« Mon banquier me préfère à découvert » et autres trouvailles de Publicis - actionnaire de référence : Elisabeth Badinter
►http://www.monde-diplomatique.fr/2004/06/BENILDE/11267
Avec 10,3% du capital du groupe hérité de son père, Marcel Bleustein-Blanchet, Mme Elisabeth Badinter est l’actionnaire de référence de Publicis. Son engagement d’intellectuelle féministe aurait pu modérer les excès de cette agence. Or, exception faite de son intervention au moment de la chute de M. Messier, la présidente du conseil de surveillance de Publicis a assumé sans barguigner un héritage paternel véhiculant des représentations sexistes de la femme. On doit ainsi à Publicis, en 2002, cette campagne de la marque de soutien-gorge Barbara qui faisait dire à une jeune femme dénudée : « Quand on me dit non j’enlève mon pull » ou « Mon banquier me préfère à découvert ». L’année dernière, l’association féministe La Meute, qui milite contre la publicité sexiste, a également mis en cause une affiche de Publicis qui vantait le produit Irresistibol (du fabricant de soupe Maggi) avec le slogan : « A quoi rêvent les blondes ? Irresistibol, au moins 7 minutes d’intelligence par jour. » Publicis sexiste ? Cela ne perturbe pas outre mesure l’auteure de Fausse route, un ouvrage qui s’érige contre ce qu’elle nomme la « victimisation du genre féminin (8) ». Elisabeth Badinter ne s’est pas davantage émue des plans de réduction des effectifs de Publicis, qui, au nom d’un impératif de marge bénéficiaire de 15 %, ont entraîné 870 suppressions d’emplois au premier semestre 2001 et 985 suppressions supplémentaires au premier semestre 2002.
Publicis, un pouvoir, par Marie Bénilde (Le Monde diplomatique, 2004)