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  • Re-commencer Vacarme | Cairn.info
    http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=VACA_080_0001&WT.mc_id=VACA_080

    Editorial de Vacarme, 20 ans après la création de la revue

    Vacarme a commencé il y a vingt ans. Nous sommes vingt ans après, et « nous » est déjà parti de Vacarme ou vient d’arriver, « nous » est revenu, ou est toujours là, tout le temps, ou parfois, de loin. D’une manière ou d’une autre nous avons tou-tes commencé Vacarme, et le recommençons à chaque numéro. Il n’empêche, il y a eu un vrai début.

    Vouloir commencer une revue, c’était vouloir commencer aux trois sens pleins que l’on peut donner à ce terme : rompre, fonder et initier. Rompre en particulier avec deux gauches : d’une part, celle qui en ne s’en prenant qu’au « système » perdait de vue la richesse des résistances singulières encore vivantes et ne donnait plus à espérer que l’assomption d’une désespérance perpétuelle ; d’autre part, celle qui au nom du pragmatisme était déjà en train de renoncer à tout ce qu’elle était. Fonder, non au sens de sceller dans le marbre les principes premiers, mais au sens de tâcher d’avoir un sain mouvement de recul face à tout ce qui nous advient, ne pas se laisser porter ou submerger, mais reprendre — fonder c’est toujours refonder comme commencer c’est toujours recommencer. Enfin, initier au sens de l’inverse de commander ou de suivre, c’est-à-dire comme l’acte d’affirmer l’adresse de subjectivités libres à d’autres subjectivités libres en leur demandant de prendre librement le relais : commencer, c’est toujours l’envoi d’une bouteille à la mer entre deux libertés au risque constant de rester en souffrance comme on dit d’une lettre égarée, mais pour un tel envoi en politique une revue reste peut-être le meilleur des moyens.

    populisme et gauche
    « Gauche » est un mot qui a fâché à Vacarme. Il y a deux lignes : ceux pour qui ce mot a eu un sens fort (« nous sommes la gauche ») et une génération pour qui c’est avant tout la compromission. C’est un clivage intime, irrésolu et reconduit. Il y a pourtant urgence à un moment de recomposition du champ politique. Le débat a fait rage entre Mouffe et Fassin lors de la campagne présidentielle 2017 pour évaluer les bénéfices électoraux de la production d’un populisme de gauche. Peut-on parler de peuple, doit-on parler des gens ? Comment articuler les différentes composantes du peuple avec des revendications minoritaires ? Quelle place les savoirs des gens, des luttes et des experts peuvent-ils avoir dans un renouveau assumé d’une langue politique commune ? C’est un chantier théorique et pratique assez urgent. Il en va de l’avenir de la gauche.

    #Vacarme #Revues #Nous_sommes_la_gauche

  • Les gouines of color sont-elles des indigènes comme les autres ? À celles et ceux qui nous reprochent de diviser la classe des femmes
    http://www.vacarme.org/article2776.html

    La vie, combien de dimensions ? On n’est jamais seulement femme, contre d’autres identités possibles. De même qu’on n’est jamais seulement noire, ou arabe, ou d’origine musulmane. Il est politiquement heureux de pouvoir penser qu’un sujet est toujours un autre, qu’il a toujours la possibilité d’être un autre. C’est ce qu’une militante, possiblement lesbienne, possiblement féministe, possiblement blédarde, possiblement of color, possiblement racisée, possiblement ce que son être désirant veut qu’elle soit, ou qu’elle combatte, expose à Vacarme.

  • Politique des minorités, politique du style
    Entretien avec Philippe Mangeot sur la revue Vacarme
    Drôle d’époque n°20, automne 2007
    http://www.christiane-vollaire.fr/index.php?/vacarme

    Entre désirs de fuite et rapports de force, c’est sans doute l’un des espaces de la politique telle que nous la concevons à Vacarme qui se déploie. (...)

    Vacarme occupe une drôle de position au sein de la gauche de gauche : nous avons beau en faire évidemment partie, nous ne nous sommes jamais reconnus dans le discours de l’anti-libéralisme, qui ne décrit souvent ni les expériences politiques dont nous procédons, ni certains de nos affects. Nous avons consacré il y a plusieurs années un dossier qui proposait une critique de la critique anti-libérale, en montrant notamment comment les luttes minoritaires auxquelles nous participions, ou dont nous nous sentions proches, pouvaient prendre appui sur des possibilités ouvertes par le libéralisme pour lui résister. Je pense notamment à la bataille des malades du sida contre les brevets pharmaceutiques, mais aussi aux stratégies mises en œuvres dans les luttes de certains peuples autochtones, auxquelles nous avons récemment consacré un « chantier ». De ce point de vue, nous sommes souvent beaucoup plus loin qu’on ne le pense souvent de ce qui se travaille à Attac par exemple, ou de ce qui s’écrit dans les colonnes du Monde Diplo. Je me souviens qu’au tout début du projet de Vacarme, certains d’entre nous définissaient cette revue qui n’existait pas encore a contrario du Monde Diplomatique. Quand je sors de la lecture du @mDiplo, j’ai souvent l’impression que le système qui nous accable est tellement fort et tellement cohérent que je ne peux y opposer qu’un savoir désarmé. Notre question, c’est plutôt : quelles sont les échelles, quels sont les leviers, quelles sont les marges de manœuvres dont on peut se saisir pour continuer de faire de la politique : d’où l’intérêt que nous portons à la politique des usagers, par exemple, et la façon dont cela nous conduit à démultiplier les lieux-mêmes de l’action politique : c’était le sens d’un dossier déjà ancien sur les DDASS, où l’on administre une large part de nos vies : quelle politique inventer au guichet des DDASS ? voilà le type de question que nous nous posons. Quelle peut-être une politique des gouvernés dans tous les lieux où s’exerce un « gouvernement », au sens classique du terme : une salle de classe, une prison, une entreprise, un cabinet médical, etc. ? Il n’y a pas si longtemps, le Diplo a fait une brève assez sympathique à propos de la sortie d’un numéro de Vacarme, qui saluait un article en notant qu’il tranchait, pour une fois, dans une revue globalement « fumeuse ». C’était rigolo, parce qu’ils mettaient le doigt sur ce qui nous distingue fondamentalement d’eux.

    Puisque nous en sommes aux définitions de la façon dont Vacarme conçoit la politique – politique des usages plutôt que des principes, politique des gouvernés, etc. – il faut rappeler aussi la façon dont Vacarme s’est opposé, dès l’origine, à la crispation de la gauche républicaine contre les « communautarismes ». C’étaient les années 1990, à l’époque du triomphe du concept droitier de "politiquement correct", pourtant inventé aux Etats-Unis pour discréditer la gauche. Il y avait alors une crispation républicaine très forte contre les « communautarismes ». Nous y voyions un faux débat, inapte à rendre compte de la façon dont les communautés peuvent être des lieux d’invention de savoirs et de modes de résistance à des formes de domination majoritaire : selon nous, il fallait au contraire favoriser le développement des structures communautaires, seule façon, du reste, d’empêcher qu’elles ne se closent sur elles-mêmes. Je parle d’expérience : je sais comment la lutte contre le sida, dans son ensemble, s’est construite au sein de la communauté homosexuelle.

  • « A Touch of Sin », le nouveau film de Jia Zhang-ke - Vacarme cc @lewer @pguilli
    http://www.vacarme.org/article2342.html

    A Touch of Sin de Jia Zhang-ke, qui a reçu le Prix du scénario au dernier festival de Cannes, est enfin visible au #cinéma. Regard sans concession sur la #Chine d’aujourd’hui, ce film articule fiction et documentaire avec grand art. La sortie de son film est l’occasion de relire l’entretien qu’il avait accordé à Vacarme.
    http://www.vacarme.org/article2108.html

    • Pourquoi j’ouvre un blog sur la Chine
      http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-louis-rocca/020114/pourquoi-jouvre-un-blog-sur-la-chine

      Le deuxième événement est un débat parisien auquel j’ai participé à propos du dernier film de Jia Zhangke et à l’invitation d’un bon connaisseur de la Chine. C’est un film sur la violence dans la société chinoise -11 meurtres, j’espère ne pas en avoir oublier- et un suicide. C’est un beau film réalisé par un oscarisable chinois, jeune, intelligent et talentueux. C’est un film qui rencontre des difficultés avec la censure sans pour autant être marginalisée ; le gouvernement chinois ayant compris depuis longtemps ce qu’il pouvait tirer de la réputation et du talent d’un tel cinéaste. Ce film, dont j’aurai peut-être l’occasion de reparler, donne l’occasion aux arguments néo-conservateurs de se déployer avec une nouvelle jeunesse. Il montrerait une Chine d’une violence extrême, où cumuleraient les méfaits du capitalisme et l’absence de démocratie -sans que l’hypothèse d’un lien quelconque entre les deux ne soit envisagée. Ce serait horrible d’être chinois ! Dans la discussion qui a suivi la projection toute tentative d’analyser réellement le film -dans ses ambiguïtés, ses nuances, son ironie- fût balayée. Toute tentative de comparaison -la base de la réflexion intellectuelle après tout- avec d’autres sociétés, sans doute plus violentes, comme la sud-africaine, fût renvoyée à de la manœuvre rhétorique. La Chine, non démocratique, sans « société civile », sans « individu autonome » ne pouvait qu’être un enfer. A l’inverse, aucune société démocratique ne peut être un enfer.

      Voici donc la généalogie rapide de ce blog.