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  • Notre-Dame : déferlement de cléricalisme | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/michel-pinault/blog/160419/notre-dame-deferlement-de-clericalisme

    Le dramatique incendie de Notre-Dame à peine maîtrisé, nous assistons à un déferlement -prévisible - de cléricalisme. Les journalistes médiatiques, le plus souvent sans faire preuve d’une once de culture historique, et les éditorialistes commentateurs triés sur le volet, du Figaro à Challenge, rivalisent : l’occasion est trop belle !

    Derrière eux, les Arnaud et les Pinault annoncent des « dons » prodigieux - on peut parier qu’Auteuil-Neuilly-Passy vont se mobiliser - pour contribuer à la « grande souscription nationale » aussitôt annoncée par Jupiter soudain converti en Saint-Louis, bâtisseur de cathédrales.

    Le journal Le Monde va jusqu’à écrire : « La cathédrale a résisté aux nazis, elle ne va pas nous lâcher maintenant » ! Drôle de façon de réécrire l’histoire.

    Comme on le sait, Notre-Dame n’a pas résisté aux nazis et l’Église catholique a été depuis le début et jusqu’à la dernière heure, pétainiste à fond.
    Le cardinal Suhard, archévêque de Paris, anti-communiste et anti-gaulliste, était résolument du côté du régime de Vichy, il était opposé à toute forme de résistance contre l’occupant. Le 26 août 1944, il lui a été interdit d’accueillir le général de Gaulle à Notre-Dame, lors de la messe de Te Deum. Il a été consigné dans ses appartements. C’est tout dire !

    Ce cardinal-archevêque avait accueilli la tournée triomphale de Pétain en avril 1944, et avait également présidé aux obsèques nationales du collaborateur en chef, Philippe Henriot, antisémite notoire, fondateur de la Légion et dirigeant de la Milice, exécuté en juin 1944 par la Résistance.
    Il avait négocié avec l’amiral Darlan, le ministre de l’Éducation nationale, Jérôme Carcopino1 et le ministre de l’Intérieur, Pierre Pucheu, un système de financement de l’école privée catholique, par des subventions de l’État (juillet 1941). Ces subventions étaient réparties par les préfets, dans chaque département. Un horaire commode d’enseignement religieux facultatif fut aussi instauré dans l’enseignement public.

    Le cardinal Baudrillard voyait dans "la noble entreprise" menée par l’Allemagne nazie une "nouvelle croisade". Comme l’archevêque de Paris, il a condamné « les appels à la violence et les actes de terrorisme, qui déchirent aujourd’hui le pays, provoquent l’assassinat des personnes et le pillage des demeures » (appel des évêques de février 1944).

    Aucun prélat n’a rallié Londres pendant la guerre. Si certains d’entre eux ont couvert des actes de Résistance ou même appuyé la Résistance, si bien sûr des catholiques ont été des résistants (Témoignage chrétien a été créé dans la Résistance), l’Église dans son ensemble est restée fidèle à Pétain jusqu’au bout.
    Inutile d’évoquer, en plus, le rôle bien connu du Pape Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale....

    Laisser entendre que Notre-Dame ait résisté aux nazis, laisse rêveur…

    Tout le siècle précédant ces épisodes avait été marqué par les luttes entre l’Église et la République. Monarchiste tant que cela a été possible, hostile à la démocratie, l’Église a dénoncé et combattu l’esprit et le projet de la Révolution française.
    Elle a tout fait pour préserver son emprise sur les jeunes esprits, obtenant des régimes conservateurs successifs (Restauration, Second Empire) le rétablissement et la préservation de ses privilèges en matière d’enseignement, elle a combattu de toutes ses forces l’enseignement laïc, public et obligatoire ; elle s’est opposée à l’éducation des filles. Elle s’est constamment opposée à toutes les formes d’émancipation, suffrage universel, luttes des prolétaires contre le patronat « de droit divin », droits des femmes, divorce, contraception, interruption de grossesse. J’en passe.

    Quand on dit « l’Église », il faut préciser le clergé, depuis la tête – le Pape – jusqu’à chaque curé de chaque paroisse, en passant par les ecclésiastiques (évêques, archevêques, cardinaux), les ordres et les congrégations, le catéchisme, l’immense presse confessionnelle, le culte des saints (Sainte-Vierge, Jeanne d’Arc, Bernadette Soubirous, Thérèse de Lisieux), les processions publiques, les cérémonies officielles. D’où le nécessaire anticléricalisme républicain, d’où le combat jamais achevé pour la laïcité et pour la séparation de l’Église et de l’État, comme condition de la libération de la population vis à vis de la tutelle religieuse.

    La réaction reste, en France, alignée sur ce que l’Église a de plus conservateur. Celle-ci reste, pour les élites privilégiées, l’ultime garant de l’ordre moral et social - comme l’armée et, de nos jours, les médias dominants qui se moquent comme d’une guigne que la majorité des Français sont sans affiliation religieuse. Pour ces raisons, pour les progressistes, plus que jamais, « l’anticléricalisme, c’est l’asepsie », comme on disait, dans les milieux républicains qui n’étaient pas encore majoritaires et se mobilisaient dos au mur, dans les années 1900.

    Notre-Dame, cette enclume plantée au cœur de l’île de la Cité, a longtemps symbolisé le pouvoir ecclésiastique aussi bien que le pouvoir royal. Quoi qu’il en soit de sa beauté architecturale portant l’empreinte du génie de ses constructeurs et du travail des milliers d’ouvriers qui l’ont édifiée, quoi qu’il en soit de l’œuvre de Victor Hugo qui a voulu magnifier sa dimension populaire, son caractère symbolique écrasant - qu’on a si bien su imiter et renouveler en édifiant le Sacré-Cœur - ne se laisse pas ignorer. Elle reste un lieu dont les puissants qui viennent s’y faire consacrer - souvenons-nous de la messe pour Mitterrand - usent et abusent pour signifier qu’ils restent les maîtres.

    • « Tout va au grand corps qui est là et qui brûle sous nos yeux. »

      https://www.youtube.com/watch?v=hg1QscTzwLo

      Athées ou croyants, Notre-Dame est notre cathédrale commune. Le vaisseau, la nef qui nous porte tous sur le flot du temps. Et je crois que nous l’aimons de la même façon. Il y a ceux pour qui la main de Dieu est à l’œuvre dans l’édification de ce bâtiment. Mais ils savent que si elle y parait si puissante, c’est sans doute parce que les êtres humains se sont surpassés en mettant au monde Notre-Dame. Et d’autres, ceux qui connaissent le vide de l’Univers privé de sens et l’absurde de la condition humaine, y voient par-dessus tout cette apothéose de l’esprit et du travail de milliers de femmes et d’hommes durant deux siècles et depuis plus de huit cent ans. Ils ressentent ce que la cathédrale a signifié depuis sa première heure, quand elle n’était encore qu’un plan, et à l’instant où fut planté le clou d’or d’où seront tirées toutes les lignes et commencés tous les calculs.

      Bien sûr, Notre-Dame accueille tout le monde, et la foi catholique l’anime. Mais elle n’appartient à personne ou bien seulement à tout le monde, comme les pyramides du plateau de Gizeh. Tout le monde, c’est-à-dire la cohue sans fin des générations qui se sont mise les unes sur les épaules des autres jusqu’au sommet des tours, des flèches, et ne se sont jamais arrêtés en chemin vers le ciel, l’espace, la lune, les planètes, les étoiles ! Du premier calcul pour faire tenir debout une voute de 33 mètres de hauteur à celui qui a permis à la sonde Rosetta et son émissaire Philae de parvenir jusqu’à l’astroïde Tchouri, la patate glacée dans l’espace, c’est tout un. Et avant la cathédrale, je dirai que le temple d’Apollon qui se trouvait là visait de même. Que le bâtiment soit un édifice religieux n’empêchera jamais qu’il soit l’incarnation de la victoire de nos anciens contre l’obscurantisme.

      Des croisades, on ramena les sciences mathématiques, physiques et chimiques que l’Orient avait conservées. Elles germèrent dans les esprits. Elles y mirent un terrible dilemme. Il n’a jamais quitté notre civilisation. Il a pris successivement mille visages. Il hante encore l’esprit de chacun tout entier dès qu’il pense. Le voici : il y a la vérité révélée, celle qui vient de l’extérieur, qui est affirmée par la coutume ou la religion et qui s’impose avec le visage rassurant de l’évidence. Et il y a celle que l’on trouve avec son propre cerveau, d’après sa propre enquête, ses propres calculs, celle que la science approche chaque jour d’un peu plus près. Toute la dignité de l’être humain est dans cette tension qui le pousse à décider par raison davantage que par instinct, par réflexion indéterminée plutôt que par le comportement programmé de son espèce.

      Notre-Dame est le signal d’un temps nouveau qui commençait. Il symbolise la douleur du savoir qui doute de lui-même pour avancer, l’inébranlable confiance dans l’esprit et dans sa victoire possible contre l’ombre qui masque, la mort qui soustrait et l’ignorance qui trompe. Notre-Dame est un message universel. Le peuple de France ne s’y est pas trompé. Tous ses grandes heures y ont transité. Des premiers États Généraux à la victoire sur les nazis, la nef a accueilli toutes nos clameurs libératrices. Je me dis qu’elle ne brûlera jamais tout à fait. Il en restera toujours un morceau qu’un être humain voudra continuer vers le ciel.

  • La défense des juifs, ultime morale des pouvoirs que leurs peuples désavouent | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/171594/gilets-jaunes-antisemitisme-pretexte-pouvoir-vigilants

    par Claude Askolovitch

    La haine de la plèbe chez les bourgeois honnêtes m’a toujours amusé ; elle est une pensée décorative qui distrait de la peur, et comme ce pouvoir cède et cède encore à quiconque le menace, policiers en préavis de grève ou « gilets jaunes » qui répondent en brutes de bal populaire à la violence légitime de l’État, comme le président est allé plier le genou virtuel sur la pétition web d’une « gilet jaune » et lui a écrit que finalement, elle avait raison, les marcheurs dépités ont bien droit à un réconfort verbal. Ils se requinquent en stigmatisant l’antisémite, et n’auront pas peur de combattre les quenelliers ! Ah, les braves gens.

    Au demeurant, la quenelle est une saloperie. Mais, oserais-je, la quenelle des salopards n’est qu’un instant des « gilets jaunes », que seule l’acrimonie élitaire décrète signifiant.

    On aurait pu, a contrario, passer en boucle sur nos télévisions ces « gilets jaunes » savoyards qui s’enlaçaient sur « La foule » de Piaf, dans une scène douce et onirique, le soir où des gendarmes émus levaient leur barrage, et on aurait alors commenté leur ressemblance avec les occupants d’usines du Front populaire ? On aurait pu chanter la fraternité de ces veillées de Noël où des « gilets jaunes » se sont tenu chaud, et l’humanité émouvante de ces désormais plus que rien. Mais concernant le peuple ici et maintenant, spontanément, une bourgeoisie préfère voir la chemise brune sous le gilet jaune. Et je ne pourrais, juif, que m’en inquiéter.

    J’appelle ici « vigilants » ces femmes et ces hommes cultivés et engagés qui, je n’en doute pas, ne me veulent, juif, que du bien, et qui recherchent, cherchent encore et trouvent toujours –la haine est irréfutable– l’antisémitime qui rongerait le pays. Les vigilants sont des éclairagistes d’influence. Ce qu’ils sortent de l’ombre devient indiginité nationale. On ne saurait discuter leurs affolements qui, mis bout à bout, deviennent une lecture admise de la société. Les vigilants, cette saison, ont éclairé les « gilets jaunes » d’une lumière implacable.

    Avant les quenellards du samedi parisien, ils avaient ainsi mis à jour une banderole, photographiée dans le Rhône, qui attestait l’ambiance. On y lisait, en contrebas d’un barrage de « gilets jaunes », cette équation sordide et clairement anti-juive : « Macron = Drahi = Attali = Banques = Medias = Sion », les « s » étant calligraphiés façon nazie, les « a » suggérant un triangle franc-maçon. Indubitablement odieuse et fasciste, cette banderole fit florès. Pourtant, elle ne disait rien des barrages, ni de celles et ceux qui les tenaient.

    Le Progrès, 20 minutes ou l’AFP en firent justice dans des articles enquêtés. La banderole, saleté éphémère, n’avait été en place que peu de temps ; les « gilets jaunes » qui tenaient le barrage, l’ayant découverte, l’avaient détruite eux-mêmes. Elle ne venait pas d’eux. Elle était, cette banderole, l’œuvre de provocateurs malins, squatteurs pervers et anonymes d’un mouvement peu structuré.

    Mais –puissance de la vigilance et de la pulsion de bavardage de nos élites– la banderole, démontée, vécut avec une intensité rare et fut une tendance sur les réseau sociaux, la première preuve de l’antisémitisme des contestataires, avant la confirmation quenellarde, point d’orgue du « on le savait bien ».

    J’ai, juif, un point de vue sur les vigilants : ils m’enferment bien plus qu’ils ne me protègent, et travestissent bien plus qu’ils ne révèlent. Ils m’exposent à des combats dont je ne veux pas et dont je deviens le prétexte. Ils me singularisent, affolent ma mère et avec elles toutes celles et ceux, juifs, qui à force de matraquage pensent que toute l’actualité, encore et toujours, converge contre nous. C’est heureusement inexact, quand bien même nos paysages ne sont pas joyeux.

    Dans une France d’abandon et de rancœurs, de rumeurs et d’inquiétude, les crapuleries d’un Soral ou d’un Dieudonné peuvent se glisser en folklore sordide. Mais ce n’est pas l’antisémitisme qui mène ce bal, simplement l’envie de vulgarité qui anime les hommes que l’on oublie, et qui s’oublient.

    C’est triste pour la France, mais est-ce périlleux pour les juifs ? Ces malheureux idiots ne nous détestent pas de préférence, en dépit de leurs gourous, et il serait absurde d’entrer dans leur perversité et de la nourrir d’indignations forcées. La scène du Sacré-Cœur était laide bien avant d’être antisémite. Sans doute ne l’était-elle pas, et celle du métro, possiblement, pas davantage. De la viande bête, de la viande saoule, entonne un air vulgaire et reproduit un geste de pornographie politique.

    La vieille dame du métro n’a pas voulu porter plainte et conteste que les pochtrons imbéciles qu’elle avait chapitré ait prononcé des mots anti-juifs. Il n’y avait, pour nous juifs, pas grand-chose à dire ; on a dit pourtant, et c’est ici que je redoute un danger, si d’habitudes, de paresses, d’automatismes, de vigilance, de cynisme, on mobilisait l’offense faite aux juifs pour punir les « gilets jaunes », en les écrasant d’une épithète infâmante.

    Cela a commencé, cela a pris, le bavardage est le propre de la politique. C’est, manifestement, une méchanceté et un mensonge. Croit-on vraiment que sur les barrages, il n’y a pas de tendresse ni de beaux sentiments ? Croit-on que dans la foule, il n’est pas d’espérance ni d’humanité ?

    Mais on brosse à petites touches, de petits faits vrais mais choisis, un tableau sordide d’une France des provinces lumpenisée et trumpisée, perméable au complotisme, acquise à l’antisémitisme, mue par la haine de l’élite et des Rothschild qui furent les patrons de Macron, et tout, alors, serait limpide, et tout serait plié.

    Que l’on prenne garde : ce discours est performatif plus que descriptif. Il ne raconte pas le mouvement, mais l’emprisonne et peut le remodeler. Il anticipe ce qui n’est pas et n’a pas lieu d’être, mais qui sait ? Il fabriquera l’horreur, s’il apparaît qu’effectivement, la question juive est le prétexte des gouvernants contre les réfractaires, si pour disperser cette révolte qui l’empoisse, les beaux chevaliers de la forteresse assiégée du pouvoir m’empoignent, moi, juif, et m’utilisent comme leur arme suprême, me jettent à la figure des enragés. La haine, alors, viendra.

    L’antisémitisme n’est pas une vue de l’esprit. Il existe dans les replis de notre société, blesse et parfois tue. Mais il n’est qu’une violence minoritaire, marginale et condamnée –et instrumentalisée aussi bien. L’antisémitisme est cette aubaine que la vigilance offre aux gouvernants en souci. Nous y sommes, exactement. Pris en flagrant délit de mépris puis de reculade, le pouvoir –ses hérauts– s’oublie et se grise de vertu, tel un doux ivrogne qui chasse ses faiblesses dans la dive bouteille.

    Soyons clairs, ici. Les juifs français, une poignée de centaines de milliers d’individus citoyens, ne participent pas à cette construction. On la leur amène, on la leur impose, on les y enferme, dans les façons des vigilants, dans la complaisance des politiques à nous témoigner des sollicitudes, et chacun se félicite d’une si bonne entente.

    Tout ceci est humain et parfois de bonne compagnie, mais pas exempt de danger ni de folies. Depuis des années –la montée des actes antisémites en attestait–, on expliquait aux juifs et à propos des juifs que l’islamiste, le musulman, l’immigré par extension, le migrant, l’homme de la banlieue islamisée et ensauvagée, était l’ennemi du juif comme de la République, et l’ennemi des ensauvagés était notre gardien.

    Les vigilants cultivaient la bourgeoisie libérale et d’autorité, qu’elle fut socialiste ou de l’ex-UMP. D’autres allaient plus loin et, avec une certaine logique, affirmaient que face à l’ennemi, les juifs devaient résolument pencher à droite, le plus à droite possible, et devenir avec le triste Zemmour et le joyeux Goldnadel les flancs-gardes des Le Pen, Wauquiez ou Dupont-Aignan, car les ennemis de mes ennemis sont mes amis, comme dirait Benyamin Netanyahou, qui préfère Orbán et Bolsonaro au juif cosmopolite Soros et aux mollassons démocrates. Nous ne jouions plus Crémieux puis Lacoste, si l’on parlait de l’Algérie, mais l’OAS ; il fallait bien cela pour nous épargner l’islam et ses ensauvagés des cités, nos repoussoirs communs.

    Ils brossent, ces vigilants, le tableau d’une France dont Soral rêverait, qui n’existe pas mais qu’il fabriquent de leur jactance, que des médias de Panurge prolongent et que des politiques sans structure entérinent.

    Je devrais, juif, éviter aussi bien la Somme que la Seine-Saint-Denis, redouter Trappes comme Carcassonne. Je devrais, dans une terre qui a oublié mon martyre, me résigner à ne vivre qu’à l’amitié des riches, des puissants et des cyniques, et accepter, pour mon bien, que mon histoire serve à repousser le musulman comme le « gilet jaune », que certains ici veulent traiter en ennemi.

    Tariq Ramadan d’un côté, la quenelle de l’autre, les épouvantails à juifs quadrilleraient le territoire, et seul le pouvoir, seuls les possédants, seuls les libéraux, seuls les macronistes, seuls ceux qui possèdent le monde, pourraient me tolérer.

    Réalise-t-on –je parle en juif et en républicain– ce que portent ces logiques susurrées, instillées, admises, commentées et retweetées ? Rarement la vérité simple d’un pays aura été niée à ce point par un discours prétendu vertueux –et j’en serais, juif, l’objet, et ils en sont, les vigilants, coupables.

    Réalise-t-on pourtant quel malheur nous préparons –je parle en juif–, si venons à penser que dans notre pays, seuls les riches nous agréeraient, si nous oublions que ce peuple mal embouché nous cacha, jadis, quand les élites prêtaient serment à Pétain ?

    Pouvons-nous, juifs, vivre heureux en France dans l’idée que le peuple nous rejette, si nous participons ensuite à son humiliation, et si nous consentons aux opportunismes des politiques et aux manipultions des vigilants ? Nos ancêtres, sous l’autocrate russe, savaient être tolstoïens et ne haïssaient pas le moujik au prétexte des progromes, pourtant réels ceux-là.

    Posons pour finir. Nul ne prétend que le pays est simple, ou la période.

    Nul ne prétend que le mouvement baptisé « gilets jaunes » est exempt de laideurs populacières, qui s’entremêlent aux insurrections populaires.

    Nul ne croit que Dieudonné ou Soral sont des illusions.

    Nul le croit que les peuples sont commodes, et joyeux les dilemmes des juifs.

    Nul ne pense qu’il est facile d’être de gauche au Royaume-Uni, quand Jeremy Corbyn, ayant rendu le Labour aux masses, grasseye le plus stupide des tiers-mondismes et, croyant aimer la Palestine, autorise le malheur des vieux juifs du travaillisme.

    Nul ne pense qu’il est pimpant de se vouloir insoumis, quand le populaire François Ruffin fait résonner des thèmes étranges et ne veut pas comprendre qu’Étienne Chouard, complotiste et un temps soralien, n’est plus de son monde. Mais s’il l’était ? Et de cette question, je suis, comme d’autres, et en dépit de moi, contaminé.

    #Antisémitisme #Manipulation #Médias #Gilets_jaunes

    • Je ne peux pas dire que je suive de très près l’actualité, je crois qu’au contraire j’ai pris de très mauvaises bonnes habitudes en 2016-2016 en décidant de tout ignorer de la catastrophe électorale en cours alors, mais lors de mes exercices de dyslexie créative, j’ai bien vu passer un article ou l’autre à propos de ces incidents antisémites relatifs aux gilets jaunes (qu’on met toujours entre guillemets dans Le Monde, comme si la chose était salissante), et j’ai été surpris de ma propre réaction, je me suis dit, ah ben tiens comme c’est curieux, l’antisémitisme comme dernière cartouche du discrédit et puis de vieux réflexes plus prudents m’ont dit que sans doute il fallait que je fasse un choix sur cette affaire, soit je me documentais, j’essayais d’en savoir un peu plus sur le sujet pour me forger une opinion qui soit un peu plus qu’une réaction, soit je retournais dans mon garage faire de l’html avec des bouts de trucs à moi et je décidais de n’en rien penser, j’ai choisi, évidemment, la deuxième solution. Et puis je tombe sur cet article dans mon fil de seenthis et j’en suis drôlement reconnaissant à Claude Askolovitch qui confirme bien ce que je pensais tout bas, le tout en continuant de jouer dans mon garage.

  • Macron et Pétain : la curieuse rhétorique
    https://www.fnlp.fr/news/596/17/Macron-et-Petain-la-curieuse-rhetorique/d,lp_detail.html

    Quand le général Pershing débarqua à Saint-Nazaire en 1917 à la tête du corps expéditionnaire US, la légende dit qu’il cria « La Fayette, nous voilà ! » Avec #Emmanuel_Macron pour le 100e anniversaire du 11 novembre 1918, c’est plutôt :  « La boulette, nous voici ! ». Mais y aurait-il une simple erreur de communication dans son hommage rendu à #pétain. Qui suit qui ?

    Si l’on en croit le Point : « Alors qu’Emmanuel Macron avait soutenu cette idée de rendre hommage au maréchal Pétain ce samedi aux Invalides, en début de soirée, l’Élysée a assuré le contraire. Le chef de l’État avait notamment jugé « légitime » de rendre hommage au maréchal Pétain samedi aux Invalides, soulignant que le dirigeant du régime de Vichy avait été « pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat », même s’il a « conduit des choix funestes pendant la Seconde. » Et à propos de celui qui fut condamné en 1945 à l’indignité nationale et à la mort pour « collaboration avec l’Allemagne nazie » il rajouta : « Il a été un grand soldat, c’est une réalité. »

    Rappelons aussi que parler sans cesse du « maréchal » Pétain est un faux juridique, il a été condamné à l’indignité nationale en 1945 et déchu du titre de maréchal et. Il ne peut donc plus être question de lui décerner ce titre aujourd’hui. Il n’y a pas plus de « maréchal Pétain » que de beurre en branche. Mais tout cela est-il aussi innocent qu’il y paraît ?

    La version officielle macronesque est donc (au mépris de la vérité) : « Pétain a été un grand chef de guerre en 1914-1918, il s’est mal comporté ensuite. Il faut distinguer 1914-1918 de 1939-1945 ». Voici ce qu’en dit sa biographe réputée : « L’historienne Bénédicte Vergez-Chaignon, auteure d’une biographie de Pétain (éditions Perrin, 2014), écorne cependant le mythe du héros et du « plus humain des chefs ». Si Pétain économise la vie des soldats, explique-t-elle en substance, ce n’est ni par humanisme ni par compassion, mais parce qu’il dispose de ressources humaines limitées. Pour mater les mutineries de 1917, il améliorera le quotidien du poilu, mais continuera de faire fusiller « pour l’exemple ». (Source : Le Point)

    Appliquons le raisonnement macronesque à d’autres cas célèbres

    « Il faut distinguer le #Hitler du début du XXe siècle à l’horrible dirigeant #nazi qu’il fut ensuite. Il fut un aquarelliste honorable à Vienne et un excellent caporal en 1914-1918. La Guerre de 1939, les pogromes contre les Juifs, Auschwitz et les 6 millions de #Juifs assassinés sont à examiner à part. » Qui pourrait colporter une telle version ignoble ? Qui ne serait pas légitimement indigné d’une telle déclaration ?

    « Il faut distinguer le #Staline au XIXe siècle qui fut un pas-très-brillant #séminariste et le Staline après 1924 qui fut un assassin patenté, qui a plus de sang de #communistes sur les mains qu’’Hitler et qui a persécuté le clergé orthodoxe, comme il a persécuté tout le monde. » Qui pourrait croire à une telle fadaise ?

    C’est pourtant bien la curieuse rhétorique que nous sert Emmanuel Macron à propos du chef de l’Etat français condamné pour collaboration avec l’#Allemagne nazie. Qui n’y voit pas une réhabilitation larvée du Pétain de #Vichy avec tous les crimes qui vont avec ?

    Il y a quand même de curieux points de convergence entre Pétain et Macron

    Il y a le logo de #En_marche ! Le même que celui du régime de Vichy. Il y a ensuite aujourd’hui la volonté de disloquer la loi de 1905 de Séparation des #Églises et de l’#Etat, en reprenant les mêmes dispositions financières et réglementaires que la loi du 25 décembre 1942 de Pétain.

    Il y a ensuite toute la conception sociale et économique de la société : le corporatisme issu de la Doctrine sociale de l’Eglise catholique qui fut mis en œuvre par Pétain, à l’instar de Salazar, Franco, Mussolini, Hitler. Voici ce qu’en dit La Croix du 26 juin 2018 (que l’on ne peut suspecter d’#anticléricalisme primaire) : « Son action montre qu’il [Macron-NDLR] est certes sensible aux thèses libérales d’amélioration des performances de notre #économie, mais aussi attentif aux mécanismes de solidarité collective, dont il conviendrait d’améliorer l’efficacité. Au fond, cela rejoint le discours de la Doctrine sociale qui, de Léon XIII jusqu’à François, s’est toujours prononcé pour une solidarité institutionnellement organisée sans pour autant tomber dans l’écueil de l’assistanat contre quoi Jean-Paul II cherchait à nous prémunir : « L’État a par ailleurs le devoir de surveiller et de conduire l’application des droits humains dans le secteur économique, (…) mais en intervenant directement et en privant la société de ses responsabilités, l’état de l’assistance provoque la déperdition des forces humaines, l’hypertrophie des appareils publics, animés par une logique bureaucratique plus que par la préoccupation d’être au service des usagers, avec une croissance énorme des dépenses » (Centesimus annus). »

    On peut remarquer que la stigmatisation "l’état assistance" tout comme la prétendue "hypertrophie des appareils publics" inspire directement la remise en cause des services publics, leurs #privatisations ou la réduction de leurs budgets de fonctionnement.

    Comment ne pas voir aussi que la destruction du #Code_du_Travail par les lois Travail de #Hollande et de Macron est directement inspirée des #encycliques sociales papales ? Tout cela commence à faire beaucoup. Il n’y a donc peut-être pas qu’une « boulette » ou un faux pas dans tout ce scénario grotesque d’hommage à Pétain par Emmanuel Macron.

    Si vous voulez en savoir plus, la #Libre_Pensée vous conseille de vous procurer le volume IV (Tome 6) des Actes du Colloque tenu à #Lyon sur Pétain. C’est un ouvrage complet et complété qui fait suite aux trois premiers volumes déjà publiés.

    • A propos du 11 novembre, savez-vous que… FNLP
      https://www.fnlp.fr/news/590/17/A-propos-du-11-novembre-savez-vous-que/d,lp_detail.html

      Il a été annoncé sur un air de sonnerie militaire que #Donald_Trump allait participer au défilé et à la parade pour le centième anniversaire du #11_novembre 1918. Cela n’a l’air de rien, mais c’est très significatif. Depuis 1918, il n’y a jamais eu de défilé militaire pour le 11 novembre, sauf le 11 novembre 1944, qui a mélangé les civils et les militaires. C’était la Libération. Mais autrement, JAMAIS il n’y a eu de parade militaire à cette occasion. Les anciens combattants, les soldats, les victimes de guerre, les « #gueules_cassées » ont interdit depuis 1918, la glorification de la guerre le 11 novembre. Le défilé de la « Victoire », c’était le 14 juillet 1919. Les 14 juillet, il y a depuis le défilé militaire pour « exalter » la force militaire de l’#impérialisme français.

      Les survivants de la boucherie impérialiste de 1914-1918 ont imposé que le 11 novembre prenne un caractère contre la guerre, pour la paix et l’entente entre les peuples. « Plus jamais cela ! ». Et on nous annonce qu’Emmanuel Macron et Donald Trump vont présider un défilé militaire à Paris le 11 novembre 2018 !

      Et aussi :
      Le symbole est clair : c’est la guerre qui dure, c’est la guerre qui vient. C’est la guerre comme seul horizon

      Quelle autre signification que le maintien de la guerre et de l’exploitation ?

      A la recherche d’une commémoration

      Le 11 novembre : Commémoration religieuse ou journée des Poilus ?

      Trois ans d’attente

      Qui a fait le 11 novembre ?

      Qu’ont-ils fait du 11 novembre ?

  • cinq belles réponses à une vilaine question
    À propos du « débat sur l’identité nationale »

    http://lmsi.net/Cinq-belles-reponses-a-une-vilaine

    En soutien à Danièle Obono, qui subit aujourd’hui l’intégrisme francophile, et tout simplement le racisme, nous republions ce texte, qui revient notamment sur l’impossibilité, aujourd’hui, de clamer Vive la France, et la légitimité, a contrario, d’une réponse comme Nique la France.

    Au terme du « débat sur l’identité nationale » organisé par Éric Besson, l’heure est au bilan, non pas sur la nature de ladite identité nationale mais sur la signification d’un tel « débat », sa fonction, ses effets sociaux et enfin la réponse politique qu’il appelle. Si en effet une identité nationale doit aujourd’hui être interrogée, ce n’est pas une identité raciale, confessionnelle ou culturelle mais une identité politique. Non pas une identité immémoriale et éternelle (cet improbable « Occident judéo-chrétien » autour duquel on voudrait nous faire communier) mais une forme historique singulière. La question à se poser n’est pas « Qu’est-ce que la France ? » mais « Qu’est-ce, politiquement, que la France de 2010 ? » Non pas « Que sommes nous ? » mais « Que sommes nous devenus pour accepter d’être réduits à une nationalité ? ». Non pas « Comment promouvoir la fierté d’être français ? » mais « Pourquoi faudrait-il être fier d’être français ? Qui veut qu’on le soit, et pour quoi faire ? ».

    Il n’y a bien évidemment aucune raison d’être fier d’être français, premièrement parce que nous ne sommes pour rien dans cette nationalité dont nous ne faisons qu’hériter ; deuxièmement parce que Pétain et Lacoste sont aussi français que Jean Moulin et Franz Fanon, parce qu’à côté des innombrables oeuvres artistiques, culturelles, sociales ou politiques admirables produites par des Français existent aussi des guerres, des oppressions, des bassesses et des lâchetés tout aussi innombrables et tout aussi françaises ; troisièmement parce que, de Samuel Beckett et Pablo Picasso à Missak Manouchian et Olga Bancik, des étrangers, de passage ou installés en France, ont eux aussi marqué positivement l’histoire du pays ; enfin parce que les Françai-se-s les plus admirables ont toujours été celles et ceux qui ont fait passer avant la nation leur appartenance à une autre communauté, transnationale : la communauté scientifique, celle des artistes, des musiciens, des philosophes, des antifascistes, des femmes, des prolétaires, des damnés de la terre, des nègres ou des créoles…

    Une fois rappelées ces évidences, cinq leçons peuvent être tirées de cette séquence de « débat », que synthétisent cinq contre-mots d’ordre, apparus dans le mouvement social et la culture populaire ces dernières semaines, ces derniers mois ou ces dernières années.

    #racisme #nationalisme #neo-colonialisme #identité_nationale #obono

  • Sur la rafle du Vél d’Hiv, Marine Le Pen veut ramener la France trente ans en arrière | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/143159/le-pen-rafle-vel-hiv

    Ses propos s’inscrivent dans une école de pensée qui a été longtemps majoritaire en France, notamment sous De Gaulle et Mitterrand : celle qui consiste à dire que Vichy et l’État français ne constituaient qu’une autorité de fait, « nulle et non avenue » selon les mots de De Gaulle, et qui n’avaient pu prétendre à aucun moment représenter leur pays, quel que fût le soutien populaire dont ils avaient bénéficié ; que le vote des pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940 étant anticonstitutionnel, les décisions de Vichy ne pouvaient pas être attribuées à une France qui, à ce moment-là, était à Londres. Et qui conclut donc que les positions de Chirac et de ses successeurs constituent une repentance et une autoflagellation malvenue... (Ce qui est oublier que, dans leurs discours, Chirac comme Hollande distinguaient en fait deux France : « Il y a aussi la France, droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie. Et cette France-là n’a jamais été à Vichy », lançait Chirac, tandis que son successeur rendait « hommage à tous ces Français qui ont permis que survivent les trois quarts des Juifs de France »).

    On trouve trace de cette école de pensée dans des critiques de divers responsables politiques (Marie-France Garaud, Jean-Pierre Chevènement, Philippe Séguin ou Henri Guaino, par exemple, avaient critiqué les discours élyséens), mais aussi, de manière plus extrême, dans les écrits d’un Éric Zemmour affirmant que le 16 juillet 1995, Jacques Chirac avait « raflé » le général De Gaulle. Le polémiste avait aussi défendu le rôle du régime de Vichy dans la protection des juifs français, thèse critiquée par de nombreux historiens.

    En 2012, au moment du discours de François Hollande, l’un des meilleurs spécialistes français de Vichy, Henry Rousso, jugeait pourtant que ce passé avait « enfin trouvé sa place » et qu’on avait assisté à une « normalisation » de la mémoire.

    #Linfiltré #PhoneStories #FN

    • Blocage du FN : communiqué des coloristes sur voie rapide.
      (version officielle)

      Aujourd’hui, dimanche 26 février, pour perturber la tenue du meeting de Marine Le Pen à #Nantes et en réponse à l’appel à blocage lancé par l’assemblée nantaise « A l’abordage », nous avons réservé une petite surprise aux militants frontistes entassés dans les bus en provenance de Rennes.
      Dans le calme, la bonne humeur et sans aucun heurt, nous avons bloqué deux bus sur la 4 voies, qui furent au passage copieusement repeints parce que dans la vie, il y a bien d’autres couleurs que le bleu marine.

      Comme à son habitude, le #Front_National ne manquera pas de se poser en victime, invoquant la « démocratie » et la « liberté d’expression ». Nous le répétons, dans une France sous état d’urgence, où la police ratonne dans les banlieues et rafle les migrants, nous ne laisserons pas fleurir le racisme et la xénophobie au prétexte de « liberté ». Nous n’avons pas oublié comment les régimes fascistes d’hier furent institués par des voies parfaitement démocratiques et légales (élection d’Adolf Hitler au suffrage universel, vote massif des pleins pouvoirs à Pétain par le parlement…).

      A travers le Front National, c’est à la politique classique dans son ensemble que nous nous attaquons, à tous les partis de gauche comme de droite qui font mine de combattre l’extrême droite tout en pillant ses idées et appliquant son programme sécuritaire.

      Aujourd’hui comme demain, dans la rue comme dans les luttes, soyons ingouvernables !

      Des #coloristes sur voie rapide.

      https://seenthis.net/messages/573267

      Car FN attaqué. Action revendiquée sur le site de la Zad.
      (version #Ouest_Torchon)

      Trois cars de militants FN, venus de Nantes, sont tombés dans un guet-apens sur la voie rapide Rennes-Nantes, ce dimanche. Ils se rendaient au meeting de Marine Le Pen, au Zénith de Nantes.
      Un des cars a été détérioré et totalement aspergé de peinture par des individus cagoulés, sans faire de blessés. Des passagers ont raconté une “attaque de sauvages”. L’action a été revendiquée sur le site des zadistes, par un groupe baptisé “Les coloristes sur voie rapide”.
      Ils ont mis le feu sur la voie rapide Rennes-Nantes pour piéger trois cars de militants FN. Ils arrivaient de Rennes et Fougères et se rendaient au Zénith de Nantes pour le meeting de Marine Le Pen. Il était aux environs de 13 h 30, ce dimanche. Des passagers ont raconté une “attaque de sauvages”, comme “une attaque de diligence”, par “une cinquantaine d’individus masqués, cagoulés, armés de barres de fer”. Un car a été particulièrement ciblé et dégradé. Grosse frayeur pour les militants frontistes rennais, mais personne n’a été blessé.

      http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/car-fn-attaque-action-revendiquee-sur-le-site-de-la-zad-4823283
      https://youtu.be/12mnKFPp7W4?list=PLGVoCHl1x5PKeDclzNMjaRKFL4J4qHYzD


      #Les_$heriff

  • Au cœur des réseaux djihadistes européens, le passé douloureux du Rif marocain
    http://mobile.lemonde.fr/idees/article/2016/03/23/la-belgique-est-devenue-un-trou-noir-securitaire_4888420_3232.html?xt

    A Bruxelles, ville très riche aux particularités administratives, ils ont constitué des communautés denses, livrées à tous les vents de l’économie criminelle, de la pauvreté et de la mondialisation. Les prédicateurs saoudiens et iraniens se sont alors intéressés à eux. A l’abri des polices françaises et marocaines, ils ont converti une partie de cette jeunesse exaltée et dissidente, viscéralement hostile au makhzen d’Hassan II. Au Maroc aussi, on redoute les Rifains, incontrôlables et rebelles, tant dans leur culture politique que religieuse. Quant à Molenbeek, une poignée de prédicateurs particulièrement efficaces y ont été à la manœuvre.

    Dans quelle mesure la déculturation de Marocains venus du Rif a-t-elle été un facteur de leur radicalisation ?

    L’histoire des Rifains au XXe siècle est une succession de tragédies. Méconnue, elle doit nous aider à comprendre la violence et l’indifférence à la mort d’une partie de sa jeunesse. Partons du Maroc chérifien, qui n’a jamais pu contrôler cette région tribale de contrebandiers et de bergers. La colonisation espagnole est officielle en 1912, mais la conquête débute en 1920. Mal en prend aux Espagnols vaincus à Anoual, où ils perdent, en juillet 1921, des milliers d’hommes et d’armements. C’est le début de la guerre du Rif. Les Rifains sont écrasés par cinq ans de bombardements au gaz sarin donné par l’Allemagne, en vain. Abdelkrim s’en prend au Maroc français en 1925, début de la phase française de la guerre. Elle donne la victoire à Pétain, débarqué avec des centaines de milliers de soldats.

    En 1936, Franco déclenche la guerre civile espagnole depuis Melilla, et ses regulares rifains constituent la colonne vertébrale de son armée. Passé la guerre et l’indépendance en 1956, les Rifains, qui sont souvent saisonniers en Algérie française depuis le XIXe siècle, se voient interdire l’accès à l’Algérie. Ils se soulèvent en 1958 et 1959 contre Rabat, dont ils refusent la tutelle. La répression maroco-française est terrible, le Rif recevant du napalm. Vaincu et puni par Hassan II, le Rif ne reçoit aucun investissement jusqu’à la mort du roi en 1999.

    Les Rifains ayant le privilège de cultiver le kif, il leur reste deux choses à faire : émigrer et trafiquer. Les chimistes de la « French connection » leur apprennent à fabriquer la pâte base du haschisch dans les années 1970, ce qui annonce quarante ans de trafic. Le Rif et ses communautés migratoires deviennent la première filière mondiale de production et de distribution de cette drogue. Ce commerce suit les communautés en exil, de l’Algérie aux Pays-Bas, en passant par l’Espagne, la France et la Belgique.

    Radicalisés, ruminant leur malheur, hostiles au makhzen et aux anciens Etats coloniaux, cultivant la mémoire d’Anoual et d’Abdelkrim, les Rifains s’enferment dans leur langue propre, dans leurs familles et dans leur clans, dans leurs réseaux marchands et mafieux. Quand Mohammed VI se tourne vers eux au début de son règne, il est bien tard.

    ...

    Quelle est la vision du monde de ces jeunes radicalisés ? Comment, de Cologne à Molenbeek, éviter un choc des civilisations ?

    La vision du monde des jeunes radicalisés est celle que leur inculquent leurs prédicateurs salafistes, sur fond de vision apocalyptique, manichéenne, de fin de l’Occident et de triomphe de l’islam. Il ne faut pas trop chercher à négocier avec ces visions religieuses, car elles sont à l’opposé de nos préoccupations et de notre vision de la politique et des rapports sociaux. C’est vrai qu’en ce sens c’est moins un choc des civilisations que des imaginaires et des mondes.

    La pensée radicale religieuse, millénariste en l’occurrence, est un absolu qui ne cherche aucun compromis avec ses ennemis supposés et avec le monde réel. De ce fait, les radicalisés seront très difficiles à ramener à la raison, car leur croyance ne tient pas compte du réel. Mais ils ne représentent qu’une fraction, pas si infime qu’on veut bien le dire cependant, des populations musulmanes d’Europe ou du Moyen-Orient.

    Comment peut-on, alors, lutter contre ce phénomène ?

    En revanche, ce sur quoi on peut travailler en France, c’est d’une part à la fabrication d’un islam endogène, financé sur place, parlant notre langue, et avec des imams formés par les musulmans de France (ou d’Europe), dans un cadre laïque, et d’autre part à l’éducation et à la formation des plus jeunes. Elle devrait être prioritaire.

    L’intégration passe aussi forcément par une excellente maîtrise de la langue et des référents culturels, ce qui est le cas de mes étudiants, mais pour combien d’échecs… Je déplore qu’on manque incroyablement d’ambition scolaire, que l’enseignement soit professionnel ou intellectuel. C’est comme si les élèves étaient de moins en moins intelligents. Ce n’est évidemment pas le cas, mais on semble avoir renoncé à être exigeant à l’école pour ne pas pénaliser les défavorisés. En fait, on les enfonce, et on les pousse parfois vers l’obscurantisme ou l’aventure sans retour.

    #Belgique #immigration #terrorisme #wahabisme #Maroc #berbères

  • Depuis le début de l’état d’urgence samedi dernier, nombre de perquisitions administratives conduites le sont pour des affaires relevant du droit commun, sans aucun lien avec la lutte antiterroriste, et préfigurent un État policier que la prorogation de trois mois risque de banaliser.

    http://www.politis.fr/Les-perquisitions-administratives,33035.html
    #terrorisme #France #police #répression #état_d'urgence
    via #La_Quadrature_du_Net

    • « Nous profitons de ce dispositif pour terminer des procédures que nous n’arrivons pas à judiciariser », raconte Christophe Rouget, responsable de communication au Syndicat des cadres de la sécurité intérieure CFDT (SCSI-CFDT). (...)

      C’était d’ailleurs l’ambition clairement affichée par Didier Guillaume, président du groupe socialiste au Sénat, lundi après-midi au Congrès. « Profitons de ce moment pour nettoyer la France, et certains territoires de France qui sont attaqués ! »
      Des affaires de droit commun noyées dans le rouleau compresseur de l’état d’urgence, c’est ce que craignent les professionnels de la justice. « Ce serait comme si le Code de procédure pénale était bon à jeter à la poubelle, nous entrerions dans un État policier, s’inquiète Florian Borg, président du Syndicat des avocats de France. Il est important qu’un juge anti-terroriste soit saisi pour garantir l’application de la procédure. »

      Selon le Syndicat de la magistrature, toutes ces investigations étaient par ailleurs possibles hors du cadre de l’état d’urgence. « Rien n’empêche la police judiciaire de demander une perquisition si elle a un soupçon. La législation antiterroriste donne également des pouvoirs très larges aux parquets, qui rendent possible ce type d’enquête, rappelle Françoise Martres, présidente du Syndicat de la magistrature, qui s’inquiète que ces opérations sortent du contrôle de la justice. S’il n’y a pas de soupçons, on est dans l’arbitraire »

      Les meilleurs flics ne portent pas l’uniforme.
      Aujourd’hui le capitaine de pédalo a fait voter la réforme et la prolongation de l’état d’urgence à toute l’ass. nat. , P"C"F et FdG compris, sauf 6 députés ( trois écologistes - Noël Mamère, Isabelle Attard et Sergio Coronado - et trois socialistes - Pouria Amirshahi, Gérard Sebaoun et Barbara Romagnan).

      En 1940, 80 parlementaires n’avaient pas voté les pleins pouvoirs à Pétain.
      En mars 1956, lors de la Guerre d’Algérie, des « pouvoirs spéciaux » sont votés au gvt du socialiste Guy Mollet par 455 voix, y compris celles des 146 députés du Parti « Communiste » Français, contre 76.

    • Merci Sergio !

      Nul besoin d’état d’urgence pour lutter contre les terroristes ! ‹ Sergio Coronado
      http://sergiocoronado.fr/2015/11/nul-besoin-detat-durgence-pour-lutter-contre-les-terroristes

      L’état d’urgence n’est pas en lui-même, malheureusement, de nature à écarter le danger. Il sert surtout à montrer que l’on agit, sans que son efficacité supérieure n’ait été démontrée. Les garanties de l’état de droit ne sont pas un obstacle à la lutte contre le terrorisme. La mise à l’écart de l’institution judiciaire est un risque pour notre démocratie. Alors qu’environ 2500 personnes travaillent au renseignement, à peine 150 personnes le font du côté judiciaire. Ce déséquilibre signifie que les juges n’ont pas les moyens de traiter les renseignements qui leur sont transmis.

      Parce que mon intime conviction est que l’état d’urgence n’offre aucune supériorité opérationnelle dans la lutte contre le terrorisme, qu’il représente tout au contraire une suspension de notre état de droit, et donc des risques pour nos libertés, j’ai décidé de voter contre le projet de loi qui proroge l’état d’urgence.

    • Or, les mesures prises dans l’urgence avec des arguments similaires à ceux utilisés par les défenseurs des perquisitions administratives sont peu à peu institutionnalisées, observe Vanessa Codaccioni, politologue à Paris 8, qui vient de conclure une étude sur la Justice d’exception [2].

      « Ce qui se passe en ce moment est typique des situations de crise et des circonstances exceptionnelles : les gouvernements déclarent le pays en état de “légitime défense“ pour faire passer des mesures d’exception. Et ils élargissent le contour de leur politique répressive, car les gens ne sont pas trop regardants tant que l’État agit très vite. »

  • Les bibliothèques françaises sous l’Occupation : « les nazis savaient où étaient situées les bibliothèques qu’ils voulaient saisir » | Archimag
    http://www.archimag.com/bibliotheque-edition/2014/07/16/bibliotheques-fran%C3%A7aises-occupation-nazis

    Vichy a eu une attitude à la fois de coopération, de rivalité et de laisser-faire. Très tôt, le gouvernement de Vichy a mis en place une lutte contre la franc-maçonnerie et a pillé des bibliothèques de responsables politiques. Ces bibliothèques se sont ensuite retrouvées à la Bibliothèque nationale dans le cadre de la création d’une « Société d’histoire de la France contemporaine » qui s’est enrichie au rythme des saisies des bibliothèques appartenant aux hommes politiques français déchus.

    • Bernard Faÿ était un intellectuel professeur au Collège de France spécialiste de la révolution américaine. C’était un américaniste très renommé et très cultivé mais son parcours s’est peu à peu radicalisé de la droite vers l’extrême droite. Il a connu Pétain, probablement à la fin de la Première guerre mondiale, qui le nomma à la direction du Musée des sociétés secrètes puis administrateur de la Bibliothèque nationale.

      C’est l’histoire de la radicalisation d’une personne qui n’avait par ailleurs aucune expérience administrative et qui a voulu transfigurer la Bibliothèque nationale. Bernard Faÿ partait du principe que la Bibliothèque nationale n’avait été digne de son rang que lorsqu’elle était sous le regard direct du roi.

      Dans un désordre invraisemblable, la Bibliothèque nationale a vu son budget quintupler, les personnels tripler sous le gouvernement de Vichy. Pendant les deux premières années de Vichy, Bernard Faÿ fut en grâce car il avait un accès direct à Pétain par-dessus son ministre de tutelle ! Dans le même temps, on a voulu casser les statuts des agents et certains personnels recrutés n’avaient absolument aucune compétence dans le domaine des bibliothèques.

  • Bravitude : Le gouvernement contre les APL sous condition de ressources - Ration (de confusion et d’escamotage, de fabrication étatico-médiatique de la #xénophobie)
    http://www.liberation.fr/france/2015/11/03/le-gouvernement-contre-les-apl-sous-condition-de-ressources_1410954

    Dans l’hémicycle mercredi, l’exécutif s’opposera aux amendements pourtant votés par sa majorité en commission .

    Le gouvernement démine à tour de bras. S’étant déjà mis à dos une partie des retraités modestes avec un bug fiscal et les élus locaux sur la dotation globale de fonctionnement, l’exécutif désamorce un dossier potentiellement explosif : celui des #aides_personnalisés_au_logement que sa majorité voulait conditionner aux ressources des familles.

    Soucieux d’éviter de voir les étudiants former des cortèges en pleine période électorale, Matignon a ainsi choisi de ne prendre aucun risque et annonce à Libération vouloir s’opposer ce mercredi à l’Assemblée nationale, lors de l’examen du projet de loi de finances, à deux amendements pourtant adoptés par sa majorité, jeudi dernier, en commission. Pour récupérer plusieurs centaines de millions d’euros - et financer de nouvelles aides à la pierre et les mesures d’accueil pour les #réfugiés le gouvernement propose ainsi plusieurs mesures de réformes des APL. Parmi elles, les députés PS avaient eux choisi de modifier « le mode de #calcul » pour les étudiants « âgés de moins de 28 ans [...] et qui ne sont pas en situation de rupture familiale ».

    Ce changement devait tenir compte des « ressources des parents et de l’éloignement géographique entre le lieu d’études et le domicile des parents ». « Cet amendement vise à mieux #cibler les aides vers les étudiants qui en ont le plus besoin », avait justifié le député PS du Val d’Oise, #François_Pupponi dans l’exposé de cet amendement [des élus PS veulent apparaître en défense de leurs mandants putatifs en proposant de réserver des allocs aux vrais pauvres, ndc] . Beaucoup de députés y voient pourtant une mesure de « #justice_sociale » mais savent que toucher aux APL est explosif. « Ça peut prendre des proportions épouvantables, met en garde une députée, pourtant favorable à la mesure. Si ça part dans le mauvais sens, on peut être très mal. » Principal syndicat étudiant, l’Unef estime que cela revient à « priver jusqu’à 500 000 jeunes d’une aide », qui contraindrait une partie d’entre eux à « retourner vivre chez leurs parents » . La Fage dénonce, elle, une attaque contre les « classes moyennes ».

    Mercredi cet amendement sera tout de même « présenté » en séance, confirme le rapporteur de la mission Logement, le député PS Daniel Goldberg (Seine-Saint-Denis), mais « retiré avant le vote » [avec de telles palinodies parlementaires, il ne reste plus qu’à lancer de nouveaux sondages pour monter qu’un exécutif d’experts non élus aurait les faveurs des électeurs, tant qu’à répondre dans les cases proposées, cela signifie aussi : notre vote n’a pas de conséquences, démerdez vous entre dominants, ndc] . En revanche, les députés socialistes veulent voir pousser [sic] l’exécutif à être plus souple [sic] sur les nouveaux critères censés encadrer à l’avenir les APL pour récupérer 225 millions d’euros en 2016 .

    Avec ces derniers mots, la bouillie journalistique n’occulte finalement plus tout à fait la vigueur du coup de couteau. Ce dernier a été rendu incompréhensible, qui est visé ? comment ? rien n’en a été dit, rien n’en sera dit.
    Avec le titre de l’article, tout avait mal commencé puisque, comme chacun sait (sauf Ration ?), le droit à allocation logement et son montant est par construction tributaires des conditions de #ressources. Lesquelles ? comment ? ces questions n’ont pas lieu d’être dans le débat et l’espace public.

    On a vu l’Unef jouer une crédibilité ruinée parmi les étudiants en faisant mine d’ignorer que la réforme va prendre en compte des #loyer_plafond pour rendre dégressifs les montants versés, ce qui attaquera un grand nombre d’étudiants qui paient les petites surfaces les plus chères au m2. Cet escamotage est, sans surprise de la part de ce syndicat jaune, un soutien tacite au programme néolibéral du PS.

    Voilà, le projet de réforme prévoie d’instaurer une #dégressivité des allocs logement en fonction de l’épargne, du patrimoine et de l’ampleur des dépassements de loyers plafonds tout à fait « théoriques ». On en dira rien mais c’est la faute aux #migrants.

    • Réforme des aides au logement : les députés amendent la proposition du Gouvernement, ou quand les comptable commencent à mesurer les effets sociaux et les risques politiques...
      http://tempsreel.nouvelobs.com/immobilier/logement/20151102.OBS8677/reforme-des-aides-au-logement-les-deputes-amendent-la-propositi

      Les députés ont relevé le loyer à partir duquel l’APL serait dégressive : au lieu de correspondre à 200 % du montant du loyer plafond actuel comme le voudrait le gouvernement, il serait de 280 %.

      A Paris et sa petite couronne, des loyers représentant deux fois le loyer-plafond applicable à cette zone sont malheureusement plus la norme que l’exception et les locataires n’ont pas nécessairement le choix face à une offre limitée", justifie Christophe Caresche [un des multiples ministres de l’intérieur potentiel du PS, ndc].

      Donc, on ne réduira pas les loyers (le soit disant encadrement des loyers permet, dans les quartiers les moins chers de Paris, un loyer légal hors charges de 500€ pour 20m2, de 750€ pour 30m2) et il sera possible à Paris et en petite couronne de toucher une APL non réduite avec 840 euros de loyer hors charges pour une personne seule. Et bien sûr on continuera à devoir exciper d’un revenu 3 fois supérieur au loyer hors charges pour entrer dans un logement.

      #rente_foncière

    • Ben oui @rastapopoulos, mais non. Là je crois qu’on passe à un niveau inédit, assez différent quant à la manière de fabriquer la guerre de tous contre tous, de chacun contre tous les autres, pendant que prospère actuellement le seul collectivisme réellement existant, celui des capitalistes, de la bourgeoisie.

      Ce que dit cette communication (guerre à l’entendement) c’est « si vous êtes pauvres, si vous vous appauvrissez, si on vous rabote l’APL, si l’huissier arrive, si vous risquez l’expulsion, c’est à cause des migrants ». Il y’a là quelque chose de spécifique et aussi d’étrange, s’agissant d’une mesure d’état qui pouvait être revendiquée au nom de la gestion, de l’équité (tous baratins qui sont aussi présents mais de manière peu insistante, trop rebattus sans doute, la com est aussi guerre de mouvement...) puisque dire « c’est la faute aux migrants » c’est dire aussi « nous sommes raisonnables (on expulse, on flique) et humains (on accueille, un peu) mais nous avons pris la décision de payer pour eux avec vos allocs », c’est à la fois s’éxonérer de la responsabilité de la réforme, et la revendiquer.

      Je vois venir d’ici le qualificatif « schizophrénie », mais alors au lieu d’en rester à l’usage du terme comme insulte, elle créerait quoi cette schizophrénie là ?

      Ce qui migre, ce qui est déplacé avec ces propos c’est le discours délétère sur l’armée industrielle de réserve (c’est les migrants et les chômeurs qui sont responsables du blocage ou de la baisse du salaire), c’est le discours nationaliste sur la division internationale du travail (pardon, mais il n’y a plus d’emploi pour vous car les Chinois le font pour moins cher), ils migre de la sphère emploi/salaire direct vers celle de besoins fondamentaux (et pas de l’emploi...) dont la prise en charge partielle avait été socialisée, et dont la socialisation (toujours plus partielle) est désormais utilisée non pas simplement pour mener la guerre aux pauvres mais pour créer la #guerre_entre_pauvres. On pourra y voir une manière de revitaliser la foi dans l’emploi, qui si on en use correctement à titre individuel devrait être suffisant pour ne pas dépendre de l’APL. Mais ce qui est plus spécifique ici est que l’état xénophobe sous traite aux précaires la gestion de la guerre aux pauvres, l’idéologie idoine était là, il s’agit de mieux en faire usage, de désolidariser encore et encore.

      Quant en janvier 1998, Jospin a déclaré, en réponse aux mobilisations de chômeurs et précaires, « je préfère une société de travail à l’assistance » sa dénonciation de l’assistance assumait pour le compte du PS tout entier un retournement complet par rapport aux traditions de solidarité de la Révolution française et des autres moments émancipateurs que l’histoire a connu. Et, plus que le passé lointain, ce qui était à l’oeuvre c’était l’explicitation d’une position contre révolutionnaire, au présent. Avec ces assonances au « le travail c’est la liberté » dont Sarkozy usera en 2007 pour sa campagne, ce sont des remugles du nazisme qui servent de toile de fond à la parole et à l’action publique. Tout comme avec cette dose de « social » où est mise en scène la dignité du travailleur national, et dans ce cas celle du travailleur pauvre, ce français de la diversité qui sait sacrifier son égoïsme aux nécessités de l’économie, démuni mais digne, un travailleur pauvre dont la dignité est el modèle dont fainéants et parasites de l’état social ont à prendre exemple (vers le plein emploi précaire), sous peine de déchéance matérielle et morale.

      Quand Valls déclare en septembre 2013 « Les Rroms ont vocation à rentrer en Roumanie », c’est une réplique tardive, affaiblie mais néanmoins terrible, du vote des pleins pouvoirs à Pétain qui nous est vomie en pleine face. La Nation est généreuse, la République est intégratrice, mais ne soyons pas naïfs, leur identité les en sépare, c’est par leurs meneurs que - comme disaient les P"C" staliniens - ils s’en excluent d’eux mêmesL Le débat sur l’identité nationale proposée par Sarkozy a donc été tranché parmi ses collègues. Depuis des similis pogroms (qui n’en étaient heureusement pas car il n’y eu pas de morts) ont eu lieu, des voisins se chargeant d’ajouter une expulsion de bidonville autogérée à toutes celle répétitivement réalisées par les préfectures.

      Quand aujourd’hui une obscure ministre du logement fait sa com’ en attribuant aux migrants l’appauvrissement et la précarisation que leur réforme de l’APL est en train de programmer, à quoi a-t-on affaire ? Personne ne fait attention, non seulement à la brutalité de la mesure qui s’annonce mais à ce qui est supposée la justifier. Qu’est ce que ça signifie ? Ça semble fou.
      Je ne suis pas surpris, personne ici ne l’est j’imagine, que le gouvernement vise à faire des économies aux détriment des prolos et autres précaires. Mais lorsqu’on nous dit, « nous sommes généreux avec les migrants, un état bienveillant, et cela va vous coûter à vous, les démunis », je suis étonné. La manœuvre est ignoble, abjecte, haïssable. Mais je ne la comprends toujours pas. Je me demande ce qui peut bien être visé par cette manipulation perverse : faire grimper un FN tout juste en train de penser à s’implanter dans les quartiers et banlieues pour jouer de l’urgence à sauver la démocratie à la prochaine votation ? Attribuer aux pauvres la montée d’un FN (comme elle fut attribuée aux ouvriers, quitte à gommer la prépondérance de l’abstention parmi eux) qui deviendrait (avec, au premier chef, le millénarisme musulman le plus mortifère comme ennemi utile et quelques micro refuges idéologiques ou contre culturels rescapés des mouvements extraparlementaires du XXème siècle) l’un des seuls recours disponible pour qui refuse que l’économie, la politique du capital, règne en maître sans qu’aucune invention politique n’intervienne ?
      Avec quelle digues sont ils en train de chercher à canaliser la violence, le refus ? Et à quel prix ?

      Faute de comprendre, car après tout, ce qui précède est déjà inscrit dans la situation, une touche personnelle est peut-être à prendre en compte. Depuis son appartenance à une deuxième génération d’immigrés (faussement présentée comme antifranquiste), Valls est l’exemple et le défenseur farouche d’une intégration profondément normalisatrice. Devenir français c’est devenir un dominant, ou au moins vouloir l’être. On peut et doit traiter le dernier venu moins bien qu’un chien, et si on est au bon endroit pour participer aux grosses subtilités actuelles, prétendre avoir inventée une SPA renouvelée pour quelques abandonnés. (love love love disait une chanson, Valls obéissant à ses conseillers a essayé de jouer cette carte en déclarant son « amour »... aux agriculteurs de la FNSEA, leur solidarité est réelle mais on peut parier quelle repose sur de tout autre sentiment, l’admiration pour les milliardaires de Macron parait plus sincère).

      On ne peut accueillir toute la misère du monde (et on sait qu’ils sont en train d’essayer d’organiser un tri drastique) doit devenir une évidence sensible, partagée. On en prend notre part, eh bien cela suppose des sacrifices.

      Pour faire accepter ce discours, il faut mettre de côté toutes les observations qui montrent et prouvent l’apport économique des migrations, s’aligner sur ce qui peut être ressenti par exemple dans les queues devant les CAF : il y a trop d’étrangers (y compris le cas échéant lorsque j’en suis un moi même) pour que ma part de gâteau ou mes miettes ne s’en trouve pas réduite et menacée.
      Comme Ménard avec les cordes à linges.

      Peur, misère matérielle et morale, le paysage devient terrifiant.

      #socialistes_ni_oubli_ni_pardon

    • “Baisse des APL : le Front national surfe sur l’erreur de communication [?] du gouvernement", et bien d’autres sur des post presse, sur twitter attribuent le rabotage au coût de l’accueil des migrants
      http://www.huffingtonpost.fr/2015/09/30/baisse-apl-front-national-budget_n_8220106.html

      Le gouvernement annonce une économie de 225 millions d’euros sur les APL dont 120 millions seront consacrés à l’accueil des réfugiés ? Il n’en fallait pas moins pour que le Front national s’engouffre dans la brèche et instruise un procès en « préférence étrangère » à l’encontre du gouvernement.

      Car oui, en annonçant un coup de rabot sur des prestations sociales justifié en partie par l’aide aux migrants, le gouvernement a offert un boulevard au parti de Marine Le Pen. « Le summum du révoltant ! », a par exemple tweeté le numéro 2 du parti, Florian Philippot. « Les Français les plus modestes sacrifiés pour l’accueil des clandestins », a surenchéri Nicolas Bay, secrétaire général du FN.

      Il faut dire que l’occasion est trop belle pour le Front national dans la mesure où 500.000 bénéficiaires devraient voir leur allocation baisser selon les estimations faites dès l’annonce de cette mesure. Pourtant, le gouvernement avait pris soin ces dernières semaines de contrecarrer la communication du Front national en expliquant que l’accueil des migrants ne se faisait pas au détriment des Français.

      Mais en donnant l’impression de déshabiller Paul pour habiller Jacques, le gouvernement contredit donc la ligne qu’il s’était fixé... Pour le plus grand bonheur du Front national.

      « On ne prend pas aux Français »

      Sur le plateau de « Des Paroles et des Actes » le 24 septembre, Manuel Valls avait pourtant balayé cet argument. « On ne prend pas aux Français, ou à ceux qui vivent en France, on n’oppose pas. Il n’y a pas cette concurrence des pauvretés », avait indiqué le premier ministre.

      « Il y a une tradition d’accueil, il faut pleinement la respecter », avait-il ajouté. « C’est ce que nous faisons avec les communes, avec l’Etat, l’hébergement d’urgence, qu’il ne faut pas confondre avec l’habitat social (...) Il y a des solutions, et en Île-de-France, ce sont des bâtiments qui, pour la plupart, étaient désaffectés » qui accueillent les réfugiés, a-t-il affirmé. « C’est ça qui est insupportable dans notre pays parfois, l’opposition entre les publics », avait déploré l’ancien ministre de l’Intérieur, répondant indirectement à l’extrême droite qui accusait déjà le gouvernement de pratiquer la « préférence étrangère ».

      Sauf que, en expliquant qu’on piochait dans des prestations sociales pour financer l’accueil des réfugiés, le gouvernement a lui même versé dans la confusion entre hébergement d’urgence et logement. Croyant bien faire en annonçant un geste envers les réfugiés censé amoindrir le coût social d’une annonce anxiogène (la baisse des APL) [le « croyant bien faire » m’échappe, bien faire quoi ? ndc] , le gouvernement a donc involontairement _ [?!?] _ donné du grain à moudre au Front national. Autrement dit, c’est ce qui s’appelle « tendre le bâton pour se faire battre ».

      Le PS nous dit "le grand remplacement, il commence chez toi, qui ne pourra plus raquer ton probloc".