city:polytechnique

  • « Une perte de sens totale » : le malaise grandissant des jeunes ingénieurs face au climat
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/04/16/une-perte-de-sens-totale-le-blues-des-jeunes-ingenieurs-face-au-climat_54509

    Tiraillés entre les réalités des entreprises et l’impératif climatique, de jeunes ingénieurs disent vivre une « dissonance cognitive ». Certains renoncent à une carrière traditionnelle.

    https://www.youtube.com/watch?v=3LvTgiWSAAE

    C’est un discours de remise de diplôme plutôt inhabituel que Clément Choisne, jeune ingénieur de Centrale Nantes, a livré devant ses camarades, le 30 novembre 2018. A contre-courant des discours louangeurs de ce type d’événement, il a choisi de parler de son dilemme : « Comme bon nombre de mes camarades, alors que la situation climatique et les inégalités ne cessent de s’aggraver, que le GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] pleure et que les êtres se meurent : je suis perdu, incapable de me reconnaître dans la promesse d’une vie de cadre supérieur, en rouage essentiel d’un système capitaliste de surconsommation. »

    Devant une assemblée de futurs diplômés, parents, familles, anciens élèves, professeurs, direction et industriels, l’ingénieur de 24 ans a profité de la tribune qui lui était offerte pour se faire le porte-parole d’un malaise que vivent de plus en plus de jeunes diplômés face au réchauffement climatique : « Quand sobriété et décroissance sont des termes qui peinent à s’immiscer dans les programmes centraliens, mais que de grands groupes industriels à fort impact carbone sont partenaires de mon école, je m’interroge sur le système que nous soutenons. Je doute, et je m’écarte. » La vidéo, qui a fait plus de 270 000 vues sur YouTube, est l’un des nombreux échos de ce désarroi éprouvé par les jeunes diplômés face à un monde économique qu’ils jugent en décalage avec l’urgence climatique.

    Deux mois plus tôt, en septembre 2018, un groupe d’étudiants issus de grandes écoles prestigieuses, Polytechnique, Ensta, HEC, ENS – lançaient un manifeste en ligne pour appeler les futurs diplômés à soutenir un changement radical de trajectoire. « Au fur et à mesure que nous nous approchons de notre premier emploi, nous nous apercevons que le système dont nous faisons partie nous oriente vers des postes souvent incompatibles avec le fruit de nos réflexions et nous enferme dans des contradictions quotidiennes », écrivaient les auteurs du manifeste.

    Un « manifeste » signé par 30 000 jeunes

    Le texte, signé par plus de 30 000 étudiants, incite les jeunes diplômés à travailler pour des « employeurs en accord » avec les recommandations du manifeste. Depuis, les auteurs de ce texte tentent de capitaliser sur le succès de leur démarche. Ils ont rencontré les cabinets des ministères chargés de la transition écologique, et ont lancé depuis le début de l’année des groupes de travail sur la refonte des programmes de l’enseignement supérieur où l’enjeu climatique est encore trop confiné aux cursus spécialisés.

    A Centrale Nantes, 330 élèves ingénieurs ont signé ce manifeste, « près de 25 % des étudiants de l’école », précise Romain Olla, étudiant en deuxième année et qui a participé à une étude pour mesurer le niveau de connaissance et d’intérêt suscité par la question climatique au sein de la communauté centralienne. Dans ce sondage, une question portait sur l’importance du comportement en matière de bilan carbone des entreprises lors de la recherche d’un stage ou d’un premier emploi. « 89 % des personnes qui ont répondu estiment que ce comportement est important et 38 % déclarent qu’ils pourraient refuser un emploi, voire même ne pas postuler à une offre, si l’entreprise a un mauvais bilan en matière de réchauffement climatique », souligne Romain Olla.
    Le boycott des entreprises qui polluent comme arme de chantage à l’embauche ? Une idée qui fait son chemin chez les jeunes ingénieurs sensibles à la question climatique. Nous avons rencontré plusieurs ingénieurs, tout juste diplômés, qui préfèrent « prendre le temps de réfléchir à leurs responsabilités », ou « faire un pas de côté » en évitant de travailler pour des entreprises qu’ils estiment « coupables ». D’autres, négocient des temps partiels, s’engagent dans des associations, des services civiques ou réfléchissent à prolonger leur engagement dans la recherche.

    « La décision de Nicolas Hulot m’a bouleversé, dans la mesure où elle faisait écho aux tergiversations qui furent les miennes »

    Clément Choisne a joint le geste à la parole. Il est depuis quelques mois professeur contractuel de physique chimie dans un lycée à Nantes. « J’ai grandi au Mans, je viens d’un milieu ouvrier et je suis celui qui a obtenu le plus haut niveau d’études dans ma famille. Etre admis dans une grande école d’ingénieurs, c’était la promesse de faire carrière », explique-t-il. Il lui a fallu trois ans d’études et plusieurs stages dans des entreprises de « transition écologique » pour prendre conscience que le développement durable était une notion « dépassée », selon lui : « Cela donne l’illusion qu’on peut continuer à vivre avec le même modèle économique en y ajoutant une touche verte ». La stratégie des « petits pas » et les contradictions du monde économique le découragent : « La décision de Nicolas Hulot m’a bouleversé, dans la mesure où elle faisait écho aux tergiversations qui furent les miennes. »
    Paul (le prénom a été changé), diplômé de Centrale Lyon, a vécu ce qu’il nomme sa « dissonance cognitive », c’est-à-dire le fait d’être en contradiction avec soi-même. En CDD dans un grand groupe industriel spécialisé dans la construction, il est recruté pour développer un secteur qu’il pense vertueux : l’éolien. Mais voilà, les objectifs de rentabilité priment sur l’enjeu écologique : « il fallait gagner des appels d’offres et in fine mon boulot consistait à vendre du béton ». Lorsque son supérieur lui propose un CDI après dix mois de travail, il préfère décliner. « Je sentais déjà mon malaise dans cette fonction d’ingénieur commercial. J’avais besoin de prendre de la hauteur, sur moi et sur le système dans lequel je m’inscrivais », explique-t-il aujourd’hui.

    Maiana Houssaye, 23 ans, diplômée de Centrale Lyon, évoque elle aussi une « perte de sens totale » et la même dissonance cognitive lors d’un stage en Nouvelle-Zélande, dans une entreprise de biotechnologies. Pendant son année à l’étranger, elle voyage en Asie et se rappelle de son sentiment d’écœurement en nageant dans une mer de plastique à Bali. « Je crois que j’ai fait un burn-out. Mon envie d’agir s’est déclenchée à ce moment-là. J’ai préféré prendre du temps et me déclarer au chômage volontaire pour comprendre la complexité du réchauffement climatique et réfléchir à ce que je pouvais faire », raconte-elle.
    Voilà plusieurs mois qu’elle voyage en France à la rencontre d’ingénieurs qui ressentent « le même malaise ». La réalité se rappelle parfois à elle, un peu abrupte. Alors que ses camarades de promo touchent des salaires, Maiana est retournée vivre chez ses parents à Salies-de-Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle donne des cours de physique-chimie en attendant de créer ou choisir un métier qui lui convienne, « en étant honnête et consciente de ses effets sur la société, la nature, le monde ».

    Sentiment d’urgence

    « Je constate, au fil de mes recherches sur la colère des jeunes depuis 2012, que ce sentiment d’urgence face à la catastrophe écologique est de plus en plus prégnant, confirme Cécile Van de Velde, professeure de sociologie à l’université de Montréal et maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Cette génération a un rapport au temps particulier : ils ressentent la finitude du monde. En 2008, c’était la crise économique et sociale qui structurait la colère. Aujourd’hui, ce malaise est plus profond, plus intime. » La chercheuse reconnaît dans cette posture le refus d’un héritage trop lourd à porter. C’est aussi « l’autre versant » de la colère des classes populaires : « chez cette jeunesse bien informée, bien formée et qui a des ressources, il y a un refus de transmission du système ».

    Les grandes écoles observent depuis plusieurs années cette quête de sens dans l’orientation de leurs diplômés. Néanmoins, « le pas de côté en dehors du monde du travail » est « ultraminoritaire », assure Frank Debouck, directeur de Centrale Lyon, dont « 99 % des diplômés sont en emploi ». Au niveau national, les taux d’insertion à la sortie des grandes écoles battent des records pour les ingénieurs : 71,9 % des jeunes diplômés travaillent, selon l’enquête insertion 2018 de la Conférence des grandes écoles (CGE). Seulement 2,1 % des sondés se déclarent « sans activité volontairement ». « De plus en plus de Centraliens choisissent des petites structures où ils comprennent ce qu’ils font et pourquoi ils sont là. Il y a quinze ans, 50 % d’une promotion s’orientait directement dans les grands groupes », précise le directeur. « Maiana est une lanceuse d’alerte. Mais tout le monde ne peut pas être lanceur d’alerte. C’est bien de crier, mais qu’est-ce qu’on fait après ? », interroge-t-il.
    A Centrale Nantes, le directeur Arnaud Poitou a écouté avec intérêt le message « surprise » de Clément Choisne lors de la cérémonie de remise des diplômés. « Voilà un acte de courage » estime-t-il. Il reçoit depuis plusieurs mois des sollicitations de ses élèves pour identifier les entreprises qui polluent et celles qui ont une forte empreinte carbone. « C’est une demande à laquelle je ne peux souscrire. Je ne peux pas leur dire quelles sont les bonnes et les mauvaises entreprises », admet-il.
    « On ne peut pas avoir une posture moralisatrice de l’extérieur. Pour infléchir ces grands groupes industriels vers des trajectoires écoresponsables, il faut être à l’intérieur »

    A Polytechnique, ils sont 611 à avoir signé le manifeste, soit 25 % des effectifs. Un vrai signal dans cette école très proche traditionnellement des milieux industriels et des postes de pouvoir. Philippe Drobrinski, directeur d’un laboratoire à Polytechnique et climatologue, s’en réjouit : « A mes élèves, je dis toujours : “vous êtes la première génération à prendre conscience de l’urgence à agir, et la dernière génération à pouvoir faire quelque chose”. » Pour autant, « on ne peut pas avoir une posture moralisatrice de l’extérieur. Pour infléchir ces grands groupes industriels vers des trajectoires écoresponsables, il faut être à l’intérieur », tranche le chercheur. Amaury Gatelais, étudiant des Mines ParisTech, estime aussi que le boycott des entreprises n’est pas une bonne idée : « Si tous les plus convaincus et les plus écolos fuient les entreprises comme Total, il ne restera plus que ceux intéressés par l’argent et donc qui ne feront rien pour le réchauffement climatique ».

    Promis à un brillant avenir, que feront, demain, ces bons élèves des grandes écoles ? Paul raconte qu’il a renoué avec une certaine créativité, absente de ses longues études : « c’est une des clés pour tenter de s’adapter aux prochains changements climatiques et sociétaux qui bouleverseront notre confort et pour penser la civilisation suivante. Comment rendre cool et séductrice une société plus sobre énergétiquement ? Comment montrer que faire du vélo, c’est bon pour la santé ? Que prendre l’avion, ce sera un truc rare dans une planète où vivent sept milliards d’êtres humains ? » Clément Choisne aimerait créer au Mans un « espace de solidarité ». Un lieu où l’on pourrait parler de jardins potagers urbains, de modèles décroissants. Dans son discours à Centrale, il a choisi de conclure en citant l’anthropologue américaine Margaret Mead : « N’oubliez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés peut changer le monde. »

  • Laurent Alexandre ou l’art de provoquer les #Gilets_Jaunes
    https://lemediapresse.fr/societe/laurent-alexandre-ou-lart-de-provoquer-les-gilets-jaunes

    « Inutiles, assistés, substituables » ; en termes de propos critiques envers les Gilets jaunes, Laurent Alexandre, fondateur de Doctissimo et soutien du président Emmanuel Macron ne lésine pas sur la quantité. Lors d’une conférence qui s’est tenue le mercredi 9 février dernier à Polytechnique, le neurologue Laurent Alexandre, élitiste avéré, a évoqué le thème du transhumanisme. […]

    #Société

  • En mathématiques, les filles restent des inconnues - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/06/21/en-mathematiques-les-filles-restent-des-inconnues_1660876

    Article déjà mis en lien ici : https://seenthis.net/messages/703974 mais j’ai fait un copier coller pour les personnes qui ne savent pas désactiver javascript vu le paywall de Liberation à partir d’un certain nombre d’articles lus.

    Normale Sup, Polytechnique… Les grandes écoles scientifiques peinent à faire de la place aux filles. Une discrimination insidieuse que certaines vont jusqu’à intégrer. « Libération » a rencontré de jeunes mathématiciennes qui racontent les stéréotypes auxquels elles font face et leur combat pour s’en affranchir.

    Zéro. Aucune fille n’a intégré le département de mathé­­ma­tiques de l’Ecole normale ­supérieure (ENS) de la rue d’Ulm (Paris) l’an dernier. Voilà, un problème réglé. Après la disparition, en 1985, de l’ENS jeunes filles de Sèvres la prédominance des « mâles » n’a cessé de se confirmer.

    Elles s’appellent Edwige, Lola, ­Sonia, Camille, elles ont réalisé un parcours sans faute, mais pas sans douleurs, pour s’imposer parmi les meilleurs élèves de la filière des mathématiques. Elles ont intégré l’une des ENS ou l’Ecole polytechnique, et racontent les petites vexations et les grands préjugés, les révoltes et les victoires remportées contre le mécanisme qui voudrait qu’elles n’aient rien à faire dans le domaine des mathématiques, qu’elles soient appliquées ou fondamentales.

    Il y a d’abord Camille (2), une trajectoire rectiligne à « Stan », Stanislas un établissement privé situé dans le VIe arrondissement de Paris, du collège à la prépa. Brillante, elle a le choix des meilleurs  : l’ENS et Polytechnique, l’X. Elle choisit la seconde. Neuf filles sur 30 élèves en terminale S, neuf sur 50 en math sup, et quatre sur 42 en math spé, sans que cela suscite d’interrogation  : « Je n’ai jamais senti de différence de traitement entre filles et garçons. »

    Pourtant Edwige, Sonia et Lola ont une autre vision des choses. A des degrés différents, elles racontent une discrimination palpable ou impalpable qui leur donne des envies de combattre pour l’égalité des filles et des garçons en maths.

    Egaux devant Pythagore

    A la veille de l’été 2017, Lola était aussi admise à l’ENS, rue d’Ulm d’où sont sorties toutes les médailles Fields de France à l’exception d’Alexandre Grothendieck. Elle préférera elle aussi le campus de l’X à Palaiseau. Au collège à Vanves, celui que les contourneurs de carte scolaire évitent et où elle a voulu rester, Lola est dans les meilleures élèves. Les 17, succèdent aux 19, sans efforts particuliers. Filles ou garçons, il n’y a pas de différence. Tous égaux devant Pythagore.

    Bonne élève, elle intègre le lycée Louis-le-Grand en seconde. Les notes chutent, mais elle bosse et intègre « la » 1ère S1, et la TS1, « la » terminale S qui donne accès à « la » classe prépa qui permettra d’accéder à l’une des quatre ENS (Ulm, Rennes, Lyon, Paris-Saclay, l’ex-Cachan) ou à l’X. En TS1, la parité est respectée 50 % de filles 50 % de garçons.

    C’est ensuite que tout se complique. Lola se voit reléguée tout au fond la classe  : 35e, 35e, 36e aux trois premiers contrôles. En janvier, elle doit choisir entre faire autre chose ou s’accrocher. A la maison, son père ne cesse de lui répéter que les filles sont meilleures que les garçons. Le stéréotype qui veut que les mathématiques ne sont pas faites pour les filles tourne dans l’autre sens. « J’ai repris les bases, repassé les programmes de 1ère et de TS, quand le professeur était déjà passé au programme de math sup. » C’est à ce moment qu’elle découvre le sexisme très ordinaire qui traîne dans les couloirs d’un grand lycée parisien. « On pardonne très facilement aux garçons de ne faire que des maths. Ils peuvent s’enfermer dans le travail, ne faire que bosser, passer de l’internat aux salles de cours en peignoir, en survêtement ou même en pyjama. C’est presque normal. On dira  : “C’est un bosseur”. Des filles, on attend autre chose. Il faut qu’elles soient sympathiques, qu’elles préparent le buffet pour les fêtes, qu’elles s’investissent dans la vie de la classe. Elles doivent “jouer les princesses” et passer du temps à se préparer. On perd un temps fou, et pendant ce temps, les garçons bossent et passent devant. Moi, je descendais comme j’étais, et tant pis si ça provoquait des remarques », s’agace Lola qui refuse la division surhommes et princesses, nouvelle version du « Sois belle et tais toi  ! ». Elle remonte à la 17e place et intègre finalement « la » bonne prépa.

    « Travailler dur »

    Sonia raconte un parcours similaire. Elle aussi se dit « ni bonne ni mauvaise » élève, quand les garçons souligneraient la puissance de leur machine cérébrale. Elle aussi échappe aux stéréotypes familiaux, avec une mère anglaise féministe virulente, un père mexicain, l’un et l’autre artistes plasticiens. Après la seconde à Louis-le-Grand, elle voit les garçons lui passer devant sans qu’elle comprenne bien pourquoi. Pas de 1ère S1, pas de TS1, pas de prépa « étoilée ». « On proposait à des garçons moins bien notés que moi d’aller dans les bonnes math sup, et je me suis retrouvée en MP5 [la classe préparatoire qui ne prépare pas aux meilleures écoles, ndlr]. Ça m’a révoltée, et, du coup, je me suis mise à travailler dur. » Elle raconte les perles du sexisme ordinaire en classe prépa  : « Pour une matheuse t’es bonne », sous entendu « t’es mignonne  ! ». « Une fille, enfin elle compte pour une demie. »« Un jour, un garçon fait le décompte des filles en prépa et il ajoute  : “Elle, elle compte pour une demie.” Il fallait la disqualifier parce qu’elle ne faisait pas assez ­attention à son look  ! » L’un des meilleurs élèves de la prépa lancera en cours de philo que la place de la femme est à la maison pour s’occuper des enfants. Plus tard, une fois intégrée l’X, Lola entendra dire en stage qu’elle n’allait pas toute sa vie faire des maths, qu’il fallait songer à se marier et à faire des enfants.

    Le syndrome de la vieille fille allume des clignotants dans tous les sens  : « Le garçon est prêt à s’enfermer dans les études, quand la fille n’a pas de temps à perdre pour trouver un mec. » En dépit des obstacles, elle intégrera l’ENS-Lyon où le sexisme s’atténue peut-être parce que les femmes ont disparu, elles sont quatre sur 40 élèves. Pour décrire un monde où les mâles dominants s’agrègent, elle évoque la salle du concours où se retrouvent les postulants à Polytechnique  : « Un océan de mecs. Là, j’ai senti la différence, ça n’était pas la place pour une fille. »

    Conscience collective

    Edwige partage le constat de Lola et Sonia sur la mise à l’écart ­insidieuse des filles, mais elle veut transformer le discours individuel en une arme collective dans un domaine où la solidarité féminine est presque inexistante. « Les filles ne se voient pas comme les victimes d’un système, la solidarité féminine est inexistante. Chacune pense qu’il s’agit d’un problème individuel. A chacune de trouver la solution, il n’y a pas de sororité, vraiment il n’y a aucune solidarité », estime Edwige qui a choisi l’ENS-Lyon.

    Pour susciter une prise de conscience collective, Edwige organise dans le cadre d’Animath (1) des week-ends « Filles et Maths » avec des rencontres avec des mathéma­ticiennes de métier et des ateliers d’algèbres, de géométrie ou d’arithmétique. Faut-il faire des quotas dans les préparations aux grandes écoles pour les filles  ? « Pourquoi pas  ? La loi ORE (3) a fixé des quotas pour les boursiers, pourquoi pas pour les filles  ? »

    L’idée a été évoquée à l’ENS-Lyon tant le désarroi est grand face à la raréfaction des filles dans le département de mathématiques, admet Emmanuelle Picard, sociologue impliquée dans un groupe d’études mis en place par les ENS pour comprendre l’incompréhensible. Pourquoi les filles représentent 20 % des élèves en prépa, 16 % des candidats au concours MP des ENS, celui qui privilégie les maths, 8 % des admissibles et 5 % des intégrées par concours  ? Et question subsidiaire  : comment remédier à cette situation  ? « La pression sociale, les stéréotypes qui classent, rangent les garçons du côté des chiffres et les filles du côté des lettres tout cela est vrai, mais il faut comprendre ces phénomènes pour comprendre à quel moment les filles s’éliminent », explique la sociologue.

    « Avoir une barbe »  ?

    Rozzen Texier-Picard, mathématicienne et vice-présidente chargée des questions liées à la diversité à l’ENS-Rennes, avoue ne pas avoir trouvé la solution à un problème qu’elle examine depuis plusieurs années  : « Nous avons intégré les matières littéraires, le français et les langues dès l’admissibilité pour le concours 2018, et nous allons voir ce que cela donne », dit-elle sans attendre un bond spectaculaire.

    Elyès Jouini, mathématicien, vice-président de l’université Paris-Dauphine et coauteur de plusieurs études, n’a pas beaucoup plus de certitudes pour expliquer la sexuation des maths. « Beaucoup d’efforts ont été réalisés pour réduire l’écart entre le niveau moyen des filles et des garçons. Mais, quand on regarde le haut du panier, les 5 % qui se trouvent tout en haut de la pyramide, les garçons s’imposent à chaque fois qu’il y a une sélection. Là, les archétypes et les stéréotypes fonctionnent, et quand il s’agit de se présenter à un concours réputé difficile, les garçons iront quand ils ont 12 ou 13, les filles attendront d’avoir 15 ou 16. Prenez un pays comme la Norvège qui a sans doute le plus fait pour effacer les écarts entre femmes et hommes, le biais mathématiques demeure. »

    La situation est-elle désespérée  ? Pas tout à fait. Elyès Jouini rappelle qu’au XVIIIe siècle, l’un des cerveaux les plus brillants de l’Europe s’éclairant à la raison, Emmanuel Kant, estimait que les filles n’étaient pas faites pour les lettres classiques  : « Une femme qui sait le grec est si peu une femme qu’elle pourrait aussi bien avoir une barbe. » Faudra-t-il attendre un siècle ou deux pour que les choses s’arrangent  ? « Si nous voulons maintenir le niveau de l’école française de mathématiques, on ne peut pas se passer de la moitié de la population », constate un mathématicien pressé de voir les choses bouger, sans savoir comment faire. Inutile de porter attention aux explications mettant en cause des différences fondamentales entre les deux sexes, sinon en donnant la parole à un enfant de 5 ans rentrant de l’école  : « Le cerveau des filles ne tourne pas dans le même sens que celui des garçons. »

    Une autre scène vaut la peine d’être racontée. Un matin de juin, les enfants de l’école maternelle de la rue Clauzel à Paris sont déguisés pour fêter la fin de l’année. Toutes les filles sont en princesses, sauf une, habillée en catwoman. Les garçons sont tous en super-héros, sauf un pirate. Et un tigre pas du tout méchant.
    (1) Animath est une association qui cherche à promouvoir les mathématiques auprès des jeunes.
    (2) Nous ne parlerons à aucun moment du physique des jeunes femmes que nous avons rencontrées, pour ne pas avoir à aborder cette question qui voudrait qu’une fille qui fait des maths sacrifie sa féminité.
    (3) Loi du 8 mars 2018 relative à l’orientation et à la réussite des étudiants.

    Philippe Douroux , Magalie Danican

    Par contre je ne suis pas d’accord avec l’argument qui cite Kant et les lettres classiques. Tout le monde le sait, le problème ce ne sont pas les maths en eux mêmes mais le fait que c’est la matière qui est considérée comme un marqueur d’excellence et de sélection. Donc si les maths cessent d’être cet outil de sélection, il n’y aura aucun souci et les filles deviendront aussi bonnes en maths que les garçons pendant que la matière qui sera devenue matière marqueur d’excellence, la géographie par exemple, sera squattée par les garçons. Ça ne voudra absolument pas dire que l’éducation mettre filles et garçons sur le même pied d’égalité. C’est ce qui s’est passé avec les humanités qui jouaient ce rôle avant les maths, raison pour laquelle Kant évoque les lettres classiques.

    #mathématiques #sexisme #orientation #éducation #discriminations #école #filles #genre

    • Je sais plus ou j’avaiis lu ca et je vais chercher ou c’étais, mais le pbl des choix d’orientations n’est pas lié au fait que les filles ne vont pas en sciences, maths, mais ce déséquillibre serait lié au fait que les garcons desertent les secteurs féminisés. Les filles font des maths, mais les garçons evitent totalement les branches féminisées pour ne pas passer pour féminins. Il ne manque pas de programmes pour inciter les filles a faire des etudes de math, mais des programmes pour inciter les garçons à choisir les fillières féminisées (qui sont méprisées e dévalorisées parceque féminisées, avec tres faibles salaires et progressions de carrières) c’est ca dont on aurais besoin.

      edit c’est ici : https://seenthis.net/messages/704072

      [Les garçons] se retrouvent de manière très concentrée en S (69 %) alors que les filles se répartissent dans les 3 séries de manière plus équilibrée et choisissent préférentiellement la section S, à l’opposé de ce que l’on pense généralement (…). Contrairement aux injonctions qui leur sont faites, les filles n’ont pas, du moins au niveau de l’enseignement secondaire général, un problème de diversification des choix d’#orientation.

      […] C’est l’observation de la répartition des filles et des garçons, pas seulement la proportion des filles dans les filières, qui révèle le jeu du #genre, c’est-à-dire l’impact du système féminin/masculin sur les orientations des deux sexes. C’est cela qui doit nous poser question et non pas seulement le constat de la moindre orientation des filles vers les sciences et techniques. On devrait effectivement se demander d’une part, pourquoi les filles sont attirées par les secteurs du soin, de l’éducation, du social et, d’autre part, pourquoi l’absence des garçons dans ces filières et métiers ne fait pas problème.

      […] Le survol rapide que l’on vient d’en faire [des politiques de promotion de l’égalité] pour les quarante dernières années révèle qu’il est quasi exclusivement question de l’orientation des filles vers les sciences et techniques. On ne se préoccupe pas réellement du fait que la division sexuée de l’orientation touche aussi les choix des garçons, comme nous l’avons souligné plus haut. L’absence des garçons des filières littéraires et sociales, du soin et de l’éducation, ne fait pas question, elle n’est pas une préoccupation sociale et politique. Par ailleurs, ces politiques concentrent beaucoup d’énergie sur l’information, comme si l’absence des filles dans les filières visées provenait essentiellement de leur manque d’informations objectives sur ces secteurs. Enfin, on semble croire que la diversification des choix d’orientation des filles produira de facto l’égalité des sexes en matière de formation et d’emploi. Il suffirait que les filles soient présentes pour que disparaissent les inégalités entre sexes… L’aveuglement, aux rapports sociaux de sexes qui régissent la société, donc l’école et le travail, laisse perplexe.

      Comme d’habitude on rend les filles et les femmes responsables des discriminations qu’elles subissent et jamais on ne dit ni ne fait rien qui puisse vaguement incommodé le moindre garçon ou homme.

  • La Société du concours, L’empire des classements scolaires | Les oreilles loin du front
    http://www.loldf.org/spip.php?article618

    Que ce soit à Polytechnique, l’ENS ou dans les émissions « Top Chef » ou « The voice », le concours s’est imposé comme la principale mesure du mérite individuel. Avec ses méthodes : épreuves, jury, hiérarchie. Et avec ses corollaires : compétition, stress, inégalités en tous genres. On en a parlé cette semaine avec la sociologue Annabelle Allouch qui vient de publier "La Société du concours. L’empire des classements scolaires" aux éditions du Seuil. Durée : 1h16. Source : Fréquence Paris Plurielle

    http://loldf.org/archives/18.05.23.societe.des.coucours.annabelle.allouch.mp3

  • Nouveau et nuisible : le gouvernement surtaxe la nature
    https://reporterre.net/Nouveau-et-nuisible-le-gouvernement-surtaxe-la-nature

    Le projet de loi de finances pour 2018 va nuire à l’ensemble des espaces naturels, estime le spécialiste Guillaume Sainteny. Le projet prévoit en effet de taxer leurs propriétaires de manière nettement supérieure à celle des détenteurs des autres capitaux. Poussant ainsi à la vente des champs et bois pour la construction immobilière. L’Assemblée nationale risque de l’adopter vendredi 15 décembre.

    La chose est passée complètement inaperçue. Alors qu’elle pourrait avoir des conséquences importantes sur les espaces naturels français.

    Le principal changement introduit par le projet de loi de finances (PLF) pour 2018, présenté le 27 septembre devant l’Assemblée nationale et critiqué par les ONG environnementales, consiste en la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), remplacé par un nouvel impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui concernera uniquement les biens immobiliers (bâtis et non bâtis), et un prélèvement forfaitaire unique (appelé « flat tax ») pour les biens mobiliers (placements, actions, dividendes, etc.).

    Pour les seconds, la taxation consistera donc en un prélèvement unique , identique quel que soit le patrimoine total du propriétaire, de 30 % des revenus de ces biens. Tandis que les biens immobiliers, eux, seront toujours soumis à une série de taxes et impôts : sur les revenus, sur le patrimoine immobilier, sur les plus-values immobilières, etc.

    Le problème, soulevé par Guillaume Sainteny, professeur à Polytechnique et qui a travaillé plusieurs années au ministère de l’Écologie, c’est qu’il y a parmi ces biens immobiliers des espaces naturels. Bois, terres agricoles, landes, friches, montagnes, littoraux… L’ensemble du foncier non bâti représente l’essentiel du territoire français (85 % selon Guillaume Sainteny). Parmi ces espaces, certains sont classés Znieff, Natura 2000, ou appartiennent à un parc naturel protégé.

    • J’ai eu une discussion par mp avec un des journalistes impliqués via un journaliste à la rédac’ web qui est un de mes amis (William Audureau, rubrique jeux vidéo)

      Il a compris que la formulation sur l’embargo était mauvaise. Du coup, il va modifier le texte.

      Je lui ai dit que c’était pas suffisant, que d’autres points importants méritaient d’être revus (pour rester soft). J’espère que c’est l’ensemble qui va être remanié mais je ne me fais pas de grosses illusions.

    • En plus d’être fausse cette vidéo est aussi vraiment obscène avec leur « banzaï » et les déclarations triomphantes sur cette merveilleuse réussite française, avec la voix réjouie de la narratrice... ce n’est pas seulement l’approche du fond qui est problématique, c’est aussi la forme et le mode narratif.

      Et Le Monde essaye de nous faire croire que c’est du vrai journalisme, chaque jour un peu plus bas.

    • Pour la modification du fond, la considération du CV de l’auteure, membre distinguée du #complexe_militaro_industriel, pardon !, de la #base_industrielle_et_technologique_de_défense (#BITD) laisse peu de place à une évolution sensible…

      À propos de CMI, et de comment on en est arrivé là, on peut réécouter le discours de fin de mandat de Dwight D. Eisenhower (17/01/61) (à partir de 7:45) rappelant le rôle crucial du politique (et du secteur public) dans le pilotage de la politique de défense mais aussi, c’est moins souvent rappelé que le CMI, dans le pilotage de la recherche scientifique et technique.

      https://www.youtube.com/watch?v=OyBNmecVtdU

      À l’entendre, on a un peu de mal à imaginer qu’il appartient au même parti politique que son lointain (onzième !) successeur.

    • En même temps, Eisenhower a comme tu le dis été l’architecte de ces partenariats public/privé. J’ose espérer que les journalistes reprendront la main mais je n’y crois guère. Par contre, nous, assos, militants, on a clairement perdu en influence pour que les journalistes s’autorisent à écrire de telles choses... Impensable il y a 20 ans.

    • Commentaire …

      Ah ah ah
      Présenté comme un secteur « pas comme les autres » mais traité comme « d’habitude ».

      http://dessinemoileco.com/lindustrie-de-defense-francaise-secteur-autres

      Bonjour Philippe et merci pour votre commentaire.

      Nous avons retranscrit les informations récupérées auprès de notre experte de manière fidèle, l’idée étant d’expliquer le fonctionnement de la vente des armes au grand public et non de prendre parti sur cette question, comme d’habitude.
      Nous allons néanmoins modifier un point qui paraissait effectivement imprécis (raison pour laquelle la vidéo a été temporairement enlevée de la section des décodeurs).

      Pour le reste, nous avons suivi la ligne éditoriale qui est la nôtre depuis le début de la série Dessine-moi l’éco : les représentations graphiques ont le même style que d’habitude, la voix de la comédienne n’est ni plus ni moins enjouée que dans toutes les autres vidéos DME et la réalisation globale a pour objectif de capter l’attention des spectateurs et de vulgariser le message.

      Cordialement,

      L’équipe Dessine-moi l’éco.

      je note l’argument

      expliquer le fonctionnement de la vente des armes au #grand_public

      Donc il serait préjudiciable que le grand public apprenne la vérité ? le grand public veut de la fable, remercions les journalistes qui savent comprendre le vulgus, cet être infantile à qui il faut servir la bonne sous soupe de leur maître.

    • texte du pdf
      http://dessinemoileco.com/wp-content/uploads/2017/07/DMETexte_armements.docx.pdf

      L’industrie de défense française : un secteur pas comme les autres

      La France se situe aujourd’hui au 4e rang mondial des Etats producteurs et exportateurs d’armement, derrière les EU, la Russie et la Chine.


      L’industrie de défense française, aussi appelée Base industrielle et technologique de défense (BITD), emploie environ 165 000 personnes au sein de 4 000 entreprises dont les principales sont Dassault Aviation, Thales, Airbus Group, Safran ou encore Naval group (ex DCNS).

      La BITD française produit des armements de haut niveau technologique, notamment :
      des sous-marins ;
      des avions de combat comme le Rafale ;
      des hélicoptères ;
      des véhicules blindés ;
      des systèmes électroniques (radars ou systèmes de communication par exemple).


      L’industrie de défense n’est pas une industrie ordinaire car ses clients sont des Etats : l’Etat français tout d’abord, qui commande à sa BITD des équipements pour sa propre défense, et qui finance par ailleurs la recherche et développement.


      Les ventes d’armes à des pays étrangers sont soumises à autorisation de l’Etat français : la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG) délivre des licences d’exportation en fonction des relations stratégiques entre les pays notamment.


      Par exemple, la France ne vend pas d’armes aux pays qui font l’objet d’un embargo décrété par l’ONU et l’UE, comme la Syrie.


      L’Arabie Saoudite est son principal client ces 10 dernières années.


      La France a par ailleurs récemment vendu des Rafales à l’Inde, au Qatar et à l’Egypte et des sous-marins à l’Australie.


      Les Etats qui commandent des armements à la France souhaitent la plupart du temps que la production, voire la conception et l’entretien, se déroulent sur leur propre territoire, grâce à des transferts de compétences et de technologies.


      On parle d’offsets directs.


      Pour répondre à ces exigences, les entreprises françaises installent des filiales ou encore établissent des coentreprises (ou Joint Ventures – JV) avec des entreprises locales.


      A terme, ces Etats aspirent ainsi à se constituer une BITD nationale afin de devenir à leur tour indépendants en matière d’armement.


      Le défi pour l’Etat français et ses entreprises est donc d’éviter de favoriser l’émergence de nouveaux concurrents et de conserver une certaine avance technologique.


      Pour soutenir son industrie, l’Etat doit continuer à passer des commandes à ses propres industries et à financer leur R&D


      Cela ne l’empêche pas d’acheter des équipements à l’étranger, par exemple des drones aux Etats-Unis et des fusils d’assaut à l’Allemagne.


      Avec plus de 14 milliards d’euros de prises de commandes en 2016, la France est devenue un acteur majeur sur le marché mondial de l’armement.
      –---------


      0 Plus d’informations ici : http://dessinemoileco.com/conditions-dutilisation
      Pour nous contacter : Sydo – 13 rue Burdeau 69001 Lyon – contact@sydo.fr


      fr – +33 (0)4 26 78 32 77

    • bio d’Hélène Masson, chercheuse qui a « validé le contenu »
      Fondation pour la recherche stratégique
      https://www.frstrategie.org/frs/chercheurs/helene-masson

      Expérience professionnelle

      Maître de recherche, en charge du pôle Défense&Industries
      Rédacteur en chef de la revue Défense&Industries
      Responsable du séminaire « Stratégies industrielles et économie de la défense », Master 2 Droit Stratégies industrielles et politiques publiques de défense, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
      Intervenante à Polytechnique Palaiseau (FAMIA : Formation des ingénieurs de l’armement)
      Membre du Conseil scientifique de l’IHEDN
      Membre du Conseil scientifique de la Chaire Economie de défense, IHEDN
      Auditeur de la 47ème session IHEDN/Armement et Economie de défense

    • La vidéo a été remise en ligne en douce hier (pas d’annonce sur les fils twitter des @décodeurs ni de @lemondefr).

      Il semble que la différence tienne dans une phrase : on passe de “La france ne vend pas” à “La France n’a pas le droit de vendre” (aux pays sous embargo).

      L’ancienne version est toujours en ligne sur dessinemoileco.

  • Querelle ravivée entre #économistes autour du mot "négationnisme" - Arrêt sur images
    http://www.arretsurimages.net/articles/2016-09-09/Querelle-ravivee-entre-economistes-autour-du-mot-negationnisme-id906

    Il faut dire que tous les éléments à polémiquer sont réunis : les auteurs – l’un prof à Polytechnique, l’autre à l’Ecole d’#économie de Paris et tous deux présentés comme spécialiste du marché du travail – se prennent bille en tête les économistes dits hétérodoxes. A savoir ceux qui n’appartiennent pas au courant mainstream orthodoxe néolibéral. A leurs yeux, par exemple, il ne fait aucun doute que la réduction du temps de travail ne crée pas d’emploi et que la finance n’est pas toujours l’ennemie. De même, le concours de l’Etat pour financer la réindustrialisation des territoires ne sert à rien.

    Pour autant, Cahuc et Zylberberg assurent également que l’immigration a des effets bénéfiques pour l’économie ou que les baisses de cotisations sur les salaires ne créent pas non plus d’emploi. Quant aux dépenses publiques, si elles peuvent servir à relancer la croissance, il y a des conditions rapportées par Le Point : "il faut que la politique monétaire facilite l’accès au crédit, que ces dépenses soient cantonnées à des domaines très précis (infrastructure, transferts vers les plus défavorisés), mais il faut aussi que l’appareil productif puisse s’adapter à l’augmentation des commandes. En d’autres termes, elles ne dispensent pas des fameuses réformes structurelles (marché du travail, etc.) honnies par les Économistes atterrés."
    [...]
    Association française d’économie politique (AFEP) qui regroupe les économistes hétérodoxes, lesquels s’indignent : "Soit ils ignorent la signification historique du terme « négationnisme » et c’est bien triste pour eux, soit ils ne l’ignorent pas, et c’est tout simplement une honte, pour eux et leur éditeur." Quant aux Economistes (pour le coup très) atterrés, ils considèrent que "jamais l’attaque n’a été d’un aussi bas niveau"

  • Le blog de Jean-François Fiorina » Blog Archive » « Des élites fondamentalement féodales et de surcroît incompétentes »
    http://blog.educpros.fr/fiorina/2015/10/22/des-elites-fondamentalement-feodales-et-de-surcroit-incompetentes

    le principal ressort se nomme la rente. Lorsque vous entrez à HEC, à Polytechnique, à l’ENA, la société française fait de vous un rentier. Et à l’instar du système féodal, il y a des gradations dans le système de rente, que les rentiers connaissent très bien. À Canal Sat, mon équipe en charge du développement international était composée de quatre cadres supérieurs. L’un d’entre nous était un X sorti ensuite 3ème à l’inspection des Finances. Il y avait un autre énarque, sorti lui dans la préfectorale. Il ne s’est passé une semaine sans que ce dernier vienne se lamenter de n’avoir pas obtenu une bonne place dans le classement de sortie de l’ENA, quinze ans plus tôt. Il était « mal sorti ». Dans l’aristocratie scolaire française, il se savait identifié comme étant un médiocre, une sorte de Claude Guéant !

    La France est un cas unique, en Europe : notre « excellence » est purement scolaire, basée sur des connaissances apprises et recrachées par cœur. Elle vous permet d’accéder à un poste où vous serez indéboulonnable, votre vie entière.