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  • En Tunisie, l’exil sans fin d’une jeunesse naufragée - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2018/06/04/en-tunisie-l-exil-sans-fin-d-une-jeunesse-naufragee_1656619

    De la région minière de Metlaoui aux îles Kerkennah, d’où ils partent pour Lampedusa, « Libération » a suivi la route qu’empruntent les jeunes Tunisiens sans avenir, celle qu’avaient prise les passagers du bateau qui a sombré samedi en Méditerranée. Sept ans après la révolution, si la dictature a disparu, les espoirs de vie meilleure se sont fracassés, grossissant les rangs des candidats au départ.

    Des dizaines de cadavres ont été engloutis par la #Méditerranée après le naufrage, samedi soir, d’une embarcation au large de l’archipel des Kerkennah. A son bord, entre 180 et 200 personnes, selon les estimations des survivants. Soixante-huit émigrants ont été secourus par la marine tunisienne, et 48 corps sans vie ont été repêchés. Les recherches ont repris lundi avec l’aide de neuf unités navales, un hélicoptère et des plongeurs.Les passagers étaient presque tous tunisiens.

    Sept ans après la révolution, les jeunes fuient leur pays. Depuis le début de l’année, 2 780 Tunisiens ont choisi l’exil clandestin en Italie, selon l’Office international des migrations. Libération a suivi leur parcours entre le bassin minier de #Gafsa et les îles des pêcheurs de #Kerkennah. La route s’étire sur 300 kilomètres, en comptant le crochet par Sidi Bouzid. L’itinéraire barre horizontalement la Tunisie, passant des terres contestataires des « zones intérieures » à la riche cité côtière de Sfax. C’est celui qu’empruntent les chômeurs pour monter dans des bateaux qui rejoignent l’île italienne de #Lampedusa, porte d’entrée de l’Europe.

    A Metlaoui : « Ici, c’est le phosphate ou Lampedusa »

    La terre ne donne rien de végétal, à #Metlaoui. Même les oliviers ont renoncé à s’y accrocher : le sol semble mort, brûlé par un soleil trop grand et un ciel trop bleu. Les hommes, comme les plantes, n’ont pas grand-chose à faire ici. Ils sont pourtant venus fouiller le sol, et ils ont trouvé dans les replis des montagnes nues qui découpent l’horizon de la ville la plus grande richesse du pays, le phosphate. Autour de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), a poussé la ville minière, à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui encore, la société étatique gratte chaque année 5 millions de tonnes de cette roche utilisée dans la composition des engrais.

    A la sortie ouest de Metlaoui, en direction de la frontière algérienne, un café sans nom jouxte un garage. Un auvent fournit de l’ombre. Mais en milieu d’après-midi, c’est à l’intérieur de la vaste pièce blanche aux murs nus qu’il fait le plus frais. Au fond de la salle sans fenêtre, cinq hommes attendent sur des chaises en plastique. Ce sont les seuls clients. Les aînés ont des moustaches, les jeunes du gel dans les cheveux. Le plus âgé, Mohamed Atrache, est un employé de la CPG à la retraite. Comme son père, et son grand-père avant lui, embauché en 1917. Quand son fils a été pris à son tour, en janvier, il a pleuré de joie. « Il avait tenté de passer en Europe, explique-t-il. A trois reprises. La première fois, le bateau est tombé en panne. La seconde, il a été arrêté par la police. La troisième, le temps était trop mauvais. »

    « A Metlaoui, le phosphate est le rêve de tous les jeunes. C’est ça ou Lampedusa », résume Ahmed Jedidi, 26 ans, titulaire d’un master de civilisation française. Il y a beaucoup de diplômés comme lui, à Metlaoui. Ahmed a été brièvement arrêté, en 2016, pour avoir pris la tête du mouvement des jeunes chômeurs qui avaient bloqué l’activité de la CPG pour exiger des embauches. La crise a duré deux mois et demi. Pourtant, la CPG recrute. Vorace, elle saute d’un gisement à l’autre, fourrageant dans les montagnes pour expédier ses wagons de cailloux noirs vers la côte. Elle a besoin de bras et de cervelles quand elle découvre un nouveau filon. La société organise alors des concours. En 2016, elle a recruté 1 700 techniciens. L’an dernier, 1 700 ouvriers non-qualifiés. C’est un pacte tacite : la compagnie doit nourrir la ville, sans quoi la ville mord la compagnie. Au total, depuis la révolution de décembre 2010, le nombre d’employés a été multiplié par trois, alors que sa production s’est effondrée. La CPG est devenue une soupape sociale pour éviter l’explosion de cette région contestataire.

    Khams Fajraoui, 21 ans, a échoué au concours de janvier. Il est le seul à rester muet autour de la table du café, il ne parle pas le français. Il a une crête sur la tête, des chaussettes dans des claquettes, et un regard fixe. Il est le benjamin d’une famille de cinq frères et sœurs, tous au chômage. Son père est décédé il y a cinq ans. Il fait les moissons, là où le blé pousse, plus au nord. Hors saison, il gagne 10 à 15 dinars (3 à 5 euros) trois fois par semaine en chargeant et déchargeant les camions du souk de Metlaoui. Il ne partira pas en Europe car « ses oncles et ses tantes lui ont demandé de rester ». Il veut un travail, « n’importe lequel ».

    « Ma femme ne m’a rien dit quand il est parti »

    Saïd Bkhairya avait aussi défendu à son fils d’émigrer. Un jour, en son absence, Koubaib, 17 ans, est parti quand même. Il faut passer sous l’ancien tapis roulant qui acheminait le phosphate vers la ville pour arriver chez Saïd. Ce cordon ombilical qui relie la mine à Metlaoui est comme une guirlande de tôle suspendue au-dessus de son quartier. Dans la cour de sa maison fatiguée, il a planté un citronnier. Black, le chien de Koubaib, est attaché derrière le poulailler. « Ma femme ne m’a rien dit quand il est parti. Elle avait peur de ma réaction », dit Saïd. Elle est assise à côté de lui sur le canapé. La mère a dans la main le smartphone qu’elle a acheté pour communiquer avec Koubaib sur Skype. Sa vue est mauvaise, elle doit approcher le visage tout près de l’écran pour appeler son fils. La conversation dure quelques secondes, deux ou trois phrases. « Il est fatigué, il couche dehors, explique-t-elle. Il ne fait rien, il demande de l’argent. »

    Saïd a déjà deux crédits à rembourser. Il envoie irrégulièrement des petites sommes à Koubaib, qui vivrait à Mestre, près de Venise. « Je m’en fous. Dès que j’aurai amassé assez, moi aussi, un jour, je partirai », assure Wael Osaifi, un cousin de Koubaib, après que son oncle a quitté la pièce. Il a été blessé il y a cinq ans dans un accident de voiture au terme d’une course-poursuite avec la police. Wael passait de l’essence de contrebande depuis l’Algérie. « Il y a un type qui organise les départs, il est très discret. C’est une mafia. Les prix ont augmenté. C’était 3 000 dinars, maintenant c’est 5 000 [environ 1 630 euros]. J’ai des amis en Italie, certains travaillent, certains trafiquent. » A Metlaoui, il boit parfois des bières avec des amis dans une maison abandonnée. « On n’a rien d’autre à faire. Les prix sont devenus invivables. Avec Ben Ali [le dictateur renversé par la révolution, ndlr], on avait une meilleure vie, lâche-t-il. Le paquet de cigarettes Royale valait 3,5 dinars, aujourd’hui c’est 5,5 dinars… » Koubaib a quitté Metaloui il y a dix mois, en même temps qu’un groupe de 18 jeunes de la ville. « Pour certaines familles, c’est un investissement », regrette Saïd. Sur les photos que le fils envoie depuis l’Italie, il a l’air très jeune. Il ressemble beaucoup à son petit frère, qui sert le jus de mangue aux invités. Sur les images plus anciennes, Koubaib pose souvent avec son chien. Dehors, Black aboie de temps en temps depuis qu’il est parti.

    A Gafsa : « Un travail légal, c’est une question de dignité »

    Leur énergie a quelque chose de déconcertant dans une ville comme Gafsa. On ne devine pas, en passant devant cette rue morne de la « capitale » régionale, qui affiche un taux de chômage à 26 % (plus de 40 % pour les jeunes diplômés), qu’un tel tourbillon d’activité agite le second étage de cet immeuble de la cité Ennour. Sirine, Nejma, Abir et Khora, une Française en stage, font visiter le local de leur association, Mashhed. Elles ont entre 19 ans et 23 ans. « Les séminaires ou les concours de jeunes talents, ce n’est pas notre truc, annonce Sirine, longs cheveux noirs et chemise rayée. Notre finalité, c’est la transformation sociale. On ne fait pas de l’art pour l’art. On ne veut pas non plus "sensibiliser". On fait, c’est tout ! Des poubelles dans la rue, des projections de cinéma, des lectures, des journaux, des festivals, du montage, des jeux, des manifestations… »

    Chacune a une clé du local. Elles passent à Mashhed le plus clair de leur temps. S’y engueulent, s’y échappent, s’y construisent. L’association compte 70 membres actifs et 300 adhérents. Les garçons sont les bienvenus, mais ce sont de toute évidence les filles qui mènent la danse. Les filles, elles, n’embarquent pas pour l’Europe.

    Sirine : « Mon petit frère a voulu partir, ça a choqué mes parents, on a essayé de lui faire entendre raison. »

    Abir : « C’est la faute d’un manque de communication dans les familles. Les gars ne trouvent personne avec qui partager leurs soucis. »

    Najla : « La France, ce n’est pourtant pas le paradis ! La fuite, c’est débile. Moi, je pense qu’on peut faire en sorte d’être heureux là où on est. C’est dans la tête, le bonheur. »

    Abir : « Ce n’est pas que dans la tête ! Il n’y a pas de travail. Tu sais combien c’est, un salaire de serveur, aujourd’hui ? »

    Khora : « Justement, je ne pige pas comment vous faites pour sortir et faire des festins tout le temps, alors que vous êtes au chômage ! Moi, quand je suis chômeuse, je reste chez moi à manger des pâtes. »

    Najla (en riant) : « C’est la solidarité arabe. Toi, tu ne connais pas ça ! »

    La nuit tombe vite sur Gafsa. A 22 heures, la ville s’éteint presque complètement. A la terrasse du café Ali Baba, désert, deux hommes fument dans le noir. Le gérant de l’établissement et son ami. Ils parlent de la révolution. Quand on leur demande leur avis sur la chose, Abdeslam, 28 ans, demande s’il peut répondre en anglais. « Notre déception est immense, parce que l’espoir qu’avait suscité la chute de Ben Ali était immense, explique-t-il. On ne sait pas qu’un café est amer tant qu’on n’a pas goûté un café sucré. Maintenant, on sait. »

    Il a voulu étudier le droit, s’est inscrit à l’université de #Sousse, sur la côte. Mais n’a jamais achevé sa formation, bouffé par les petits boulots qu’il effectuait pour payer ses études. Aujourd’hui, il travaille de temps en temps sur un chantier de bâtiment. « Des docteurs qui construisent des immeubles, c’est ça, la Tunisie », poursuit-il. Au fil de la discussion, le débit d’Abdeslam s’accélère. Son ami s’est levé pour ranger les tables. « Je ne veux pas partir sur la mer, je m’y refuse et puis j’ai peur. Je veux une vie adaptée, c’est tout. Je me fiche d’avoir une belle maison et une grosse voiture. Un travail légal, c’est tout ce que je demande, c’est une question de dignité. » Sa voix tremble dans le noir. Les cigarettes s’enchaînent.

    On ne pose plus de questions depuis longtemps, mais la détresse pousse Abdeslam à parler encore, de plus en plus vite. « A l’école, j’étais bon en philosophie. Je lis encore Kant, Spinoza, Heidegger, Sartre… Pourtant, cette société me méprise. Gafsa enrichit l’Etat, mais l’Etat nous crache dessus », conclut-il. Sa vieille mobylette est garée toute seule dans la rue vide. Il l’enfourche, plié en deux, pour aller dormir chez ses parents. Le gérant a fini de balayer, il tire le rideau de fer.

    A Bir el Haffey : « Aujourd’hui, le tourisme s’est effondré »

    Sur la route qui relie Gafsa à Sidi Bouzid, les voyageurs imaginent souvent être témoins d’un mirage. Au bord de la chaussée, des fourrures brillent au soleil, exposées dans toute leur splendeur. Du castor, du poulain, de l’ours, du lapin, du léopard… Cette panoplie appartient à un commerçant, d’un naturel méfiant. « Depuis la révolution, il y a des espions de la CIA et du Mossad partout, croit-il savoir. Il y a quinze ans, je cherchais des tours de cou, on m’a refilé un grand sac avec des manteaux à poils. J’ai commencé comme ça », dit-il pour justifier son activité insolite. Qui peut bien acheter ces fourrures à l’orée du Sahara ? « Détrompez-vous, les gens s’arrêtent. Avant, j’avais des Canadiens, des Allemands, les guides me les ramenaient. Aujourd’hui, le tourisme s’est effondré. J’ai tout de même de temps en temps des Algériens ou des Libyens. »

    A Sidi Bouzid : « Ils font ça juste pour avoir l’air beau »

    Dans son bureau, flotte un mélange de sueur et de parfum. Zeinobi Khouloud, 28 ans, gère une salle de sport, l’une des rares activités offertes aux jeunes de Sidi Bouzid. Derrière elle, des gants de boxe et des boîtes de protéines sont exposés sur l’étagère. Son père a ouvert le club, Abidal’s Gym, il y a deux ans, au rez-de-chaussée d’un immeuble dont les étages supérieurs ne sont pas terminés. La famille est rentrée d’Arabie Saoudite après la révolution, mais s’est à nouveau éparpillée pour faire des affaires. Zeinobi, elle, est restée dans la petite ville du centre de la Tunisie, connue dans le monde entier depuis qu’un vendeur de légumes du nom de Mohamed Bouazizi s’y est immolé, le 17 décembre 2010, pour protester contre la confiscation de sa charrette par la police. Son geste désespéré a été le point de départ d’une révolution qui a emporté le dictateur Ben Ali, avant de déborder dans tout le monde arabe.

    Sept ans plus tard, le visage géant de Bouazizi s’affiche en noir et blanc sur la façade d’un bâtiment municipal. Sa charrette emblématique a maladroitement été statufiée sur un terre-plein central. Mais même ici, les jeunes disent être déçus par les fruits du printemps tunisien. « Le chômage est toujours là, les jeunes n’ont rien à faire, c’est pour ça qu’ils viennent ici, décrit Zeinobi. Leurs parents les poussent à venir à la salle pour qu’ils ne traînent pas dans la rue toute la journée. Ils oublient leurs problèmes en faisant du sport. » Dans la salle, on croise des adolescents à lunettes avec des muscles de personnages de jeu vidéo. La plupart ont les cheveux rasés sur les côtés. Abidal’s Gym propose des cours de taekwondo, de muay-thaï, d’aérobic, de kick-boxing, mais ce sont avant tout les appareils de musculation, « importés d’Espagne », qui attirent les jeunes à 30 kilomètres à la ronde. « Ils font ça juste pour avoir l’air beau », se moque Zeinobi. Parmi les 900 clients, quelques femmes, « surtout l’été », précise-t-elle. « Les femmes ont beaucoup de responsabilité dans notre région, elles n’ont pas de temps libre. »

    Sur la route de Regueb : « 3 euros le kilo avant, 8 maintenant »

    La route est encadrée par les figuiers de barbarie de trois mètres de haut, dans lesquels viennent se ficher de loin en loin des sacs en plastique échappés des décharges à ciel ouvert.

    Dans un champ, un âne détale après avoir arraché le piquet qui le retenait prisonnier. Il s’éloigne en direction des collines pelées comme les bosses d’un chameau. Ce sont les derniers reliefs à franchir avant de basculer définitivement dans la plaine de Sfax, à l’est du pays. Sur leurs flancs, des restes de minuscules terrasses en pierre sèche, que plus personne n’est assez fou ou courageux pour cultiver désormais. Il reste uniquement des bergers dans cette vallée. Les plus vieux sont toujours bien habillés, en pantalons de ville et en vestes sobres. Leur mouton, au goût particulier, est réputé dans toute la Tunisie. Mais son prix a augmenté, passant de « 3 euros le kilo avant la révolution à 8 euros maintenant », reconnaît un vendeur de viande grillée installé au bord de la route. La raison en est simple : le prix des aliments pour le bétail a flambé depuis 2011, explique-t-il.

    A Regueb : « Notre seul loisir : aller au café »

    Nabil, 35 ans, mâchouille l’embout en plastique de sa chicha. Il recrache la fumée entre ses dents jaunies en fixant une partie de billard : « C’est tranquille, Regueb. Trop tranquille. Notre seul loisir, c’est d’aller au café. » Son ami Aymen, 25 ans, a ouvert cette salle de jeu il y a deux ans. En plus de la table de billard, il a installé neuf ordinateurs, deux PlayStation, un baby-foot. Investissement total : 2 600 euros. L’affaire ne marche pas : « Les jeunes jouent sur leurs téléphones. » Aymen va revendre, ou fermer. L’an prochain, de toute manière, il doit effectuer son service militaire.

    « Je voulais créer une petite unité de fabrication d’aliments pour le bétail, mais il fallait des papiers, et pour avoir ces papiers, on me demandait de l’argent, ressasse Nabil. L’administration est corrompue, j’ai dû renoncer. » Il vit chez ses parents, avec sa femme. Lui a pu se marier, mais « c’est rare, parce que c’est compliqué, sans travail », avoue-t-il.

    A Sfax : « Ici, les gens respectent le travail »

    Les industries de #Sfax signalent la ville de loin. La deuxième ville du pays est aussi son poumon économique. Les arbres d’ornementation sont étrangement taillés au carré, les rues sont propres, l’activité commerciale incessante dans la journée. La richesse des Sfaxiens est proverbiale, en Tunisie. Pourtant, Mounir Kachlouf, 50 ans, avoue qu’on s’y ennuie aussi. « Où tu vas sortir, ici ? Même moi, le week-end, je vais à Sousse ou à Hammamet ! » Il est le gérant du café-restaurant Mc Doner, installé le long de la petite promenade de Sfax, qui se vide de ses promeneurs au crépuscule. « Depuis 2002, on nous promet un port de plaisance, une zone touristique, mais on ne voit rien venir », dit-il. Le patron a même une théorie sur les raisons de cet échec : « Les Sfaxiens ont de l’argent. La Tunisie a besoin qu’ils le dépensent ailleurs pour faire tourner l’économie. S’ils développaient Sfax, les gens n’auraient plus besoin de sortir ! »

    Un groupe de six jeunes femmes pressées longe la corniche, valises à roulettes sur les talons. Elles rentrent de vacances. Le lendemain, elles reprendront toutes le travail. L’une est « technicienne d’esthétique et coach personnel », les autres sont vendeuses de tissu de haute couture dans une boutique de la médina. « Nous, les Sfaxiens, on est comme les Chinois, on travaille tout le temps, surtout les femmes, s’amuse Yorshelly. C’est bien pour l’économie, mais ça rend la ville fatigante, polluée, embouteillée. Il y a du travail ici, enfin, surtout pour les non-diplômés. » Aucune d’entre elles n’est mariée. « Il y a un gros problème de "racisme" chez les familles sfaxiennes, glisse Marwa. Les parents veulent que l’on épouse un Sfaxien. Nous, honnêtement, on s’en fiche. »

    Un homme a tendu l’oreille, inquiet qu’on dise du mal de sa ville dans un journal français. Il insiste pour témoigner lui aussi. « Je m’appelle Mahdi, j’ai 31 ans, je suis électricien, j’aime mon pays, je vis à Sfax car ici, les gens respectent le travail, dit-il, énervé. Les jeunes veulent de l’argent facile. Je les vois rester au café toute la journée. Je leur dis : "Venez bosser avec moi, il y a de quoi faire." Mais ils préfèrent être assis à boire et fumer ! »

    A Kerkennah : « La traversée est 100 % garantie »

    C’est l’île des départs. D’ici, près de 2 700 Tunisiens ont pris la mer depuis le début de l’année pour gagner Lampedusa, à 140 kilomètres en direction du Nord-Est. En 2017, ils étaient plus de 6 000. En 2018, ils représentent le plus important contingent de migrants arrivés en Italie, devant les Erythréens et les Nigérians. La traversée dure une nuit. Contrairement à une idée reçue, les émigrants ne montent pas sur des canots pneumatiques ou des barques vermoulues, comme en Libye voisine. A Kerkennah, les #passeurs comme les passés sont tunisiens. Un lien social les attache malgré tout, on ne risque pas des vies de compatriotes à la légère. « La traversée est 100 % garantie, c’est comme un aéroport », décrivait Ahmed Souissi, 30 ans, coordinateur de l’Union des diplômés chômeurs, quelques semaines avant le naufrage d’une embarcation surchargée le week-end dernier, au cours duquel plus de cinquante migrants sont morts noyés. « Les émigrants partent sur des bateaux de pêche qui ont été au préalable dépouillés de tous leurs accessoires. Quand on voit un bateau nu, on sait qu’il va y avoir un départ. »

    Il faut traverser les marais salants du centre de l’île, puis les grandes étendues vides piquées de tristes palmiers sans palmes (elles sont utilisées dans la fabrication des pêcheries fixes au large de Kerkennah) pour trouver la route du chantier, installé dans une ferme derrière le village de Chergui. Une dizaine de squelettes de navires flottent dans le ciel, au-dessus des copeaux de bois. Les charpentes sont en bois d’eucalyptus. Certaines sont déjà coloriées en rouge ou en bleu. Un peintre dont la blouse ressemble à une toile de Pollock désigne du bout de son pinceau la seule embarcation toute noire : « C’est le bateau utilisé par [le futur président] Bourguiba pour fuir en Egypte pendant la période coloniale, explique-t-il. Quelqu’un y a mis le feu il y a trois ans. On travaille à sa restauration. »

    Mohamed et Karim s’affairent sur le bâtiment le plus avancé du chantier. Ils sont tourneur soudeur et chaudronnier, et s’occupent de toute la partie métallique : armatures, bastingage, proue, etc. « Les migrants partent sur des 12-mètres comme celui-là, dit le premier, sans s’arrêter de souder. Il y a tellement de chômage que la police ferme les yeux. » Pollution des eaux, dégradation des fonds marins, réchauffement : « Les pêcheurs ont de moins en moins de poissons depuis deux ou trois ans, ils ont besoin d’un revenu, complète le second. Certains vendent leur bateau, des passeurs les remplissent avec 100, 120 jeunes, et les mènent à Lampedusa. Les bateaux restent là-bas. »

    Le leur est une commande de Boulababa Souissi. Le capitaine est dans sa cabine, la buvette improvisée du chantier, une canette de bière à la main. « Dans cinq jours, à ce rythme-là, c’est fini, savoure-t-il, l’œil guilleret. J’ai fait venir un moteur d’occasion d’Italie. Je vais enfin retourner pêcher. » Il baptisera son chalutier Oujden, le prénom de sa fille. Coût : 50 000 euros. Le précédent va-t-il continuer à naviguer ? « Il ne remontera plus de poisson », lâche le capitaine.

    Les visiteurs débarquent à Kerkennah, 15 500 habitants, par un ferry arrivant de Sfax. Puis, une route remonte l’archipel du Sud au Nord. La simplicité des maisons - des agrégats de cubes blancs - leur donne un air moderne. Des constructions, ou des agrandissements, sont souvent en cours. « C’est l’argent des harragas », ricane une femme, en passant devant un portail refait à neuf. Les « harragas », « ceux qui brûlent » en arabe, est le terme utilisé pour désigner les clandestins. « Ils ne se cachent même plus, comme au début. Dans une petite île où tout le monde se connaît, on les repère tout de suite, indique Ahmed Souissi. Pour la police, c’est difficile de contrôler les ports de Kerkennah. Les bateaux peuvent sortir de n’importe quelle ville ou plage. D’ailleurs, tout le monde les voit. » Ne sont-ils pas arrêtés ? « Les flics arrivent trop tard. Ou n’arrivent jamais. Pourtant, ça ne demande pas beaucoup d’intelligence de savoir qui organise les passages, dit l’activiste. Mais l’État n’est pas pressé de voir la fin des subventions européennes au titre de la lutte anti-immigration. Et puis, je crois que ça arrange tout le monde que les jeunes chômeurs sortent de Tunisie. »

    Tout au bout de la route, il y a le port de Kraten. En direction du Nord, quelques îlots plats, rocailleux, taches claires dans la mer sombre, sans vague. Les derniers mètres carrés solides de Tunisie. En cette fin de matinée, les pêcheurs démêlent et plient les filets, au soleil. Les camionnettes frigorifiques des acheteurs sont déjà reparties, à moitié vides. Sur le ponton, on marche sur des carcasses de crabes bruns qui craquent sous les chaussures. Les Tunisiens ont surnommé cette espèce « Daech ». « Ils sont arrivés d’Egypte il y a quelques années, et ils remontent le long de la côte, commente un marin, l’air dégoûté. Ils mettent les pêcheurs sur la paille : ils coupent les filets, ils bouffent le poisson ! Si ça continue, ils vont débarquer en Europe. La pêche n’est plus rentable. » Lui est là pour aider son père ce dimanche, mais en semaine il occupe un emploi de professeur de sport à Sfax.

    Au petit café de la jetée, le patron moustachu sert l’expresso le plus serré de Tunisie en bougonnant. Il jure qu’aucun bateau ne part de « son » port. « Les jeunes, ils peuvent aller se faire foutre, ils ne pensent qu’à l’argent. » Contre le mur, un pêcheur de 55 ans, « dont trente-quatre en mer », pull rouge et bonnet bleu, philosophe : « Cette révolution était un don. Elle nous a montré qu’on peut régler nous-mêmes nos problèmes, on doit garder ça en tête. Ce crabe Daech, par exemple, on ne doit pas le détester, Dieu nous a envoyé cette satanée bête pour qu’on corrige nos façons de pêcher. On me regarde comme un vieux fou quand je critique les collègues qui pêchent au chalut en ravageant les fonds, mais ce sont eux qui ont fait disparaître les prédateurs des crabes », assène Neiji.

    Son français est chantant. Il fait durer son café. « Les jeunes qui partent, c’est aussi naturel, reprend-il. Sans cela, ils rejoindraient peut-être le vrai Daech, qui sait ? C’est la logique humaine d’aller tenter sa chance. Moi, si je n’avais pas une femme et trois filles, je crois que j’aurais aussi filé. » Neiji tire sur sa cigarette en aspirant la fumée très lentement, avant d’expirer sans bruit. « Ce va-et-vient, c’est la vie. Les pêcheurs sont des gens intelligents, il faut me croire. »
    Célian Macé

    Très bon reportage, avec photos dans l’article source. La fin de l’article avec les propos du pêcheur, est à méditer.

    #chômage #tunisie #émigration #jeunesse #Afrique

  • La Tunisie, de tous les pays du Printemps arabe, est celui qui s’en sort le mieux. Mais la situation est très fragile. Suivant un article paru dans Mondeafrique, c’est Alger qui alimente cette tentation de contre-révolution en Tunisie. Je ne sais pas si c’est plausible. Les services secrets algérien, actuellement dans la tourmente, disposeraient-ils d’assez de moyens et de liberté de manœuvres pour s’y aventurer de la sorte ? Difficile de trancher. Il est certes dans l’intérêt du système algérien que Tunis patauge dans l’expérience démocratique pour au moins dissuader les démocrates algériens. Mais...

    http://www.mondafrique.com/tunisie-tentation-de-contre-revolution

    Tunisie, la tentation de la contre révolution

    L’Algérie ne ménage pas ses efforts pour remettre les anciens de Ben Ali en selle. Sur fond d’anti-islamisme viscéral.
    L’incertitude politique règne en Tunisie. Les clans au pouvoir à l’époque du président Ben Ali sont de retour qui se composent d’anciens du RCD, l’ex-parti unique, et d’hommes d’affaires jadis en cour.
    Leur objectif est de multiplier les coups de boutoir contre le parti islamiste Ennahda, tout en attendant la décomposition de Nida Tounes, le mouvement du président Beji Caïd Essebsi. Orphelins d’un pouvoir qu’ils ont monopolisé depuis l’indépendance et qu’ils ont du abandonner à des gueux sans éducation, ces élites veulent récupérer la gestion de l’Etat. Leur Etat.
    Complot sahélien
    Si l’on recherche l’origine de ces revenants, on note qu’ils sont tous issus du Sahel, cette vitrine présentable et riche de la Tunisie qui va de Monastir à Sousse. A y regarder de plus près, ces Sahéliens se divisent en deux grands groupes : les destouriens de l’ex-président Bourguiba, rassemblés autour d’un puissant homme de réseaux, Kamel El Taïef bras droit de Ben Ali jusqu’à son mariage avec Leila en 1992 et revenu dans les coulisses du pouvoir depuis 2011. D’autre part, des anciens du RCD, regroupés autour de l’ancien premier ministre de Ben Ali, Mohamed Ghannouchi, resté à la tète du gouvernement après la Révolution après avoir joué un role plus qu’ambigu durant le fameux 14 janvier 2011, où le dictateur prit la poudre d’escampette.
    Malgré les antagonismes qui les opposent, ces groupes ont noué une alliance pour faire tomber Ennahda. Ils enchaînent les réunions, parfois encadrées par des agents des services secrets algériens
    Alger à la manoeuvre
    Ces nostalgiques du passé considèrent que les Etats-Unis et la France ont soutenu, depuis 2011, l’islamiste Rached Ghannouchi, qui sait tenir aux diplomates occidentaux le langage qu’ils veulent entendre. Ces émigrés de l’intérieur ne peuvent compter que sur l’appui discret d’Alger ainsi que sur l’argent des Emirats Arabes Unis animés par une haine constante pour les Frères Musulmans (contrairement au Qatar).
    La menace terroriste est toute trouvée pour alimenter la polémique. Les Algériens encouragent les anciens de Ben Ali à attaquer Ennahda devant les tribunaux pour démontrer, en gros, la connivence du parti islamiste avec le terrorisme. Cette stratégie se matérialise par l’apparition de vieux dossiers concernant les papiers d’identité délivrés à des terroristes en 2013 et 2014 alors que les islamistes du mouvement Ennahdha rêgnaient en maître sur le gouvernement tunisien.

    .
    Fragmentation islamiste
    Force est de constater que ces conspirationnistes disposent un boulevard devant eux compte tenu du piètre spectacle qu’offrent les deux poids lourds politiques que sont Ennahda et Nidaa Tounès. Les islamistes en effet se déchirent en vue de la succession du cheikh Ghannouchi âgé de 74 ans. Trois groupes s’affrontent en coulisses : celui du conservateur Abdelhamid Jlassi, celui de l’ancien ministre de la santé, d’inspiration salafisten Noureddine Bhiri (peu populaire) et celui des frères Ali et Amer Larayedh, respectivement ancien Premier ministre et ancien conseiller de Ghannouchiqui. Ces deux là viennent du Sud, où se trouve le gros des troupes (et des votes) islamistes.
    A l’opposé de l’échiquier politique tunisien, le parti Nidaa Tounes a été mis sens dessus dessous par la grave crise interne de début 2016 qui a provoqué de nombreuses défections et par la prise du parti, même temporaire, par le propre fils du Président Caid Essebsi, Hafedh.
    L’ancienne classe dirigeante d’avant la Révolution de 2011 compte les points, avec dans son jeu un atout majeur : la machine électorale du temps de Ben Ali, aussi bien au sein de l’appareil sécuritaire que dans le monde des affaires, qui avait soutenu Beji faute de mieux, ne demande qu’à reprendre du service.
    A condition de trouver un leader charismatique, pas trop mouillé sous Ben Ali et pas encore enlisé dans les jeux stériles de l’après Révolution. Ce ne sera pas le plus facile
    Caroline Bright

    #Algérie #Tunisie #Révolution #Contre-révolution #Ennahda

  • Tunisie : « On en a marre des immolés et de leurs revendications »
    http://nawaat.org/portail/2016/02/23/on-en-a-marre-des-immoles-et-de-leurs-revendications

    « On en a marre des immolés et de leurs revendications ! Vous voulez mourir ? Jetez vous par les fenêtres ! buvez du poison ou noyez vous dans un fleuve ! » crie le médecin du centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous . « Les jeunes doivent arrêter de faire ce chantage suicidaire ! Celui qui veut mettre fin à sa vie, qu’il le fasse chez lui et pas sur la place publique ! » a osé une journaliste sur le plateau d’un talk show. « Si tu es un homme ! Fais comme Bouazizi et montre nous ton courage ! » a lancé un policier à un vendeur ambulant juste qui menaçait de s’immoler à Sousse. Source : Nawaat

  • Tunisie : « Un prix Nobel anachronique » | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/france/091015/tunisie-un-prix-nobel-anachronique

    Après deux attentats meurtriers cette année au Bardo et à Sousse, le comité Nobel a décerné ce vendredi 9 octobre le prix Nobel de la paix au Quartet tunisien « pour sa contribution décisive à la construction d’une démocratie pluraliste en Tunisie ».

    Le Quartet tunisien, aussi appelé « dialogue national », est une initiative de la société civile tunisienne, lancée en 2013, afin de sauver le processus démocratique en Tunisie. Deux ans après la révolution de janvier 2011 et le départ de l’ex-président Ben Ali, après les assassinats des députés de gauche Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, les travaux de l’Assemblée constituante étaient alors enlisés. Et le gouvernement ...

  • Seifeddine Rezgui : De Gaafour à Sousse, de l’exclusion au Djihad | Inkyfada
    https://inkyfada.com/2015/07/attaque-sousse-gaafour-seifeddine-rezgui-terrorisme

    Sur les plateaux de télévision, certains commentateurs présentent le respect des droits de l’homme et du citoyen comme une entrave à la sécurité nationale. Selon eux, l’heure n’est plus aux libertés et aux acquis démocratiques mais au renseignement et à une surveillance accrue pour éviter ce genre de drames.
    Essebsi, en colère avait également déclaré que les mouvements sociaux à l’instar d’une campagne qui exige plus de transparence dans le secteur des énergies et une répartion plus équitable des richesses, intitulée « Winou el petrol » (Où est le pétrole ?) avaient contribué à fragiliser la sécurité du pays.
    Par ailleurs, les menaces de dissolution la branche tunisienne de Hizb Ettahrir pourraient avoir l’effet inverse de celui escompté. Ce parti islamiste radical qui ne reconnait pas les Etats nations et appelle à l’instauration du califat, refuse la violence et encadre une frange de la jeunesse islamiste radicalisée.

  • Contre les fascismes religieux
    Solidarité avec le combat de libération des habitants du Maghreb !

    Le massacre de ce vendredi 26 juin à Sousse, #Tunisie, se déroule dans le contexte particulier d’un #Maghreb où la #résistance_populaire contre les pressions des intégristes se fait chaque jour de plus en plus entendre, bien que l’appareil d’Etat (en particulier la police et la justice) fasse tout son possible pour tenter d’étouffer les aspirations légitimes à vivre librement.

    Dans tout le Maghreb se sont développées ces derniers temps des luttes pour l’avortement, pour les droits des homosexuels, pour le droit de revendiquer son athéisme, pour le droit des femmes de porter des robes sans être agressées ou pire violées, pour leur droit de porter plainte contre leurs agresseurs sans risquer la prison… Et c’est encore la population tunisienne qui est la pointe de ce combat. Avec un courage exemplaire, nombreux sont ceux qui n’ont pas hésité à remettre en question l’obligation du jeûne durant le mois dit de ramadan. Comme pour cette population la Liberté ne se quémande pas, elle la prend ; si bien que pendant le ramadan 2015 qui a débuté ce 18 juin, nombre de cafés sont restés ouverts et bien fréquentés par des femme et des hommes qui n’ont pas l’intention de se laisser dicter leur mode de vie.

    Ainsi un rassemblement a eu lieu à Bejaia le 27 juin pour un déjeuner collectif en plein milieux d’après midi. Une façon de dénoncer publiquement l’obligation que les islamistes font peser sur tous et de soutenir le blogueur Raif Badawi emprisonné et condamné a 1000 coup de fouet pour «  insultes à l’islam  » c’est-à-dire avoir exprimé, de façon tout à fait modéré son opinion.

    Dès que le rassemblement a été connu, les islamistes se sont déchaînés. Mais aussi les organisateurs ont reçu de multiples messages de soutien venus de tout le pays.

    Quelques jours avant (le 24 juin), pour donner une idée de «  l’ambiance  », la presse tunisienne avait relaté ce témoignage « Fares, propriétaire d’un café à Monastir a affirmé que la police vient d’effectuer une descente dans son café ouvert légalement pendant les heures de jeûne. La vidéo qui accompagne le post, filmée par les caméras de surveillance installées dans le café, montre le chef de district de la police de Monastir en train d’agresser une jeune fille non jeûneuse en lui jetant son téléphone par terre. »

    Vous pouvez voir cette agression sur sur facebook (1). Devant les légitimes protestations qui ont surgi dans toute la Tunisie, le chef de la sûreté du district de Monastir a été limogé « pour abus de pouvoir et prise de mesures illégales » ainsi que trois cadres sécuritaires du district de Gammarth qui avaient procédé à la fermeture d’un café de la région.

    Cette résistance populaire qui fait plier l’Etat et parvient à vouer à l’échec les tentatives d’intimidations policières, est insupportable pour les fascistes religieux. Pour faire ployer cette résistance, le massacre de masse est leur arme ultime. Ils sont prêts à tout pour faire revenir les habitants à leur ordre moral. Le communiqué en date du 27 juin de l’Etat Islamique, qui revendique le massacre de touristes en maillot de bain sur une plage de Sousse est à cet égard éloquent  : « Le soldat du califat (…) Abou Yahya al-Qayrawani (…) a pu parvenir au but dans l’hôtel Imperial », tuant près de 40 personnes « dont la plupart sont des sujets des Etats de l’alliance croisée qui combat l’Etat du califat ».

    La « justification » par l’Etat islamique de ce nouveau crime de masse est éloquente : l’hôtel de tourisme, la plage sont qualifiés « … d’antres (…) de fornication, de vice et d’apostasie… ».

    Ceux qui sont tués, ceux qui sont menacés de mort par l’Etat Islamique ne sont pas que les touristes, il s’agit surtout des habitants qui s’opposent aux intégristes.

    Nous devons à tous ceux qui luttent contre le fascisme religieux notre solidarité.

    (1) Voir les dernières secondes de «  Monastir : L’agression d’une jeune femme par un policier fait le buzz » (à partir d’une minute trente environ) https://www.facebook.com/TunisTribune/videos/10153984199337926

    @anarchosyndicalisme ! n°145
    http://seenthis.net/messages/387250

  • Stratégie terroriste en Tunisie : De la propagande à l’immersion | Inkyfada
    https://inkyfada.com/2015/06/strategie-terroriste-tunisie-propagande-immersion

    L’attaque terroriste du 26 juin, qui a visé un hôtel dans la zone touristique El Kantaoui à Sousse et qui a fait 39 morts et prés de 36 blessés, pour la plupart des touristes, n’est pas une simple démonstration de force. Elle n’est pas non plus à un nouveau décompte de victimes dans les rangs de ceux que les terroristes qualifient de « mécréants ». Selon les lectures de divers experts sécuritaires et militaires, cette attaque s’ajoute à celle contre le musée du Bardo, qui représente un tournant radical dans la stratégie terroriste en Tunisie et annonce le passage vers une nouvelle étape, plus avancée et plus dangereuse que les précédentes.

  • #Tunisia : #Ansar_al-Sharia Inaugurates Era of Suicide Bombers
    http://english.al-akhbar.com/content/tunisia-ansar-al-sharia-inaugurates-era-suicide-bombers

    Tunisian security forces inspect a beach after a failed suicide bomb attack near the four-star Riadh Palms hotel, in the resort town of #Sousse, a popular tourist destination 140 kilometres (90 miles) south of Tunis, on October 30, 2013. (Photo: AFP - STR) Tunisian security forces inspect a beach after a failed suicide bomb attack near the four-star Riadh Palms hotel, in the resort town of Sousse, a popular tourist destination 140 kilometres (90 miles) (...)

    #Mideast_&_North_Africa #Articles #Moncef_Marzouki #Salafi

  • Tunisie : Attentat avorté à Sousse et attentat déjoué à Monastir (31.10.13) - Communiqué ministère des Affaires étrangères - France
    http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/tunisie/la-france-et-la-tunisie/evenements-21320/article/tunisie-attentat-avorte-a-sousse

    Dans le contexte actuel, il est plus que jamais indispensable que toutes les forces politiques tunisiennes fassent preuve d’esprit de responsabilité pour parvenir à un compromis de sortie de crise.

    A lire, sur Orient XXI

    Tunisie, un appel à la raison et à la démocratisation, Larbi Chouikha
    http://orientxxi.info/lu-vu-entendu/tunisie-un-appel-a-la-raison-et-a,0401

    L’impossible dialogue entre pouvoir et opposition en Tunisie, par Manuela Honneger
    http://orientxxi.info/magazine/l-impossible-dialogue-entre,0358

    Tunisie, une feuille de route pour sortir de la crise, par Jean-Pierre Séréni
    http://orientxxi.info/magazine/tunisie-une-feuille-de-route-pour,0327

    #Tunisie

  • Suicide bomber kills himself as #Tunisia stops other planned attack
    http://english.al-akhbar.com/content/suicide-bomber-kills-himself-tunisia-stops-other-planned-attack

    A suicide bomber blew himself up on Wednesday on a beach in Tunisia’s resort town of Sousse while security forces foiled another planned attack nearby, the interior ministry said. “A man blew himself up on a beach in Sousse,” ministry spokesman Mohammed Ali Laroui told AFP, adding that no one else was killed. Witnesses said the attack took place at around 09:30 am this morning, and near the Riadh Palms hotel in the center of the coastal town, which lies 140 kilometers south of Tunis and is (...)

    #Top_News

  • Ennahda veut-il faire du pays un califat ? | Courrier international
    http://www.courrierinternational.com/breve/2011/11/17/ennahda-veut-il-faire-du-pays-un-califat

    En début de semaine, une vidéo, diffusée sur internet, montre Hamadi Jebali le secrétaire général du parti islamiste et potentiel futur Premier ministre, en train d’annoncer à ses partisans, lors d’un meeting tenu le 13 novembre à Sousse (sud-est) : « Nous nous trouvons dans le sixième califat, si Dieu le veut ! ».

  • Tunisie : les “salafistes” à l’attaque de Nessma TV (Culture et politique arabes)
    http://cpa.hypotheses.org/2991

    Même si Ennahda, le principal parti « islamiste » tunisien – en tête d’après les sondages – a fort politiquement condamné cette attaque qualifiée d’« acte isolé », à l’évidence les salafistes-/islamistes-radicaux-déchaînés-tentant-de-brûler-la-télé-après-l’interdiction-du-niqab-dans-les-universités n’ont pas manqué de tomber dans le panneau. Et d’autant plus qu’on leur a peut-être donné un petit coup de main. En effet, l’excellent Webdo tunisien met en évidence, photos à l’appui, la présence d’un même « militant » (au moins) durant divers affrontements, à Sousse puis à Tunis (distante de 150 km environ). Sur la tête du Prophète, on pourrait même le confondre (c’est lui, en gris, avec une casquette) avec un provocateur, car il a l’air de très bien s’entendre avec des forces dites de sécurité qu’on a vu moins débonnaires en d’autres occasions… Source : Culture et politique arabes

  • Tunisie : les “salafistes” à l’attaque de Nessma TV | Culture et politique arabes
    http://cpa.hypotheses.org/2991

    Même si Ennahda, le principal parti « islamiste » tunisien – en tête d’après les sondages – a fort politiquement condamné cette attaque qualifiée d’« acte isolé », à l’évidence les salafistes-/islamistes-radicaux-déchaînés-tentant-de-brûler-la-télé-après-l’interdiction-du-niqab-dans-les-universités n’ont pas manqué de tomber dans le panneau. Et d’autant plus qu’on leur a peut-être donné un petit coup de main. En effet, l’excellent Webdo tunisien met en évidence, photos à l’appui, la présence d’un même « militant » (au moins) durant divers affrontements, à Sousse puis à Tunis (distante de 150 km environ). Sur la tête du Prophète, on pourrait même le confondre (c’est lui, en gris, avec une casquette) avec un provocateur, car il a l’air de très bien s’entendre avec des forces dites de sécurité qu’on a vu moins débonnaires en d’autres occasions…

    Une histoire similaire a circulé au Liban : des photos montraient les mêmes « islamistes » intervenant dans différentes manifestations ultra-violentes, notamment l’incendie d’une ambassade à Beyrouth, puis dans des manifestations pro-Hariri à Tripoli.