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  • Les dilemmes moraux de l’humanité à l’épreuve de la voiture autonome
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/10/24/les-dilemmes-moraux-de-l-humanite-a-l-epreuve-de-la-voiture-autonome_5374081

    Une étude révèle les préférences de 2,5 millions de personnes contraintes de choisir les victimes d’un accident.

    Peut-on tuer un vieillard pour sauver un enfant ? Toute vie humaine a-t-elle au contraire la même valeur, sans considération d’âge, de genre ou d’état de santé ?

    Ces questions, médecins, assureurs et militaires se les posent depuis longtemps. « Mais jamais dans l’histoire de l’humanité avons-nous autorisé une machine à décider seule qui doit vivre et qui doit mourir, sans supervision humaine, en temps réel. Nous allons franchir cette barrière prochainement, pas sur un lointain champ de bataille, mais dans un des aspects les plus banals de notre vie, le transport quotidien. »

    L’équipe de scientifiques français et américains qui lance cette prophétie vise la voiture autonome, future vedette de l’automobile. Dans la revue Nature du jeudi 25 octobre, ces psychologues, anthropologues et spécialistes de l’intelligence artificielle (IA) poursuivent : « Avant d’autoriser nos voitures à prendre des décisions éthiques, il importe que nous ayons une conversation globale pour exprimer nos préférences aux entreprises qui concevront les algorithmes moraux et aux responsables politiques qui vont les réguler. »

    Les chercheurs avaient déjà ouvert cette grande discussion en 2016 dans la revue Science. Les personnes alors interrogées se prononçaient massivement en faveur d’algorithmes sauvant le maximum de vies. Leur position fléchissait toutefois si eux-mêmes ou un membre de leur famille se trouvait impliqué. L’échantillon qui avait été interrogé rassemblait un peu moins de 2 000 personnes.

    « Sauver les enfants »

    L’article de Nature rend compte d’une entreprise d’une tout autre ampleur. Plus de 2,5 millions de personnes venues de quelque 230 pays ou territoires ont cette fois livré leur choix. Pour recueillir une telle masse d’informations, Edmond Awad et Iyad Rahwan du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Azim Shariff de l’université de Vancouver (Colombie-Britannique, Canada) et Jean-François Bonnefon, de l’Ecole d’économie de Toulouse, ont conçu un site Internet.

    Ils n’y posent pas de simples questions – rapidement vertigineuses – mais placent le participant devant des scénarios. Par exemple, les freins d’une voiture autonome lâchent. A bord, une femme et un enfant. Sur la route, trois personnes âgées traversent au rouge. Faut-il continuer tout droit et écraser les passants ou braquer et tuer les passagers ? Et si un chien s’invite sur la banquette ? Ou si l’on remplace les vieillards par un sans-abri et une femme enceinte ? L’aspect ludique de l’expérience et des relais influents de la planète numérique (YouTube, Reddit) ont assuré le succès de l’opération.

    Les quelque 40 millions de décisions prises par les internautes entre juin 2016 et janvier 2018 livrent de nombreux enseignements. « Sans surprise, trois positions se détachent : épargner le plus grand nombre, privilégier les humains sur les animaux et sauver les enfants », indique Jean-François Bonnefon.

    Sans surprise, mais pas sans poser question. En 2017, une commission d’éthique allemande sur les véhicules automatiques a émis les seules recommandations disponibles sur le sujet. Elle exclut toute préférence basée sur les caractéristiques personnelles, notamment l’âge… « L’opinion n’a pas forcément raison, poursuit le psychologue toulousain. Mais si un gouvernement décide d’imposer un autre choix, il doit être prêt à le défendre, notamment le jour où un enfant sera écrasé. »

    Préférences différentes selon les pays

    Au-delà de ces trois critères communs, six autres facteurs ont été examinés dans l’étude. Le statut social et le respect de la loi comptent : pour être sauvé, mieux vaut être socialement inséré et respecter les feux que sans-abri et traverser n’importe où. De même, mais de manière moins sensible, la probabilité d’être percuté augmente si l’on est obèse et baisse si l’on est une femme. Autant de positions peu sensibles aux variations individuelles.

    Les personnes sondées avaient la possibilité d’indiquer leur profil, ce que 492 921 personnes ont fait. Il apparaît que l’âge, l’éducation, le sexe, les revenus, la religion ou encore les opinions politiques n’expliquent pas leurs choix moraux.

    En revanche, l’origine géographique pèse de façon importante. Les scientifiques ont en effet dressé les profils des 130 pays pour lesquels plus de 100 personnes avaient répondu. Trois groupes émergent. Le premier (Ouest) rassemble l’essentiel des pays occidentaux – mais pas la France – et tout le Commonwealth. Le second (Est) réunit l’Asie et une partie des nations de culture islamique. Enfin le troisième, au Sud, regroupe l’Amérique latine, quelques pays d’Europe centrale mais aussi la France, le Maroc, l’Algérie, la Polynésie… « Mes collègues américains ne voyaient pas le rapport. Moi, notre passé colonial m’a sauté aux yeux », raconte Jean-François Bonnefon.

    Entre ces trois grandes familles, certaines différences marquantes émergent. Ainsi, la préférence accordée aux jeunes est bien moins marquée à l’Est qu’au Sud. Idem pour le statut social : l’Orient y apparaît moins sensible que l’Occident et le Sud. En revanche, malheur à celui qui n’y respecte pas la loi.

    « Ces scénarios seront rares »

    « Une expérience de psychologie sociale à une telle échelle est vraiment rare », salue Grégory Bonnet, enseignant-chercheur à l’université de Caen et coordinateur du projet Ethicaa, sur l’éthique des systèmes autonomes.

    Néanmoins, l’exercice a ses limites. Ainsi, la représentativité des participants est biaisée. Ils sont majoritairement des hommes, près de 70 %, et dans la tranche d’âge 20-30 ans. Les chercheurs ont pu néanmoins « redresser » les résultats dans le cas des Etats-Unis, en tenant compte des données démographiques, sans modifier leurs conclusions.

    Autre réserve : ces scénarios ne refléteraient pas la réalité. Pour Grégory Bonnet, « il n’y a rarement que deux choix possibles sur une route et ces choix ne conduisent pas à des conséquences “blanches ou noires”, c’est-à-dire à la mort des personnes ».

    Jean-Gabriel Ganascia, chercheur en informatique à Sorbonne Université, renchérit : « Ces scénarios seront rares, car les voitures autonomes sont conçues pour éviter de se mettre en danger. Or là, cela signifierait qu’elles n’ont pas vu certaines choses à temps, ou que des infractions ont été commises… » Il sourit également à l’idée que si les voitures s’interdisaient d’écraser des jeunes, ces derniers pourraient s’amuser à perturber le trafic en passant devant les véhicules

    « Dix ou cent décisions par seconde »

    « La voiture autonome ne prend pas une décision mais dix ou cent par seconde, ajoute Guillaume Devauchelle, directeur de la recherche et du développement chez Valéo. Avant de se trouver devant ce dilemme impossible, sans voie de dégagement possible, elle aura ralenti. Plus profondément, cet article regarde la mobilité de demain avec les yeux d’aujourd’hui. Or, tout le paradigme va changer. Si vous n’êtes pas au volant, le temps n’est plus perdu, la vitesse n’a plus la même valeur. Ces scénarios deviennent absurdes. »

    Autant d’objections que l’équipe franco-américaine connaît. « Quand nous avons commencé, beaucoup nous disaient que de tels dilemmes n’arriveraient jamais, assure Jean-François Bonnefon. Aujourd’hui, beaucoup s’y intéressent et certains travaillent avec nous. »

    Et puis la voiture n’est pas le seul intérêt de l’affaire. « On est parti de là et on en arrive à tracer un arbre phylogénétique moral de l’humanité », s’étonne-t-il. Du reste, le psychologue entend bien profiter de cette base, désormais ouverte à tous, pour fouiller cette carte du monde. Comment se transmettent les influences ? Qu’est-ce qui peut rapprocher Israël et la Jamaïque ? Et d’où vient l’exception française ? « Ça sera dans le prochain article », promet-il.

    • Tiens, c’est marrant, ça s’excite sur le sujet en ce moment. Du côté de la formalisation des dilemmes aussi. J’ai eu à examiner un papier sur le sujet en vue de son acceptation à une conférence il y a peu. Pourtant le titre ne laissait en rien présager qu’il parlait de ça ("The Weak Completion Semantics and Equality", un truc très très technique lié à la programmation logique), mais il se trouve que ça permet de très bien décrire les types de problèmes dont parle l’article du monde. Le résuméde l’article est là, le texte intégral n’est pas encore disponible (je ne connais pas la politique de diffusion des actes de cette conférence [petite rectification : l’article sera disponible en accès ouvert après que la conférence ait eu lieu]) :

      https://easychair.org/smart-program/LPAR-22/2018-11-21.html#talk:84999

    • Déjà abordé ici, en particulier là :
      https://seenthis.net/messages/731438

      Avec ce commentaire de ma part :

      Ce que je cherche c’est un article qui explique que la question est mal posée, et qu’il faut refuser d’y répondre. C’est un piège qui vise à nous faire accepter l’inacceptable en déplaçant la vraie question.

      Si la voiture hésite entre tuer une vieille ou un enfant, c’est qu’elle est mal construite et qu’il faut refuser de la lâcher dans la nature.

      #Tesla #algorithme #voiture #éthique #AI #question #piège #propagande

    • TU fais bien de répéter ton commentaire.
      Difficile de croire qu’on en est encore là - qu’on ose poser la question et qu’on ose y répondre. Donner à une machine le luxe de choisir entre buter un jeune ou un vieux signifie clairement que la machine a été déjà bien trop loin dans ses fonctions - et ses concepteurs bien trop loin dans leur dystopie.

      Je soupçonne même ces questionnements existentiel ô combien artificiels d’être une tentative de néo-colonialisme averti montrant combien les pays « du sud » et « de l’est » (c’est quoi ces termes ??) sont en retrait sur les critère de moralité des pays occidentaux (ou de l’élite capitaliste).

      Flippant.

      Luddites, réveillez-vous !
      Consciences, révoltez-vous !

      PS : source du Monde, l’étude du MIT :
      http://moralmachine.mit.edu

  • « Ce serait bien plus pertinent de parler de grandes verticales »

    Entretien en voix off sur la performance et le travail du sexe

    Par Clélia Barbut et Marianne Chargois

    http://jefklak.org/ce-serait-bien-plus-pertinent-de-parler-de-grandes-verticales

    Allers-retours à deux voix sur les pratiques et fantasmes BDSM, entre politique-fiction, soin et domination. Clélia Barbut est docteure en sociologie et en histoire de l’art, chercheuse associée et enseignante dans les universités Sorbonne Nouvelle et Rennes 2. Marianne Chargois est travailleuse du sexe (notamment dans la domination tarifée) performeuse, membre active du Strass – Syndicat du Travail Sexuel. Des parcours entre danse contemporaine et travail du sexe, empowerment et hypocrisie sociale… Quelles puissances et impuissances se nouent dans les jeux sexuels ?

    (...)

    On pourrait dire qu’il y a une forme de lien entre soin et domination. J’ai l’impression que dans ce que les clients viennent chercher, rejouer dans certains scénarios, ce sont parfois des histoires de réparations personnelles ou de réparations politiques. J’ai l’impression que parfois, de façon un peu aveugle, un peu mystérieuse, ou alors de façon tout à fait consciente, il y a une forme de soin par la remise en scène d’éléments de vécus subis dans la vie réelle, une réfection qui peut se faire parce que dans ce jeu de rôle-là, ce sont eux qui décident et sont les instigateurs. Il devient possible de passer d’une position de victime d’une situation objectifiante à celle d’acteur, dans une situation maîtrisée et érotisée.

  • Contre les « fake news », éduquer à la démarche scientifique

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/05/27/contre-les-fake-news-eduquer-a-la-demarche-scientifique_5305389_1650684.html

    Autocritique, transparence, autocorrection : ce qui fait la force de la science la rend vulnérable aux « marchands de doute », explique le président du comité d’éthique du CNRS.

    Jean-Gabriel Ganascia, professeur d’informatique à Sorbonne Université, préside le comité d’éthique du CNRS. Dernier ouvrage paru : Le Mythe de la singularité. Faut-il craindre l’intelligence artificielle ? (Seuil, 2017).

    Pourquoi les « fake news » – terme auquel vous préférez le néologisme français « infox » –, mettent-elles la science en danger ?

    Les « infox » augmentent la défiance du grand public vis-à-vis de la science dans la mesure où elles remettent en cause un certain nombre de résultats de la recherche. Celle-ci a toujours été un terrain de prédilection pour les « marchands de doute » – lobbys industriels, religieux ou idéologiques. Dans le domaine des OGM, du réchauffement climatique, de la théorie de l’évolution ou de la vaccination, les faits sont régulièrement distordus pour promouvoir une cause. Ce qui est nouveau, c’est que ces « infox » colportées par les réseaux sociaux sont désormais fabriquées et diffusées à une échelle qui n’a plus rien d’artisanal.

    La situation est d’autant plus complexe que la science, par nature, se nourrit de défiance. Elle ne repose pas sur la confiance dans les intuitions immédiates que nous donnent les sens : elle essaie, au-delà de son doute, de retrouver des formes d’assurance avec des méthodes de preuve. Une controverse scientifique part d’un désaccord entre des chercheurs de bonne foi, mus par la volonté de parvenir à la vérité, qui s’y efforcent par des débats contradictoires, en utilisant des arguments rationnels et des preuves rigoureuses.

    « LE BON DOUTE EST INQUIET, DÉFEND DES THÈSES TOUT EN RESTANT OUVERT AUX ARGUMENTS DE L’AUTRE. LE MAUVAIS DOUTE NE DOUTE PAS DE LUI-MÊME, NE SUPPORTE AUCUNE CONTRADICTION ET N’EST PAS ÉTAYÉ PAR DES FAITS »

    C’est paradoxalement cette force de la science – l’autocritique, la transparence, l’autocorrection – qui prête le flanc aux vérités « alternatives ». Mobilisées pour alimenter de fausses controverses, elles allèguent de faits douteux et ne laissent pas de place pour le débat de bonne foi. C’est toute la différence entre le « bon doute » et le « mauvais doute ». Le bon doute est un doute inquiet, qui défend des thèses tout en restant ouvert aux arguments de l’autre. Le mauvais doute est un doute qui ne doute pas de lui-même, qui ne supporte aucune contradiction et qui n’est pas étayé par des faits.

    Le comité d’éthique du CNRS, que vous présidez, vient de produire un avis sur ce nouveau régime de « post-vérité ». Quelles responsabilités crée-t-il pour les chercheurs ?

    Pour aider les citoyens à prendre des décisions collectives sur des questions importantes, il faut porter à leur connaissance un certain nombre de conclusions de la recherche. Le fact-checking tel que le proposent aujourd’hui les grands médias est évidemment nécessaire, mais son efficacité reste limitée : l’expérience montre qu’une fois une nouvelle diffusée, le mal est fait, même si l’on démontre qu’elle est fausse. Il ne faut pas oublier par ailleurs que ces « infox » sont encouragées par le système économique. Les grands acteurs d’Internet rétribuant les informations en fonction du nombre de clics, les plus étonnantes sont toujours les plus rentables. Pour prendre le mal à la source, il faudrait donc amener les acteurs d’Internet à changer leur modèle économique.

    Comment, dans ce contexte, endiguer le « mauvais doute », qui a des conséquences délétères en matière de politiques publiques ou de comportements individuels ? Il faut essayer de communiquer le mieux possible avec un public le plus large possible, en utilisant toutes les voies de médiation, y compris les sciences participatives. Il faut également une meilleure éducation à la démarche scientifique – en enseignant l’épistémologie, par exemple, dès le secondaire. L’histoire des sciences permet en effet de valoriser le « bon » doute. Elle montre que la vérité ne s’impose pas toute seule.

    Que pensez-vous de la loi en préparation, qui propose une procédure judiciaire d’urgence pour les élections lorsqu’il est avéré qu’une fausse nouvelle de nature à altérer la sincérité du scrutin est diffusée de manière massive ?

    La liberté d’expression est une valeur essentielle, et je crains beaucoup une loi qui la restreindrait. Mais la diffusion massive de « fake news » est susceptible de provoquer un obscurcissement de l’attention tel que peuvent venir à manquer les capacités cognitives permettant de discerner le vrai du faux. Il me semble donc important de pouvoir identifier précisément ces stratégies d’obscurcissement de l’information et les arrêter lorsqu’elles visent véritablement à fausser les choix démocratiques à des moments-clés. Si la loi arrive à mettre ce garde-fou en place de façon claire, je pense qu’il faut la soutenir.

  • Promotion de l’intégrité scientifique au CNRS et à Sorbonne Université : incompétence ou malhonnêteté scientifique ?
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1047

    Nous avons reçu ce communiqué de "Sauvons l’Université !", à propos d’une affaire de fraude scientifique au CNRS. Nous sommes d’accord pour sauver l’université s’il s’agit d’un retour au trivium et au quadrivium de la vieille Sorbonne. Quant à la fraude scientifique, elle est juste un indice de l’appétit de lucre et de réussite sociale d’une corporation qui n’a pas besoin de frauder pour développer CRISPr-Cas9, le nucléaire ou la biologie de synthèse (pour faire court). La fraude n’est que la partie émergée de la corruption, c’est à ce titre que nous reproduisons ce communiqué. * Lettre ouverte d’un groupe d’experts anonyme concernant le rapport de la commission anonyme ayant enquêté sur les publications dont Mme Jessus est co-auteur 18 avril 2018 mercredi 16 mai 2018, par Tournesol, Pr. « (...)

    #Service_compris

  • « Ramener le gouvernement israélien au respect du droit n’est en rien une manifestation d’antisémitisme »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/15/ramener-le-gouvernement-israelien-au-respect-du-droit-et-a-la-raison-n-est-e

    L’Europe doit cesser de regarder ce conflit comme une séquelle de ses responsabilités dans le génocide des juifs et de la manière dont y ont été traités les survivants. Ramener le gouvernement israélien au respect du droit et à la raison, dénoncer sa politique, n’est en rien une manifestation d’antisémitisme. Antisémitisme, dont nous combattons les manifestations insupportables qui se produisent partout en Europe.

    Nous appelons l’Union européenne à promouvoir une conférence internationale en charge du règlement du conflit sur la base des résolutions des Nations unies, à peser par tous moyens, y compris par des sanctions, sur les autorités israéliennes et à reconnaître l’Etat de Palestine. La France doit agir en ce sens, en procédant elle-même à cette reconnaissance sans délai.

    #justice #Israël #palestine

    • voilà

      Israël fête ses 70 ans d’existence. Sa proclamation en 1948 au lendemain de la seconde guerre mondiale marquée par le génocide des juifs d’Europe, a été accueillie dans le monde comme un refuge pour les survivants et comme un espoir. En même temps, elle a dépossédé les Palestiniens d’une partie importante de leur pays et représenté pour eux une catastrophe, la Naqba. Soixante-dix ans plus tard, l’Etat d’Israël est une réalité, comme l’est aussi le fait que des millions de Palestiniens vivent dans une situation insupportable d’occupation, d’enfermement à Gaza, de discriminations en Israël ou d’exil.

      Depuis 1948, ces deux réalités s’entrechoquent entraînant du sang et des larmes, entravant l’avenir des peuples de la région et produisant ses effets jusqu’en Europe et dans le reste du monde. L’occupation et la colonisation poursuivies par Israël depuis 1967 de territoires ne faisant pas partie de ses frontières internationalement reconnues aggravent une situation régionale, par ailleurs, bouleversée par de nombreux conflits et fait peser de lourdes menaces sur la paix mondiale.

      Ce qui n’est pas supportable, c’est la négation assumée des droits du peuple palestinien par la force brute de la répression et des armes. S’appropriant les terres, cantonnant les Palestiniens à des territoires de plus en plus réduits, les différents gouvernements israéliens détruisent de plus en plus sûrement tout espoir que deux Etats puissent vivre en paix, côte à côte, avec Jérusalem comme capitale commune. Le résultat de leur politique interroge, certes, sur la possibilité de cette solution.

      Peser sur les deux parties
      La poursuite continue de la colonisation, conduisant à l’installation de quelque 700 000 colons en Cisjordanie, a sapé les espoirs suscités par le processus d’Oslo. Mais il est clair que l’hypothèse louable d’un seul Etat ouvert à tous avec les mêmes droits se heurte aux aspirations nationales des deux peuples. L’établissement de deux Etats dans les frontières de 1967, garantissant une solution aux réfugiés et établissant Jérusalem comme capitale des deux pays, reste, au moins à court et moyen terme, la seule solution viable.

      Il est illusoire de penser que laisser le gouvernement israélien et l’autorité palestinienne face à face permettrait d’avancer dans cette voie. Seule l’intervention de la communauté internationale permettra de peser sur les deux parties, en particulier sur les autorités israéliennes qui se sentent revêtues de l’impunité que leur confère le soutien indéfectible des Etats-Unis.

      C’est donc à l’Union européenne d’agir. L’Europe doit cesser de regarder ce conflit comme une séquelle de ses responsabilités dans le génocide des juifs et de la manière dont y ont été traités les survivants. Ramener le gouvernement israélien au respect du droit et à la raison, dénoncer sa politique, n’est en rien une manifestation d’antisémitisme. Antisémitisme, dont nous combattons les manifestations insupportables qui se produisent partout en Europe.

      Nous appelons l’Union européenne à promouvoir une conférence internationale en charge du règlement du conflit sur la base des résolutions des Nations unies, à peser par tous moyens, y compris par des sanctions, sur les autorités israéliennes et à reconnaître l’Etat de Palestine. La France doit agir en ce sens, en procédant elle-même à cette reconnaissance sans délai.

      Les signataires de la tribune : Tewfik Allal, militant associatif ; Jean-Christophe Attias, directeur d’études à l’EPHE ; Bertrand Badie, professeur à l’IEP Paris ; Françoise Basch, universitaire ; Sophie Basch, professeur à Sorbonne Université ; Esther Benbassa, sénatrice EELV, universitaire ; Sophie Bessis, historienne, Françoise Blum, ingénieure CNRS ; Barbara Cassin, chercheur CNRS ; Mouhieddine Cherbib, militant associatif CRLDH Tunisie ; Alice Cherki, psychanalyste ; Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne ; Michel Deyfus, directeur de recherche au CNRS ; Dominique Guibert, président de l’AEDH ; Christiane Hessel, présidente d’honneur de Les enfants, le jeu, l’éducation ; Alain Joxe, directeur d’études à l’EHESS ; Robert Kissous, militant associatif ; Abdelatif Laabi, écrivain ; Nicole Lapierre, socio-anthropologue, directrice de recherche émérite au CNRS ; Henri Leclerc, président d’honneur de la LDH ; Jean-Claude Lefort, député honoraire ; Catherine Lévy, sociologue CNRS ; Gilles Manceron, historien ; Michel Mousel, militant politique ; Fabienne Messica, sociologue ; Bernard Ravenel, historien ; Vincent Rebérioux, LDH ; Malik Salemkour, président de la LDH ; Abraham Ségal, documentariste ; Taoufiq Tahani, universitaire, président d’honneur de l’AFPS ; Athéna Tsingarida, professeure à l’Université libre de Bruxelles ; Michel Tubiana, président d’honneur de la LDH ; Marie-Christine Vergiat, députée européenne ; Georges Vigarello, EHESS ; Sylviane de Wangen, comité de rédaction de Confluences Méditerranée.

  • Facs, cheminot·es et postier·es en lutte | Au fond près du radiateur
    https://www.aufondpresduradiateur.fr/?p=4464

    Reportage dans le cortège des cheminots le 22 mars. - Reportage à la fac de Tolbiac bloquée et occupée, puis entretien avec des étudiant-e-s de la Sorbonne-Tolbiac et Nanterre sur la lutte en cours. - Répression syndicale à La Poste : Point sur la procédure de licenciement de Gael Quirante avec des postier-e-s en lutte. Durée : 1h29. Source : Fréquence Paris Plurielle

    https://archive.org/download/FacsEtCheminotsEnLutteAFPDR27032018/Facs%20et%20cheminots%20en%20lutte%20-%20AFPDR%20-%2027-03-2018.mp3