Il y a une petite chapelle à côté de la cathédrale, et j’y ai repéré une plaque en l’honneur de Frédéric Mistral.
Si Maguelone a enthousiasmé poètes et romanciers, il est incontestable que ce sont les félibres qui ont été le plus inspirés par ce haut lieu de notre région. Dès 1854, Mistral et les poètes de langue d’oc créent le Félibrige et choisissent Sainte Estelle (Santa Estela) comme leur patronne. Une étoile à sept branches sera leur emblème. En 1877, le Félibrige fait de Maguelone un de ses lieux sacrés. La restauration de la cathédrale par Frédéric Fabrège et sa réconciliation au culte en 1875 ne sont sûrement pas étrangères à ce regain d’intérêt que les félibres ont manifesté à l’égard de Maguelone.Mistral, le grand chantre de la littérature provençale, honora de sa présence à plusieurs reprises les fêtes de la Santa Estela de Montpellier. Il se rendit à Maguelone, haut lieu sacré du mouvement félibréen.
Gaston Paris raconte une de ces visites : « Je le vis s’enquérant auprès des pêcheurs, pour compléter son grand Dictionnaire, de tous les termes spéciaux qu’ils pouvaient employer et que peut-être il n’avait pas encore recueillis. Il était là, assis dans le bateau, maniant en connaisseur chacun des agrès, touchant chacune des parties du petit bâtiment, et disant : “Nous autres, chez moi, nous appelons cela ainsi ; et vous ?” Et les pêcheurs, riants et émerveillés, lui disaient tout leur vocabulaire, et il inscrivait ce qui lui était nouveau. »
Ainsi, quelques vieux pêcheurs villeneuvois ont-ils modestement contribué à l’élaboration de ce monument de la langue provençale qu’est le Trésor du Félibrige.
En ce 27 mai 1900, les félibres montpelliérains fêtent la Santa Estela à Maguelone. Frédéric Mistral, le Capoulié Félix Gras et les félibres de Provence arrivent en gare de Montpellier où les attendent leurs confrères montpelliérains. Ils se dirigent ensuite vers l’Esplanade et prennent le petit train d’intérêt local que la Compagnie a gracieusement mis à leur disposition. Cinq cents montpelliérains prennent place dans le petit train de Palavas. Tout ce monde embarque sur une galère décorée de banderoles et remonte le canal jusqu’aux abords de Maguelone. La porte monumentale que l’on peut voir aujourd’hui n’est pas encore construite. (Voir Portail n°125 et n°126). Après la visite de l’ancienne cathédrale, 120 félibres, savants, lettrés, professeurs s’attablent au banquet de la Santa Estela, à l’ombre des grands arbres du parc. Frédéric Mistral et Félix Gras président. Frédéric Fabrège, le maître des lieux siège en bonne place. Pendant le banquet, Mistral chante pour la 1ère fois, la Respelido (la renaissance) dont il a écrit les paroles.
Située sur le côté sud de la cathédrale, la chapelle Saint-Blaise fut réédifiée par Frédéric Fabrège en 1852. Il planta sur l’île, alors dénudée, de nombreuses essences méditerranéennes. En Le 15 juin 1930, lors du centenaire du poète Frédéric Mistral, une plaque commémorative fut apposée sur la vieille chapelle où Fabrège avait installé sa bibliothèque. On peut y lire le 1er couplet de la Respelido :
Pour la Sainte Estelle de MAGUELONE, Le 27 Mai 1900, Frédéric MISTRAL fit retentir LA RESPELIDA ("LA RENAISSANCE")
« Nous autres en plein jour, Nous voulons toujours parler La langue du Midi Voici le Félibrige ! »