vocation culturelle et sociale nous ont d’ores et déjà rejoint. Un des axes structurants de notre démarche est de contribuer à répondre au besoin d’espaces de partage et de solidarité, ce qui suscite l’éclosion de nouvelles activités, comme le montre la création d’un centre social autogéré. Disons le tout net, nous ne comptons pas entériner les séparations usuellement admises entre social, culturel et politique.

    Si nous ne remettons pas ici en cause l’intérêt de vos projets respectifs, la démarche que vous empruntez jusqu’à présent revient à faire table rase d’une histoire longue de plusieurs décennies, et à mépriser du même coup des réseaux de solidarité, des attachements, des usages et une mémoire collective partagés par des milliers de personnes.

    La Parole errante est utilisée, habitée, défendue par une multitude de collectifs, de personnes et de compagnies. Elle est le lieu des voisins et celui des amis, dont certains viennent régulièrement de loin pour y faire escale. Sa programmation est dense et quotidienne. Des dizaines d’événements sont déjà programmés pour l’année 2017, engageant des centaines de personnes qui ne sont pas prêtes à y renoncer, et encore moins à ce que l’on ignore l’histoire de ce lieu, ses usages actuels et la continuité de l’expérimentation en cours.

    Et vous, alors ? Puisque vous semblez intéressés par la Parole errante, plutôt que d’ignorer ces réalités et de vous inscrire dans la logique concurrentielle impliquée par une procédure d’appel d’offres, plutôt que de vous adresser aux "décideurs", nous vous invitons à venir rencontrer les protagonistes de l’expérience en cours.
    Au même titre que toutes celles et ceux qui s’engagent à la faire vivre, nous vous invitons à prendre part à cette fabrique du commun, et à élaborer avec toutes et tous, de manière ouverte et horizontale, le futur de ce lieu collectif de création culturelle et sociale.

    Le futur de la Parole errante, en tout cas, ne s’écrira pas sans nous. Et ce nous est vaste et déterminé.


    Collectif La parole errante demain, le 28 octobre 2016.

    Collectif La Parole errante demain : Le café-librairie Michèle Firk, les revues Z et Jeff Klak, les Editions Libertalia, l’orchestre Surnatural Orchestra, les festival Ta Parole, la Fanfare invisible, le centre de recherche et d’expérimentation théâtral autour d’Armand Gatti, Le groupe Topo, Le collectif Théâtre(S) Politique(S), la compagnie des Grands Mâtins, la compagnie NAJE, le Teatro del silencio, L’écharpe de colombine, le collectif Précipité, le collectif Ozho Nayhé, la coopérative de diffusion L’Amorce, l’association Tant qu’il y aura de la pellicule ou « Ciné Pelloche », le collectif Synaps audiovisuel pour un cinéma voyageur, le centre de recherche, de création et de diffusion sur les arts de la parole « La Maison de la Parole », l’Atelier du Non Faire.

    Pour consulter la programmation en cours, lire notre réponse à l’appel d’offres, connaître la liste des lieux, des structures, des collectifs (de théâtre, de cinéma, de soin, d’édition, de travail social...) ainsi que des habitants de Montreuil et d’ailleurs qui soutiennent cette fabrique du commun, voir le site : http://laparoledemain.jimdo.com

  • Hollande va rendre hommage aux Tsiganes internés pendant la Seconde guerre mondiale
    Paul Louis, Le Figaro, le 28 octobre 2016
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/10/28/01016-20161028ARTFIG00163-hollande-va-rendre-hommage-aux-tsiganes-internes-

    Extraits :

    Classé monument historique en 2012 et considéré comme le plus grand camp d’internement de Tsiganes de France (4000 personnes y sont passées), le site de Montreuil-Bellay, dont il ne reste que des vestiges, est hautement symbolique.

    L’État français était d’autant plus impliqué que les derniers Tsiganes ne seront libérés qu’en 1946, près de deux ans après la Libération.

    Désormais, les gens du voyage se battent pour l’abrogation totale de la loi de 1969 qui instaura le « livret de circulation », obligeant ses détenteurs à se présenter à un commissarait tous les trois mois pour indiquer où ils se trouvent, et dont la suppression a seulement été votée en 2015 par l’Assemblée nationale, après réclamation de l’ONU. « Nous attendons le décret maintenant. Pour nous c’est toujours d’actualité. Il arrive encore que l’on nous demande le carnet alors que ce n’est plus obligatoire. C’est aberrant », déplore Eugène-Alain Daumas. La loi devrait être abrogée en intégralité en janvier prochain « pour que les gens du voyage soient enfin des citoyens comme les autres »

    #Roms #Tsiganes #France #racisme #mémoire #seconde_guerre_mondiale

  • https://lignesdeforce.files.wordpress.com/2016/10/affichekali.pdf
    Ce week-end à #La_Parole_Errante, 9 rue François Debergue – Montreuil (M° Croix de Chavaux) Concert de soutien et discussion.
    A l’exception du bar, tout le reste (du repas du samedi
    soir à l’infokiosque) sera à prix libre au cours de ce
    week-end, et l’ensemble de l’argent récolté ira à la caisse
    de solidarité Kalimero, c’est-à-dire à des mandats pour les prisonnierEs

  • Internement des familles “nomades” dans les camps de 1940 à 1946. Le récit de Violette on Vimeo
    17 octobre 2016
    https://vimeo.com/187655974


    En France, de 1940 à 1946, de nombreuses familles furent internées dans des camps gérés par l’administration française, au seul motif qu’elles étaient Tsiganes, on disait alors nomades, on les nomme aujourd’hui Gens du voyage.
    Ce fut le cas des familles Gurême et Vanhasebroecke. Leurs destins se sont croisés dans le camp de Mulsanne, puis dans celui de Montreuil Bellay. Dans son livre « Interdit aux nomades » écrit en collaboration avec Isabelle Ligner (ed. Calmann –Lévy, 2010) Raymond Gurême témoigne des souffrances des siens.
    En 2016, Violette Vanhasebroecke, épouse du frère de Raymond, Lucien Gurême, décédé en 2008, se confie à note caméra.
    Elle tient à faire connaître ce que furent ces années d’enfermement, pour sa famille, ses parents et leurs treize enfants. Son père et son petit frère ont trouvé la mort dans les camps et deux de ces frères sont décédés peu après leur sortie, suite aux privations et aux mauvais traitements.
    Elle raconte également l’héroïsme des frères Gurême. Raymond, évadé du camp de Linas –Montlhéry a soutenu et ravitaillé sa famille, à travers les barbelés du camp de Montreuil Bellay. Lucien qui a réussi à s’extraire du STO est parvenu à faire sortir sa famille puis à faire évader la mère de Violette et ses douze enfants.
    Aujourd’hui en 2016, comme tous les survivants des camps et leurs descendants, ils attendent une parole publique qui reconnaisse la spécificité de cet internement et l’implication des autorités françaises ainsi que la mise en place d’une politique mémorielle.

  • Les Amis d’Orwell vendredi 21 octobre - Souriez vous êtes filmés
    http://souriez.info/+Les-Amis-d-Orwell-vendredi-21,529+

    Les Amis d’Orwell vendredi 21 octobre

    vendredi 21 octobre 2016

    EDF commence à installer son compteur #Linky chez les particuliers. Des voix s’élèvent contre ce nouveau système à radiofréquences qui peut transmettre toutes les 10 min les données de consommation au fournisseur d’électricité. Plus de 255 conseils municipaux en France ont voté une délibération contre l’installation de Linky dans leur commune (propriétaire des compteurs). Invités : des militants de Saint-Denis et Montreuil qui s’opposent aux compteurs mouchards et la journaliste Annie Lobé qui propose un kit complet de lutte contre Linky sur www.santepublique-editions.fr

    pas trouve le mp3

  • Samedi 22 Montreuil 19h Apéro de lancement du centre social autogéré ! à La parole Errante, 9 rue François Debergue Métro Croix de Chavauxpic.twitter.com/cL60YXyMPs
    https://twitter.com/CIPIDF/status/789399986639253505

    Samedi 22 Montreuil 19h Apéro de lancement du centre social autogéré ! à La parole Errante, 9 rue François Debergue Métro Croix de Chavaux pic.twitter.com/cL60YXyMPs

  • Montreuil-Bobigny (93) : pas de paix
    https://fr.squat.net/2016/10/18/montreuil-bobigny-93-pas-de-paix

    7 ans après, 3 policiers et leurs flashballs comparaissent devant le TGI de Bobigny. 7 ans après, combien de blessés, de mutilés, de tués par la police ? La police nous a tiré dessus au flashball le soir du 8 juillet 2009 à Montreuil, alors que nous étions nombreux à manifester suite à l’expulsion de (...) — Actualités, Bobigny, Clinique, Montreuil, procès, Seine-Saint-Denis

  • Projections de Cinépelloche et du cinéma voyageur sur la question de la ville !
    https://paris-luttes.info/cinepelloche-et-le-cinema-voyageur-6904

    Cinépelloche et le Cinéma Voyageur proposent une projections par trimestre en confrontant deux formats, deux réalités éloignées dans le temps : le numérique et la pellicule 16mm. Classique du Cinéma et film contemporain. Ils s’attachent à une autre manière de voir et faire du cinéma en proposant (...) — Urbanisme - Transport, Montreuil, projection

  • Soirée de soutien à Paris luttes info vendredi à Montreuil. Venez nombreu.ses ! https://paris-luttes.info/soiree-de-soutien-a-paris-luttes-6590 …pic.twitter.com/Fn73TMHCMq
    https://twitter.com/Paris_luttes/status/785596231363866624

    Soirée de soutien à Paris luttes info vendredi à Montreuil. Venez nombreu.ses ! https://paris-luttes.info/soiree-de-soutien-a-paris-luttes-6590 … pic.twitter.com/Fn73TMHCMq

  • PAS DE PAIX - Collectif 8 juillet
    https://collectif8juillet.wordpress.com/2016/10/10/pas-de-paix

    7 ans après, 3 policiers et leurs flashballs comparaissent devant le TGI de Bobigny.

    7 ans après, combien de blessés, de mutilés, de tués par la police ?

    La police nous a tiré dessus au flashball le soir du 8 juillet 2009 à Montreuil, alors que nous étions nombreux à manifester suite à l’expulsion de « La Clinique », un lieu d’organisation ouvert sur la ville. Parmi les six personnes blessées, cinq ont été touchées au dessus de l’épaule, précisément là où la police n’est pas autorisée à viser. L’un d’entre nous a perdu un oeil. Fait peu ordinaire, 7 ans plus tard, trois policiers vont finalement être jugés au Tribunal de Bobigny, du 21 au 25 novembre prochain.

  • Week-end de solidarité avec les prisonnier-E-s de la guerre sociale
    https://paris-luttes.info/week-end-de-solidarite-avec-les-6840

    Week-end de solidarité avec les prisonnier-E-s de la guerre sociale Comment affirmer une solidarité, y compris face à la répression, avec des actes de révolte partagés ? — kalicouleursmall.jpg, flykali-recto.jpg, flykali-verso.jpg, Répression - prisons, Montreuil, soirée de soutien, concert, prison

  • « Enfance effacée...? Résister, Inventer ! » Meeting du Collectif des 39, 16 oct / Montreuil
    http://www.autrefutur.net/Enfance-effacee-Resister-Inventer-meeting-du-Collectif-des-39-16-oct-Mon

    Le Collectif des 39 est inquiet et en colère face à l’évolution de nos sociétés, avec l’affaissement permanent des systèmes de solidarité publiques. Le groupe Enfance de ce collectif organise un meeting poétique et politique intitulé « Enfance effacée..? Résister, Inventer ! ». Ce meeting aura lieu le (...) — Solidarité, http://www.collectifpsychiatrie.fr

  • Première fois que je retourne à la piscine depuis des lustres, non pas des lustres, mais des mois, oui. La piscine ne me punit pas trop sévèrement de cette désertion, je parviens à faire mon aquatique kilomètre, un peu sans force à la fin, mais jusqu’au bout malgré tout.

    Du coup, les choses auxquelles on pense en faisant ses longueurs de piscine, l’idée de reprendre toutes les mentions de ces choses auxquelles je pense en faisant mes longueurs de piscine, ce qui finissait par devenir une catégorie en soi dans la rubrique Contre . http://www.desordre.net/bloc/contre/index.htm

    #40.

    Ma mauvaise humeur ne doit pas être si soluble que cela dans l’eau, ce qui est heureux, sinon tous les autres nageurs de la piscine finiraient par brasser de l’encre de Chine.

    #47.

    M’élançant seul, premier arrivé, dans le grand bassin olympique de la piscine de Montreuil, je ne peux m’empêcher d’être pris d’un frisson grandiloquent, toute cette eau pour moi seul, et ce faisant je me livre à un rapide calcul 50 x 20 x 3 = 3000 mètres cubes d’eau, soit trois millions de litres d’eau tout de même. C’est souvent que je fais du calcul en nageant, ainsi le nombre de carreaux au fond de la piscine doit équivaloir au nombre de pixels du premier envoi d’images auquel j’ai assisté en 1987. Si je savais remettre la main sur ce fichier, on pourrait proposer à la piscine de Montreuil, lors de leur prochaine vidange des trois millions de litres d’eau, de repeindre chaque carreau tel un pixel. La mairie de Montreuil pourrait organiser un concours, envoyez votre image de 10 kilo-octets pour le fond de la piscine Colette Besson. Pour ma part je leur enverrais bien une photo aérienne du bassin en question, mais c’est moi bien sûr. D’ailleurs la saison prochaine, après la vidange annuelle, chacun pourra constater que j’ai gagné le concours. Les choses auxquelles on pense en faisant ses longueurs de piscine.

    Vers la fin de mon kilomètre, l’affluence est nettement plus forte et certains dépassements occasionnent bien des tourbillons et alors, je me dis que nous sommes peut-être une petite cinquantaine de nageurs à faire des longueurs, cela fait quand même quelques remous, il devrait y avoir un moyen de récupérer un peu de cette énergie non ? Une mini centrale hydro-motrice. Sans compter l’inénarrable barbotage des mamies dans le petit bain au son d’un disco d’un autre âge. Est-ce que les remous des mamies ne pourraient pas alimenter une petite batterie laquelle prendrait en charge la dépense électrique de la sono et du disco ? Les choses auxquelles on pense en faisant ses longueurs à la piscine.

    N’empêche dans ce groupe de femmes, majoritairement, âgées je croise le regard d’une amie de longue date, nous nous sommes rencontrés aux Arts Déco, je sais son combat récent et je la trouve bien courageuse dans sa régularité, le soir j’ironise, son sens de l’humour est intact, en lui envoyant un mail pour lui dire que depuis le temps que je rêvais de la voir en maillot de bain. N’empêche, c’est vrai, j’ai un peu de mal à me dire qu’il s’agit de la même personne que j’ai connue tellement jeune et qui désormais barbote avec les mamies du mardi midi, je crois qu’il n’y a pas de mot pour décrire mon vertige tandis que je sors de la piscine de Montreuil, entré dans l’eau en conquérant d’un bassin olympique, et sortant écrasé par la perspective fuyante du temps : je suis donc rentré aux Arts Déco il y a vingt sept ans. Les choses auxquelles on pense en faisant ses longueurs à la piscine.

    #59.

    Pensée profonde du jour : après une matinée à faire de la feuille de calcul, le spectacle, en nageant, du carrelage de la piscine n’est pas la meilleure récréation qui soit.

    Corollaire à cette pensée, est-ce qu’avec un bon vidéo projecteur, on ne pourrait pas nous passer des films (muets, forcément muets) au fond de la piscine.

    Lot de consolation : le soleil en entrant par les larges baies vitrées crée de très beaux dessins lumineux difractés par l’agitation de la surface de l’eau, je les mémorise et l’après-midi, de retour au travail, je m’évertue de les superposer mentalement à mes feuilles de calcul.

    #201.

    Chaque année, prendre la résolution de tout écrire dans son agenda, les kilomètres parcourus à la piscine, les livres lus, les films et les spectacles vus, les concerts et les disques écoutés et les expositions visitées. Et à la fin de l’année faire le bilan comptable de cette activité contre. Oui, se dit-il, et il le note dans son agenda, dans la colonne des choses à faire.

    #203.

    Les choses auxquelles on pense à la piscine.

    Je fais vingt longueurs de cinquante mètres, mille mètres, un kilomètre. C’est une progression lente, il y a peu je faisais encore du deux à l’heure. Je suis tout juste descendu en dessous de la barre des vingt cinq minutes pour ce kilomètre. Progression lente, coûteuse aussi et il est à peine exagéré de dire que chaque mètre compte, que chaque mètre coûte. Et je compte. Et cela me coûte. Ce n’est pas seulement à chaque virage que je compte. Je compte les demies longueurs, parfois même les quarts de longueurs. Le fond de la piscine est carrelé, je suis souvent tenté d’en compter les carreaux qui défilent lentement sous moi. Ou je les identifie à des pixels. D’ailleurs en comptant longueurs et mètres je me donne des repères en pixels, 400 mètres c’est une image de 400 pixels de large, 700, 725 ce sont les pixels de large pour de nombreuses images du Désordre, 600, 800 aussi et 1000 la nouvelle largeur des images de la Vie, 1000 c’est l’objectif, si lentement atteint à l’image de ces barres de téléchargement qui progressent avec lenteur, kilo-octet à kilo-octet. Et c’est à une barre de téléchargement que je pense quand je nage et que je compte les longueurs que je fais.

    Les choses auxquelles on pense en nageant. Vraiment.

    #223.

    En faisant ses longueurs à la piscine, depuis quelques temps, cela ne lui suffisait plus de boucler la distance impartie, il se battait désormais aussi contre la pendule, l’objectif avait d’abord été de boucler le kilomètre en moins d’une demi-heure, ce samedi après-midi, il tentait de descendre en dessous de 24 minutes, ce qu’il ne parvint pas à faire en dépit d’efforts coûteux qui le laissèrent absolument haletant, peut-être pas au point de se sentir mal, mais asphyxié épuisé cela oui. Tandis qu’il tirait sur ses bras dans les deux dernières longueurs, se faisant violence, il pensa, c’est bien lui, qu’à défaut d’écrire comme Robert Musil, il allait bientôt mourir comme ce dernier d’une crise cardiaque, dans la salle de gymnastique (fin assez décevante et médiocre tout de même pour un auteur comme Musil, mais passons). Et il nageait, la dernière longueur en sprint, pensant à toutes ces figures admirées qu’il pourrait imiter à bon compte, à défaut d’en imiter, même imaprfaitement, le talent, les rides sur le front, comme celles de Samuel Beckett, la carrure de René Char, les angoisses et les crises de désespoir chaque matin comme Pablo Picasso, les bourrades dans les côtes comme Georges Perec, on laisserait de côté, assez vivement, la robe de chambre de Louis-Ferdinand Céline et les collections de papillons de Pierre Bergougnioux, se tenir au garde à vous au téléphone, comme Marcel Proust, régresser au point d’en devenir terriblement réactionnaire comme Keith Jarrett. Et mal vieillir, de façon tellement sénile et stérile, comme Woody Allen. Aller un peu trop loin dans la mise en scène de soi-même comme Edouard Levé. Tout un programme. Les choses auxquelles on pense, bien immodestement, en faisant ses longueurs à la piscine.

    Dans la même journée, tu fais un kilomètre à la piscine, tu vas écouter le concert d’Ervan Parker, et tu finis d’écrire ton article contre les photographies d’Issouf Sanogo. Dans la même journée.

    #236.

    Chaque année ta banque t’envoie deux agendas, deux exemplaires du même agenda, cadeaux commerciaux de pas grand chose. Cette année tu as pris le parti de toute noter dans cet agenda, les lectures, les films, les disques, les concerts, les spectacles, les kilomètres parcourus à la piscine, tout.

    Que tu aies besoin de tenir une comptabilité de tout ceci me dépasse un peu, qu’elle soit rigoureuse, après tout, pourquoi pas ?, mais qu’est-ce qui t’empêche d’utiliser le deuxième agenda, le deuxième exemplaire, pour y noter n’importe quoi, ce qui me passe par la tête ?, oui, pourquoi pas, que le deuxième exemplaire de l’agenda soit l’occasion de tous les débordements possibles de la fiction, tu peux t’y prêter des lectures que tu n’as pas eues, pas encore, des concerts auxquels tu as peu de chance de te rendre, trop chers ou trop loin, des spectacles auxquels tu ne peux que rêver de te rendre et des films que tu as manqués au moment de leur sortie en salle, mens, invente, fais ce que tu veux.

    Et n’oublie pas, de temps en temps, de partir de chez toi en prenant le mauvais agenda, et alors, oblige-toi à vivre ce qui est noté dans l’agenda de la fiction.

    #286.

    Régulièrement quand tu passes par la Croix de Chavaux, par exemple pour aller à la piscine, tu regardes le haut immeuble où tu sais que ton ancienne analyste continue de recevoir ses patients. Tu regardes les fenêtres du dernier étage en repensant à toutes ces photographies que tu as prises de cette fenêtre, de l’agitation de la place, dont tu fais finalement partie, d’en bas, regardant vers les hautes fenêtres.

    Et puis une fois tous les ans, tous les deux ans, tu ressens dans l’étau toujours plus serré de tes propres doutes, le besoin de reprendre rendez-vous auprès de ton analyste. Tu vas la voir pour faire fonctionner devant ses yeux les rouages que tu as découverts dans son cabinet, tu veux t’assurer que tes compréhensions contemporaines sont compatibles avec tes fonctionnements anciens.

    A la fin de cette séance, tu remontes au dernier étage de cet immeuble de sept étages et tu photographies la place de la Croix de Chavaux. Tu détailles du regard les mouvements des véhicules et des passant, le clignotement des éclairages publicitaires, les nuages qui passent, depuis ce point de vue de créateur presque.

    Parfois tu te demandes si d’avoir accès à cet escalier, de temps en temps, pour y monter au dernier étage, ne serait pas suffisant. Tu te sentirais un peu cerné par tes doutes. Tu monterais en haut de la place, photographierait l’agitation et la circulation autour de cette place, et tu te sentirais à nouveau en phase, tu pourrais reprendre ta place dans le manège.

    Et pareillement quand tu reprends contact avec ton ancienne analyste tu retrouves, avec le même plaisir, le catalogue de je ne sais plus quelle rétrospective de Jean-Michel Basquiat. Dont tu dois être, à en juger par le manque d’usure du livre, le seul lecteur. Un lecteur très épisodique.

    #307.

    Et tout d’un coup, le corps plongé dans l’eau de la piscine, c’est comme si je replongeais dans la musique de Stephen O’Malley, plus sûrement les acouphènes d’hier soir se réveillent dès que l’eau vient faire pression sur mes tympans. Dommage c’était une bonne idée, un peu de musique pendant que je nage, tellement mécaniquement, aux confins de l’ennui.

    #308.

    De retour de la piscine, je croise mon amie Daphna, et je peine à croire que cinq minutes plus tard je serais de nouveau prisonnier de l’open space. Daphna que je connais depuis 1986. Tous les deux étudiants aux Arts Décos. Je ne sais pas très bien ce que penserait le jeune homme que j’étais alors de cette situation.

    En tout cas je sais ce que l’homme d’aujourd’hui pense du jeune homme d’alors. Et le simple fait de croiser Daphna me le rappelle instantanément. Ce jeune homme n’était pas brillant. Pas tous les jours.

    Ou dit différemment, de quoi ai-je le plus honte, aux yeux du jeune homme d’alors d’être devenu un employé de banque, un Bartleby, ou à mes yeux d’aujourd’hui, du jeune homme suffisant que j’étais alors ?

    #309.

    Le virage s’est fait l’été dernier. Pendant tout le mois de juillet je suis allé à la piscine tous les jours en sortant du travail et tous les jours j’ai nagé un petit kilomètre. Et pour tout dire, j’avais le sentiment que cet exercice et cette astreinte quotidiens produisaient un affinement du corps, et même réveillaient des muscles ayant insuffisamment travaillé ces dernières années. Je me surprenais à retrouver une force dans les bras que je n’avais plus depuis tellement longtemps. Un peu plus et je contemplais dans le miroir les vaisseaux saillants de mes avant-bras et je me prenais sans doute à rêver qu’encore quelques dizaines de kilomètres et j’aurais de nouveau un corps de jeune homme.

    Et puis, naturellement, ce qui devait arriver arriva, un jour, fin juillet, je me suis fait un claquage. Finie la phase 2 de l’opération Corps de rêve.

    Et pourtant j’ai besoin d’aller à la piscine faire des longueurs, j’en ai besoin pour rester maître de mes difficultés respiratoires. Et c’est déjà nettement moins glorieux. Quand je sors de l’eau, on ne dirait pas Sean Connery dans James Bond contre le Docteur No ou Daniel Craig dans le même appareil, dans Casino Royal, non c’est plutôt au personnage secondaire de l’Autofictif d’Eric Chevillard qui est l’occasion d’haikus mordants que je pense, le Gros Célibataire.

    Le Gros Célibataire sort de l’eau
    à bout de souffle
    avec une échelle.

    Sur l’arrête du nez, la marque rouge des caoutchoucs de mon respirateur.

    Donc ne plus s’illusionner sur l’opération Corps de rêve, et comprendre que la phase 2 a effectivement commencé, c’est la phase dans laquelle il faut faire de l’exercice pour retarder l’arrivée de la grande faucheuse et d’ailleurs il faut que j’arrête de m’illusionner, les baigneuses quand elles me regardent admiratives, ce n’est pas pour la largeur de mes épaules qu’elles ont ont des regards aimables, mais, au contraire elles sont pleines de commisération pour un ce qu’elles prennent, à juste titre, pour un vieil homme (encore) bien conservé.

    Ainsi va la vie à bord du Redoutable.

    #329.

    Chaque fois que je reprends latéralement ma respiration en nageant, je déchiffre, je ne peux m’en empêcher, tout ce qui est écrit sur les murs, les défense de, les ville de Montreuil, les numéros de couloir, tout ce qui est écrit, je finis par le lire, comme d’ailleurs je peux le faire de tout ce qui est écrit sur une boîte de céréales au petit déjeuner, sans doute pour rompre avec l’ennui des longueurs de piscine.

    Ils attendent quoi exactement à la piscine de Montreuil pour couvrir les murs de Haïkus ?

    #332.

    Ca y est, ils m’ont enfin entendu à la piscine de Montreuil, ils ont tendu un immense écran de toile. En revanche je doute beaucoup que ce sera pour projeter des haïkus ou encore Film de Samuel Beckett, en tout état de cause, la prochaine fois que j’irai à la piscine le projecteur sera en état de marche et on devrait, en toute logique, m’entendre pester sur le fait que le programme projeté n’est pas à mon goût.

    Comment est-ce que je peux encore tomber dans de tels panneaux.

    #345.

    Tandis que les portes de la piscine ouvrent pour son public du midi, salariés qui vont faire quelques longueurs sur le temps de pause du midi et mamies du disco aquatique, reflue une petite foule de jeunes adultes handicapés, tous ou presque un immense sourire aux lèvres, on sent que cela leur fait plaisir la piscine, l’un d’eux s’égare dans les douches sa démarche chaloupée et mal habile parfaitement en rythme de la musak diffusée par la radio de la piscine.

    #347.

    A la piscine tu es dépassé dans ta ligne par un groupe de torpilles humaines, tu en prendrais presque ombrage d’être pareillement doublé, es-tu si lent ?, puis tu remarques l’étonnant équipement de ces nageurs plus rapides, des palmes et des prothèses aux mains pour augmenter la force de brassage sans doute. Et dire que tu pensais que le seul équipement nécessaire à la nage était un maillot de bain (facultatif dans les rivières des Cévennes quand on est entre soi et quel plaisir).

    Tu repenses, à ces types qui descendaient les pentes du Puy de Sancy sur leur vélo tout terrain, leur équipement était celui que tu aurais prêté à des motards tout terrain, certains d’entre eux portaient au dessus de leur casques de petites caméras et filmaient leur descente depuis ce point de vue privilégié. Nul doute que les vidéos réalisées étaient le soir-même sur les plates-formes de partage de vidéos.

    Et tu avais ri à cette idée que ces petites vidéos étaient littéralement des surmoi.

    #357.

    A la piscine, ma volonté commande à mes bras de tirer plus fort dans l’eau, pour éprouver mes poumons, lesquels tentent de se faire entendre auprès de ma volonté qui s’émousse un peu, mais tient bon, tant que le kilomètre ne sera as parcouru pas de répit pour les bras et les épaules qui à leur tout mettent les poumons à l’épreuve.

    Tenir, disais-je.

    #432.

    Je ne sais ce à quoi pensent les autres nageurs dans la piscine de Montreuil, mais s’ils sont tous occupés, comme je le suis en faisant mes longueurs, à des projets chimériques que les miens en ce moment, j’ose espérer que les Maître-nageurs sauveteurs de notre piscine ont reçu une formation spéciale pour traiter non seulement les noyés mais aussi les aliénés.

    #452.

    Je commence mes longueurs à la piscine dans l’agréable sensation de glisser sur une eau limpide et déserte, un kilomètre plus loin, je rampe dans une mer de mercure, trouble et surpeuplée.

    #453.

    C’est fréquent que nageant dans la piscine je trouve en pensée la solution pour tel projet laissé en plan la veille au soir dans le garage. Il arrive aussi, et je ne peux m’empêcher d’éprouver un léger sentiment d’injustice, que je trouve la solution d’un problème resté en plan au travail, c’est comme si j’avais gâché la récréation.

    Mais le choix de la dérive de mes pensées en nageant m’appartient aussi peu que celui des images de mes rêves.

    Et d’ailleurs est-ce que si nous avions le choix du programme de nos rêves, est-ce que ce seraient encore des rêves ?

    Les choses auxquelles on pense en faisant ses longueurs à la piscine, en repoussant de toutes ses forces les choses auxquelles on ne veut pas penser. Comme par exemple de repenser au rêve de cette nuit.

    #456.

    Le rêve d’une installation du futur, les pensées des nageurs d’un bassin olympique sont projetées au fond de la piscine par je ne sais quel procédé et dessinent une toile immense d’images se chevauchant avec de très beaux effets d’opacités diverses, et nager serait alors aussi beau que de se tenir fermement au bastingage de l’installation de Georges Didi-Huberman, au Fresnoy à Toucoing, ce qui tend à penser qu’on n’est sans doute pas obligé d’attendre l’avènement de la technologie qui permettrait la mise en images des pensées des nageurs, et sans attendre cette dimension interactive, d’ores et déjà, transformer les fonds des piscines en écrans géants. Je serai le premier à m’abonner à un tel service.

    Pareillement, je rêve de nager dans une piscine labyrinthique.

    Et pour les lecteurs des Idées noires de Franquin, on pourrait de temps en temps corser un peu l’affaire en introduisant un requin dans le labyrinthe. Surtout ne pas péter.

    Les choses auxquelles on pense en faisant ses longueurs à la piscine. Et dans la dernière longueur de me dire, je devrais créer une manière de tag pour ces choses auxquelles je pense en faisant mes longueurs à la piscine.

    #12.

    La surprise en plongeant dans la piscine, l’eau est chaude, collante, et tous les jeux d’ombres et de lumières flous qui étaient ceux de la rivière ont été remplacés par le quadrillage net des carreaux au fond de la piscine, netteté due aux lunettes dites de piscine. Et les retirer serait s’exposer à la morsure du chlore. Tandis que dans la Cèze ce sont les yeux nus que je me jette à l’eau, souvent accompagné par des myriades de vairons.

    Mais soyons juste, dans la piscine municipale je ne redoute pas la potentielle présence de couleuvres au fond de l’eau.

    #20.

    Naïvement j’ai cru ce matin, avant de partir à la piscine, que de comptabiliser les kilomètres parcourus à la piscine depuis de début de l’année allait me rendre les choses plus faciles, ainsi j’ai parcouru 32 kilomètres à la nage depuis le premier octobre 2013, soit un peu en deça de la distance qui sépare Paris de Pontoise. Bref, je ne suis rendu qu’à Saint-Ouen l’Aumône, encore un kilmomètre et j’arrive à Maubuisson, encore un autre et je suis chez B. et encore un autre et je franchis l’Oise (à la nage sans doute) et je pourrais prendre mon café dans la si bonne brûlerie sur le haut de Pontoise.

    Est-ce la perspective de nager sur un plan d’eau aussi incliné que la montée depuis les rives de l’Oise vers l’église Saint-Maclou de Pontoise ou tout simplement parce que j’avais sans doute imaginé que je devais déjà être rendu du côté de Senlis et que d’ici à la fin de l’année nul doute je parviendrais, à la nage donc, jusqu’à Bapaume, et que la comptabilité dans mon agenda de toutes les mentions de kilomètres aquatiques a révélé un chiffre très en dessous de ce que j’espérais, il n’empêche, je finis le kilomètre d’aujourd’hui, épuisé et découragé.

    En nage serais-je tenté de dire.

    #31.

    Retour des vacanciers. Cette fois-ci à la piscine, tu reconnais les corps halés dans l’eau et anticipe leur vigueur éphémère, ceux-là vont entamer leurs longueurs au quart de tour, mais vont vite s’essouffler, en novembre ils auront oublié du tout au tout le chemin de la piscine. En attendant éviter leurs mouvements vifs dans les lignes comme les croiseurs font des torpilles fourbes des sous-marins.

    Nageant tu repenses à certaines scènes de Das Boot de Wolfgang Petersen. Et dans tes rêves d’installations à la piscine de Montreuil, tu penses à ce que cela serait de nager dans une piscine aussi vaste, dans l’obscurité, poursuivi par le bruit d’un sonar.

    Les choses auxquelles on pense en faisant ses longueurs à la piscine.

    #32.

    Tu voudrais, comme cela, toute l’après-midi peut-être pas, mais davantage que ce que tu ne fais, cela sûrement, pouvoir continuer d’ouvrir une nouvelle fenêtre de mail pour t’envoyer un nouveau paragraphe de Contre. Mais cela ne fonctionne pas comme cela, ce serait trop facile. Te levant de ton petit banc abrité des regards à quelques encablures seulement de ton travail, ou, tout aussi bien, en revenant de faire ton kilomètre à la piscine, tu peux en écrire deux ou trois, parfois quatre, cinq c’est arrivé une fois, le petit banc et la piscine te donnent cet élan, mais davantage, non, ce n’est vraiment pas possible. Non que tu n’aies pas déjà essayé, ne serait-ce que par désoeuvrement, ou, plus sûrement pour distraire ton ennui, mais la source, c’est dire si elle est modeste, est vite tarie.

    Et tu sais, depuis toujours, qu’il ne faut jamais trop tirer sur les sources modestes. Sans courir le risque de les assécher définitivement.

    Va donc prendre un café dans un gobelet de plastique brun ou croque dans une pomme mais ne commets pas l’imprudence de trop essayer.

    Contre c’est ne pas trop tirer d’eau chaque jour.

    #89.

    Pour la première fois depuis tellement longtemps, le rêve d’une apnée qui n’est pas angoissante, pas synonyme d’asphyxie ; mais bien au contraire plaisante, ivresse même, je viens de plonger à la piscine et je remonte très lentement à la surface, en fait j’ai atteint une telle profondeur que c’est une vraie nage que de revenir à la surface, une nage verticale, je trouve que le cyclone de bulles que j’ai créé dans mon plongeon est admirable au regard, je mets très longtemps à remonter à la surface, mais je prends mon temps, je fais durer le plaisir. Je fais durer l’apnée. C’est une apnée de rêve à la façon de celles interminables de Johny Wesmüller dans le Tarzan de Van Dyke.

    Et si c’était dans ce rêve qu’était contenu l’espoir de ma guérison ?

    En rêve, on peut faire tellement de choses, y compris de guérir d’un mal incurable (mais pas dangereux).

    #120.

    Faisant tes longueurs à la piscine le midi sur ton temps de déjeuner, tu réalises une fois de plus à quel point tu tiens un compte serré des longueurs déjà parcourues et de celles qui restent à faire et tu voudrais que cela aille plus vite, être bientôt sorti de l’eau, arrêter d’étouffer volontairement pendant trois passages de bras, que cesse la douleur légère mais continue dans les bras, les avant-bras surtout, et les épaules, et pour te représenter tout cela, tu ne cesses de calculer le ratio des longueurs faites versus les longueurs restant à faire en des pourcentages, tout en te faisant la réflexion que la représentation graphique de tout ceci dans ton esprit est celle d’une barre de défilement sur un ordinateur, représentation que tu généralises à d’autres moments de l’existence, comme la progression des jours de la semaine.

    Tu remarques que ta progression, comme cela l’est sur un ordinateur vieillissant, voire en fin de parcours, est de plus en plus laborieuse au fur et à mesure que la barre de défilement fonce.

    Et, faisant tes longueurs à la piscine le midi sur ton temps de déjeuner, tu fais l’application de cette longueur, de cette difficulté accrue et du pourcentage accompli contre le pourcentage restant à réaliser, l’application de tout ceci donc, à ton existence toute entière.

    Et d’après toi, tu en es où sur ta barre de défilement ?

    #133.

    A la piscine, en pleine forme, tu nages vite et longtemps, plus vite et plus longtemps que d’habitude et tu remarques alors que la lutte que tu mènes contre toi-même n’a plus son siège dans ton souffle mais dans les bras. Ce que tu regrettes, si tu vas à la piscine pour faire des longueurs, ce n’est pas pour accentuer le côté armoire à glace, pitié !, c’est bien davantage pour travailler ton souffle, augmenter cette capacité pulmonaire qui te fait défaut, surtout la nuit, mais voilà, tu le réalises en nageant, cela fait deux ans que tu fais des longueurs à la piscine, tu t’es endurci dans cet exercice, tu as plus de souffle et aussi plus de force dans les bras, et donc, réalisation amère, si tu veux travailler son souffle, il va falloir désormais faire davantage de longueurs, tirer davantage sur les bras, au point de te faire manquer de souffle.

    Les choses auxquelles on pense quand on fait des longueurs !

    Et sans doute aussi, nageant aujourd’hui avec de pareilles pensées en tête, as-tu le sentiment de nager avec la mort aux trousses, tu nages d’autant plus vite aujourd’hui.

    Exercice #7 de Henry Carroll : comment vous sentez-vous, exprimez-le avec la lumière

    Souvenir d’une grippe carabinée, avec de remarquables pics de fièvre.

    #qui_ca

  • Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde | L’Actualité des Luttes
    https://actualitedesluttes.info/?p=1171

    Le 25 mai 2016 se tenait à la Parole errante à Montreuil une rencontre avec le philosophe Jacques Rancière. Le lieu de la Parole errante est menacé de fermeture, mais une association est prête à prendre le relais : la Parole demain. Dans ce contexte et dans le cadre du mouvement contre la loi travail, la discussion avait pour thème « Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde ». Voici un montage de cette rencontre. Durée : 1h. Source : Fréquence Paris Plurielle

    http://actualitedesluttes.info/wp-content/uploads/2016/09/160930.mp3

  • OCCUPATION D’UN ATELIER VIDE FAMILLES RROMS DE MONTREUIL DANS LA RUE DEPUIS LE 28 JUILLET LE BEAU RËVE DES " Fées d’herbe "pic.twitter.com/7cO8y8AjNc
    https://twitter.com/PauDesforest/status/782707889169465345

    OCCUPATION D’UN ATELIER VIDE FAMILLES RROMS DE MONTREUIL DANS LA RUE DEPUIS LE 28 JUILLET LE BEAU RËVE DES « Fées d’herbe » pic.twitter.com/7cO8y8AjNc

  • LE REGARD MODERNE Une librairie sans fard | Gonzaï
    http://gonzai.com/le-regard-moderne-une-librairie-sans-fard

    Sans rien dire, le grand Jacques s’en est allé ce samedi 1er octobre. Si les raisons de son décès sont encore inconnues, trois choses sont sûres : il était à la fois l’un des plus vieux libraires de Paris, indéniablement l’un des plus underground, et il manquera à ce qui reste du Paris des cartes postales. Au moment où l’une longue page se tourne, nous avions envie de lui rendre hommage avec une interview réalisée en avril 2012.

    #regard_moderne #rip

    • « Jacques Noël s’est éteint la nuit dernière, dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 2016.

      Il tenait Un Regard moderne, la librairie la plus incroyable, la plus atypique, la plus bordélique, la plus surprenante, la plus alternative, la plus punk du monde !

      Pour lui rendre hommage, l’INqualifiable invite celles et ceux qui l’ont connu à raconter un moment passé avec lui à la librairie, à raconter leur première fois (on n’oublie pas la première fois qu’on est entré au Regard moderne), ou les suivantes, ou la seule, à dire ce que Jacques Noël a accueilli comme revues, fanzines, gravures, petite maison d’édition… et tous les objets venus du DIY, du bidouillage, de l’auto-édition et de la création indépendante, underground, discrète, poétique, pornographique, et toujours iconoclaste

      Ce témoignage (photos, textes, dessin…) sera publié en hommage dans le numéro spécial punk de l’INqualifiable qui sera bouclé fin octobre où un dossier sera consacré à l’irremplaçable Jacques et à sa magnifique librairie.
      Vous pouvez adresser vos propositions à redac@linqualifiable.fr

      https://vimeo.com/40229622

      via les âmes d’atala : http://zamdatala.net

    • CI-GÎT NOTRE CŒUR
      Par CheriBibi, le 4 octobre 2016

      L’an deux-mille seize du calendrier crétin aura été fatal à un certain nombre de hérauts de cette culture populaire qui nous anime et nous porte : Rico Rodriguez, Muhammad Ali, Prince Buster, Herschell Gordon Lewis, Siné… Leurs images, sons et messages nous ont nourris, et grandement façonnés. Mais il en est un, par bien des aspects encore plus proche, dont la disparition laisse ce genre de vide que l’on sait impossible à combler.
      Car Jacques Noël, libraire au Regard Moderne et figure du Paname qu’on adore, était un puit de connaissances dans lequel on ne se lassait pas de puiser. Un phare pour qui cherche ses lectures au-delà du brouillard médiatique. Un relais entre tous les barrés de l’autoproduction sur papier. Or il est décédé soudainement, dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre.
      Je l’ai appris, ironie du sort, à une rencontre de fanzines dans un rade de Montreuil, ce même 1er octobre. Et devoir se dire que l’on ne pourra plus l’apercevoir fumer sa clope devant son bouclard et sourire imperceptiblement à notre approche est plus brutal et inqualifiable que d’enlever ses roulettes à un cul-de-jatte globe-trotter.
      À force d’y passer et d’y taper le bout de gras des heures avec le taulier, je ne me souviens plus exactement quand ai-je pénétré pour la première fois l’antre bibliophile du 10, #rue_Gît-le-Cœur. Ce devait être à l’aube des années 1990. Pratiquant divers arts martiaux dans un dojo du quartier, à un quart d’heure de RER de ma banlieue, je profitais du reste de la journée (les entraînements ayant entre autres lieu le samedi morninge) pour squatter disquaires et libraires amalgamés entre la rue des Écoles et les environs du Boul’Mich’.
      La petite rue où Jacques se planquait était toute droite sortie d’un bouquin de Jacques Yonnet, et le nom de son magaze, Un Regard Moderne, avait peut-être dû me rappeler le supplément homonyme de Libé réalisé circa 1979 par la bande à #Bazooka, dont mon dab avait conservé quelques exemplaires entre deux Métal Hurlant. Plus certainement, les nombreuses couvertures de billustres mystérieux en vitrine m’avaient aimanté inexorablement…
      Puis une fois à l’intérieur, bordel ! Bordel. Oui, mais organisé. Façon planque tout en bouquins façonnée par Gaston Lagaffe pour s’isoler du tumulte alentour, le genre de piaule pour rêve de gamin : des piles et des piles d’ouvrages incroyables soutenant d’autres piles d’ouvrages improbables où il fallait se déplacer à tâtons, les yeux farfouilleurs et le geste mesuré (qui n’y a jamais rien fait tomber n’y est jamais allé !).
      Dans la minuscule pièce de droite, il y avait une micro-galerie où s’exposaient des dessinateurs tout aussi improbables (vers le début des années 2000, mon ex-compagne Shîrîn Chavannes eut d’ailleurs cet honneur). Puis, plaintes de passants bigots faisant loi, l’espace d’expos irrévérencieuses avait disparu sous d’autres piles de bouquins tout aussi vénéneux.
      Du temps de mes premières visites, Jacques, guère prolixe quand il ne connaissait point le quidam, m’avait paru franchement bougon. Ce serait gonflé de ma part de lui en tenir rigueur sachant qu’alors ado banlieusard fauché prenant Paname pour un self-service, j’ai bien dû lui chourrer quelques bricoles au passage… Faut dire que pour des affamés comme nozigues, Le Regard Moderne était la plus merveilleuse pâtisserie dont un boulimique pourrait rêver : BD cochonnes (ou pas), pamphlets situationnistes, encyclopédies punks ou cinéphiles, monographies Dada, recueils d’illustrateurs de pulps amerloques ou d’affiches féministes, zines introuvables presque partout ailleurs (ah, Ciné Zine Zone, Psychotronic Video, From Parts Unknown, Naked, Outré !), graphzines sérigraphiés (ah, Henriette Valium !), cahiers de coloriage Black Panthers (!), voire VHS pirates de concerts des Cramps… Bref, la caverne d’Ali Babel dont on ne pouvait faire le tour malgré l’exiguïté !
      Oh, rassurez-vous, j’y ai vite délesté mon larfeuille à répétition, échangeant avec gourmandise du papier-monnaie contre des trucs vachement mieux imprimés. Et puis aussi vite déposé notre petit fanzine.
      L’année dernière, on a d’ailleurs fêté la sortie du nouveau #ChériBibi devant sa porte. Même qu’il pleuvait, ce qui a rendu l’entreprise périlleuse. Qu’importe, il en a vendu quelques exemplaires de plus que d’habitude et, comme d’habitude, je l’envoyais balader quand il voulait nous les payer.
      Bon, c’est peut-être pas des choses qu’il faudrait écrire, des fois que tous les libraires en galère (pléonasme) nous diffusant se sentent des ailes pour oublier de passer à la caisse… Mais désolé, ces derniers le savent aussi bien que moi, Jacques tenait à bouts de bras et d’échelle en bois une librairie à nulle autre pareille dont l’existence justifiait à elle-seule notre décision d’oublier systématiquement la facture quand il demandait du réassort. Un endroit unique où j’ai tout autant systématiquement ramené chaque potes en visite dans la capitale de la France (tu voulais que je les emmène où ? Voir la tour Eiffel ?). Un refuge menacé qu’il fallait vitalement préserver à l’heure où tout un chacun peut commander l’improbable sur Internet et où même la Fnac s’est mise à vendre des bouquins sur le ciné bizarroïde et les catcheurs mexicains des années 60. Un havre pour curieux véritables. Et dans ce monde formaté, la curiosité est révolutionnaire.
      Que tous ceux l’ayant également côtoyé me pardonnent de ne pas pondre une nécro dans les clous et d’écrire en roue libre, l’émotion en bandoulière… Pas non plus le cœur et la gniaque de fournir plein de liens virtuels pour compléments d’infos biographiques sur l’ami Jacques. Faites comme dans sa librairie : cherchez et trouvez par vous-même.
      Ce qui est sûr, c’est que le prochain ChériBibi, avant même d’être né, est déjà orphelin de son dealer préféré. Cette fois, c’est avéré, #le_père_Noël_est_mort.

      http://www.cheribibi.net/2016/10/04/ci-git-notre-coeur

  • PIALAT | BANLIEUE 1960
    L’amour existe,

    https://www.dailymotion.com/video/x3bmbyz_court-metrage-de-maurice-pialat_shortfilms

    Texte du documentaire.
    « Longtemps j’ai habité la banlieue. Mon premier souvenir est un souvenir de banlieue. Aux confins de ma mémoire, un train de banlieue passe, comme dans un film. La mémoire et les films se remplissent d’objets qu’on ne pourra plus jamais appréhender.

    Longuement j’ai habité ce quartier de Courbevoie. Les bombes démolirent les vieilles maisons, mais l’église épargnée fut ainsi dégagée. Je troque une victime contre ces pierres consacrées ; c’était un camarade d’école ; nous chantions dans la classe proche : « Mourir pour la patrie », « Un jour de gloire vaut cent ans de vie ».

    Les cartes de géographie Vidal de Lablache éveillaient le désir des voyages lointains, mais entretenaient surtout leur illusion au sein même de nos paysages pauvres.

    Un regard encore pur peut lire sans amertume ici où le mâchefer la poussière et la rouille sont comme un affleurement des couches géologiques profondes.

    Palais, Palace, Eden, Magic, Lux, Kursaal… La plus belle nuit de la semaine naissait le jeudi après-midi. Entassés au premier rang, les meilleures places, les garçons et les filles acquittent pour quelques sous un règne de deux heures.

    Parce que les donjons des Grands Moulins de Pantin sont un « Burg » dessiné par Hugo, le verre commun entassé au bord du canal de l’Ourcq scintille mieux que les pierreries.

    A quinze ans, ce n’est rien de dépasser à vélo un trotteur à l’entraînement. Le vent d’hiver coupait le polygone du Bois de Vincennes ; moins sévère que le vent de l’hiver à venir qui verrait les Panzers répéter sur le terrain.

    Promenades, premiers flirts au bord de la Marne, ombres sombres et bals muets, pas de danse pour les filles, les guinguettes fermeraient leurs volets. Les baignades de la Marne, Eldorado d’hier, vieillies, muettes et rares dorment devant la boue.

    Soudain les rues sont lentes et silencieuses. Où seront les guinguettes, les fritures de Suresnes ? Paris ne s’accordera plus aux airs d’accordéon.

    La banlieue entière s’est figée dans le décor préféré du film français. A Montreuil, le studio de Méliès est démoli. Ainsi merveilles et plaisirs s’en vont, sans bruit

    « La banlieue triste qui s’ennuie, défile grise sous la pluie » chantait Piaf. La banlieue triste qui s’ennuie, défile grise sous la pluie. L’ennui est le principal agent d’érosion des paysages pauvres.

    Les châteaux de l’enfance s’éloignent, des adultes reviennent dans la cour de leur école, comme à la récréation, puis des trains les emportent.

    La banlieue grandit pour se morceler en petits terrains. La grande banlieue est la terre élue du P’tit pavillon. C’est la folie des p’titesses. Ma p’tite maison, mon p’tit jardin, mon p’tit boulot, une bonne p’tite vie bien tranquille.

    Vie passée à attendre la paye. Vie pesée en heures de travail. Vie riche en heures supplémentaires. Vie pensée en termes d’assistance, de sécurité, de retraite, d’assurance. Vivants qui achètent tout au prix de détail et qui se vendent, eux, au prix de gros.

    On vit dans la cuisine, c’est la plus petite pièce. En dehors des festivités, la salle à manger n’ouvre ses portes qu’aux heures du ménage. C’est la plus grande pièce : on y garde précieusement les choses précieuses.

    Vies dont le futur a déjà un passé et le présent un éternel goût d’attente.

    Le pavillon de banlieue peut être une expression mineure du manque d’hospitalité et de générosité du Français. Menacé il disparaîtra.

    Pour être sourde la lutte n’en est pas pour autant silencieuse. Les téméraires construisent jusqu’aux avants-postes.

    L’agglomération parisienne est la plus pauvre du mon-de en espaces verts. Cependant la destruction systémati-que des parcs an-ciens n’est pas achevée. Massacre au gré des spéculations qui sert la mode de la ré-sidence de faux luxe, cautionnée par des arbres centenaires.

    Voici venu le temps des casernes civiles. Univers concentrationnaire payable à tempérament. Urbanisme pensé en termes de voirie. Matériaux pauvres dégradés avant la fin des travaux.

    Le paysage étant généralement ingrat. On va jusqu’à supprimer les fenêtres puisqu’il n’y a rien à voir.

    Les entrepreneurs entretiennent la nostalgie des travaux effectués pour le compte de l’organisation Todt.

    Parachèvement de la ségrégation des classes. Introduc-tion de la ségrégation des âges : parents de même âge ayant le même nombre d’enfants du même âge. On ne choisit pas, on est choisi.

    Enfants sages comme des images que les éducateurs désirent. Jeux troubles dans les caves démesurées. Contraintes des jeux préfabriqués ou évasion ? Quels seront leurs souvenirs ?

    Le bonheur sera décidé dans les bureaux d’études. La ceinture rouge sera peinte en rose. Qui répète aujourd’hui du peuple français qu’il est indiscipliné. Toute une classe conditionnée de copropriétaires est prête à la relève. Classe qui fait les bonnes élections. Culture en toc dans construction en toc. De plus en plus la publicité prévaut contre la réalité.

    Ils existent à trois kilomètres des Champs-Élysées. Constructions légères de planches et de cartons goudronnés qui s’enflamment très facilement. Des ustensiles à pétrole servent à la cuisine et à l’éclairage.

    Nombre de microbes respirés dans un mètre cube d’air par une vendeuse de grands magasins : 4 millions

    Nombre de frappes tapées dans une année par une dactylo : 15 millions

    Déficit en terrain de jeux, en terrain de sport :75%

    Déficit en jardin d’enfant : 99%

    Nombre de lycées dans les communes de la Seine : 9. Dans Paris : 29

    Fils d’ouvriers à l’Université : 3%. A l’Université de Paris : 1,5%

    Fils d’ouvriers à l’école de médecine : 0,9%.

    A la Faculté de lettres : 0,2%

    Théâtre en-dehors de Paris : 0. Salle de concert : 0

    La moitié de l’année, les heures de liberté sont dans la nuit. Mais tous les matins, c’est la hantise du retard.

    Départ à la nuit noire. Course jusqu’à la station. Trajet aveugle et chaotique au sein d’une foule serrée et moite. Plongée dans le métro tiède. Interminable couloir de correspondance. Portillon automatique. Entassement dans les wagons surchargés. Second trajet en autobus. Le travail est une délivrance. Le soir, on remet ça : deux heures, trois heures, quatre heures de trajet chaque jour.

    Cette eau grise ne remue que les matins et les soirs. Le gros de la troupe au front du travail, l’arrière tient. Le pays à ses heures de marée basse.

    L’autobus, millionnaire en kilomètres, et le travailleur, millionnaire en geste de travail, se sont séparés une dernière fois, un soir, si discrètement qu’ils n’y ont pas pris garde.

    D’un côté les vieux autobus à plate-forme n’ont pas le droit à la retraite, l’administration les revend, ils doivent recommencer une carrière.

    De l’autre, les vieux travailleurs. Vieillesse qui doit, dans l’esprit de chaque salarié, indubitablement survenir. Vieillesse comme récompense, comme marché que chacun considère avoir passé. Ils ont payé pour ça. Payé pour être vieux. Le seul âge où l’on vous fout la paix. Mais quelle paix ? Le repos à neuf mille francs par mois. L’isolement dans les vieux quartiers. L’asile. Ils attendent l’heure lointaine qui revient du pays de leur enfance, l’heure où les bêtes rentrent. Collines gagnées par l’ombre. Aboiement des chiens. Odeur du bétail. Une voix connue très lointaine… Non. Ils pourraient tendre la main et palper la page du livre, le livre de leur première lecture.

    Les squares n’ont pas remplacé les paysages de L’Ile de France qui venaient, hier encore, jusqu’à Paris, à la rencontre des peintres.

    Le voyageur pressé ignore les banlieues. Ces rues plus offertes aux barricades qu’aux défilés gardent au plus secret des beautés impénétrables. Seul celui qui eût pu les dire se tait. Personne ne lui a appris à les lire. Enfant doué que l’adolescence trouve cloué et morne, définitivement. Il n’a pas fait bon de rester là, emprisonné, après y être né. Quelques kilomètres de trop à l’écart.

    Des années et des années d’hôtels, de « garnis ». Des entassements à dix dans la même chambre. Des coups donnés, des coups reçus. Des oreilles fermées aux cris. Et la fin du travail à l’heure où ferment les musées. Aucune promotion, aucun plan, aucune dépense ne permettra la cautérisation. Il ne doit rien rester pour perpétrer la misère. La leçon des ténèbres n’est jamais inscrite au flanc des monuments.

    La main de la gloire qui ordonne et dirige, elle aussi peut implorer. Un simple changement d’angle y suffit.

  • 17 et 18 Septembre : La Parole errante demain, c’est maintenant !
    https://paris-luttes.info/17-et-18-septembre-la-parole-6667

    Ces 17 et 18 septembre, deux journées de discussions et de mise en place de l’auto-gestion de la Parole Errante auront lieu de 14h à 19h avec le samedi soir, repas et lectures de théatre et le dimanche soir, concert et chansons du (...) — 1718petit.jpg, 1817petit.jpg, Expression - Contre culture, Montreuil, débats

  • Week-end de solidarité avec les prisonnierEs de la guerre sociale
    https://paris-luttes.info/week-end-de-solidarite-avec-les-6657

    Deux jours de discussions, infokiosques et concert de soutien avec la caisse « Kalimero », sur le thème : Comment affirmer une solidarité, y compris face à la répression, avec des actes de révoltes partagés ? — calimero_copie.jpg, Répression - prisons, Montreuil, répression, prison

  • Week-end Parole Errante Demain - Montreuil

    http://laparoledemain.jimdo.com

    Nous ne sauverons
    l’existant qu’à le réinventer.
    17/18 Septembre
    Une saison de lutte est en cours. Aucun pronostic annonçant sa fin ne s’est vérifié. Pour vaincre, nous n’avons d’autres choix que d’emprunter des temporalités inédites. Il nous faut durer. Pour durer, parmi d’autres choses, il faut des lieux. La Parole Errante est l’un de ces lieux. Mais ce lieu a besoin de forces supplémentaires pour continuer d’exister. Pour cela nous vous invitons à deux jours de mobilisation autour de la défense de la Parole Errante. Et ici défendre veut aussi dire inventer. Nous sommes à la Parole Errante comme partout ailleurs : nous ne sauverons l’existant qu’à le réinventer.

    Programme :

    Nous avons conçu ce week-end comme un moment de travail partagé entre toutes les personnes engagées dans le devenir de la Parole errante. C’est une étape supplémentaire dans la réinvention du lieu depuis un processus public.

    L’étape précédente avait consisté à faire exister la dimension d’accueil, de lieu partagé, à travers l’appel à programmation pour la saison 2016-2017 et sa mise en œuvre. Pari tenu, cette programmation impulsée par le collectif la Parole errante demain a déjà commencé avec une très belle exposition des ateliers du Non-faire à la Parole errante et se prolongera toute l’année.

    Le week-end du 17 et 18 septembre se concentrera autour de deux aspects.

    Samedi : Deux ateliers porteront sur la future administration et gestion du lieu. Quelle structure juridique pour la Parole errante demain ? Quelle gestion, quelle autogestion pour la Parole errante demain ? Ces ateliers seront aussi des appels. Appel à devenir coopérateur de la future Société Coopérative d’Intérêts Collectifs (SCIC). Appel à prendre part aux différentes équipes en charge de la vie du lieu.

    Dimanche : Les ateliers porteront sur des projets collectifs impulsés depuis l’intérieur du lieu : des rencontres cinématographiques, une université ouverte, un centre social autogéré, un centre de recherche théâtrale autour de l’oeuvre d’Armand Gatti, etc.