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  • Le téléphone portable, gadget de destruction massive
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=573

    C’est le plus foudroyant développement technologique de l’Histoire. En dix ans le téléphone portable a colonisé nos vies, avec l’active participation du public, et pour le bénéfice de l’industrie. Il n’est pas exclu que sa possession devienne obligatoire pour survivre à Technopolis. Journalistes, sociologues, blablologues peuvent recycler les poncifs des Mythologies de Barthes, mais nulle chose des années soixante n’avait atteint ce statut d’objet à tout faire, à tout vivre. Ce déferlement signe la victoire du marketing technologique contre les évidences. Non seulement les ravages – écologiques, sanitaires, sociaux, psychologiques – du portable sont niés, mais peu s’imaginent exister sans ce gadget. A l’échelle planétaire (déchets électroniques, massacres de populations et d’espèces menacées), (...)

    #Librairie_-_Commandes

  • sur le « furet de l’offre légale », plus furtif tu meurs de faim plus vite qu’un artiste exploité (ah zut, j’arrive pas à rester consensuel plus de quinze mots... pardon. je m’en veux très fort. vais reprendre un coup de nuits-saint-georges, tiens) : ce qui suit est tiré de la bio de Zappa publiée en 1989. le rendez-vous qu’il relate date donc de ... à vue de blaze, 1985-87... genre les ahuris des « maîsons de disqueuh ! » qui disent que bon, c’est tout nouveau, y sont dessus bien sûr, mais, vous savez, on a ben des problèmes, avé tous ces vilains pirat’ tout pas beaux... voui voui, fume... je vous laisse en compagnie de Frank :

    Postface de J-L Renoult à Techno rebelle d’Ariel Kyrou, p. 332 : "Dans le dernier chapitre de son autobiographie, il [Zappa] décrit quelques-uns de ses échecs professionnels. Notamment, « une proposition de système visant à remplacer le marché du disque phonographique » (..) « à un moment du temps jadis où les CD n’étaient même pas sur le marché », raconte Frank Zappa.

    Voici un extrait de cette proposition :
    « Nous proposons d’acheter les droits de reproduction numérique des meilleures oeuvres de fonds de catalogue que les maisons de disque peinent à écouler, de les centraliser sur un serveur, puis de les connecter par le téléphone ou le câble directement au magnétophone de l’ordinateur. Lequel utilisateur aurait le choix entre un transfert direct numérique sur F-1 (le DAT de Sony), sur Beta Hi-Fi, ou sur un autre support analogique ordinaire. » Zappa précise que son système requiert l’installation d’un « convertisseur numérique/analogique dans le téléphone », autrement dit un modem. Comment ne pas y voir un système de téléchargement semblable à celui de Napster ?

    Zappa envisage même un système de rétribution. Il ajoute que « le décompte du paiement des royalties, la facturation à l’acheteur, etc., seraient automatiquement assurés par la gestion informatisée du système. Le client s’abonne à une famille thématique ou davantage et se voit facturé mensuellement »...
    –----

    texte complet :
    (Zappa par Zappa avec Peter Occhiogrosso, 1e éd. 1989, éd. l’Archipel, Paris, 2000, pp. 358-362)

    Le document suivant relate ce qui est survenu lors de la réunion au Rotschild Venture Capital, qui s’est tenue à un moment du temps jadis où les CD n’étaient même pas sur le marché...

    Proposition de système visant à remplacer le marché du disque phonographique

    Le commerce classique des disques phonographiques tel qu’il existe aujourd’hui relève d’un circuit aberrant qui consiste pour l’essentiel à déplacer des pièces de vinyle, enveloppées dans des pochettes en carton, d’un endroit à un autre.
    Le volume de ces objets est très important, et leur expédition coûteuse. Le procédé de fabrication est complexe et archaïque. Les contrôles-qualité de pressage sont des opérations vaines. Les clients mécontents retournent régulièrement des exemplaires rayés inutilisables.
    La nouvelle technologie numérique est de nature à régler le problème des rayures et à offrir aux auditeurs une qualité d’écoute supérieure sous forme de compact-discs (CD). Plus petits, ils permettent aussi de stocker plus de musique et réduisent en toute hypothèse les coûts d’expédition (...), mais se révèlent plus chers à l’achat ainsi qu’à la fabrication. Pour les écouter, le consommateur devra acquérir un équipement numérique à la place de sa vieille hi-fi (de l’ordre de 700 dollars).
    La majeure partie des efforts promotionnels consentis par les producteurs de musique porte, aujourd’hui, sur les NOUVEAUTES (...), les derniers-nés, les plus beaux, que ces renifleurs de cocaïne épilés ont décidé d’infliger au public cette semaine-là.
    Bien souvent, de telles « décisions d’esthètes » finissent sous forme de montagnes de vinyles/pochettes invendables et sont retournés direction la décharge ou le recyclage. Des erreurs qui coûtent cher.
    Ne parlons pas, pour le moment, des méthodes classiques de commercialisation, et considérons plutôt tout ce gâchis d’ARTICLES DE FOND DU CATALOGUE, soustraits du marché par suite de manque de place dans les bacs des disquaires et de l’intarissable obsession des représentants des maisons de disques, rivés sur leurs quotas : remplir le petit espace réservé aux nouveautés de la semaine, et lui seul.

    Tous les grands éditeurs ont leurs caves bourrées d’enregistrements éminents d’artistes majeurs (et les droits inaliénables qui vont avec) dans tous les styles de musique imaginables, susceptibles de procurer de l’agrément au public, pour peu que ces disques soient distribués sous une forme commode.
    LES CONSOMMATEURS DE MUSIQUE CONSOMMENT DE LA *MUSIQUE (...) ET PAS SPECIALEMENT DES ARTICLES DE VINYLE DANS DES POCHETTES EN CARTON.
    Notre proposition : tirer avantage des aspects positifs d’une tendance négative qui frappe qujourd’hui l’industrie du disque : le piratage domestique sur cassettes de la production sur vinyle.
    Prenons conscience, avant tout, que les enregistrements de cassettes à partir d’albums ne sont pas nécessairement motivés par la « radinerie » des consommateurs. Si l’on enregistre une cassette à partir d’un disque, la copie rendra certainement un son de meilleure qualité que celle d’une cassette commerciale dupliquée à haute vitesse, produite à bon droit par l’éditeur.

    Nous proposons d’acheter les droits de reproduction numérique DES MEILLEURES OEUVRES de fond de catalogue (OFC) que les maisons de disques peinent à écouler, de les centraliser sur un serveur, puis de les écouler par le téléphone ou par le câble directement au magnétophone de l’utilisateur. Lequel utilisateur aurait le choix entre un transfert numérique direct sur F-1 (le DAT de Sony), sur Beta Hi-Fi, ou sur un autre support analogique ordinaire (avec installation d’un convertisseur numérique/analogique dans le téléphone (...), opération rentable, pusique la puce ne coûte qu’une dizaine de dollars.
    Le décompte du paiement des royalites, la facturation à l’acheteur, etc., seraient automatiquement assurés par la gestion informatisée du système.
    Le client s’abonne à une "famille thématique ou davantage et se voit facturé mensuellement, QUEL QUE SOIT LE VOLUME DE MUSIQUE QU’IL SOUHAITE ENREGISTRER.
    Proposer un tel volume de catalogue à prix réduit ne peut que faire chuter la tendance à la copie et au stockage, puisque l’offre est permanente, de jour comme de nuit.
    L’envoi de catalogues mensuels actualisés réduirait d’autant la consultation en ligne du serveur. Tous les services seraient accessibles par le téléphone, même si la réception locale passe par le cable télé.
    Avantage : (...) un affichage du graphisme de la pochette, des textes des chansons, des notes techniques, etc., serait couplé au téléchargement. Ce qui contribuerait à redonner aux albums, sous des dehors électroniques, leur statut initial d’ « albums » tels qu’ils sont aujourd’hui proposés dans les différents points de vente, tant il est vrai que bon nombre de consommateurs aiment caresser les pochettes, objets de fétichisation, quand ils écoutent de la musique.
    Dès lors, le *potentiel tactile fétichiste (PTF)
    est préservé, réduit du coût de distribution du cartonnage.
    Au moment où vous lisez ces lignes, la quasi-totalité de l’équipement requis est disponible dans les magasins ; il ne vous reste plus qu’à brancher le tout et mettre fin ainsi au marché discographique sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.