Gentrification à l’œuvre dans les travées du Parc des princes et "peoplisation" à la sauce américano-qatarie. Ou comment transformer une équipe de foot en outil marketing et ses supporters en consommateurs :
La liberté d’expression des fans est proche de zéro, tant les Qataris veulent tout contrôler. Ainsi, chaque banderole est soumise à l’imprimatur du club. Contacté par francetv info, Jérôme Benadiner, réalisateur du documentaire Parc sur l’histoire de l’enceinte de la porte de Saint-Cloud, se souvient : « Des supporters présents en tribune Boulogne voulaient déployer fin 2011 une banderole de soutien à l’entraîneur, Antoine Kombouaré, qu’on savait menacé par la direction. Ils n’ont même pas eu le droit de le faire. »
Une ambiance fabriquée, comme aux Etats-Unis
Résultat, l’ambiance s’est aseptisée, et le public de passionnés a laissé place à des consommateurs. « L’ancien latéral Marcos Céara nous a dit que les joueurs ressentaient ce manque d’ambiance, qu’ils en parlaient entre eux, mais qu’ils avaient reçu un mot d’ordre du club pour ne pas en parler en public », affirme Jérôme Benadiner. Contre l’OM, la distribution de drapeaux et l’animation par Ariel Wizman improvisé DJ a fait l’unanimité contre elle. « Ridicule, tranche Michel Kollar. Le club n’a vraiment pas la créativité des ultras. »
Le modèle des propriétaires qataris n’est pas Arsenal, où le public paye cher pour voir un match en silence, mais vient d’outre-Atlantique. « On assiste à un glissement vers le modèle des franchises de foot américain ou de base-ball où le club produit même l’ambiance dans le stade », regrette Laurent, fidèle du Parc depuis la fin des années 1990, contacté par francetv info.