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  • #Central_European_University is suspending all programs related to refugees

    #Central_European_University is suspending all programs related to refugees. This is related to the new Hungarian law going into effect on Monday that taxes 25% of entire budget of universities that do anything (research, teach, services) with refugees.

    https://twitter.com/charles_mathies/status/1034750507926020097?s=19
    #réfugiés #université #solidarité #asile #migrations #Hongrie #CEU #fin #suspension #Orban
    cc @isskein

  • Dans les paradis fiscaux, « l’ampleur des flux financiers liés à la destruction environnementale est effarante » - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2018/08/22/dans-les-paradis-fiscaux-l-ampleur-des-flux-financiers-lies-a-la-destruct

    Dans quelle mesure les paradis fiscaux participent-ils à la destruction d’espaces naturels ? Plusieurs chercheurs du Centre sur la résilience de Stockholm, de l’Académie royale des sciences de Suède et de l’université d’Amsterdam, sous la direction de Victor Galaz, ont creusé le sujet pendant trois ans. Leurs résultats viennent d’être publiés dans la revue Nature Ecology and Evolution. Le biologiste français Jean-Baptiste Jouffray est un des coauteurs de l’étude.

    Comment les paradis fiscaux sont-ils liés aux activités destructrices pour l’environnement ?
    Nous nous sommes concentrés sur deux cas emblématiques que sont la déforestation de l’Amazonie brésilienne et la pêche illégale. En moyenne, 68 % des capitaux étrangers étudiés, qui ont été investis entre 2001 et 2011 dans des secteurs liés à la déforestation de l’Amazonie, industrie du soja et du bœuf, ont été transférés par le biais de paradis fiscaux. En ce qui concerne la pêche, 70 % des navires reconnus comme ayant été impliqués dans la pêche illicite, non déclarée et non réglementée sont, ou ont été, enregistrés dans des paradis fiscaux. En revanche, notre étude n’a pas réussi à établir de preuves directes de causalité entre une entreprise utilisant des paradis fiscaux et un cas précis de dégradation environnementale. Cela, à cause de l’opacité maintenue par les autorités ces lieux sur les montants, l’origine et la destination des flux financiers qu’ils gèrent.

    Avez-vous été étonné par les résultats de vos recherches ?
    Rien que dans ces deux cas, l’ampleur des flux financiers liés à la destruction environnementale est effarante. Elle prouve qu’il est nécessaire d’ajouter la dimension environnementale au débat sur les paradis fiscaux.

    • CR de la même étude par Le Monde (derrière #paywall)

      Une étude montre les liens entre paradis fiscaux et dégradation environnementale
      https://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2018/08/13/une-etude-montre-les-liens-entre-paradis-fiscaux-et-degradation-environnemen

      Les « Panama Papers » et autres « Paradise Papers » – ces fuites de documents confidentiels qui, passés au crible par le Consortium international des journalistes d’investigation, ont, en 2016 et 2017, braqué les projecteurs sur le système tentaculaire des sociétés offshore et des paradis fiscaux – ont surtout été analysés sous l’angle économique, politique ou social. Mais leurs possibles implications environnementales sont restées dans l’ombre. C’est sur ce volet qu’une étude, publiée lundi 13 août dans la revue Nature Ecology & Evolution, apporte un éclairage inédit.

      Ce travail a été mené par des chercheurs de l’université de Stockholm (Suède), de l’Académie royale des sciences de Suède et de l’université d’Amsterdam (Pays-Bas), sous la direction de Victor Galaz, directeur adjoint du Stockholm Resilience Centre. Ils se sont intéressés à des activités économiques prédatrices de ressources naturelles. D’une part, la pêche industrielle qui, à l’échelle mondiale, épuise les stocks de poissons - dont ils ont ciblé le volet illégal -. D’autre part, les filières du soja et de la viande de bœuf qui, au Brésil, contribuent massivement à la déforestation de l’Amazonie.

      En consultant les données les plus récentes, datant de septembre 2017, de l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol), ainsi que les registres d’organismes régionaux, ils ont établi que sur 209 navires impliqués dans des activités de pêche illicite, non déclarée et non réglementée (« illegal, unreported and unregulated fishing »), 70 % étaient enregistrés, ou l’avaient été, dans un pays répertorié comme un paradis fiscal. En tête de liste arrivent le Belize et la République du Panama, suivis de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, du Costa Rica, des Seychelles et de la Dominique.

    • L’étude, dont seul le résumé est accessible
      Tax havens and global environmental degradation | Nature Ecology & Evolution
      https://www.nature.com/articles/s41559-018-0497-3


      Fig. 1 Fishing vessels and tax havens

      Abstract
      The release of classified documents in the past years have offered a rare glimpse into the opaque world of tax havens and their role in the global economy. Although the political, economic and social implications related to these financial secrecy jurisdictions are known, their role in supporting economic activities with potentially detrimental environmental consequences have until now been largely ignored. Here, we combine quantitative analysis with case descriptions to elaborate and quantify the connections between tax havens and the environment, both in global fisheries and the Brazilian Amazon. We show that while only 4% of all registered fishing vessels are currently flagged in a tax haven, 70% of the known vessels implicated in illegal, unreported and unregulated fishing are, or have been, flagged under a tax haven jurisdiction. We also find that between October 2000 and August 2011, 68% of all investigated foreign capital to nine focal companies in the soy and beef sectors in the Brazilian Amazon was transferred through one, or several, known tax havens. This represents as much as 90–100% of foreign capital for some companies investigated. We highlight key research challenges for the academic community that emerge from our findings and present a set of proposed actions for policy that would put tax havens on the global sustainability agenda.


      Fig. 2: Foreign capital and tax havens in the Amazon.

    • Une étude montre les liens entre paradis fiscaux et dégradation environnementale, Le Monde, suite

      Le nombre de bateaux concernés – 146 – peut paraître faible. Mais il reste vraisemblable que le gros de la pêche illégale échappe à la surveillance d’Interpol et que le chiffre réel se révèle donc très supérieur. En outre, les chercheurs soulignent que, parmi les près de 258 000 navires de pêche en situation régulière recensés, sur tous les océans du globe par la base de données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un peu plus de 4 % seulement sont sous pavillon d’un paradis fiscal. C’est donc la forte propension des armateurs de bateaux aux pratiques illicites à se faire enregistrer dans un Etat à la fiscalité opaque qui, à leurs yeux, pose question.

      S’agissant cette fois de la filière agro-industrielle brésilienne, les chercheurs ont épluché les données publiques de la Banque centrale du Brésil, sur la période d’octobre 2000 à août 2011, date à laquelle elles n’ont plus été accessibles. Ils se sont focalisés sur les neuf plus grandes multinationales intervenant dans le secteur du soja (cultivé dans ce pays sur 35 millions d’hectares) et de la viande bovine (dont le Brésil est le premier exportateur mondial, avec 23 millions de têtes abattues en 2017). Ces deux activités qui parfois gagnent des terrains au prix de brutalité et de destruction d’espaces forestiers, sont en partie liées, les tourteaux de soja servant à nourrir le cheptel.

      Lire aussi : La déforestation de l’Amérique du Sud nourrit les élevages européens

      Il apparaît que 68 % des capitaux étrangers investis dans ces sociétés entre 2000 et 2011, soit 18,4 milliards de dollars (16 milliards d’euros), ont été transférés par le biais d’un ou plusieurs paradis fiscaux, principalement les îles Caïman (Royaume-Uni), les Bahamas et les Antilles néerlandaises. L’article ne cite pas les entreprises concernées, les auteurs voulant pointer l’absence de transparence des réseaux de financement plutôt que montrer du doigt tel ou tel groupe agroalimentaire.

      Quelles conclusions tirer de cette étude ? « Il est impossible d’établir une relation de causalité directe entre paradis fiscaux et dégradation environnementale, conduisant dans un cas à plus de surpêche, dans l’autre à davantage de déforestation, commente Jean-Baptiste Jouffray, doctorant au Stockholm Resilience Centre et cosignataire de la publication. Nous mettons simplement en évidence, pour la première fois dans un article scientifique, un lien entre des pays où les pratiques fiscales sont frappées du sceau du secret et des activités économiques préjudiciables aux écosystèmes. »

      Ce travail, ajoute-t-il, est « un appel à une prise de conscience politique de la nécessité d’ajouter la dimension environnementale aux débats sur les paradis fiscaux ». Les capitaux transitant par ces pays favorisent-ils le prélèvement de ressources naturelles ? Aident-ils à contourner les législations environnementales ? Les pertes de recettes publiques dues à l’évasion fiscale amputent-elles la capacité des Etats à agir pour protéger la nature ? Ces mêmes pertes ne constituent-elles pas des subventions indirectes à des activités nocives pour l’environnement ?

      Autant de questions qui, pour les auteurs de l’étude, doivent être traitées « si l’on veut atteindre les objectifs de développement durables des Nations unies ». Paradis fiscal, enfer écologique ?

  • Réforme européenne du droit d’auteur : la bataille fait rage - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/280818/reforme-europeenne-du-droit-d-auteur-la-bataille-fait-rage

    Cela fait maintenant plus de trois ans et demi qu’une guerre de lobbying d’une rare intensité fait rage au sein des institutions européennes autour d’une réforme de la législation en matière de droit d’auteur.

    Dans un camp, toute l’industrie du cinéma et de la musique ainsi que les principaux grands éditeurs européens se battent pour une version plus répressive du texte, qui imposerait aux plateformes de nouvelles obligations en matière de lutte contre la diffusion de contenus illégaux et à Google de mieux rémunérer les sites de presse.

    Mardi 28 août, ces derniers ont frappé un grand coup en publiant simultanément dans plusieurs dizaines de journaux européens une tribune en faveur d’un « droit voisin » que prévoyait l’article 11 de la réforme. Celui-ci consisterait à ouvrir un droit à rémunération au bénéfice des sites de presse pour avoir le droit d’afficher le moindre extrait d’un article, même si c’est pour en faire la promotion par le biais d’un lien, comme sur Google News par exemple.

    Cette mesure serait pour la presse « une question de vie ou de mort », estiment les 78 journalistes signataires de la tribune publiée mardi. Ce texte, initié par les éditeurs, a été rédigé par le directeur du bureau de l’AFP à Bagdad, Sammy Ketz. Il accuse Google de pratiquer, via Google News, « un siphonnage qui dépouille les médias des recettes auxquelles ils ont droit ». « Il est temps de réagir, conclut Sammy Ketz. Le Parlement européen doit voter massivement en faveur de droits voisins aux entreprises de presse pour que vivent la démocratie et un de ses symboles les plus remarquables : le journalisme. »

    Dans l’autre camp, on trouve les éditeurs de presse indépendants et les associations de défense des libertés numériques, associées pour l’occasion à leurs ennemis jurés, les grandes plateformes du Net, Google en tête. Ceux-ci soulignent tout d’abord que l’article 11 ne s’appliquerait pas qu’à Google mais à tous les internautes et que ce nouveau droit voisin pourrait conduire à créer une « Link Tax », une taxe sur les liens.

    Dans une lettre ouverte envoyée aux institutions européennes en septembre 2017, l’association des éditeurs de presse européens indépendants, l’European Innovative Media Publishers (dont fait partie le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne, le Spil, auquel adhère Mediapart), avait elle aussi pris position contre cet article 11 en soulignant que cette solution avait déjà été appliquée dans certains pays avec des conséquences désastreuses, comme en Espagne où Google a tout simplement décidé de fermer son service Google News en 2014.

    #Copyright #Droit_auteur #Lobbying #Parlement_européen #Julia_Reda

  • Telegram updates desktop app with chat export, night theme
    https://www.omgubuntu.co.uk/2018/08/telegram-updates-desktop-app-with-chat-export-night-theme

    Telegram has updated its mobile and desktop apps with a number of small improvements. Telegram 1.3.13 on desktop gains a new night time theme, options to set notification exceptions, and the long-sought ability to export chat history. The Telegram Passport feature, an identity broker service, is made more secure in this release thanks to “improved password hashing […] This post, Telegram updates desktop app with chat export, night theme, was written by Joey Sneddon and first appeared on OMG! Ubuntu!.

  • La forêt se découpe en silence
    http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/1021-la-foret-se-decoupe-en-silence

    http://labrique.net/images/numeros/numéro55/onf_nina_001_-_illu.jpg

    La découpe forestière et la découpe sociale sont intimement liées. Dans les forêts françaises comme ailleurs, le moteur de la rentabilité est à l’oeuvre. Pour l’Office national des Forêts (ONF), les arbres se font tronçonner au rythme des cours du bois mondialisés, avec la même brutalité que les droits sociaux.

    #En_vedette #Lutte_des_classes

  • Kofi Annan’s Unaccountable Legacy | The New Yorker
    https://www.newyorker.com/news/daily-comment/kofi-annans-unaccountable-legacy

    But, in reality, one of the four cables Annan listed consisted of an alarmingly specific report of preparations for the genocide, sent by his force commander in Kigali, the Canadian General Romeo Dallaire, in January of 1994. Dallaire had heard from a trusted informant on the payroll of Rwanda’s ruling party, who described plans to “provoke a civil war,” and to kill Belgian peacekeepers in order to scuttle the U.N. mission. The informant himself said he was involved in drawing up lists of Tutsis in Kigali, and Dallaire wrote, “He suspects it is for their extermination. Example he gave was that in twenty minutes his personnel could kill up to a thousand Tutsis.” Dallaire asked for permission to act on this information by raiding and seizing illegal arms caches. Annan’s office replied at once, in a cable under his name, and signed by his deputy, telling Dallaire not to act but, rather, to follow diplomatic protocol and share his information with Rwanda’s President—the head of the party that Dallaire wanted to act against. Three months later, in April of 1994, everything that Dallaire described in his warning took place, and in the course of a hundred days around a million Tutsis were massacred.

    Avec une réaction publique d’Alex Robin sur FB que je réprcute ici :

    Gourevitch est connu pour être un intime de Albright ( étant de la famille de Rubin) et de Kagame, ce qui fait qu’il répercute la version de ce dernier. Mais la validité du fax de Dallaire dont il fait état dans cet article a été mise en doute au TPIR parce qu’il s’est avéré que l’informateur travaillait pour le FPR. Et ce que ne dit pas Gourevitch est que le FPR trafiquait aussi beaucoup d’armes de son côté, du coup une intervention de désarmement ne pouvait pas se faire seulement contre un camp, et c’est probablement ce qui faisait hésiter Annan car la MNIUAR était déjà accusée d’être pro-FPR sur place, notamment du fait qu’elle avait fermé les yeux en arrivant, sur un massacre d’élus hutu perpétré par le FPR en novembre 93, ce que Dallaire reconnaîtra plus tard au TPIR ( comme cela est précisé dans l’ouvrage d’André Guichaoua : "Rwanda de la guerre au génocide"). Le fax dont fait état Gourevitch n’a pas été retenu comme un élément de preuve de préparation du génocide, car venant d’un homme pas fiable, et surtout parce que dans la réalité l’assassinat de l’ex président Habyarimana a été déterminant dans la situation qui favorisera le déclenchement du génocide ( même si ce n’est pas le seul élément). Et cet attentat il apparaît de plus en plus clairement qu’il a été commandité par ...Kagamé...Pour recouper ce qui s’est dit au TPIR sur le fax de Dallaire dont parle Gourevitch, on peut lire ce qu’en dit le chef des enquêteurs de la MINUAR sous les ordres de Dallaire à l’époque : Amadou Dème, in "Rwanda 1994 et l’échec des Nationes Unies" ( Le nègre éditeur) : "En janvier 94 un certain “Jean Pierre” de fait Abukar Turatsinze, qui était en relation avec Twagiramungu (opposant hutu à Habyarimana), nous contacta, comme quoi il faisait de la formation militaire de haut niveau pour Ngirumpatse le secrétaire général du MRND et qu’il avait des infos importantes à nous confier, en échange d’une aide pour lui et sa famille pour une installation à l’étranger. Pris en charge par Luc Marchal, Frank Clays et moi même, à la demande de Dallaire qui prenait ça très au sérieux, nous l’avons auditionné. Il disait que le parti MRND était prêt à fournir les milices pour tuer des milliers de Tutsis chaque 20’, qu’une de leur cible était les Belges etc. Et pour prouver sa bonne fois, qu’il pouvait nous révéler les caches d’armes du parti...Dallaire était chaud pour intervenir contre ces caches, mais le DOMP (Direction des Opérations de Maintien de la Paix) à l’ONU lui ont demander de ne pas faire un scandale et d’en référer avec le RSSG (Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU : Mr Booh Booh, le « chef » politique Dallaire étant le chef militaire) aux autorités, à savoir le président, interlocuteur des accords...
    pendant ce temps avec Frank et JP nous allâmes vérifier une des caches dont il nous parlait. C’était au siège du MRND, où nous pûmes entrer sans difficulté. Dans une petite pièce on a vu trois caisses d’AK 47, sans les munitions, et une caisse de grenades...j’étais déçu. En plus on apprit que JP n’était pas un membre de la GP, mais un chauffeur du MRND, licencié, et qu’il faisait des petits trafics...Il nous montrera ensuite des lieux qui étaient sensés être des planques, mais en nous disant qu’on ne pouvait y aller...Puis Frank me fit remarquer que Karake du FPR et lui se connaissaient très bien...
    On a attiré mon attention ensuite sur le fait que tout cela avait été organisé avec Charles Ntazinda, le voisin de Jean Pierre, conseiller du ministère des Affaires étrangères ( qui était proche du FPR...) " p. 105. Par ailleurs Dallaire lui-même n’excluait pas que les infos de "Jean Pierre" puisse relever de la manip, comme il le rappelle dans son livre, ( "J’ai serré la main du diable") : "J’avais besoin que New York prenne conscience d’une chose : bien que désirant faire diligence, je n’étais aveuglé au point de ne pas entrevoir la possibilité d’un piège bien orchestré qui ferait passer les forces de la MINUAR à l’offensive et compromettrait notre rôle de gardien d’une paix bien fragile ;" ( p. 199.)

    #rwanda #génocide #massacre #onu #kofi_annan

  • Le CEDETIM salue la mémoire de Samir Amin 

    Samir Amin (1931-2018), d’ascendance égyptienne et française, africain de cœur et de tous les tiers-mondes, militant altermondialiste de tous les combats contre l’impérialisme et les inégalités.
    Il restera évidemment le théoricien du développement inégal. Une explication du monde, de la persistance et du développement des inégalité structurelles dans le système-monde entre le « centre » et les « périphéries », qu’il a développé dans ses ouvrages des années 1970, comme L’accumulation à l’échelle mondiale (1970), Le développement inégal (1973), la crise de l’impérialisme (avec A. Faire, M. Hussein et G. Massiah, en 1975), et surtout L’impérialisme et le développement inégal, (aux éditions de Minuit en 1976). Le « tiers-monde » post-colonial n’est pas sous-développé, il est intégré de force au monde capitaliste , dans un système structurellement inégalitaire de développement du sous-développement. Samir Amin participera au renouvellement du marxisme et explorera des voies qui permettent de comprendre l’évolution du monde et de sa transformation. 

    Comment rompre cet engrenage ? C’est l’objet de La déconnexion : pour sortir du système mondial publié en 1986 à La découverte. Mais la chute du bloc soviétique n’a fait que renforcer ce système qui, pour lui est caractérisé par l’extrême centralisation du pouvoir dans toutes ses dimensions, locales et internationales, économiques, politiques et militaires, sociales et culturelles. Certes certains grands pays « émergent », et les rapports de forces se modifient, mais partout se creusent les inégalités, le processus de prolétarisation généralisée et s’aggravent les risques de la crise économique social et écologique constatait-il, en aout 2017 (Pour une internationale des peuples, 16 aout 2017)

    Il ne faut pas oublier que Samir Amin a aussi beaucoup étudié les sociétés et économies du Maghreb, d’Afrique occidentale, d’Egypte, à partir de son premier livre, L’Egypte nassérienne (publié aux Editions de Minuit en 1964). Il a livré quelques analyses historiques et politiques lumineuses comme, La nation arabe, nationalisme et luttes de classes, aux Editions de Minuit, 1976.

    Militant autant qu’analyste ou théoricien, Samir Amin n’a jamais cessé de proposer, d’enseigner et d’agir. De 1970 à 1980, il dirige l’IDEP (Institut Africain de Développement Economique et de planification) ; il en fait un lieu d’excellence de la recherche africaine en économie politique et un accueil et un refuge pour les intellectuels africains engagés. En 1975 il a été parmi les fondateurs du Forum du Tiers Monde à Dakar.

    Il contribue aux travaux du CETRI (Centre Tricontinental), basé à Louvain-la-Neuve (Belgique) et animé par François Houtart (1925-2017), avec qui en 1996 il fonde le Forum Mondial des Alternatives, basé au Caire. Ce forum sera en 1999 à l’origine d’une initiative Anti-Davos, prélude à ce qui deviendra lors de sa première édition à Porto Alegre en 2001 le Forum social mondial, et bien entendu Samir Amin participera activement aux FSM suivants. Il sera aussi le président du Centre d’Etudes Africaines et Arabes du Caire, correspondant du Forum du tiers Monde de Dakar.

    Il écrit des projets et manifestes, après la chute du bloc soviétique sa Critique de l’air du temps en 1997,(à l’occasion du 150ème anniversaire du manifeste communiste) Pour la Cinquième Internationale, (éditions Le Temps des cerises 2006)., Ses interprétations de la géopolitique, ces propositions font débat dans le monde des militants altermondialistes. 

    Les mouvements de contestation au XXIe siècle et singulièrement ceux du printemps arabe de 2011 l’interpelle ( Monde arabe : le printemps des peuples ? Le Temps des cerises, 2011), L’Implosion du capitalisme contemporain. Automne du capitalisme, printemps des peuples ? Éditions Delga, 2012).

    Jusqu’au bout il participera (en 2018 de Salvador de Bahia à Zagreb) à des débats et initiatives militantes, ne refusant jamais discussion ou polémique, exprimant toujours sa solidarité, tout en poursuivant études et réflexions. Il appelait quelques mois avant de nous quitter à la nécessaire mise en route de la construction d’une nouvelle Internationale des travailleurs et des peuples.

    Samir Amin, notre camarade, a accompagné le CEDETIM depuis sa création, en lien avec un des groupes qui a participé à son lancement, en 1965 à Dakar. Depuis, il a toujours participé aux débats contradictoires qui ont traversé les mouvements porteurs des luttes anti-impérialistes avec le souci constant de l’émancipation, de la libération des peuples et de la solidarité internationaliste. 

    #Marxisme #Samir_Amin #Développement_inégal #Mondialisation

  • A Bure comme ailleurs, les autorités ciblent l’autodéfense juridique
    https://archive.org/details/Autorites_ciblent_autodefense_juridique

    Article de christophe Gueugneau et Jade Lindgaard paru sur Mediapart 21 juillet 2018 À la suite d’une vague de perquisitions et de gardes à vue le 20 juin, y compris de l’avocat des anti-Cigéo Étienne Ambroselli, six personnes ont été mises en examen pour association de malfaiteurs....This item has files of the following types : Archive BitTorrent, Columbia Peaks, Item Tile, JPEG, JPEG Thumb, Metadata, Ogg Vorbis, PNG, Spectrogram, VBR MP3, Windows Media Audio

    #audio/opensource_audio #Antirep_repression
    https://archive.org/download/Autorites_ciblent_autodefense_juridique/format=VBR+MP3&ignore=x.mp3

  • La #mer_Caspienne au cœur d’un accord historique
    https://www.lemonde.fr/international/article/2018/08/12/la-mer-caspienne-au-c-ur-d-un-accord-historique_5341696_3210.html

    C’est l’épilogue de plus de vingt ans d’éprouvantes négociations avec pour enjeux pétrole, gaz et caviar. Les chefs d’Etat de la Russie, de l’Iran, du Kazakhstan, de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan ont signé dimanche 12 août un accord historique définissant le statut de la mer Caspienne.

    Réunis dans le port kazakh d’Aktaou, les cinq pays qui bordent la Caspienne se sont mis d’accord sur le statut de cette étendue d’eau, en plein vide juridique depuis la dissolution de l’Union soviétique.

    Le nouvel accord ne devrait pas mettre fin à toutes les disputes qui touchent à cette mer fermée, la plus grande du monde. Il devrait néanmoins aider à apaiser les tensions existant de longue date dans la région, qui recèle de vastes réserves d’hydrocarbures, estimées à près de 50 milliards de barils de pétrole et près de 300 000 milliards m3 de gaz naturel.

    « Nous pouvons dire qu’un consensus sur le statut de la mer a été difficile à atteindre et qu’il a pris du temps, les pourparlers se sont échelonnés sur vingt ans et ont nécessité des efforts importants et conjoints des parties impliquées », avait plus tôt déclaré le président kazakh et hôte de la cérémonie, Noursoultan Nazarbaïev.

    Le président russe, Vladimir Poutine, a salué une convention dont la « signification fera époque » et plaidé pour une plus grande coopération militaire pour les pays de la mer Caspienne.

    Selon le Kremlin, l’accord préserve la plus grande partie de la Caspienne en tant que zone partagée, mais partage entre les cinq pays les fonds marins et les ressources sous-marines. Selon le vice-ministre russe des affaires étrangères, Grigori Karassine, la Caspienne bénéficiera d’un « statut légal spécial » : ni mer, ni lac, qui ont tous deux leur propre législation en droit international.

    #ni_mer_ni_lac

    • En tant qu’anciens maîtres de la Caspienne, la Russie et l’Iran pourraient être les grands perdants de cet accord historique.

      Si la Russie a dû céder sur un certain nombre de sujets, « elle gagne des bons points pour avoir fait sortir une situation de l’impasse » et renforcé son image de pays producteur d’accords diplomatiques, relève John Roberts, analyste collaborant avec l’Atlantic Council. De plus, l’accord devrait asseoir la prédominance militaire russe dans la région en interdisant à des pays tiers de disposer de bases militaires sur la Caspienne.

      L’Iran, pour sa part, pourrait profiter de la clarté apportée par le texte pour lancer des projets communs avec l’Azerbaïdjan. La République islamique a eu recours par le passé à des manœuvres navales hostiles pour défendre ses prétentions dans la Caspienne.

      Au-delà des considérations économiques et militaires, l’accord donne espoir pour la préservation de la diversité écologique de la région. Les populations de béluga, dont les œufs sont appréciés dans le monde entier en tant que caviar, pourront désormais se multiplier grâce à un « régime de quotas clair et commun pour les eaux de la Caspienne », selon M. Roberts.

    • Russia, Iran, and three others agree Caspian status, but not borders | Reuters
      https://www.reuters.com/article/us-kazakhstan-caspian-borders/russia-iran-others-sign-deal-on-caspian-seas-legal-status-idUSKBN1KX0CI

      Iran and four ex-Soviet nations, including Russia, agreed in principle on Sunday how to divide up the potentially huge oil and gas resources of the Caspian Sea, paving way for more energy exploration and pipeline projects.

      However, the delimitation of the seabed - which has caused most disputes - will require additional agreements between littoral nations, Iranian President Hassan Rouhani said.
      […]
      We have established 15-mile-wide territorial waters whose borders become state borders,” Kazakhstan President Nursultan Nazarbayev told a briefing after signing the Caspian convention.

      Adjacent to the territorial waters are 10 miles of fishing water where each state has exclusive fishing rights,” he said.

      Nazarbayev also said the convention explicitly barred any armed presence on the Caspian Sea other than that of the littoral states.

    • Version Bloomberg (dont l’essentiel des remarques est fait avant le sommet…)

      Caspian Sea Breakthrough Treaty Set to Boost Oil, Pipeline Plans - Bloomberg
      https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-08-12/caspian-sea-breakthrough-treaty-set-to-boost-oil-pipeline-plans

      The treaty ends a spat over whether the Caspian is a sea or a lake, granting it special legal status and clarifying the maritime boundaries of each surrounding country. It also allows each to lay pipelines offshore with consent only from the neighboring states affected, rather than from all Caspian Sea nations.
      […]
      Further talks will be needed to provide full legal clarity on the boundaries of the division and future rights to either contested or undiscovered fields,” [Eurasia Group analyst Zachary] Witlin said in a research note before the summit.

      The new agreement states that the development of seabed reserves will be regulated by separate deals between Caspian nations, in line with international law. This essentially cements the current situation, since countries such as Kazakhstan and Russia already have bilateral accords on joint projects.

  • #métaliste sur les #statistiques des enfants réfugiés dits « disparus » en Europe

    –—

    Fil de discussion sur les 10’000 disparitions de MNA, chiffre qui avait été publié par #Europol et que j’avais décortiqué.
    Le fil de discussion ci-dessous commence d’ailleurs avec mon article publié dans @vivre :
    Disparition de mineurs : la responsabilité de l’Europe
    https://seenthis.net/messages/690142

    #MNA #mineurs_non_accompagnés #asile #migrations #disparition #France #réfugiés #disparitions #enfants #enfance #chiffres

    cc @isskein

    Plus de matériel sur seenthis, avec les mots-clé #disparition #MNA #réfugiés :
    https://seenthis.net/recherche?recherche=%23disparition+%23MNA+%23r%C3%A9fugi%C3%A9s

  • On a déjà parlé ici de This is America, par Childish Gambino :
    https://seenthis.net/messages/692466

    https://www.youtube.com/watch?v=VYOjWnS4cMY

    Quelques articles soulignent qu’il s’était en partie inspiré d’un autre titre :

    Et si « This is America » était un plagiat ?
    Elisabeth Debourse, Paris Match, le 26 juin 2018
    https://parismatch.be/culture/musique/152805/childish-gambino-et-si-this-is-america-etait-un-plagiat

    Jase Harley - American Pharaoh :
    https://www.youtube.com/watch?v=QBEIDB0V4aI

    Des artistes du monde entier en font leurs versions. On a déjà parlé ici de This is Iraq, par I-NZ :
    https://seenthis.net/messages/709164

    https://www.youtube.com/watch?v=fvxZLKtkgiM

    Mais aussi, parmi d’autres :

    Falz - This is Nigeria :
    https://www.youtube.com/watch?v=UW_xEqCWrm0

    ZEF - This is France :
    https://www.youtube.com/watch?v=JTNmU7lnVC0

    #Musique #Musique_et_politique #rap #Childish_Gambino #This_is_America #Irak #Nigeria #France

    • La réponse de l’autre pour l’inspiration :

      Je suis extrêmement honoré d’être reconnu et considéré comme l’une des inspirations originales de l’une des plus importantes œuvres musicales et d’art visuel de notre époque. Ne laissez pas cette controverse diluer le message que moi-même et Childish Gambino tentons de faire passer. Nous parlons des injustices que nous avons endurées et il a contribué à fournir une plateforme pour que toutes nos voix soient entendues. Ne le discréditez pas pour ça ! L’attention devrait être concentrée sur le fait de changer nos communautés et bâtir l’égalité. C’est plus important que moi et lui et plus important que la musique.

  • Silicon Valley tech giants team up to destroy Infowars and silence Alex Jones (Video)
    http://theduran.com/silicon-valley-tech-giants-team-up-to-destroy-infowars-and-silence-alex-jo

    UPDATE: YouTube is now joining in on the censorship action, permanently shutting down the popular Alex Jones – Infowars channel. This is a despicable display of collusion to shut down opposing viewpoints.

    Il y a comme un air de 1er amendement qui ne serait pas si important que ça... Encore quelques jours, et on va découvrir que les armes à feu vont être interdites aux US ?...

    #hypocrisie #censure #gafam

  • Fiction : la ville de demain
    https://archive.org/details/MAGLIBLaVilleDeDemain20180626

    Imaginons la ville de demain....This item has files of the following types: Archive BitTorrent, Columbia Peaks, JPEG Thumb, Metadata, Ogg Vorbis, PNG, Spectrogram, VBR MP3

    #audio/opensource_audio #radio,_fiction,_ville,_ville_de_demain,_ville_intelligente
    https://archive.org/download/MAGLIBLaVilleDeDemain20180626/format=VBR+MP3&ignore=x.mp3

  • Donald Trump admet que son fils a rencontré une Russe pour obtenir des informations sur Hillary Clinton
    https://www.lemonde.fr/donald-trump/article/2018/08/06/donald-trump-admet-que-son-fils-a-rencontre-une-russe-pour-obtenir-des-infor

    S’il évoque clairement, pour la première fois, le motif de cette réunion, le président américain affirme que celui-ci était « totalement légal ».

    Lorsqu’un intermédiaire lui avait promis des informations compromettantes supposées émaner du gouvernement russe sur la candidate démocrate à la présidentielle de 2016, Hillary Clinton, son fils Donald Trump Junior avait accepté avec enthousiasme de rencontrer l’avocate russe Natalia Veselnitskaya, qui a nié par la suite avoir des liens avec le Kremlin.

    Le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, et son directeur de campagne de l’époque, Paul Manafort, actuellement poursuivi pour fraude fiscale et blanchiment d’argent, étaient également présents lors cette rencontre.

    le tweet,… (le croisillon est de moi)

    @realDonaldTrump
    #Fake_News reporting, a complete fabrication, that I am concerned about the meeting my wonderful son, Donald, had in Trump Tower. This was a meeting to get information on an opponent, totally legal and done all the time in politics - and it went nowhere. I did not know about it!

    #encore_un_coup_des_Russes :-D

    De fait, on ne voit pas en quoi une telle rencontre trois mois avant l’élection, à laquelle participe son fils et son directeur de campagne, pourrait concerner le candidat en quoi que ce soit…

  • L’homme au goulot entre les dents
    le fil twitter de la conférence de Mathilde Larrere sur une #histoire #politique et #sociale de la #consommation de l’#alcool 19e-20e siècle
    https://twitter.com/LarrereMathilde/status/1023623674711207936

    Sachez-le : 19e siècle est le siècle de démocratisation de la boisson alcoolisée ! Sacrée descente nos ancêtres : en 1900 les Français boivent en moyenne 162 litres de vin par an, et presque 5 litres d’alcool fort ; champion du monde qu’on était !

    Dans les pays de bière, ça y va aussi, 337 litres de bière en moyenne par Lillois/an.

    Et à chaque fois on compte tous les Français ! même les enfants (lesquels buvaient aussi, mais moins que leurs parents), même les femmes (qui elles aussi buvaient moins). Donc la consommation d’un homme adulte… comment dire…

    À titre de comparaison, aujourd’hui c’est 44 litres de vin /an/habitants. (en 1830 ça tournait autour de 70 litres de vin)

    Ce qui change au cours du 19e c’est que la consommation d’alcool qui au début était surtout le fait des classes les plus riches devient une pratique quotidienne des classes populaires, urbaines comme rurales. Une raison à cela, l’alcool avant, était cher !

    Or justement, ce qui change dans la deuxième moitié du 19e sc, c’est que le prix de l’alcool chute, et ce pour plusieurs raisons

    Déjà parce qu’on en produit plus ! c’est d’abord le fait de la spécialisation agricole. Pour faire vite, jusqu’au milieu du 19e, on pratiquait dans toutes les régions la polyculture vivrière. Mais avec le développement des transports (train, eau), on peut spécialiser.

    Or autant les petites vignes disséminées un peu partout ne produisaient pas beaucoup, autant quand on commence à faire des mers de vigne comme dans l’Hérault ou le Beaujolais, ça fait beaucoup plus de litres !

    Évidemment ça pose aussi des problèmes de maladies de la vigne (oïdum (1845), Mildiou (1878) et la grosse catastrophe le phylloxéra 80ies) et de surproduction. Sans compter que c’est longtemps resté de la piquette.

    Autre effet induit de la spécialisation agricole, la production de cidre. On en faisait pas trop avant… on préférait des champs de blé à des vergers de pommiers. Mais une fois que l’ouest devient une terre d’élevage, hop, on plante des arbres.

    S’imposent alors les paysages que l’on connait, herbe-pommiers-vaches (en plus ça marche bien ensemble, les pommiers assurent l’humidité des sols pour que l’herbe pousse et la vache bouffe l’herbe et s’abrite du soleil)

    En conséquence, le cidre qui était avant une boisson assez rare, une boisson de roi (François 1er, Louis XV connus comme consommateurs c’est peut-être pour ça qu’on en boit avec la galette des Rois ? ), se démocratise (du moins dans les régions productrices, on peine à le conserver)

    On produit plus d’alcool aussi parce qu’on se met à en produire de façon industrielle, ce que diverses avancées techniques sur la fermentation et la distillation permettent

    Si l’on sait brasser la bière depuis 4000 ans av. J.-C., la production industrielle date du 19e grâce à des progrès scientifiques (à nouveau, maitrise de la fermentation)

    C’est net aussi pour les alcools forts. La distillation vient du IIIe siècle, d’Égypte, des Coptes, puis est passée aux Arabes vers 8e-9e sc. d’ailleurs le terme alcool vient de l’hispano-arabe.

    L’alambic est ensuite introduit en Europe, suivant les voies des retours de croisades. le procédé est perfectionné de siècle en siècle et devient courant dans les campagnes :

    les paysans distillaient les fruits invendus de leurs récoltes pour une auto consommation ou une petite commercialisation locale, des distillateurs ambulants parcourant les campagnes (on les appelle les bouilleurs de cru)

    Déjà cette petite production paysanne augmente. Les bouilleurs de cru sont 500 000 au début IIIe répu, 1 M° à la veille de la guerre. mais // se développent des productions industrielles qui là encore bénéficient d’innovations techniques importantes

    Je vous passe les détails, mais nait donc une industrie des alcools distillés à forte concentration de capitaux et de technologie la production explose ! et les grosses boites prennent le pas sur les petits bouilleurs de cru. D’autant que la publicité est mobilisée !

    L’une des industries les plus connues est celle de l’absinthe ! Alcool prisé des peintres et des poètes (on pensera à Rimbaud), particulièrement fort et hallucinogène (en raison d’une substance particulière qu’elle contient)

    On l’appelait la fée verte.

    2e raison à la baisse du prix de l’alcool, la politique fiscale !

    l’alcool échappe de plus en plus à l’impôt.

    Déjà les bouilleurs de cru dont je vous parlais plus haut sont exonérés de taxe.

    C’est leur fameux « privilège »

    ensuite, les taxes indirectes sur les boissons alcoolisées sont progressivement allégées, notamment le fameux octroi qui grevait les produits à l’entrée des villes (et explique qu’il y avait tant de troquets en banlieue)

    en 1897, une loi supprime l’octroi sur les boissons alcoolisées.

    Ajoutez à cela que le discours général sur l’alcool n’était pas négatif. On disait que le vin c’était stimulant, nourrissant, ça fluidifiait le sang.

    La bière, encore mieux, nourrissant, diurétique, limite détox ça fait monter le lait des femmes, cependant que la pub vantait les mille mérites du pastis, du ricard ou autre apéro ou digestifs (d’ailleurs, ça aide à digérer !)

    Et quand en 1897 on a levé les taxes sur les boissons alcoolisées, c’est au motif qu’elles étaient """""hygiéniques"""""". Oui oui oui

    Résultat, les patrons donnaient du vin à leurs salariés, les gamins avaient un coup de gnole dans le biberon et de la bière ou un petit coup de pinard à la cantine !

    Donc, les classes populaires se mettent à boire quotidiennement de l’alcool, du vin ou de la bière en ville (et dans les terres vigneronnes à la campagne), de l’alcool fort à la campagne

    Alors qu’en 1840 Villermé constatait que les ouvriers ne boivent du vin que 2 fois par mois, le lendemain de la paye, fin 19e, la consommation est quotidienne

    On boit d’autant plus que c’est hyper facile de trouver de l’alcool. Y’a des cafés partout ! Car en 1880 une loi très libérale permet la x° des débits de boissons (il suffisait de déclarer !) seuls les condamnés ou les mineurs n’avaient pas le droit d’en ouvrir.

    Ça s’explique entre autres, car les cafés étaient aussi des lieux de sociabilité populaire, de politisation. D’ailleurs, tout bon candidat se devait de payer la tournée x fois pendant la campagne (sinon on parle d’élection sèche, et souvent, le mec, il perd !!)
    Bon, comme la bourgeoisie aime bien marquer sa différence, elle se rabat sur les productions de qualité, d’autant que les AOC ont été inventées Médoc classé en 1855, Côte d’Or en 60 par exemple

    Les inventaires après décès témoignent du fait que la bourgeoisie aime à se constituer de jolies caves de grand cru, ce que ne peuvent s’offrir les classes populaires

    En ville, les bourgeois laissent les estaminets ou les cabarets aux classes populaires et se réfugient dans des cafés chicos, tables de marbre, dorures, miroir, comptoirs en étain et boissons à des prix prohibitifs

    Bon, mais au final, ça faisait que les gens buvaient beaucoup, beaucoup, beaucoup et ça a fini par donner naissance à un mouvement antialcoolique, mais je vous en parlerai plus tard genre un matin pas à l’heure de l’apéro quoi !

    juste une rectification je me suis gourée, désolée, les AOC ne datent pas du 19e, mais du 20 les dates que j’ai données sont celles où les vins ont été classés sorry et merci à @ATERdeLuxe de me le signaler

    • La suite, après l’apéro, bien frappée !

      Longtemps l’homme ivre a suscité l’hilarité indulgente, les poivrots de la littérature étaient plutôt attachants. Trop boire était accepté dans les mœurs quand c’était festif et occasionnel… Et quand cela concernait un homme.

      Mais ce regard tolérant change au cours du 19e. Les imaginaires de l’ivresse joyeuse font place à ceux de l’abrutissement, du danger pour sa santé et pour les autres.

      Les médecins ont joué pour beaucoup. Si longtemps ils ont pu défendre les vertus médicinales des alcools, ils découvrent au 19e les effets physiques négatifs de sa consommation abusive et font entrer l’alcoolisme dans les peurs sanitaires et sociales.

      (j’insiste sur sociales, j’y reviendrai)

      Ce sont les aliénistes (ancêtre des psys pour le dire rapidement) qui les premiers scrutent les effets de l’alcool (on leur envoyait les déliriums trémens) et tirent la sonnette d’alarme

      C’est en 1852 qu’un médecin suédois utilise pour la 1re fois le mot alcoolisme (dans une région ravagée par l’eau-de-vie de patate souvent frelatée qui plus est) Le mot fait son entrée dans les dicos de médecine dans les années 60, au Larousse en 1880

      Les médecins se lancent alors dans des études sur l’alcoolisme, nombreuses thèses, études L’État prend le relai, commence à faire des stats. Les discours inquiets se multiplient, entrent dans la presse

      Particulièrement dans le viseur, les alcools forts et en particulier, « l’alcool qui rend fou » comme on disait, l’absinthe. la fée verte devient le péril vert L’alcool est à la fin du 19 étiqueté comme fléau social majeur

      Mais ce discours vise surtout l’alcoolisme des classes populaires et se teinte d’un profond moralisme. On appelle ça l’#hygiénisme.

      L’alcool est en effet présenté comme un vice des seules classes laborieuses. Comme si les bourgeois ne buvaient pas ! On dit que ça rend l’ouvrier paresseux, turbulent (en gros ils ne bossent pas assez et ils revendiquent, c’est dingue ces ouvriers !!)

      La dénonciation de l’alcoolisme participe donc de la construction de l’image des « classes laborieuses - classes dangereuses » qui sert avant tout à justifier la répression contre les salariés et ouais....

      Fin 19e, vient se greffer une peur nouvelle, celle de la « dégénération de la race » (sic) L’ivrogne ne fait plus seulement peur quand il boit, mais voilà qu’on pense qu’il amoindrit le patrimoine génétique de la Fr

      Et les médecins, hygiénistes, romanciers d’expliquer à l’envie que l’alcoolisme est héréditaire, que l’#alcoolisme des parents prédispose celui des enfants, avec toujours les classes populaires dans le collimateur, ainsi que quelques régions (désolée ami-es breton-nes)

      La grande fresque des Rougon-Macquart de Zola en est la traduction littéraire. L’arbre généalogique de la famille est là pour démontrer le caractère dégénératif L’Assommoir est en cela central, car c’est Le roman de l’hérédité alcoolique.

      La Commune est par ailleurs interprétée par ses opposants comme le déchainement d’ivrognes dégénérés (oui parce que c’est bien connu, les révolutionnaires sont des ivrognes, ben voyons, ça permet de nier le contenu politique et social). Y’a qu’à lire Maxime Du Camp

      À la fin du siècle, dans un contexte de peur de la dépopulation française face à la chute de la natalité, l’hygiénisme social prend une ampleur énorme sous la IIIe République

      d’autant plus que ça permet de ne se préoccuper guère de régler les problèmes de la condition ouvrière (faiblesse des salaires, logements insalubres, temps de travail, absence de droits) en préférant charger l’alcoolisme de tous les torts

      Dans le même état d’esprit, on s’en prend aux cafés ouvriers au motif qu’ils favorisent l’alcoolisme, ce alors que pour le patron, le principal tord du café était d’être le lieu où on préparait les grèves !

      donc on assiste à la naissance d’un anti alcoolisme qui vient de l’élite, avec un regard mi-paternaliste et moralisateur, mi-dégouté et toujours dénonciateur sur la seule classe ouv

      Des associations anti alcooliques voient le jour à partir de 1871, par ex la Société française de Tempérance puis en 1897 l’Union française antialcoolique (UFA) qui devient un mouvement important. 351 membres à sa fondation, 41 000 membres 8 ans plus tard

      Qui plus est, les Églises s’engagent à fond dans la lutte anti alcoolique : catholiques, mais aussi protestante et les juives

      Ce sont d’ailleurs les protestants qui créent la 1re association d’ancien buveurs, ancêtre des AA, en Suisse en 77, puis dans le Doubs en 83, puis partout en F : La Croix bleue

      Les cathos au début ne sont pas très présents, même si certains curés voient bien que l’un des moyens de ramener les gens à la messe est d’attaquer le cabaret !

      Mais sous l’influence du pape Léon XIII, les évêques de France s’engagent au tournant des deux siècles et fondent… ce qui devient la ligue de la Croix blanche en 1901

      Les adhésions augmentent, car le pape a concédé des indulgences (rémissions partielles de la peine temporelle) aux adhérents (indulgence plénière pour chaque adhésion, partielle pour bonne action (300 jour si on a arraché qq un à l’alcool, 60 jours si on a fait adhérer quelqu’un)

      La croix blanche compte 25 000 membres en 1914. surtout des femmes et des enfants ! et des curés bien sur (le vin de messe étant le seul autorisé faut pas déconner !)

      Les associations se divisent entre celles qui prônent la tempérance et celles qui prônent l’abstinence ; modération ou prohibition la tendance mondiale est plutôt à l’augmentation des abstinents, mais pas en France qui préfère la tempérance

      Ça s’explique en partie, car ce sont surtout les cathos et protestants qui sont pour l’abstinence. Or dans un pays alors anticlérical et avec un poids important des viticulteurs comme le nôtre, ça ne passe pas !

      les anti alcooliques n’ont pas bonne presse en général en Fr… on les appelle les « buveurs d’eau », on les brosse sous les traits de coincés, sans chaleur, limite anormaux

      Notons aussi la naissance aussi d’un antialcoolisme ouvrier. Discours qui dit que l’ouvrier doit s’affranchir de l’alcool pour préparer la révolution, et qui dénonce même l’alcoolisme comme une stratégie de la bourgeoisie pour avilir et dominer la classe ouv

      En 1899 la lutte anti alcoolique est ainsi intégrée au programme socialiste, Jaurès défendait les lois anti alcool à l’Assemblée. Les anarchistes font aussi entrer l’anti alcoolisme dans leurs pratiques militantes.

      La lutte anti alcoolique a d’abord utilisé la propagande : pièce de théâtre tirée de l’Assommoir, cartes postales ou affiches On diffuse aussi des photos d’organes atrophiés par l’alcool. Une pédagogie de la peur

      L’accent est mis sur l’éducation ! les assos font pression pour que l’État s’investisse Et de fait, l’école est bientôt mobilisée. En 77 le ministre de l’instruction publique autorise les affiches anti alcooliques dans les classes

      Dans le programme officiel de la primaire en 1882 on trouve « enseignement de morale et d’hygiène, Sobriété, tempérance et danger de l’alcool »

      On fait par exemple des dictées de l’Assommoir, des rédactions anti alcooliques (sujet : les méfaits de l’alcool), même des exo de maths !

      Nombreux instit se prennent les parents sur la gueule à cause de ça !

      Pb d’un matraquage anti alcoolique sans finesse, manichéen, qui vise la peur ou la culpabilisation plus que la réflexion et qui énerve plus qu’il ne fonctionne D’ailleurs… la consommation ne baisse pas !

      Autre solution La répression. Dans les cités ouvrières paternalistes, le patron ferme le café (faut dire, on y fomentait les grèves aussi comme je vous le disais plut haut !!!)

      Évidemment les anti alcooliques voudraient que l’État s’engage plus, légifère, qu’il ferme les débits de boissons, revienne sur le privilège des bouilleurs de cru, augmente les taxes, interdise l’absinthe

      Pb : ce sont des politiques impopulaires, et on les paye dans les urnes. Ça fait réfléchir à deux fois un député ! Dans certaines régions, 1 électeur sur 5 est bouilleur de cru !

      Donc la tendance est à l’inverse on l’a vu, à lever les taxes sur la consommation ou la commercialisation de l’alcool, à libéraliser l’ouverture des débits de boisson

      Tout au plus, une loi interdit d’ouvrir un café près d’une école, d’une caserne ou d’un hosto. Mais bon, localement, les maires ferment l’œil, car il n’est jamais très malin de s’affronter au bistrotier du coin.

      Pour s’organiser, les anti alcooliques parviennent à se faire élire par endroit, ou à convaincre des députés Ils arrivent à former un groupe anti alcool à la chambre, trans-partisan (on a Jaurès, ou Vailland, socialistes, Siegfried ou Rouvier (droite)

      Mais les projets se succèdent sans jamais aboutir la presse titre « l’urne s’incline devant le broc ». un journal, moqueur, propose que l’on remplace Marianne par des alambics dans les mairies

      Finalement, c’est la guerre qui fait coupure. Les anti alcooliques font de leur cause une cause patriotique et profitent de la désorganisation des lobbys alcooliers pour faire passer la législation qu’ils défendaient

      l’alcool devient un ennemi de l’intérieur. Les mesures anti alcoolique se succèdent Interdiction de l’absinthe en 1915 janvier 16 : fin du privilège des bouilleurs de cru. 1917 : loi sur le délit d’ivresse

      En attendant, comme quoi on n’était pas à un paradoxe prêt, on abreuve les soldats de pinard ! même en eau de vie ! pour lutter contre peur, froid, pour qu’ils montent au front…

      y’a un bon article du @mdiplo la dessus
      https://www.monde-diplomatique.fr/2016/08/LUCAND/56091

      Au final, en 1918, la consommation d’alcool fin GG = celle de la monarchie de juillet (du moins officiellement) et le nombre de débits a été divisé par 2. Mais les soldats ont pris encore plus l’habitude de picoler au front…

      Globalement, ce sont surtout les alcools forts qui en ont fait les frais à la différence du vin, jugé père de la victoire,

      Le privilège des bouilleurs de cru est d’ailleurs rétabli en 23 pour les distillations à domicile et pour 10 litres depuis 1959, ce privilège n’est plus transmissible par héritage, et s’éteindra donc au décès des derniers détenteurs.

      Je passe vite sur le 20e siècle… mais la lutte anti alcoolique continue. En 1941, on crée les licences, dont la licence IV sans laquelle un établissement ne peut pas vendre de l’alcool

      cela permet à l’État de contrôler le nombre de débits d’alcool (car le nombre de licences est limité) à 1/450 hab)

      (rappel sous la IIIe république il y avait en Fr un débit de boissons alcoolisées pour 80 habitants)

      En 1956, le vin est supprimé des cantines scolaires (pour les moins de 14 ans. En 1961, l’alcool au travail est interdit. En 1970 on fixe le délit de conduite en état d’ivresse (1,2 g !!! à l’époque).

      En 1983 le taux du délit de conduite en état d’ivresse est abaissé à 0,8g 1984 publicité « un verre, ça va, trois verres bonjour les dégâts »

      La loi Evin de 1990 limite la publicité.

      plusieurs lois dans les années 90 viennent encore lutter contre l’alcool au volant

      les campagnes préventives s’enchainent

      (heu, de fait les zami-es, faut pas conduire quand on est soul)

      Mais en 2011, l’absinthe est à nouveau autorisée, d’autant qu’on avait montré que ce n’était pas l’ "alcool qui rendait fou", mais sa consommation abusive

      L’année dernière j’avais fait à mes étudiants ce cours sur l’alcool et l’alcoolisme, et à la fin, pour marquer le coup vu que ça leur avait plu, ils avaient loué une fontaine à absinthe et on avait fait toute la cérémonie avec modération bien sûr !

    • This is the end, my friends…

      voila c’est fini donc je vous mets un peu de #bibliographie The spécialiste c’est Didier Nourrisson et c’est vachement bien (ce fil est entièrement tiré de son travail)

      après j’ai lu aussi des articles/bouquins plus pointus sur le vin, notamment les grands vins de Serge Wolikoff @serge_wolikow mais je m’en étais plus servi dans le cours que pour ce fil

      J’espère que ça vous a plu et Santé ! Cheers Salude Topa Saha yérêd mât ! skol salut sherefé prost

  • Space in Videos - 2018 - 07 - Earth from Space : #Sharm_El_Sheikh
    http://www.esa.int/spaceinvideos/Videos/2018/07/Earth_from_Space_Sharm_El_Sheikh

    https://www.youtube.com/watch?v=3O8OjBmIBMc

    Earth from Space is presented by Kelsea Brennan-Wessels from the ESA Web TV virtual studios. This week, Sentinel-2 takes us to the famous resort coastal strip on the southern tip of the Sinai Peninsula.

    #Charm_el-Cheikh

    Superbes images, notamment de #Tiran et #Sanafir, les îles – non nommées dans la vidéo - au milieu du détroit de Tiran.

    Mais c’est vrai que la question est réglée…
    https://seenthis.net/messages/610162
    https://seenthis.net/messages/613121
    https://seenthis.net/messages/673888

    ou, un bon résumé, ici
    Deux îlots égyptiens passent officiellement sous souveraineté saoudienne
    http://geopolis.francetvinfo.fr/deux-ilots-egyptiens-passent-officiellement-sous-souverainete-

    C’est désormais officiel : les deux îlots égyptiens Tiran et Sanafir situés à l’entrée du golfe d’Aqaba sont passés sous souveraineté saoudienne. L’annonce en a été faite lors de la visite du prince héritier d’Arabie saoudite au Caire. La décision de « rétrocéder » ces deux îlots inhabités, mais hautement stratégiques sur la mer Rouge, avait suscité la colère de la population égyptienne.

  • Gaza : polémique autour d’un immeuble bombardé par l’armée israélienne
    Par RFI Publié le 16-07-2018 - Un reportage de Hassan Jaber et Guilhem Delteil
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20180716-gaza-immeuble-bombarde-armee-israelienne-polemique-hamas

    Samedi 14 juillet 2018 a eu lieu la plus importante confrontation militaire entre les groupes armés de la bande de Gaza et l’armée israélienne depuis la fin de la dernière guerre qui les a opposés en 2014. La journée fut marquée par des dizaines de bombardements israéliens et plus d’une centaine de tirs de roquettes et d’obus de mortier palestiniens. Parmi les cibles visées par l’armée israélienne un immeuble en construction dans la ville de Gaza. Deux adolescents ont été tués. Le bâtiment est présenté par Israël comme un centre d’entraînement militaire du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle l’enclave palestinienne. Mais à Gaza, ces accusations sont rejetées.

    Ahmad Halis fouille les décombres de l’immeuble dont il avait la garde. A ses côtés, son collègue, Fouad Limzini, sort de sa poche un morceau d’objet calciné. « C’est un bout de l’obus qui a touché le bâtiment », assure-t-il.

    Cet immeuble encore en construction dépend de la prison voisine, dit Fouad Limzini. Et il se veut catégorique : ce n’était pas un centre d’entraînement du mouvement islamiste au pouvoir à Gaza.

    « Le Hamas n’est pas présent ici. Quand nous voyons qui que ce soit du Hamas, nous lui disons de partir. Il n’est pas autorisé à être là. »

    Daoud Shehab, le porte-parole du Jihad islamique, deuxième groupe armé de la bande de Gaza et allié du Hamas, réfute également les accusations israéliennes.

    L’idée que ce bâtiment situé à proximité de ministères et de trois universités puisse être un terrain d’entraînement militaire fait même rire Daoud Shehab.

    « C’est un lieu très central : des milliers de personnes passent autour de cet immeuble tous les jours. Si vous emmenez votre dulcinée là-bas pour l’embrasser, tout Gaza vous verra ! » (...)

    • Israel First Country to Kill Children using US-made F35 Fighters
      July 16, 2018 9:49 PM
      http://imemc.org/article/israel-first-country-to-kill-children-using-us-made-f35-fighters

      According to Days of Palestine, the Israeli occupation state is the first country to use the US-made F-35 fighter jet to kill people –two innocent Palestinian children in Gaza Strip.

      While America and the rest of the world’s attention was focused on the Wold Cup, Wimbledon, Trump’s visit to England, and the Stormy Daniels story, Israel unleashed the heaviest air strikes since 2014, on the besieged Gaza Strip.

      This makes Israel the first country in the world to use the new US-made F-35 fighter jets to kill people.

      Last week, the Israeli air forces also used the F-35 fighter jets to fly over Beirut, Lebanon and bombard targets inside Syria.

      According to the Palestinian Ministry of Health, Israeli airstrikes, on Saturday, injured hundreds of civilians, killing two Palestinian boys Louay Khoheel , aged 16, and Amir al-Namara , also 16, who were at a public park next to an unfinished building.

      A few hours later, Amir and Louay’s parents visited the morgue to claim their bodies.

      Mahmoud el-Yousseph is a retired USAF veteran from Westerville, Ohio.

  • #Grèce. Victoire pour des cueilleurs de fraises victimes de #traite, contraints au #travail_forcé et visés par des tirs

    Après la victoire remportée à la Cour européenne des droits de l’homme aujourd’hui, jeudi 30 mars, par un groupe d’ouvriers bangladais, employés à la cueillette des fraises, sur lesquels leurs employeurs avaient ouvert le feu parce qu’ils réclamaient le versement de leurs salaires impayés, la directrice adjointe du programme Europe d’Amnesty International, Gauri van Gulik, a déclaré :

    « La décision rendue aujourd’hui est importante pour ces personnes et pour leur famille en ce qu’elle reconnaît la légitimité de leur action. Elle contribuera, nous l’espérons, à prévenir de futures atteintes aux droits fondamentaux. »

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2017/03/greece-victory-for-strawberry-pickers-trafficked-into-forced-labour-and-sho

    –-> c’était mars 2017. Signalé par @isskein via la mailing-list Migreurop

    #exploitation #travail #fraises #traite_d'être_humains #esclavage_moderne #migrations #agriculture

    • Sur le même sujet, dans le New York Times...

      Greek Foremen Sought in Attack on Migrant Workers

      The police in the southern Peloponnese region of Greece on Thursday were seeking three supervisors of a strawberry farm accused of firing on a large group of Bangladeshi workers who had demanded unpaid wages, wounding 28.

      http://www.nytimes.com/2013/04/19/world/europe/greek-foremen-sought-in-attack-on-bangladeshi-migrant-workers.html?ref=worl

      Avec la photo d’un ami photographe grec, Giorgos Moutafis :

    • Fraises de saison

      Notre société émiettée, et sur la voie étroite de l’anthropophagie structurelle et structurante, remplira bientôt tous les critères de l’âge nouveau. C’est ainsi qu’à Manolada dans le Péloponnèse, des immigrés travaillant dans la production de la fraise... décidément de saison, qui ont osé réclamer leurs salaires impayés depuis six moins à leur patron néo-esclavagiste, ont été blessés, dont quatre grièvement. Les faits se sont déroulés mercredi 17 avril au soir, lorsque des hommes armés et chargés de superviser le travail des immigrés, ont ouvert le feu sur ces derniers. Les surveillants, ont utilisé des carabines pour disperser les travailleurs immigrés, deux cent personnes environ ainsi rassemblés réclamant leurs soldes. Temps de crise, aussi vécu et pratiqué via ses... authentiques rapports entre le capital et le travail, en passant par le racisme récurent, ce dernier, notons-le, n’aura pas attendu la crise pour agir... comme un grand.

      Car il faut souligner que l’esclavagisme et donc le racisme ordinaire ne sont pas à leurs débuts à Manolada, des faits avérés allant dans ce très mauvais sens, datent déjà de plusieurs années. Depuis jeudi matin, l’affaire de Manolada occupe tous les médias. Il y a eu même des appels, grecs et internationaux, pour enfin boycotter ces “fraises ensanglantées”. D’après le reportage du jour, à travers le quotidien Elefterotypia par exemple, “Des scènes de tentative d’assassinat en masse se sont déroulées mercredi, dans un champ pour esclaves à Manolada, dans la région d’Ilia, lorsque trois surveillants-argousins, pour le compte d’un propriétaire-producteur des fraise de la région, ont ouvert le feu sur des dizaines de travailleurs originaires du Bangladesh, ces derniers, exigeaient le versement de leurs salaires qui n’ont pas été versées depuis de six mois. Au moins 34 travailleurs ont été hospitalisés, tandis que deux hommes ont été arrêtés ce matin dans le village d’Ilia Pineias, pour avoir abrité et ainsi leur fournir une cachette, à deux des gardiens recherchés et auteurs présumés des faits. Sept travailleurs étrangers restent hospitalisés dans les hôpitaux de Pyrgos et de Patras, portant des blessures causées par de coups de feu qui étaient hier, dont un, en état critique mais stable. Trois immigrés légèrement blessés, restent sous observation à l’hôpital universitaire de Patras pour des raisons purement préventives. Ces ouvriers agricoles, n’avaient pas été payés pendant six mois exigé, c’est ainsi qu’ils ont exigé leurs soldes auprès de leur employeur mercredi après-midi, sur le lieu de leur travail, près de la rocade entre Pyrgos et Patras. Mais au lieu d’argent, ils ont essuyé les tirs des fusils de chasse surveillants. Les journalistes de la presse locale ont rapporté que les sommes réclamées par les travailleurs immigrés, iraient de 150.000 à 200.000 euros pour 200 personnes, ou plus exactement, elles correspondent à 750 à 1000 euros par travailleur. Selon un communiqué de la police, le propriétaire de l’exploitation a été arrêté, mais les trois auteurs présumés des coups de feu, lesquels d’après certains témoignages auraient pris la fuite à bord d’un véhicule en direction de Patras, sont toujours recherchés”.

      Pourtant, et dans la capitale certaines facettes de la vie courante trahissent bien cette normalité apparente, présumée précaire ou alors “définitive” d’après les gouvernants, c’est selon ! On remarque aussi, que par ce beau temps, bien que relativement frisquet de ces derniers jours, nos sans-abri, s’absentent parfois de leurs “demeures”, plus souvent qu’autrefois paraît-il. Ce qui est également le cas des petits vendeurs ou des cireurs de chaussures ambulants, disons-nous qu’au moins ces derniers conservent encore un certain statut social... économiquement reconnaissable aux yeux (fatigués) de tous. Puis, c’était à l’entrée du métro Monastiraki ce midi, qu’un nouveau (?) mendiant âgé faisait fuir tous nos regards visiblement gênés : “Au nom de Dieu, pourquoi vous ne m’aidez pas ?” Sans doute, encore “un riche habitant du Sud de l’Europe” qui scandalise tant les éditorialistes de la presse allemande ces derniers jours. Ce qui ne veut pas dire que “nos” classes aisées n’existent plus, bien au contraire. C’est par exemple récemment, lors d’une... expédition ethnographique en voiture dans les quartiers Nord de l’agglomération d’Athènes, c’est un ami venu en visiteur depuis la France qui avait souhaité redécouvrir les endroits de son enfance, que nous avons pu constater combien certaines tavernes résolument estampillées... de la classe moyenne-haute, ne désemplissent pas. L’ironie de l’histoire économique, c’est que devant ces oasis de l’ostentatoire et bien d’autres pratiques diverses et variées, on dénombre une quantité surreprésentée en ces grosses cylindrées de fabrication allemande. Ce qui a changé n’est pas tant la richesse affichée de cette composante (?) de la population que j’estime à environ 20%, mais surtout le fait que cette dernière devient désormais si visible pour cause d’effondrement de l’essentiel de l’immense ex-classe moyenne, “c’est comme du temps de mon enfance, ou comme dans les vieux films du cinéma grec des années 1960”, a fait remarquer mon ami Pavlos de Paris.

      Sur la Place de la Constitution mercredi après-midi, les passants et les animaux profitèrent du soleil ou de l’ombre, tandis qu’à l’intérieur de la station centrale du métro, deux micro-événements ont attiré un peu l’attention des passants : une vente d’objets hétéroclites ainsi que de sucreries, puis une exposition de photos sous le thème des visages humains à travers la ville. Au même moment, dans toutes les facultés du pays c’était un jour de vote, comme à la faculté d’Économie, pour certains étudiants, ce fut l’occasion de manifester également un certain mécontentement légitime, suite à la fermeture du site d’Athens Indymedia. Au centre-ville, on achète encore de la pacotille de Pâques, car Pâques orthodoxe c’est en début mai, on marchande si possible et surtout on compte partout les sous. Les passants, jettent parfois un regard intrigué, aux slogans révélateurs d’un certain temps présent qui s’éternise alors trop et pour cause : “Fuck the police” mais en caractères grecques, une petite bizarrerie pour cette raison précisément, ou encore ce slogan qui se répète parfois : “Le sex et la grève exigent de la durée”, on peut comprendre mais cela ne fait plus tellement rire grand monde désormais ; nous serions en train de perdre notre sens de l’humour (?), voilà ce qui peut être lourd de conséquences !

      Près des Halles d’Athènes, des affiches incitent à manifester, c’est pour le 19 avril, journée d’action et de mobilisation des retraités du pays, dans une marche de protestation qui se veut nationale.

      Sous l’Acropole et ses touristes, et sous certains regards inévitables, comme les fraises et leur saison décidément.


      http://www.greekcrisis.fr/2013/04/Fr0230.html

    • Immigration en Grèce : les damnés du Péloponnèse

      En Grèce, des immigrés clandestins ont trimé dans des champs durant des mois... sans être payés. Leur grève a fini dans un bain de sang, qui a ému l’opinion. Mais, quelques semaines plus tard, leur situation n’a guère changé.

      La balle s’est logée entre deux côtes, à quelques centimètres du coeur. D’un geste pudique, Abdul Rahaer lève un pan de sa chemise pour montrer la plaie. « Elle est entrée si profondément que le chirurgien n’a pu la retirer », murmure-t-il. Son regard file vers les champs de fraises, là où le drame a eu lieu, il y a plus d’un mois : « Je n’arrive toujours pas à croire qu’ils ont tiré sur nous... »

      Venu du Bangladesh, Abdul est entré illégalement en Grèce, comme tous les autres ouvriers migrants qui travaillent dans cette exploitation, située à Nea Manolada, dans l’ouest du Péloponnèse. Pour survivre, il a accepté ce job éreintant : ramasser des fraises cultivées sous des serres immenses huit heures d’affilée par jour.

      La région compte plus d’une centaine de fermes semblables ; plus de 10 000 hectares de cette terre aride et écrasée de soleil sont couverts de fraisiers. L’essentiel de la production est exporté en Russie et dans les pays Baltes. Pour la cueillette, qui s’étire entre janvier et juin, les producteurs font appel à des immigrés clandestins. « Chacun d’entre nous doit remplir 200 cagettes de 1 kilo, raconte Abdul. La chaleur est épuisante et nous sommes constamment courbés en deux. Lorsque nous arrêtons, à 14 heures, nous avons le dos cassé... » Cette main-d’oeuvre docile et corvéable à merci, la plupart des producteurs la rétribue 22 euros la journée par tête de pipe. Tous, sauf Nikos Vangelatos, l’employeur d’Abdul, qui avait décidé de ne pas payer ses ouvriers.

      Leurs témoignages rappelleraient presque l’esclavage de la Grèce antique : « Lorsque nous avons réclamé nos salaires, il nous a demandé d’être patients, raconte Abdul. Nous ne nous sommes pas méfiés. Partout, ici, les fermiers paient avec retard. Les mois ont passé. Nous avions juste le droit d’aller chercher de la nourriture dans un supermarché, une fois par semaine, où Vangelatos disposait d’un crédit. Et encore, c’était le strict nécessaire. A plusieurs reprises, nous sommes revenus à la charge. En vain. »

      Le 17 avril, les forçats de Nea Manolada votent la grève. « Nous avions besoin de cet argent », intervient Rifat. Né à Sylhet, dans le nord du Bangladesh, ce jeune homme de 32 ans illustre le sort de ces milliers de migrants, partis en Europe pour nourrir leur famille. Son père, invalide, ne pouvait plus subvenir aux besoins de ses six enfants. Il vend le champ familial et confie l’argent à son fils aîné. Parti à la fin de 2008, Rifat met un an pour atteindre la Grèce. Arrêté en Iran, il passe six mois dans une cellule sans fenêtre. Une fois libéré, il parvient en Turquie, qu’il traverse dans une cuve de camion-citerne. A Istanbul, il déjoue la surveillance des gardes-frontières grecs qui patrouillent sur le fleuve Evros, lieu de passage privilégié des clandestins. Pris en charge, à Athènes, par des compatriotes bangladais, il trouve un boulot de ferrailleur. Une chance : rares sont les « illégaux » qui parviennent à gagner leur vie dans la cité dévastée par la crise. Durant trois ans, il envoie 200 euros, tous les mois, à ses parents. Jusqu’à l’été dernier, où des policiers l’arrêtent en pleine rue. L’opération « Zeus hospitalier » bat alors son plein.

      Lancée par le gouvernement (centre droit) d’Antonis Samaras, qui veut mettre fin à des années de laxisme en matière d’immigration, elle vise à « nettoyer » les quartiers chauds de la capitale. Chassés, les migrants cherchent partout dans le pays des emplois de fortune. A Nea Manolada, les Bangladais affluent par milliers, car la nouvelle se répand de bouche à oreille : les exploitants agricoles ont besoin d’ouvriers. Rifat tente sa chance. Le jour de son arrivée, il suit les conseils d’un compatriote : « Va chez Vangelatos, il cherche des bras. » Mais il découvre vite à qui il a affaire. « Les contremaîtres nous insultaient sans cesse, raconte-t-il. Nous n’avions pas le droit de prendre de pause. » Jusqu’à ce fameux 17 avril...
      Coups de feu, trois Bangladais s’effondrent. C’est la panique

      La confrontation aurait dû rester pacifique. Mais les grévistes apprennent qu’une poignée de Bangladais a décidé, contre l’avis des autres, d’aller travailler. Les esprits s’échauffent. Les « jaunes » sont bousculés ; des bâtons, brandis. Les contremaîtres interviennent. « Fige re malaka ! [Barrez-vous !] » crient-ils aux mutins. La suite est confuse. L’un des surveillants, surnommé « Kaskadas » en raison de son amour immodéré pour les voitures de sport, va chercher une carabine. Il la braque sur les frondeurs. Coups de feu, trois Bangladais s’effondrent. Une seconde arme surgit, nouvelles détonations. C’est la panique. Profitant du désordre, les contremaîtres prennent la fuite. « Nous les avons cueillis à Amaliada, chez leur avocat, le lendemain matin », précise un officier de police. Dans le camp, c’est le chaos. 35 blessés gisent au sol. L’un d’eux a reçu plus de 40 projectiles sur le torse. Mohamad Hanief filme la scène avec son téléphone. « Pour avoir des preuves », explique-t-il.

      Postées sur Internet, les vidéos suscitent une vague d’émotion sans précédent. A Athènes, des manifestations de soutien sont organisées, tandis qu’un appel à boycotter les « fraises de sang » (#bloodstrawberries) est lancé sur les réseaux sociaux. Deux jours plus tard, le ministre de l’Ordre public et de la Protection du citoyen, Nikos Dendias, se rend sur place. L’affaire tombe mal : le Conseil de l’Europe vient juste de publier un rapport très critique sur l’augmentation des crimes xénophobes en Grèce. Régulièrement épinglé pour violation des droits des migrants, l’Etat grec peine à montrer sa bonne volonté. Le parti néonazi Aube dorée a nié l’existence des chambres à gaz pendant la Seconde Guerre mondiale, sans être inquiété par la justice. Et le projet de loi contre le racisme s’enlise : le texte en est à sa troisième mouture en quatre ans, tant il suscite de vives polémiques... Dendias doit donner des gages aux Européens. Devant les caméras, il promet que les migrants de Nea Manolada ne seront jamais chassés du pays.
      Leur régularisation ? « C’est extrêmement complexe »...

      De belles déclarations... rapidement balayées par le vent sec du Péloponnèse. Depuis que l’émotion médiatique est retombée, plus personne ne se soucie des grévistes de Nea Manolada. Leur régularisation ? « C’est extrêmement complexe », répond-on, un peu gêné, au siège de la Gauche démocratique, à Athènes. Seuls les 35 Bangladais qui ont eu la « chance » d’être blessés ont, à ce jour, reçu un papier officiel. Il y est reconnu qu’ils ont été « victimes d’esclavage », mais ce document n’a aucune valeur juridique. Quant aux autres... « Rien n’est prévu », avoue-t-on au ministère de l’Ordre public et de la Protection du citoyen.

      Fin d’après-midi, au campement des insurgés, trois tentes rudimentaires constituées de bâches et de bambous. Dans l’une d’elles, une dizaine d’hommes dorment sur des cartons. Des vêtements fatigués sèchent sur un fil. Près de l’entrée, sous un auvent, un Bangladais s’active au-dessus d’un fourneau. Sur le sol, posées sur un plastique, des cuisses de poulet dégèlent lentement. « Ce sont les dernières », s’inquiète Salam, l’un des rares, ici, à parler anglais. Quelques jours après le drame, l’ambassadeur du Bangladesh est venu livrer de la nourriture. Il n’en reste plus rien.

      Voilà deux semaines, un homme aux cheveux blancs et à la voix bourrue leur a rendu visite : Dimitri Vamvakas. « Je suis le nouveau patron, je n’ai rien à voir avec l’an-cienne équipe, leur a-t-il dit. Reprenez le travail, je vous promets que vous serez payés. » Mais Salam se méfie : « Et s’il était pire que l’autre ? Et nos salaires ? Ils nous doivent au total 180 000 euros ! »

      Le voici, justement, au volant de son camion, au milieu des serres. Tandis que nous approchons, un gardien, treillis et coupe militaire, surgit à moto. « Vous n’avez rien à faire ici, partez ! » éructe-t-il. Immédiatement, Vamvakas calme le jeu. Il tente un sourire. « Vous voulez des fraises ? Tenez, prenez tous les cageots que vous voulez ! » Puis : « Cette histoire est terrible, mais c’est un cas isolé, prétend-il. Les migrants sont bien traités, car nous avons besoin d’eux. Les Grecs ne veulent pas faire ce travail, ils n’ont plus le goût de l’effort. Quand je pense que je me suis engagé dans la marine à 12 ans... » Va-t-il payer les arriérés de salaires ? Il élude la question, part précipitamment. Avec toutes ces histoires, les fraises sont en train de pourrir, il faut sauver la récolte. « Vangelatos n’est pas un mauvais bougre, lâche-t-il en démarrant son moteur. Mais quand l’équipage commet des erreurs, c’est le capitaine qui trinque. »

      Nea Manolada, vers 22 heures. Des dizaines de Bangladais arpentent la rue principale, sous l’oeil impavide de vieux Grecs attablés. « Pour l’instant, il n’y a jamais eu de heurts entre habitants et migrants, commente Kostas Panagiotopoulos, en dégustant son café frappé. Mais les illégaux affluent sans cesse. Ils sont plus de 5000, alors qu’il n’y a que 2000 postes dans les plantations. La situation risque de devenir explosive. » Peau tannée et regard métal, Kostas possède une petite exploitation de 5 hectares. Il emploie une quinzaine de Bangladais, qu’il appelle tous par leurs prénoms. Et il n’a pas besoin de contremaître pour les gérer. Vangelatos ? « C’est un opportuniste, tranche-t-il. Il s’est fait un nom en vendant des fruits exotiques sur le marché d’Athènes, alors il a voulu se lancer dans la fraise. Il s’est imaginé qu’il suffirait de deux ou trois hommes de main costauds pour faire tourner l’affaire. Quelle erreur ! Les hommes, il faut les gérer, surtout les Bangladais : il y a des clans, des hiérarchies invisibles, de la violence... Ça peut vite dégénérer. Vangelatos s’est fait déborder. Par sa négligence, il a fait du mal à toute la profession. Le cours de la fraise a chuté et de nombreuses commandes ont été annulées. »

      Il faudra du temps pour que la « fraise du Péloponnèse » retrouve grâce aux yeux des consommateurs. D’autant que ce scandale n’est pas le premier, contrairement à ce qu’affirment les producteurs locaux.

      En 2009, un Egyptien avait été traîné sur plusieurs dizaines de mètres, la tête coincée dans la vitre d’une voiture, parce qu’il avait demandé une augmentation de salaire à son patron. Cette affaire avait déjà suscité une vive émotion, avant de sombrer dans l’oubli.

      Retour au camp. Salam prolonge la discussion sous la nuit étoilée. Il n’en peut plus de cette promiscuité. Sa femme, qu’il n’a pas vue depuis cinq ans, menace de divorcer s’il ne rentre pas au pays. Pourquoi rester en Europe s’il n’envoie plus d’argent ? lui demande-t-elle. Mais, un jour prochain, juré, Salam partira d’ici. Il a compris qu’il n’aurait pas de papiers. Clandestin il restera, à la merci de l’Aube dorée et de tous les Vangelatos qui profitent de cette main-d’oeuvre payée au noir. A Thèbes, la récolte des tomates va commencer. Salam va continuer à vivre au rythme des saisons. Il n’a pas d’autre issue. Le piège grec s’est refermé sur lui.


      https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/immigration-en-grece-les-damnes-du-peloponnese_1255380.html
      #migrants_bangladais

    • Bloodstrawberries in #Manolada

      When immigrant workers from Bangladesh demanded their wages after going unpaid for six months, in Manolada, Greece, their supervisors shot at them. Over 20 were injured and had to be treated in hospital.

      x-pressed reports that police are going into the hospital to arrest and deport them, and journalists are being chased off the farm when trying to cover the story.

      The working conditions on the strawberry farm are compared to modern slavery, and it’s not the first time Manolada made the news with violent attacks against non-Greeks: Last year, a man’s head was jammed in the window of a car and he was dragged along for a kilometer as Ekathermini reports.

      Eleftherotypia English quotes Justice Minister Antonis Roupakiotis: “The barbarous attack … conjures up images of a slavery-based South that have no place in our country,”

      This is not my country tracks the violence back to Golden Dawn and their racist and xenophobic politics and actions:

      We have seen the rising xenophobia and racist rhetoric sweeping the country. It has become so commonplace to hear or read about foreigners being “filth”, “sun-human” “invaders”, “scum” that people are seeing them as such. The rise of Chrysi Avgi (Golden Dawn) has given racism and xenophobia a voice. A legitimacy. We have an “MP” that calls immigrants “sub-human” sitting on the Council of Europe’s Anti-discrimination committee !

      For more on this story, see Asteris Masouras Storify and Bloodstrawberries, a blog set up to cover the story. English content will come soon.

      http://intothefire.org/bloodstrawberries

    • Publication de la brochure “L’agriculture, laboratoire d’exploitation des travailleurs migrants”

      La Confédération Paysanne vient de publier, en supplément à son magazine Campagnes Solidaires, une brochure de 28 pages sur le thème des conditions de travail des saisonnier-e-s migrant-e-s dans l’agriculture industrielle en Europe. Réalisée grâce à l’appui de l’association Échanges & Partenariats par les volontaires partis en 2014 et 2015 auprès d’organisations paysannes dans différents pays d’Europe, elle rassemble nos observations et analyses recueillies auprès de travailleur-se-s, paysan-ne-s, militant-e-s syndicaux et associatifs.

      Ces observations dressent un constat alarmant sur les situations que connaissent les migrant-e-s travaillant dans l’agriculture industrielle, où l’exploitation, les atteintes à la dignité, au droit du travail, aux droits de l’homme sont monnaie courante, et s’intensifient avec la généralisation du recours à des intermédiaires : sous-traitants, agences de recrutement, prestataires de services, détachement international de travailleurs…

      La partie finale évoque enfin des pistes d’action pour enrayer ces dynamiques, en s’appuyant sur 10 années de travail de recherche, d’information, de plaidoyer et de mobilisation mené par les organisations membres de la Coordination Européenne Via Campesina et leurs partenaires.

      http://www.agricultures-migrations.org/publication-de-la-brochure-lagriculture-laboratoire-dexploi

      Pour télécharger la #brochure :
      http://www.agricultures-migrations.org/wp-content/uploads/2015/09/brochure.conf-v3.pdf

  • #violences_policieres : La Prefecture Vous Informe !
    https://archive.org/details/ACRIMED_ViolencesPolicieres

    lecture #audio de l’article de Patrick Michel et Pauline Perrenot , paru le 25 juin 2018 sur le site de ACRIMED Des ZAD aux quartiers populaires, des manifestations réprimées aux universités occupées, certains des sujets qui occupent beaucoup de temps d’antenne, d’articles et de dépêches o....This item has files of the following types : Archive BitTorrent, Columbia Peaks, JPEG, JPEG Thumb, Metadata, Ogg Vorbis, PNG, Spectrogram, VBR MP3, Windows Media Audio

    #audio/opensource_audio
    https://archive.org/download/ACRIMED_ViolencesPolicieres/format=VBR+MP3&ignore=x.mp3

  • Alumni Association changes policy after black student is cropped out of photo - The Chronicle
    http://www.dukechronicle.com/article/2018/07/duke-alumni-association-black-student-is-cropped-out-of-photo

    Every year, the Duke Alumni Association holds send-off parties in cities around the world to welcome incoming students and sends emails to invite students and alumni.

    This year, sophomore Cartier Robinson—a black student—noticed something off about a photo in a DAA email. He was the only student cropped out.

    Voici l’explication qui se veut une excuse.

    Because the template resizes photos that don’t fit certain dimensions, a staff member cropped several images to fit the template and pre-empt the automatic resizing, she explained.

    “For the original photo that included Duke student Cartier Robinson: The staffer chose to crop the right side of the photo, which resulted in leaving Robinson out, instead of cropping on the left side, which would have left another student’s arm floating across the photo,” Holder wrote in an email. “Cropping photos is a regular part of our work in DAA communications, but that process can create all kinds of conundrums—especially with group photos—and in this case, both crops were awkward ones.”

    Cette affaire nous rappelle que le métier de photographe a plusieurs raisons d’être. Outre la maîtrise du cadrage et la repartition des sources de lumière le photographe professionnel est au courant des exigences explicites et implicites de ses clients. Un photographe connaissant son métier aurait évité plusieurs défauts de la photo originale mais en le faisant il aurait caché plusieurs éléments qui nous transmettent des informations révélatrices sur les conditions sous lequelles la photo a été prise.

    D’abord la photo est censée exprimer l’union des étudiants. Celle-ci est symbolisée par la l’affiche avec le nom de l’université et par les personnes qui la tiennent dans leurs mains en incluant les personnes derrière l’affiche. La personne sur la droite ne fait évidemment pas partie de cette union.

    L’éditeur avait donc raison de couper la photo à l’endroit où se termine l’union visuelle car la photo originale exprime qu’à Duke University il y a des étudienants qu’on y accepte à peine, de préférence des noirs qui ne font pas 1,95 mètres.

    Cette première impression est renforcée par la ligne descendant de la gauche vers la droite qui constitue l’élément principal de la construction visuelle de l’image. Elle commence à gauche avec le bras de l’homme qui tient l’affiche. Elle a un contre-point naturellement agréable à l’oeil avec la ligne descendant de la droite vers la gauche constituée par les mentons des trois personnes sur la droite. Cette ligne se prolonge implicitement jusqu’à la main de l’homme à gauche qui tient l’affiche et amplifie ainsi l’impression que fait la ligne dominante. La position centrale de l’affiche est soutenue par cette deuxième ligne diagonale aussi.

    Les étudients sur la photo forment deux groupes visuels distinguées par leur tailles différentes. Les grands hommes remplissent le cadre à gauche alors que les petites femmes et le petit homme noir à droite libèrent la vue sur la photo d’une maison qui ressemble à un bâtiment d’université du dix neuvième siècle. Libre au spectateur d’interpréter cette composition. Il ne s’y trompera pas.

    Moi j’y identifie l’intention du photographe peu professionnel de montrer deux niggers of the world aligné sur le véritable nègre dont il souligne la position d’exclu. A gauche on reconnait trois surhommes modernes sportifs souriants imbus de leur futur succès.

    Le photographe professionel intervient lors de la composition des groupes à prendre en photo. Aux mariages il s’informe sur le rôle familial des personnes et leur demande de se positionner en fonction de ce rôle. Souvent ce n’est pas nécessaire parce que tout le monde connaît d’autres photos de mariage et se place automatiquement à l’endroit où le veut la convention.

    C’est ce qu’ont automatiquement fait les personnes sur la photo d’étudiants. Un photographe averti l’aurait vu avant de prendre la photo et il aurait gentiment demandé au grand gaillard au centre de l’image de se mettre sur la droite et de tenir l’affiche à droite comme le fait son collègue à gauche. Ce faisant il aurait obtenu une composition plus dense du groupe soulignant leur union. Par un léger déplacement du groupe vers la droite il aurait placé la photo de l’université près du centre de l’image.

    La signification du positionnement obtenu est discutable aussi parce qu’on risque d’y voir du paternalisme de la part des grands blancs qui protègent les petites femmes et les faibles noirs. Pourtant cette composition aurait évité d’exclure une personne sur la photo.

    L’association d’alumni assure qu’elle veillera désormais à ce que de telles erreurs ne se reproduisent plus. A suivre ...

    “As an organization committed to building the Duke family as students journey through the university and into the alumni network, DAA does not want anyone to think it is intentionally leaving out a student of color," Holder wrote. “That certainly was not our aim, and we’re committed to making sure this does not happen again.”

    #photographie #idéologie #racisme #sexisme #USA #université

  • Je viens de trouver cet article sur twitter qui parle d’un rapport-choc (que je n’ai pas lu) où il est question de « 13’000 migrants mineurs refoulés à la frontière » :
    13.000 migranti minorenni respinti alla frontiera italo-francese nel 2017 : il rapporto choc
    http://minoristranierinonaccompagnati.blogspot.com/2018/07/13000-migranti-minorenni-respinti-alla.html

    Or, sans vouloir nier la gravité de la situation à la frontière, je pense que ces chiffres sont gonflés… car il s’agit très probablement de « passages » et non pas de « personnes », une personne pouvant passer plusieurs fois (et donc être comptée plusieurs fois).

    En #Suisse, c’était le cas :
    https://asile.ch/2016/08/12/parlant-de-personnes-lieu-de-cas-medias-surestiment-nombre-de-passages-a-front
    https://asile.ch/2016/09/16/decryptage-frontieres-migrants-refugies-usage-termes-chiffres

    Et pour les frontières d’ex-Yougoslavie aussi (même si le mécanisme était un peu différent) :
    https://seenthis.net/messages/418518
    #statistiques #frontières #frontière_sud-alpine #chiffres #refoulement #push-back #Italie #France #2017

    Lien vers le rapport :
    https://www.oxfamitalia.org/wp-content/uploads/2018/06/Se-questa-%C3%A8-Europa_BP_15giugno2018.pdf
    https://seenthis.net/messages/687096

    cc @isskein

  • Redesigning PIDBA (The Paleoindian Database of the Americas)
    http://pidba.utk.edu

    All Fluted Points

    Total number of points reported in the sample, excluding all named Paleoindian and Early Archaic typed points save for Clovis, Ross County, and Clovis Variant. This is a measure of possible Clovis points, but perhaps more accurately refers to all untyped fluted forms that have not yet been unequivocally assigned to a later fluted type like Folsom, Barnes, etc. The SAMPLE number is larger than the sum of Clovis+ Ross County+Clovis variant plus all other named varieties, because in many surveys the fluted points were not typed, and hence could not be unequivocally assigned to Clovis.

    #clovis #cartographie #data

    • https://fr.wikipedia.org/wiki/Pointe_de_fl%C3%A8che_de_la_p%C3%A9riode_Clovis

      À côté de sa fonction d’outil, la technologie Clovis peut être le symbole persistant d’une culture très mobile qui a exploité une grande variété de ressources de la faune durant le Pléistocène tardif, et plus récemment. Au fur et à mesure que cette technologie de type Clovis s’est étendue, son utilisation peut avoir affecté les ressources disponibles, pouvant être l’un des facteurs de l’extinction au quaternaire de la faune géante.

      Il y a différentes hypothèses quant à l’émergence des pointes Clovis. L’une est qu’un peuple « pré-Clovis » du nouveau monde a développé cette tradition technique de façon indépendante. Une autre opinion est que lors du Paléolithique supérieur des peuples qui, après avoir migré vers le nord de l’Amérique à partir du nord-est de l’Asie, vinrent avec la technologie de la pierre taillée dont ils avaient hérité constituant le style Clovis avant même leur entrée en Amérique.

  • PeerTube : Framasoft lance son alternative Libre à YouTube
    https://mrmondialisation.org/peertube-framasoft-lance-son-alternative-libre-a-youtube

    À l’image des autres GAFAM, YouTube (possédé par Google depuis 2006) s’immisce chaque jour un peu plus dans la vie privée des citoyens et des citoyennes du monde entier tout en vendant du « temps de cerveau disponible » aux annonceurs si bien que leur univers se rapproche chaque jour un peu plus de ce qu’on nous sert déjà à la télévision. Avec PeerTube, Framasoft a pour ambition de montrer qu’un autre internet, celui de la contribution, est possible. En fait, l’Internet comme il l’était à l’origine : (...)

    #Framasoft #Google #YouTube #domination #copyright #Peertube

  • «Il-n’y-aura-pas-de-programme-spécial»... par Daniel Schneidermann | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/il-ny-aura-pas-de-programme-special
    https://api.arretsurimages.net/api/public/media/msbnc-enfants-new-york/action/show

    "IL-N’Y-AURA-PAS-DE-PROGRAMME-SPÉCIAL"...
    pour réunir les familles séparées.

    Cette histoire d’enfants confisqués à leurs parents, à la frontière mexicaine des Etats-Unis. Je vous en parlais hier. Et au début de la semaine. Et ce n’est apparemment pas fini. Donald Trump, apprend-on ce matin, vient d’apposer sa signature au feutre épais en bas d’un texte qui, parait-il, stipule que les enfants ne seront plus séparés de leurs parents, mais incarcérés avec eux (comme en France), pour une durée indéterminée. Soupir de soulagement général. « Des gens vont être heureux aujourd’hui », a déclaré Trump, en montrant aux caméras sa signature au feutre épais.

    Tout finit donc par s’arranger, se dit-on machinalement. La monstrueuse parenthèse est refermée. Mauvais rêve. Allégresse générale. Quant aux quelque 2000 enfants confisqués avant la signature, ils ne vont pas tarder à retrouver leurs parents. Admis ou refoulés des Etats-Unis, les familles se retrouveront. Tout finira le moins mal possible. Voilà ce que se dit, tout seul, le cerveau.

    Sauf que non. Ce matin par exemple on lit, noir sur blanc (en moins gros titres, néanmoins, que la nouvelle de la signature de Trump), qu’il « n’y aura pas de programme spécial pour réunir les familles séparées ». Je demande votre attention. Relisez cette phrase : il-n’y-aura-pas-de-programme-spécial-pour réunir-les-familles-séparées. Vous la voulez encore une fois ? Il-n’y-aura-pas-de-programme-spécial-pour-réunir-les-familles-séparées.

    De ce que l’on comprend, lors de la séparation des familles, quand elles sont interceptées à la frontière, parents et enfants sont pris en charge par deux administrations américaines distinctes, qui ne communiquent pas entre elles. Dans le meilleur des cas, les parents se voient remettre un formulaire, avec le mail et le numéro de téléphone d’une administration à contacter. Dans un de ces cas au moins, le numéro de téléphone était erroné. Ensuite, les parents sont internés quelque part. Ou expulsés. Avec leur formulaire, s’ils ne l’ont pas perdu.

    Les policiers qui, devant les tribunaux américains, viennent résumer le dossier des illégaux poursuivis, ne savent pas si ces personnes ont été arrêtées avec leurs enfants. Cette information ne figure pas au dossier judiciaire des poursuivis. C’est un avocat d’El Paso (Texas), Erik Hanshew, qui le raconte, dans un témoignage au Washington Post, que je vous recommande de lire jusqu’au bout. Il arrive que les procureurs s’opposent à ce que la question soit posée, à l’audience, aux policiers. « Si l’on vous prend votre portefeuille, en prison, on vous donne un reçu. Là, on vous prend vos enfants, et on ne vous donne pas une feuille de papier ? » a demandé un juge, stupéfait.

    Le cabinet d’Erik Hanshew, à El Paso, a mis en place une cellule spéciale, chargée de contacter les administrations susceptibles de donner des nouvelles des enfants. On peut imaginer la tâche, de chercher sur tout le territoire des Etats-Unis une fillette de cinq ans, qui ne sait pas épeler son prénom, ni son nom. A qui aucune administration n’a seulement passé un bracelet ou un collier avec ces informations, comme en portent, dans les pays civilisés, les animaux de compagnie. Un bracelet. Ou un collier.

    Je dis « sur tout le territoire », parce qu’on apprend également ce matin que 239 (au moins) de ces enfants confisqués ont été retrouvés à New York, à quelques milliers de kilomètres d’El Paso. Le maire, Bill de Blasio, n’était pas au courant. La chaîne MSNBC a retrouvé et filmé une poignée de ces enfants, dans une rue de New York. Pour acheminer les enfants, un policier avait assuré au stewart d’une compagnie aérienne qu’il s’agissait d’une équipe de foot. Trois compagnies aériennes ont décidé de cesser d’embarquer des enfants de migrants. Je m’arrête là pour aujourd’hui ?

    Il n’y a rien à reprocher aux medias américains. Ils font magnifiquement le travail. Il n’y a rien à vous reprocher à vous, qui avez lu cette chronique jusqu’au bout. Tous ensemble, nous allons maintenant tenter d’intégrer ce que nous avons lu. Comme l’avait dit le juge Frankfurter à Jan Karski en 1943, « je ne vous crois pas. Je ne dis pas que vous mentez, mais mon cerveau se refuse à vous croire ». Il va falloir reformater nos cerveaux.