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  • Paris : interdite de monter dans le bus à cause de sa jupe ? - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/paris-interdite-de-bus-parce-qu-elle-portait-une-jupe-03-05-2019-8065134.

    Trois jours après, la colère demeure toujours aussi vive. « Au XXIe siècle, dans la capitale des Lumières, c’est fou ! », répète Kamel Bencheikh, contacté par téléphone ce vendredi après-midi. Le poète algérien, auteur de l’ouvrage Préludes à l’espoir, rapporte l’histoire que lui a racontée sa fille Élise, 29 ans.

    Les faits remontent à mardi soir 23 heures. « Elise attendait le bus de la ligne 60 avec une amie, à l’arrêt Botzaris, aux Buttes Chaumont (Paris XIXe). Lorsque le véhicule est arrivé, elles n’étaient que toutes les deux. Le chauffeur les a jaugées, n’a pas ouvert les portières et a redémarré ».

    « Tu n’as qu’à bien t’habiller »

    « Le véhicule s’arrête quelques mètres plus loin à un feu rouge, poursuit l’auteur, également physicien. Ma fille a couru jusque la vitre du conducteur pour demander au chauffeur pourquoi il n’ouvrait pas les portes. » Toujours selon Kamel Bencheikh, « le machiniste lui a répondu, Tu n’as qu’à bien t’habiller en regardant ses jambes ».

    LIRE AUSSI >« Balance ton métro » : harcelées, agressées… des victimes racontent leur calvaire

    Sa fille et son amie restent plusieurs minutes sur place, estomaquées, avant de décider de prendre un taxi : « Ce type qui conduit un bus payé par mes impôts a empêché ma fille, titulaire d’un passe Navigo valide et donc en règle, qui n’a jamais rien eu à se reprocher de monter… Juste parce qu’elle portait une jupe », s’insurge encore l’auteur, né à Setif, en Algérie. Il décrit le chauffeur comme un homme « maghrébin » et « islamiste » (NDLR : des éléments de sa libre interprétation).


    L’écrivain Kamel Bencheikh s’est exprimé sur Facebook/DR

    De colère, Kamel Bencheikh publie un premier post virulent, puis un second sur Facebook. Mais il est censuré par le réseau social. « On me reproche d’inciter à la haine. Mais j’ai publié les faits parce que je voulais qu’ils soient repris. Pour dénoncer cette dérive », poursuit celui qui assume ses positions et se décrit comme un « militant anti-islamistes ». Son post Facebook commençait d’ailleurs par « Je revendique mon islamophobie ». Il affirme avoir, depuis, reçu des centaines de messages d’insultes via Messenger.
    « Il faut que la RATP s’excuse publiquement »

    « Je ne lâcherai rien », assure-t-il. Ce samedi, avec sa fille, il ira déposer une plainte : « Nous ne l’avons pas fait jusque-là, parce que ma fille est en déplacement, mais nous irons jusqu’au bout ». Ce qu’il souhaite : « Ce sont au moins des excuses. Il faut que la RATP s’excuse publiquement devant ma fille ». Il a également été contacté par Nadia Remadna, fondatrice de la Brigade des mères à Sevran (Seine-Saint-Denis).

    De son côté, sans plus de détails, la RATP assure que le machiniste sera entendu dans les prochains jours. Elle appelle également Kamel Bencheikh ou sa fille à rentrer en contact avec elle, s’ils le souhaitent.

    #sexisme #discrimination #jupe

    • Voyageuse refusée dans un bus : le chauffeur porte plainte pour « discrimination »
      https://www.nouvelobs.com/societe/20190510.OBS12721/voyageuse-refusee-dans-un-bus-le-chauffeur-porte-plainte-pour-discriminat

      (...) La ministre des Transports Elisabeth Borne et la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, avaient déclaré dimanche suivre « avec la plus grande attention le déroulement de cette enquête » interne de la RATP.

      « Mon client n’a aucune pratique religieuse affectant son activité professionnelle », a déclaré à l’AFP Me Samim Bolaky, dénonçant des « propos fallacieux » de Bencheikh et de sa fille.

      L’avocat a adressé jeudi au parquet de Paris une plainte pour « discrimination sur le fondement de l’appartenance, vrai ou supposée, à une religion déterminée » ainsi que pour « dénonciation calomnieuse » et pour « faux et usage de faux ».

      Selon lui, son client avait marqué l’arrêt mais les deux jeunes femmes « fumaient et continuaient à fumer devant les portes de son bus », qu’il n’avait donc pas ouvertes. Le chauffeur avait repris sa route et les deux femmes l’avaient rattrapé au feu rouge en lui demandant des explications.

      « Une dizaine de passagers occupaient le bus au moment des faits, et pourraient très facilement attester de la teneur des propos du conducteur de bus, qui n’a aucunement évoqué l’accoutrement des deux jeunes femmes », a ajouté l’avocat.(...)

  • Les communistes et l’Algérie
    Des origines à la guerre d’indépendance, 1920-1962
    https://editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Les_communistes_et_l_Alg__rie-9782348036484.html

    À Paris, on ne sait pas grand-chose, la censure veille et l’opinion française est très mal informée, la presse néglige l’évènement et la thèse officielle s’impose presque « naturellement ». Le 11 mai, L’Humanité, le quotidien national du PCF, publie sans commentaire le communiqué du gouvernement sous le titre « À Sétif, attentat fasciste le jour de la victoire ». Au fil des jours, la version se précise, l’affaire est une provocation des « faux » nationalistes et la répression est la seule réponse à opposer aux émeutiers… Cette condamnation sans nuances pèsera lourd dans les années suivantes. Toute une génération marquée au rouge par le traumatisme de Sétif se prépare activement à la guerre, le congrès du PPA en 1947 décide la création de l’Organisation spéciale (OS) dont les cadres seront à l’origine du 1er novembre 1954.

    https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/guerre-d-algerie-communistes-et-nationalistes-le-grand-malentendu,2903

    source : @orientxxi

    De Sotteville à Sétif - Jean-Luc Debry

    C’est l’aventure d’un jeune homme qui étouffe sous les bombes de Rouen en 1944, et qui croyant devenir enfin un acteur de l’histoire, se retrouve à faire de la figuration dans le Sétif en 1945, en plein massacre colonial.
    C’est un récit reconstruit à partir de lectures et de recherches. Il permet de décrire ce que beaucoup de civils vivaient sous les bombes américaines et de dresser le tableau du climat de répression coloniale qui prévalait en Algérie à l’époque.

    http://www.insomniaqueediteur.com/publications/le-soldat-francaoui

    #Algérie #Sétif #FLN #communisme #nationalisme #histoire

  • Sétif : Lakhdar Taarabit, pionnier du 08 mai 1945, n’est plus – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2019/01/06/setif-lakhdar-taarabit-pionnier-du-08-mai-1945-nest-plus

    S’il n’est plus, il restera tout de même dans les annales glorieuses de cette page si historique d’un mardi sanglant et criminel d’un certain 08 mai 1945. 

    C’est une triste vérité de le dire clairement. Il est parti dans un grand silence. Venant de tirer sa révérence à 93 ans dans une totale obscurité environnementale, c’est comme s’il est mort depuis longtemps. Il ne sort plus, il n’est plus l’invité en prime des émissions médiatiques à chaque commémoration de ces tragiques et douloureux « événements » du printemps sétifien 1945. On le zappe. Il était pour nous, enfants dès l’indépendance le symbole, presque l’icône de cette insurrection. La fondation dite du 08 Mai, devenue coquille vide depuis la disparition de Boumaaza et de Boukhrissa, s’est recroquevillée dans un cachet, un cartable, une seule personne et des repas. Cette fondation pourtant à vocation nationale s’est transmutée en une succursale de quartier n’officiant qu’à côté de la wilaya. 

    C’est à elle qu’aurait été dévolu le devoir de présenter tous les honneurs à cet homme et s’abstenir d’éclipser les quelques noms restants pour le seul but de se faire apparaître, seule et exclusive. Nonobstant cette défection, Si Lakhdar Taarabit a eu droit à une oraison funèbre pieusement prononcée par un autre grand monsieur du mouvement national, Cheikh Bouzid Gharzouli , ancien maire de Sétif, ancien détenu à Lambèse. Il a fait savoir à l’assistance, non sans pincement de cœur, tout le long parcours du défunt, depuis son jeune âge, son élan progressiste, son ardeur patriotique, son adhésion à tous les courants politiques prônant la libération de l’Algérie, du PPA au FLN. 

    Son enterrement n’aurait été qu’un rassemblement familial, s’il n’y avait pas ses compagnons de lutte et quelques citadins. Au moment où le wali de Sétif et d’autres autorités étaient présents dans ce cimetière, le maire de la ville, les élus communaux de cette même ville que celle du défunt ont fait défaut. Deux élus nationaux, enfants de la ville ont marqué leur présence au moment où les autres, soit 19, auraient autre affaire. Même le tout fraîchement élu sénateur n’a pas cru bon venir inaugurer son premier protocole funéraire. Oui, c’est un peu baroque, qu’au lieu de méditer et d’intensifier ses implorations l’on fait dans le comptage de l’assistance. C’est dire que le décès de ce grand monsieur, l’un des derniers moudjahidine et précurseurs du 08 mai 1945, traduit une certaine insouciance qui commence à s’installer p’tit à p’tit dans le compartiment de l’amnésie. 

    Heureusement que l’Etat, représenté par le wali demeure toujours là, vigilant à ne pas laisser s’éteindre la flamme d’un nationalisme en perte d’audience. Dans le cimetière, il n’y avait pas de jeunes, ni ces représentants foisonnant la société dite civile, ni encore ceux qui prétendent être les notables de la ville. Ainsi, il y a des enterrements profitables et d’autres charitables. Les funérailles comptent également s’inscrire dans un registre de mondanité, loin de toute foi ou compassion. 

    par El Yazid Dib

    http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5271406

  • « La pacification de l’Algérie n’a pas été un long fleuve tranquille, bien au contraire » – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/11/07/la-pacification-de-lalgerie-na-pas-ete-un-long-fleuve-tranqu

    Mohsen Abdelmoumen : Vous avez écrit « Coloniser. Exterminer ». D’après vous, l’Algérie a-t-elle été un laboratoire colonial ?

    Dr. Olivier Le Cour Grandmaison : Oui, on peut effectivement considérer que l’Algérie a été une sorte de laboratoire pour l’élaboration d’un certain nombre de techniques de la guerre que l’on peut qualifier de guerre contre-révolutionnaire et de techniques répressives, notamment après la nomination de Bugeaud au poste de gouverneur général de l’Algérie en 1840. La nomination a pour objectif de mener à bien ce que les militaires et les responsables politiques de l’époque nomment déjà « la pacification de l’Algérie » et pour ce faire, le général Bugeaud va employer un certain nombre de méthodes de guerre et de techniques répressives parmi lesquelles les razzias dont il faut préciser qu’elles débouchent parfois sur la destruction de villages et d’oasis entiers, l’objectif étant d’expulser les populations « indigènes », comme on le dit à l’époque, et, comme cela se dit aussi très couramment, de procéder ainsi au refoulement des « Arabes », de les chasser des territoires qu’ils occupaient jusqu’à présent de façon à pouvoir faire en sorte que les Européens en général et les Français en particulier, les colons, puissent s’installer dans un environnement « pacifié ». Par ailleurs, on sait, et c’est parfaitement établi, que le général Bugeaud a également contribué à développer des techniques répressives comme l’internement administratif et la responsabilité collective qui vont être utilisés par la suite sous la IIIe République lors de la construction de l’empire entre 1881 et 1912 et enfin lors de la dernière guerre d’Algérie, à partir du 1er Novembre 1954 et jusqu’en 1962. Des officiers supérieurs de l’armée française vont rendre des hommages tout à fait officiels au général Bugeaud qu’ils considèrent comme un père fondateur des guerres coloniales.

    Je trouve qu’il y a une similitude entre le sort du peuple algérien et celui des Amérindiens. Ne pensez-vous pas que les deux ont subi une extermination d’État ?

    Il faut préciser tout d’abord que jusqu’en 1945, le terme « extermination » n’est pas du tout synonyme de « génocide » qui désigne les massacres de masse. Il est utilisé effectivement par des philosophes écrivains et par des écrivains, je pense en particulier à Tocqueville qui parle en effet d’extermination à propos des Indiens d’Amérique. Je pense à Émile Zola qui parle d’extermination à propos de la Commune de Paris. On peut et on doit d’ailleurs établir un parallèle, ce qui ne veut pas dire forcément que tout est similaire, mais effectivement entre les méthodes de conquête coloniale développées par la France en Algérie et le processus d’expansion de la démocratie américaine à l’Ouest des États-Unis, dans les deux cas en effet, les populations autochtones ont été refoulées, exterminées, c’est-à-dire massacrées en masse et privées de tout ou partie de leur territoire.

    Tous vos ouvrages sont extrêmement intéressants et référentiels. Ainsi, dans votre livre La République impériale, vous évoquez le concept d’impérialisation des institutions. Que pouvez-vous nous dire à propos de ce concept ?

    En ce qui concerne le concept d’impérialisation que j’ai forgé, il s’agissait pour moi de rendre compte des effets de la construction de l’empire sur la IIIe République, donc entre 1881 et 1912, sur les institutions à la fois politiques, académiques, et universitaires de la IIIe République, mais aussi sur les différentes sciences qui ont progressivement émergé et notamment ce qui va assez rapidement s’appeler les sciences dites « coloniales ». On s’aperçoit en effet que précisément parce que la France est devenue très rapidement la seconde puissance impériale du monde, il a fallu mettre en place un certain nombre d’institutions politiques et juridiques en métropole, dont la fonction est de gérer les territoires et les populations de l’empire, et il a fallu également développer un droit particulier, le droit colonial, et développer des sciences singulières et spécifiques, les sciences dites coloniales qui sont doublement coloniales, une première fois parce qu’elles prennent pour objet les colonies et les populations qui y vivent, et une seconde fois parce qu’au fond, ces sciences coloniales ont pour objectif d’aider les responsables de la IIIe République de mener à bien la gestion des populations indigènes, comme on le dit à l’époque.

    Ne pensez-vous pas que le Code de l’indigénat est une aberration ?

    Il faut rappeler que le Code de l’indigénat a été mis en place en 1875 et n’a été véritablement aboli qu’à la Libération, et rappeler que c’est un code qui réunit un certain nombre de dispositions d’exception discriminatoires et racistes. C’est évidemment très important de le préciser puisque ce code, comme son nom l’indique d’ailleurs, n’est appliqué qu’aux seuls indigènes algériens, et plus tard aux seuls indigènes de l’empire. Il faut rappeler aussi que son caractère exceptionnel, les contemporains en étaient parfaitement conscients puisque certains d’entre eux, y compris ceux qui étaient favorables à ce code, ont nommé ce Code de l’indigénat « monstre juridique ». Parce qu’effectivement, il contrevient à tous les principes républicains et à tous les principes démocratiques garantis et établis en métropole mais qui, dans les colonies, sont violés de façon substantielle entre autres par ce Code de l’indigénat et un certain nombre d’autres dispositions d’exception du droit colonial.

    Dans votre livre « De l’indigénat : Anatomie d’un monstre juridique », vous introduisez la notion de racisme d’État. Que pouvez-vous nous dire à propos de ce racisme d’État ?

    En ce qui concerne le racisme d’État, il me paraît parfaitement établi d’une part dans le droit colonial qui est un droit de part en part raciste et discriminatoire, qui repose fondamentalement sur une représentation du genre humain hiérarchisée et sur la thèse – partagée par beaucoup – selon laquelle les peuples et les races inférieurs de l’empire ne sauraient être soumis à des dispositions démocratiques et républicaines équivalentes à celles qui sont établies en métropole. Et par ailleurs, pour revenir au Code de l’indigénat, on est parfaitement en droit et l’on peut considérer que l’un des monuments de ce racisme d’État, c’est évidemment le Code de l’indigénat auquel il faut ajouter le principe de la responsabilité collective appliqué jusqu’à la Libération, ainsi que l’internement administratif et toute une série de dispositions qui, une fois encore, sont des dispositions d’exception qui ont été votées par les parlementaires sous la IIIe République et qui ont perduré jusqu’à la Libération et n’ont été abolies qu’à ce moment-là.

    Vous avez aussi écrit « L’empire des hygiénistes » dans lequel vous dites que même la science était mise au service du colonialisme. Pourquoi les scientifiques et les écrivains nous ont-ils refusé d’être des humains et d’avoir une histoire et une civilisation ?

    Effectivement, pour beaucoup de contemporains de la IIIe République, à la fin du XIXe et au début du XXesiècle, qu’ils soient savants, ethnologues, historiens, responsables politiques, tous ou beaucoup d’entre eux partagent une même conviction qui est la suivante : les Arabes et les musulmans appartiennent certes à une civilisation mais à une civilisation qui est considérée non seulement comme inférieure mais également dangereuse, c’est pourquoi il est impossible de lui appliquer des dispositions institutionnelles, politiques et juridiques, équivalentes à celles qui valent en Europe. C’est pourquoi aussi il est nécessaire d’établir un État colonial que l’on peut et que l’on doit qualifier d’état d’exception permanent avec, évidemment, un certain nombre de dispositions juridiques qui sont cohérentes avec cet état d’exception permanent. Et donc, au cœur de l’ensemble de ces représentations et institutions, il y a cette conviction d’un genre humain hiérarchisé, les Arabes et les musulmans se trouvant dans une position intermédiaire, supérieure à ceux que l’on qualifie de « sauvages » – et l’incarnation la plus emblématique du sauvage à l’époque, c’est le noir – et évidemment inférieur aux Européens qui pensent occuper le sommet de la hiérarchie des races, des peuples, et des civilisations.

    L’Algérie revient souvent dans la sémantique pour désigner « l’ennemi ». D’après vous, la France a-t-elle guéri de son passé colonial ?

    Je ne pense pas que la France soit particulièrement guérie de son passé colonial. J’en veux pour preuve notamment, que comparativement à d’autres anciennes puissances coloniales, c’est vrai pour la Grande-Bretagne, c’est vrai pour l’Allemagne, pour une part aussi des États-Unis, du Canada, de la Nouvelle Zélande et de l’Australie, et relativement au sort indigne qui a été réservé aux populations dites autochtones, la France jusqu’à présent, par la voix des plus hautes autorités de l’État, n’a jamais véritablement reconnu les crimes coloniaux commis en Algérie depuis l’occupation d’Alger en 1830, pas plus d’ailleurs que la France n’a reconnu les crimes coloniaux commis dans l’ensemble des territoires de l’empire sous la IIIe République, et de ce point de vue-là, contrairement à l’image que cherchent à donner les responsables politiques de droite comme de gauche, en ces matières, la France n’est pas à l’avant-garde, elle occupe au contraire le dernier wagon de queue.

    La reconnaissance de l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française n’est-elle pas une diversion d’Emmanuel Macron pour ne pas reconnaître la souffrance de tout le peuple algérien ?

    En ce qui concerne la reconnaissance par Emmanuel Macron du sort tragique qui a effectivement été réservé à Maurice Audin, arrêté, torturé, et « disparu » par la faute militaire, il faut dire deux choses : d’une part, pour la famille d’Audin, pour la vérité et la justice, c’est évidemment un pas très important, reste effectivement que l’on peut dire qu’il y a, au-delà de la personne de Maurice Audin, des dizaines de milliers, sans doute, de Maurice Audin algériens, français musulmans d’Algérie, pour lesquels, pour le moment, il n’y a aucune déclaration officielle des plus hautes autorités de l’État. Et d’ailleurs, la déclaration d’Emmanuel Macron est tout à la fois contradictoire et oublieuse. Contradictoire justement parce qu’il qualifie la torture en Algérie de systématique, mais si elle est systématique, alors il faut reconnaître qu’elle a été employée bien plus largement et cela exigerait effectivement une déclaration générale relativement à celles et ceux qui ont été arrêtés de façon arbitraire, torturés et qui sont, jusqu’à ce jour, portés disparus. Par ailleurs, cette déclaration est oublieuse aussi parce qu’à aucun moment celles et ceux qui ont rédigé ce texte, et Emmanuel Macron qui en porte la responsabilité politique, n’ont utilisé cette qualification juridique de « crime contre l’humanité » alors même que nous savons que la disparition forcée est bien un crime contre l’humanité. En ce qui me concerne, je pense qu’il ne s’agit pas d’un oubli, il s’agit d’une volonté tout à fait assumée afin d’éviter d’une part un tollé de la droite et de l’extrême-droite, et sans doute aussi d’éviter des actions contre l’État français dans la mesure où l’une des caractéristiques essentielles du crime contre l’humanité, c’est d’être imprescriptible.

    Dans la même semaine où il reconnait l’assassinat de notre camarade Maurice Audin, Emmanuel Macron rend hommage aux harkis. J’ai parlé un jour avec le général Meyer et je lui ai dit que l’affaire des harkis était une affaire franco-française et il m’a concédé que la France avait abandonné ses soldats, les harkis, n’ayant pas l’intention d’embarquer tout le monde. Pourquoi les responsables politiques français nous sortent-ils les harkis – qui ne concernent que la France puisque ce sont des soldats supplétifs qui ont choisi la France – à chaque fois que l’on parle de l’Algérie ?

    Parce que, fondamentalement, ces affaires de reconnaissance, du point de vue d’Emmanuel Macron et des responsables politiques antérieurs, notamment François Hollande, sont moins un souci de vérité qu’un souci politique visant à plaire à une partie de leur électorat et à ne pas s’aliéner certains électeurs français, d’où cette impression effectivement que le chef de l’État satisfait certains à gauche et satisfait ensuite certains à droite.

    Notamment les Pieds noirs.

    Et ce qui en pâtit à chaque fois, c’est évidemment une reconnaissance plus globale et un souci plus précis et particulier de la vérité historique et de la reconnaissance que cette vérité historique impliquerait.

    C’est-à-dire que la victime de cette instrumentalisation électoraliste est la vérité historique ?

    C’est à la fois la vérité historique et à la fois celles et ceux qui ont été victimes des violences coloniales, leurs descendants et les héritiers de l’immigration coloniale et postcoloniale qui sont bien forcés de constater une fois encore qu’ils sont victimes d’une discrimination mémorielle et commémorielle.

    Vous êtes président de l’association 17 Octobre 1961 contre l’oubli, pensez-vous que cette date est connue du peuple français ?

    Cette date commence à être connue plus largement en effet grâce à la mobilisation de très nombreuses associations de partis politiques et d’organisations syndicales qui, à chaque date anniversaire, le 17 octobre, et encore il y a quelques jours le 17 octobre 2018, se réunissent au Pont St Michel, mais il y a également des rassemblements dans plusieurs villes de banlieue et en province qui ne se contentent pas de commémorer mais d’exiger que des reconnaissances soient faites, d’exiger aussi l’ouverture des archives, exiger enfin la construction d’un lieu de mémoire à la mémoire de ceux qui ont été arrêtés, massacrés, torturés et assassinés le 17 octobre 1961, dans les jours précédents et dans les jours qui ont suivi cette date sinistre, ce qui fait qu’effectivement, une partie de l’opinion publique sait ce qui a été perpétré à l’époque par la police française qui agissait sous les ordres du préfet de police de l’époque Maurice Papon.

    Je n’ai jamais compris pourquoi on nous appelait « les musulmans » au lieu de dire « les Algériens ». Pourquoi la France coloniale nous a-t-elle refusé notre algérianité et nous renvoyait-elle vers une confession ?

    Pour des raisons, me semble-t-il, qui ne sont pas forcément simples mais qui sont aisées à comprendre. Qualifier les populations indigènes et les populations autochtones d’Algériens, comme on l’a vu après 1945, entraînait quasiment immédiatement la reconnaissance du peuple algérien. C’est exactement ce que les responsables de la IVe République, qu’ils soient de gauche ou de droite, ne voulaient pas, d’où effectivement l’appellation tout à fait singulière de « Français musulmans d’Algérie », d’autant plus singulière sous la IVeRépublique que celle-ci venait de rappeler qu’elle condamnait toute discrimination de quelque origine que ce soit, or, à l’évidence, l’appellation « Français musulmans d’Algérie » visait à distinguer au sein de celles et ceux qui vivaient en Algérie, une catégorie particulière, de la distinguer des Français venus de métropole et, au fond, de constituer ces Français musulmans d’Algérie comme un corps spécifique d’exception sur lequel va s’appliquer, après le déclenchement de la Guerre d’Algérie, de nouveau, hélas, des dispositions et des principes d’exception, dispositions juridiques et pratiques d’exceptions relatives à la guerre et contre-révolutionnaires.

    Nous sommes là, je pense, au cœur du concept « racisme d’État ».

    C’est l’une des manifestations, effectivement, du racisme d’État et qui va perdurer sous la IVe et sous la VeRépublique au moins jusqu’à 1962.

    Le colonialisme n’est-il pas une aberration ?

    Ce jugement peut être porté de façon rétrospective sans doute, mais du point de vue des contemporains, le colonialisme n’était pas du tout pour eux une aberration, c’était au contraire un moyen absolument essentiel, et notamment pour les fondateurs de la IIIe République et pour la France en particulier, de rétablir la France comme grande puissance européenne parce que grande puissance coloniale et, pour eux, il s’agissait donc d’une entreprise à laquelle ils accordaient la plus grande importance parce qu’ils étaient convaincus que c’était la seule façon d’éviter une décadence à la fois économique, sociale, politique, de la France, comparativement aux autres États européens et de cela, ils étaient extrêmement fiers puisque ce sont les républicains qui ont permis à la France de devenir la seconde puissance impériale du monde. Et donc, d’un point de vue économique, politique, et géopolitique, pour eux et à leurs yeux, ce n’était absolument pas une aberration mais une nécessité nationale, internationale et géopolitique.

    D’après vous, pourquoi le mensonge est-il structurel dans l’histoire coloniale ?

    Il l’est en partie parce qu’un certain nombre de dispositions juridiques et de dispositions répressives, de techniques de répression et de techniques de guerre sont évidemment absolument contraires aux principes républicains et aux principes démocratiques. D’où la nécessité, pour éventuellement occulter ces contradictions, de forger un grand récit impérial républicain qui est évidemment un grand récit mythologique et, dans les cas les plus graves, de forger ce qu’il faut effectivement appeler un véritable mensonge d’État. Je pense à deux événements particulièrement terribles : les massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata et, évidemment, même si les massacres sont beaucoup moins importants, au massacre du 17 octobre 1961 pour lequel va être forgé, effectivement, ce qu’il faut bien appeler un véritable mensonge d’État tendant à accréditer l’idée que ce sont les manifestants pacifiques appelés par le FLN qui portent la responsabilité des morts et à minimiser de façon très spectaculaire le nombre de morts algériens à l’époque, par conséquent, à minimiser aussi la responsabilité de l’État en général et de Maurice Papon en particulier.

    À propos de Maurice Papon, ne pensez-vous pas qu’il est un criminel contre l’humanité ?

    Il faut tout d’abord rappeler que Maurice Papon a effectivement été condamné pour complicité de crimes et de génocide en raison de ses responsabilités pendant la période de Vichy. Relativement au 17 octobre 1961, il faut rappeler et ce sera une façon de lui rendre hommage, qu’un certain nombre d’avocats et notamment Maître Nicole Dreyfus considéraient que les massacres du 17 octobre 1961 étaient constitués d’un crime contre l’humanité et qu’à ce titre, Maurice Papon portait une responsabilité politique, policière et personnelle écrasante et qu’on était en droit effectivement de considérer qu’il avait commis là un crime contre l’humanité.

    La responsabilité de François Mitterrand est aussi établie, notamment dans l’affaire Fernand Iveton, notre camarade qui a été guillotiné. Mitterrand était Ministre de la Justice à l’époque et a refusé sa grâce. N’est-ce pas toute l’administration française qui est impliquée dans la politique répressive ?

    En ce qui concerne le 17 octobre 1961, Mitterrand n’est pas aux affaires. Ceux qui sont impliqués sont le ministre de l’Intérieur Roger Frey, le Premier ministre Michel Debré, mais, vous avez raison, je n’oublie pas les responsabilités de François Mitterrand en tant que ministre sous la IVe République, et qui a déclaré que la France s’étendait de Dunkerque à Tamanrasset et, effectivement, sa responsabilité dans l’exécution d’un certain nombre de militants du FLN et, comme vous l’avez cité précédemment, de Fernand Iveton.

    Aujourd’hui, l’Algérie fait face comme certains autres pays, à un néocolonialisme déchaîné ; je pense à l’attaque de l’OTAN sur la Libye, de la déstabilisation de la Syrie, etc. D’après vous, toutes ces guerres ne sont-elles pas une continuation des guerres coloniales ?

    Il y a effectivement des phénomènes de continuité entre le passé colonial de la France et un certain nombre de ses interventions militaires actuelles assurément, mais il y a aussi des phénomènes de discontinuité et dans un certain nombre d’États africains et anciennes colonies françaises, qui se trouvent dans un état économique, social et financier absolument catastrophique, on ne peut pas exempter les responsables de ces États de leurs responsabilités. Ils portent une responsabilité première et on pourrait ajouter que la France est souvent complice de l’état dans lequel se trouvent ces pays.

    Il y a un courant révisionniste sur les deux rives de la Méditerranée, en France et en Algérie, qui veut blanchir le colonialisme. Ne pensez-vous pas que ces personnalités qui ont pignon sur rue poursuivent l’œuvre de nombreux intellectuels tels que Victor Hugo, par exemple, en prétendant que le colonialisme était un bienfait ? Comment expliquez-vous le retour du révisionnisme en Algérie et en France ?

    Pour ce qui est de la France, il faut rappeler que cette offensive du révisionnisme de l’histoire coloniale débute notamment avec la loi du 23 février 2005, qui est une entreprise politique et juridique de réhabilitation sans précédent du passé colonial français, et rappeler que contrairement à ce que beaucoup pensent encore aujourd’hui, cette loi n’a toujours pas été abrogée et donc, on est en droit de considérer que cette loi est une loi scélérate parce qu’elle porte atteinte à des droits et à des principes démocratiques élémentaires et notamment un principe démocratique élémentaire qui est que l’État, quelle que soit sa nature et à fortiori si c’est un État qui se dit démocratique, ne peut pas et ne doit pas intervenir dans l’Histoire et moins encore chercher à établir une version officielle de l’Histoire en général et de l’histoire coloniale en particulier.

    Que signifie pour vous les insurrections de l’émir Abdelkader, des Bouamama, des Mokrani, etc. et de mes ancêtres, les Abdelmoumen, qui ont tenu le siège de Constantine en 1830 ?

    Contrairement au discours officiel des responsables politiques de l’époque et des militaires, la pacification de l’Algérie n’a pas été un long fleuve tranquille, bien au contraire, puisque, effectivement, les autorités politiques et militaires françaises n’ont pas cessé de se heurter à des résistances, des insurrections, qui prouvent que, contrairement à ce qui est dit parfois, ceux qu’on appelait à l’époque « les indigènes » avec beaucoup de mépris n’étaient pas du tout résignés mais ont cherché, à chaque fois que cela était possible et en dépit des risques qu’ils encourraient pour leur liberté et pour leur vie, à s’opposer à l’entreprise impériale et coloniale française.

    Que signifie pour vous la Révolution algérienne du 1er Novembre 1954 ?

    Cela signifie très clairement que les dirigeants de l’époque ayant acquis la conviction parfaitement établie et légitime que le colonialisme français en Algérie ne céderait pas d’un pouce par la voie pacifique et la voie des négociations, et qu’il était nécessaire de combattre ce colonialisme par la force des armes afin de faire triompher ce qui est pourtant acquis pour cette même république mais refusé aux Algériens, à savoir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Comment expliquez-vous que des résistants au nazisme pendant la guerre 39-45 aient pu commettre, pour certains d’entre eux, les crimes du 8 mai 1945, qu’ils soient de gauche ou de droite ?

    C’est effectivement assez difficile à comprendre aujourd’hui, ceux qui avaient pris les armes contre l’occupant ne considéraient pas moins que pour défendre la France, son autorité européenne et son autorité internationale, il fallait défendre coûte que coûte l’empire colonial français en général et l’Algérie française en particulier. Ce qui permet effectivement de comprendre pourquoi des forces de droite comme de gauche, parti communiste compris, se sont engagées pour défendre l’empire au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, parce que, encore une fois, par la défense de l’empire, il s’agissait de rétablir la France comme grande puissance européenne et mondiale et de rétablir la France dans le camp des vainqueurs.

    La France d’aujourd’hui ne doit-elle pas cesser de soutenir des régimes africains, y compris le pouvoir algérien, pour ses propres intérêts même si cela va à l’encontre de l’intérêt des peuples ?

    Il me semble relativement clair que dans un certain nombre de cas d’anciennes colonies françaises dirigées par des dictateurs ou des régimes autoritaires, la France porte encore aujourd’hui une responsabilité écrasante ne serait-ce que parce que, pour des raisons géopolitiques, économiques, financières, militaires, la France soutient effectivement ces régimes et, une fois encore, se moque des intérêts des peuples concernés.

    Est-ce une continuité de son passé colonial ou est-ce juste par intérêt géopolitique et économique ?

    Je pense qu’il y a des deux en ce sens que la France entretient des relations privilégiées avec un certain nombre d’États au Maghreb et en Afrique noire subsaharienne parce que ce sont des anciennes colonies et donc évidemment ce passé est un passé qui pèse sur les relations franco-africaines, pour le dire très largement, et par ailleurs, il y a aussi des enjeux géopolitiques, économiques, financiers et militaires qui déterminent le maintien de ces relations et le soutien appuyé, y compris militaire, à des régimes notoirement autoritaires et notoirement dictatoriaux.

    Vous êtes un intellectuel engagé et un Juste, je tiens à le préciser, et un porteur de lumière. Ne pensez-vous pas que votre engagement doit être un modèle pour les jeunes générations ? Ne doivent-ils pas s’inspirer des parcours comme le vôtre ?

    Je me garderais bien de conclure en ce sens. Chaque génération doit affronter les problèmes qui sont les siens avec les instruments intellectuels et politiques à sa disposition.

    Avez-vous connu des pressions dans votre travail ?

    Je n’ai eu aucune pression quelconque en ce qui concerne l’élaboration, la rédaction et la publication des ouvrages qui sont les miens.

    En tant qu’anticolonialiste, que pouvez-vous dire à tous les résistants anticolonialistes et anti-impérialistes qui résistent dans le monde ?

    Que la lutte continue pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes contre les dictatures et les régimes autoritaires quels qu’ils soient et pour l’émancipation et contre l’exploitation.

    Interview réalisée par Mohsen Abdelmoumen

    Qui est le Dr. Olivier Le Cour Grandmaison ?

    Olivier Le Cour Grandmaison est un politologue et historien français spécialiste des questions de citoyenneté sous la Révolution française et des questions qui ont trait à l’histoire coloniale. Il est professeur de sciences politiques à l’Université d’Évry-Val d’Essonne et a dirigé et animé plusieurs séminaires au Collège international de philosophie.

    Il est président de l’association « 17 octobre 1961 : contre l’oubli » qui préconise la reconnaissance officielle des crimes commis par la Ve République lors du massacre des manifestants pacifiques algériens le 17 octobre 1961 à Paris.

    Il est aussi juge-assesseur désigné par le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR), à la cour nationale du droit d’asile (CNDA). Par ailleurs, il appartient au comité de soutien de l’Association Primo Levi à Paris qui est un centre de soins et de soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique.

    Le Dr. Le Cour Grandmaison est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels « Les Citoyennetés en Révolution (1789-1794) », Paris, PUF, 1992 ; « Les Constitutions françaises », Paris, La Découverte, 1996, « Haine(s) : Philosophie et politique », avant-propos d’Étienne Balibar, Paris, PUF, 2002 ; « Coloniser, exterminer. Sur la guerre et l’État colonial », Paris, Fayard, 2005 (édité en arabe en 2007, Algérie) ; « Le Retour des camps ? Sangatte, Lampedusa, Guantanamo » avec G. Lhuilier et J. Valluy, Autrement, 2007 ; « La République impériale : politique et racisme d’État », Paris, Fayard, 2009 (édité en arabe en 2009, Algérie) ; « Douce France. Rafles, rétentions, expulsions », collectif, Le Seuil/Resf, 2009 ; « De l’indigénat. Anatomie d’un « monstre » juridique : le droit colonial en Algérie et dans l’empire français », Paris, Zones/La Découverte, 2010 (édité en arabe) ; « L’Empire des hygiénistes. Vivre aux colonies », Paris, Fayard, 2014.

     » » https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/2018/10/28/dr-olivier-le-cour-
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    https://www.legrandsoir.info/la-pacification-de-l-algerie-n-a-pas-ete-un-long-fleuve-tranquille-bie

  • Déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française René Naba - /oumma.com
    https://oumma.com/deconstruction-des-mythes-fondateurs-de-la-grandeur-francaiseune-lecture-frac
    http://www.les7duquebec.com/7-au-front/deconstruction-des-mythes-fondateurs-de-la-grandeur-francaise

    Une lecture fractale de l’Histoire de France : Réponse à Bruno Gollnisch, Philippe Val, Philippe Douste Blazy et Nicolas Sarkozy

    La scène se passait en juin 1998, il n’y a pas si longtemps, huit ans environ à peine, un mois avant la grande communion multicolore du Mondial, la première victoire de la France bariolée dans le championnat du Monde de Football : Bruno Gollnisch, le successeur potentiel du dirigeant du Front National Jean Marie Le Pen, exhibait, au terme d’une conférence de presse, un attaché-case, dont il révélait le code secret de verrouillage comme un trophée de guerre (1).

    Le code secret par définition doit demeurer secret. Il se conserve comme une sainte relique. Pour M.Gollnisch, cela n’est évidemment pas le cas : le secret est public surtout lorsqu’il s’agit de stigmatiser, surtout lorsqu’il s’agit de glaner un succès à bon compte. Chacun a les satisfactions intellectuelles de son niveau d’éducation.

    Ménageant ses effets, il déclame en public sa combinaison magique de trois chiffres, l’égrenant lentement 7-3-2 dans un mouvement jouissif libérateur. 732. l’effet est assuré. 732, #Poitiers. La victoire controversée de #Charles_Martel sur les troupes arabes d’Abdel Rahman.

    Cela se passait donc en 1998 et #Gollnisch prenait pour référence un événement datant de 1266 ans. 1266 ans de rumination historique. Sans doute la marque manifeste du zèle d’un néophyte. 1266 ans de rumination pour ce Français de la troisième génération, comme l’on désigne en France les petits fils d’immigrés, en l’occurrence un petit fils d’immigrés allemands.


    Correspondant de guerre sur les théâtres d’opérations extérieurs du territoire métropolitain, l’exhibition impudique de Bruno Gollnisch, la passivité des #journalistes présents devant sa vaine et vaniteuse démonstration ont opéré comme un déclic en moi me propulsant dans une navigation sidérante dans le tréfonds de la conscience française, dont je souhaite vous livrer les conclusions sans appétence polémique particulière, dans le droit fil de la thématique de ce colloque « D’une rive à l’autre, Ecrire l’Histoire, Décoloniser les Esprits ».

    L’exercice ne relève ni de la démagogie, ni d’un populisme de bon aloi, de bonne guerre il est vrai, dans ce genre de démonstration. Il vise à apporter une contribution à la clarification sémantique et psychologique du débat post-colonial par le pistage des non-dits de la conscience nationale à travers un voyage dans les méandres de l’imaginaire français.

    Ni populisme, ni démagogie, ni dénigrement non plus. Mais l’application de l’analyse de contenu à de constats qui s’ils sont lapidaires ne sont nullement sommaires ni rudimentaires.

    Une thérapie par électrochocs en somme. Un voyage révélateur des présupposés d’un peuple, des ressorts psychologiques d’une nation et de la complexion mentale de ses dirigeants.

    Embarquons nous donc pour ce voyage de #déconstruction des mythes fondateurs de la #grandeur_française avec un grand merci pour Bruno Gollnisch d’en avoir été, involontairement, l’élément déclencheur.
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    Le Panache français ou le mythe de la grandeur
    Le propos n’est pas anodin. Il correspond à une réalité indéniable : la dernière grande victoire militaire française remonte à deux siècles. Oui deux siècles exactement. #Austerlitz. Certes il y eut #Valmy et le Pont d’Arcole. Puis Austerlitz. Le panache français en somme. Puis. Plus rien….drôle de panache. Ce fut ensuite Waterloo (1815), face aux Anglais, Sedan (1870), face aux Allemands, Fachoda (1898), qui brisa net l’accès de la France aux sources du Nil, au Soudan. Soit près d‘un siècle de désastres militaires ininterrompus, compensés, il est vrai, par les conquêtes coloniales notamment l’#Algérie. A croire que les expéditions coloniales sont d’utiles palliatifs aux désastres nationaux et par transposition au débat contemporain, les immigrés d’indispensables dérivatifs aux difficultés internes.

    #VERDUN 1916 et Rethondes I (l’armistice du 11 novembre 1918), cent ans après Waterloo refermeront la parenthèse néfaste. Mais là, les Français ne sont pas seuls. Ils ne peuvent plus revendiquer la victoire à leur bénéfice exclusif. C’est une « victoire alliée » qu’ils devront partager avec leurs alliés britanniques et américains mais aussi avec les nouveaux venus de la scène internationale : les #Basanés. 550.449 soldats de l’Outre mer dont 173.000 Algériens, soit 20 pour cent des effectifs et 10 pour cent de la population du pays participeront à l’effort de guerre de la France. 78.116 #ultramarins tomberont sur le champ d’honneur, soit l’équivalent de la totalité de la population de #Vitrolles et d’#Orange prises ensemble, les deux fiefs de l‘extrême droite française contemporaine.

    La pensée peut paraître sacrilège mais elle correspond, là aussi, à la réalité : Verdun est à ce titre autant une victoire française qu’une victoire arabe et africaine. Certes la « chair à canon » était présentée comme étant de peu de valeur face à la qualité des stratèges du Haut commandement. Mais le fait est là aussi démontré : Après Verdun beaucoup avaient cru naïvement que la France s’était réconciliée avec la victoire. Et bien non. 1940 et #Rethondes Bis (la capitulation de #Montoire du 21 juin 1940) apporteront la preuve du contraire. #Monte_Cassino (1944) lavera l’honneur français mais la plus grande victoire française de la Deuxième Guerre mondiale est une victoire mixte : Cent mille (100.000) soldats alliés, contre 60.000 Allemands, ainsi que 4000 ressortissants du #Maghreb auront payé de leur vie cette victoire. 4.000 originaires du Maghreb sur 6.300 tués dans les rangs français, soit les 2/3 des effectifs. Monte Cassino est donc tout autant une victoire alliée, qu’une victoire française, arabe et africaine.

    Le schéma est identique en ce qui concerne le domaine naval. Le dernier fait d’armes français -controversé tout de même- remonte à #Aboukir (1799). Puis ce fut au tour de Trafalgar (1805), Toulon (1942), le Charles de Gaulle et son hélice manquante durant la guerre d’Afghanistan (2001), la première guerre du XXI me siècle, enfin les pérégrinations de l’ancien joyau de la flotte française, le Clemenceau, en 2005. On aurait rêvé meilleur traitement à De Gaulle et à Clemenceau, tout de même deux personnages considérables de l’Histoire de France.

    Victorieuse avec ses anciens colonisés, la France retrouvera le chemin de la défaite lorsqu’elle se dressera contre eux. Carbonisée à #Dien_Bien_Phu (1954) contre le Vietnam, première victoire d’un pays du tiers monde sur un pays occidental, ainsi qu’en Algérie (1954-1962).
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    Le tryptique républicain (#Liberté, #Egalité, #Fraternité), le mythe fondateur de l’exception française.
    A) La liberté : 
La Colonisation est la négation de la Liberté. La #Colonisation n’est pas, loin s’en faut, « la mise en valeur des richesses d’un pays transformé en #colonie » selon la plus récente définition du dictionnaire « Le Petit Robert » Edition -2007

    La liberté et La colonisation sont proprement antinomiques. Car la colonisation est l’exploitation d’un pays, la spoliation de ses richesses, l’asservissement de sa population au bénéfice d’une #Métropole dont elle est, en fait, un marché captif, le réservoir de ses matières premières et le déversoir de son surplus démographique, de sa main d’œuvre et de sa surpopulation, le volant régulateur du chômage et de l’inflation dans les sociétés occidentales.

    Contraire aux idéaux de Liberté, d’Egalité et de fraternité, les principes fondateurs de la Révolution Française, la colonisation est le fossoyeur de l’#idéal_républicain. Elle l’aura été quand bien même d’illustres figures françaises, telles Léon Blum, la conscience morale du socialisme, auront voulu – déjà- en célébrer les bienfaits comme un devoir de faire accéder à la civilisation les peuples primitifs (2).

    Par transposition au débat contemporain, la rhétorique de #Léon_Blum est comparable à celle de la nouvelle conscience de la nouvelle gauche française, le philosophe #André_Glucksman, présentant l’invasion américaine de l’Irak en 2003 comme une contribution occidentale à l’instauration de la démocratie en terre arabe et non comme la mainmise américaine sur les gisements pétroliers de ce pays. « Le fardeau de l’homme blanc », théorisé par l’anglais Kipling, est un alibi commode, le thème récurrent à toutes les équipées prédatrices du monde occidental.
    B ) L’Egalité : 
L’exception française est une singularité : Premier pays à avoir institutionnalisé la terreur comme mode de gouvernement, avec Maximilien de Robespierre, sous la Révolution française (1794), la France sera aussi le premier pays à inaugurer la #piraterie_aérienne, en 1955, avec le déroutement de l’avion des chefs historiques du mouvement indépendantiste algérien Ahmad Ben Bella, Mohamad Khider, Mohamad Boudiaf et Krim Belkacem), donnant ainsi l’exemple aux militants du tiers-monde en lutte pour leur indépendance.

    La récidive dans la singularité est aussi un trait de l’exception française : En effet, ce pays jacobin, égalisateur et égalitaire se singularisera, aussi, en étant le seul pays au monde à avoir officialisé le « #gobino-darwinisme juridique », à avoir codifié en Droit « la théorie de l’inégalité des #races », une codification opérée sans discernement, pour promouvoir non l’égalité, mais la #ségrégation.

    La « Patrie des Droits de L’Homme » et des compilations juridiques modernes -le code civil et le code pénal- est aussi le pays de la codification discriminatoire, le pays de la codification de l’abomination : le pays du« #Code_Noir » de l’esclavage, sous la Monarchie, du « Code de l’#indigénat » en Algérie, sous la République, qu’il mettra en pratique avec les « expositions ethnologiques », ces « #zoos_humains » (3) dressés pour ancrer dans l’imaginaire collectif des peuples du tiers monde l’idée d’une infériorité durable des « peuples de couleur », et, par contrecoup, la supériorité de la race blanche comme si le blanc n’était pas une couleur, même si elle est immaculée, ce qui est loin d’être le cas.

    Un chiffre suffit à démontrer l’inanité de ce principe d’égalité : Trois membres du dernier gouvernement de l’ère chiraquienne présidé par Dominique De #Villepin (2005) ont été affectés à la mise en œuvre de ce principe dans ses diverses déclinaisons : la cohésion sociale (Jean Louis Borloo), la promotion de l’égalité des chances entre Français de souche et Français naturalisés (Azouz Begag) enfin la parité Hommes-femmes (Catherine Vautrin).

    Ce principe d’égalité est pourtant l’un des principes fondateurs de la République, entériné comme bien commun de la nation depuis deux siècles. Que n’a-t-on songé à le mettre en œuvre auparavant ? A croire que la laïcité ce concept unique au monde ne s’est forgé que pour servir de cache-misère à un #chauvinisme récurrent de la société française.

    Les hochets offerts épisodiquement non aux plus méritants mais aux plus dociles, en guise de lot de consolation, loin d’atténuer cette politique discriminatoire, en soulignent la parfaite contradiction avec le message universaliste de la France. Ils l’exposent à de douloureux retours de bâtons.

    C) Fraternité : Le #Bougnoule, la marque de stigmatisation absolue, le symbole de l’ingratitude absolue.
    La fraternisation sur les champs de bataille a bien eu lieu mais la fraternité jamais. Jamais pays au monde n’a autant été redevable de sa liberté aux peuples basanés et pourtant jamais pays au monde n’a autant compulsivement réprimé ses alliés coloniaux, dont il a été lourdement redevable de sa survie en tant que grande nation. De Fraternité point, mais en guise de substitut, la stigmatisation, la #discrimination et la #répression à profusion.

    Par deux fois en un même siècle, phénomène rarissime dans l’histoire, ces soldats de l’avant, les avant-gardes de la mort et de la victoire auront été embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, dans une « querelle de blancs », avant d’être rejetés, dans une sorte de catharsis, dans les ténèbres de l’infériorité, renvoyés à leur condition subalterne, sérieusement réprimés aussitôt leur devoir accompli, comme ce fut le cas d’une manière suffisamment répétitive pour ne pas être un hasard, à #Sétif (Algérie), en 1945, cruellement le jour de la victoire alliée de la seconde Guerre Mondiale, au camp de #Thiaroye (Sénégal) en 1946, et, à #Madagascar, en 1947, sans doute à titre de rétribution pour leur concours à l’effort de guerre français.

    ((A noter qu’en Grande Bretagne, contrairement à la France, la contribution ultramarine à l’effort de guerre anglais a été de nature paritaire, le groupe des pays anglo-saxons relevant de la population #Wasp (White Anglo Saxon Protestant), -#Canada, #Australie, #Nouvelle Zélande, a fourni des effectifs sensiblement égaux aux peuples basanés de l’empire britannique (indiens, pakistanais etc.). Il s’en est suivi la proclamation de l’Indépendance de l’#Inde et du #Pakistan en 1948, au sortir de la guerre, contrairement, là aussi, à la France qui s’engagera dans dix ans de ruineuses guerres coloniales (#Indochine, Algérie).

    « Bougnoule » tire ainsi son origine de l’expression argotique de cette supplique ante-mortem.
    La revendication ultime préludant au sacrifice suprême -« Aboul Gnoul, apporte l’#alcool »- le breuvage galvanisateur de l’assaut des lignes ennemies, finira par constituer, par un dévoiement de la pensée, la marque d’une stigmatisation absolue de ceux qui auront massivement contribué, à deux reprises, au péril de leur vie, à vaincre, paradoxalement, les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.

    Dans les ouvrages français, le calvaire de leur dépersonnalisation et leur combat pour la restauration de leur identité et de leur dignité se résumeront à cette définition laconique : « Le bougnoule, nom masculin apparu en 1890, signifie noir en langue Wolof (dialecte du Sénégal). Donné familièrement par des blancs du Sénégal aux noirs autochtones, ce nom deviendra au XXme siècle une appellation injurieuse donnée par les Européens d’Afrique du Nord aux #Nord-Africains. Synonyme de #bicot et de #raton » (4). Un glissement sémantique du terme bougnoule s’opérera au fil du temps pour englober, bien au delà de l’Afrique du Nord, l’ensemble de la France, tous les « mélanodermes », #arabo-berbères et #négro-africains, pour finir par s’ancrer dans le tréfonds de la conscience comme la marque indélébile d’un dédain absolu, alors que parallèlement, par extension du terme raton qui lui est synonyme, le langage courant désignait par « #ratonnade » une technique de répression policière sanctionnant le délit de faciès.

    Bougnoule finira par confondre dans la même infamie tous les métèques de l’Empire, piétaille de la République, promus au rang de défenseurs occasionnels de la Patrie, qui étaient en fait les défenseurs essentiels d’une patrie qui s’est toujours voulue distincte dans le concert des nations, qui se distinguera souvent d’une façon lumineuse, d’une façon hideuse parfois, traînant tel un boulet, Vichy, l’Algérie, la collaboration, la délation, la déportation et la torture, les pages honteuses de son histoire, peinant des décennies durant à expurger son passé, et, pour avoir tardé à purger son passif, en paiera le prix en termes de magistère moral…….Une revanche posthume du bougnoule, en quelque sorte.
    .
    La France du triptyque républicain : une vision ethniciste face au phénomène exogène.
    L’affirmation peut paraître péremptoire, n’y voyons aucune malice, mais correspond néanmoins à la réalité historique : Le clivage communautaire a préexisté en France dans l’esprit des autorités et des citoyens du pays d’accueil bien avant qu’il ne prenne corps dans l’esprit des migrants.

    Par transposition du schéma colonial à l’espace métropolitain, l’immigré en France a longtemps été perçu comme un indigène, ce qui faisait paradoxalement de l’immigré, l’indigène de celui qui est étymologiquement l’indigène (5), une main-d’oeuvre relevant de la #domesticité de convenance, dont l’expatriation assurait sa subsistance et l’obligeait par voie de conséquence à un devoir de gratitude envers le pays hôte.

    D’extraction modeste, affecté à des taches subalternes et pénibles de surcroît non valorisantes, l’immigré, parqué en marge des villes, était par définition et par destination un être en marge de la société, un élément #marginal et non une composante de la société française. Il n’avait de ce fait ni droit de cité, ni droit de regard, ni a fortiori droit de parole.

    L’immigré a été d’autant plus occulté qu’il deviendra durant les années 1950-1970 responsable de tous les maux diplomatiques et économiques français : du désastre de Dien Bien Phu, en 1954, à la Guerre d’Algérie, à l’expédition franco-britannique de Suez contre le symbole du nationalisme arabe Nasser, en 1956, à l’affrontement de Bizerte et la décolonisation de l’Afrique, en 1960, à la 3ème guerre israélo-arabe de juin 1967, à la première crise pétrolière, en 1973, autant d’événements qui ont fini par diaboliser l’immigré notamment “#arabo-musulman” dans le regard du français.

    Dans le domaine de l’imaginaire et le champ de la production intellectuelle, l’arabe représentait alors par compensation “le mal absolu” identifié dans le langage courant par cette rodomontade musculatoire : “le bougnoule à qui l’on doit faire suer le burnous”.

    Par un faux effet d’optique, la France se donnera l’illusion de venger ses avatars d’Algérie et, par un philosémitisme actif, l’illusion de sa rédemption, substituant une arabophobie à une judéophobie, en somme une injustice à une autre injustice, feignant par là même d’ignorer que l’injustice ne se combat pas par une autre #injustice.

    Symptomatique de cet état de fait, le #harki, celui-là même qui dans le schéma mental français devait représenter le bon arabe ou le bon immigré puisqu’il s’était rangé de son côté, c’est à dire du bon côté, sera gommé de la conscience nationale et dissimulé dans les recoins arides du pays, dans une démarche symbolique destinée à refouler ce « déchet du colonialisme » dans le tréfonds de la conscience.

    La crispation identitaire française remonte, en fait, sur le plan national, aux premières vagues d’immigration de l’ensemble arabo-musulman, principalement du Maghreb, le ponant du monde arabe, plus précisément à la Première Guerre Mondiale (1914-1918). Avec 1,4 millions de morts, 900 000 invalides, la France déplorera la perte de 11 pour cent de sa population active du fait du premier conflit mondial, à laquelle il conviendrait d’ajouter les dégâts économiques : 4,2 millions d’hectares ravagés, 295 000 maisons détruites, 500 000 endommagés, 4.800 km de voies ferrées et 58.000 km de routes à restaurer et 22 900 usines à reconstruire et 330 millions de m3 de tranchées à combler.

    Les premiers travailleurs immigrés, des #Kabyles, arriveront en France dès 1904 par petits groupes, mais la Première Guerre Mondiale provoquera un effet d’accélérateur entraînant un recours massif aux « travailleurs coloniaux » auxquels se superposeront les renforts des champs de bataille comptabilisés sous une autre rubrique.

    L’indigène lointain cède la place à l’immigré de proximité. De curiosité exotique que l’on exhibe dans les zoos humains pour glorifier l’action coloniale française, le mélanoderme deviendra progressivement une donnée permanente du paysage humain de la vie quotidienne métropolitaine, sa présence vécue comme une contrainte, exacerbée par la différenciation des modes de vie entre immigrés et métropolitains, les fluctuations économiques et les incertitudes politiques du pays d’accueil

    Paradoxalement, dans la période de l’entre-deux guerres (1918-1938), la France va favoriser la mise en place d’une « République Xénophobe » (6), matrice de l’idéologie vichyste et de la « préférence nationale », alors que son besoin en main d’oeuvre est criant. Bien que contribuant à sortir la France de son champ de ruine, les travailleurs immigrés seront tenus en suspicion, pistés au sein d’un grand « fichier central ».

    Soumis pour l’obtention de la carte de séjour à une taxation équivalant parfois à un demi mois de salaire, source de revenus complémentaire pour l’Etat français, ils seront de surcroît perçus comme porteurs d’un triple péril : péril économique pour leurs concurrents français, péril sanitaire pour la population française dans la mesure où l’étranger particulièrement les Asiatiques, les Africains et les Maghrébins étaient présumés porteurs de maladies, péril sécuritaire pour l’Etat français.

    Près de deux cent mille « #travailleurs_coloniaux » (200 000) seront ainsi importés d’Afrique du Nord et du continent noir par de véritables corporations négrières, telle la « Société générale de l’immigration » (#SGI), afin de pallier la main d’oeuvre française principalement dans le bâtiment et l’industrie textile en remplacement des soldats français partis au front. Dans la cohorte de travailleurs immigrés, venus d’abord principalement d’Italie et de Pologne, les Maghrébins feront l’objet d’une attention spéciale de la part des pouvoirs publics.

    Un « Bureau de surveillance et de protection des indigènes nord-africains chargé de la répression des crimes et des délits » est constitué le 31 mars 1925. Un bureau spécial rien que pour les Maghrébins, précurseur du « service des #questions_juives » que le pouvoir vichyste mettra en place en 1940 pour la surveillance des nationaux français de « race ou de confession juive » durant la Seconde Guerre mondiale.
    ((NDLR Citation de l’article de la juriste Danièle Lochak « La race, une catégorie juridique ? »
    (http://www.anti-rev.org/textes/Lochak92a ) :
    « la loi du 3 octobre 1940 portant statut des Juifs dispose : “Est regardé comme juif pour l’application de la présente loi toute personne issue de trois grands parents de race juive ou de deux grands parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif”. Cette définition, qui laisse en suspens la question de savoir comment sera déterminée l’appartenance des grands-parents à la race juive, sera remplacée, dans la loi du 2 juin 1941, par une définition plus explicite : “Est regardé comme juif :

    1° celui ou celle appartenant ou non à une confession quelconque, qui est issu d’au moins trois grands-parents de #race juive, ou de deux seulement si son conjoint est lui-même issu de deux grands-parents de race juive. Est regardé comme étant de race juive le grand-parent ayant appartenu à la religion juive ;

    2° celui ou celle qui appartient à la religion juive et qui est issu de deux grands-parents de race juive”. »

    L’intitulé de l’office en dit long quant à l’opinion du gouvernement français et de ses intention à l’égard des « indigènes » d’Afrique du Nord. Le phénomène ira en s’amplifiant avec la Deuxième Guerre Mondiale et les trente glorieuses années de l’après-guerre (1945-1975) qui suivirent la reconstruction de l’Europe, où le besoin de « chairs à canon » et d’une main d’oeuvre abondante à bas prix provoqueront un nouveau flux migratoire égal en importance au précédent.

    Luxe de raffinement, le recrutement s’opérait selon des critères d’affinités géographiques au point de constituer de véritables couples migratoires en particulier entre Renault et l’embauche kabyle, charbonnages de France et les travailleurs du sud marocain, de même qu’en Allemagne, Wolkswagen et les immigrés turcs.

    A l’instar d’une cotation boursière sur un marché de bétail, les travailleurs coloniaux faisaient même l’objet d’une #notation en fonction de leur nationalité et de leur race (7) avec de subtiles distinctions selon leur lieu de provenance notamment au sein des Algériens où les Kabyles bénéficiaient d’un préjugé plus favorable que les autres composantes de la population algérienne. Le Kabyle était invariablement noté 5/20, l’arabe 4/20 et l’Indochinois 3/20. Ho Chi Minh témoin de cette humiliante notation ethnique lors de son séjour parisien, se vengera trente ans plus tard en infligeant à son ancien maître l’une des plus humiliantes défaites militaires du monde occidental, la défaite de Dien Bien Phu en 1954.

    Muettes, les blessures de l’histoire ne cicatrisent jamais.
    La France s’affiche volontiers révolutionnaire mais se révèle, en fait, profondément conservatrice. La France du triptyque républicain a eu un comportement liberticide avec la colonisation, ethniciste dans sa politique migratoire, un comportement sociocide dans sa structuration socio-culturelle et démographique.
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    Le mythe de la politique arabe de la France
    Philipe Val, le directeur conformiste de l’hebdomadaire faussement anarchiste Charlie Hebdo, impute la collaboration vichyste anti-juive à « la politique arabe de la France ». Ce mémorialiste des temps modernes qui se vit en rival contemporain du cardinal de RETZ, s’imagine, par ce raccourci non pas audacieux mais hasardeux, exonérer la France de l’#antisémitisme récurrent de la société française.

    Sauf à prêter aux Arabes une capacité d’anticipation d’une hardiesse rare confinant à un machiavélisme suprême, en vue de soudoyer l’Etat-Major français pour le conduire à faire condamner pour « haute trahison » un officier français de confession juive, le Capitaine Alfred Dreyfus, ou encore à gangrener le haut commandement politico-militaire français en vue de savourer le désastre de 1940, l’antisémitisme en France a préexisté à la présence arabe et musulmane en France.

    Le plus grand déferlement d’Arabes et de Musulmans en France est survenu à l’occasion de la Deuxième Guerre Mondiale, non pour l’appât du gain -« pour manger le pain des Français »-, mais bien pour libérer avec d’autres le pays du joug nazi, pour aider à la défense d’un pays que ses habitants n’ont pas su, pas pu ou pas voulu défendre… C’est-à-dire près de cinquante ans après l’affaire Dreyfus et dans la foulée de la capitulation de Montoire.

    Et, que je sache, le « Bureau des affaires juives », a eu pour précurseur immédiat « le Bureau de surveillance et de protection des indigènes nord-africains » dont la création, en 1925, n’a pas suscité la moindre protestation des Français sans doute trop occupés à l’époque à magnifier leur supériorité dans l’admiration des « zoos humains »

    La thèse de Philipe Val ne résiste pas à une analyse un tant soit peu sérieuse. Mais qui a jamais soutenu que Philippe Val était un analyste ? Sérieux de surcroît ? Elle participe néanmoins d’une falsification de l’Histoire, d’un sournois travail de révisionnisme anti-arabe.

    Une politique se juge sur la durée. A l’épreuve des faits, la politique arabe de la France, dogme sacré s’il en est, se révèle être, par moments, une vaste mystification, un argument de vente du complexe militaro-industriel français. Qu’on en juge. L’histoire en est témoin.

    La contribution des Arabes à l’effort de guerre français en 1914-1918 pour la reconquête de l’Alsace-Lorraine a été franche et massive. Sans contrepartie. La France, en retour, vingt ans après cette contribution, a témoigné de sa gratitude à sa façon…… en amputant la #Syrie du district d’Alexandrette (1939) pour le céder à la Turquie, son ennemi de la Première guerre mondiale.

    Dans la foulée de la Deuxième Guerre mondiale, la France, récidiviste, carbonisera la première manifestation autonomiste des Algériens, à Sétif, le jour même de la victoire alliée, le 9 mai 1945, une répression qui apparaîtra rétrospectivement comme une aberration de l’esprit sans doute unique dans l’histoire du monde, dont les effets se font encore sentir de nos jours.

    Dix ans plus tard, en 1956, de concert avec Israël et la Grande Bretagne, la France se livre à une « expédition punitive » contre le chef de file du nationalisme arabe, Nasser, coupable d’avoir voulu récupérer son unique richesse nationale « le Canal de Suez ». Curieux attelage que cette « équipée de Suez » entre les rescapés du génocide hitlérien (les Israéliens) et l’un de leur ancien bourreau, la France, qui fut sous Vichy l’anti-chambre des camps de la mort.

    Curieux attelage pour quel combat ? Contre qui ? Des Arabes, ceux-là mêmes qui furent abondamment sollicités durant la deuxième guerre mondiale pour vaincre le régime nazi, c’est-à-dire l’occupant des Français et le bourreau des Israéliens. A moins qu’il ne s’agisse d’une forme élaborée de l’exception française, on aurait rêvé meilleure expression de la gratitude.

    Très concrètement, la politique arabe de la France a consisté, historiquement, en une opération de restauration de la souveraineté nationale dans les centres de décision du pouvoir politique français, après la guerre de juin 1967, par la rupture de la relation fusionnelle qui existait qui, au mépris de l’intérêt national, entre services français et israéliens.

    Bon nombre d’entre vous se rappellent peut-être le chef de la mission d’achat militaire israélienne en France disposait, à l’époque, non pas à l’ambassade israélienne, mais au sein même du ministère français des armées, d’un bureau jouxtant celui du directeur de cabinet du ministre, une proximité sans précédent même dans les pays colonisés.

    Bon nombre d’entre vous gardent peut être présent à l’esprit l’implication des services israéliens et français dans l’enlèvement du chef charismatique de l’opposition marocaine #Mehdi_Ben_Barka, en 1965, en plein jour, en plein Paris, ou encore le vol des cinq vedettes de Cherbourg par les Israéliens (Décembre 1969), la plus concrète manifestation sinon de la connivence du moins de la passivité des services français à l’égard des coups de main israéliens.

    L’ouverture de la France vers les pays arabes, en 1967, au terme d’une rupture de onze ans consécutive à l’expédition de Suez, lui a valu un regain de prestige après deux décennies de déboires militaires en Indochine et en Algérie, la conquête des marchés pétroliers, notamment l’#Irak, l’ancienne chasse gardée des Anglais, la percée majeure de la diplomatie gaulliste de la seconde moitié du XXme siècle, ainsi que de fabuleux contrats militaires de l’ordre de plusieurs centaines de millions de dollars, notamment avec l’Irak, la Libye et l’Arabie saoudite,

    L’illustration patente de la disparité de traitement entre Français et Arabes est la première crise de l’#énergie en 1973. A cette date, la France est officiellement le partenaire privilégié du Monde arabe, officiellement épargnée par le boycottage pétrolier anti-occidental, le principal bénéficiaire du boom pétrolier, le principal bénéficiaire des contrats pétro-monarchiques, mais les Français se cramponnent à une xénophobie lancinante, crispés sur un comportement guidé par une psychorigidité nourrie d’une nostalgie de grandeur.

    Tout le monde garde présent à l’esprit les traits d’humour d’une époque où les Français exultaient de compenser leur absence de ressources naturelles par une prétendue supériorité intellectuelle, affichant leur fierté de ne “pas avoir de pétrole mais des idées”, formule qui peut se décrypter de la façon suivante : “pas d’essence, mais la quintessence de l’esprit”, humour que sous-tendait une #arabophobie ambiante dans une période où les arabo-musulmans étaient cloués au pilori pour avoir osé frigorifier les Français avec leur crise de l’énergie.

    Le renchérissement du coût du pétrole était vécu comme un crime de lèse-majesté, alors qu’il s’agissait d’un problème de rajustement des prix du brut, longtemps outrageusement favorables aux économies occidentales.

    La contradiction entre l’ouverture pan-arabe de la diplomatie française et la crispation identitaire de l’opinion française posait déjà à l’époque le problème de la mise en cohérence de la politique française à l’égard du fait arabo-musulman.

    L’universalisme français a pratiqué à destination du monde arabo-musulman une « politique des minorités », contraire à ses principes fondateurs, institutionnalisant et instrumentalisant le confessionalisme et le communautarisme, se servant des Maronites (au Levant) et des Kabyles (au Ponant) comme levier à une re-christianisation de la rive méridionale de la Méditerranée, interdisant aux Algériens sur le sol même de leur patrie, l’usage de leur langue nationale, infligeant à ce pays un dégât plus important que les ravages de 130 ans de la colonisation, le dommage de l’esprit,— l’acculturation—, dont les effets corrosifs et pernicieux se font encore sentir de nos jours et qui expliquent pour une large part les crises cycliques entre les deux pays.

    La politique arabe de la France c’est cela aussi. Muettes et douloureuses, les blessures de la mémoire ne cicatrisent jamais.
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    La France : Aimez- là ou quittez-là ou le mythe de l’excellence française
    Ce mot d’ordre n’a même pas le mérite de l’originalité. IL a été emprunté à #Ronald_Reagan, le président Rambo des Etats-Unis de la décennie 1980 (1980-1988) qui entendait par cette formule neutraliser les critiques contre l’aventurisme américain dans la période post Vietnam (1975-1980).

    Empruntée à Reagan en vue de son application électoraliste en France par le dirigeant de la droite traditionaliste #Philippe_de_Villiers, reprise et amplifiée par…#Nicolas_Sarkozy, ce « Français de la deuxième génération » selon la dénomination en vigueur en France pour les citoyens originaires du tiers monde.

    Le clonage de l’Amérique n’est pas la marque de l’originalité.

    Les basanés de France sont là et bien là. Durablement ancrés dans le paysage politique et social français. Eux dont « le rôle positif » n’a jamais été célébré avec solennité, sinon que d’une manière, incidente quand il n’a pas été plus simplement nié ou controversé.

    En France, non pas leur pays d’accueil, mais leur pays d’élection.

    Déterminés à défendre la haute idée que la France veut donner d’elle-même au Monde.

    A combattre tous ceux qui fragilisent l’économie par une gestion hasardeuse, tous ceux qui discréditent la politique par une connivence sulfureuse,

    Tous ceux qui polluent l’image de la France, à coups d’emplois fictifs et de responsabilité fictive, de rétro-commissions et de frais de bouche, de délits d’initiés et d’abus de biens sociaux

    Ces messieurs des frégates de Taiwan et de Clearstream,
    Du Crédit Lyonnais et de la Compagnie Générale des Eaux,
    D’Elf Aquitaine et d’EADS,
    D’Executive Life et de Pechiney American-Can
    Des marchés d’Ile de France et de HLM de Paris, de la MNEF et d’Urba-Gracco,
    Ceux qui dévalorisent leur justice à coups d’affaires d’#Outreaux, d’écoutes téléphoniques illégales, de tri sélectif et de « #charters de la honte »
    Qui dévalorisent leurs nationaux à coups de bougnoule et de ratonnades, de racaille et de Karcher.

    Contre la « France d’en bas » qui gouverne le pays, la France des basses manoeuvres et des bas calculs, des « zones de non droit et de passe-droits », des nominations de complaisance et des appartements de fonction, la France qui refuse de donner un coup de pouce au SMIC, qui « cristallise », c’est-à-dire, fige à sa portion congrue, les retraites des anciens combattants « basanés » de l’armée française, mais qui relève de 70 pour cent le salaires des ministres nantis, qui gorge de « stock options et de parachutes dorés » les gérants en déconfiture, tels ceux de Vinci et de Carrefour, qui recycle la forfaiture dans l’honorabilité, propulsant au Conseil d’Etat, le temple de la vertu républicaine, en guise de rétribution pour services rendus dans la diversion de la justice, tel ministre de la justice, passé dans l’histoire comme le plus célèbre intercepteur d’hélicoptères des annales judiciaires internationales.

    En un mot contre cette posture du mépris et de l’irresponsabilité la singulière théorie du fusible à la française » qui exonère le responsable de toute responsabilité par une sorte de privilège anti-démocratique tirant sa justification dans une idéologie protofasciste inhérente à un pan de la culture française.

    Contre la criminalisation du politique, cet état de fait symptomatique de la France contemporaine illustré particulièrement par la présidence Chirac, dont la double mandature (1995-2000), douze ans, aura été polluée par de retentissants scandales politico-financiers en rapport avec l’argent illicite, sans pour autant que soit discrédité le chef de l’état français -le parangon de la « fracture sociale », de « l’état modeste » et d’un « siècle de l’Ethique », réélu en dépit des dérives autoritaro-mercantiles de son magistère.

    Le président Chirac précisément et non son prédécesseur François Mitterrand, en application de l’aveu d’un spécialiste du brigandage politique, Jean Montaldo, un chiraquien désabusé qui soutient, paroles d’expert, que « de Mitterrand à Chirac nous sommes passés du stade artisanal au stade industriel », dans le domaine de la corruption (8).

    N’y voyez aucune interférence électoraliste ou partisane : L’histoire d’aujourd’hui est la mémoire de demain et il importe d’être vigoureux dans la dénonciation des dérives contemporaines pour prévenir de douloureuses réminiscences de la mémoire future.

    « Le casier judiciaire de la République » présente ainsi l’édifiant bilan suivant : Neuf cent (900) élus mis en examen soit pour #délinquance financière, soit pour atteintes aux biens et aux personnes y compris les crimes sexuels. Ce bilan porte sur la décennie 1990-2000. Gageons que le bilan de la présente décennie est en passe d’être identique.

    La « #tolérance_zéro » à l’égard de la criminalité en col blanc se devrait d’être pourtant un impératif catégorique de l’ordre républicain en vertu du principe de l’exemplarité de l’Etat.

    La capitulation de Sedan face à l’Allemagne en 1870-71 a donné naissance à la III me République, la capitulation de Montoire (9) face à Hitler en 1940 à la IV me République (1946), celle de Dien Bien Phu et d’Algérie en 1955, à la V me République (1958), avec leurs cortèges de grandes institutions : Sedan à la création de « sciences po », l’Institut des Etudes Politiques de Paris et Montoire à la fondation de l’ENA, l’Ecole Nationale d’Administration (1945). Le pays des « Grandes Ecoles », des concours pépinières des élites, des scribes et des clercs, -cinq millions de fonctionnaires en France en l’an 2.000, le plus fort contingent de l’Union européenne, soit 20 pour cent de la population active- ne tolère pas de retour sur son passé. Il ne conçoit que les perspectives d’avenir. Jamais de rétrospectives, ni d’introspection. toujours des prospectives. Une fuite en avant ?

    Loin de participer d’une hypermnésie culpabilisante, le débat s’impose tant sur la contribution des « peuples basanés » à la libération du sol français, que sur leur apport au rayonnement de leur pays d’accueil, en guise de mesure de prophylaxie sociale sur les malfaisances coloniales dont l’occultation pourrait éclairer les dérives répétitives de la France, telles que -simple hypothèse d’école ?- la correspondance entre l’amnésie sur les « crimes de bureau » de 1940-44 et l’impunité régalienne de la classe politico administrative sur les scandales financiers de la fin du XX me siècle, ou la corrélation entre la déroute de l’élite bureaucratique de 1940 et la déconfiture de l’énarchie contemporaine.

    Cette dérive a été sanctionnée d’ailleurs lors de la première consultation populaire à l’échelon national du XXI me siècle. « Une des plus grandes bévues démocratiques de l’histoire contemporaine de la France », selon l’expression de l’écrivain indo britannique Salman Rushdie, la présidentielle de 2002 qui avait mis aux prises un « superfacho » et un « supermenteur », -selon la formule en vigueur à l’époque-, révélera aux Français et au Monde médusés, le délitement moral d’un pays volontiers sentencieux et le discrédit de son élite non moins volontairement obséquieusement arrogante, incapable d’assumer au terme d’un pouvoir monopolisé par les élites depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale (1945), au niveau économique, la mutation postindustrielle de la société française, au niveau sociologique, sa mutation #postcoloniale, au niveau de son opinion nationale, sa mutation psychologique, signe de l’échec patent de la politique d’intégration de sa composante afro musulmane. Cinq siècles de colonisation intensive à travers le monde auraient dû pourtant banaliser la présence des « basanés » sur le sol français, de même que treize siècles de présence continue matérialisée par cinq vagues d’émigration conférer à l’Islam

    le statut de religion autochtone en France où le débat, depuis un demi siècle, porte sur la compatibilité de l’#Islam et de la République, comme pour conjurer l’idée d’une agrégation inéluctable aux peuples de France de ce groupement ethnico-identitaire, le premier d’une telle importance sédimenté hors de la sphère européo-centriste et judéo-chrétienne.

    Premier pays européen par l’importance de sa communauté musulmane, la France est aussi, proportionnellement à sa superficie et à sa population, le plus important foyer musulman du monde occidental. Elle compte davantage de musulmans que pas moins de huit pays membres de la Ligue arabe (Liban, Koweït, Qatar, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Palestine, Iles Comores et Djibouti). Elle pourrait, à ce titre, justifier d’une adhésion à l’Organisation de la #Conférence_Islamique (OCI), le forum politique panislamique regroupant cinquante deux Etats de divers continents ou à tout le moins disposer d’un siège d’observateur.

    L’intégration présuppose une conjonction d’apports et non une amputation de la matrice identitaire de base. La troisième génération issue de l’immigration est certes extrêmement sensible à son environnement international comme en témoignent les flambées de violence à caractère confessionnel en rapport avec l’intifada palestinienne, la guerre du Golfe (1990-91) ou encore la guerre d’Afghanistan (2001-2002), la guerre d’Irak et la guerre du Liban (2006).

    Elle n’en demeure pas moins porteuse d’une dynamique interculturelle en raison de ses origines, de son profil culturel et de ses croyances religieuses.
    Facteur d’intermédiation socioculturelle, les bougnoules des temps anciens, #sauvageons des temps modernes, paraissent devoir tenir leur revanche dans leur vocation à devenir de véritables « passeurs de la #Francophonie », l’avant-garde de « l’arabofrancophonie culturelle » (10) que la France s’ingénie tant à mettre sur pied afin de faire pièce à l’hégémonie anglo-américaine et de favoriser le dialogue des cultures par le dépassement de son passé colonial.

    A l’entame du IIIème millénaire, la « patrie de la mémoire courte » souffre d’évidence d’un blocage culturel et psychologique marqué par l’absence de fluidité sociale. Reflet d’une grave crise d’identité, ce blocage est, paradoxalement, en contradiction avec la configuration pluriethnique de la population française, en contradiction avec l’apport culturel de l’immigration, en contradiction avec les besoins démographiques de la France, en contradiction enfin avec l’ambition de la France de faire de la Francophonie, l’élément fédérateur d’une constellation pluriculturelle ayant vocation à faire contrepoids à l’hégémonie planétaire anglo-saxonne, le gage de son influence future dans le monde.
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    Conclusion
    Cinq ans après la bourrasque lepéniste aux présidentielles françaises de 2002, alors que la France s’apprête, en 2007, à se choisir un nouveau président, il m’a paru salutaire de pointer les incohérences françaises. De démystifier le discours politique officiel, et, au delà du clivage droite-gauche de la classe politique française, de recentrer le débat sur le fait migratoire en mettant l’imaginaire français à l’épreuve des faits historiques et de la réalité quotidienne nationale en vue d’apporter ma contribution à la mutation post-coloniale de la France.

    L’exception française si hautement revendiquée d’une nation qui se réclame de la grandeur est antinomique d’une culture de l’#impunité et de l’#amnésie, une culture érigée en un #dogme de gouvernement et, à ce titre, incompatible avec la déontologie du commandement et les impératifs de l’exemplarité.

    Mes remerciements renouvelés vont donc en premier lieu à Bruno Gollnisch, Philippe Val, le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste Blazy, initiateur, en tant que député de Toulouse, du projet de loi controversé sur le « rôle positif » de la colonisation, ainsi que naturellement à Nicolas Sarkozy, pour leur inestimable contribution à la remise en ordre de ma formation universitaire, un exercice qui m’a permis de prendre conscience du « rôle positif » de la colonisation….. des Colonies par rapport à la Métropole et des colonisés à l’égard de leurs colonisateurs-oppresseurs.

    Merci aussi aux organisateurs de ce colloque qui m’ont donné la possibilité devant un auditoire savant, patient ( et indulgent à mon égard ), de procéder à une « déconstruction des mythes fondateurs de la grandeur française », pour le plus grand bénéfice du débat public contradictoire et de la recherche universitaire.

    Notes
    1) Contribution de l’auteur au colloque de SEPTEMES-LES-VALLONS 6- 7 OCTOBRE 2006, organisé par Festival TransMediterranée (fmed@wanadoo.fr) sur le thème « D’UNE RIVE A L’AUTRE, ECRIRE L’HISTOIRE, DECOLONISER LES MEMOIRES »
    2 Léon Blum invoquera son « trop d’amour » pour son pays « pour désavouer l’expansion de la pensée et de la civilisation française ». « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture », écrira-t-il dans le journal « Le Populaire » en date du 17 juillet 1925) cf « Quand Tocqueville légitimait les boucheries » par Olivier le Cour Grandmaison et « une histoire coloniale refoulée » par Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire et Nicolas Bancel- Dossier général sous le thème « Les impasses du débat sur la torture en Algérie »-Le Monde Diplomatique juin 2001. Alexis de Tocqueville légitimera les boucheries considérant « le fait de s’emparer des hommes sans armes, des femmes et des enfants, comme des nécessités fâcheuses auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre ». De son côté, Jules Ferry soutiendra dans un discours au Palais Bourbon le 29 juillet 1895 qu’ « il y a pour les races supérieures un droit par ce qu’il y a un devoir pour elle. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ».
    3) « Zoos humains, de la Vénus Hottentote aux Reality Show » Ed. La Découverte Mars 2002, ouvrage réalisé sous la direction d’un collectif d’historiens et d’anthropologues membres de l’Association connaissance de l’Afrique contemporaine (Achac-Paris),Nicolas Bancel (historien, Université Paris XI), Pascal Blanchard (historien, chercheur CNRS), Gilles Boetsch (anthropologue, Directeur de recherche au CNRS), Eric Deroo (cinéaste, chercheur associé au CNRS) et Sandrine Lemaire (historienne, Institut européen de Florence). De 1877 à 1912, trente spectacles ethnologiques seront donnés au jardin d’acclimatation à Paris, puis aux expositions universelles de Paris de 1878 et de 1889 dont le clou pour celle de 1889 étaient aussi bien l’inauguration de la Tour Eiffel que la visite d’un « village nègre ». Suivront les expositions de Lyon (1894), les deux expositions coloniales de Marseille (1906 et 1922), enfin les grandes expositions de Paris de 1900 (diorama sur Madagascar, 50 millions de spectateurs) et de 1931 dont le commissaire général n’était autre que le Maréchal Lyautey. cf. « Le spectacle ordinaire des zoos humains » et « 1931. Tous à l’Expo » par Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, Manière de voir N°58 Juillet Août 2001, op cité.
    4 Dictionnaire Le Petit Robert 1996.
    5 « Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français » René Naba-Editons l’Harmattan-2002
    6 « La République Xénophobe, 1917-1939 de la machine d’Etat au « crime de bureau », les révélations des archives » de Jean Pierre Deschodt et François Huguenin Editions JC Lattès septembre 2001.
    7 « Une théorie raciale des valeurs ? Démobilisation des travailleurs immigrés et mobilisation des stéréotypes en France à la fin de la grande guerre » par Mary Lewis, enseignante à la New York University, in « L’invention des populations », ouvrage collectif sous la direction d’Hervé Le Bras (Editions Odile Jacob).
    8 Jean Montaldo, auteur de deux ouvrages sur la corruption présidentielle : « Chirac et les 40 menteurs » Albin Michel 2006, « Mitterrand et les 40 voleurs » Albin Michel.
    9 l’armistice a été signé le 22 juin 1940 symboliquement à Rethondes au même endroit, dans le même wagon, que l’armistice du 11 novembre 1918. Toutefois l’entrevue de Montoire du 24 octobre 1940 entre Pétain et Hitler a scellé la collaboration entre la France et l’Allemagne nazie. Si l’armistice constituait une cessation des hostilités, la rencontre de Montoire a représenté dans l’ordre symbolique le voyage à Canossa de Pétain et constitué en fait une capitulation dans la mesure où Pétain a cautionné la collaboration avec le régime nazi quand bien même l’Allemagne reniant ses promesses avait annexé l’Alsace-lorraine, août 1940.
    10 « Arabo-francophonie culturelle : l’expression a été forgée en 1995-1996 par Stellio Farangis, ancien secrétaire général du Haut Conseil de la Francophonie.

  • Algérie : « Le système de santé est devenu un grand sketch » - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2018/01/08/algerie-le-systeme-de-sante-est-devenu-un-grand-sketch_1621104

    Alors que des médecins protestent depuis deux mois, le manque de moyens pèse sur les hôpitaux du pays, à l’image de celui de Sétif, vétuste, sous-dimensionné et qui rebute les jeunes praticiens.

    Le temps a écaillé la peinture bleu ciel des volets du vieil hôpital de Sétif. Le bois des lattes est apparu, des confettis de couleur se sont déposés sur les rebords des fenêtres. Reconnaissables à leurs blouses qui dépassent des manteaux, des travailleurs du CHU se réchauffent au soleil dans le jardin central de l’établissement. C’est un jeudi de décembre. Sétif est situé dans les terres, à 1 100 mètres d’altitude. Il y fait 10 degrés de moins qu’à Alger, à 270 kilomètres. L’arrivée d’une camionnette pâle de poussière a dérangé trois chats serrés contre la porte d’entrée du service de médecine interne : une vieille femme, portée par son mari, est délicatement étendue sur un matelas à motifs fleuris disposé à l’arrière du véhicule. Des câbles électriques sectionnés pendent des murs blancs.

    « Le bâtiment date de l’époque française, il a été construit en 1934 pour une population de 30 000 colons. Aucun investissement sérieux n’a été réalisé alors qu’aujourd’hui, 6 millions d’Algériens dépendent de ce CHU, qui manque de lits, de matériel, de personnel, explique, vibrant d’une colère contenue, un médecin qui s’exprime dans son bureau fermé à double tour, de l’autre côté de la cour. Pourtant, à une époque, l’argent public ne manquait pas ! » On a longtemps parlé d’un second hôpital à Sétif. Mais le projet, évoqué dans les années 80, semble avoir été abandonné. Depuis 2014, la plongée des cours du pétrole, dont l’Etat algérien reste extrêmement dépendant, a rendu sa perspective encore plus incertaine.

    Le pays consacre 10 % de sa dépense publique au secteur de la santé (contre 6 % pour le Maroc, 14 % pour la Tunisie et 16 % pour la France). « Depuis l’indépendance, la médecine gratuite est une pièce fondamentale de notre Etat hypersocial, résume le sociologue Madani Safar Zitoun. Notre système de protection sociale est le plus universel, le plus généreux et le plus dispendieux de la région, c’est un cas unique. Il repose en partie sur les cotisations salariales, l’Etat payant celles des invalides, des chômeurs, des retraités démunis, etc. Mais avec l’explosion du travail informel (environ 40 % de l’activité) et l’augmentation de l’espérance de vie, c’est devenu un gouffre pour les finances publiques. »

    Dans les allées du parc, Nasrin, Ikran et Aïcha (1) désignent les pavillons à deux étages qui constituent les différents départements du CHU. Les trois femmes voilées, originaires de Sétif, ont 26 ans : elles sont médecins « résidentes » (l’équivalent français des internes) et connaissent les lieux depuis leur enfance. « Pour un hôpital de cette importance, il manque beaucoup de services, s’accordent-elles. Il n’y a pas d’ophtalmo, ni de dermato, de gastro ou d’urologie… En gynécologie, il n’y a qu’un seul spécialiste. Ils font venir des obstétriciens chinois ! Nous n’avons pas d’IRM, le scanner est en panne deux jours sur trois. »

    Ont-elles envisagé de quitter le pays, comme le font tant de médecins algériens ? « Bien sûr. Tous les jeunes y pensent forcément à un moment ou un autre. Ceux qui vous disent le contraire ne sont pas sincères. » Depuis deux mois, les médecins résidents (ils sont 9 000 en Algérie) mènent une « grève tournante » pour protester contre leurs conditions de travail. En particulier le service civil, qui prévoit leur affectation obligatoire dans un établissement public pendant au moins deux ans à la fin des six années d’études de spécialisation. « On nous envoie dans des endroits reculés, sans personne pour nous superviser, décrit Nasrin. Parfois, les médecins ne peuvent même pas pratiquer leur spécialité faute de matériel adéquat ou d’équipe dédiée dans ces dispensaires oubliés. » Un jeune médecin en résidence au CHU de Bab el-Oued, à Alger, complète : « Pour les hommes, c’est la double peine, car nous avons aussi un an de service militaire obligatoire. Ces contraintes, ces années perdues, sont l’une des raisons pour lesquelles il y a tous ces départs. »

    « Fuite des cerveaux »

    Dimanche dernier, des centaines de médecins se sont rassemblés dans le plus grand hôpital d’Alger pour demander l’abrogation du service civil. Quatre jours plus tôt, ils avaient tenté de marcher dans le centre-ville de la capitale mais la manifestation, interdite, avait été dispersée par la police. La coordination du mouvement a fait état de 20 blessés.

    Avec 9 365 médecins algériens exerçant en France en 2017 selon les chiffres du Conseil national de l’ordre, l’Algérie est le premier pays étranger « fournisseur » de praticiens dans l’Hexagone. Plus de 80 % des médecins diplômés d’une faculté algérienne et installés en France sont arrivés il y a moins de quinze ans. « C’est aussi le résultat de notre système de formation, explique Madani Safar Zitoun. Notre modèle universitaire gratuit a provoqué une démocratisation de l’enseignement supérieur : beaucoup de jeunes diplômés, en médecine comme ailleurs, cherchent un poste que l’Etat n’est plus en mesure de fournir. Le secteur privé a grossi très vite, mais ne peut pas absorber tout ce monde. D’où la fuite des cerveaux vers l’étranger. »

    Sous le porche de l’hôpital de Sétif, une centaine de personnes s’avancent en rangs serrés. Mains dans les poches, pas pressés, comme pour une ouverture d’usine. Il est 13 heures, c’est le début de la période des visites. Tous les deux mois, Aït Ammar Hamid accompagne sa petite sœur de 16 ans, atteinte de la maladie de Crohn « avec fistule », qui doit recevoir une injection médicamenteuse régulière. Toute la famille fait le trajet depuis la ville côtière d’Annaba, à 280 kilomètres, pour ce rituel médical, faute d’un traitement disponible plus proche. « La santé dans ce pays est devenue un grand sketch ! Le ministre de la Santé a osé dire l’an dernier à Annaba que les hôpitaux algériens étaient mieux que les européens, s’agace-t-il. Tout le monde se méfie des hôpitaux publics, ici ! Ils manquent de personnel, de matériel, les conditions d’hygiène sont lamentables. Si tu n’as pas de pouvoir ou de connaissances à l’intérieur du système, on te laisse crever. » Cet été, le décès d’une femme enceinte dont l’admission avait été refusée par trois hôpitaux différents de la province de Djelfa, dans le centre du pays, a déclenché une vague nationale d’indignation sur les réseaux sociaux.

    « Dans les établissements publics algériens, certes la barrière de l’argent n’existe pas, mais puisque le nombre de lits est limité, d’autres filtres l’ont remplacée, explique Madani Safar Zitoun, qui a supervisé une étude sur la question il y a une dizaine d’années. Des filières se mettent en place, familiales, claniques, régionales, pour avoir accès à tel ou tel médecin. On voit ainsi souvent débarquer au CHU des familles rurales qui viennent de très loin, mais qui, en actionnant leur réseau au sein de l’hôpital (infirmiers, personnels administratifs ou d’entretien, etc.), obtiennent directement un rendez-vous avec un spécialiste. »

    « Bien trop petite »

    Un vieux pick-up s’est arrêté en grinçant devant l’entrée des urgences de Sétif. A la place du mort, un jeune à la tête bizarrement enflée et sanguinolente attend qu’un médecin puisse l’examiner. Une bagarre qui a mal tourné, précisent ses copains en tongs. Au bout d’un quart d’heure, ils le portent à l’intérieur. « Il n’y avait pas de couteau, rien de très grave, ce n’était pas prioritaire, explique un brancardier dans la salle de garde. Nous n’avons que douze lits d’observation, la structure est bien trop petite, c’est une évidence. » Le week-end d’avant, 21 personnes ont été admises aux urgences le même jour, obligeant les patients à partager les lits.

    « En gynécologie, elles sont parfois à trois, tête bêche, sur un matelas, affirme une infirmière en rougissant. On manque de tout, même de tenues. Ils nous donnent un vêtement à notre arrivée, mais le reste, on l’achète avec notre propre salaire. » Le sien est de 30 000 dinars par mois (220 euros au taux officiel). La soignante dit être marquée par le décès d’un enfant de 3 ans, quelques semaines auparavant : « Il avait été renversé par une voiture. Il fallait le placer sous assistance respiratoire, mais nous n’avions aucun ventilateur clinique, ce n’est quand même pas de la haute technologie, s’emporte-t-elle, en faisant défiler des photos de l’enfant sur ton téléphone. Je ne sais pas si cela aurait pu le sauver, mais par contre je sais que sans appareil, il ne pouvait pas survivre. »
    Célian Macé envoyé spécial à Sétif

    #Algérie #santé #hôpital #médecine

  • L’histoire de la colonisation française vue d’Algérie - Mon reportage pour @OrientXXI @WardaMD

    La commémoration du 8 mai 1945 à Alger n’est pas celle de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie mais celle des massacres perpétrés par la France contre les indépendantistes algériens à Sétif, Guelma, Kherrata et leurs régions. Plus de 70 ans après, et malgré quelques déclarations politiques côté français, le « pays des droits de l’homme » ne parvient toujours pas à reconnaître le caractère criminel de la colonisation et à infléchir en ce sens son récit national.

    http://orientxxi.info/magazine/vu-d-alger-l-autre-versant-de-l-histoire-d-une-guerre-coloniale,1909

  • Vu d’Alger. L’autre versant de l’histoire d’une guerre coloniale | Warda Mohamed
    http://orientxxi.info/magazine/vu-d-alger-l-autre-versant-de-l-histoire-d-une-guerre-coloniale,1909

    La commémoration du 8 mai 1945 à Alger n’est pas celle de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie mais celle des massacres perpétrés par la France contre les indépendantistes algériens à Sétif, Guelma, Kherrata et leurs régions. Plus de 70 ans après, et malgré quelques déclarations politiques, le « pays des droits de l’homme » ne parvient toujours pas à reconnaître le caractère criminel de la colonisation et à infléchir en ce sens son récit national. Huit mai 2017. En deux heures, plus d’une dizaine de (...) Source : Orient XXI

    • La question du rapport à la colonisation algérienne reste posée dans l’ensemble de l’éventail politique français sans exception. Quelque chose gît dans l’inconscient collectif et dans les partis. On ne veut jamais voir en face la question de l’occupation et de la domination coloniale et quand on l’aborde, on est tout à coup inaudible, hors sujet. La France depuis les Lumières se prétend détentrice de la raison. Or dans la façon dont cette dernière s’exprime, il y a une fissure, qui parfois devient une faille et à l’intérieur de cette faille, on trouve la question coloniale.

      #colonisation #algérie #occupation #génocide

  • 8 Mai 1945 : Massacre de Sétif !
    https://rebellyon.info/8-Mai-1945-Massacre-de-Setif

    Le jour même où la France est libérée, elle réaffirme dans le sang sa domination coloniale en Algérie : 45.000 morts à Sétif, Guelma, Kherrata et dans tout le Constantinois...Cet évènement tragique nous touche particulièrement à Lyon, car il y a un grand nombre de personnes originaires de Sétif parmi les habitants de Lyon.La négation des massacres d’hier font le racisme d’aujourd’hui !

    #Mémoire

    / #Répression_-_prisons, #Guerres_-_Armements, Une

  • Polémique : Canal Algérie fait la promotion du sinistre Bachagha Bengana - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2017/02/polemique-canal-algerie-fait-la-promotion-du-sinistre-bachagha-ben

    DIA-21 février 2017 : C’est la polémique du jour, la chaîne francophone Canal Algérie a invité ce matin à 09h sur l’émission (Bonjour d’Algérie), Fériel Furon, l’arrière petite fille du sinistre Bachagha Bengana qui a écrit un livre glorifiant le passé de son « horrible » famille, bénéficiant ainsi d’une campagne promotionnelle de la télévision publique au 21 boulevard des Martyrs. 

    Mieux encore, l’écrivaine va dédicacé le livre sur son sinistre grand père samedi à 14h dans une importante librairie à Alger. 

    Mme Furion avec la présentatrice de l’émission Bonjour d’Algérie : Lilia Bekhaled
    Dans un poste publié sur facebook certains internautes exigent des explications du ministre de la Communication Grine et demande même le limogeage du DG de l’ENTV avec poursuites judiciaires contre les responsables de l’émission pour atteintes à la mémoire de nos martyrs (loi du moudjahid et du Chahid). 

    Qui est Bengana ? 

    Si M’hamed Ben-Bouaziz-Ben-Ganah orthographié aussi Bouaziz Bengana, ou Bouaziz Ben-Gana, ou Bou Aziz-Ben-Ganah —, cheikh el arab du beylik de Constantine puis fait Bachagha des Zibans lors de la conquête française. En tant que cheikh el arabc’est un des principaux dignitaire et feudataire du bey de Constantine. Il est à la tête de certaines tribus issues de la confédération des Dhouaouda. Géographiquement son influence s’étend sur une partie saharienne du Sud constantinois, notamment les Zibans et Biskra. Lors de la prise de Constantine par les Français en 1837, il fait partie des chefs locaux qui se rallient en 1839 et ont un rôle politique important lors de la conquête de l’Algérie par la France.

    Les 900 oreilles coupées par le bachagha Bengana
    Le bachagha Bengana coupait les oreilles des résistants algériens auxquels il tendait des embuscades avec ses goumiers. Puis, il les entassait dans des couffins qu’il remettait ensuite aux officiels français, contre espèces sonnantes et trébuchantes. On l’honora de menues broutilles pour services inestimables rendus à la France coloniale. Bengana envoya au général Négrier le sceau, les oreilles et la barbe du chef de guerre Farhat Bensaïd, qui fut attiré dans un guet-apens, chez les Oulad-Djellal. Le fils de Farhat Bensaïd, Ali-Bey, qui avait échappé aux coups des Bou-Azid, alliés à Bengana et aux Français, accablé par l’évènement, se rendit au général Sillègue, à Sétif. Une autre fois, un membre de la famille, Khaled Bengana, qui s’était « vaillamment » conduit lors d’une sanglante répression contre des insurgés algériens, présenta au général comme pièces justificatives, deux étendards (le troisième avait été déchiré par ses goumiers) et des sacs contenant 900 oreilles coupées aux cadavres. Le commandant de Constantine qui n’en demandait pas tant de la part des Bengana, ému par autant de zèle, envoya au gouverneur un rapport laudatif sur cette affaire. A l’occasion de la fête du roi (célébrée le 1er mai), le général Galbois se rendit auprès des Bengana et fut reçu au bruit des salves tirées avec les canons récupérés sur le champ de bataille. Les canons lui furent ensuite remis. Sont-ils aux Invalides, à Paris ? On déploya une pompe et une mise en scène grandiose à l’occasion, dont l’organisation fut attribuée à Ismaël Urbain. Bengana reçut à cette occasion la croix d’officier et une gratification de 45 000 francs, comme appointements sur lesquels furent prélevées les sommes payées de sa poche à ses goumiers. Les Bengana et leurs goumiers investirent les Zaatchas avec les troupes du général Herbillon, la tête de Bouziane et celle de son lieutenant Si Moussa Al-Darkaoui figurent parmi leurs sordides butins. Le Muséum national d’histoire naturelle de Paris détient une oreille, non-identifiée, un morceau de chair noircie, cataloguée parmi les têtes momifiées et les crânes, dans un registre officiel, en France, pays des droits de l’Homme, au XXIe siècle. Il faudrait relire sérieusement cette Déclaration des droits de l’Homme, en filigrane, pour savoir si ces droits concernent pareillement les morts ou seulement les vivants et s’ils ne concernent que les Blancs. Au Maghreb ou en Afrique, aucun musée ne détient des restes mortuaires humains dans ses réserves. Espérons que nous serons entendus et que les restes mortuaires des résistants algériens, actuellement conservés au musée de Paris, seront dignement rapatriés à Alger. (Ali Farid Belkadi) Historien et anthropologue, auteur de Boubaghla, le sultan à la mule grise.
    La résistance des Chorfas,éditions Thala, Alger
     

    Feriel Furon, ose présenter son livre devant l’ancien ministre des affaires étrangères Mohamed Bedjaoui, lors du salon le Maghreb des livres de Paris en février dernier 

     

    http://dia-algerie.com

  • Faces cachées de la seconde guerre mondiale - La guerre d’Algérie a commencé à Sétif le 8 mai 1945, par Mohammed Harbi
    https://www.monde-diplomatique.fr/2005/05/HARBI/12191 #st

    Le 8 mai 1945, tandis que la France fêtait la victoire, son armée massacrait des milliers d’Algériens à Sétif et à Guelma. Ce traumatisme radicalisera irréversiblement le mouvement national.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/25698 via Le Monde diplomatique

  • 8 mai 1945 en Algérie

    Le 8 mai 1945, à l’appel conjoint du Parti du Peuple algérien et des Amis du Manifeste et de la liberté* une manifestation pacifique a lieu à Sétif pour fêter la chute du nazisme contre lequel de nombreux Algériens ont combattu.

    Dans la manifestation se succèdent les slogans « Libérez Messali ! », « Vive l’Algérie libre et indépendante ! », « A bas le fascisme et le colonialisme ! » jusqu’au moment où Bouzid Saal, un jeune homme de 22 ans, refusant de baisser le drapeau algérien qu’il porte, est abattu par un policier .

    C’est ce qui déclenchera l’émeute suivie de la terrible répression.


    >>> Sétif - 8 mai 1945
    http://zec.hautetfort.com/archive/2015/05/07/setif-8-mai-1945.html

    >>> Les massacres de Sétif, un certain 8 mai 1945 https://quartierslibres.wordpress.com/2016/05/08/la-seance-du-dimanche-les-massacres-de-setif-un-certain-8

    http://seenthis.net/messages/486919
    http://zinc.mondediplo.net/messages/25698

    #Sétif #Algérie #8_mai_1945 #Colonialisme
    #Massacre_de_Sétif #Guelma #Kherrata

  • 8 mai 1945 : Massacre de #Sétif, #Guelma et #Kherrata
    http://lahorde.samizdat.net/2015/05/08/8-mai-1945-massacre-de-setif-guelma-et-kherrata

    Le jour même où la France est libérée du nazisme, elle réaffirme dans le sang sa domination coloniale en #Algérie : 45000 morts à Sétif, Guelma, Kherrata et dans tout le Constantinois… Jour de liesse ? Fête de la libération ? Pas pour tout le monde. Cette année, des rassemblements devant les mairies sont d’ailleurs organisés aujourd’hui un peu partout [&hellip

    #Histoire #Repères #colonialisme #slide

  • Rassemblement « L’autre 8 mai 1945 » - Massacres de Sétif et Guelma, #Algérie
    http://survie.org/francafrique/colonialisme/article/rassemblement-l-autre-8-mai-1945-4947

    Il est impossible de célébrer les 70 ans de la victoire contre le fascisme sans la volonté d’arracher de l’oubli ce qui s’est passé en Algérie ce même 8 mai et les jours suivants. Une manifestation pacifique à Sétif, Guelma, Khératta et la région été réprimée dans le sang ; des dizaines de milliers de civils algériens ont été massacrés par la police, la gendarmerie, les milices armées par les autorités locales, l’armée française, agissant sur ordre de l’exécutif. Amputer notre histoire commune par l’occultation (...)

    #Colonialisme

    / #Colonialisme, Algérie, Crimes contre l’humanité, Une

    #Crimes_contre_l'humanité

  • 8 Mai 1945 : Massacre de Sétif !

    Le jour même où la France est libérée, elle réaffirme dans le sang sa domination coloniale en Algérie : 45.000 morts à Sétif, Guelma, Kherrata et dans tout le Constantinois...

    http://paris-luttes.info/8-mai-1945-massacre-de-setif-003
    #colonialisme #algerie

  • 70 ans après, l’hommage inédit de la France aux victimes des massacres de Sétif, Guelma et à Kheratta - Le Monde
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/04/20/l-hommage-inedit-de-la-france-aux-victimes-des-massacres-de-setif_4618948_82

    Un « geste fort et symbolique ». C’est ainsi que le secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire, Jean-Marc Todeschini, a qualifié son déplacement dans la ville algérienne de Sétif, dimanche 19 avril, à 300 km à l’est d’Alger. Cette visite est la première d’un représentant du gouvernement français pour commémorer, soixante-dix ans après, les massacres du 8 mai 1945, considérés comme le véritable premier acte de la guerre d’Algérie.
    Accueilli à l’aéroport de la ville par son homologue, Tayeb ­Zitouni, le ministre des moudjahidine, M. Todeschini a déposé une gerbe de fleurs devant le mausolée de Saal Bouzid, ce jeune scout tué le 8 mai 1945 pour avoir brandi un drapeau algérien. Ce jour-là, alors que la France fête la victoire contre le nazisme, l’histoire tourne au drame dans l’Est algérien, à Sétif mais aussi à Guelma et à Kheratta, où les manifestations sont réprimées dans le sang. En quelques semaines, des milliers d’Algériens – entre 10 000 et 45 000, selon les sources – seront tués, ainsi qu’une centaine d’Européens.

    « En me rendant à Sétif, je dis la reconnaissance par la France des souffrances endurées et rends hommage aux victimes algériennes et européennes de Sétif, de Guelma et de Kheratta » , a inscrit le secrétaire d’Etat dans le livre d’or du musée de la ville, appelant Français et Algériens, « au nom de la mémoire partagée par nos deux pays (…), à continuer d’avancer ensemble vers ce qui les réunit ».
    « Tragédie inexcusable »
    En 2005, l’ambassadeur de France à Alger, Hubert Colin de Verdière, avait évoqué une « tragédie inexcusable ». En 2008, l’ambassadeur Bernard Bajolet avait pointé la « très lourde responsabilité des autorités françaises de l’époque dans ce déchaînement de folie meurtrière », ajoutant que « le temps de la dénégation est terminé ». Une reconnaissance formulée au plus haut niveau en décembre 2012 par François Hollande. Devant le Parlement algérien, le chef de l’Etat français avait dénoncé la colonisation, « un système profondément injuste et brutal », reconnu « les souffrances (…) infligées au peuple algérien », dont les massacres de Sétif. « Le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles », poursuivait le président.
    Soixante-dix ans après, et en dépit de ces « pas » vers une histoire commune, le travail de mémoire reste un exercice difficile . L’annonce du voyage de ­M. Todeschini a provoqué de nombreuses réactions ces dernières semaines. En France, l’Union nationale des combattants (UNC) avait exprimé sa « stupeur » face à une « provocation inacceptable ». L’association d’anciens combattants dénonce cette visite comme « une démarche supplémentaire de repentance » de la France.
    « Cette visite est la traduction des propos tenus par le président de la République en décembre 2012. (…) Le geste joint à la parole », a clarifié dimanche M. Todeschini, ajoutant : « Je ne suis pas dans un acte de repentance. »
    Afin de limiter les polémiques, aucun discours officiel n’a accompagné la cérémonie de Sétif . Le secrétaire d’Etat a également pris soin d’inscrire ce déplacement dans le cadre plus large d’un « voyage mémoriel ». « Aucune mémoire n’est oubliée », a fait valoir M. Todeschini, qui s’est aussi rendu au cimetière marin de Mers el-Kébir, où 1 300 marins français furent tués dans une attaque britannique en juillet 1940, ainsi qu’au cimetière militaire du Petit Lac, à Oran, en présence d’une dizaine d’anciens combattants algériens.

  • Massacre du 8 mai 1945 en Algérie : « Pas de réconciliation viable avec la France sans reconnaissance et excuses » - El Watan

    Soixante-dix années se sont écoulées depuis ce jour du 8 mai 1945 qui a vu s’exprimer une des faces les plus hideuses et abominables du colonialisme.

    Des milliers d’Algériens sortis pacifiquement réclamer leur droit à la liberté sont accueillis par la machine de guerre et l’appareil répressif français. Un massacre à grande échelle est commis à Sétif, Guelma et Kherrata, les corps de dizaines de milliers de victimes algériennes jonchent les rues maculées de sang de ces villes. La fin de la Deuxième Guerre mondiale a eu le goût amer de la mort, en Algérie.

    Soixante-dix ans après ces événements et 53 ans après l’indépendance de l’Algérie, le secrétaire d’Etat français aux Anciens combattants a exprimé le vœu de faire un « voyage mémoriel » à Sétif. Serait-ce un pas vers une reconnaissance des crimes commis par la colonisation française ?

    Pour Abdelhamid Salakdji, président de la Fondation du 8 Mai 1945, ce pas ne saurait en être un sans un véritable acte de reconnaissance officielle et explicite des crimes coloniaux commis contre le peuple algérien. « Il représente les anciens combattants, c’est-à-dire ces parachutistes, légionnaires et autres tortionnaires qui ont commis des atrocités contre le peuple algérien. S’il y a un pas à faire, c’est que ces gens aillent dans les cimetières où reposent nos martyrs et leur présentent leurs excuses, et que cette action soit reprise par les médias nationaux et français.

    Ce jour-là on pourra leur serrer la main », estime notre interlocuteur. M. Salakdji considère que toute autre manifestation ou rapprochement sans reconnaissance et excuses à nos martyrs ne pourrait refermer dans la sérénité la page de la mémoire commune. « Il y va de notre dignité et du respect du serment fait à nos chouhada », dit-il. Si l’Etat français hésite encore à faire le pas, la société civile, elle, est bien en phase avec la reconnaissance du passé colonial. Une association française, Les Oranges, a lancé une pétition demandant à l’Etat français la reconnaissance des crimes commis le 8 mai 1945 en Algérie.

    « Depuis 70 ans, ces crimes contre l’humanité, commis par l’Etat et ceux qui le servaient, ne sont reconnus. Une telle situation est inacceptable car elle ajoute à ces massacres l’outrage aux victimes, à leurs descendants et à leurs proches », souligne le texte de la pétition de l’association française, demandant aussi « la création d’un lieu du souvenir à la mémoire de celles et ceux qui furent assassinés et l’ouverture de toutes les archives relatives à ces terribles événements ».

    Abdelhamid Salakdji s’est félicité de cette initiative qu’il dit soutenir et encourager : « Notre fondation a été sollicitée par cette association française et par de nombreuses personnalités et écrivains, et nous avons bien entendu signé la pétition en signe de soutien et d’appui à la démarche de reconnaissance des crimes de guerre et contre l’humanité commis par la colonisation française. » Et de qualifier la reconnaissance de « devoir moral ».

    « Nous ne recherchons pas la repentance, ce que nous demandons c’est que la France officielle reconnaisse les massacres commis, une reconnaissance qui se traduirait par des excuses officielles exprimées par le président de la République française », indique notre interlocuteur, en notant que le devoir moral et le respect des valeurs humaines et des droits de l’homme imposent une telle démarche.

    Et de noter qu’en guise d’indemnisation, la Fondation exige l’assistance française pour la décontamination des sites radioactifs du fait des essais nucléaires français en Algérie.

    « Nous n’avons pas assez de spécialistes pour éliminer tous les effets des radiations, une implication française dans ce sens serait la bienvenue », estime M. Salakdji. Il est utile aussi de noter que du côté algérien, les victimes des massacres du 8 Mai 1945 – 45000 selon les estimations nationales – n’ont pas le statut de martyr. « Le ministre des Moudjahidine avait annoncé, lors de sa visite dans la wilaya de Bouira, qu’une commission planche sur le statut du chahid et du moudjahid avec une réflexion sur le cas des victimes du 8 Mai 1945.

    Nous souhaitons que ce travail aboutisse à la reconnaissance du statut de martyr pour ces victimes, une reconnaissance ne serait-ce que symbolique car il n’y aura pas d’incidence financière à l’octroi de ce statut aux victimes. Les ayants droit ne sont plus là », précise le président de la Fondation du 8 Mai 1945 en appelant à doter la législation d’un texte condamnant les crimes de guerre et contre l’humanité.

  • France/Algérie - Un membre du gouvernement français assistera aux commémorations du massacre de Sétif. C’est une première - Chouf Chouf http://www.chouf-chouf.com/actualites/un-ministre-francais-assistera-aux-commemorations-des-massacres-de-seti

    Le secrétaire d’Etat français chargé des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, se rendra à Sétif à l’occasion des commémoration du 70e anniversaire du massacre de dizaines de milliers d’Algériens dans l’est du pays le 8 ma 1945. C’est la première fois qu’un membre du gouvernement français assistera à ces manifestations. Ce déplacement s’inscrit cependant dans une – lente – réconciliation mémorielle jalonnée de plusieurs étapes. Le 27 février 2005, l’ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, avait ainsi pour la première fois reconnu une responsabilité de la France dans ces massacres en évoquant une « tragédie inexcusable ». En décembre 2012, le président français François Hollande avait quant à lui reconnu les « souffrances que la colonisation a infligées » aux Algériens et dénoncé un « système (colonial) profondément injuste et brutal ».

  • La guerre d’Algérie a débuté le 8 mai 1945

    Le 8 mai 1945, tandis que la France fêtait sa victoire contre l’Ennemi à laquelle des “Indigènes” avaient participé, son armée tuait des milliers d’Algériens à Sétif et à Guelma. La répression durera plusieurs jours. Environ 1000 Algériens seront tués selon la France, 45 000 selon l’Algérie.

    http://sanstransition.tumblr.com/post/85141711966/la-guerre-dalgerie-a-debute-le-8-mai-1945

    https://www.youtube.com/watch?v=jK3YZ_DORT8

    #Algérie #France #8mai

  • MASSACRES DU 8 MAI 1945 : La plaie du génocide, toujours ouverte !
    http://www.reflexiondz.net/MASSACRES-DU-8-MAI-1945-La-plaie-du-genocide-toujours-ouverte-_a29509.h

    Manifestation pacifique à l’origine de milliers d’algériens musulmans sortis exprimer en toute bonne foi leur joie de la fin de la Seconde Guerre Mondiale en Europe et en France en particulier, par la même occasion revendiquer l’application du droit du peuple algérien à l’Indépendance totale de sa terre natale. La marche dégénéra rapidement en sanglante répression. Aujourd’hui, l’Algérie s’incline à la mémoire de ses martyrs lâchement assassinés, et marquera l’évènement par des hommages et des conférences à Guelma et Sétif notamment. Prenant comme mèche qui détonna le génocide, l’assassinat lâche et de sang-froid d’un jeune scout musulman à Sétif qui avait « osé » brandir le futur drapeau de la République Algérienne, le blanc et vert frappé du croissant rouge sang ! S’ensuivit alors après, de grosses émeutes à travers le territoire national est, provoquant ainsi le massacre de milliers d’algériens qui fut dévastateur, ordonné par l’État français colonial de l’époque, le bain de sang inonda par conséquent les rues de Sétif, Kherrata, Guelma et tant d’autres villes algériennes qui subirent le même châtiment aveugle des policiers à la solde de la France colonialiste.(...)

  • 8 mai 1945 : Massacre de #Sétif, #Guelma et #Kherrata
    http://lahorde.samizdat.net/2014/05/08/8-mai-1945-massacre-de-setif-guelma-et-kherrata

    Le jour même où la France est libérée du nazisme, elle réaffirme dans le sang sa domination coloniale en #Algérie : 45000 morts à Sétif, Guelma, Kherrata et dans tout le Constantinois… Jour de liesse ? Fête de la libération ? Pas pour tout le monde. Le 8 mai 1945 signi­fie la fin du nazisme. Il cor­res­pond aussi [&hellip

    #Histoire #Repères #colonialisme

  • #Sétif, l’autre 8 mai 1945 | Big Browser
    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/05/08/commemoration-setif-lautre-8-mai-1945

    « Il y a soixante-sept ans, le jour de la capitulation de l’Allemagne, une répression sauvage menée par l’armée française s’abat sur une partie de la population algérienne », rappelle ainsi le Bondy Blog. A Sétif, petite ville des hauts plateaux algériens, l’armée française réprime dans le sang une manifestation des partis nationalistes.

    Massacres de Sétif : l’autre 8 mai 1945
    http://yahoo.bondyblog.fr/201205080521/massacres-de-setif-l%E2%80%99autre-8-mai-1945

    L’Algérie coloniale ça sentait la misère et le foin, mais ça sentait aussi la poudre : « Il y en a deux au village qui sont rentrés de Berlin après le 8 mai. Mon oncle, quand il a su pour Sétif, il a pris le maquis quelques mois après. » C’est que pour nous, les Français aux cheveux crépus, le 8 mai c’est à la fois la victoire sur les fridolins et autre chose… Comme le tonton de papa, beaucoup d’indigènes qui reviennent de libérer l’Europe, découvrent avec amertume la récompense que leur réserve la métropole : le massacre de Sétif.

    http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/2827576001025/repression-sanglante-a-setif.fr.html

    #Algérie #colonialisme

  • « 8 Mai 1945 : Massacre de Sétif (Rebellyon.info)
    http://rebellyon.info/8-Mai-1945-Massacre-de-Setif.html

    Le 8 mai 1945 fut un mardi pas comme les autres en Algérie. Les gens mas­sa­crés ne l’étaient pas pour diver­sité d’avis, mais à cause d’un idéal. La liberté. Ailleurs, il fut célé­bré dans les inters­ti­ces de la capi­tu­la­tion de l’état-major alle­mand. La fin de la Seconde Guerre mon­diale, où pour­tant 150.000 Algériens s’étaient enga­gés dans l’armée aux côtés de de Gaulle. Ce fut la fin d’une guerre. Cela pour les Européens. Mais pour d’autres, en Algérie, à Sétif, Guelma, Kherrata, Constantine et un peu par­tout, ce fut la fête dans l’atro­cité d’une colo­ni­sa­tion et d’un impé­ria­lisme qui ne venait en ce 8 mai qu’annon­cer le plan de redres­se­ment des volon­tés farou­ches et éprises de ce saut liber­taire. (...) Source : Rebellyon.info

  • El-Watan : « Les crimes coloniaux étaient un génocide »

    Le 26 décembre 2011

    En incitant Paris à balayer devant sa porte avant de condamner le génocide arménien, le Premier ministre turc a ouvert la voie aux historiens algériens : oui, un génocide a bel et bien été commis dans l’ancienne colonie. Le point de vue de l’historien Mohamed El-Korso.

    L’historien et ancien président de l’association du 8 Mai 1945 [le 27 avril 2008, la France a reconnu que « d’épouvantables massacres » avaient eu lieu à Sétif, Guelma et Kherrata (dans l’est du pays) le 8 mai 1945], Mohamed El-Korso, ne mâche pas ses mots. Pour lui, il est indéniable que le mot « génocide » s’applique parfaitement aux crimes coloniaux perpétrés par la France en Algérie. Joint hier [le 24 décembre] au téléphone, il a réagi à la polémique qui fait rage entre Paris et Ankara en abondant dans le sens du président Erdogan : "Quand vous avez un colonel de la colonisation qui dit : ’Je coupe les têtes’, il ne parle pas de couper des têtes des artichauts, mais celles des Algériens. L’intention de liquider par le sabre et le fusil est réelle et non fictive. Les « enfumades » et les « emmurements » qui ont décimé des tribus entières, comment qualifier cela ? martèle-t-il, avant de lancer : « Le colonel Montagnac disait : ’Tuez tous les hommes à partir de l’âge de 15 ans.’ Est-ce que ça, ce n’est pas un génocide ? Les Cavaignac, Bugeaud, Pélissier ne sont pas venus en villégiature. Ils sont venus liquider tout un peuple et ils ne pouvaient prendre la place de ce qu’ils appelaient les ’autochtones’ sans commettre de génocide. »

    Mohamed El-Korso fournit quelques faits édifiants à ce propos : "L’armée coloniale expérimenta l’extermination par le gaz un bon siècle avant l’Allemagne nazie. Les enfumades et emmurements dans le Dahra – dans la région de Mostaganem – des (tribus) Sbehas en juin 1844 par le colonel Cavaignac et des Ouled Riah le 19 juin 1854 par le colonel Pélissier ; les fours à chaux de Guelma (mai 1945) ; les cuves à vin (1957) des colons de Tlemcen, Sidi Bel-Abbès ou Zéralda ; le gazage des habitants du Dahra qui s’étaient réfugiés dans Ghar Layachine (1959) – pour ne citer que ces quelques exemples – ne sont nullement une vue de l’esprit.

    http://www.courrierinternational.com/article/2011/12/26/les-crimes-coloniaux-etaient-un-genocide

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Massacres_de_Sétif_et_Guelma

    Oui, mais y a-t-il eu, oui ou non, un génocide arménien et qui est responsable ?

    http://www.google.fr/search?hl=fr&site=&q=le+génocide+arménien&oq=le+génocide+&aq=0&aqi=g10&aql=&g

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Génocide_arménien

    #France, #Turquie, #Arménien, #génocide, #Sétif, #Guelma, #Kherrata