Le Plan Condor en Amérique du Sud
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Il y a quarante ans était lancée officiellement l’opération Condor à Santiago du Chili. Les dictatures en place au Chili, au Paraguay, au Brésil, en Argentine, en Uruguay et en Bolivie mèneront de concert des actions clandestines contre leurs opposants. Mais en 1975, tout était déjà en place pour assurer une coordination des forces policières, militaires et de renseignement, comme le démontre l’enseignant-chercheur Gabriel Périès dans l’interview qu’il a accordée à Golias.
Des liens inter-polices étaient affirmés dès 1905 durant la conférence de Buenos Aires, suivie d’une seconde en 1920 où apparaissent les notions de « délinquant subversif » et de « sécurité nationale », qui seront les piliers de la période des dictatures dans le Cône sud.
Véritable multinationale de la répression, le Plan Condor se poursuivra jusque dans les années 1980. Il bénéficiera du soutien de Washington, de la CIA, des épiscopats et du Vatican. Les services de renseignement occidentaux apporteront leur appui, la France importera, à partir de 1956 en Argentine, les méthodes contre-insurrectionnelles utilisées durant la guerre d’Algérie, tandis que les dictatures espagnole, italienne ou portugaise emprisonneront ou exécuteront les militants expulsés dans leur pays d’origine après la conférence de 1920.
Si cette coordination trans frontière est bien connue à partir de son inauguration, le 25 novembre 1975, on parle moins de la période qui l’a précédée. Sans doute parce qu’elle évoquerait des compromissions gênantes et plus encore mettrait le doigt sur la continuité d’un processus qui avance par étapes.
Dans un texte rédigé à notre intention et publiée en annexe de ce document, Gabriel Périès livre une réflexion sur la transformation du régime politique français depuis 2008, sous la présidence Sarkozy, avec le Livre blanc de la défense qui entérinait la notion de sécurité nationale dans le cadre législatif français, et le retour de l’État au sein du commandement intégré de l’OTAN, dispositif transnational hérité de la guerre froide.
En 2009, les débats sur l’identité nationale faisaient écho à ceux lancés par les militaires argentins sur ce qu’était l’identidad national, dans le cadre de la défense de la sécurité nationale et la lutte contre un ennemi intérieur.
La loi de programmation militaire 2014-2019, Patriot Act à la française, marque une étape supplémentaire en élargissant les champs de la surveillance et du renseignement. Les accords qui ont conduit au Plan Condor en Amérique du Sud, interrogent aujourd’hui sur des dérives qui pourraient affecter les libertés individuelles et collectives et l’exercice de la démocratie.