city:qoussaïr

  • Un député du Hezbollah aurait déclaré que le parti ne participera pas à d’autres batailles en Syrie. Traduction d’un extrait d’elnashra.com par Mediarama :
    http://mediaramalb.files.wordpress.com/2013/06/mediarama-355.pdf

    Le député sunnite du Hezbollah [Kamel Rifaï] a souligné que le parti a accompli son devoir à Qoussair « pour protéger ses flancs et ses gens. » « La bataille de Qoussair visait à empêcher la formation d’un émirat islamique s’étendant de Qoussair à Nabak (en Syrie) en passant par certaines régions libanaises, a-t-il dit. Le Hezbollah a réussi à faire échec à ce projet et l’armée syrienne n’a plus besoin de l’aide des combattants du parti dans les batailles ultérieures à l’intérieur de la Syrie ».

    Noter la tournure – si elle est exacte : « l’armée syrienne n’a plus besoin de l’aide »… ce qui pour l’heure indique la fin de la participation du Hezbollah, mais n’en fait pas une question de principe, mais de « besoin » (qui peut donc changer selon les circonstances).

  • Syrie. Conférence de Genève II (juin 2013)
    La coalition nationale syrienne (CNS) vient d’indiquer qu’elle ne participera pas à la conférence internationale de Genève prévue en juin (aucune date précise n’a encore été donnée). Sans cette formation la conférence n’aurait aucun sens.

    Le premier argument donné par le CNS fait valoir qu’aucune discussion ne peut se tenir pendant que des « massacres » sont organisés (NB : à Qoussair). C’est un argument étrange dans la mesure où l’objectif de la réunion est justement de mettre fin aux violences pour trouver une solution politique au conflit. Le deuxième argument concerne la présence du Hezbollah et des milices iraniennes aux côtés du régime syrien. Il est illusoire de demander à tel ou tel groupe de combattants de déposer les armes en préalable, et comme condition, à l’organisation d’une conférence qui vise justement à mettre un terme au conflit auquel ils participent. Le troisième argument concerne le départ d’Assad. Le CNS exigerait qu’une date-limite soit définie au-delà de laquelle Assad aurait quitté le pouvoir. Cette demande se résume à interdire à Assad de participer à la conférence (ou à s’interdire d’y participer du fait da sa présence), alors que la liste de ses délégués a déjà été transmise aux parrains de la conférence et que dans l’esprit de Moscou (et à un moindre degré de Washington) la participation du régime est un élément essentiel.

    On peut penser que le véritable problème de la Coalition nationale syrienne reste le même. Elle a des difficultés à trouver un équilibre satisfaisant entre ses différentes composantes. Tel était bien l’objectif central de la réunion de l’opposition qui vient de se tenir à Istanbul (23/27 mai). Sa menace de boycotter la conférence de Genève témoigne de son échec à y être parvenu et/ou ne vise qu’à faire pression sur l’une ou l’autre de ses composantes (Frères musulmans, Armée libre syrienne…), à moins que ce soit sur les parrains de la conférence. Le Qatar ne s’est pas encore exprimé sur cette situation.

    SNC backs out of planned Geneva peace talks
    http://english.al-akhbar.com/content/snc-backs-out-planned-geneva-peace-talks

    Syria’s main Western-backed opposition group said Thursday that it will not participate in US-Russian sponsored peace talks with the Syrian government. Thursday’s announcement came at the end of week-long opposition talks in Istanbul to try and forge a united view on whether to take part in the peace conference expected to take place in Geneva next month. A spokesman for the Syrian National Coalition, Khalid Saleh, says an "international conference on a political solution to the situation in Syria has no meaning in light of the massacres that are taking place." The SNC also justified its decision by accusing Iran and the Lebanese resistance movement Hezbollah of “invading” Syria.

    # Syrian_National_Coalition, US_Russian_sponsored_peace_talks, Hezbollah, George_Sabra, al_Manar

  • Les buts de l’attaque contre les soldats à Ersal. Médiarama publie un article d’Al Joumhouria :
    http://mediaramalb.wordpress.com/2013/05/30/mediarama-30-05-2013

    Selon des sources sécuritaires, Ersal, dans l’Est du Liban, abrite des groupes extrémistes composés de Libanais et de Syriens, soutenus par certains habitants de la localité, et qui ont comme principal parrain le cheikh Moustapha Hojeiri, Abou Takié, qui fait l’objet de plusieurs mandats d’arrêt. Ces groupes salafistes ont estimé que le barrage de l’armée pris pour cible dans la région, lundi, constituait une entrave de taille à leur liberté de mouvement et à leur logistique entre leurs bases militaires à Ersal et les fronts dans la région centrale en Syrie, entre Qoussair et Homs. L’attaque contre le barrage visait par conséquent à dégager les voies de ravitaillement avec la Syrie.

    Les mêmes sources ajoutent que l’institution militaire pense que attaque avait deux objectifs. Le premier était de prendre des militaires en otage pour les échanger contre les prisonniers islamistes détenus à Roumié. L’armée possédait dans ce cadre des informations sur des opérations qui devaient la cibler sur l’ensemble du territoire libanais. Le deuxième objectif était d’impliquer l’Armée libanaise dans le conflit interne et dans la guerre syro-syrienne pour l’entraîner dans un nouveau Nahr el-Bared. Preuve en est que les assaillants ont utilisé le même mode opératoire que celui qui a déclenché la guerre de Nahr el-Bared en 2007. Ils ont tenté de prendre d’assaut les dortoirs des militaires mais les sentinelles ont fait échouer l’attaque en tirant sur les assaillants. Si l’assaut avait réussi, des dizaines de soldats auraient été tués dans leur sommeil. L’enquête a montré que des groupes armés étaient postés sur les hauteurs surplombant le barrage pour soutenir les éléments qui ont mené le premier assaut.

    Le fait que cette (courte) analyse sorte dans le Al Joumhouria d’Élias Murr est une indication intéressante. Cela témoigne-t-il de l’inconfort des chrétiens du 14 Mars face aux actions des islamistes syriens (pourtant soutenus ouvertement par leur camp) ?

  • Liban. Hezbollah (21 mai 2013)

    La Grande Bretagne demande que la branche militaire du Hezbollah soit inscrite sur la liste européenne des organisations terroristes. (1) Bruxelles pourrait examiner cette requête début juin. Londres argue que le Hezbollah est responsable de l’attentat à l’aéroport de Burgas (Bulgarie, 18 juillet 2012) qui a coûté la vie à cinq Israéliens et un Bulgare (juillet 2013) et qu’il a été impliqué dans la préparation d’opérations contre des touristes israéliens à Chypre. Les Etats membres de l’Union européenne – notamment la France et la Suède - ont toujours été réticents à adopter cette mesure avec le souci de préserver le fragile équilibre politique libanais, de continuer à considérer le Hezbollah comme un parti politique et de garder une ligne de communication avec un mouvement qui, par ailleurs, offre de nombreux services sociaux à la population libanaise. Certains s jugent que la distinction entre parti politique et branche militaire du Hezbollah n’est pas pertinente et que le Hezbollah devrait être considéré comme une seule entité (2).

    Le contexte est favorable à l’examen de la demande britannique par les Européens. La participation du Hezbollah libanais aux combats dans la ville de Qoussaïr (Syrie) aux côtés du régime d’Assad ne peut que contrecarrer les objectifs de ceux qui soutiennent l’opposition syrienne. La Grande Bretagne (en 2008) et les Pays Bas sont les deux seuls Etats membres qui ont déjà inscrit le Hezbollah (branche militaire) sur leur liste nationale de personnes et d’organisations terroristes. C’est aussi le cas des Etats Unis. La France (3) et la Suède ont fait savoir qu’elles n’avaient encore rien décidé. L’inscription sur une « liste terroriste » européenne vaut interdiction de toutes opérations bancaires sur le territoire européen (ce qui rend impossible par exemple la collecte de fonds à destination), gel des avoirs, interdiction de circuler, etc. Les sanctions sont modulables. Elles doivent être décidées à l’unanimité des 27.

    Britain asks EU to put Hezbollah armed wing on terror list (21 May 2013)

    (1) http://www.euronews.com/newswires/1963974-uk-asks-eu-to-put-hezbollah-military-wing-on-terror-list-diplomat
    (2) http://www.defenddemocracy.org/media-hit/why-doesnt-europe-think-hezbollah-is-a-terror-group
    (3) http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/vues/Kiosque/FranceDiplomatie/kiosque.php?type=ppfr

    • Voir aussi :
      http://seenthis.net/messages/138311

      La seule personne qui a clairement impliqué le Hezbollah en Bulgarie, l’ancien ministre de l’intérieur Tsvetanov, a désormais tellement de casseroles que la piste bulgare me semble sérieusement compromise.

      Cette pression anglaise me semble surtout « favorable » dans le sens où dans quelques semaines, ce sera trop tard…

    • Exact. Londres, et d’autres, jugent que le bon moment est arrivé parce que les arguments bulgare et chypriote fournissent un bon prétexte « européen » pour aller de l’avant. La vraie raison est ailleurs : Qoussaïr et l’avenir de la Syrie.

  • Syrie. Le point sur la bataille de Qoussaïr (21 mai 2013)

    Où est Qoussaïr ? Ville située près de Homs, à quelques kilomètres de la frontière avec le Liban. Elle occupe une position stratégique. Elle permet aisément de rentrer et sortir du Liban.

    Début des combats ? L’assaut de l’armée syrienne contre la rébellion installée à Qoussaïr a débuté le dimanche 19 mai. Il n’est pas terminé (1). L’armée régulière avait pris position dans les alentours depuis plusieurs semaines. Elle contrôlait depuis une dizaine de jours la zone d’al-Tal, qui domine Qoussaïr.

    Qui combat ? D’un côté, des groupes de la rébellion qui contrôlaient la ville depuis une année (notamment la Brigade Farouk relevant de l’Armée Libre Syrienne) ; En face, l’armée syrienne assistée de combattants se revendiquant du Hezbollah et les Forces de la Défense Nationale (milice paramilitaire créée par le régime). L’aviation est intervenue. Il y aurait une centaine de morts des deux côtés.

    Issue ? Tout le monde s’accorde à dire que le régime va reprendre le contrôle de la ville dans les heures ou jours à venir.

    Réactions arabes ? La Ligue arabe a convoqué une réunion pour jeudi 23 mai pour évoquer la conférence internationale dans le contexte de la situation sur le terrain, notamment à Qoussaïr.

    Contexte politique et diplomatique ? L’assaut de Qoussaïr est intervenu au lendemain du jour où Assad a déclaré qu’il ne quitterait pas le pouvoir (2). Personne ne croit que la conférence internationale, destinée à mettre fin au conflit par un accord entre le régime et la rébellion, puisse réellement se tenir début juin. Le fossé se creuse entre chiites et alaouites, combattant pour le régime, et sunnites qui forment le gros de la rébellion. Le Président Assad a récemment fait valoir que son gouvernement n’utilisait les services « d’aucun combattant extérieur à la Syrie, ni d’autres nationalités, et n’avait besoin d’aucun autre Etat arabe ou étranger » (2) (3) La participation du Hezbollah aux combats rend caduc la politique de non-intervention du Liban. Pire, le Front al-Nousra avait menacé, il y a plusieurs semaines, de prendre Beyrouth pour cible si le Hezbollah ne cessait pas ses opérations en Syrie.

    Conséquences ? La chute de Qoussaïr permettra à Damas de reprendre le contrôle de la zone frontalière du Liban. Elle affaiblira la rébellion à Homs et ailleurs en Syrie. Elle offrira au régime la possibilité de choisir ses prochaines cibles. Elle modifiera la lecture des événements en replaçant les loyalistes au centre du jeu. Elle est susceptible de provoquer en Syrie des représailles à l’encontre des alaouites et des chiites (4) et de réalimenter les troubles à Tripoli entre alaouites et sunnites
    1. http://www.aljazeera.com/news/middleeast/2013/05/2013519124646578835.html
    2. http://www.clarin.com/zona/Renunciar-pueblo-decide-quedo-EEUU_0_922107887.html
    3. http://www.syriaonline.sy/?f=Details&catid=12&pageid=5835
    4. http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2013/05/syria-conflict-lebanese-border-qusayr.html

  • Mediarama donne traduit un extrait d’un article d’Antoine Hayek sur elnashra.com. Supputations, certainement, mais je note que ce genre d’analyses revient en ce moment.
    http://mediaramalb.files.wordpress.com/2013/04/mediarama-323.pdf

    Un diplomate arabe qui suit de près les dossiers de la crise syrienne -notamment les succès enregistrés par l’armée régulière à Qoussair, la démission de Moaz al-Khatib et les appels à la mobilisation sunnite pour défendre Qoussair lancés par les cheikhs Salem Raféï et Ahmad al-Assir- affirme que ces développements s’inscrivent dans le cadre d’une lutte d’influence entre le Qatar et l’Arabie saoudite, que le régime syrien exploite à merveille pour réaliser des succès qualitatifs sur le terrain. Le langage du silence et le retrait tactique opérés par Riyad sont interprétés par l’Etat syrien comme un feu vert pour anéantir les groupes salafistes appuyés par Qatar et qui n’ont jamais été en bon terme avec les groupes wahhabites soutenus par l’Arabie saoudite.

    En parallèle, le diplomate arabe ne dément pas la participation du Hezbollah aux combats de Qoussair. Il évoque même des informations sur la participation, depuis plusieurs mois, de combattants du parti à la protection des lieux saints chiites en Syrie. Mais selon lui, l’activisme sunnite qui est apparu ces dernières heures doit être inscrit dans le cadre des intérêts divergents entre le Qatar et l’Arabie saoudite. Le Qatar serait en effet le grand perdant si le régime syrien ne tombe pas. Non seulement parce qu’il ambitionne de se positionner en tant que leader politique du monde arabe, après avoir imposé sa mainmise sur la Ligue arabe. Le maintien du président Assad au pouvoir constitue en fait le coup de grâce au projet de gazoduc pour transporter le gaz qatari vers l’Europe via la Turquie et la Syrie. Cette perte serait stratégique et non pas tactique pour le Qatar, car l’émirat ne pourra pas se placer en concurrent du gaz russe. L’Arabie saoudite, quant à elle, serait la grande perdante en cas de chute du président Assad, car le régime syrien constitue pour elle la première ligne de défense pour se protéger de l’avancée des salafistes, des Frères musulmans et d’Al-Qaïda vers son territoire. De plus, la chute du régime placera le royaume wahhabite dans une situation de confrontation directe avec l’Iran.

    A la lumière de cette lecture particulière des événements, le diplomate arabe exprime sa crainte de voir le conflit sunnite-chiite itinérant se transformer en lutte sunnite-sunnite, notamment entre le wahhabisme et le salafisme.