city:turin

  • Sur le chantier du #Lyon-Turin, seule la facture se creuse
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/210617/sur-le-chantier-du-lyon-turin-seule-la-facture-se-creuse

    Le chantier du tunnel Lyon-Turin franchit une nouvelle étape, mercredi 21 juin, avec la présentation de 81 appels d’offres à attribuer d’ici 2019. Pourtant, la Cour des comptes lance une nouvelle alerte sur « la pertinence toujours pas établie » du projet. Et les travaux engagés en Savoie accusent du retard.

    #Economie #infrastructures #Italie

  • Italie - Turin : des nouvelles de la violence carcérale
    https://rebellyon.info/Italie-Turin-A-propos-de-prelevement-ADN-17848

    Depuis plus d’un an maintenant le prélèvement ADN est entré en vigueur en Italie dans le rituel d’identification des personnes arrêtées ou incarcérées. Les compagnon-nes emprisonné-es suite aux dernières opérations répressives n’y ont pas échappé. Si tu veux résister au prélèvement, les flics te le prennent de force, et réussir à prendre le dessus contre les tuteurs de l’ordre et du contrôle dans les locaux de la police scientifique est plus que difficile. A suivre l’expérience d’un compagnon incarcéré à Turin suite à une action le 3 Mai, toujours en détention, et qui continue de se demander quelles pourraient-être les stratégies possibles pour s’opposer aux prélèvements.

    #A_lire_sur_d'autres_sites

    / #Répression_-_prisons, #Résistances_et_solidarités_internationales, Une, Fichage - (...)

    « https://www.autistici.org/macerie/?p=32353 » #Fichage_-_ADN

  • Opération Turin 3 Mai : Fran en grève #de la faim.
    https://nantes.indymedia.org/articles/37909

    Depuis la section des nouveaux arrivants du bloc B de la prison des Vallette, Fran a envoyé une lettre dans laquelle il nous communique qu’il a fait une grève de la faim de 24 heures, du samedi 27 au dimanche 28 mai, avec un autre compagnon de section, contre les conditions de détention à l’intérieur de la section des nouveaux arrivants, en solidarité avec d’autres prisonniers révolutionnaires et pour adhérer à l’appel « Pour un mois de juin dangereux » ( https://www.nantes.indymedia.org/other_medias/37748 ) Dans une autre lettre arrivée juste après la première, Fran nous informe qu’il commencera une autre grève de la faim, cette fois de 7 jours à partir du 5 juin, contre les conditions de détention dans la section des nouveaux arrivants et pour obtenir un transfert dans une autre section. Nous (...)

    #/ #prisons #centres #rétention #anti-repression #italie #/,prisons,centres,de,rétention,anti-repression

  • Transfert de Pogba : la #FIFA se dirige vers une amende ridicule
    https://www.mediapart.fr/journal/international/260517/transfert-de-pogba-la-fifa-se-dirige-vers-une-amende-ridicule

    Paul Pogba et son agent #Mino_Raiola sur la pelouse du Juventus Stadium de Turin le 23 juin 2015. © LaPresse - Spada Grâce aux Football Leaks, nous dévoilons l’enquête menée par la FIFA sur le transfert record de #Paul_Pogba. Elle conclut que l’agent Mino Raiola et la #Juventus_de_Turin ont agi illégalement. Mais la seule sanction envisagée est une amende dérisoire de 60 000 euros, ce qui démontre le laxisme de la politique antifraude de la fédération internationale.

    #International #Conflit_d'intérêts #Manchester_United #TPO

  • #italie - #turin. A propos de prélèvement ADN par la force
    https://nantes.indymedia.org/articles/37779

    Depuis plus d’un an maintenant le prélèvement ADN est entré en vigueur en Italie dans le rituel d’identification des personnes arrêtées ou incarcérées. Les compagnon-nes emprisonné-es suite aux dernières opérations répressives n’y ont pas échappé (voir ici https://www.autistici.org/macerie/?p=32353 ). Si tu veux résister au prélèvement, les flics te le prennent de force, et réussir à prendre le dessus contre les tuteurs de l’ordre et du #contrôle dans les locaux de la police scientifique est plus que difficile. A suivre l’expérience d’un compagnon incarcéré à Turin suite à l’opération du 3 Mai, toujours en détention, et qui continue de se demander quelles pourraient-être les stratégies possibles pour s’opposer aux (...)

    #Répression #Resistances #social #anti-repression #Répression,Resistances,contrôle,social,anti-repression

  • La #FIFA enquête sur le transfert de #Paul_Pogba
    https://www.mediapart.fr/journal/international/090517/la-fifa-enquete-sur-le-transfert-de-paul-pogba

    La Fédération internationale de football a ouvert une enquête sur la vente de Paul Pogba à #Manchester_United par la #Juventus_de_Turin pour 105 millions d’euros. Les documents Football Leaks révèlent que l’agent de l’international français, #Mino_Raiola, a perçu 49 millions d’euros sur ce seul transfert, grâce à un conflit d’intérêts hors norme : il était à la fois l’agent de la Juventus, de Manchester et du joueur.

    #International #commissions #conflits_d'intérêts #évasion_fiscale #transferts

  • Football Leaks : la #FIFA enquête sur le transfert de Pogba
    https://www.mediapart.fr/journal/international/090517/football-leaks-la-fifa-enquete-sur-le-transfert-de-pogba

    La Fédération internationale de football a ouvert une enquête sur la vente de #Paul_Pogba à #Manchester_United par la #Juventus_de_Turin pour 105 millions d’euros. Les documents Football Leaks révèlent que l’agent de l’international français, #Mino_Raiola, a perçu 49 millions d’euros sur ce seul transfert, grâce à un conflit d’intérêts hors norme : il était à la fois l’agent de la Juventus, de Manchester et du joueur.

    #International #commissions #conflits_d'intérêts #évasion_fiscale #transferts

  • Tract Turin - Agression contre carabiniers : 6 incarcérations, 1 personne recherchée
    https://nantes.indymedia.org/articles/37659

    p margin-bottom : 0.25cm ; line-height : 120% ; a:link Tract diffusé dans le quartier autour du squat l’Asilo Occupato. Le 3 Mai flics et carabiniers défonçaient la porte, perquisitionnaient, coupaient le gaz et incarcéraient 6 compagnon-nes. Les accusations sont dégradations, résistance à personne dépositaire #de l’autorité publique et séquestre de personne. Illes sont accusé-es d’avoir attaqué deux patrouilles de carabiniers suite à un contrôle d’identité. Les 6 sont tou-tes détenu-es dans la prison de Turin.

    #Répression #/ #prisons #centres #rétention #Répression,/,prisons,centres,de,rétention

  • Turin (Italie) : Perquisitions et Arrestations-Non Fides
    http://www.non-fides.fr/?Turin-Italie-Perquisitions-et-Arrestations

    @Ad Nauseam - A 06h30, le 3 mai, plusieurs équipes d’agents de police coordonnées par le ROS (criminalité organisée et anti-terrorisme) et la Digos (renseignement), ont fait irruption à l’Asilo, aux squats Corso Giulio Cesare et Borgo Dora et dans deux maisons à Turin et Barge ; Les médias locaux font également (...)

    #Non_Fides / #Mediarezo

  • [ITALIE-TURIN] Perquisitions et Arrestations
    https://nantes.indymedia.org/articles/37636

    A 06h30, le 3 mai, plusieurs équipes d’agents #de police coordonnées par le ROS(criminalité organisée et anti-terrorisme) et la Digos ( renseignement), ont fait irruption à l’Asilo, aux squats Corso Giulio Cesare et Borgo Dora et dans deux maisons à Turin et Barge ;

    #Répression #/ #prisons #centres #rétention #squat #logement #italie #Répression,/,prisons,centres,de,rétention,squat,logement

  • networkpointzero – Le courage c’est de chercher la vérité et de la dire (Jaurès)
    https://networkpointzero.wordpress.com

    Une étude un peu approfondie de l’Histoire nous laisse deviner qu’en toute occasion les vraies forces dirigeantes ont à se tenir dans l’ombre des représentants qu’elles se sont choisies, ne pouvant se risquer à s’exposer aux fluctuations événementielles, sous peine de se voir un jour dépossédées de leur puissance

  • La création d’un État palestinien et la paix au Moyen-Orient
    http://www.pressefederaliste.eu/La-creation-d-un-Etat-palestinien-et-la-paix-au-Moyen-Orient

    Editorial de Fédéchoses n° 30 – 2° trimestre 1980 Par Lucio Levi, aujourd’hui Directeur de The Federalist Debate – Membre du Comté fédéral de l’UEF - Turin La crise du gouvernement russo-américain du monde interdit de contrôler dans son évolution, le mouvement d’émancipation du monde arabe et musulman. Ce mouvement qui, en d’autres circonstances, aurait pu apporter une contribution positive à la détente et au développement économique du Moyen-Orient et du reste du monde, est devenu l’un des facteurs les (...)

    #Numéro_174_–_Décembre_2016

    / #Palestine

  • Lyon-Turin : le « non » des maires de Turin et de Grenoble
    https://www.crashdebug.fr/international/13149-lyon-turin-le-non-des-maires-de-turin-et-de-grenoble

    Le hasard des calendriers, parfois… Au lendemain de la visite de Louis Besson, père du grand projet ferroviaire Lyon/Turin, en mairie de… Turin, et le jour même où se tenait à Lyon le Comité de pilotage État/Région sur l’avancement de ce dossier, la capitale du Piémont recevait hier un nouveau visiteur. Le maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, accompagné par son conseiller municipal délégué, Pierre Mériaux, a en effet été reçu par la nouvelle et jeune maire de la ville, Chiara Appendino. Si les deux maires ont en commun le fait d’avoir su, avec leur élection respective, créer la surprise en ravissant la tête des deux villes à des partis bien installés, ils partagent aussi une même opposition au Lyon/Turin. On se souvient qu’il y a quelques mois, la municipalité grenobloise avait pris l’inédite décision de (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

  • SNCF : point de vue oublié d’un certain type « d’usager »
    https://larotative.info/sncf-point-de-vue-oublie-d-un-1540.html

    https://larotative.info/home/chroot_ml/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L700xH486/arton1540-37940-9dee1.jpg?1484820062

    Partout l’usager de la SNCF est présenté comme énervé par « ces salauds de grévistes ». Et pourtant, il existe des usagers qui se réjouissent de leur existence. Et même qui voudraient bien que le train aille moins vite : vitesse partout, voyage nulle part !

    Et pourtant, même si je ne prends plus le train, je rêverais de m’installer dans un wagon… L’un de ceux du Corail qui allait du point A au point B au moins cinq fois par jour, celui qui quand j’étais étudiant il y a plus de quinze ans maintenant me coûtait constamment 40 € l’aller/retour, le même qui au-delà de mon trajet A/B allait directement de Saint-Nazaire à Grenoble. Et bien celui-là ne circule plus depuis belle lurette. Il est mort et bien déraillé.

    (...)

    L’ancien trajet du point A au point B m’a toujours apporté quelques réjouissances, qu’elles soient d’ordre amicales ou géographiques. Ce Corail-là me permettait de descendre en route, à Bourges plus exactement, pour boire un verre avec un copain qui vit là-bas. Puis je reprenais le train suivant, 3 ou 4 heures plus tard. Pour les mêmes raisons, aujourd’hui je pourrais également m’arrêter à Moulins ou à Roanne, des amis vivant désormais en ces contrées. Le TGV remplaçant ce train ne s’y arrête pas. Son arrêt se joue en 3 minutes en gare de Massy TGV, à peine le temps d’en griller une pour les fumeurs. Et puis le système de réservation de la SNCF sur les TGV ne permet plus vraiment de s’arrêter en route quelques heures pour voir un ami et de reprendre le TGV suivant sans que le surcoût n’en soit palpable.

    (...)

    Vous avez très certainement entendu parler du No TAV ! (Treno ad Alta Velocità, train à grande vitesse en italien). C’est le cri de ralliement du mouvement de protestation contre la construction de la ligne à grande vitesse Lyon/Turin en Val de Suse, soit du côté italien des Alpes [3]. Ce chantier détruit et pressurise un peu plus cette vallée fort étroite déjà occupée par une autoroute et une ligne de chemin de fer. La lutte se joue essentiellement côté italien — côté français, ça frémit tout juste. Comme en témoigne l’encadré ci-dessus, l’opposition aux LGV (et aux nuisances en général) a connu de ce côté des Alpes des tentatives. Et les effets des lignes LGV y sont aujourd’hui connus : enclavement de régions entières, désertification des dernières campagnes, appauvrissement de la vie sociale, déplacement des riverains, saccage du bien général pour le profit de quelques-uns, etc.

    #train #voyage #vitesse #NoTAV

  • Le tunnel Lyon-Turin approuvé sans débat
    Après leurs homologues italiens, les députés français ont donné en quelques secondes leur feu vert au projet ferroviaire, le 22 décembre. Le coût de ce projet pharaonique est estimé entre 8 et 20 milliards d’euros, selon les sources.

    L’onéreux projet de liaison ferroviaire entre Lyon et Turin a passé un nouvelle étape avec le feu vert des parlementaires français et italiens au lancement des travaux.
    https://www.euractiv.fr/section/developpement-durable/news/les-deputes-approuvent-le-projet-de-lyon-turin-sans-debat
    #LyonTurin #béton #bétonneurs

  • #Lyon-Turin : #anticor porte plainte pour prise illégale d’intérêts
    https://www.mediapart.fr/journal/france/231216/lyon-turin-anticor-porte-plainte-pour-prise-illegale-d-interets

    Une plainte pour prise illégale d’intérêts a été déposée contre le projet de tunnel ferroviaire Lyon-Turin, le 22 décembre, auprès du Parquet financier de Paris par l’association Anticor. Elle intervient alors que les députés viennent d’adopter l’engagement des travaux définitifs de la section transfrontalière de la nouvelle ligne.

    #France #Grands_projets #Justice

  • #Lyon-Turin : les députés votent 8 milliards d’euros de travaux en dix secondes
    https://www.mediapart.fr/journal/france/221216/lyon-turin-les-deputes-votent-8-milliards-d-euros-de-travaux-en-dix-second

    Manuel Valls lors de l’inauguration du tunnelier du Lyon-Turin, le 22 juillet 2016 (DR). Des cascades d’intérêts croisés, un gouvernement en pleine contradiction, près de dix milliards d’euros en jeu alors que ces financements ne sont pas acquis… Et pourtant, l’Assemblée nationale a adopté jeudi l’engagement des travaux définitifs du tunnel ferroviaire Lyon-Turin. Sans débat.

    #France #Conflit_d'intérêts #Jean-Marc_Ayrault #Michel_Destot #Partenariat_public-privé

  • LINKY OBJET PÉDAGOGIQUE POUR UNE LEÇON POLITIQUE
    Pour un inventaire des ravages de l’électrification

    L’imposition autoritaire du mouchard électronique Linky dans 35 millions de foyers par l’Etat, en l’occurrence les parlementaires et le Ministère de l’Ecologie – et par Enedis (ex-ERDF, ex-EDF), le monopole légal de la distribution d’électricité en France - a déclenché dans tout le pays refus et protestations, individuels et collectifs, organisés et spontanés. La presse locale chronique cette pléthore de réunions, de manifestations, de pétitions, soutenue des vœux et délibérations de 300 conseils municipaux.1 Félicitations aux promoteurs de Linky : à défaut d’avancer d’un pas dans la pseudo-« transition énergétique », ils auront au moins stimulé la vie associative qui s’est saisie du sujet.
    La presse nationale, c’est-à-dire parisienne, méprise et ignore de son mieux ce mouvement fondé, selon elle, sur des craintes irrationnelles de pollution électromagnétique et d’espionnage des foyers, et sourd aux « impératifs de maîtrise énergétique » notamment en vue de l’ouverture des marchés à la concurrence, généralement hostile aux projets techno-marchands célébrés dans ses pages sciences et économie : objets connectés (machins communicants), domotique (maison machine), smart city (ville machine), big data (mégadonnées).

    Ce n’est pas d’aujourd’hui que la technocratie a pris le réflexe de renvoyer à la préhistoire les réfractaires à l’emballement technologique et à l’effondrement écologique : « Vous êtes contre tout !... Les chemins de fer ! L’électricité !... Allez donc élever des chèvres en Ardèche, si vous voulez revenir aux grottes et à la bougie ! »
    Combien de fois avons-nous reçu cette injonction d’un forcené du Progrès ; scientifique, ingénieur, technicien, entrepreneur, cadre, politicien, universitaire ou journaliste. Nos élites, voyez-vous, s’imaginent l’Ardèche comme une réserve truffée de grottes, où reléguer ces obscurantistes exaspérants qui sapent la croissance et le moral des ménages.

    Ceux qui vivent contre leur temps, tel le géographe anarchiste Elisée Reclus, ont opposé au progrès des sciences et technologies le regrès social et humain. Vous pouvez vérifier le mot, c’est du bon et vieux français. Lisez Elisée, écologiste avant l’heure : Histoire d’un ruisseau, Histoire d’une montagne, L’homme et la Terre, Nouvelle Géographie Universelle. Non seulement le progrès industriel et technologique n’entraîne pas fatalement le progrès social et humain, mais il entraîne à rebours son regrès. Cette thèse sacrilège et mécanoclaste longtemps soutenue par des marginaux excentriques – et les victimes du progrès, bien sûr – a reçu depuis quelques années l’approbation officielle des autorités scientifiques, des états qu’elles avisent, et des entreprises converties au « capitalisme vert » et aux « technologies vertes ». D’où Linky.
    Voici donc où nous ont mené deux siècles de révolution industrielle et technologique, en accélération exponentielle. Au ravage du milieu (terre, air, mer), à l’extermination des espèces, au chaos des peuples, bouleversés, broyés, balayés dans une panique globale, d’un bout du monde à l’autre.

    Nous qui, dans nos emplois, nos activités et nos vies, faisons sans cesse l’objet de bilans, d’audits, d’évaluations, en fonction d’objectifs fixés « en commun », selon nos dirigeants, ou simplement décidés par ces derniers (après tout, c’est leur job), il nous revient de renverser les rôles et d’examiner à notre tour le bilan de ces deux siècles de société industrielle et technologique. Qu’elle soit privée, publique (étatique) ou mixte. De dire ce qu’elle nous a apporté et enlevé, si nous souhaitons sa prolongation ou sa disparition, et suivant quelles modalités.
    Il nous faut du même coup évaluer les évaluateurs, cette technocratie à la direction des sociétés industrielles et post-industrielles, en fonction de ses promesses et de ses résultats, et dire, suivant ses propres règles qu’elle nous applique, ce qu’elle mérite : primes et promotions, ou licenciement sans indemnité.

    Nous, Grenoblois, sommes idéalement placés pour engager cet examen. Grenoble se situe en effet au cœur et à l’avant-garde de la deuxième révolution industrielle : justement celle de l’électricité. C’est en 1869 qu’Aristide Bergès, ingénieur, chimiste, entrepreneur, équipe d’une turbine et d’une conduite forcée sa papeterie de la combe de Lancey, à dix kilomètres de la ville, pour transformer en électricité l’énergie du torrent. En 30 ans, Bergès métamorphose la vallée du Grésivaudan, la ville de Grenoble et la société industrielle. Les ingénieurs-patrons des entreprises voisines suivent son exemple. Bergès devient conseiller municipal à Grenoble, conseiller général du canton, maire de Villard-Bonnot où se trouve son usine. Il lance le slogan de la « Houille blanche » lors de l’exposition universelle de 1889, à Paris, qui lui est largement consacrée. Péchiney ouvre son premier laboratoire à Froges, dans la vallée, à côté de l’usine d’électrolyse. Il en sort par exemple le procédé de fabrication industrielle de l’aluminium, l’alu des barquettes alimentaires - si cher aux ouvriers d’Ecopla à Saint-Vincent-de-Mercuze, et si nocif aux vaches des alpages, à la santé des hommes et au milieu naturel. Il est vrai que nos emplois valent plus que nos vies, ce que de François Ruffin (Fakir) à Emmanuel Macron (En marche !), tous nos progressistes sont venus confirmer aux 77 victimes d’un naufrage financier.2 Lénine nous l’avait bien dit : « Le communisme, c’est l’électricité plus les soviets ! » Et les artistes futuristes de la Belle époque, fascistes comme Marinetti, communistes comme Maïakovski avaient rivalisé d’odes à la vie moderne, urbaine et industrielle, célébrant les machines, les avions, les trains, les autos, les paquebots, les stades, les gratte-ciels, le télégraphe – l’électricité - le cinéma, les masses, la vitesse, la violence, la guerre.3 Dieu que l’avenir était radieux au temps passé ! Au mépris d’un siècle de catastrophe, les ennemis du genre humain poursuivent aujourd’hui leur fuite en avant. Ainsi le théoricien « communiste » Toni Negri et ses disciples « accélérationnistes » de la revue Multitudes rejoignent aujourd’hui les transhumanistes « libertariens » dans l’apologie des robots et la haine de la vie vive, impulsive, élusive, irréductible à toute volonté de maîtrise machinale.4

    Bergès, et son fils Maurice qui lui succède comme maire et chef d’entreprise, créent également une société d’éclairage urbain et une compagnie de tramway. On voit que nos entrepreneurs et nos édiles n’avaient pas attendu le XXIe siècle, ni les directives européennes, pour se lancer dans les « énergies alternatives » et les modes de « déplacement alternatif ». Même si, à l’époque, il s’agissait simplement de créer un marché que nul ne disait « vert » ni « éco-responsable ». Ces lignes de tramway furent d’ailleurs démontées dès que le profit parut plus juteux dans les lignes de car et les voitures particulières.

    Les ingénieurs entrepreneurs de la cuvette grenobloise savent bien qu’au-delà de la « Houille blanche », c’est de la matière grise qu’ils exploitent. Aussi profitent-ils de leurs postes d’élus et de leurs positions d’influence pour obtenir la création en 1898 d’un Institut d’électrotechnique de Grenoble, auprès de la jeune université, afin de leur fournir les compétences nécessaires à leurs recherches-développements. De même en 2012, l’Institut national polytechnique de Grenoble crée-t-il spécialement une « chaire industrielle d’excellence » sur les smart grids, financée par ERDF.5
    C’est l’essor du « Mythe grenoblois »,6 maintes fois ressassé et tout aussi mythique qu’à sa première énonciation. De la turbine de Bergès sont issues en 150 ans, de manière télescopique, des centaines de laboratoires et d’entreprises, s’associant et se dissociant en arborescences incessantes, et envahissant tout le milieu physique et social de la technopole. Électrochimie, électromécanique, électromagnétisme, électronucléaire, informatique, micro et nanotechnologies, etc. C’est aussi ce que les progressistes des années soixante, ingénieurs et universitaires, socialistes et chrétiens, ont nommé « le laboratoire grenoblois » et propagé comme « modèle grenoblois » ou « développement endogène innovant ». Soit cette idée mythique d’un progrès indivisible où l’innovation technologique et la croissance économique tracteraient le progrès social et humain, mesuré statistiquement par l’augmentation de la consommation, du pouvoir d’achat et de l’espérance de vie. Les curieux liront Sous le soleil de l’innovation7 pour une histoire critique de ce modèle grenoblois, indissociable de la révolution électricienne et de ses prolongements.

    Sans doute cette idée du progrès répondait aux aspirations de la masse des campagnards fascinés par les lumières de la ville, comme elle répond aujourd’hui à celles des masses de migrants fascinés par les lumières des métropoles. Et c’est pourquoi les trois-quarts de l’humanité s’entasseront d’ici peu dans les mégapoles - le terme noble et technocratique pour dire ce qui n’est plus ville, ni cité, ni urbanisation, mais une populoire. La mondialisation est aussi un effet de l’électrification. L’habitat concentrationnaire de masse est aussi un effet de la mondialisation.

    Nul n’est meilleur que son temps. Quoique nous n’ayons aucun goût pour les procès anachroniques et rétrospectifs, il faut avouer qu’Aristide Bergès (1833-1904), au contraire d’Elisée Reclus (1830-1905), fit de son mieux pour vivre avec son temps dont il fut le plus zélé des serviteurs. Voici son adresse aux électeurs du canton de Domène, le 1er août 1880, dix ans après la Commune et la débâcle de l’Empire face à la Prusse :

    « Je suis au milieu de vous tous un travailleur dont vous avez vu les débuts et dont vous avez pu apprécier les constants efforts pour rechercher et augmenter les richesses de vos montagnes. Or, il reste dans cet ordre d’idées de grands avantages généraux à réaliser et j’ai la confiance que je pourrai y être de quelque utilité. Au point de vue politique, moral et matériel, de grandes choses restent à faire pour que les institutions républicaines répondent à toutes les espérances conçues.
    Améliorer les écoles et le sort des instituteurs, et rendre l’instruction laïque, gratuite et obligatoire. Créer dans nos villages, des rues convenables, des fontaines et des lavoirs, des promenades et des jardins publics. Y organiser un service médical. Rectifier et terminer les chemins vicinaux. Faciliter les rapports des conseillers municipaux avec l’administration forestière.

    Protéger l’agriculture et particulièrement étudier les moyens de remettre en valeur les terres basses de l’Isère. Tels sont les points les plus pressants du programme auquel je travaillerai ardemment. La République, qui, après son existence victorieusement assurée, s’imposera à tous, doit être SCIENTIFIQUE et non IMAGINATIVE ; (…)
    Aristide Bergès, Candidat républicain. Ingénieur et industriel à Lancey, Conseiller municipal à Grenoble »8

    À vrai dire, Elisée Reclus aurait pu signer bien des points de ce programme – et nous le pourrions aussi. Nous ne sommes pas hostiles à la création de fontaines, de lavoirs et de jardins publics dans nos villes et nos villages (on ne disait pas encore « espace vert »). Nous voudrions, nous aussi, remettre en valeur les terres basses de l’Isère et le « Graisivaudan étincelant » dont le géographe Paul Vidal de la Blache célébrait en 1903 la splendeur agonisante : « Paysage unique dans l’Europe Occidentale, qui fait pendant à la Brianza milanaise ; verger magnifique qu’on ne trouve plus vers le Sud (…) Le Graisivaudan en est sinon le type le plus achevé, du moins l’expression la plus ample et, pour l’histoire des hommes, la plus importante. (…) Sous les vignes courant en feston entre les arbres fruitiers, se succèdent de petits carrés de luzerne, blé, chanvre, maïs : une merveille de petite culture. »9
    Il faudrait bien sûr raser les entrepôts, lotissements, centres commerciaux, la Zone d’innovation et de recherche scientifique et technique (Zirst), les boîtes high tech (Soitec, Memscap, etc.), les laboratoires et salles blanches où STMicroelectronics produit les « puces » et les composants de Linky et autres « objets connectés ». Bref, il faudrait rendre la terre aux paysans, ou plutôt aux ouvriers d’Ecopla, de Tyco Electronics, d’Arkema, à Brignoud10 et des autres usines de la vallée, délocalisées ou automatisées. Tant pis pour l’industrie du cancer, ils pourraient ainsi « produire local pour consommer local », ce qui ferait plaisir à Eric Piolle, le maire Vert de Grenoble, ex- promoteur du TGV (Lyon-Turin) et ingénieur chez Hewlett-Packard.
    Osons le blasphème, il faudrait revenir en arrière, avant 1869.

    De quoi rendre nos progressistes fous furieux. Le correspondant local de Fakir, Fabrice Lallemand, est ingénieur chez Soitec.11 François Brottes, le député PS local, est fameux pour sa déclaration : « Ici les élus ont été vaccinés à la high tech, cela permet d’avancer plus vite et d’éviter de se poser des questions métaphysiques ».12 Il a d’ailleurs avancé si vite qu’il a bondi de la présidence de la commission des Affaires économiques, où il multipliait les pressions en faveur du compteur Linky, à la présidence de RTE (Réseau transport électricité), un poste à 398 000 €.13
    En fait, tout le souci des progressistes grenoblois (gauchistes, communistes, alternatifs, écologistes, etc.) est d’habiller d’une phraséologie « rebelle » leur soumission à l’idéologie du capitalisme le plus avancé de la Silicon Valley, afin de sauver la face. D’où les bredouillis où il est question de « se réapproprier les outils technologiques ». En clair, les « fablab », le « logiciel libre », et – si la machine à gouverner le veut bien – l’octroi plus ou moins généreux d’un « revenu de base universel » pour les hackers et les makers. L’aumône des robots à la main d’œuvre obsolète. Malgré toute la dévotion qu’ils affichent pour l’emploi, les progressistes soutiennent par-dessus tout le progrès technologique et le développement des forces productives, comme ils l’ont toujours fait. Aussi tiennent-ils pour quantité négligeable les 6000 suppressions de postes de releveurs que provoquera la mise en service du compteur Linky.

    Enfin parmi les points d’accord probables avec Aristide Bergès et Elisée Reclus, nous soutiendrions, en 2016, la restauration des services médicaux, tel l’hôpital de la Mure, en Matheysine, victime de la rationalisation financière et technocratique et celle de l’école publique, laïque et gratuite, sinon obligatoire.14
    Quand il n’écrivait pas à ses électeurs et à ses ouvriers, c’est aux clients de la Société d’éclairage électrique de la vallée du Grésivaudan que Bergès s’adressait. C’était d’ailleurs les mêmes. Voici son merveilleux prospectus sur les bienfaits de la lumière électrique :
    « L’usage de la lumière électrique, surtout dans les campagnes, est un des effectifs facteurs de la civilisation chez l’individu, dans la famille et dans la commune. Que faut-il à un homme qui veut s’élever dans la moralité et le bonheur ? Qu’il aime mieux la famille que le cabaret. Qu’il puisse augmenter sans fatigue et sans ennui le travail qui lui incombe, et qui seul peut l’enrichir. Qu’il voit plus de gaîté dans sa maison. Qu’il échappe à l’excessive économie, retombant en privation sur les siens.
    Or, la lumière électrique contribue puissamment à ce résultat, car elle exerce son influence, en hiver surtout, sur une période de temps qui est presque la moitié de la vie. C’est autour de la lampe électrique que, le soir, commencent le repos et la vie de famille. Avec cette lampe, la lumière est suffisante et agréable. Elle est égale d’intensité pour tous, pour le riche comme pour le pauvre, et ce n’est pas une mince satisfaction que cette égalité devant la lumière, qui perpétue sans discontinuité les dons du Soleil, qui sont aussi égaux pour tous.
    Les enfants sont plus incités à l’exécution de leurs devoirs scolaires. Les petits sont mieux surveillés et regardent avec des yeux brillants ce point lumineux si propre et si constant.
    Les adultes lisent, s’instruisent et pensent à quelque occupation intérieure qui, pendant ces longues heures, pourrait être rendue lucrative. Le père apprécie qu’il peut éventuellement terminer un travail commencé et gagner le prix de la lampe si bien utilisée déjà. Les mères vaquent avec plus de facilité à leurs soins de ménage et, débarrassées des inconvénients de la mauvaise odeur du pétrole, s’élèvent dans des idées de propreté, qui sont le desideratum de leurs aspirations intérieures. La cuisine est plus soignée, son odeur meilleure.
    Le petit globe brillant projette comme un rayon de joie qui se répercute et s’enfle en étant partagé par les êtres aimés. Il n’est pas jusqu’au vieillard qui philosophe sur les progrès auxquels il ne croyait qu’avec hésitation, et qui se dit que, si la nuit il a des insomnies, il peut éclairer sa lanterne et refouler les noires idées.

    Enfin la liberté individuelle s’insinue à cette occasion, et, si le chef de famille fatigué veut se reposer, il n’a pas à dire à tout le monde : allons tous nous coucher, il faut, pour économiser, éteindre la lampe. L’étable mieux éclairée sera aussi mieux tenue et le bétail se trouvera mieux soigné et plus observé. Au point de vue hygiénique, l’avantage est inappréciable ; plus d’atmosphère viciée, la lampe électrique n’empruntant rien et ne donnant rien au milieu ambiant. Si, des considérations individuelles ou de famille, nous passons aux avantages communaux, ces derniers se poursuivent. Les rues, éclairées comme dans les villes, changeront, le soir et la nuit, l’aspect des villages, et la vie des relations y prendront une plus grande importance. Il suffira de mettre une lampe dans un quartier malsain pour que la correction s’en suive.
    J’ai toujours été surpris de voir les quartiers indécis de moralité ne pas réclamer des lampes. Or, rien n’est plus facile que de les imposer. On aura moins envie d’aller à la ville, qu’on retrouvera chez soi, dans son village, et ce sera tout bénéfice pour la santé et pour la bourse. Et qui sait si le cruel problème de la dépopulation des campagnes ne sera pas influencé. Car il faut entrevoir que les petites forces motrices, permettant les petits ateliers à domicile, arriveront à leur tour et feront leur œuvre de civilisation et de bien-être, l’atelier dans le village et même dans la famille étant préférable à tout autre.
    Je ne dis rien de la diminution relative des chances d’accidents et d’incendie. L’agriculteur est trop bon juge de ses intérêts et de l’économie finale de toutes choses pour ne pas arriver à se rendre compte, en résumé, que la lampe électrique est non seulement le plus économique moyen d’éclairage, mais que réunissant ses autres avantages multiples, elle arrive à revaloir ce qu’elle coûte et que, par suite, elle est comme gratuite. L’éclairage électrique, dans le groupement des villages et des usines génératrices, constitue enfin une solidarité en quelque sorte vivante, que des téléphones rendent instantanée, et qui établit un nouveau lien de services réciproques.
    L’usine, on peut le croire, est encore plus impressionnée, dans le cas de force majeure, où quelques accidents très rares provoquent une interruption de lumière, par le ricochet du désagrément imposé aux abonnés, que par toutes autres pénalités commerciales. C’est pourquoi on peut compter sur toute la sollicitude possible pour assurer la continuité du service, qui sera de plus en plus acquise au fur et à mesure du fonctionnement. Du haut de mon plateau de Lancey, d’où j’aperçois la vallée lumineuse, j’envoie un salut fraternel et amical à tous les abonnés présents et futurs de la Société d’éclairage électrique de la vallée du Grésivaudan.
    Aristide Bergès »15

    Cher Monsieur Bergès & Cie,
    Nous, les abonnés futurs et présents de la Société d’éclairage électrique, nous avons des griefs à exprimer quant aux effets de vos progrès. Vos promesses ont mal tourné. C’est vrai, les hommes ne passent plus leurs soirées au cabaret, à boire, à jouer, à beugler, mais seuls et muets, collés devant leurs écrans. D’ailleurs, il y a de moins en moins d’estaminets, ces « parlements du peuple » où s’engueuler sur ce qu’il y a dans le journal, comme il y a de moins en moins de journaux et de marchands de journaux. Fini le café du Commerce, vos successeurs ont tout délocalisé sur Internet, dans des forums « virtuels ». Quant à la famille, elle est décomposée. Chacun son écran, sa chaîne et sa vie. C’est, paraît-il, un grand progrès sur la famille « nucléaire », même si, en réalité, on vivait tous dans le même village, voire dans la même maison ; les jeunes, les vieux, les frères, les soeurs, les cousins, des générations à porter le même nom au cimetière. Il y a bien des familles « recomposées », mais la maison n’est plus si gaie ni si fruste. C’est moins pesant et plus aseptisé, mais aussi moins chaud et plus indifférent.

    Et puis, vous avez beau dire, l’éclairage électrique ce n’est pas le soleil pour tout le monde. Ça coûte plus cher à chacun – plus cher que la chandelle ou le pétrole, ça se discute – mais infiniment plus cher pour tous, aucun doute là-dessus. La société électrique, c’est nous les sociétaires et contribuables qui en faisons les frais. Non seulement la facture d’abonnement et de consommation, mais les dettes colossales et les déficits abyssaux d’EDF et d’Areva, les 5 à 7 milliards de Linky, sans compter ce que nous payons en nature : les barrages, les centrales, les lignes haute tension, les eaux et forêts assassinées, les sols saccagés, les emprises sur le foncier, la flore et la faune exterminées, les brouillards de pollution, les rejets radioactifs, les mines de charbon et d’uranium, les déchets nucléaires, le matériel hydroélectrique et toutes les industries connexes qu’il a fallu créer pour que brille « ce petit globe, dans la cuisine, comme un rayon de joie projeté qui se répercute et s’enfle en étant partagé par les êtres aimés. »
    Tout ça pour ça.
    Les Alpes, les Andes, l’Himalaya dévastés pour y voir plus clair, le soir, dans l’étable et les mauvais quartiers ? Mais rasez-les, vingt dieux ! Et ne construisez que de beaux quartiers !... Ce n’était pas fatal, Monsieur Bergès. Votre triomphe n’induit pas que l’électrification du monde devait triompher. Un dépliant touristique trouvé dans le Vercors, nous apprend que le hameau de Tourtres « se distingue des autres par ses maisons construites en galets et en tufs, tandis que sur le reste des deux communes les maisons sont bâties de pierres plates (…) Les canaux toujours visibles, servaient à l’irrigation et apportaient l’énergie nécessaire aux machines (moulins, scieries, soieries). Tourtres fut longtemps un hameau prospère et industriel, plus important que son chef-lieu, dont l’activité s’éteignit avec l’arrivée de l’électricité. »
    On est toujours gêné de rappeler qu’il y avait une industrie au Moyen-Âge, bien avant la révolution du capitalisme industriel, motorisée par des milliers de moulins à eau et à vent, et que somme toute, l’apport de la vapeur, de l’électricité et du pétrole, n’ont permis qu’un gigantesque accroissement des forces productives et des populations, et une effroyable dégradation du milieu et des conditions de vie.16

    Et ça continue !
    Le Monde : « Dans le Tyrol, la houille blanche menace les hautes vallées : un projet hydroélectrique à 1, 2 milliards d’Euros. » (21 novembre 2013). On voit que, contrairement à ce que vous dîtes, la lampe électrique n’est pas « comme gratuite », ni même « le moyen d’éclairage le plus économique ». Quant à enrayer l’exode rural et à susciter une multitude d’ateliers dans les villages, l’électricité s’est révélée aussi efficace que le chemin de fer. Ce fut un aller simple pour la ville, ses usines, ses lumières, ses salaires, ses magasins, ses « produits blancs » (machines à laver, frigos, électroménager), ses « produits bruns » (télés, chaînes, radios, etc.) ; parce que, voyez-vous, il était plus facile, et plus nécessaire alors, d’amener les campagnards à la ville que d’amener la ville aux campagnards. Maintenant, c’est l’inverse. Nos villages déserts, fermés, sans bistrots, boutiques, ni paysans, deviennent des villages dortoirs pour les « pendulaires », ou des villages vacances pour les citadins. Grâce à Internet, au smartphone, au télétravail, aux deux voitures par foyer, et au TGV, 100 000 « rurbains », s’installent chaque année dans cette campagne qu’ils « rurbanisent ». Forcément, nos métropoles débordent. Une France à 67 millions d’habitants, c’est plus d’une moitié supplémentaire par rapport à celle de Bergès et de l’exode rural (40 millions). Ceux qui n’ont plus les moyens de vivre en ville et ceux qui ont les moyens de vivre hors des villes, fuient vers les campagnes résidentielles. Comptez sur eux pour noircir les « zones blanches », réduire les « fractures numériques », acheter les « objets connectés » et les voitures électriques « intelligentes » qui stimuleront à la fois la gabegie d’électricité, la nécessité d’en produire davantage et celle d’en maîtriser la répartition au plus juste, grâce au compteur Linky.
    Le Monde : « EDF amorce un virage vers la maison connectée. Lancement de Sowee, une filiale consacrée aux objets connectés et aux services associés. » (14 octobre 2016). Il s’agit, selon le Monde, de ne pas laisser le marché libre aux entreprises californiennes, Google, Amazon, Facebook, Apple, en matière de « domotique ».
    Philippe Monboulou, Président d’Enedis : « Les « smart grids » (réseaux électriques intelligents) représentent un nouvel espace à conquérir. L’autre enjeu, c’est le véhicule électrique et les sept millions de points de charge prévus à l’horizon 2030. Demain, les batteries des véhicules électriques pourront aussi servir de solutions de stockage pour l’électricité. » (Le Daubé, 25 novembre 2016)

    Mais l’Etat électronucléaire nous avait déjà imposé le chauffage électrique afin de nous rendre captifs et dépendants d’EDF et du corps des ingénieurs des Mines. Nous aurons donc toujours plus de logements électriques, de voitures électriques, de bus électriques, de vélos électriques, d’appareils électriques et communicants, censés contribuer aux économies d’énergie et à la réduction du chaos climatique, puisque l’hydraulique, le solaire, l’éolien font partie des « énergies renouvelables » et que « le nucléaire n’émet pas de CO2 ». Et ces myriades d’objets communicants fournissent l’or et le minerai de « l’économie de la connaissance », les mégadonnées (big data) entreposées à grands frais dans les banques informatiques qui consomment déjà 9 % de l’électricité en France, et qui rejetteront autant de CO2 que les avions en 2020 aux Etats-Unis.17 Si vous avez le sentiment que l’électrocratie se moque de vous, qu’elle vous ment, vous manipule, vous asservit, vous opprime, vous pille, vous exploite, vous détruit le monde, vous gâche la vie, vous rend malade et vous met en danger, c’est normal : c’est bien ce qu’elle fait. Et encore, n’habitez-vous pas Arlit, au Niger, d’où l’on tire l’uranium nécessaire au maintien de notre mode de vie et de notre « économie de l’immatériel ».

    Vous nous trompez donc, Aristide Bergès, lorsque vous nous vantez la propreté et l’innocuité de l’électricité : « L’avantage est inappréciable ; plus d’atmosphère viciée, la lampe électrique n’apportant rien et ne donnant rien au milieu ambiant. » C’était sans compter la pollution chimique des lampadaires à vapeur de mercure et des nouvelles ampoules de « basse consommation » ; la pollution radioactive de Tchernobyl, Three Miles Island, Fukushima et celle des centaines de centrales nucléaires en activité.
    C’était sans compter la pollution lumineuse et sonore qui nous cache le chant des étoiles, dans les villes actives nuit et jour, sans temps mort, ni entraves. Cette merveilleuse traînée électrique qui, selon votre lointain successeur, Jean Therme, directeur du Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble, signale les zones de prospérité : « Les métropoles économiques à grands potentiels de développement sont repérées de nuit par les investisseurs, grâce aux images fournies par les satellites, sinon en vue directe, depuis un avion. Plus ces villes sont lumineuses, éclairées, plus ils sont intéressés ! Lorsque le ruban technologique de l’arc alpin, entre ses barycentres constitués par Genève et Grenoble, s’illuminera d’une manière continue, lorsque les pointillés des pôles de compétences comme les biotechnologies de Lausanne, la physique et l’informatique du Cern à Genève, la mécatronique d’Annecy, l’énergie solaire de Chambéry ne formeront plus qu’une longue colonne vertébrale, nous aurons gagné. » (Le Daubé. 25/10/2004)
    Précisons que « l’énergie solaire de Chambéry » désigne l’Ines (Institut national de l’énergie solaire), un centre du Commissariat à l’énergie atomique qui a ajouté « et aux Energies alternatives » (EA) à son intitulé (CEA-EA). C’est dire que la production d’énergie solaire sur laquelle les écologistes des années 70 fondaient tant d’illusions, sera tout aussi centralisée, accaparée, industrialisée et destructrice que l’hydraulique, le charbon, le nucléaire et l’éolien.18. Quant à « l’arc alpin » de Genève à Valence, il s’agit du projet technocratique de « faire émerger une métropole d’excellence de dimension européenne » sous le nom de « Sillon alpin ».19
    Finalement, les paysans et les migrants ne sont pas les seules victimes des lumières de la ville ; les investisseurs aussi viennent y flamber. Mais ils n’y laissent pas leur sommeil, ni leur santé – cette fameuse espérance de vie, amputée d’un lustre pour ceux qui travaillent la nuit, ou en 3x8. Ou qui, simplement, sont électrisés par le rythme, le tapage et la frénésie citadine. Et nous en sommes, nous qui ne nous sommes pas encore réfugiés « dans une grotte, en Ardèche ». Il se trouve, en dépit de l’opinion reçue dans certains milieux (post-anarchistes, post-féministes, post- humains, cyborgs et nos excuses aux oubliés) que la nature existe, que l’homme est un animal, et même un animal diurne, au rythme circadien. Que la liberté et le bien-être pour cet animal, comme pour les autres, consistent à vivre à son rythme, dit naturel. Que si on l’en empêche ; que ce rythme est troublé, criblé de stimuli et asservi à tous les stress ; cet animal humain, fatigué, dispersé, dépressif devient vulnérable aux attaques du milieu. C’est ainsi.

    C’est ainsi que la fée Electricité de nos manuels scolaires est devenue l’affreuse sorcière de nos contes d’enfant. Mais les sorcières étaient en fait de très bonnes et très sages femmes, affreusement calomniées par les prêtres et les puritains.20 Et même, des écologistes naturelles (!) selon Françoise d’Eaubonne, théoricienne de l’écoféminisme (Ecologisme, féminisme : révolution ou mutation, 1978. Le sexocide des sorcières, 1999). Rassurez-vous, progressistes de droite et de gauche (libéraux, étatistes, libertariens, sociétaux- libéraux, libéraux-libertaires, post-libertaires, etc.) on ne reviendra pas en arrière, au temps des fées et des sorcières, ni à la bougie. Il faut de la cire pour faire des bougies, et des abeilles pour faire de la cire. La politique de la terre brûlée pratiquée par l’industrie agrochimique et les exploitants agricoles – pesticides, herbicides, homicides - nous met à l’abri de pareilles régressions, de tout retour à la ruralité, rance et réactionnaire.
    Et ce qu’on en dit vaut pour les soi-disant « défenseurs de l’environnement », c’est-à-dire les écotechniciens qui se sont accaparés le « label Vert » avec le soutien des media, à la fois pour se procurer des « opportunités de carrière » et pour empêcher l’émergence de toute véritable défense du milieu naturel et humain. À Tulle, à Sens, à Saint-Étienne, on nous interroge du bout des lèvres : « Mais vous, à Grenoble, vous avez Eric Piolle, un maire écologiste, alors qu’est-ce qu’il dit sur le Linky ? » Pardi. Il dit ce que disent Monboulou, patron d’Enedis, Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie ainsi que les élus Rouges, Roses, Verts à l’Assemblée nationale et à la Métro locale, que le Vert Eric Piolle co-dirige avec le Rose Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix et président en titre : Linky est nécessaire à la (pseudo) transition énergétique. Aussi, en réponse aux opposants, la Métro a-t-elle voté à l’unanimité un vœu en faveur du compteur Linky (Le Daubé, 3 avril 2016).
    C’est qu’Eric Piolle n’est pas seulement Vert, mais (ex) ingénieur chez Hewlett-Packard ; comme Michel Destot et Hubert Dubedout, les précédents maires de Grenoble, étaient ingénieurs au Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble ; comme Vincent Fristot, l’actuel président de Gaz et électricité de Grenoble (GEG) est à la fois Vert et ingénieur. Les ingénieurs Verts étant les meilleurs techniciens de la société électrique et son véritable service de maintenance et d’innovation, GEG travaille à l’installation de ses propres modèles de compteurs communicants, pour le gaz (40 000 appareils) et pour l’électricité (100 000 appareils), d’ici 2024 (Le Daubé, 8 mai 2016). Cependant, c’est dès aujourd’hui qu’Eaux de Grenoble Alpes envoie aux usagers des courriers comminatoires afin d’installer des compteurs à tête radio, Aquadis ou Flodis, fonctionnant sur 433 mégahertz : « Conformément à l’article 30 du Règlement du Service de l’eau potable : “L’usager… doit permettre aux préposés du service de l’eau, l’accès à tout moment au compteur,… pour le remplacer”. Nous vous précisons que cette intervention est gratuite mais obligatoire. » Suivis d’un premier rappel. « Ce remplacement est impératif au regard de la réglementation, le compteur pouvant induire également un risque de défaillance et/ou de fuite inopinée. »

    C’est connu. Les fuites de compteur provoquent de terribles dégâts des eaux que votre assurance ne prendra pas en charge, si votre installation n’est pas aux normes. En tant qu’ingénieur-chef d’une entreprise de fabrication et de distribution d’un fluide, Aristide Bergès aurait apprécié ce chantage subtil pour contraindre les « usagers » à la soumission envers ses exigences technologiques et commerciales., On ne détaillera pas ici comment des entreprises privées et publiques se sont approprié l’eau qui coule pour tous, afin de nous la vendre au robinet et en bouteille. C’était encore une des horreurs de la barbarie pré-industrielle que cette eau gratuite, en « libre service », puisée au puits ou à la rivière par tout un chacun. Une véritable provocation au gaspillage. Heureusement, l’hypertrophie des villes et des populations, les souillures des égouts et des usines ont imposé le traitement et la distribution industriels de l’eau, sa « mise en valeur » et la création d’un marché captif. À quelque chose malheur est bon.

    C’est parce que le contrôle et l’espionnage électroniques à distance menacent également les réseaux d’eau et de gaz que nous participons, à Grenoble, à l’Association de défense contre les compteurs communicants.21 Cet intitulé signifie :
    1) Qu’au-delà du Linky, nous nous opposons à tous les compteurs communicants, au contrôle et à l’espionnage électroniques de nos domiciles.
    2) Qu’au-delà des pollutions électromagnétiques, du gaspillage matériel et de la déshumanisation des services de distribution, nous refusons la société cybernétique qui est le nouveau stade de la société industrielle et technologique.

    Nous refusons de cogérer les diverses nuisances des compteurs communicants avec les pouvoirs publics et privés. Nous ne sommes pas là pour comptabiliser, négocier, « encadrer », « aménager » les taux de rayonnement électromagnétique qu’on nous inflige, mais pour les supprimer à la source, avec le système économique qui les engendre. Pas plus qu’ayant dénoncé le gadget de destruction massive que représentait le téléphone portable (notamment en Afrique) et l’instrument de désocialisation qu’était ici le smartphone (notamment dans la jeunesse) nous ne luttons pour déplacer les antennes de téléphonie (chez les voisins) ou diminuer leur rayonnement.22
    Nous refusons le pilotage automatique de nos maisons, de nos villes, de nos vies, de nos personnes, par des machines en réseaux dits « intelligents », « smart », « communicants », au moyen du marquage électronique de tout et de tous et des banques de traitement des mégadonnées (big data). Nous ne sommes pas des insectes sociaux, nous sommes des animaux politiques.

    Les progressistes nous disent qu’il y a du bon dans le chemin de fer, l’électricité, la société industrielle (capitaliste privée ou d’état, ou mixte) et, désormais, dans la société cybernétique. D’ailleurs les chiffres le prouvent. Nous sommes dix fois plus nombreux sur terre, qu’il y a deux siècles et nous y vivons plus vieux, dans de meilleures conditions – au moins dans les métropoles « avancées ». Ce qui justifie d’étendre au reste de la planète l’American way of life de la Silicon valley. Bref, croissez et multipliez. Mieux vaut le confort sous dépendance informatique que les hasards de la liberté.
    Les mêmes, qui n’en sont pas à une contradiction près, déclarent impossible tout « retour en arrière’ . Précisément parce que nous sommes si nombreux sur un îlot si dévasté, Il nous faudrait confier le calcul et la répartition de nos rations de survie aux calculateurs les plus rationnels. Bref, les coupables de la catastrophe nous imposent la poursuite de la fuite en avant technologique, sous prétexte de gérer les conséquences de deux siècles de révolution industrielle et technologique. Il s’agit d’instaurer un état d’urgence écologique, perpétuel, sous dictature informatique – c’est-à-dire des technocrates qui vampirisent nos données pour en nourrir leurs machines.23

    Nous disons que plus il y a d’humains dans un monde toujours appauvri et réduit, moins il y a d’humanité. La quantité s’obtient en raison inverse de la qualité. On le vit déjà à l’époque du néolithique, quand les petites bandes éparses de chasseurs-cueilleurs, une cinquantaine de nomades par territoire, cédèrent la place aux éleveurs cultivateurs sédentarisés. Les squelettes de chasseurs-cueilleurs exhumés par les préhistoriens sont ceux d’individus grands, minces, robustes, exempts de caries et de carences osseuses, au contraire des éleveurs cultivateurs affaiblis par leur nouvelle alimentation (monotone) et leur nouveau mode de vie (travail, stratification sociale, habitat populeux, épidémies). Mais la production des agriculteurs leur permit de nourrir cent fois plus de population sur un même territoire et de repousser les chasseurs-cueilleurs vers les forêts et les déserts. Ou de les exterminer. Dix paysans mal nourris étant plus forts qu’un seul chasseur-cueilleur en bonne santé. Entre limiter la croissance de leur population ou accroître la production alimentaire, ils choisirent – suivant quelles modalités ? - la deuxième option.
    Puis ils ne cessèrent d’étendre leurs champs, de défricher, de dévaster les milieux naturels, leur faune et leur flore, et d’épuiser les sols. En somme l’agriculture change la Qualité de vie des chasseurs-cueilleurs en Quantité de vies des éleveurs agriculteurs. Quel intérêt y a-t-il à avoir plus de vies, plutôt que des vies meilleures ? Un gain de puissance du groupe sur les autres, essentiellement au profit de la chefferie. En Chine, en Mésopotamie, en Egypte, les agro-empires de l’Antiquité instaurent sur une échelle colossale, ce règne de la quantité qui nous écrase plus que jamais.24
    De même si « l’humanité » adopte l’agro-industrie (engrais chimiques) et les machines, c’est, selon Engels, dans sa polémique contre Malthus, parce qu’elle permet de nourrir – mal – une plus grande population.25 Cent ouvriers mal nourris sont néanmoins plus forts que dix paysans en bonne santé. Cette force multipliée par celle des machines permit aux armées industrielles de vaincre les armées paysannes et de transformer les campagnes – de les détruire. En somme l’industrie change la Qualité de vie des campagnards en Quantité de vies des citadins. Le même principe d’efficacité permit aux « nouvelles classes moyennes » d’ITC (ingénieurs, techniciens, cadres) et d’employés du « secteur tertiaire », alliées aux drones, robots, ordinateurs, d’évincer les anciennes classes d’agriculteurs et d’ouvriers. Mille employés, même nourris de malbouffe industrielle, sont néanmoins plus forts que cent ouvriers – encore plus mal nourris, d’ailleurs.

    On sait la suite qui nous est promise par le secteur le plus progressiste du capitalisme technocratique, celui des technologies convergentes (NBIC)26 et par ses idéologues : la production consciente et planifiée de « l’homme bionique » (bio-électronique), du cyborg (cyber- organisme), du cybernanthrope comme raillait Henri Lefèvre. Le concepteur de la cybernétique, Norbert Wiener, nous l’a annoncé dès 1945 : « Nous avons modifié si radicalement notre milieu que nous devons nous modifier nous-mêmes pour vivre à l’échelle de ce nouvel environnement. »27
    Nos lecteurs auront rectifié d’eux-mêmes : ils ont modifié si radicalement notre milieu que nous devrions maintenant nous modifier pour y survivre. Et si nous ne voulons pas ? Eh bien, nous disparaîtrons comme tant de peuples et d’espèces avant nous, cédant notre « niche écologique » à la nouvelle espèce supérieure. C’est qu’il lui en faudra de la matière et de l’énergie pour accomplir son projet d’Übermensch. En somme, la technologie change la Qualité de vie des humains en Quantité de vie des inhumains. Ou l’inverse. Il faudra peut-être se débarrasser de toute l’humanité superflue pour que vive l’élite nécessaire. Les présidents Bush (père & fils) nous l’avaient bien dit quand l’évidence de l’effondrement écologique et du chaos climatique est devenue inévitable, notre mode vie, l’American way of life, n’est pas négociable – et nous sommes tous américains. Des battants. Des vainqueurs. À l’esprit positif et à la foi indéfectible dans la Science et le Progrès.

    Et c’est nous, les « ennemis du Progrès », que l’on traite d’utopistes ! L’utopie, ou plutôt la dystopie, consiste à croire que nous pouvons poursuivre à l’infini l’effroyable transformation du monde et de l’espèce humaine que les déments progressistes nous infligent de gré ou de force. Ce que nous ont permis les chemins de fer, l’électricité et l’emballement technologique des deux derniers siècles, ce sont l’accélération, l’intensification et l’accroissement de tous les processus. Production, population, consommation. L’allongement et l’accélération de l’activité quotidienne, la multiplication des moyens de communication nous ont permis de mener de plus en plus de vies séparées, successives ou simultanées à une vitesse toujours plus frénétique.
    Nos aïeux menaient dans leurs villages et leurs quartiers des vies de famille et de voisinage, lentes et lourdes, des vies rassemblées, où tout avait lieu à distance de marche : le travail, le commerce, l’habitat, le repos, les fêtes, les échanges, les amours, les querelles, etc. C’était donc aussi des vies directement vécues et collectivement vécues, mais naturellement vécues. Si l’on met de côté les ordres monastiques qui relèvent d’un autre registre, il fallut attendre les premiers phalanstères pour voir des tentatives, d’ailleurs suivies d’échecs, de reconstituer des communautés artificielles. Cette vie d’avant, toute prise dans la société la plus immédiate pouvait être affreusement étouffante et mutilante. Elle a suscité en réaction de multiples voies d’évasion, de refuges et de vagabondages.

    Nos contemporains mènent dans leurs agglomérations des vies dispersées, souvent solitaires, séparées et virtuelles. Grâce aux moyens de communication, ils éloignent leur lieu de travail de leur(s) lieu(x) de résidence et celui-ci (ceux-ci), de la zone de chalandise et/ou de loisirs. Leurs horaires ne sont pas moins éclatés et irréguliers que leurs espaces. Ils sont toujours en transit, en voiture, dans le train, le bus, l’avion, sur leurs écrans, vivant à distance et par intermittence, entre leurs familles décomposées, leurs « amis » sur les « réseaux sociaux » et sur les « forums Internet ». Ils sont donc contraints pour maintenir leurs liens et pour se retrouver, à une énorme dépense d’énergie et de matière achetée à force d’argent, c’est-à-dire de travail. Autrement dit, ils passent leur vie à gagner les moyens de se rassembler. Que ne font-ils pas un court-circuit pour vivre d’abord ensemble, avec ceux qui sont ici, au lieu de vivre ailleurs, avec ceux qui sont au loin ? À quoi bon ce détour, sinon à stupidement alimenter la machine économique ?

    C’est Illich, peut-être, qui dans La convivialité (1973), avait relevé ce paradoxe. L’abondance des embouteillages empêche qu’on aille plus vite en voiture, à Paris de nos jours, qu’en calèche à la Belle époque. Mais pour se payer cette voiture censée lui permettre d’aller plus vite – achat, assurance, entretien, essence, stationnement et garage - le conducteur perd une si grande partie de sa vie qu’il irait plus vite à pied ou en vélo. Plus le coût social, écologique, économique de l’industrie automobile. Faut-il enfoncer les portes ouvertes ? Le temps n’est pas de l’argent. Ma vie n’a pas de prix. Aucun emploi, aucun salaire, ne vaut que je lui sacrifie mon seul bien, offert une fois pour toutes par mes père et mère, et que personne ne peut augmenter ni me rembourser. L’électrification du monde ne nous fait pas gagner de temps. Elle nous en fait perdre par les multiples détours économiques et sociaux qu’elle rend d’abord possibles, puis obligatoires. Elle ne nous fait pas vivre mieux, ni plus heureux. Sans compter le ravage de notre milieu naturel. Et croyez bien que c’est dit à regret par des gens qui ne peuvent s’empêcher de lire la nuit.
    Il en est de même des chemins de fer et de l’ensemble de la société industrielle et technologique, dont le bilan est non moins effroyable. Ce constat de faillite que ses auteurs ne songent plus à nier, mais qu’ils cherchent à tourner à leur avantage, en nous réclamant de nouveaux crédits (d’argent, de temps, de destructions et de peine) et en faisant miroiter de nouveaux mirages d’abondance doit entraîner de notre part, sociétaires de la société, deux décisions :
    Le licenciement de la technocratie dirigeante.
    Le démantèlement de la société électrique & industrielle.

    Laissez-nous vivre et rendez-nous la terre, les abeilles et les bougies !

    Pièces et main d’œuvre
    Grenoble, décembre 2016

    --
    1 http://refus.linky.gazpar.free.fr
    2 cf. Le Postillon n°37, octobre 2016
    3 cf. Antifascisme radical ? Sur la nature industrielle du fascisme. Sebastian Cortes. Editions CNT-RP, 2015
    4 cf. Multitudes n°58, printemps 2015
    5 cf. Linky, la filière grenobloise, sur www.piecesetmaindoeuvre.com
    6 Pierre Frappat. 1979, Ed. Alain Moreau
    7 Pièces et main d’œuvre. 2013, Editions L’Echappée
    8 cf. Sous le soleil de l’innovation. Pièces et main d’œuvre. Ed L’Echappée, 2013
    9 cf. Tableau de la géographie de la France (la Table ronde, 2000) ; Planification urbaine et croissance à la grenobloise sur www.piecesetmaindoeuvre.com
    10 cf Métro, boulot, chimio (éd. Le Monde à l’envers) et “Réindustrialisons” : quand “Là-bas si j’y suis” défend le cancer français sur www.piecesetmaindoeuvre.com
    11 cf Fakir n°69, mars-avril 2015
    12 cf. In their own words. Le parallèle entre le Grésivaudan et la Silicon Valley par ceux-là même qui l’ont commis : www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php ?page=resume&id_article=117
    13 cf. Linky : la filière grenobloise, op. cité
    14 Mais il est vrai que nous préférons Elisée Reclus, George Orwell et Victor Serge, combattants sans dieu ni maîtres de l’union libre et de la libre pensée, aux cagots anti-anarchistes qui défilent aux cris de « Dieu est grand ! », consentent au voilage des femmes et attaquent les réunions où l’on ose critiquer leur islamolâtrie (cf. communiqué de Mille Babords : www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php ?page=resume&id_article=885)
    15 cf. Sous le soleil de l’innovation. Pièces et main d’œuvre. Ed L’Echappée, 2013
    18 cf. Frédéric Gaillard. Le Soleil en face. Rapport sur les calamités de l’industrie solaire et des prétendues énergies alternatives. Ed. L’Echappée, 2012
    19 cf. Isère Magazine, novembre 2004
    20 cf. Caliban et la sorcière, Silvia Federici. Ed. Entremonde 2014
    21 cf. http://grenoble-anti-linky.eklablog.com
    22 cf. Le téléphone portable, gadget de destruction massive. Pièces et main d’œuvre (L’Echappée, 2008) ; Adresse à tous ceux qui ne veulent pas gérer les nuisances, mais les supprimer, juin 1990, par L’Encyclopédie des nuisances. www.piecesetmaindoeuvre.com
    23 cf. L’Enfer vert, un projet pavé de bonnes intentions. Tomjo. L’Echappée
    24 cf. De la Popullulation, sur www.piecesetmaindoeuvre.com
    25 cf. Esquisse d’une critique de l’économie politique. 1843-1844
    26 Nanotechnologies, biotechnologies, informatique, sciences cognitives
    27 cf. Norbert Wiener. Cybernétique et société.

  • Foodora strikes in Italy – the dark side of the sharing economy | Struggles in Italy
    https://strugglesinitaly.wordpress.com/2016/10/30/foodora-strikes-in-italy-the-dark-side-of-the-sharing-ec

    1. The sharing economy?
    2. Foodora in Italy
    3. New conditions and first strikes
    4. Evolution of the struggle
    5. Flexibility and the Italian labour market
    6. Sources
    1. The sharing economy?

    Newspapers report every day how our world is changing because of digital technologies. We often read about full automation, digitalization of life and the end of work. All these themes are interwoven in the sharing economy: apps that connect supply and demand to share a particular good. Foodora is not one of them, as nothing is shared. Foodora is part of the gig-economy, like Uber, MechanicalTurk or Task Rabbit.

    Foodora offers restaurants the possibility of new customers by providing a flexible fleet of couriers. An app monitors purchases and assigns them to the couriers based on an algorithm that calculates speed and distances. Restaurants get new orders without employing any more people, paying 30% only on completed deliveries, meaning they have no additional costs. Customers get the food they want from a great variety of restaurants, at home, by paying €2.90 per delivery. Young cyclists, who the company calls “riders” (even in Italian), get to earn some money by moving through the city in their free time. Foodora, the once-small Berlin-based startup has grown into an international business, located in 10 countries and 36 cities. It opened in Italy two years ago, starting in Turin and Milan (northern Italy) and will soon be expanding to Rome, with prospective sales volume growing at a rate of 75% every month.

    Currently the riders, roughly 300 in Turin and 600 in Milan, are not directly employed by the company. Instead, they are employed using a contract structure known as “co.co.co” (“contract for continued collaboration on a project”). These contracts effectively result in the riders being regarded as autonomous workers collaborating with the company, which enables the company to bypass several labour regulations which apply to direct employees.

    2. Foodora in Italy

    It’s been sold for a figure of several tens of million of euros yet Foodora has the typical appeal of a startup: young and friendly international people working in an open space office in #Berlin and young students delivering food by bike as an easy side-job.

    It landed in #Turin as a mirror image of the Berlin base. The managers, all under 30, meet every so often in a co-working space in the city center, are informal and speak using English words. The fleet of couriers are also young, educated, and are paid €5 per hour.

    This image started to crack when in August Deliveroo couriers in London went on strike and a month later their counterparts in Paris also protested. The reason was, oversimplifying, that once the company had attracted enough “workers”, pay shifted from a fixed scheme to per-delivery compensation only.

    Ever since the company opened in Italy, workers had been meeting and talking to one another informally, especially where they are waiting for new deliveries. They had held informal assemblies, sometimes even meeting with management in order to discuss many issues. When a change in contract similar to London and Paris happened at Foodora in Turin, the protest flared up.

    The usual problems affecting all delivery workers are that deliveries may be in harsh weather conditions and usually involve moving a lot (60-80 kilometers per shift in Foodora’s case). Nor is it new that there are long waits for the food to be ready or the next delivery.

    There are, though, completely new aspects connected to the digital nature of the work relationship. Working time is 24/7 meaning there is no such thing as work/non-work division. Riders can theoretically decide when they are available, though they do not know whether they will actually work as the management decides to accept, modify or even delete the shifts, at any time, even during the shift itself. As an algorithm decides in real time the work rhythms (according to volume of requests and positions of the couriers), there are hours of absolute rush and hours of complete stand-still. Not to mention that both bike and phone are provided by the courier, with all the related costs of maintenance and repair. In some interviews workers even mentioned privacy issues as continual geolocalization goes against privacy law, especially if done by an app from the Apple and Google Play stores.

    All of this for €500 a month, working 25 hours a week.

    3. New conditions and first strikes

    Riders demanded better working conditions. In May 2016, they wrote a letter signed by 85 out of 100 workers, but the requests were answered with a mix of procrastination and excuses, such as that the head of the company was elsewhere at the time. Finally, in July, a meeting took place but management said the contract could not be modified. What turned dissatisfaction into protest was that the contract could actually be changed, and the company did that.

    In September Foodora issued a new contract, applying to all new riders, and from November 30, to all riders. This new contract eliminates the fixed income and replaces it with a variable one: €2.70 per delivery. The number of deliveries per shift is not a factor that riders can influence, as if they were factory workers, but it will still determine their income. For an income of €500, they will have to make a delivery every half hour, at any hour, regardless of the day, time or period of the year.

    The managing director, Gianluca Cocco, refused to discuss the new terms with the base union, SiCobas, that the workers had chosen to represent them, saying that autonomous workers have no right to unionise. The management agreed only to face-to-face meetings with individual workers and many were removed from the group used to communicate with them or blacklisted.

    The informal connections between riders turned into the platform for a strike: on October 8th in Turin there was the first strike in Italy of workers employed through an app. Around 50 riders blocked the service for the whole Saturday, biking through the city distributing leaflets in the restaurants affiliated to Foodora. There were basically three demands:

    abolition of the “temporary collaboration” contract described above, as well as the per-delivery pay, and introduction of a flexible part-time (20 hours minimum) contract. This kind of contract guarantees sick leave, insurance and vacation.

    a basic salary (€7.50 per hour) with a variable bonus (€1 per delivery).
    halting of any threat towards and disciplinary sanctions of the protesting workers.

    Further demands include a proper formal communication channel with the employer (rather then a whatsapp group and an app), fair assistance from the company towards the cost of bike and phone, and proper insurance covering not only accidents but also recovery days and illness.

    4. Evolution of the struggle

    The protest was so successful that it carried on all day, was joined by many locals and was immediately reported by newspapers, mainly because of the newness of the technologies involved. There was significant disruption of the brand image: ‘modifications’ of the company logo (from a hand carrying a tray to one carrying an iron ball with chain) and a “shitstorm” on social media where the company had to delete insults and messages of solidarity. The over-exposure of Foodora’s brand on these platforms made them a great place to show digital solidarity. All this was linked to local assemblies and street action: going to each restaurant to give out leaflets and speeches. The message spread wider, a proper boycott was launched, and restaurants started to join it. In the end a meeting with the managing director to discuss their requests was fixed for October 10. At the end of this meeting the management, both Italian and German, promised to issue a statement in response to every point. It’s worth mentioning that during the meeting a group of people from the co-working space used by Foodora came together to show solidarity and that the co-working space dissociated itself from any connection to Foodora.

    While management was deciding how to answer, an indirect answer came through a ‘rather strange layoff’. Two promoters who went to a riders’ assembly to understand and show solidarity were excluded from the app. Their contract was not over, but they were effectively laid off as they were not being given any shifts. The clear written answer to the protesters arrived at 00.02 of the 14th (despite a deadline of the 13th): not €2.70 euro per delivery but €3.70. The same morning the riders went to the Turin office but found it empty. No one from management showed or picked up the phone. Two labour inspectors were sent directly from the Ministry of Labour, though, to check the legality of the situation, while the Minister himself expressed solidarity with the riders. Unfortunately more and more riders were locked out of the app as they spent their day giving out leaflets about their protest. A group went to the main HQ in Milan twice, once finding it unexpectedly closed and the next time forcing the management to lock themselves in the office for three hours. Both occasions were used to meet some colleagues in the city, organizing info-events for the coming week and spreading the strike.
    Under the pressure from the workers the company decided to answer at least one of the demands. It issued a statement that three bike shops were authorized to give 50% discount. According to the riders, no-one has ever received such a discount. The company’s real reaction, though, was to employ a massive number of new riders, promising them at least two deliveries per hour, a promise that has been broken by either fewer deliveries per hour or fewer hours per week, and blame laid at the door of the striking riders.

    Two weeks after the first strike not only workers but even restaurants that expressed solidarity have been denied access to the app. From the beginning the striking riders have used different methods to decentralize their struggle: frequent change of the representative speaking with management, use of fake names and distorted voices. Once Foodora identified who it thought were the leaders, they were completely banned from any communication, although not officially fired. There are, though, interviews where workers who were ready to accept the new contract were subjected to the same sanctions, just because they took part in assemblies. How the management knew about their participation is a matter of speculation.

    Meanwhile labour inspectors are investigating and the workers have been received by both the municipality and the Labour Ministry. Since both occasions proved unfruitful (Foodora failed to attend the meeting with the municipality), the strikers kept on organizing several public meetings. The role of social centers and squats cannot be underestimated: media reporting and coverage as well as practical solidarity and support came immediately from local grassroots movements. Public assemblies in Milan were held at social center COX, and in Turin assemblies were promoted by activists at the local university and at the social center Cavallerizza, while a solidarity dinner was held in anarchist squat Asilo.

    5. Flexibility and the Italian labour market

    Further reflection should be given to the bigger picture. The truth is that Foodora was able to offer such low salaries (compared, for instance, with France where a rider gets €7.20 an hour + €2 per delivery) because the Jobs Act and previous reforms have deregulated the Italian job market and removed general protection for workers. When the deregulated market meets the hyper-fragmented employment form of Foodora it results in a terrible mix. Furthermore, Foodora has been accused of taking advantage of the high youth unemployment rate in Italy (around 40% in 2015, according to ISTAT): what the company terms a “side job” is, for the riders, one of the only ways to have an income.

    Luckily the struggles of the riders and many others keep our eyes open and our hopes high.

    You can find info and statements (in Italian) about the striking riders on their FB page: Deliverance Project. Feel free to express your solidarity to them, or on the Foodora FB page.

  • Foodora delivery workers strike in latest gig economy flare-up
    http://ilmanifesto.global/delivery-workers-strike-in-latest-flare-up-of-gig-economy-conflict

    Topic
    Gig economy

    Location
    ROME

    Published on
    October 12, 2016

    “The protest by Foodora bikers has aroused a great uproar because these workers have come together and have presented their claims. The messengers did not do anything new: When there is a conflict at work, you need to get together,” says Valerio De Stefano, a visiting professor in labor law at Bocconi University, one of the first Italian jurists to focus on the new economics of online services. He’s the curator of an issue of the journal Comparative Labor Law & Policy Journal on the “gig economy.”

    On Monday there was another protest in Turin. A delegation of seven workers spoke in a conference call with Gianluca Cocco, the CEO of the food delivery company Foodora Italy. “We work under borderline legal contracts,” they said, and called for an increase of pay “that amounts to little more than €2 per delivery, well below national and international compensation standards.”

    Why then this surprise?

    The widespread opinion is that anybody who takes this job does it for fun or as a hobby. They actually do a real job that involves all the contradictions of the case: respect for professionalism, responsibility and physical fatigue. And they have said it openly, posing a problem to the organization of production determined by the company. It happens in any working environment. The gig economy must not be allowed to create a parallel dimension where the rules of work do not count, because it makes use of the technology and the laborer is young. In many cases the managers are young, too. This economy is part of a transformation of labor into casual work and fragmentation of labor relations that has been going on for some time.

    What does that entail?

    It’s like if you were hired and fired every 10 minutes and you were paid only for each occurrence. This takes place in catering, distribution or logistics, areas where there is a trend to deconstruct the employment relationship. If before the employer bore the risk that in certain periods there was less work and absorbed the cost of illness or holidays, he is now trying to get rid of anything that does not generate an immediate benefit.

    In August, the London Deliveroo messengers also protested. In September, their Parisians counterparts did. What is going on?

    These are normal social conflicts at work. Workers come together to have more bargaining power. Most live mainly off the remuneration they receive from the platforms. Their activity is not secondary or marginal. In my opinion, there is not a general and universal response to these protests: It depends on the companies and their productive organization. But we have to start from one fact: If there are no workers to carry the parcels, there is no Foodora or Deliveroo business.

    What is the distinction between the sharing economy and the gig economy, and why are they superimposed?

    I’m not a big fan of these labels. There is the labor market and this is a part of it. The ‘sharing’ and ‘gig’ economy are confused because they are based on the exploitation of a technological tool: a smartphone or PC. The first brings together people to share costs for a car ride. The second provides for the payment of a car and driver to take the customer wherever he wants. We are certainly talking about work in this case: a service for a fee. In the case of Foodora, there is nothing to share: There is someone who needs a meal delivered and hires a company that organizes a workforce. The reference to the sharing economy is misplaced.

    Uber, Deliveroo or Foodora workers consider themselves employees because they claim expenses and are inserted in a hierarchy. Are they hired?

    There is no single model, but there are many ways to pay for a job in a casual system. In some cases, it is possible to identify the relationship of subordination, in others performance can be more independent. Not all companies are working in the same way. There may be a timetable control or a different relationship with the consumer. You cannot give a single answer because there is a risk not to protect those who need it and vice versa.

    The problem has been debated in recent years by Uber drivers in the U.S. What is the situation?

    At this time there are many cases, particularly in ridesharing. In California, there is a class action on the requalification of Uber drivers as employees and not as independent contractors. They had made an agreement with the company, but the judge did not find the amount of the transaction reasonable. The case is ongoing. The problem of the categorization of workers goes far beyond the gig economy and is affecting the whole labor market. In the U.S., there has been a controversy over express courier services. The courts have made divergent decisions.

    In the United States, some jurists have proposed recognizing these new workers in the category of “self-employed.” Do you think it is a solution?

    In my opinion, they must be recognized in their corresponding category: either dependent employment or self-employment. What matters is the reality: If one worker says he is independent but actually behaves as if he were employed, then the protections of dependence apply. And vice versa. There is no single model.

    Should it be decided by a judge or by a policy?

    At the beginning, judges may decide and politics can decide whether to intervene or not. Until now in Italy, we have not seen disputes on the point and it is likely that the policy would be acting prematurely. We’ll see if these disputes will result in lawsuits or if the parties decide to come to an agreement without resorting to the courts.

    Amazon or TaskRabbit call their workers “mechanical Turks,” “rabbits,” “human services.” Why do we see this dehumanization?

    There’s a will to do so because either they are bad bosses or do not want to acknowledge their humanity. It is an organizational model that goes to the disintegration of the working relationships: The worker is not paid for his time but for his output. Beyond that, companies do not take any responsibility.

  • Italie, 4 décembre… Serait-ce le prochain domino ?
    https://www.crashdebug.fr/international/12724-italie-4-decembre-serait-ce-le-prochain-domino

    Chaud cacao....

    Contributeur anonyme

    Audrey Duperron

    Le 4 décembre, les Italiens se rendent aux urnes pour approuver ou rejeter une réforme proposée par le Premier ministre Matteo Renzi. Mais comme David Cameron avant lui, qui avait proposé d’organiser le referendum du brexit, Renzi joue gros avec cette décision : son destin politique, mais aussi l’avenir de l’Italie, et celui de l’ensemble de l’UE.

    L’opposition de Renzi se compose de trois partis, dont le populiste Mouvement Cinq étoiles de Beppe Grillo. Ce dernier a réussi à remporter les villes de Rome et Turin au cours des dernières élections municipales, mais aussi une série de petites. Le parti anti-immigrés de la Ligue du Nord, qui, comme le Mouvement Cinq étoiles, veut remettre en question l’adhésion de l’Italie à la zone euro, et qui veut (...)

    #En_vedette #Ça_s'est_dit_par_là... #International

  • Erri De Luca : « Le capitalisme s’est affranchi du souci de l’utilité »
    https://reporterre.net/Erri-De-Luca-Le-capitalisme-s-est-affranchi-du-souci-de-l-utilite

    Reporterre — La ligne Lyon-Turin (TAV) ou le pont sur le détroit de Messine entre la Sicile et le continent… que pensez-vous de ces grands projets lancés en Italie ?

    #Erri_De_Luca — On déplace l’argent public en faveur de grandes entreprises qui sont liées au système des partis. Hors d’Italie, on appellerait cela corruption, mais chez nous, c’est devenu un modèle de développement. En Val de Suse, par exemple, on ferme des hôpitaux, mais on continue à gaspiller des milliards pour un trou inutile. Le pont au-dessus du détroit de Messine ne se fera jamais, mais plus de 300 millions d’euros ont déjà été dépensés, alors que les routes et le réseau de chemin de fer en Sicile sont dans un état déplorable. Le problème est que le citoyen italien est devenu un sujet, comme au Moyen-Âge.

    #GPII #capitalisme

  • Sivens, Europacity, Roybon… Les opposants aux grands projets jugés inutiles ont-ils fait plier les bétonneurs ?
    http://www.bastamag.net/Sivens-Europacity-Roybon-Les-opposants-aux-grands-projets-juges-inutiles-o

    Le quinquennat de François Hollande a été marqué par l’émergence et la multiplication de mouvements contestant la pertinence de certains grands projets d’infrastructures : l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes bien sûr, mais aussi le barrage de Sivens (Tarn), le village artificiel de Roybon (Isère), le méga centre commercial Europacity en région parisienne, la décharge industrielle de Nonant-Le-Pin en Normandie, ou encore la ligne grande vitesse entre Lyon et Turin. Où en sont ces projets ? Les occupations (...)

    #Décrypter

    / Des grands projets... inutiles ?, #Multinationales, Démocratie !, A la une

    #Des_grands_projets..._inutiles_ ? #Démocratie_ !