city:nice

  • Un enseignant-chercheur relaxé après avoir aidé des migrants

    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/01/06/un-enseignant-chercheur-relaxe-apres-avoir-aide-des-migrants_5058581_1653578

    Le tribunal correctionnel de Nice a accordé à Pierre-Alain Mannoni l’immunité pénale, estimant qu’il avait agi pour préserver la dignité des personnes convoyées.

    Pierre-Alain Mannoni, poursuivi pour avoir convoyé des Erythréennes venues d’Italie, a été relaxé vendredi 6 janvier par le tribunal correctionnel de Nice. Alors que le procureur de la République de Nice avait requis, à la fin de novembre, six mois de prison avec sursis à l’encontre de cet enseignant-chercheur de 45 ans, le tribunal lui a accordé l’immunité pénale, estimant qu’il avait agi pour préserver la dignité des personnes acheminées.

    M. Mannoni avait été interpellé le 18 octobre à un péage près de Menton avec à bord de sa voiture trois Erythréennes, dont une mineure, qu’il conduisait à son domicile pour les héberger. « Le tribunal a reconnu que j’avais agi pour préserver leur dignité, et ça, ce n’est pas condamnable, c’est ça qui est important », a déclaré Pierre-Alain Mannoni à la sortie du tribunal.

    « C’est une grande victoire pour les gens qui aident et aussi pour tous les gens qui ont besoin d’être aidés. »

    La présidente du tribunal a rappelé que « l’aide au séjour d’un étranger pour lui assurer des conditions dignes et décentes ou visant à préserver son “intégrité physique n’est pas pénalement punissable” », rapporte Nice Matin, et qu’étant donné les circonstances, « il ne serait ni juste ni proportionné » de condamner M. Mannoni. La loi prévoit, depuis 2012, l’immunité pour les passeurs qui ne sont pas rétribués et qui agissent si la vie des personnes recueillies est jugée en péril.

  • Aide aux migrants : « Mon inaction me rendrait complice », se défend #Cédric_Herrou
    https://www.mediapart.fr/journal/france/050117/aide-aux-migrants-mon-inaction-me-rendrait-complice-se-defend-cedric-herro

    Deux jeunes migrants et Cédric Herrou préparent le repas, à Breil-sur-Roya en novembre 2016. © LF L’agriculteur Cédric Herrou était jugé, ce mercredi, devant le tribunal correctionnel de Nice, pour aide à l’entrée, à la circulation et au séjour de personnes en situation irrégulière. Il lui est surtout reproché par le procureur, qui a requis huit mois de prison avec sursis, d’avoir revendiqué son action dans les médias. Des militants sont venus soutenir celui qui est devenu le symbole de la solidarité des habitants de la vallée de la #Roya envers les migrants.

    #France #asile #immigration #solidarité

  • « Mon inaction me rendrait complice », s’est défendu #Cédric_Herrou à son procès
    https://www.mediapart.fr/journal/france/050117/mon-inaction-me-rendrait-complice-sest-defendu-cedric-herrou-son-proces

    Deux jeunes migrants et Cédric Herrou préparent le repas, à Breil-sur-Roya en novembre 2016. © LF L’agriculteur Cédric Herrou était jugé, mercredi 4 janvier, devant le tribunal correctionnel de Nice, notamment pour aide à l’entrée, à la circulation et au séjour de personnes en situation irrégulière. Il lui est surtout reproché par le procureur, qui a requis huit mois d’emprisonnement avec sursis, d’avoir revendiqué son action dans les médias. Plusieurs centaines de militants sont venus soutenir l’agriculteur, symbole de la solidarité des habitants de la vallée de la #Roya envers les migrants.

    #France #asile #immigration #solidarité

  • « Si ça continue comme ça, je crois que je vais finir en prison. » Cédric Herrou a besoin d’un coup de main - Chroniques du Yéti
    http://yetiblog.org/index.php?post/2126

    Cédric Herrou comparaît le 4 janvier 2017 devant le tribunal de grande instance de Nice. Il risque 5 ans d’emprisonnement et 300.000 euros d’amende pour « aide à l’entrée, à la circulation et au séjour d’étrangers en situation irrégulière. » Interdit de donner un coup de main. En ces temps où la justice ne trouve rien à reprocher à Christine Lagarde pour les quatre-cent-cinq millions d’euros volés avec son aide !

  • Solidarité avec migrants en procès à Nice 7 procès dont Cédric Hérrou le 4/01 Verdict pour P.A Mannoni le 6/01 https://www.change.org/p/solidarit%C3%A9-avec-les-solidaires …pic.twitter.com/WLLQIuTfeC
    https://twitter.com/CieJolieMome/status/814766873149575168

    Solidarité avec migrants en procès à Nice 7 procès dont Cédric Hérrou le 4/01 Verdict pour P.A Mannoni le 6/01 https://www.change.org/p/solidarit%C3%A9-avec-les-solidaires … pic.twitter.com/WLLQIuTfeC

  • Entretien
    « La tentation du Bien est beaucoup plus dangereuse que celle du Mal »

    Par Nicolas Truong

    Boris Cyrulnik et Tzvetan Todorov, deux intellectuels, deux observateurs engagés de nos sociétés, dialoguent sur la capacité des individus à basculer dans la « barbarie » ou bien à y résister.

    Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d’enseignement à l’université de Toulon. Tzvetan Todorov est historien et directeur de recherche honoraire au CNRS. Tous deux ont traversé l’époque de manière singulière. Tous deux sont devenus des penseurs plébiscités et des observateurs engagés de nos sociétés.

    Le premier, né en 1937 dans une famille d’immigrés juifs d’Europe centrale et orientale, fut l’un des rares rescapés de la rafle du 10 janvier 1944 à Bordeaux et popularisa, bien des années plus tard, le concept de « résilience », cette capacité psychique à se reconstruire après un traumatisme. Le second, né en 1939 à Sofia (Bulgarie) et théoricien de la littérature, rejoint Paris en 1963 et s’attache depuis les années 1980 aux questions mémorielles et au rapport à l’autre.

    Boris Cyrulnik a publié Ivres paradis, bonheurs héroïques (Odile Jacob, 2016), ouvrage sur le besoin et la nécessité de héros pour vivre et survivre. Tzvetan Todorov a écrit Insoumis (Robert Laffont/Versilio, 2015), portrait de ces contemporains qui, tels Etty Hillesum ou Germaine Tillion, Malcolm X ou Edward Snowden, ont su dire « non » et fait preuve de résistance à l’oppression.

    Tous deux dialoguent sur la capacité des individus à basculer dans la « barbarie » ou bien d’y résister au moment où une Europe meurtrie et apeurée par les attentats s’interroge sur son devenir.

    Quels héros vous ont aidé à vous structurer ?
    Tzvetan Todorov (T. T.) : J’ai grandi dans un régime totalitaire communiste où les modèles pour les enfants étaient des personnages tels que Pavlik Morozov, un garçon qui avait dénoncé son père comme koulak et que sa famille avait tué pour cette raison. Ou alors des personnages qui avaient lutté contre le « joug turc » au XIXe siècle. Tout cela ne suscitait pas beaucoup d’échos en moi. Mais j’aimais et admirais beaucoup mes parents et mes amis.

    Arrivé en France à l’âge de 24 ans, j’avais contracté une méfiance généralisée envers tout ce que l’Etat défend et tout ce qui relevait de la sphère publique. Mais, progressivement, j’intériorisais ma nouvelle situation de citoyen d’une démocratie – en particulier une sorte de petit mur est tombé dans mon esprit en même temps que le mur de Berlin, ce qui m’a permis d’accéder aussi à cette sphère publique. Je ne me sentais plus conditionné par cette enfance et cette adolescence vécues dans un monde totalitaire. Néanmoins, je restais indifférent aux grands personnages héroïques, glorifiés dans le cadre communiste, et attaché à des individus tout à fait ordinaires qui ne cherchaient pas à sacrifier leur vie, mais témoignaient plutôt d’un souci quotidien pour les autres.

    Deux personnages m’ont marqué particulièrement par leur parcours de vie et par leurs écrits. Dans Vie et Destin, ce roman épique sur la seconde guerre de l’écrivain russe Vassili Grossman [1905-1964], il y a une idée forte qui ne cesse de m’accompagner : la tentation du Bien est dangereuse. Comme le dit un personnage de ce livre, « là où se lève l’aube du Bien, les enfants et les vieillards périssent, le sang coule », c’est pourquoi on doit préférer au Bien la simple bonté, qui va d’une personne à une autre.

    La deuxième figure qui m’a beaucoup marqué, Germaine Tillion [1907-2008], ethnologue et historienne, résistante et déportée, je l’ai rencontrée quand elle avait 90 ans mais se portait comme un charme. Elle m’a ébloui non seulement par sa vitalité, mais par son cheminement : pendant la guerre d’Algérie, elle avait consacré toutes ses forces à sauver des vies humaines, de toutes origines, refusant d’admettre qu’une cause juste rende légitime l’acte de tuer. Vous voyez, mes héros ne sont pas des personnages héroïques. Mais plutôt des résistants.

    Boris Cyrulnik (B. C.) : Tzvetan Todorov a été élevé dans un régime certes totalitaire, mais aussi dans une famille et au sein d’institutions sociales, bien sûr très écrasantes, mais structurantes. Alors que ma famille a éclaté pendant le second conflit mondial. J’ai retrouvé après la guerre une tante qui m’a recueilli et un oncle qui s’était engagé dans la résistance à l’âge de 17 ans. Mais, pendant la guerre, je pensais que toute ma famille était morte.

    Seul, sans structure, sans famille, j’avais bien compris que j’étais condamné à mort. Arrêté à l’âge de 6 ans et demi par les nazis, j’avais clairement compris que c’était pour me tuer. Il n’y avait pas de doute. J’avais besoin de héros puisque j’étais seul. Je n’avais pas d’image identificatoire ni repoussoir. S’opposer, c’est se poser. Moi, je n’avais personne, juste le vide, je ne savais même pas que j’étais juif, je l’ai appris le jour de mon arrestation, et j’ai appris que ce nom condamnait à mort. Donc j’ai eu une ontogenèse très différente de celle de Tzvetan Todorov.

    Mon bourreau ne nous considérait pas comme des êtres humains. Et, dans mon esprit d’enfant, je me disais : il faut que je devienne physiquement fort comme Tarzan et, quand je serai fort comme Tarzan, j’irai le tuer. Tarzan me servait d’image identificatoire. J’étais petit, j’étais rachitique – j’ai retrouvé des photos de moi après guerre, j’étais d’une maigreur incroyable –, donc je me disais : il faut que je devienne grand, il faut que je devienne fort et musclé pour que je puisse le tuer. Donc Tarzan m’a sauvé.

    Qu’est-ce qui fait qu’un individu s’attache plutôt à des héros bénéfiques ou bien à des héros maléfiques ? La tentation du Mal est-elle aussi puissante que la tentation du Bien ?
    T. T. : Pour moi, la tentation du Mal n’existe presque pas, elle est très marginale à mes yeux. Il existe sans doute quelques marginaux ici et là qui veulent conclure un pacte avec le diable et faire régner le Mal sur la Terre, mais de ce point de vue je reste plutôt disciple de Grossman, pour qui le Mal vient essentiellement de ceux qui veulent imposer le Bien aux autres. La tentation du Bien me semble donc beaucoup plus dangereuse que la tentation du Mal.

    Je dirais, au risque d’être mal compris, que tous les grands criminels de l’histoire ont été animés par le désir de répandre le Bien. Même Hitler, notre mal exemplaire, qui souhaitait effectivement le Mal pour toutes sortes de populations, en même temps espérait le Bien pour la race élue germanique aryenne à laquelle il prétendait appartenir.

    C’est encore plus évident pour le communisme, qui est une utopie universaliste, même si, pour réaliser cette universalité, il aurait fallu éliminer plusieurs segments sociaux de cette même humanité, qui ne méritaient pas d’exister : la bourgeoisie, les koulaks, etc. Les djihadistes d’aujourd’hui ne me paraissent pas animés par le désir de faire le Mal, mais de faire le Bien, par des moyens que nous jugeons absolument abominables.

    Pour cette raison, je préfère ne pas parler de « nouveaux barbares ». Parce que la barbarie, qu’est-ce que c’est ? La barbarie n’est pas l’état primitif de l’humanité : depuis les premières traces de vie humaine, on trouve aussi des preuves de générosité, d’entraide. De nos jours, les anthropologues et les paléontologues affirment que l’espèce humaine a su survivre et s’imposer, alors qu’elle n’était pas la plus forte physiquement, grâce à l’intensité de la coopération entre ses membres, lui permettant de se défendre contre les menaces qui la guettaient.

    La barbarie, c’est plutôt le refus de la pleine humanité de l’autre. Or bombarder de façon systématique une ville au Moyen-Orient n’est pas moins barbare que d’égorger un individu dans une église française. Cela détruit même beaucoup plus de personnes. Lors des attentats dont Paris a été victime dernièrement, on a sous-estimé l’élément de ressentiment, de vengeance, de représailles, qui était immédiatement mis en avant quand on a pu interroger ces individus ou dans leurs déclarations au moment de leurs actes. Ils n’agissaient pas de façon irrationnelle, puisqu’ils pensaient atteindre les objectifs qui étaient les leurs en tuant indifféremment des personnes qui se trouvaient sur leur chemin : ils voulaient répondre à la guerre par la guerre, ce qui est une logique hélas répandue dans l’histoire de l’humanité.

    Qu’est-ce qui fait qu’on bascule du côté de la tuerie au nom d’une idéologie ?
    B. C. : La bascule se fait lorsqu’on se soumet à la théorie du Un, comme le dit le linguiste allemand Victor Klemperer. Si l’on en vient à penser qu’il n’y a qu’un seul vrai dieu, alors les autres sont des faux dieux, ceux qui y croient sont des mécréants, des « mal-croyants » dont la mise à mort devient quasiment morale. Si on se soumet à la théorie du Un, on peut basculer.

    Le mot « barbare », en effet, ne convient pas. C’est dans la belle culture germanique de Goethe et de Kant que s’est déroulée l’une des tragédies les plus honteuses du XXe siècle. Le psychiatre américain Leon M. Goldensohn [1911-1961], qui, lors du procès de Nuremberg, expertisa la santé mentale des vingt et un accusés nazis, interrogea Rudolf Höss, le directeur du camp d’Auschwitz, qui lui répondit en substance : « J’ai passé à Auschwitz les plus belles années de ma vie. » Comment est-ce pensable ? Rudolf Höss poursuit : « Je m’entendais bien avec ma femme, j’avais quatre enfants que j’aimais beaucoup. »

    Dans Les entretiens de Nuremberg, où figurent ces discussions, il y a même la photo de la maisonnette et du « bonheur » domestique du directeur du camp d’Auschwitz. « En même temps, poursuit-il, j’avais un métier bien difficile, vous savez, il fallait que je fasse disparaître, que je brûle 10 000 corps par jour, et ça, c’était difficile, vous savez. »

    Donc l’expression que je propose pour comprendre ce phénomène paradoxal est celle de « morale perverse ». Un individu peut être parfaitement éthique avec ses proches, qu’il cherche à défendre et à comprendre – ma femme, mes enfants, etc. – mais les juifs, ce n’est pas les autres, les Tziganes ce n’est pas les autres, les Nègres sont des humains, mais ils sont inférieurs, donc on en fera de l’élevage. Il est moral d’éliminer les juifs comme il est moral de combattre la souillure d’une société pour que notre belle race blonde et aux yeux bleus aryens puisse se développer sainement.

    C’est au nom de la morale, c’est au nom de l’humanité qu’ont été commis les pires crimes contre l’humanité. C’est au nom de la morale qu’ont été commis les pires crimes immoraux. Morale perverse, donc : on est moraux avec ceux qui partagent notre monde de représentation et on est pervers avec les autres parce que la définition de la perversion, c’est pour moi celle de Deleuze et de Lacan : est pervers celui qui vit dans un monde sans autre.

    T. T. : Le jugement moral se constitue à plusieurs niveaux successifs. Au départ, la distinction même du Bien et du Mal peut être absente, faute d’avoir entouré le petit être humain par des soins et de l’avoir protégé par des attachements. Le résultat de ce manque est le nihilisme radical. Le deuxième pas dans l’acquisition du sens moral consiste à dissocier l’opposition du Bien et du Mal de celle entre Je et Autrui ou entre Nous et les Autres ; l’adversaire ici est l’égoïsme ou, sur le plan collectif, l’ethnocentrisme. Enfin le troisième degré consiste à renoncer à toute répartition systématique du Bien et du Mal, à ne pas situer ces termes dans une quelconque partie de l’humanité, mais à admettre que ces jugements peuvent s’appliquer aussi bien à nous qu’aux autres. Donc, à combattre le manichéisme du jugement.

    A chacun de ces stades peut s’installer la perversité dont on parle. Il n’existe pas deux espèces d’êtres humains, les uns qui risquent de fauter et les autres, dont nous ferions partie, à qui ça n’arrivera jamais. D’un autre côté, si on s’ouvrait à une compassion universelle, on ne pourrait plus vivre, on devrait aider tous les sans-abri, tous les mendiants qu’on rencontre dans la rue et partager avec eux ce qu’on a, or on ne le fait pas et on ne peut le faire – sauf si on est un saint. Il y a une sorte d’équilibre qui doit s’établir entre la protection de soi et le mouvement vers autrui. Mais ignorer l’existence des autres, c’est cesser d’être pleinement humain.

    B. C. : J’étais emprisonné dans la synagogue de Bordeaux, ville où 1 700 juifs ont été raflés le 10 janvier 1944 par Maurice Papon. Il n’y eut que deux survivants, dont votre serviteur. Et j’ai retrouvé le fils et les petits-enfants de Mme Blanché, la dame mourante sous laquelle je me suis caché afin d’échapper à la rafle, avec lesquels j’entretiens aujourd’hui des relations amicales. Oui, la vie est folle, c’est un roman.

    Quand j’étais emprisonné, il y avait un soldat allemand en uniforme noir qui est venu s’asseoir à côté de moi un soir. Il me parlait en allemand et me montrait des photos d’un petit garçon. Et j’ai compris – sans comprendre sa langue – que je ressemblais à son fils. Cet homme avait besoin de parler de sa famille et de son enfant qu’il ne voyait pas, ça lui faisait du bien. On peut dire que j’ai commencé ma carrière de psychothérapeute ce soir-là !

    Pourquoi est-il venu me parler ? Je l’ai compris en lisant Germaine Tillion, qui raconte que, lorsque les nouvelles recrues de femmes SS arrivaient à Ravensbrück, elles étaient atterrées par l’atrocité du lieu. Mais, dès le quatrième jour, elles devenaient aussi cruelles que les autres. Et, quand Germaine Tillion donnait des « conférences » le soir à Geneviève de Gaulle et à Anise Postel-Vinay, elle les faisait souvent sur l’humanisation des gardiens du camp.

    Elle disait : ce qui nous faisait du bien, quand on voyait un gardien courtiser une femme SS, c’est que c’était donc un être humain. Elle ne voulait pas diaboliser ceux qui la condamnaient à mort, elle voulait chercher à découvrir leur univers mental. Et c’est en lisant Germaine Tillion que je me suis dit : voilà, j’avais à faire à des hommes, et non pas à des monstres. Parce que comprendre, c’est non pas excuser, mais maîtriser la situation. Arrêté à l’âge de 6 ans et demi, j’étais considéré comme « ein Stück », une chose qu’on pouvait brûler sans remords, qu’on pouvait tuer sans culpabilité puisque je n’étais pas un être humain, mais « ein Stück ».

    Donc, contrairement à ce que l’on dit souvent, notamment à propos du djihadisme, il faut chercher à le comprendre, et non pas refuser, par principe, l’explication ?
    B. C. : Evidemment. La compréhension permet de lutter et d’agir. Par exemple, sur le plan psychosocial, le mot « humiliation » est presque toujours utilisé par ceux qui passent à l’acte. L’humiliation du traité de Versailles a été momentanément réelle, parce que pendant quelques années les Allemands ne pouvaient pas reconstruire une société, tout ce qu’ils gagnaient partant en dommages de guerre pour la France.

    Mais les Allemands oubliaient de dire que dans les années 1920 – lorsque les politiques ont compris que ça empêchait l’Allemagne de se reconstruire – il y eut un véritable plan Marshall pour aider leur pays à se reconstruire. Donc le mot humiliation servit d’arme idéologique pour légitimer la violence des nazis – comme celle des djihadistes, d’ailleurs. Tous les totalitarismes se déclarent en état de légitime défense. Il leur paraît normal et même moral de tuer sans honte ni culpabilité.

    Aujourd’hui, sur environ 8 400 fichés « S », rappelle une enquête du CNRS, on dénombre près de 100 psychopathes. La psychopathie, ce n’est pas une maladie mentale, mais une carence éducative et culturelle grave. Ce sont des enfants qui n’ont pas été structurés par leur famille, ni par la culture ni par leur milieu. Quand il n’y a pas de structure autour d’un enfant, il devient anomique, et l’on voit réapparaître très rapidement des processus archaïques de socialisation, c’est-à-dire la loi du plus fort.

    Michelet le disait : quand l’Etat est défaillant, les sorcières apparaissent. Cent psychopathes sur 8 400 cas, c’est la preuve d’une défaillance culturelle. C’est une minorité dans les chiffres, mais c’est une majorité dans les récits et l’imaginaire parce que le Bataclan, le Stade de France, Nice ou le 13-Novembre font des récits atroces et spectaculaires qui fédèrent une partie de ces meurtriers.

    T. T. : Très souvent, ces jeunes qui s’égarent dans le djihad cherchent un sens à donner à leur vie, car ils ont l’impression que la vie autour d’eux n’a pas de finalité. S’ajoute à leurs échecs scolaires et professionnels le manque de cadre institutionnel et spirituel. Quand je suis venu en France en 1963, il existait un encadrement idéologique très puissant des jeunesses communistes et des jeunesses catholiques. Tout cela a disparu de notre horizon et le seul épanouissement, le seul aboutissement des efforts individuels, c’est de devenir riche, de pouvoir s’offrir tel ou tel signe extérieur de réussite sociale.

    De façon morbide, le djihad est le signe de cette quête globale de sens. Il est la marque de cette volonté de s’engager dans un projet collectif qui frappe souvent des personnes qui jusque-là étaient en prison pour des petits vols et des menus crimes, mais qui cessent de trafiquer, de boire ou de fumer du haschisch pour être au service d’une doctrine vraie, de ce « Un » dont vous parliez tout à l’heure. Ils sont d’abord prêts à sacrifier la vie d’autrui, mais ensuite la leur aussi.

    Y a-t-il des héros ou des contre-récits qui pourraient permettre de structurer davantage leur univers mental ?
    T. T. : Oui, je crois beaucoup à cette force du récit, qui est bien plus grande que celle des doctrines abstraites et qui peut nous marquer en profondeur sans que nous en soyons conscients. Ces récits peuvent prendre la forme d’images idéelles, comme Tarzan et Zorro pour Boris Cyrulnik. Mais il y en a beaucoup d’autres encore. Dans mes livres, j’essaie de raconter moi-même des histoires, que ce soit la conquête de l’Amérique ou la seconde guerre mondiale. Mais c’est un travail qui doit se répercuter dans notre culture politique et dans notre éducation.

    Dans une classe d’une école parisienne aujourd’hui, on trouve des enfants de quinze origines différentes. Comment, sans rire, leur parler de nos ancêtres les Gaulois ? Je ne pense pas pour autant qu’il faudrait leur enseigner l’histoire ou la mémoire des quinze nationalités qui se retrouvent dans cette classe. On doit leur apprendre une histoire de la culture dominante, celle du pays où l’on se trouve, mais de manière critique, c’est-à-dire où l’on n’identifie aucune nation avec le Bien ou le Mal. L’histoire peut permettre de comprendre comment une nation ou une culture peut glisser et basculer dans le Mal, mais aussi s’élever au-dessus de ses intérêts mesquins du moment et contribuer ainsi à une meilleure vie commune. Bref, sortir du manichéisme qui revient en force aujourd’hui.

    Comment expliquez-vous ce qui apparaît comme une déprime collective française ?
    B. C. : Les conditions réelles d’existence d’un individu ont rarement à voir avec le sentiment de dépression. On peut avoir tous les signes du bien être – emploi et famille stables – et déprimer. Et, à l’inverse, on peut vivre dans des conditions matérielles très difficiles et ne pas déprimer. Il n’y a pas de causalité directe de l’un à l’autre. On peut avoir un sentiment de tristesse et de dépression provoqué par une représentation coupée du réel. Dans ces moments-là, ce qui provoque la dépression ou l’exaltation, ce sont les fabricants de mots. Je voyage beaucoup à l’étranger et je vous assure que les gens sont étonnés par notre déprime, ils n’en reviennent pas. Ils disent : « Mais nous, on prend tout de suite la condition de vie des Français, on la prend tout de suite ! »

    T. T. : Pour quelqu’un qui a sillonné plusieurs pays, il y a en France un pessimisme, une déprime, une complaisance excessive à observer le déclin, que je m’explique par le fait qu’au XXe siècle la France est passée d’un statut de puissance mondiale à un statut de puissance de deuxième ordre. Cela conditionne en partie cette mauvaise humeur, constitutive aujourd’hui de l’esprit français.

    Pourtant, les attentats et le retour du tragique de l’Histoire sur notre sol ont bel et bien miné le quotidien de chacun… La France serait-elle une nation résiliente ?
    T. T. : Je vois paradoxalement quelque chose de positif dans cette situation. Bien sûr, on ne peut se réjouir de l’existence de ces victimes en France. Mais il est salutaire de prendre conscience de la dimension tragique de l’Histoire, de ce que la violence n’est pas éliminée de la condition humaine juste parce qu’en Europe les Etats ne sont plus en guerre les uns contre les autres.

    B. C. : La réaction aux attentats a été magnifique à Paris et honteuse à Nice. Les Parisiens et les Français se sont solidarisés pour signifier : « Nous ne nous soumettrons pas, mais nous ne nous vengerons pas. Ne nous laissons pas entraîner dans la spirale de la violence. » J’étais à Munich, le soir du Bataclan. Le lendemain, dans les rues, j’ai vu des manifestants de Pegida qui n’attendaient qu’un incident pour déclencher une ratonnade.

    A Nice, quand les familles musulmanes ont voulu se rendre sur les lieux du massacre pour se recueillir, on leur a craché dessus en criant : « Rentrez chez vous, sales Arabes. » Or ils sont chez eux puisqu’ils sont Français.

    Par ailleurs, je ne comprends pas le mouvement de lutte contre l’islamophobie, qui fait des procès à ceux qui ont peur de l’islam et n’en fait pas aux assassins qui provoquent la peur de l’islam. Pour éviter les réactions racistes et s’opposer aux terroristes, il faut se rencontrer et parler. Plus on se rencontre, moins il y a de préjugés.

  • Attentat de Nice : le terroriste a pu procéder à onze repérages
    https://www.mediapart.fr/journal/france/231216/attentat-de-nice-le-terroriste-pu-proceder-onze-reperages?page_article=1

    Les polémiques nées après l’attentat du 14 juillet à Nice ont masqué les ratés de la politique sécuritaire de Christian Estrosi. Ainsi le terroriste a-t-il pu circuler à de multiples reprises. Nous révélons qu’il a même conduit, à trois occasions et durant une trentaine de minutes, son 19 tonnes sur le trottoir de la promenade des Anglais, pour calculer ses trajectoires le soir de son crime. La scène était à chaque fois filmée, mais la police municipale n’a pas (...)

    #CCTV #anti-terrorisme #surveillance #vidéo-surveillance

  • #Revue_de_Presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce dimanche 25 décembre 2016
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/12895-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    https://www.crashdebug.fr/images/stories/addons/images/Images+globales/2015/decembre/revue_de_presse_02_12_2015.png

    Bonjour, et voilà, le jour tant attendu est arrivé, j’espère que vous avez passer du bon temps en famille, en attendant voici la Revue de presse du jour.

    Amicalement,

    f.

    Actualités françaises :

    25.12.2016

    Près de 200 000 internautes demandent un nouveau procès pour Christine Lagarde, jugée coupable mais dispensée de peine (France Tv Info.fr)

    Accélération, fuite du temps : « Le burn-out menace quasiment tout le monde » (Basta !)

    24.12.2016

    Pourquoi les catholiques reviennent sur le devant de la scène (Le Figaro.fr)

    Apologie du terrorisme : un lycéen a été condamné à trois ans de prison ferme (Atlantico.fr)

    Christian Estrosi porte plainte contre Mediapart après un article sur l’auteur de l’attentat de Nice (Le Monde.fr)

    i-Télé : la rédaction trop réduite pour assurer le direct pendant les fêtes (Le (...)

    #En_vedette

  • UNE AFFAIRE DE PAPIER QUI TRAINENT !
    Des similitudes entre les attentats, qui en disent long...

    • Attentats du 11 septembre 2001, on retrouve le passeport Satam Al Suqami.
    • Attentat Charlie Hebdo 7 janvier 2015, une carte d’identité au nom de Saïd Kouachi a été retrouvée à l’intérieur d’un véhicule.
    • Attentats de Paris 13 novembre 2015, découverte d’un passeport syrien aux abords de l’établissement le Bataclan.
    • Attentat de Nice 14 juillet 2016, on retrouve les papiers d’identité d’un Franco-Tunisien à l’intérieur du camion qui a foncé dans la foule.
    • Attentat de Berlin 19 décembre 2016, la police allemande a retrouvé des papiers d’identité à l’intérieur du camion qui a également foncé dans la foule.

  • #Revue_de_Presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce samedi 24 décembre 2016
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/12889-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    https://www.crashdebug.fr/images/stories/addons/images/Images+globales/2015/decembre/revue_de_presse_02_12_2015.png

    Bonjour, nous y sommes, alors pour ce 24 décembre nous vous proposons une méga Revue de presse, pas de ma faute, l’actualité à été généreuse ; )

    Nous vous souhaitons, un merveileux réveillon, que vous soyez seul ou en famille.

    Amicalement,

    f.

    Actualités françaises :

    24.12.2016

    Pourquoi les catholiques reviennent sur le devant de la scène (Le Figaro.fr)

    Apologie du terrorisme : un lycéen a été condamné à trois ans de prison ferme (Atlantico.fr)

    Christian Estrosi porte plainte contre Mediapart après un article sur l’auteur de l’attentat de Nice (Le Monde.fr)

    i-Télé : la rédaction trop réduite pour assurer le direct pendant les fêtes (Le Monde.fr)

    Médicaments : des ruptures de stock préoccupantes (Les Echos.fr) via Chalouette

    La dette publique française baisse de 0,9% au troisième trimestre 2016 (...)

    #En_vedette

  • #Attentat_de_Nice : le terroriste a pu procéder à onze repérages !
    https://www.mediapart.fr/journal/france/231216/attentat-de-nice-le-terroriste-pu-proceder-onze-reperages

    Les polémiques nées au lendemain de l’attentat du 14-Juillet à Nice ont masqué les ratés dans la politique sécuritaire de #Christian_Estrosi. Ainsi le terroriste a-t-il pu circuler à de multiples reprises. Il a même conduit, à trois occasions et durant une trentaine de minutes, son 19 tonnes sur le trottoir de la promenade des Anglais, afin de mieux calculer ses trajectoires le soir de son crime. La scène était à chaque fois filmée, mais la police municipale n’a pas réagi. La caméra de vidéo-surveillance n°173 enregistre le camion se présentant face à la pergola, sur la promenade des Anglais, lors de repérages effectués le 13 juillet, à 6 h 56 du matin. © (...)

    #France #Bernard_Cazeneuve #Mohamed_Lahouaiej_Bouhlel #Sandra_Bertin #terrorisme

  • Les repérages si tranquilles du terroriste de Nice
    https://www.mediapart.fr/journal/france/231216/les-reperages-si-tranquilles-du-terroriste-de-nice

    Les polémiques nées au lendemain de l’attentat du 14-Juillet à Nice ont masqué les ratés dans la politique sécuritaire de #Christian_Estrosi. Ainsi le terroriste a-t-il pu faire circuler durant une trentaine de minutes, à trois occasions, son 19 tonnes sur le trottoir même de la promenade des Anglais, afin de mieux calculer ses trajectoires le soir de son crime. La scène était à chaque fois filmée, mais la police municipale n’a pas réagi. La caméra de vidéo-surveillance n°173 enregistre le camion se présentant face à la pergola, sur la promenade des Anglais, lors de repérages effectués le 13 juillet, à 6 h 56 du matin. © (...)

    #France #Attentat_de_Nice #Bernard_Cazeneuve #Mohamed_Lahouaiej_Bouhlel #Sandra_Bertin #terrorisme

  • Le stupéfiant procès du barrage de Vitrolles, ou comment justifier qu’un camion fonce sur des militants syndicaux
    http://www.bastamag.net/Le-stupefiant-proces-du-barrage-de-Vitrolles-ou-comment-justifier-qu-un-ca

    « J’avais l’impression d’être la coupable ». Le 26 mai 2016 près de Marseille, en pleine mobilisation contre la loi travail, un camion fonce sur un barrage filtrant tenu par des militants de la CGT. Bilan : deux syndicalistes grièvement blessés, dont l’un a pour l’instant perdu l’usage de ses jambes. Un mois plus tard, au terme d’une enquête policière expédiée, le chauffeur est totalement relaxé dans le cadre d’un procès surréaliste, où les syndicalistes blessés sont eux-mêmes traités comme des voyous. Près (...)

    #Résister

    / A la une, #Luttes_sociales, #Syndicalisme, #Enquêtes, #Transformer_le_travail, #Inégalités, (...)

    #Justice

    • Mais au tribunal, en juin, les personnes présentes sur le lieu de l’accident découvrent un tout autre scénario. La présidente associe Ludovic Z à l’image du brave travailleur « debout depuis 2 h du matin ! », selon les propos rapportés par le quotidien régional La Provence. Son geste est excusé par le « lynchage » dont il aurait été victime. L’avocate du chauffeur n’a plus qu’à surenchérir en pointant du doigt « la foule au comportement animal », une « foule en furie » qui pousse son client à prendre la fuite. « L’état de nécessité et de contrainte morale » est invoqué pour justifier la folle réaction du chauffeur. Ce dernier s’en sort sans la moindre amende ou suspension de permis. Relaxe totale.

      « Ce n’était pas le procès du chauffeur, mais celui de la CGT qui a eu lieu », affirment d’une seule et même voix toutes les personnes contactées, exceptée, bien entendu, l’avocate du chauffeur. « La justice a délivré un permis de foncer sur toute personne en désaccord idéologique », résume en une formule Abdelmajid Kalai.

  • Attentat de Nice : trois suspects mis en examen et écroués
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/12859-attentat-de-nice-trois-suspects-mis-en-examen-et-ecroues

    La encore, en complément de la vidéo de François Asselineau (UPR) ci-dessous, il est intéressant d’avoir d’autres informations, notament sur l’implication de la France avec des djihadistes (Attention peut choquer)

    Trois hommes suspectés d’avoir joué un rôle dans la fourniture d’armes à l’auteur de l’attentat du 14 juillet à Nice, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, ont été mis en examen par un juge antiterroriste et placés en détention provisoire.

    Trois hommes soupçonnés d’avoir joué un rôle dans la fourniture d’armes à l’auteur de l’attentat du 14 juillet à Nice, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, ont été mis en examen vendredi 16 décembre pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste pour l’un et de complicité d’association de malfaiteurs en (...)

  • #Revue_de_Presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce lundi 19 décembre 2016
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse/12858-revue-de-presse-du-jour-comprenant-l-actualite-nationale-et-interna

    https://www.crashdebug.fr/images/stories/addons/images/Images+globales/2015/decembre/revue_de_presse_02_12_2015.png

    Bonjour, désolé pour cette Revue de presse un peut tardive mais je me suis tapé tout l’agorithme de Google hier, donc on ne perds pas de temps et voici les nouvelles du jour !

    Amicalement,

    f.

    Actualités françaises :

    19.12.2016

    Electricité : hausse de la facture en vue pour éviter les coupures (Les Echos.fr)

    Attentat de Nice : trois suspects mis en examen et écroués (France 24.com)

    Christine Lagarde fixée sur son sort ce lundi (Le Figaro.fr)

    Racket fiscal des multinationales : la revanche des États (L’Express.fr)

    "Une entreprise comme Apple doit payer l’essentiel de ses impôts là où elle crée" (Les echos.fr)

    Divers :

    18.12.2016

    Moment détente :

    Actualités internationales :

    19.12.2016

    Syrie : un millier de personnes évacuées d’Alep (L’Express.fr)

    Environ 2.000 rebelles (...)

    #En_vedette

  • La géométrie algébrique, l’étincelant monde de Claire Voisin

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/12/12/la-geometrie-algebrique-l-etincelant-monde-de-claire-voisin_5047653_1650684.

    Pour cette chercheuse sans concession, qui reçoit cette année la Médaille d’or du CNRS, rien ne peut égaler la beauté des objets mathématiques.

    Je suis Claire Voisin et je démontre des théorèmes. » Voici, comment, sobrement, se définit la récipiendaire de la dernière Médaille d’or du CNRS, qui lui sera remise le 14 décembre. Cette mathématicienne de 54 ans est aussi, depuis cette année, professeure au Collège de France, auprès de ses collègues Alain Connes, Pierre-Louis Lions et Gérard Berry.

    « J’étais horrifiée au début », avoue-t-elle. Non à l’idée de rejoindre la prestigieuse institution, mais à celle de quitter le CNRS, autre lieu ­d’excellence, uniquement consacré à la recherche. « Une structure protectrice », explique la ­chercheuse, qui livre des ­confessions ­rares sur son travail quotidien. « Souvent, en maths, on ­souffre. Trouver des idées est difficile. On a les problèmes en tête, mais on cherche le fil pour commencer. A cela s’ajoutent les difficultés ­techniques à contourner », décrit Claire Voisin, qui dit même avoir déjà été « aux trois quarts » dans un demi-désespoir. « Mais parfois, on a aussi un sentiment de triomphe ! »

    Le « parfois » est en fait assez fréquent chez elle, comme en témoignent les récompenses reçues : prix de la Société européenne de ­mathématiques en 1992, prix de la fondation Clay en 2008, ainsi qu’une conférence plénière en 2010 au Congrès international quadriennal de mathématiques. Distinctions auxquelles s’ajoutent les Médailles de bronze, puis d’argent du CNRS. « Claire est une étoile internationale en maths », souligne Leila Schneps, amie de trente ans, chercheuse à l’Institut de mathématiques de Jussieu et traductrice en anglais d’un livre référence de sa collègue (Hodge Theory and Complex Algebraic Geometry, 2007).

    « Elle associe une grande créativité, en sortant des sentiers battus, et une grande technique, en n’hésitant pas à mettre les mains dans le cambouis quand il faut », résume Arnaud Beauville, professeur émérite à l’université de Nice et ­directeur de la thèse de cette étudiante brillante, entrée à l’Ecole normale supérieure de Sèvres en 1981. « Elle est généreuse dans ses idées. Elle a une grande culture mathématique et ­connaît beaucoup d’exemples qu’elle partage avec étudiants et collaborateurs », apprécie l’un de ses anciens étudiants en thèse, François Charles, aujourd’hui professeur à l’université Paris-Sud. Il souligne aussi son « exigence », ­envers elle-même et ses étudiants.
    Preuve par l’exemple. Lorsque nous la rencontrons dans son nouveau bureau encore vide du Collège de France, elle vient de corriger la version écrite de sa leçon inaugurale du 2 juin, car il manque «  : » dans une phrase. « Un énoncé mathématique est économique, on ne peut remplacer un mot par un autre », tranche-t-elle. « Comme son livre, Claire est complète, ­efficace et sévère », décrit Leila Schneps. « Ça ne fait pas de prisonniers », complète Arnaud Beauville en reprenant les mots d’un critique anglophone de ce livre, pour souligner l’absence de concessions de l’auteure.

    Claire Voisin excelle dans une branche très abstraite des mathématiques, la géométrie ­algébrique. Comme le nom l’indique, il s’agit d’étudier des formes (la géométrie) décrite par des opérations et des équations (l’algèbre). Ainsi, un cercle peut soit se dessiner, soit se décrire comme le lieu des points tels que x2 + y2 = 1. Selon les problèmes, se placer dans un formalisme ou dans l’autre peut simplifier la tâche. Bien sûr, très vite, cela se complique. Les équations sont des polynômes avec des puissances plus grandes que 2 et avec des coefficients qui peuvent être complexes (un « pays » où un nombre au carré peut être négatif). Les surfaces sont appelées « variétés » et peuvent, elles aussi, s’épanouir dans de plus grandes dimensions que les deux ou trois habituelles. Les structures sont des « motifs », les outils des « cohomologies », les coïncidences des « syzygies »…
    La discipline est marquée par l’un des génies des maths, Alexandre Grothendieck, disparu en 2014, et qui est aussi célèbre pour sa rupture avec sa communauté dans les années 1980. Claire Voisin n’en fait pas son unique maître et le juge d’ailleurs trop « mégalo » et « misogyne ». Elle lui préfère, pour le style, Jean-Pierre Serre, Pierre Deligne ou encore Phillip Griffiths.

    Son résultat favori est « d’avoir détruit l’intuition des gens », sourit la chercheuse. Elle a en ­effet démontré qu’une conjecture était fausse ! Beaucoup pensaient qu’en « déformant » une certaine famille de variétés, très générales, on pouvait toujours se ramener à des variétés algébriques, plus « structurées » et plus connues. Eh bien non, mais cela repose sur des subtilités à la saveur réservée aux initiés.

    Alain Connes préfère, lui, mettre en avant un résultat ayant intéressé les physiciens qui se penchent sur la théorie des cordes, un domaine qui tente de dépasser les théories actuelles de physique des particules. Claire Voisin a contribué à jeter des ponts entre des concepts a priori éloignés. « Avec les physiciens, j’avais un peu l’impression de servir à plâtrer les choses et d’être considérée comme subalterne », témoigne la mathématicienne. « Les physiciens traversent le décor. Ils écrivent vite et passent à autre chose, quand nous, nous creusons. On a du mal à discuter », tranche celle qui n’hésite pas à dire qu’elle était nulle en physique à l’école et que ses erreurs « la faisaient éclater de rire ».

    Des objets lumineux

    C’était différent pour les maths, qui l’amusaient. « On ne s’ennuie jamais quand on fait des maths !, explique la chercheuse qui, adolescente, pouvait passer quinze jours de vacances à bûcher des problèmes d’olympiades. Mais je ne pensais pas en faire mon métier, car cela ne me semblait pas assez intellectuel. » Elle ajoute : « C’est très différent aujourd’hui. »

    Elle a été « happée » par ces objets mathématiques, se jetant intensément dans ce monde des variétés algébriques complexes. « On a une vie tellement riche, en maths, que la vie quotidienne fait pâle figure. Notre vie est étincelante. Les ­objets y sont riches, lumineux, d’une beauté ­incroyable. On n’en finit pas de les admirer ! » Et d’enfoncer le clou : « Un groupe est un objet mathématique plus simple à comprendre qu’un composant électronique. Nous connaissons mieux nos objets que la plupart de ceux, réels, autour de nous. »« Claire Voisin connaît personnellement toutes les variétés algébriques », résume ironiquement Alain Connes, paraphrasant une boutade célèbre chez ses collègues.

    La chercheuse s’épanouit donc dans ces espaces étranges. Elle tourne même autour d’un problème mis à prix à 1 million de dollars par la fondation Clay. Cette conjecture dite « de Hodge » est une proposition dont on ne sait même pas si elle est vraie. Il y est question d’une structure cachée des variétés. « Ce qui compte, c’est la profondeur d’un énoncé, pas qu’il soit vrai ou faux », note la chercheuse, qui a démontré pas mal de conjectures autour de ce haut sommet de sa discipline. « Je n’aime pas trop l’idée de mettre à prix des énoncés. Les lire est déjà intéressant en soi. On sent qu’ils appellent une théorie, qu’ils structurent les maths », indique-t-elle, décrivant là l’un des moteurs de sa discipline.

    Malgré l’intensité dans le travail et la difficulté de la tâche, Claire Voisin n’est pas hors du monde. Elle a élevé cinq enfants avec son mari, Jean-Michel Coron, également mathématicien et qui a rejoint son épouse sur les bancs de l’Académie des sciences en 2014. Elle s’est mise à la musique pour les accompagner et partage avec ses filles ses impressions de lecture.

    Sur sa position de femme, académicienne, professeure ou mathématicienne, elle s’énerve un peu, avec son ton direct caractéristique, comme dans un courrier au Monde en 2014 : « Je souhaite que mon statut de femme, qui me plaît beaucoup, reste du domaine privé. » Elle ­reconnaît tout de même qu’il faudrait agir en amont du laboratoire, dans les formations, pour corriger des déséquilibres.

    Elle s’évade aussi par les conférences, l’édition et la relecture d’articles, l’encadrement de thésards… L’enseignement, en revanche, lui a toujours fait peur ; elle reconnaît même avoir « perdu » les étudiants, sans doute car trop « exigeante ». Mais pour ses cours au Collège de France, elle est moins stressée, car elle a du temps pour expliquer avec rigueur ses idées. Juste un risque à éviter, « le danger de se parer des plumes de paon en entrant dans cette institution. Ma hantise était de tomber dans les mondanités », dit-elle. Sans concession.

  • Amertume pour l’ultime terminus du #train de nuit Paris-Perpignan-Portbou
    http://www.localtis.info/cs/ContentServer?pagename=Localtis/LOCActu/ArticleActualite&jid=1250271908968&cid=1250271904672

    « Ca a un intérêt vital pour nous », poursuit Claude Portella. « L’été, on doublait ces trains de nuit parce qu’il y avait du monde, c’est un délaissement du service public et c’est mauvais pour l’environnement. C’est faux de dire qu’ils ne sont pas pleins », ajoute-t-il. « La moyenne du taux de remplissage est de 75% », dit-il.
    L’État a signé l’arrêt de mort des trains de nuit à l’automne, avec la fermeture de plusieurs lignes, qui doit se poursuivre en 2017. La ligne Paris-Tarbes-Hendaye-Irun cessera le 1er juillet et la ligne Paris-Nice le 1er octobre. Depuis 2011, la fréquentation des trains de nuit a diminué de 25% et le déficit pour 2016 pourrait s’élever à 100 millions d’euros, selon des estimations datant de juillet.
    « Le train de nuit, c’est Paris à une heure de Perpignan : une demi-heure pour s’endormir, une demi-heure pour se réveiller », proclame depuis le début du mouvement le collectif « Oui au train de nuit », à l’initiative de la manifestation de Cerbère.

    #transport

  • Un couple autorisé à congeler le cordon ombilical de leur bébé pour le soigner plus tard
    http://france3-regions.francetvinfo.fr/cote-d-azur/alpes-maritimes/couple-autorise-congeler-cordon-ombilical-leur-bebe-soi

    Les parents d’un enfant sur le point de naître à Nice, dont la famille compte plusieurs cas de #cancers foudroyants, ont été autorisés par la justice à conserver le #cordon_ombilical du bébé à des fins thérapeutiques pour lui-même, une première en France, a-t-on appris lundi auprès de leur avocat.

    Juridiquement parlant, rappelle [l’avocat], la loi française prévoit que le cordon ombilical appartienne à la mère (...) Si la mère ne dit rien, c’est un déchet opératoire. Si l’hôpital suggère qu’elle peut l’abandonner au profit de la collectivité, elle peut signer un papier", poursuit l’avocat.

    Le leader européen de la congélation de cordons :
    http://ch.cryo-save.com/fr-ch/au-sujet-de-cryo-save/qui-nous-sommes

    #cellules_souches

  • A Modane, la frontière franco-italienne déjà fermée aux migrants

    On parle beaucoup de l’Allemagne et d’autres pays de l’Union européenne qui ont rétabli provisoirement les contrôles aux frontières. Mais en France, la fermeture des frontières est déjà une réalité pour les migrants.


    http://www.rue89lyon.fr/2015/09/15/modane-lautre-ville-frontiere-pour-les-migrants

    #Modane #frontières #histoire #migrations #passage #Italie #France #photographie #fermeture_des_frontières

    Le travail photo de #Benjamin_Vanderlick sur flickr :
    https://www.flickr.com/photos/vanderlick/albums/72157622384064657

  • La Cimade | La répression de la solidarité doit cesser !
    http://asile.ch/2016/11/24/cimade-repression-de-solidarite-cesser

    Le tribunal de grande instance (TGI) de Nice juge aujourd’hui Pierre-Alain Mannoni pour avoir porté assistance à trois réfugiées érythréennes dans la vallée de la Roya. Il les a prises en stop le 17 octobre dernier alors qu’elles souhaitaient consulter un médecin. Pierre-Alain a simplement porté assistance à des personnes vulnérables en danger.

  • L’aide aux migrants en procès à Nice

    Le tribunal de Nice juge, mercredi 23 novembre, un universitaire et un agriculteur poursuivis pour « aide à l’entrée sur le territoire national » d’étrangers en situation irrégulière.


    http://www.la-croix.com/France/Justice/Laide-migrants-proces-Nice-2016-11-23-1200805272

    #procès #délit_de_solidarité #asile #migrations #France #réfugiés #solidarité #Cédric_Herrou #La_Roya #frontières #Vallée_de_la_Roya #frontière_sud-alpine

  • A la frontière italienne, ceux qui aident les réfugiés sont harcelés et à bout
    https://www.mediapart.fr/journal/france/231116/la-frontiere-italienne-ceux-qui-aident-les-refugies-sont-harceles-et-bout

    © (LF) Dans la #Vallée_de_la_Roya, à la frontière franco-italienne, depuis mai 2016, un réseau de citoyens secourt les migrants, pour beaucoup des enfants, qui tentent de rejoindre le nord de l’Europe par les voies ferrées, sentiers et autoroutes. Un enseignant doit être jugé mercredi 23 novembre à Nice. Arrêté et placé en garde à vue, un agriculteur fait également l’objet de poursuites.

    #France #délit_de_solidarité #immigration #libertés_publiques #solidarité #Vintimille

  • A la frontière italienne, ceux qui aident les réfugiés sont harcelés
    https://www.mediapart.fr/journal/france/231116/la-frontiere-italienne-ceux-qui-aident-les-refugies-sont-harceles

    © (LF) Dans la #Vallée_de_la_Roya, à la frontière franco-italienne, depuis mai 2016, un réseau de citoyens secourt les migrants, pour beaucoup des enfants, qui tentent de rejoindre le nord de l’Europe par les voies ferrées, sentiers et autoroutes. Un enseignant doit être jugé mercredi 23 novembre à Nice. Également arrêté et placé en garde à vue, un agriculteur a été relâché sans poursuite.

    #France #délit_de_solidarité #immigration #libertés_publiques #solidarité #Vintimille