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  • A défaut d’un système d’#identification centralisé concernant les migrants irréguliers décédés en mer. Des #morts_sous_X par centaines

    Comment des milliers de migrants morts échoués sur les côtés marocains sont-ils identifiés ? Comment les autorités marocaines parviennent-elles à connaître leurs noms et leur identité et permettent-elles à leurs familles de faire leur deuil ? « Le taux d’identification demeure faible voire limité et ce sujet ne semble pas se poser avec acuité pour les autorités locales », a indiqué Younous Arbaoui, responsable plaidoyer & coordination au sein de la Plateforme nationale protection migrants (PNPM) lors d’une conférence de presse organisée mercredi dernier pour présenter le rapport de la PNPM intitulé « Identification des personnes migrantes décédées aux frontières maritimes marocaines ». D’après lui, les autorités marocaines ne disposent d’aucun système centralisé ni de démarches procédurales permettant d’identifier les corps des migrants qui voyagent le plus souvent sans documents d’identité.
    L’intervenant a également précisé que l’identification des corps se fait grâce à des témoignages (déclarations des migrants qui ont vécu avec le défunt, des représentants communautaires ou associations) ou à des témoins (reconnaissance faciale par un membre de la famille ou un ami). Pourtant, il a précisé que le taux d’identification demeure très faible comme en atteste le cas de la ville de Tanger où ce taux ne dépasse pas, en moyenne, 2% selon des chiffres émanant des responsables de la morgue de la ville, ce qui veut dire que 98% des personnes repêchées par les autorités de Tanger sont non-identifiées et restent anonymes. A Nador, le taux est également très faible. En fait, sur les 81 corps repêchés au cours de l’été 2017, seulement 15 personnes ont été identifiées soit uniquement 18,5 %. Idem à Tétouan où la majorité des morts n’a pas été identifiée formellement.
    Concernant l’identification par témoin, l’intervenant a révélé que, souvent, les personnes qui ont survécu au naufrage sont rapidement séparées des morts par les autorités qui les considèrent comme des « migrants irréguliers » qui n’intéressent que les seules autorités nationales chargées du contrôle des frontières et ces personnes sont même souvent soit déplacées de force vers les villes du Sud du Maroc ou bien détenues/expulsées sans les impliquer ou leur donner l’occasion de contribuer à l’identification de leurs compagnons de voyage.
    En ce qui concerne l’usage des indices matériels trouvés sur les corps des victimes, la manière dont ils sont analysés et archivés n’est pas claire. Idem pour l’autopsie où l’expertise, les ressources ou encore le savoir-faire qui font défaut.
    Pour les méthodes basées sur l’analyse des empreintes et l’ADN (méthodes formelles), le défi est souvent de trouver des échantillons de référence. Ceci d’autant plus que les migrants ne sont pas tous enregistrés auprès des autorités marocaines avant leur mort. En fait, un nombre important de migrants n’est pas connu par les autorités car ils entrent clandestinement au Maroc et se dirigent vers Tanger ou Nador.
    Cependant, l’intervenant a affirmé que les migrants sénégalais font exception puisque la majorité des morts est identifiée grâce à l’implication du consulat sénégalais à travers ses agents installés dans différentes provinces du Maroc.
    L’autre problème, et non le moindre, réside dans la décomposition des corps des migrants décédés. C’est souvent le cas lorsque les dépouilles restent longtemps en mer et/ou conservées dans les réfrigérateurs de la morgue. A ce propos, Elouafa Jamal, de clinque El Hijra- Rabat, a indiqué que les autorités marocaines peinent à trouver des espaces et des facilités pour conserver les corps. Les témoignages collectés montrent que la capacité des morgues dans les trois villes concernées (Tanger, Tétouan et Nador) est limitée. Dans ce sens, il a noté qu’à Nador, la morgue est souvent obligée de conserver plus de dépouilles dans des espaces destinés initialement à en accueillir moins et qu’il arrive même que des corps soient conservés dans des chambres dont la température est inadéquate. Pire, quand un corps n’est pas identifié dans les deux mois, le procureur du Roi à Nador donne l’ordre de l’enterrer, ce qui permet de décharger la morgue. A Tétouan, la morgue est parfois obligée de mettre deux corps dans un espace destiné à un seul dans l’attente de la mise en fonction de la nouvelle morgue qui souffre d’un manque de personnel. A Tanger, la capacité de la morgue est limitée car l’identification prend du temps et si la dépouille n’est pas identifiée à l’issue de deux mois, elle doit être enterrée.
    Comment le PNPM envisage-t-il de résoudre ce problème ? Quelle réponse institutionnelle, réglementaire et juridique faut-il y apporter ? Qui sera chargé de gérer ce dossier face à la multiplication des intervenants (ministères de la Santé, de l’Intérieur et de la Justice, communes, Gendarmerie Royale,…) ? Qui doit payer les frais générés par l’opération d’identification (L’ UE, le Maroc, les pays d’origine des migrants, les familles, …) ? « L’enjeux est de taille et sincèrement, nous n’avons pas de réponse claire. D’ailleurs, notre ambition, via ce rapport, est d’ouvrir le débat sur ce sujet et d’impliquer l’opinion publique nationale et les autorités », nous a expliqué Younous Arbaoui. Mais en attendant que ce débat national soit initié, la Plateforme nationale protection migrants recommande l’implication des survivants des naufrages dans la procédure d’identification et le renforcement de la collaboration avec les consulats étrangers.
    Il est également question d’élargir la recherche des empreintes digitales en consultant tous les systèmes d’enregistrement d’empreintes disponibles au niveau national et en impliquant le système d’enregistrement du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) sans oublier de collaborer avec les autorités des pays d’origine.
    La PNPM demande de cesser d’arrêter les membres de la famille des défunts qui se présenteraient aux autorités dans l’objectif de leur permettre de prélever des échantillons de référence ADN, et ce même s’ils sont en situation irrégulière ; ou bien de mandater une autre institution (qui n’a pas le mandat d’arrêter les migrants irréguliers) pour opérer les prélèvements d’ADN.
    Le ministère de la Santé a été aussi sollicité afin de pouvoir utiliser les échantillons prélevés dans les établissements de soins dans le cadre d’examens médicaux ou du sang stocké dans les banques dédiées. Le département de la Santé est également appelé à adapter la capacité d’accueil des morgues des villes frontalières au phénomène des morts en mer. Enfin, le PNPM estime qu’il est nécessaire de mener une enquête interne sur le manque d’intérêt des agents chargés de l’identification, sur l’usage des indices matériels trouvés sur les corps des victimes et sur la façon dont ces indices sont analysés et archivés.


    https://www.libe.ma/A-defaut-d-un-systeme-d-identification-centralise-concernant-les-migrants-irreg
    #mer #Mer_Méditerranée #cadavres #décès #mourir_en_mer #morts #asile #migrations #réfugiés #Maroc #Tétouan #taux_d'identification #Tanger #Nador #ADN

    • Les autorités marocaines appelées à identifier les migrants décédés aux frontières maritimes

      Aucune donnée ne permet, aujourd’hui, de connaître le nombre exact de migrants décédés ni la manière avec laquelle ils sont traités en tant que “morts”.

      Ils ne sont pas des anonymes. Ils ont un nom, une famille, une histoire, des droits. Le réseau de plaidoyer “Plateforme nationale de protection des migrants” (PNPM) veut attirer l’attention sur l’identification de migrants décédés aux frontières maritimes marocaines. Aucune donnée ne permet, aujourd’hui, de connaître avec exactitude le nombre de ces décès ni la manière avec laquelle ils sont traités en tant que “morts”. C’est le constat que dresse cette plateforme en ouvrant, ce mercredi à Rabat, le débat sur ce sujet qu’elle estime absent de la scène marocaine. “Il s’agit d’un engagement pris par les Etats dans le cadre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et le droit international qui les contraint à respecter les morts”, déclare le responsable du plaidoyer et coordinateur de la PNPM, Younous Arbaoui, en présentant ce rapport.

      Ce respect dû aux morts commence par leur “donner vie”. Le processus n’a rien de facile, car le taux d’identification formelle des ces migrants décédés, pour le moment, “est très faible”. A Tanger, il est de 2%, selon la morgue, relève ce rapport, constatant, ainsi que 98% des personnes repêchées par les autorités de la ville sont restées des anonymes. Dans la ville de Nador, cette fois-ci, sur 81 morts, au cours de l’été 2017, 15 seulement ont pu être identifiés, soit 18,5%, ajoute la même source. Quant à Tétouan, la plateforme n’a pas réussi à établir une estimation, précisant que la morgue de la ville l’avait informée que la majorité des morts n’est pas identifiée formellement. Toutefois, la PNPM relève une exception auprès des services consulaires sénégalais qui lui ont affirmé, de leur côté, qu’à travers leurs agents installés dans différentes provinces du Maroc, la majorité des personnes décédées d’origine sénégalaise est identifiée.

      Le fait que la plupart de ces migrants décédés ne soit pas identifiée n’est pas sans conséquences. La PNPM explique que leurs familles ne peuvent en faire le deuil, ni prendre les mesures légales que le décès d’un membre implique notamment au niveau de l’héritage, des assurances, du remariage ou encore du pouvoir parental. Une situation qui montre à quel point l’identification formelle doit se faire en tant qu’urgence sociale.

      “Une identification faciale peut se faire par témoins, mais ce n’est pas suffisant pour reconnaître formellement une personne”, signale Younes Arbaoui. Et pour cause, l’identification par témoin n’apporte pas toujours les indices nécessaires mais peut, néanmoins, servir de “valeur ajoutée”, pour augmenter les chances d’identification formelle. Sur ce point, la PNPM regrette que les survivants des naufrages ne soient pas impliqués dans l’identification. Considérés comme des “clandestins”, ces derniers sont séparés des morts et remis aux autorités nationales chargées des frontières, pour être, ensuite, expulsés ou détenus. Tandis que les morts relèvent de la responsabilité des autorités locales, souligne ce rapport.
      Des recommandations

      “Le ministère de l’Intérieur devrait essayer d’impliquer les survivants dans ce processus. C’est notre première recommandation !”, souligne Arbaoui, ajoutant que plusieurs indices matériels peuvent également servir dans ce processus. Ces indices concernent le passeport ou les papiers d’identité retrouvés sur le corps de la victime. “Il faut archiver ces indices pour mener de nouvelles tentatives d’identification. Tout ce que porte la victime doit être conservé. Pour cela, nous recommandons au Maroc de collaborer avec le comité de la Croix rouge en cas de manque d’expertise”, propose le président de la Clinique juridique Hijra, Jamal El Ouafa.

      À ces indices matériels s’ajoutent d’autres, scientifiques, servant à l’identification, notamment les empreintes. “C’est un grand défi ! Souvent, les empreintes sont putréfiées par l’eau. Alors, il faut retrouver les empreintes de la victime enregistrées avant sa mort, sauf que ces migrants ne se font pas enregistrer par les autorités”, constate le coordinateur de la plateforme. Pour relever ce “grand défi”, la PNPM recommande aux autorités marocaines d’élargir leurs recherches à toutes les bases de données disponibles au-delà de la gendarmerie et de la police et d’impliquer également le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ce dernier procède, en effet, à l’enregistrement des demandeurs d’asile et peut aider, selon la PNPM, à identifier certaines victimes. Et à ces efforts, la plateforme recommande de joindre les autorités des pays d’origine pour faciliter l’identification.

      Tout aussi formelle que les empreintes, l’analyse ADN est également recommandée par la plateforme estimant, toutefois, que la difficulté de trouver l’échantillon référence pose là aussi une sérieuse difficulté. “D’après les témoignages recueillis, la seule possibilité est de faire appel à la famille de la victime. Mais, parfois, cette dernière ne réside pas au Maroc, sinon, elle est réticente à se présenter aux autorités”, fait remarquer Arbaoui. Et de préciser qu’”à Tanger, la PNPM a appris que certains membres de familles se sont faits arrêter alors qu’ils se présentaient pour un prélèvement ADN”.

      La plateforme appelle ainsi les autorités à ne pas interpeller les familles concernées “même si ses membres sont clandestins” et recommande aux ministères de l’Intérieur et de la Santé de travailler en collaboration pour établir une base de données commune. “Il est préférable de faire appel à des institutions qui n’ont pas pour mandat d’arrêter le migrant irrégulier, comme les morgues, afin d’effectuer ces prélèvements”, propose-t-elle.

      Autre problème que le Maroc est appelé à résoudre concerne les morgues. A Tanger, indique Jamal El Ouafa, “au bout de 2 mois, le corps d’un migrant anonyme est enterré et si l’identification est accomplie, l’enterrement doit se faire dans les plus brefs délais”. Le ministère de la Santé devrait adapter la capacité de ses morgues se trouvant dans les zones frontalières à ce phénomène, estime-t-il.

      Par ailleurs, la PNPM nourrit un doute quant à la volonté des fonctionnaires locaux de procéder à l’identification de ces morts. Dans son rapport, elle suppose que les agents de l’autorité ne font pas assez, par conviction, peut-être, que cette mission relève de “l’impossible”. “La victime est considérée comme ‘juste’ un migrant”, souligne le coordinateur de la plateforme, appelant le ministère de l’Intérieur à mener des enquêtes internes pour s’en assurer. “Il faut s’assurer si ce n’est pas l’attitude des fonctionnaires locaux envers les migrants, liée à leur origine ou à la manière dont ils sont décrits par les politiciens et parfois les médias comme ‘un groupe’ qui est à l’origine du faible taux d’identification”.

      https://www.huffpostmaghreb.com/entry/les-autorites-marocaines-appelees-a-identifier-les-migrants-decedes

  • And Yet We Move - 2018, a Contested Year

    Alarm Phone 6 Week Report, 12 November - 23 December 2018

    311 people escaping from Libya rescued through a chain of solidarity +++ About 113,000 sea arrivals and over 2,240 counted fatalities in the Mediterranean this year +++ 666 Alarm Phone distress cases in 2018 +++ Developments in all three Mediterranean regions +++ Summaries of 38 Alarm Phone distress cases

    Introduction

    “There are no words big enough to describe the value of the work you are doing. It is a deeply human act and it will never be forgotten. The whole of your team should know that we wish all of you health and a long life and the best wishes in all the colours of the world.” These are the words that the Alarm Phone received a few days ago from a man who had been on a boat in the Western Mediterranean Sea and with whom our shift teams had stayed in touch throughout the night until they were finally rescued to Spain. He was able to support the other travellers by continuously and calmly reassuring them, and thereby averted panic on the boat. His message motivates us to continue also in 2019 to do everything we can to assist people who have taken to the sea because Europe’s border regime has closed safe and legal routes, leaving only the most dangerous paths slightly open. On these paths, over 2,240 people have lost their lives this year.

    While we write this report, 311 people are heading toward Spain on the rescue boat of the NGO Proactiva Open Arms. The travellers called the Alarm Phone when they were on a boat-convoy that had left from Libya. Based on the indications of their location, Al-Khums, the civil reconnaissance aircraft Colibri launched a search operation in the morning of the 21st of December and was able to spot the convoy of three boats which were then rescued by Proactiva. Italy and Malta closed their harbours to them, prolonging their suffering. Over the Christmas days they headed toward their final destination in Spain. The successful rescue operation of the 313 people (one mother and her infant child were flown out by a helicopter after rescue) highlights the chain of solidarity that activists and NGOs have created in the Central Mediterranean Sea. It is a fragile chain that the EU and its member states seek to criminalise and tear apart wherever they can.

    Throughout the year of 2018, we have witnessed and assisted contested movements across the Mediterranean Sea. Despite violent deterrence policies and practices, about 113,000 people succeeded in subverting maritime borders and have arrived in Europe by boat. We were alerted to 666 distress situations at sea (until December 23rd), and our shift teams have done their best to assist the many thousands of people who saw no other option to realise their hope for a better future than by risking their lives at sea. Many of them lost their lives in the moment of enacting their freedom of movement. Over 2,240 women, men, and children from the Global South – and probably many more who were never counted – are not with us anymore because of the violence inscribed in the Global North’s hegemonic and brutal borders. They were not able to get a visa. They could not board a much cheaper plane, bus, or ferry to reach a place of safety and freedom. Many travelled for months, even years, to get anywhere near the Mediterranean border – and on their journeys they have lived through hardships unimaginable for most of us. But they struggled on and reached the coasts of Northern Africa and Turkey, where they got onto overcrowded boats. That they are no longer with us is a consequence of Europe’s racist system of segregation that illegalises and criminalises migration, a system that also seeks to illegalise and criminalise solidarity. Many of these 2,240 people would be alive if the civil rescuers were not prevented from doing their work. All of them would be alive, if they could travel and cross borders freely.

    In the different regions of the Mediterranean Sea, the situation has further evolved over the course of 2018, and the Alarm Phone witnessed the changing patterns of boat migration first hand. Most of the boats we assisted were somewhere between Morocco and Spain (480), a considerable number between Turkey and Greece (159), but comparatively few between Libya and Italy (27). This, of course, speaks to the changing dynamics of migratory escape and its control in the different regions:

    Morocco-Spain: Thousands of boats made it across the Strait of Gibraltar, the Alboran Sea, or the Atlantic and have turned Spain into the ‘front-runner’ this year with about 56,000 arrivals by sea. In 2017, 22,103 people had landed in Spain, 8,162 in 2016. In the Western Mediterranean, crossings are organised in a rather self-organised way and the number of arrivals speaks to a migratory dynamism not experienced for over a decade in this region. Solidarity structures have multiplied both in Morocco and Spain and they will not be eradicated despite the wave of repression that has followed the peak in crossings over the summer. Several Alarm Phone members experienced the consequences of EU pressure on the Moroccan authorities to repress cross-border movements first hand when they were violently deported to the south of Morocco, as were several thousand others.

    Turkey-Greece: With about 32,000 people reaching the Greek islands by boat, more people have arrived in Greece than in 2017, when 29,718 people did so. After arrival via the sea, many are confined in inhumane conditions on the islands and the EU hotspots have turned into rather permanent prisons. This desperate situation has prompted renewed movements across the Turkish-Greek land border in the north. Overall, the number of illegalised crossings into Greece has risen due to more than 20,000 people crossing the land border. Several cases of people experiencing illegal push-back operations there reached the Alarm Phone over the year.

    Libya-Italy/Malta: Merely about 23,000[1] people have succeeded in fleeing Libya via the sea in 2018. The decrease is dramatic, from 119,369 in 2017, and even 181,436 in 2016. This decrease gives testament to the ruthlessness of EU deterrence policies that have produced the highest death rate in the Central Mediterranean and unspeakable suffering among migrant communities in Libya. Libyan militias are funded, trained, and legitimated by their EU allies to imprison thousands of people in camps and to abduct those who made it onto boats back into these conditions. Due to the criminalisation of civil rescuers, a lethal rescue gap was produced, with no NGO able to carry out their work for many months of the year. Fortunately, three of them have now been able to return to the deadliest area of the Mediterranean.

    These snapshots of the developments in the three Mediterranean regions, elaborated on in greater detail below, give an idea of the struggles ahead of us. They show how the EU and its member states not only created dangerous maritime paths in the first place but then reinforced its migrant deterrence regime at any cost. They show, however, also how thousands could not be deterred from enacting their freedom of movement and how solidarity structures have evolved to assist their precarious movements. We go into 2019 with the promise and call that the United4Med alliance of sea rescuers has outlined: “We will prove how civil society in action is not only willing but also able to bring about a new Europe; saving lives at sea and creating a just reception system on land. Ours is a call to action to European cities, mayors, citizens, societies, movements, organisations and whoever believes in our mission, to join us. Join our civil alliance and let us stand up together, boldly claiming a future of respect and equality. We will stand united for the right to stay and for the right to go.”[2] Also in the new year, the Alarm Phone will directly engage in this struggle and we call on others to join. It can only be a collective fight, as the odds are stacked against us.

    Developments in the Central Mediterranean

    In December 2018, merely a few hundred people were able to escape Libya by boat. It cannot be stressed enough how dramatic the decrease in crossings along this route is – a year before, 2,327 people escaped in December, in 2016 even 8,428. 2018 is the year when Europe’s border regime ‘succeeded’ in largely shutting down the Central Mediterranean route. It required a combination of efforts – the criminalisation of civil search and rescue organisations, the selective presence of EU military assets that were frequently nowhere to be found when boats were in distress, the closure of Italian harbours and the unwillingness of other EU member states to welcome the rescued, and, most importantly, the EU’s sustained support for the so-called Libyan coastguards and other Libyan security forces. Europe has not only paid but also trained, funded and politically legitimised Libyan militias whose only job is to contain outward migratory movements, which means capturing and abducting people seeking to flee to Europe both at sea and on land. Without these brutal allies, it would not have been possible to reduce the numbers of crossings that dramatically.

    The ‘Nivin case’ of November 7th exemplifies this European-Libyan alliance. On that day, a group of 95 travellers reached out to the Alarm Phone from a boat in distress off the coast of Libya. Among them were people from Ethiopia, Somalia, South Sudan, Pakistan, Bangladesh and Eritrea. Italy refused to conduct a rescue operation and eventually they were rescued by the cargo vessel Nivin. Despite telling the rescued that they would be brought to a European harbour, the crew of the Nivin returned them to Libya on November 10th. At the harbour of Misrata, most of the rescued refused to disembark, stating that they would not want to be returned into conditions of confinement and torture. The people, accused by some to be ‘pirates’, fought bravely against forced disembarkation for ten days but on the 20th of November they could resist no longer when Libyan security forces stormed the boat and violently removed them, using tear gas and rubber bullets in the process. Several of the protestors were injured and needed treatment in hospital while others were returned into inhumane detention camps.[3]

    Also over the past 6 weeks, the period covered in this report, the criminalisation of civil rescue organisations continued. The day that the protestors on the Nivin were violently removed, Italy ordered the seizure of the Aquarius, the large rescue asset operated by SOS Méditerranée and Médecins Sans Frontières that had already been at the docs in France for some time, uncertain about its future mission. According to the Italian authorities, the crew had falsely labelled the clothes rescued migrants had left on the Aquarius as ‘special’ rather than ‘toxic’ waste.[4] The absurdity of the accusation highlights the fact that Italy’s authorities seek out any means to prevent rescues from taking place, a “disproportionate and unfounded measure, purely aimed at further criminalising lifesaving medical-humanitarian action at sea”, as MSF noted.[5] Unfortunately, these sustained attacks showed effect. On the 6th of December, SOS Med and MSF announced the termination of its mission: “European policies and obstruction tactics have forced [us] to terminate the lifesaving operations carried out by the search and rescue vessel Aquarius.” As the MSF general director said: “This is a dark day. Not only has Europe failed to provide search and rescue capacity, it has also actively sabotaged others’ attempts to save lives. The end of Aquarius means more deaths at sea, and more needless deaths that will go unwitnessed.”[6]

    And yet, despite this ongoing sabotage of civil rescue from the EU and its member states, three vessels of the Spanish, German, and Italian organisations Open Arms, Sea-Watch and Mediterranea returned to the deadliest area of the Mediterranean in late November.[7] This return is also significance for Alarm Phone work in the Central Mediterranean: once again we have non-governmental allies at sea who will not only document what is going on along the deadliest border of the world but actively intervene to counter Europe’s border ‘protection’ measures. Shortly after returning, one of the NGOs was called to assist. Fishermen had rescued a group of travellers off the coast of Libya onto their fishing vessel, after they had been abandoned in the water by a Libyan patrol boat, as the fishermen claimed. Rather than ordering their rapid transfer to a European harbour, Italy, Malta and Spain sought out ways to return the 12 people to Libya. The fishing boat, the Nuestra Madre de Loreto, was ill-equipped to care for the people who were weak and needed medical attention. However, they were assisted only by Proactiva Open Arms, and for over a week, the people had to stay on the fishing boat. One of them developed a medical emergency and was eventually brought away in a helicopter. Finally, in early December, they were brought to Malta.[8]

    Around the same time, something rare and remarkable happened. A boat with over 200 people on board reached the Italian harbour of Pozzallo independently, on the 24th of November. Even when they were at the harbour, the authorities refused to allow them to quickly disembark – a irresponsible decision given that the boat was at risk of capsizing. After several hours, all of the people were finally allowed to get off the boat. Italy’s minister of the interior Salvini accused the Maltese authorities of allowing migrant boats to move toward Italian territory.[9] Despite their hardship, the people on the Nuestra Madre de Loreto and the 200 people from this boat, survived. Also the 33 people rescued by the NGO Sea-Watch on the 22nd of December survived. Others, however, did not. In mid-November, a boat left from Algeria with 13 young people on board, intending to reach Sardinia. On the 16th of November, the first body was found, the second a day later. Three survived and stated later that the 10 others had tried to swim to what they believed to be the shore when they saw a light in the distance.[10] In early December, a boat with 25 people on board left from Sabratha/Libya, and 15 of them did not survive. As a survivor reported, they had been at sea for 12 days without food and water.[11]

    Despite the overall decrease in crossings, what has been remarkable in this region is that the people escaping have more frequently informed the Alarm Phone directly than before. The case mentioned earlier, from the 20th of December, when people from a convoy of 3 boats carrying 313 people in total reached out to us, exemplifies this. Detected by the Colibri reconnaissance aircraft and rescued by Proactiva, this case demonstrates powerfully what international solidarity can achieve, despite all attempts by EU member states and institutions to create a zone of death in the Central Mediterranean Sea.
    Developments in the Western Mediterranean Sea

    Over the past six weeks covered by this report, the Alarm Phone witnessed several times what happens when Spanish and Moroccan authorities shift responsibilities and fail to respond quickly to boats in distress situations. Repeatedly we had to pressurise the Spanish authorities publicly before they launched a Search and Rescue (SAR) operation. And still, many lives were lost at sea. On Moroccan land, the repression campaign against Sub-Saharan travellers and residents continues. On the 30th of November, an Alarm Phone member was, yet again, arrested and deported towards the South of Morocco, to Tiznit, along with many other people. (h https://alarmphone.org/en/2018/12/04/alarm-phone-member-arrested-and-deported-in-morocco/?post_type_release_type=post). Other friends in Morocco have informed us about the deportation of large groups from Nador to Tiznit. Around the 16th of December, 400 people were forcibly removed, and on the 17th of December, another 300 people were deported to Morocco’s south. This repression against black residents and travellers in Morocco is one of the reasons for many to decide to leave via the sea. This has meant that also during the winter, cross-Mediterranean movements remain high. On just one weekend, the 8th-9th of December, 535 people reached Andalusia/Spain.[12]

    Whilst people are constantly resisting the border regime by acts of disobedience when they cross the borders clandestinely, acts of resistance take place also on the ground in Morocco, where associations and individuals are continuously struggling for the freedom of movement for all. In early December, an Alarm Phone delegation participated at an international conference in Rabat/Morocco, in order to discuss with members of other associations and collectives from Africa and Europe about the effects of the outsourcing and militarisation of European borders in the desire to further criminalise and prevent migration movements. We were among 400 people and were impressed by the many contributions from people who live and struggle in very precarious situations, by the uplifting atmosphere, and by the many accounts and expressions of solidarity. Days later, during the international meeting in Marrakesh on the ‘Global Compact for Safe, Orderly and Regular Migration’, the Alarm Phone was part of a counter-summit, protesting the international pact on migration which is not meant to reduce borders between states, but to curtail the freedom of movement of the many in the name of ‘legal’ and ‘regulated’ migration. The Alarm Phone delegation was composed of 20 activists from the cities of Tangier, Oujda, Berkane, Nador and Fes. One of our colleagues sums up the event: “We have expressed our ideas and commitments as Alarm Phone, solemnly and strongly in front of the other organisations represented. We have espoused the vision of freedom of movement, a vision without precedent. A vision which claims symbolically all human rights and which has the power to help migrants on all continents to feel protected.” In light of the Marrakesh pact, several African organisations joined together and published a statement rejecting “…the wish to confine Africans within their countries by strengthening border controls, in the deserts, at sea and in airports.”[13]

    Shortly after the international meeting in Marrakesh, the EU pledged €148 million to support Morocco’s policy of migrant containment, thus taking steps towards making it even more difficult, and therefore more dangerous for many people on the African continent to exercise their right to move freely, under the pretext of “combating smuggling”. Making the journeys across the Mediterranean more difficult does not have the desired effect of ending illegalised migration. As the routes to Spain from the north of Morocco have become more militarised following a summer of many successful crossings, more southern routes have come into use again. These routes, leading to the Spanish Canary Islands, force travellers to overcome much longer distances in the Atlantic Ocean, a space without phone coverage and with a heightened risk to lose one’s orientation. On the 18th of November, 22 people lost their lives at sea, on their way from Tiznit to the Canary Islands.[14] Following a Spanish-Frontex collaboration launched in 2006, this route to the Canary Islands has not been used very frequently, but numbers have increased this year, with Moroccan nationals being the largest group of arrivals.[15]
    Developments in the Aegean Sea

    Over the final weeks of 2018, between the 12th of November and the 23rd of December, 78 boats arrived on the Greek islands while 116 boats were stopped by the Turkish coastguards and returned to Turkey. This means that there were nearly 200 attempts to cross into Europe by boat over five weeks, and about 40 percent of them were successful.[16] Over the past six weeks, the Alarm Phone was involved in a total of 19 cases in this region. 6 of the boats arrived in Samos, 3 of them in Chios, and one each on Lesvos, Agathonisi, Farmkonisi, and Symi. 4 boats were returned to Turkey (3 of them rescued, 1 intercepted by the Turkish coastguards). In one distress situation, a man lost his life and another man had to be brought to the hospital due to hypothermia. Moreover, the Alarm Phone was alerted to 2 cases along the Turkish-Greek land border. While in one case their fate remains uncertain, the other group of people were forcibly pushed-back to Turkey.

    Thousands of people still suffering in inhuman conditions in hotspots: When we assist boats crossing the Aegean Sea, the people are usually relieved and happy when arriving on the islands, at least they have survived. However, this moment of happiness often turns into a state of shock when they enter the so-called ‘hotspots’. Over 12,500 people remain incarcerated there, often living in tents and containers unsuitable for winter in the five EU-sponsored camps on Lesvos, Samos, Chios, Kos, and Leros. In addition to serious overcrowding, asylum seekers continue to face unsanitary and unhygienic conditions and physical violence, including gender-based violence. Doctors without Borders has reported on a measles outbreak in Greek camps and conducted a vaccination campaign.[17] Amnesty International and 20 other organizations have published a collective call: “As winter approaches all asylum seekers on the Aegean islands must be transferred to suitable accommodation on the mainland or relocated to other EU countries. […] The EU-Turkey deal containment policy imposes unjustified and unnecessary suffering on asylum seekers, while unduly limiting their rights.”

    The ‘humanitarian’ crisis in the hotspots is the result of Greece’s EU-backed policy of containing asylum seekers on the Aegean islands until their asylum claims are adjudicated or until it is determined that they fall into one of the ‘vulnerable’ categories listed under Greek law. But as of late November, an estimated 2,200 people identified as eligible for transfer are still waiting as accommodation facilities on the mainland are also severely overcrowded. Those who are actually transferred from the hotspot on Lesvos to the Greek mainland are brought to far away camps or empty holiday resorts without infrastructure and without a sufficient number of aid workers.

    Criminalisation along Europe’s Eastern Sea Border: A lot has been written about the many attempts to criminalise NGOs and activists carrying out Search and Rescue operations in the Mediterranean. Much less publicly acknowledged are the many cases in which migrant travellers themselves become criminalised for their activist involvement, often for protesting against the inhuman living conditions and the long waiting times for the asylum-interviews. The case of the ‘Moria 35’ on Lesvos was a case in point, highlighting how a few individual protesters were randomly selected by authorities to scare others into silence and obedience. The Legal Centre Lesvos followed this case closely until the last person of the 35 was released and they shared their enquiries with “a 15-month timeline of injustice and impunity” on their website: “On Thursday 18th October, the last of the Moria 35 were released from detention. Their release comes one year and three months – to the day – after the 35 men were arbitrarily arrested and subject to brutal police violence in a raid of Moria camp following peaceful protests, on July 18th 2017.” While the Legal Centre Lesbos welcomes the fact that all 35 men were finally released, they should never have been imprisoned in the first place. They will not get back the 10 to 15 months they spent in prison. Moreover, even after release, most of the 35 men remain in a legally precarious situation. While 6 were granted asylum in Greece, the majority struggles against rejected asylum claims. Three were already deported. One individual was illegally deported without having exhausted his legal remedies in Greece while another individual, having spent 9 months in pre-trial detention, signed up for so-called ‘voluntary’ deportation.[18] In the meantime, others remain in prison to await their trials that will take place with hardly any attention of the media.

    Humanitarian activists involved in spotting and rescue released after 3 months: The four activists, Sarah Mardini, Nassos Karakitsos, Panos Moraitis and Sean Binder, were released on the 6th of December 2018 after having been imprisoned for three months. They had been held in prolonged pre-trial detention for their work with the non-profit organization Emergency Response Center International (ERCI), founded by Moraitis. The charges misrepresented the group as a smuggling crime ring, and its legitimate fundraising activities as money laundering. The arrests forced the group to cease its operations, including maritime search and rescue, the provision of medical care, and non-formal education to asylum seekers. They are free without geographical restrictions but the case is not yet over. Mardini and Binder still face criminal charges possibly leading to decades in prison.[19] Until 15 February the group ‘Solidarity now!’ is collecting as many signatures as possible to ensure that the Greek authorities drop the case.[20]

    Violent Pushbacks at the Land Border: During the last six weeks, the Alarm Phone was alerted to two groups at the land border separating Turkey and Greece. In both situations, the travellers had already reached Greek soil, but ended up on Turkish territory. Human Right Watch (HRW) published another report on the 18th of December about violent push-backs in the Evros region: “Greek law enforcement officers at the land border with Turkey in the northeastern Evros region routinely summarily return asylum seekers and migrants […]. The officers in some cases use violence and often confiscate and destroy the migrants’ belongings.”[21] Regularly, migrants were stripped off their phones, money and clothes. According to HRW, most of these incidents happened between April and November 2018.[22] The UNHCR and the Council of Europe’s Committee for Prevention of Torture have published similar reports about violent push backs along the Evros borders.[23]
    CASE REPORTS

    Over the past 6 weeks, the WatchTheMed Alarm Phone was engaged in 38 distress cases, of which 15 took place in the Western Mediterranean, 19 in the Aegean Sea, and 4 in the Central Mediterranean. You can find short summaries and links to the individual reports below.
    Western Mediterranean

    On Tuesday the 13th of November at 6.17pm, the Alarm Phone was alerted by a relative to a group of travellers who had left two days earlier from around Orán heading towards Murcia. They were around nine people, including women and children, and the relative had lost contact to the boat. We were also never able to reach the travellers. At 6.46pm we alerted the Spanish search and rescue organization Salvamento Maritimo (SM) to the distress of the travellers. For several days we tried to reach the travellers and were in contact with SM about the ongoing rescue operation. We were never able to reach the travellers or get any news from the relative. Thus, we are still unsure if the group managed to reach land somewhere on their own, or if they will add to the devastating number of people having lost their lives at sea (see: http://www.watchthemed.net/reports/view/1085).

    On Thursday the 22nd of November, at 5.58pm CET, the Alarm Phone received news about a boat of 11 people that had left Nador 8 hours prior. The shift team was unable to immediately enter into contact with the boat, but called Salvamento Maritimo to convey all available information. At 11.48am the following day, the shift team received word from a traveler on the boat that they were safe (see: http://www.watchthemed.net/reports/view/1088).

    At 7.25am CET on November 24, 2018, the Alarm Phone shift team was alerted to a boat of 70 people (including 8 women and 1 child) that had departed from Nador 3 days prior. The shift team was able to reach the boat at 7.50am and learned that their motor had stopped working. The shift team called Salvamento Maritimo, who had handed the case over to the Moroccan authorities. The shift team contacted the MRCC, who said they knew about the boat but could not find them, so the shift team mobilized their contacts to find the latest position and sent it to the coast guard at 8.55am. Rescue operations stalled for several hours. At around 2pm, the shift team received news that rescue operations were underway by the Marine Royale. The shift team remained in contact with several people and coast guards until the next day, when it was confirmed that the boat had finally been rescued and that there were at least 15 fatalities (see: http://www.watchthemed.net/reports/view/1087).

    On Friday the 7th of December 2018, we were alerted to two boats in distress in the Western Mediterranean Sea. One boat was brought to Algeria, the second boat rescued by Moroccan fishermen and returned to Morocco (see for full report: http://watchthemed.net/reports/view/1098).

    On Saturday, the 8th of December 2018, we were informed by a contact person at 3.25pm CET to a boat in distress that had left from Nador/Morocco during the night, at about 1am. There were 57 people on the boat, including 8 women and a child. We tried to establish contact to the boat but were unable to reach them. At 4.50pm, the Spanish search and rescue organisation Salvamento Maritimo (SM) informed us that they were already searching for this boat. At 8.34pm, SM stated that this boat had been rescued. Some time later, also our contact person confirmed that the boat had been found and rescued to Spain (see: http://watchthemed.net/reports/view/1099).

    On Monday the 10th of December, the Alarm Phone shift team was alerted to three boats in the Western Med. Two had left from around Nador, and one from Algeria. One boat was rescued by the Spanish search and rescue organisation Salvamento Maritimo, one group of travellers returned back to Nador on their own, and the boat from Algeria returned to Algeria (see: http://www.watchthemed.net/reports/view/1101).

    On Wednesday the 12th of December the Alarm Phone shift team was alerted two boats in the Western Med, one carrying seven people, the other carrying 12 people. The first boat was rescued by the Spanish search and rescue organization Salvamento Maritimo (SM), whilst the second boat was intercepted by the Moroccan Navy and brought back to Morocco, where we were informed that the travellers were held imprisoned (see: http://www.watchthemed.net/reports/view/1102).

    On December 21st, 2018, we were informed of two boats in distress in the Western Mediterranean Sea. The first had left from Algeria and was probably rescued to Spain. The other one had departed from Tangier and was rescued by the Marine Royale and brought back to Morocco (for full report, see: http://watchthemed.net/index.php/reports/view/1110).

    On the 22nd of December, at 5.58pm CET, the Alarm Phone shift team was alerted to a boat of 81 people (including 7 women) that had left the previous day from Nador. The motor was not working properly. They informed that they were in touch with Salvamiento Maritimo but as they were still in Moroccan waters, Salvamiento Maritimo said they were unable to perform rescue operations. The shift team had difficulty maintaining contact with the boat over the course of the next few hours. The shift team also contacted Salvamiento Maritimo who confirmed that they knew about the case. At 7.50pm, Salvamiento Maritimo informed the shift team that they would perform the rescue operations and confirmed the operation at 8.15pm. We later got the confirmation by a contact person that the people were rescued to Spain (see: http://watchthemed.net/index.php/reports/view/1111).

    On the 23rd of December 2018, at 1.14am CET, the Alarm Phone received an alert of a boat with 11 men and 1 woman who left from Cap Spartel at Saturday the 22nd of December. The Alarm Phone shift team was alerted to this rubber boat in the early hours of Sunday the 23rd of December. The shift team informed the Spanish Search and Rescue organisation Salvamento Maritimo (SM) at 4:50am CET about the situation and provided them with GPS coordinates of the boat. SM, however, rejected responsibility and shifted it to the Moroccan authorities but also the Moroccan Navy did not rescue the people. Several days later, the boat remains missing (see for full report: http://watchthemed.net/reports/view/1112).
    Aegean Sea

    On Saturday the 17th of November the Alarm Phone shift team was alerted to two boats in the Aegean Sea. The first boat returned back to Turkey, whilst the second boat reached Samos on their own (see: http://www.watchthemed.net/reports/view/1086).

    On the 19th of November at 8.40pm CET the shift team was alerted to a boat of 11 travelers in distress near the Turkish coast on its way to Kos. The shift team called the Turkish Coastguard to inform them of the situation. At 9.00pm, the Coastguard called back to confirm they found the boat and would rescue the people. The shift team lost contact with the travelers. At 9.35pm, the Turkish coast guard informed the shift team that the boat was sunk, one man died and one person had hypothermia and would be brought to the hospital. The other 9 people were safe and brought back to Turkey (see: http://www.watchthemed.net/index.php/reports/view/1090).

    On the 20th of November at 4.07am CET, the shift team was alerted to a boat with about 50 travelers heading to Samos. The shift team contacted the travelers but the contact was broken for both language and technological reasons. The Alarm Phone contacted the Greek Coastguard about rescue operations. At 7.02am, the shift team was told that a boat of 50 people had been rescued, and the news was confirmed later on, although the shift team could not obtain direct confirmation from the travelers themselves (see:http://www.watchthemed.net/reports/view/1089).

    On the 23rd of November at 7.45pm CET, the Alarm Phone was contacted regarding a group of 19 people, (including 2 women, 1 of whom was pregnant, and a child) who had crossed the river Evros/ Meric and the Turkish-Greek landborder 3 days prior. The shift team first contacted numerous rescue and protection agencies, including UNHCR and the Greek Police, noting that the people were already in Greece and wished to apply for asylum. Until today we remained unable to find out what happened to the people (see: http://www.watchthemed.net/reports/view/1091).

    On the 26th of November at 6:54am CET the Alarm Phone shift team was alerted to a group of 30 people (among them 7 children and a pregnant woman) who were stranded on the shore in southern Turkey, close to Kas. They wanted us to call the Turkish coastguard so at 7:35am we provided the coastguard with the information we had. At 8:41am we received a photograph from our contact person showing rescue by the Turkish coastguard (see: http://watchthemed.net/index.php/reports/view/1092).

    On the 29th of November at 4am CET the Alarm Phone shift team was alerted to a boat carrying 44 people (among them 19 children and some pregnant women) heading towards the Greek island of Samos. Shortly afterwards the travellers landed on Samos and because of their difficulties orienting themselves we alerted the local authorities. At 9:53am the port police told us that they had rescued 44 people. They were taken to the refugee camp (see: http://watchthemed.net/index.php/reports/view/1093).

    On Monday, the 3rd of December 2018, the Alarm Phone was alerted at 5.30am CET to a boat in distress south of Chios, with 43 people on board, among them 14 children. We were able to reach the boat at 5.35am. When we received their position, we informed the Greek coastguards at 7.30am and forwarded an updated GPS position to them ten minutes later. At 8.52am, the coastguards confirmed the rescue of the boat. The people were brought to Chios Island. On the next day, the people themselves confirmed that they had all safely reached Greece (see: http://watchthemed.net/reports/view/1095).

    On Tuesday the 4th of December 2018, at 6.20am CET, the Alarm Phone was alerted to a boat in distress near Agathonisi Island. There were about 40 people on board. We established contact to the boat at 6.38am. At 6.45am, we alerted the Greek coastguards. The situation was dangerous as the people on board reported of high waves. At 9.02am, the Greek coastguards confirmed that they had just rescued the boat. The people were brought to Agathonisi (see for full report: http://watchthemed.net/reports/view/1096).

    On Wednesday the 5th of December 2018, at 00:08am CET, the Alarm Phone was alerted by a contact person to a boat in distress near Chios Island, carrying about 50 people. We received their GPS position at 00.17am and informed the Greek coastguards to the case at 00.30am. At 00.46am, we learned from the contact person that a boat had just been rescued. The Greek authorities confirmed this when we called them at 00.49am. At around 1pm, the people from the boat confirmed that they had been rescued (see: http://watchthemed.net/reports/view/1097).

    On Friday the 7th of December 2018, the Alarm Phone was contacted at 5.53am CET by a contact person and informed about a group of 19 people who had crossed the Evros river to Greece and needed assistance. We assisted them for days, but at some point contact was lost. We know that they were returned to Turkey and thus suspect an illegal push-back operation (see for full report: http://watchthemed.net/index.php/reports/view/1109).

    On Thursday the 13th of December the Alarm Phone shift team was alerted to two boats in the Aegean sea. In both cases we were not able to reach the travellers, but we were in contact with both the Turkish and Greek coast guard and were in the end able to confirm that one boat had arrived to Lesvos on their own, whilst the others had been rescued by Turkish fishermen (see: http://www.watchthemed.net/reports/view/1100).

    On the 17th of December, 2018, at 6.39am, the Alarm Phone shift team was alerted to a boat of 60 travellers. Water was entering the boat, and so the travelers were in distress. Though the shift team had a difficult time remaining in contact with the boat, they contacted the Greek Coastguard to inform them of the situation and the position of the boat. Although the team was not able to remain in contact with the travelers, they received confirmation at 8.18am that the boat had been brought to Greece (see: http://watchthemed.net/reports/view/1103).

    On the 18th of December at 2.11am CET, the Alarm Phone was alerted to two boats. The first, of 29 travellers, had landed on the island of Symi and needed help to exit the place of landing. The second was a boat of 54 travellers (including 16 children, and 15 women) that was rescued by the Greek Coastguard later (see: http://watchthemed.net/reports/view/1104).

    On the 21st of December, our shift teams were alerted to 2 boats on the Aegean. The first boat was directed to Chios Island and was likely rescued by the Greek Coastguard. The second boat was in immediate distress and after the shift team contacted the Greek Coastguard they rescued the boat (see: http://watchthemed.net/reports/view/1105).

    On the 23rd of December 2018 at 6am CET, the Alarm Phone received information about a boat in distress heading to Samos with around 60 travellers (including 30 children and 8 women, 4 pregnant). The shift team made contact with the boat and was informed that one of the women was close to giving birth and so the situation was very urgent. The shift team then called the Greek Coast Guard. At 8.07am, the shift team received confirmation that the boat had been rescued (see: http://watchthemed.net/reports/view/1106).
    Central Mediterranean

    On Monday the 12th of November at 6.57pm, the Alarm Phone was called by a relative, asking for help to find out what had happened to his son, who had been on a boat from Algeria towards Sardinia, with around 11 travellers on the 8t of November. Following this, the Alarm Phone was contacted by several relatives informing us about missing people from this boat. Our shift teams tried to gain an understanding of the situation, and for days we stayed in contact with the relatives and tried to support them, but it was not possible to obtain information about what had happened to the travellers (see: http://www.watchthemed.net/index.php/reports/view/1094).

    On November 23rd at 1.24pm CET, the Alarm Phone shift team was called by a boat of 120 travelers that was in distress and had left the Libyan coast the night before. The shift team remained in touch with the boat for several hours, and helped recharge their phone credit when it expired. As the boat was in distress, and there were no available NGO operations near the boat, the shift team had no choice but to contact the Italian Coast Guard, but they refused to engage in Search and Rescue (SAR) activities, and instead told the Libyan Coastguard. The boat was intercepted and returned to Libya (see: http://watchthemed.net/reports/view/1107).

    On December 20th, 2018, the Alarm Phone shift team was alerted to two cases in the Central Mediterranean Sea. The first was a boat of 20 people that was intercepted and brought back to Libya. The second concerned 3 boats with 300 people in total, that were rescued by Open Arms and brought to Spain (for full report see: http://watchthemed.net/reports/view/1108).

    https://alarmphone.org/en/2018/12/27/and-yet-we-move-2018-a-contested-year/?post_type_release_type=post

  • 120 mineurs non accompagnés arrêtés en une journée

    Un record qui en dit long sur la prédisposition du Maroc de faire avec l’agenda migratoire européen.

    Plus de 120 mineurs non accompagnés ont été appréhendés dimanche à #Béni_Ansar. Il s’agit de la première vaste campagne d’arrestations opérée par les autorités marocaines depuis le début de l’année. « Ce genre de campagnes est monnaie courante dans ces zones notamment pendant cette période de l’année marquée par le retour au Maroc des MRE via le port de Béni Ansar. Mais, c’est la première fois qu’on arrête un tel nombre de mineurs au cours d’une même journée », nous a indiqué Omar Naji, président de la section AMDH-Nador. Et de poursuivre : « Le chiffre de 120 personnes prouve d’une part, que la ville compte un grand nombre de ces mineurs et d’autre part, que les autorités marocaines sont bel et bien en train d’appliquer l’agenda européen en matière de lutte contre la migration des mineurs non-accompagnés notamment celui de l’Espagne qui accuse le Maroc de laxisme dans ce dossier et cherche à l’impliquer directement dans sa gestion ».
    Les autorités marocaines ont indiqué avoir pris les dispositions nécessaires afin de remettre ces mineurs à leurs familles. Des propos auxquels Omar Naji n’accorde que peu de crédit. « Mener une telle opération est une tâche ardue. En fait, identifier plus de 120 familles en vue de leur remettre 120 mineurs demande une importante logistique et des moyens humains conséquents », nous a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Ceci d’autant plus que les autorités se contentent souvent de remettre ces mineurs à des chauffeurs d’autocars pour les acheminer vers leurs villes d’origine ».
    Qui sont ces mineurs non-accompagnés ? « Il s’agit de personnes âgées entre 13 et 18 ans mais la moyenne d’âge le plus représentative reste 15 ans. Elles sont originaires de #Nador et d’autres villes marocaines. Dernièrement, nous avons assisté à une forte présence de mineurs en provenance du Sud-est (Tinghir, Zagora, Errachidia…) », nous a expliqué le président de l’AMDH-Nador. Et de poursuivre : « En majorité, ces jeunes ne sont pas des enfants des rues. Ils sont souvent éduqués et issus de familles avec lesquelles ils sont en contact. Certains sont issus de familles pauvres ou de familles à problèmes ».
    Notre source nous a affirmé, par ailleurs, que ces mineurs sont souvent livrés à eux-mêmes. Ils vivent dans la rue avec leurs propres moyens. « Aucune institution ou association ne les prend en charge. Ils vivent souvent de l’aide de bienfaiteurs et de mendicité et sont confrontés à des risques énormes. A titre d’exemple, l’un d’entre eux a perdu les deux mains lors d’une tentative de passage illégal à Mellilia dans un camion-citerne.
    Notre source nous avait affirmé dans une déclaration antérieure qu’un centre d’accueil pour les mineurs non accompagnés de l’Entraide nationale existait bel et bien dans la commune d’#Al_Aroui (située à 22 km de Nador) mais qu’il était quasiment inoccupé puisque seuls 10 mineurs avaient accepté d’y résider alors que cette cité comptait près de 1.000 mineurs non-accompagnés. Ce qui veut dire que ces mineurs refusent catégoriquement de s’installer dans ce genre d’établissement malgré les sollicitations des acteurs associatifs et sociaux.
    L’idée de créer un nouveau centre qui a été proposée dernièrement par l’Espagne a pris du chemin puisqu’elle a figuré à l’ordre du jour de la session du conseil communal de Béni Ansar qui s’est tenue le 1er février dernier. Il s’agit, en effet, d’un projet qui a été proposé par le gouvernement local du préside occupé de Mellilia lors d’une réunion organisée en janvier dernier et à laquelle ont pris part des membres des autorités locales espagnoles en présence du délégué de l’Entraide nationale à Nador et des représentants de l’Association marocaine Sirag. Le gouvernement local de Mellilia a annoncé qu’il était prêt à financer ce projet à hauteur de 8 millions d’euros.
    L’AMDH avait considéré ce projet comme une manœuvre de la part des autorités ibériques pour se débarrasser de ce dossier et impliquer le Maroc dans sa gestion, tout se défaussant de leur responsabilité de garantir les droits de ces mineurs confirmés par les accords internationaux et les législations nationales.
    Ahmed Khalifa, chercheur en migration et membre de l’Association Mains solidaires, nous avait, pour sa part, précisé que ce projet s’inscrivait dans le lot des pressions exercées sur le Maroc, notamment après les problèmes causés par des mineurs à Mellilia et Sebta. Il nous avait également précisé que certaines régions espagnoles, notamment Madrid, tentent de construire des centres au Maroc afin de renvoyer ces enfants de chez-eux. Une manière de contourner la loi puisqu’il s’agit d’un #refoulement qui ne dit pas son nom. Ce projet n’a pas abouti.

    https://www.libe.ma/120-mineurs-non-accompagnes-arretes-en-une-journee_a99807.html

    #MNA #arrestations #Maroc #externalisation #asile #migrations #réfugiés #mineurs_non_accompagnés #enfants #enfance #push-back #Espagne #Melilla #Ceuta #renvois

  • Migrants : Le long chemin pour l’accès aux droits

    Des obstacles continuent à être constatés devant l’accès effectif aux droits des personnes migrantes. Tour d’horizon d’une nouvelle configuration sociale au Maroc.
    Boubacar Diallou est arrivé au Maroc en 2013, et comme beaucoup de jeunes Africains, ce Sénégalais rêvait d’Europe. « Je vivais dans un campement non loin de la forêt proche de Nador. Mon objectif était d’atteindre Melilia », confie-t-il. Après quelques tentatives infructueuses et des arrestations musclées des forces auxiliaires et de la Guardia civil espagnole, Boubacar change d’objectif. « J’ai décidé de quitter la forêt et prendre le risque de descendre en ville rencontrer les Marocains », continue-t-il. Depuis, il a signé son premier contrat professionnel avec l’association locale Asticude. Il travaille comme médiateur social avec les migrants de passage et en résidence à Nador. « J’ai fait le pari de vivre avec les Marocains, les comprendre et échanger avec eux. Au jour le jour, ce n’est pas facile mais il faut surmonter les frustrations de chacune des deux parties », recommande-t-il avec le ton du connaisseur. Le parcours de Boubacar n’est pas une exception. De dizaines de milliers de jeunes Subsahariens se trouvent séduits par l’offre marocaine d’accueil et d’installation à l’égard des migrants, lancée en 2013 avec la #Stratégie_nationale_d’intégration_et_d’asile (#SNIA). Depuis le lancement de cette politique publique, un large réseau associatif à la qualité et l’engagement, et aux intentions très variables accompagne l’installation de ces migrants en termes d’offres de services (santé, éducation, etc.). Le tout en attendant leur #intégration effective dans les politiques publiques. La #Plateforme_nationale_de_protection_des_migrants (#PNPM) fait partie de ce réseau associatif, il compte des ONG internationales avec une expertise dans la thématique (Caritas, Médecins du monde, CEFA, etc.) et des associations marocaines qui démarrent leur engagement sur ce thème (OMDH, ALCS, droits, justice, etc.). Ce collectif comptant 13 associatifs a tenu ses assises le 25 juin dernier à Rabat. Ce moment annuel d’échange a permis de débattre « de l’état des lieux de l’accès aux services publics pour les personnes migrantes au Maroc ».

    Santé : des droits en sursis
    « 55 associations ont pris part aux assises. Ces ONG travaillent dans les régions du Nord, de Casa-Settat et du Sahara », détaille Younous Arbaoui, responsable plaidoyer et coordination à la PNPM. L’accès à la santé continue d’être un chemin de croix pour les migrants, spécialement ceux en situation irrégulière se trouvant près des zones frontalières avec l’Espagne. Bassal Likong, travailleur social à l’association Mains solidaires de Tétouan revient sur cette situation. « Les personnes migrantes rencontrent une panoplie de difficultés une fois qu’ils arrivent en ville. Dans le volet sanitaire et nonobstant le soutien du ministère délégué dans l’#accès_aux_soins de ces personnes. Ceci passe aussi par des interventions de l’association et notre partenariat avec la délégation de la #santé. Cap sur le sud du pays, à Lâayoune, l’association Sakia Lhamra arrive à assurer un accès aux soins, « par le biais de la bonne coopération de la délégation régionale de la santé », se satisfait Abdelkabi Taghia, président de cette ONG sahraoui mais c’est à Nador que la situation demeure la plus problématique où des refus d’offrir des soins continuent d’être recensés, selon plusieurs rapports associatifs sur place. Pour cette raison, le PNPM recommande qu’un « effort d’information des professionnels de santé soit réalisé, y compris dans les régions confrontées plus récemment au phénomène migratoire. Celui-ci passe notamment par une explication des circulaires régulant l’accès des patients étrangers de manière généralisée au système de santé ». L’accès au #RAMED des migrants régularisés demeure un autre sujet épineux, d’autant plus que ce dossier connaît un retard d’une année.

    Éducation : des #discriminations signalées
    L’accès à l’éducation aux migrants en âge de scolarité est garanti par une circulaire du ministère de l’Éducation nationale datant 2013. Pourtant, les choses sont nettement plus compliquées à en croire les retours de terrain des associatifs. « Nous sommes condamnés à faire des aller-retour entre l’école et l’administration pour inscrire un enfant », regrette Imane Benbouzid, responsable de l’éducation de la Fondation Orient Occident (FOO) qui travaille avec les familles migrants installées dans le quartier de Yacoub Mansour de Rabat. Pour combler le vide laissé par le département de l’Éducation, le secteur associatif assure la scolarité des enfants migrants de différentes catégories surtout les mineurs non accompagnés. « Des dispositifs pilotes ont été démarrés pour assurer la scolarité. Le rythme d’appropriation de la part de l’Éducation nationale n’est pas la même que celui des associations. Un travail est nécessaire pour capitaliser sur ces nouveaux outils », souligne Fanny Curet, responsable de ce dossier chez Caritas. L’arrivée d’enfants étrangers au sein de l’école publique marocaine s’accompagne par l’émergence de discours discriminatoires. « Certains membres de la communauté congolaise ont dû retirer leurs enfants des écoles car des élèves ou même des instituteurs tenaient des discours discriminants à l’égard de leurs enfants », alerte Stephan Mboma Ngulutu, SG de l’association de la diaspora congolaise au Maroc. Si aujourd’hui les effectifs sont faibles, environ 6.100 lors de l’année 2015-16, l’école marocaine doit se préparer à une transformation vers une école de la diversité multiculturelle. Pour cette raison, le PNPM émet plusieurs recommandations. En premier lieu que « des moyens soient consacrés à des projets permettant une véritable expérimentation pédagogique en matière d’apprentissage de l’arabe comme langue seconde ; évitant d’inscrire les enfants étrangers dans des filières parallèles et visant une intégration immédiate ou dans un délai court de l’élève en école formelle dans une classe d’âge proche du sien ». Enfin, le PNPM recommande que les « enfants des personnes migrantes et des familles d’origine non musulmane soient dispensées d’enseignement islamique sans pour autant être pénalisés dans les examens ». Ces difficultés constatées pour assurer l’accès aux droits des migrants installés au Maroc montre le long chemin encore à parcourir dans ce domaine pour le royaume. Une construction marquée par des hésitations de l’administration (voir encadré) et quelques crispations de la société. Il demeure que dans cette voie, le Maroc peut se prévaloir d’avoir fait le choix de l’ouverture migratoire, à contre-courant d’une Europe en repli et d’une Amérique honteuse…


    http://www.leseco.ma/maroc/67776-migrants-le-long-chemin-pour-l-acces-aux-droits.html
    #Maroc #accès_aux_droits #migrations #asile #réfugiés #régularisation
    #éducation #école #sans-papiers

  • Un document signé Jacques Foccart établit la pratique des assassinats ciblés de l’Etat français

    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/09/05/enquete-sur-un-permis-de-tuer-signe-jacques-foccart_5181120_1653578.html

    Un document extrait des archives du conseiller du général de Gaulle montre comment, pendant la guerre d’Algérie, un ingénieur allemand s’est retrouvé dans la mire des services extérieurs.

    Au cœur de l’été 1958, dans le plus grand secret d’un pouvoir gaulliste tout juste sorti de sa traversée du désert grâce au putsch d’Alger du 13 mai, la France n’entend négliger aucun moyen, même les plus illégaux, pour mener une guerre qui va encore durer quatre ans. Si certaines forces françaises ont recours à la torture sur le sol algérien, le dernier gouvernement de la IVe République, dirigé par le général de Gaulle, ordonne, de son côté, des opérations clandestines dans le reste du monde contre ceux qui menacent ses intérêts en Algérie. Assassinats ciblés, attentats, avertissements sous forme d’agressions, ces pratiques sont monnaie courante – « des centaines », dira Constantin Melnik, coordinateur des services de renseignement de 1959 à 1962.

    Considérant agir en toute légitimité même s’il est en totale infraction avec le droit international ou domestique, l’Etat français, que ce soit en 1958 ou en 2015, sous la présidence de François Hollande, s’est toujours réservé cette liberté, marquant ainsi les limites du contrôle de l’usage de la force, y compris dans les plus grandes démocraties. Levant un tabou, M. Hollande l’a même confirmé, oralement, dans plusieurs ouvrages, fin 2016. Mais il n’existait aucune trace écrite de ces décisions, du moins jusqu’à la découverte d’un document unique dans le fonds d’archives de Jacques Foccart, l’homme des services secrets et des basses œuvres du gaullisme, également connu comme le père de la Françafrique.

    Daté du 1er août 1958 et annoté de la main de Foccart, ce document non seulement livre les détails d’une condamnation à mort « d’un sujet allemand, (…) dont l’action est très néfaste aux intérêts français en Algérie », mais donne également les identités de la cible et de tous ceux ayant concouru au feu vert donné à son élimination physique. La lecture de cette pièce offre, enfin, une connaissance du processus d’autorisation qui fait intervenir les plus hautes autorités du pays et pose, même soixante ans plus tard, la question de la responsabilité d’un Etat.

    « Le traiter discrètement par toxique indétectable »

    Le Monde a reconstitué l’histoire de cet homme et les raisons qui ont conduit la France à vouloir le tuer. Cette plongée permet de découvrir un épisode méconnu de la guerre d’Algérie : l’action d’un réseau germanophone de soutien au FLN, qui a organisé la désertion de plus de 4 000 légionnaires, via Tétouan, au Maroc. Elle lève aussi le voile sur une guerre secrète qui a opposé la France et l’Allemagne de l’Ouest (la RFA), sur fond de fin de l’empire colonial français, alors qu’au grand jour ces deux pays unissaient leurs voix pour bâtir une Europe pacifique après deux conflits mondiaux meurtriers.

    Intitulée « Fiche relative à la désignation d’un objectif », la note est directement adressée par le service action du Sdece (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) à Jacques Foccart, qui est, à Matignon, conseiller technique du général de Gaulle – président du conseil pendant six mois avant de faire entrer la France dans la Ve République et de s’installer à l’Elysée. « Schulz-Lesum, sujet allemand, résidant à Tétouan, dit la note, est le chef d’une organisation de désertion de légionnaires français. (…) A la suite d’une mission de reconnaissance, un contact commercial a été établi avec Schulz-Lesum. Ce contact entretenu par correspondance doit nous permettre d’attirer l’objectif dans un lieu favorable au Maroc et de le traiter discrètement par toxique indétectable et à effet différé. »

    La « fiche relative à la désignation d’un objectif », annotée de la main de Jacques Foccart, qui commandite l’élimination de l’ingénieur allemand Wilhelm Schulz-Lesum. DR
    « Reçu le 3 août 1958, ai donné accord de principe », écrit, dans un premier temps, Jacques Foccart. Dans un second temps, de la même encre bleue, il ajoute, « accord de l’amiral Cabanier le 4 août, transmis aussitôt au colonel Roussillat », avant d’apposer son paraphe, identifiable sur de nombreux autres documents officiels. On relève que le ministre de la défense n’apparaît pas dans le circuit de décision. Le document mentionne que c’est le chef d’état-major général de l’armée, Paul Ely, qui a demandé cette élimination au Sdece. L’amiral Cabanier n’est autre que le chef d’état-major de la défense nationale attaché au général de Gaulle à la présidence du conseil. Le colonel Robert Roussillat est alors le chef du service action du Sdece, chargé de mettre en œuvre cette décision.

    Désertions de légionnaires

    Selon l’historien autrichien Fritz Keller, qui est l’un des rares à mentionner son nom dans ses travaux sur les réseaux d’aide au FLN, la cible, Wilhelm Schulz-Lesum, est née en 1896. D’après le Sdece, il serait alors « à Tétouan, depuis de nombreuses années ». Ingénieur de formation et officiellement responsable d’une société d’import-export, il agit, en réalité, pour le compte des autorités ouest-allemandes. Ses contacts avec la diplomatie de Bonn au Maroc et en Espagne sont avérés et fréquents.

    Son rôle est au cœur d’un rapport transmis, le 31 octobre 1957, par le chef des Renseignements généraux (RG) à Oran au général Salan, commandant la 10e région militaire. Largement nourrie par les informations des RG de Sidi Bel Abbès, où est implanté le quartier général de la Légion, cette enquête est adressée, en copie, au chef du Sdece. « Il s’avère que l’officine mise sur pied en vue de favoriser la désertion des légionnaires allemands existe effectivement. Elle a pour responsable un certain Schulz-Lesum, non identifié, ingénieur à Tétouan, représentant de l’ambassade allemande de Madrid, titulaire de nombreuses décorations honorifiques de la République fédérale de Bonn », y est-il précisé.

    En 1957, les Français assurent que le dénommé Schulz-Lesum est chargé de réceptionner les légionnaires déserteurs à Tétouan et de les diriger sur Madrid via Ceuta et Algésiras. Pour ce faire, il leur fournit des titres de transport et une attestation d’identité contre l’engagement de rembourser la totalité des frais de rapatriement. « Il ressort que des contacts auraient été décelés entre légionnaires allemands et émissaires du FLN à Saïda [Algérie]. Ces contacts seraient pris dans cette ville à l’intérieur du Café des Sports », poursuit le rapport des RG de Sidi Bel Abbès.

    « Révolutionnaire au prestige extraordinaire »

    Le service de rapatriement des légionnaires déserteurs a été créé en octobre 1956 par le Conseil national pour la révolution algérienne (CNRA), et son installation à Tétouan a été confiée à Abdelhafid Boussouf, alias « Si Mabrouk », ex-chef de la wilaya (circonscription administrative) V, perçu par le Sdece comme un « révolutionnaire au prestige extraordinaire, plus proche des combattants du maquis que de l’aile bourgeoise du Front ». En 1953-1954, la Légion comprend 55 % d’Allemands, chiffre qui descend à 35 % entre 1956 et 1962, selon l’historienne Mathilde von Bulow, auteure d’un ouvrage sur l’Allemagne de l’Ouest au temps de la guerre froide et de la guerre d’Algérie. Un bon tiers a moins de 21 ans, et beaucoup ont même moins de 18 ans.

    Le but, pour le FLN, est de structurer un phénomène de désertions croissant. Le 23 août 1955, le général Lorillot, prédécesseur de Salan au commandement de la 10e région militaire, écrit ainsi au ministre de la défense pour lui faire part de « l’augmentation sensible des désertions dans les unités de la Légion étrangère ». Mais il se veut alors rassurant. Cela ne serait dû, selon lui, qu’à « la fin des opérations actives en Indochine », à « la modicité de la solde en Afrique du Nord par rapport aux soldes en Extrême-Orient » et « à la situation de demi-repos (…) propice aux tentatives de fugue ». Néanmoins, il estime nécessaire de « suivre de très près les questions de sécurité interne ».

    L’inquiétude s’accroît pourtant vite. Le 22 octobre 1956, l’interception de l’avion transportant cinq chefs du FLN permet aux Français de trouver sur l’un des leaders, Mohamed Boudiaf, un extrait d’interrogatoire réalisé par les autorités espagnoles d’un légionnaire allemand déserteur âgé de 23 ans, Ludwig Trapp. On peut y lire des informations précieuses sur l’organisation et la sécurité interne de la Légion, ses lieux d’implantation en Algérie. Le 14 décembre 1956, le ministre résident en Algérie assure au secrétaire d’Etat aux affaires étrangères que « les ingérences espagnoles dans la rébellion en Afrique du Nord sont indéniables ».

    Réseaux de solidarité

    Le même 14 décembre 1956, le légionnaire Manfried Kober, de la 5e compagnie du 1er régiment étranger d’infanterie, rejoint ainsi dans le maquis une unité du FLN avec vingt camarades, avec armes et équipements. Ils sont pris en charge pendant vingt et un jours, avant d’être acheminés vers le Sud marocain, en territoire espagnol. Par bateau, ils font ensuite le trajet Ifni-Tétouan. Schulz-Lesum leur fait gagner Tanger, puis Madrid par avion. Kober est accueilli par le consul d’Allemagne dans la capitale espagnole, qui lui remet une somme d’argent, un passeport et un billet d’avion.

    A Berlin, Kober est reçu par un pilier de cette filière de rapatriement, membre du « Nordafrikanischer Club », un certain Lindemann, qui lui demande le remboursement des 600 marks, prix de son retour au pays. L’hebdomadaire Jours de France, en juillet 1957, évoque l’existence de ce réseau allemand, à Berlin. Dirigé par Hans-Peter Rullman, converti à l’islam et membre d’un mouvement pour la réunification de l’Allemagne patronné par la CDU (Union chrétienne démocrate) du chancelier Adenauer, il se livre à l’achat et à la livraison d’armes pour la « résistance algérienne ». Mais son activité principale reste l’organisation de la désertion des légionnaires allemands en Afrique du Nord.

    M. Lindemann, qui prétend avoir 3 200 désertions à son actif, affirme même envoyer des émissaires qui, une fois introduits dans la Légion, endoctrinent des jeunes recrues et les incitent à déserter. De nombreux réseaux de solidarité se montent par ailleurs en Allemagne, dans les milieux étudiants, catholiques, protestants, communistes, trotskistes et syndicaux. Hans-Jürgen Wischnewski, député SPD (Parti social-démocrate), est la figure politique de ce mouvement de soutien. Adenauer, qui ne veut pas laisser la main au parti de l’opposition SPD, laisse faire, persuadé qu’un jour l’Algérie sera indépendante.

    Tétouan, centre de transit

    Le FLN a confié à Abdelkader Chanegriha la coordination de quatre brigades spéciales, chargées du franchissement de la frontière. Deux voies principales d’exfiltration sont empruntées jusqu’à Nador par les déserteurs allemands, vers le sud, puis à l’ouest, suivant l’itinéraire El Aricha, Berguent, Oujda, à pied, puis de Nador à Tétouan, en taxi. Une seconde officine existe à Mascara, le trajet des légionnaires étant alors Dublineau, Tlemcen, Oujda, puis de Nador à Tétouan. « A Nador, ils seraient pris en compte par le gouverneur civil de ce centre puis dirigé sur Tétouan où Schulz-Lesum se chargerait de leur acheminement sur l’Allemagne », conclut le rapport des RG de Sidi Bel Abbès. Le centre de transit de légionnaires déserteurs à Tétouan est établi dans le quartier de Malaga, à une centaine de mètres du cinéma Le Victoria.

    La base de Nador, située au bord de la mer, à l’extrémité est de l’ex-Maroc espagnol, à près de 100 kilomètres de la frontière algéro-marocaine, est le siège de l’état-major rebelle du Comité de libération du Maghreb arabe, mais aussi la plaque tournante du trafic d’armes et du regroupement des Algériens et Marocains partant combattre dans les maquis d’Algérie. « Il existe des ateliers à Nador où des spécialistes (parfois d’anciens légionnaires) fabriquent des grenades et des mines, dit le renseignement militaire. Une usine de fabrication de grenades et de mines se serait récemment montée à Tétouan, à l’embranchement de l’ancienne et de la nouvelle route de Ceuta, sous la direction de deux ingénieurs allemands. »

    Contacté en Algérie par Le Monde, Mohammed Lemkami, ex-membre des renseignements du FLN, se souvient des activités de ces Allemands de Tétouan, notamment de Winfried Müller, devenu officier de l’Armée de libération nationale (ALN) sous le nom de Si Mustapha Müller, dont seul le nom restera dans l’histoire du rapatriement des légionnaires. Son bac en poche en 1954, Lemkami devient instituteur dans son village natal de Khemis, à 45 kilomètres de Tlemcen. Petite main du FLN, il participe peu à peu à des missions de convoyage d’armes à la frontière algéro-marocaine et escorte des chefs de l’ALN avant d’intégrer le ministère de l’armement et des liaisons générales (MALG, le service de renseignement du FLN), créé en 1957 par Boussouf.

    « Ils ont été efficaces »

    « Les contacts avec les légionnaires se faisaient à l’intérieur du pays et ont été initiés par le FLN, se souvient-il. Parfois, en un seul jour, une petite dizaine d’entre eux désertaient, parfois personne. Certains légionnaires venaient avec leurs armes. Ils nous donnaient des informations sur les activités de la Légion, qui était la plus crainte au sein de l’armée française. On leur faisait passer la frontière et on les conduisait dans une ferme à Tétouan. C’est là que le réseau de Si Mustapha Müller prenait le relais pour les rapatrier. Ils ont été efficaces, car il y avait beaucoup d’Allemands et d’Autrichiens dans la Légion. »

    Mohammed Lemkami œuvre alors également au sein du contre-espionnage du MALG. « En 1957, on a intercepté deux hommes du Sdece à la frontière marocaine, se remémore-t-il. Ils se faisaient passer pour des légionnaires déserteurs. S’ils ne répondaient pas à nos questions, ils mourraient, alors ils nous ont donné tout ce qu’ils savaient sur le Sdece au Maroc et en Algérie. Ils nous ont donné les noms des Marocains et des Algériens qui travaillaient pour eux. » Le renseignement est une priorité du FLN. Le Sdece signale, le 29 août 1958, qu’un légionnaire artificier ayant participé à la pose de mines et du réseau électrifié dans la région de Port-Say « aurait déserté et aurait donné tous les plans du réseau ».

    Pour ses activités, Wilhelm Schulz-Lesum est décoré, en 1957, par le président allemand, Theodor Heuss, de la croix fédérale du mérite. Le 2 avril 1958, la présidence autrichienne l’honore également pour son rôle dans le retour de légionnaires autrichiens, qu’il négocie avec l’ambassadeur d’Autriche à Madrid. Dès le 7 février 1957, le Sdece a informé la présidence du Conseil sur « la position autrichienne [qui] risque d’être influencée par l’esprit anti-colonialiste de certains secteurs socialistes. Dans ces conditions, il y a lieu de prévoir soit l’abstention de l’Autriche, soit l’alignement sur l’attitude des Etats-Unis ». Karl Blecha, futur ministre de l’intérieur autrichien, alors président de l’Union des étudiants socialistes, se rend, en 1958, en Afrique du Nord pour rencontrer des membres du FLN.

    Maquiller les opérations

    Reimar Holzinger, un socialiste autrichien né en 1921, qui a rencontré Si Mustapha Müller en 1955, est devenu son alter ego et s’occupe de l’exfiltration des déserteurs autrichiens. Il prend également en charge les Hongrois qui ont intégré la Légion après les événements de 1956 à Budapest. Bruno Kreisky, alors ministre des affaires étrangères autrichien, soutient le gouvernement algérien en exil et le réseau Holzinger. « Quand un Autrichien désertait, le service de rapatriement contactait l’ambassade d’Autriche à Madrid, laquelle se chargeait d’organiser le transfert en bateau de Barcelone à Gênes et de là vers l’Autriche », a rapporté Holzinger à l’historien Fritz Keller.

    C’est dans ce contexte que le service action du Sdece va tenter de mettre en œuvre l’ordre d’éliminer Wilhelm Schulz-Lesum. Pour maquiller ce type d’opération, la France étant déjà critiquée au sein de l’ONU pour sa politique algérienne, le Sdece fait croire qu’un groupe mystérieux appelé La Main rouge opère de manière autonome et mène, seul, des actions contre les soutiens actifs au FLN. Un grand nombre d’opérations étant perpétrées en Allemagne de l’Ouest, il s’agit aussi de ne pas heurter l’allié allemand. Selon un ancien du 11e régiment parachutiste, bras armé du Sdece, l’opération d’approche mentionnée dans la note Foccart auprès de Schulz-Lesum était la spécialité d’un groupe d’agents du Sdece mené par Jean-Pierre Lenoir, expert dans la traque des trafiquants d’armes et très actif en Espagne.

    Le rôle de faux nez joué par La Main rouge n’a guère trompé les autorités allemandes, qui mènent, de leur côté, un double jeu. Dans leur Histoire des services secrets allemands (Nouveau monde, 2009), Michael Mueller et Erich Schmidt-Eenboom indiquent que le BND, l’équivalent allemand du Sdece, disposait d’un bureau au siège des services français, à Paris, et qu’il prêtait main-forte dans la traque aux réseaux de soutien au FLN, y compris sur le sol allemand.

    Quand l’Allemagne équipait le FLN

    Mais, à la fin des années 1950, pour s’attirer les faveurs de pays arabes tout juste sortis du joug colonial, la RFA envoie aussi ses agents du BND former les services de sécurité de la Syrie, du Soudan et de l’Egypte, pays où les renseignements allemands dialoguent avec le FLN et son gouvernement provisoire. La RFA considérait favorablement le rapatriement de légionnaires allemands, estimant que leur présence dans cette force coloniale française était une atteinte à sa souveraineté et à son image. En 1958, un agent expérimenté du BND, Richard Christmann, lui-même ex-légionnaire, se rend d’ailleurs à Sidi Bel Abbès pour rendre compte des activités du réseau.

    Les menaces du Sdece n’ont pas été sans effet. Le BND semble avoir prévenu Wilhelm Schulz-Lesum du danger. Lorsque la sentence mortelle est prononcée à son encontre, le 4 août 1958, dans le secret du bureau de Foccart, l’homme est déjà en partance vers Madrid. Le Sdece relève d’ailleurs, le 4 juin 1958, que les déserteurs sont désormais accueillis, à Tétouan, par un autre Allemand, Otto Berger, également agent consulaire de la République fédérale allemande.

    Tétouan, terre d’espions et point d’observation régional au cœur de l’empire colonial français en train de s’affaiblir, intéresse alors tous les services secrets étrangers. D’après l’historien Kader Benamara, qui a travaillé avec M. Keller sur les réseaux de solidarité autrichiens en faveur du FLN, « Si Mustapha Müller avait été contacté par la CIA pour connaître le rôle du Parti communiste au sein de la rébellion algérienne ». Le FLN était, selon le renseignement militaire français, équipé d’« appareils portatifs de fabrication américaine » fournis par l’Allemagne.

    « Déviance titiste »

    Le même Müller avait déserté, pendant la seconde guerre mondiale, la Wehrmacht pour rejoindre l’Armée rouge, au sein de laquelle il a joué un bref rôle de propagandiste communiste à destination des soldats allemands. Exclu d’une école de cadres communistes, en 1950, pour « déviance titiste », il tente, en vain, d’entrer dans la Légion étrangère, le 2 février 1951, à Landau, en Allemagne, puis débarque à Paris, en 1953, où il devient chef du protocole d’un diplomate sud-américain dont la femme ne saura jamais que sous son lit étaient cachés des lots de grenades destinés aux amis du FLN. Repéré par les services français, il fuit vers le Maroc en 1956, où il noue vite des relations étroites avec les représentants consulaires et diplomatiques de la République fédérale allemande.

    Les Soviétiques, proches alliés du FLN, étaient également présents à Tétouan et n’ont pas perdu le contact avec Müller. Un télégramme du 26 mai 1959 du consulat général de France de Tétouan à son ministère à Paris indique, laconique, qu’un « service commercial russe aurait loué des bureaux par l’intermédiaire de M. Garcia Rivera, vente de produits agricoles ». La tête de Müller est mise à prix 50 000 marks, mais il est moins facile à atteindre que Schulz-Lesum. Il échappe à un explosif caché dans un livre envoyé du Caire qui l’attend à la poste de Tétouan. Quatre gardes du corps le suivent en permanence et des chiens protègent sa maison, à Tétouan, des agents de La Main rouge.

    La vindicte est retombée

    Comme bon nombre d’opérations commandées au Sdece à cette époque, finalement avortées ou abandonnées, celle ayant visé Wilhelm Schulz-Lesum paraît ne pas avoir été menée à son terme. Après des recherches en Algérie, au Maroc, en Allemagne et en Autriche, Le Monde a finalement retrouvé sa trace, en juin 1965, à Madrid, où l’ingénieur de 69 ans a renoué avec ses premiers centres d’intérêt. Il y dépose, le 1er juin 1965, un brevet technique sur un extincteur d’incendie. Il a retrouvé une vie normale. La vindicte française est retombée.

    Trois ans plus tôt, en effet, le 15 septembre 1962, Si Mustapha Müller a annoncé la fin des activités du service de rapatriement de légionnaires déserteurs « eu égard au rétablissement de l’indépendance de l’Algérie et compte tenu de l’accord franco-algérien d’Evian ». Parmi les 4 111 légionnaires déserteurs rapatriés par le réseau figurent 2 783 Allemands, 489 Espagnols, 447 Italiens, 137 Hongrois, 87 Yougoslaves, 41 Belges, 35 Suisses, 31 Autrichiens, 16 scandinaves, 19 Hollandais, 7 Luxembourgeois, 3 Grecs, 9 Britanniques, 2 Américains, 3 Latino-Américains, 1 Coréen et 1 Bulgare.

    Wilhelm Schulz-Lesum redevient l’un des acteurs anonymes d’une aventure collective tombée dans l’oubli, qui fut résumée, en avril 1961, par le journal américain de Francfort The Overseas Weekly sous un titre évocateur : « Le service qui a volé une brigade entière de la Légion étrangère sans tirer un coup de fusil ».

  • The Big Business of Europe’s Migration Crisis.

    The EU’s migration policy has produced a lucrative “illegality industry” that is prolonging the emergency it was put in place to end.

    After three months in Rabat, the capital of Morocco, Famara (who requested his last name not be used) left for the Gourougou mountain forest of northern Morocco. Wearing nothing more than shorts, a blue jean jacket, and flip-flops, the diminutive Senegalese man joined a makeshift camp comprised of dozens of West Africans hiding in the mountains between the town of Nador and Spain’s North African city of Melilla. Stays at the camp were temporary. Those with opportunities to move on did so while new migrants making their way north arrived daily. Many in the camp were injured, and all were hungry. None were prepared for life in the woods.

    http://www.sapiens.org/culture/migration-crisis-illegality-industry
    #business #asile #migrations #réfugiés #frontières #fermeture_des_frontières #passeurs

  • L’accès à l’Europe par #Mellilia séduit de moins en moins

    Le nombre de migrants irréguliers à Nador désirant accéder à Mellilia est en chute libre. En effet, l’année 2015 a enregistré uniquement 13 tentatives de franchissement des barrières séparant le Maroc de son préside occupé contre 60 enregistrées en 2014. Des statistiques officielles espagnoles ont évoqué pour leur part 15 tentatives à l’actif de 3.700 migrants dont seulement 105 ont réussi à rejoindre Mellilia. C’est ce qui ressort du dernier rapport de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) section Nador sur la migration et l’asile en 2015.

    http://m.libe.ma/L-acces-a-l-Europe-par-Mellilia-seduit-de-moins-en-moins_a75659.html

    #Espagne #Maroc #asile #migrations #réfugiés #statistiques #chiffres #murs #barrières_frontalières

    –-> commentaire reçu via la mailing-list Migreurop :
    Article paru à la suite de la publication du nouveau rapport de la section de l’AMDH de Nador sur la migration et l’asile en 2015. « Nador est devenu un cas exceptionnel avec la transformation de deux administrations publiques en centres d’arrestation et de séquestration de centaines de migrants hors de tout contrôle judiciaire alors que les décrets organiques de la loi 03-02 relative aux centres d’arrestation des migrants n’ont pas encore été promulgués », a noté le rapport. Il est aussi fait état de la multiplication d’arrestation de femmes enceintes et d’enfants dans les forêts de Nador et parfois de la séparation des mères et de leur progéniture. L’AMDH Nador déplore une augmentation du nombre de décès (dont 4 à la suite d’interventions musclés )et de blessés (plus d’un millier).
    Le rapport expose également le cas des exilé-e-s de Syrie et leur non-protection à cette frontière.

    cc @albertocampiphoto @marty @daphne

  • Frontex publishes Africa-Frontex Intelligence Community (AFIC) Report

    The 2015 Africa-Frontex Intelligence Community (AFIC) Joint Report analyses the irregular migratory movements affecting AFIC countries and EU Member States, cross-border criminality and provides an overview of the main regional security threats affecting the countries in the community.

    Sub-Saharan Africans are the single largest group detected for illegal border-crossing on the Central Mediterranean route towards the EU. The top five nationalities among AFIC country nationals are Nigerians, Gambians, Senegalese, Malians and Ghanaians.

    Factors such as a high rate of visa rejections by EU countries for West Africans, easy access to smuggling networks along the route (Niger, Libya) and poor return rates for those who are not eligible for international protection are all contributing to the growing popularity of irregular migratory movements from West Africa.

    AFIC was set up in 2010 to provide a framework for regular knowledge and intelligence sharing in the field of border security between Frontex and African countries.

    http://frontex.europa.eu/news/frontex-publishes-africa-frontex-intelligence-community-afic-report-5
    #Frontex #asile #migrations #statistiques #chiffres #réfugiés #Afrique

    • “Box 12. Increasing number of Syrian asylum seekers in #Ceuta and #Melilla

      “In March 2015, the International Protection and Asylum Offices were inaugurated at BCPs in Ceuta and Melilla (Spain). The decision came as response to a surge in the number of Syrian families seeking asylum there. The trend started in November 2014.

      Images intégrées 1

      The route followed by these Syrian asylum seekers is Syria / Lebanon / Algeria / Morocco (Nador) / Spain (Melilla or Ceuta).

      Different modi operandi used by Syrians to enter Ceuta and Melilla have been detected: They range from document fraud, mostly by using genuine Moroccan passports of residents of Tetuan and Nador (no visa needed, impostor method, reported by Frontex) to posing as Moroccan goods carriers. The impostor method started to be used by Syrians already in May 2014 when Spanish authorities reported the first 72 cases.

      No Syrian national was detected for trying to storm the fences at the two Spanish cities. Furthermore, Spain reported 478 cases of Moroccan passport being used by Syrian impostors in the period between 2014 and the first half of 2015 while more than 2 800 Syrian asylum applications were submitted in Melilla alone only during eight months between November 2014 and June 2015. This difference would indicate that many are able to enter Melilla undetected (successfully posing as Moroccans for example). There are still hundreds of Syrians in Moroccan city of Nador waiting to enter Spain through Melilla BCP. According to Moroccan intervention during AFIC workshop in Casablanca, altogether there are more than 5 000 Syrian refugees in Morocco. Moreover, the decision to open Asylum offices in Ceuta and Melilla has acted as an additional pull factor.”

  • #Espagne et #Maroc : les exemples polémiques de #Frontex pour illustrer comment stopper les flux d’immigrés

    Feliciano Tisera @felitisera feliciano.tisera@bez.es 3 février 2016

    D’après l’Agence européenne de contrôle des frontières extérieures (Frontex), il est clair que pour arrêter l’immigration illégale, il faut emprunter la voie suivie par l’Espagne. Selon les données européennes, la réalité est incontestable : l’immigration irrégulière vers l’Espagne par la mer a atteint des niveaux très bas. En revanche, alors que #Frontex nomme cela coopération avec les pays émetteurs, les critiques de l’agence parlent plutôt de militarisation de la frontière et dénoncent de graves et systématiques violations des droits de l’homme.

    Selon Frontex, la route de l’Afrique de l’Ouest est fermée grâce aux efforts conjoints de l’Espagne, du Sénégal, du Maroc et de la Mauritanie. C’est la conclusion du Rapport conjoint de la Communauté Afrique-Frontex correspondant à l’année 2015. A cet égard, Frontex souligne également comme facteurs importants pour réduire les tentatives d’entrée à #Ceuta et #Melilla l’application d’un accord de réadmission entre le Maroc et l’Espagne, le renforcement des unités de gardes-frontières marocains aux barrières et le démantèlement de camps d’immigrés « sans-papiers ». De leurs côtés, les associations critiques nomment cela « militarisation de la frontière » et « sous-traitance du contrôle des frontières extérieures de l’UE à un pays qui ne respecte pas les droits de l’homme. »

    « C’est une sous-traitance du contrôle de la frontière sud de l’UE à un pays dans lequel l’Etat de droit et le respect des droits fondamentaux brillent par leur absence, ce qui nous paraît absolument condamnable, non pour des questions idéologiques, mais parce que cela a des effets directs et dévastateurs sur le respect des personnes qui se trouvent en transit vers l’Europe », a affirmé à bez.es Carlos Arce, coordinateur des questions d’immigration au sein de l’Association Pro-Droits Humains d’Andalousie (APDHA).

    Selon la Gendarmerie Royale Marocaine, 18 000 immigrés subsahariens ont tenté de franchir les barrières de Ceuta et Melilla à l’occasion de 90 tentatives groupées d’entrer sur le territoire européen en 2014 (derniers chiffres disponibles). En complément aux barrières espagnoles, les autorités marocaines ont creusé une fosse et érigé une barrière dans les zones les plus vulnérables du périmètre frontalier qui entoure les villes espagnoles en terre africaine.

    Faute de données connues pour l’année 2015, on peut tout de même relever que le Maroc a déclaré avoir évité en 2014 l’arrivée de 12 267 immigrés irréguliers par la mer (1 746 jusqu’en avril 2015, dernier chiffre disponible). Par nationalité, 41% étaient sénégalais, 33% maliens, 12% guinéens, 9% ivoiriens et respectivement 3% d’algériens, de ghanéens et de nigérians.

    En réponse aux politiques menées, certains migrants subsahariens cherchent à arriver en Espagne par la mer, même si ce phénomène demeure limité. Sur la route ouest-africaine qui relie le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc aux Canaries, la quantité de personnes qui cherchent à arriver par la mer est « insignifiante » selon Frontex, mise à part une légère tendance à la hausse des départs depuis le Maroc en 2014.

    Plus aucun cayuco depuis le Sénagal et la Mauritanie

    Selon Frontex, grâce à l’efficacité des memoranda d’entente entre l’Espagne, le Sénégal et la Mauritanie, c’est en 2008 que le dernier cayuco (pirogue) est arrivé aux Canaries depuis le Sénégal et la dernière arrivée depuis la Mauritanie date de juin 2014 (selon les informations fournies par les délégués mauritaniens et sénégalais de la Communauté d’intelligence Afrique-Frontex).

    Frontex affirme qu’une autre manière de dissuader les migrants d’essayer d’entrer dans l’UE est de négocier avec les pays émetteurs un bon taux de réadmission des personnes expulsées. Selon l’agence, cela décourage les aventures migratoires par la mer et par conséquent, cela évite les accidents mortels.

    En fait, cela est notable dans le cas des Algériens. Si Frontex soutient que les citoyens d’Algérie ont continué à arriver en 2015 sur les côtes andalouses et du Levant espagnol, ce phénomène appelé « harga » (du verbe « brûler » en arabe) a diminué en 2013, principalement du fait de la collaboration entre l’Espagne et les autorités algériennes dans les procédures de rapatriement. Alors qu’en 2013 moins de 400 des quelques 1400 Algériens arrivés en Espagne avaient été rapatriés, en 2015 moins de 400 sont entrés et les autorités ont rapatrié un nombre de personnes encore plus important que celui des personnes entrées sur le territoire espagnol.

    « Si la proportion entre le franchissement illégal des frontières et le retour subséquent par les Etats membres de l’UE affectés étaient en ligne avec la Directive ’Retour’ de l’UE (2008/115/EC), moins de migrants seraient disposés à courir le risque, comme le démontrent clairement le cas des Tunisiens en Italie et celui des Algériens en Espagne », affirme le rapport de Frontex.

    Dans tous les cas, cela n’arrête pas les mafias qui trafiquent les personnes d’explorer de nouvelles voies. Ces dernières années par exemple, les autorités sénégalaises dénoncent l’utilisation de cargos amarrés dans le port de Dakar. Entre 2013 et 2014, des subsahariens ont utilisé pour pénéter sur le territoire européen trois embarcations de ce type qui étaient remorquées vers l’UE pour destruction. De plus, au moins 12 personnes sont mortes en mars 2015 ainsi que plusieurs dizaines d’autres en octobre de la même année, au cours d’incidents qui concernaient des embarcations parties depuis le Maroc.

    « Militarisation et violation systématique des droits de l’homme »

    Les critiques de cette politique européenne, en général des associations de défense des droits de l’homme qui travaillent dans la région, signalent qu’il existe une forte militarisation de la zone et que les droits de l’homme y sont systématiquement violés.

    « La coopération hispano-marocaine fait qu’aux frontières de Ceuta et Melilla, il y a un état de guerre injustifié contre les immigrés, mais en réalité il n’y a pas de guerre, ils ne viennent pas avec des armes ou pour envahir quoi que ce soit. L’emploi de la force militaire contre eux est une atrocité. Pour Frontex c’est bien, mais c’est une politique criminelle, difficilement compréhensible du point de vue des droits de l’homme », signale José Palazón de l’ONG Prodein, qui travaille pour le respect des droits des migrants dans les deux villes espagnoles qui partagent une frontière avec le Maroc.

    Prodein remarque également que les forces marocaines ne sont pas les seules à utiliser la force illégalement. « Le gouvernement espagnol continue d’employer ses forces de sécurité pour commettre des actes contraires à la légalité, même s’il est vrai que les actions les plus brutales sont commises par les forces marocaines », explique Palazón.

    L’Espagne et l’UE feraient-ils appel au gouvernement chérifien pour faire le sale travail qu’ils ne peuvent pas mener à bien sur leur territoire ? « Evidemment. Le Maroc est un pays colonisé par l’UE avec des gouvernants maintenus en place par l’UE, qui acceptent tout », ajoute Palazón.

    L’affaire « Velázquez », symptomatique de l’Espagne

    Le rapport de Frontex arrive dans un contexte de tensions, au moment même où les associations de défense des droits de l’homme dénoncent le refus d’entrée opposé par le Maroc au sacerdote jésuite Esteban Velázquez, à qui on a également retiré le permis de résidence. « Ce religieux catholique était le responsable à Nador de la Délégation des Migrations de l’Archevêché de Tanger depuis 3 ans, durant lesquels il s’est illustré par sa défense des droits fondamentaux et l’assistance humanitaire qu’il apportait aux personnes migrantes et réfugiées qui se trouvent en transit au nord du Maroc, étape finale de leur périple migratoire vers l’Europe », explique-t-on depuis Migreurop, une association d’organisations qui travaillent pour le respect des droits des migrants. Le ministre des Affaires étrangères espagnol José Manuel García-Margallo s’est abstenu de tout commentaire sur l’affaire. Selon lui, c’est à l’Etat du Vatican de dénoncer cette situation supposément arbitraire. « Nous trouvons inacceptable l’inaction absolue du gouvernement espagnol face au traitement injuste et si flagrant d’un de ses citoyens, et ce alors qu’il se targue d’entretenir une relation privilégiée avec le gouvernement marocain, qu’il félicite pour son implication dans le contrôle des flux migratoires par des moyens d’une douteuse régularité internationale », ont ajouté les membres de Migreurop.

    Reçu via la mailing-list de Migreurop
    #militarisation_frontalière #externalisation #frontières #contrôles_frontaliers #droits_humains

  • A #Nador et #Melilla, d’autres #barricades sur la route des réfugiés

    Frontière sud de l’Europe oubliée des médias, le #Maroc, en bon gendarme de Bruxelles, a toujours mené la vie dure aux migrants qui voulaient pénétrer les enclaves espagnoles. Les réfugiés syriens n’y échappent pas. Depuis des mois, des dizaines de familles sont coincées à Nador, ville du nord-est marocain, frontalière de Melilla, dont on ne sort pas non plus.

    http://www.mediapart.fr/journal/international/281015/nador-et-melilla-dautres-barricades-sur-la-route-des-refugies
    #réfugiés #asile #migrations #immobilisation #zone-tampon

  • Maroc : la répression contre les migrants se durcit à Melilla et Nador - France - RFI

    http://www.rfi.fr/afrique/20140521-maroc-durcissement-melilla-contre-migrants/?ns_campaign=nl_AFRIQUE220514&ns_fee=0&ns_linkname=lire-4&ns_mchannel=newsletter

    Une nouvelle tentative de passage en force dans l’enclave espagnole de Melilla par des migrants sub-sahariens a de nouveau échoué, samedi dernier. Les hommes arrêtés ont été refoulés vers Rabat, où ils sont arrivés dans la nuit de mardi à mercredi. Le climat s’est durci pour eux lors des tentatives d’assauts, mais aussi à Nador et les montagnes alentours.

    http://scd.rfi.fr/sites/filesrfi/dynimagecache/0/99/3500/1977/1024/578/sites/images.rfi.fr/files/aef_image/2014-05-17T183439Z_508591325_GM1EA5I070S01_RTRMADP_3_SPAIN_0.JPG

    #migrations #asile #maroc
    A peine descendus des autobus de la police la nuit d’avant, James et Kouyaté ne contiennent pas leur colère. « Dès que vous voyez un Noir marcher à Nador, ils arrêtent directement le Noir. On te met en cellule et, quand vous êtes trop nombreux, ils vous jettent au centre ville de Rabat où vous êtes obligés de dormir dehors, en pleine rue. Il pleut et il n’y a rien à manger. Ils ne vous donnent rien à manger », s’insurge James. Et Kouyaté ajoute : « Parfois, nous sommes tentés d’aller au marché acheter quelque chose pour manger. Mais si tu descends, ils t’attrapent pour le refoulement ».

  • Au #Maroc, la #chasse aux #étrangers tue et pendant ce temps, l’UE négocie et se tait

    Dans le nord du Maroc et dans d’autres villes du pays (Mekhnès, Rabat, etc.), les scènes se répètent depuis des mois, voire des années [1], mais elles ont, ces dernières semaines, atteint une ampleur sans précédent.

    La #police et les #militaires marocains raflent en toute impunité des centaines d’#enfants, de #femmes et d’hommes, pour la plupart originaires de pays subsahariens. Ces chasses à l’homme ont principalement lieu dans les villes du nord du pays, El Hoceima, Ksar El Kebir, Nador, Taourirt et Tanger : le 27 juillet, 140 migrants ont été interpellés autour de la ville de Nador, et quelques jours plus tôt – le 24 juillet – ce sont près de 300 migrants qui ont été arrêtés dans le quartier Boukhalef à Tanger.

    Ces #traques donnent lieu à des scènes humiliantes voire inhumaines, et personne n’est épargné. À Tanger, une mère sénégalaise avec son enfant âgé de deux ans a été violentée en pleine rue par les forces de l’ordre pour être conduite presque dénudée dans un camion policier en vue de son refoulement à la frontière maroco-algérienne. Aux alentours de Nador, une réfugiée a été contrainte d’abandonner son bébé de sept mois dans la forêt, une autre y a laissé un de ses jumeaux, âgé de trois ans.

    Ces #violences policières, qui obéissent à des stratégies ciblées, entraînent la #mort de nombreux migrants [2].

    Après que les polices espagnoles et marocaines de part et d’autre de ces #frontières traquent ces personnes nuit et jour, elles sont généralement conduites par bus près d’Oujda à la frontière avec l’Algérie, pour y être #abandonnées, quand elles ne sont pas emprisonnées. Le gouvernement marocain et les autorités de l’Union européenne, qui rivalisent depuis des années de déclarations contre les migrants présents au Maroc, sont responsables de cette politique #xénophobe et mortifère.

    Pour rappel, le 7 juin 2013, le Maroc, l’UE et neuf États membres de l’UE [3] ont signé une déclaration conjointe [4] qui établit un ensemble d’objectifs politiques. Ce texte qui prévoit une série de mesures pour une « meilleure gestion de la migration » [5], ne constitue qu’un maillon supplémentaire du processus de sous-traitance du #contrôle_migratoire vers le Maroc.

    Sous pression et en toute #impunité, celui-ci exécute avec zèle les exigences de l’UE, qui se défausse ainsi allègrement de ses #responsabilités, sans se soucier des conséquences de cette #externalisation et en cautionnant ces actes.

    Nous demandons à ce que #Cécilia_Malmström, commissaire européenne aux affaires intérieures, #Laenser_Mohand, ministre marocain de l’Intérieur, #Saâd_Eddine_El_Othmani, ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération, et les ministres des Affaires étrangères des neuf États membres de l’#UE agissent urgemment pour faire immédiatement cesser les exactions policières au Maroc à l’encontre des #migrants.

    Nous demandons également à ce que les #exilés présents sur le territoire marocain soient traités dignement, quelle que soit leur situation administrative.

    Enfin, nous rappelons aux autorités espagnoles et aux autres Etats membres de l’Union européenne leur obligation de se conformer aux principes de la #convention_européenne_des_droits_de _l’homme, et à ce titre de traiter les demandes d’admission sur le territoire de l’UE de celles et ceux qui demandent à bénéficier d’une #protection, et de ne plus les #refouler vers un pays où ils risqueraient de subir des #traitements_inhumains et dégradants.

    http://www.migreurop.org/article2272.html