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  • Les bibliothèques françaises sous l’Occupation : « les nazis savaient où étaient situées les bibliothèques qu’ils voulaient saisir » | Archimag
    http://www.archimag.com/bibliotheque-edition/2014/07/16/bibliotheques-fran%C3%A7aises-occupation-nazis

    Vichy a eu une attitude à la fois de coopération, de rivalité et de laisser-faire. Très tôt, le gouvernement de Vichy a mis en place une lutte contre la franc-maçonnerie et a pillé des bibliothèques de responsables politiques. Ces bibliothèques se sont ensuite retrouvées à la Bibliothèque nationale dans le cadre de la création d’une « Société d’histoire de la France contemporaine » qui s’est enrichie au rythme des saisies des bibliothèques appartenant aux hommes politiques français déchus.

    • Bernard Faÿ était un intellectuel professeur au Collège de France spécialiste de la révolution américaine. C’était un américaniste très renommé et très cultivé mais son parcours s’est peu à peu radicalisé de la droite vers l’extrême droite. Il a connu Pétain, probablement à la fin de la Première guerre mondiale, qui le nomma à la direction du Musée des sociétés secrètes puis administrateur de la Bibliothèque nationale.

      C’est l’histoire de la radicalisation d’une personne qui n’avait par ailleurs aucune expérience administrative et qui a voulu transfigurer la Bibliothèque nationale. Bernard Faÿ partait du principe que la Bibliothèque nationale n’avait été digne de son rang que lorsqu’elle était sous le regard direct du roi.

      Dans un désordre invraisemblable, la Bibliothèque nationale a vu son budget quintupler, les personnels tripler sous le gouvernement de Vichy. Pendant les deux premières années de Vichy, Bernard Faÿ fut en grâce car il avait un accès direct à Pétain par-dessus son ministre de tutelle ! Dans le même temps, on a voulu casser les statuts des agents et certains personnels recrutés n’avaient absolument aucune compétence dans le domaine des bibliothèques.

  • Réponse du rappeur Kery James à Raphael Enthoven (1)

    Vous intitulez votre chronique « Le vrai respect à conquérir en république est l’indifférence de la couleur de la peau » Pourtant dès les premières secondes de cette même chronique vous posez la question suivante : « Que demande Kery James lorsque il demande le respect ? Qu’on le respecte en tant que noir ou qu’on le respecte en tant que citoyen français ».

    La question en elle même démontre que l’indifférence à la couleur de la peau n’est pas chose acquise en république. En effet, lorsqu’un homme noir vous demande le respect, il ne vous vient même pas à l’esprit qu’il puisse l’exiger en tant qu’être humain. Vous vous demandez immédiatement, si il l’exige en tant que Noir. Est-ce parce que vous le percevez en tant que Noir avant de le percevoir en tant qu’être humain ?

    En effet, je n’ai pas commencé ce texte en disant « J’écris ce texte en tant que noir ». Au contraire, je dis dans la même chanson « Il n’y a pas que les Noirs et les Arabes, ce sont tous les pauvres qu’ils méprisent ». C’est à dire que les pauvres, quelle que soit leur couleur de peau, sont souvent méprisés par ceux qui détiennent le pouvoir économique. Tout comme la couleur de peau de ceux qui sont riches ne dérange jamais ceux qui profitent de leur fortune. Et si je m’étais exprimé au nom d’une classe sociale et non en celui d’une race ? Pourquoi est-ce que cela ne vous a pas effleuré l’esprit ? Il est simple, mais malhonnête de ramener mon discours à des considérations raciales qui sont les vôtres, pas les miennes.

    Figurez vous que l’une des chansons les plus emblématiques de ma carrière et l’un de mes plus grands succès s’appelle justement « Y’a pas de couleur ». Cette chanson est un incontournable pour moi si bien que je l’interprète à chacun de mes concert alors qu’elle date de 2001. Je l’ai notamment interprété à Bercy le 21 Novembre 2013 devant près de 15000 personnes. Pour vous dire ô combien cette chanson et son message sont importants pour moi. La dernière fois que je l’ai interprété c’était en banlieue parisienne à saint-denis le 24 Octobre 2015. Si j’étais un raciste anti-Blanc et que ce racisme anti-Blanc avait un écho en banlieue, je n’aurai pas interprété cette chanson en seine saint-denis.

    Pour dissiper tout malentendu, si malentendu il y a, plutôt que volonté réfléchie et calculée de biaiser mon discours,laissez moi citer un court extrait de cette chanson : « Y’a pas de couleur pour être stupide, ignorant, raciste et borgne. Pas une couleur attitrée à l’absurdité. Pas une couleur qui prouve ton intelligence. Pas une couleur qui témoigne de ta tolérance ». Est-il nécessaire que je mentionne « Pleure en silence » une autre de mes chansons que j’interprète également à chacun de mes concerts en banlieue et ailleurs et dont voici un autre extrait : « La détresse n’a pas de couleur. Réveille-toi, sous combien de peaux blanches se cache la douleur ».

    A la lumière de ces deux extraits, il apparaît clairement que votre tentative de m’accuser de racisme anti-Blanc est infondée voir calomnieuse si cela est volontaire de votre part. Il en est de même pour votre rapprochement très douteux entre mes idées et celles du Front national. Prétendre que c’est ma chanson qui renforce le FN en France est un argument étonnant auquel n’adhéreront jamais ceux qui connaissent ma musique. Et moi qui pensais que c’était la crise économique et l’impuissance des gouvernements successifs à nous en sortir qui expliquait cette montée du FN. Moi qui pensais que cela s’expliquait aussi par la stigmatisation continue d’une certaine partie de la population française par la classe politique et les médias. Je vais même vous avouer un secret, leurs discours m’ont même parfois laissé penser qu’ils voulaient et organisaient la montée du FN .En fait, vous devez comprendre et accepter que quelqu’un puisse être un véritable anti-raciste tout en étant capable de dénoncer des injustices que seuls ceux qui y trouvent leurs intérêts voudraient passer sous silence.

    Vous avez également dérapé quand vous avez expliqué que lorsque je dis « J’ai abandonné l’idée qu’ils me perçoivent un jour comme un Français » cela signifie que « j’ai renoncé à l’intégration ». C’est très grave. Je suis né en Guadeloupe et je suis en métropole depuis 1985 et vous pensez encore que je dois « m’intégrer » ? Ce dérapage à lui seul justifie la totalité de mon texte auquel vous avez tenté maladroitement de vous opposer pour des raisons qui me paraissent obscures. En effet, comme vous en faîtes la démonstration, vous ne me considérez pas comme un Français puisque vous pensez que je ne devrais pas renoncer à "l’intégration".

    Vous auriez été plus pertinent et plus juste, si vous aviez fais une chronique sur l’action que je mène avec mon association ACES, comme Apprendre, Comprendre, Entreprendre et Servir. Dans ma chanson « Banlieusards » dont le leitmotiv est « On est pas condamnés à l’échec » j’écrivais « Une question reste en suspens qu’a t-on fait pour nous mêmes ? ». En effet, je refuse d’être de ceux qui pointent du doigt les problèmes et ne proposent aucune alternative. Comme je crois que la véritable révolution passe par l’éducation j’ai fondé l’ACES en 2008. Son objectif, faire du soutien scolaire et du financement d’études supérieures. Alors depuis près de 2 ans maintenant dans le cadre de l’action menée par mon association, je donne des concerts en France et même dans les départements d’outre-mer comme en Guyane par exemple. A chaque date, je reverse une partie de mon cachet personnel pour financer les études supérieures d’un jeune en difficultés économiques.

    Plus d’une dizaine d’étudiants, de toutes les couleurs ,ont bénéficié de cette bourse à ce jour. Pourquoi ne pas avoir fait une chronique sur cette tournée solidaire ? Pas assez sensationnel ? Est-ce parce que cela ne rentre pas dans le projet qui consiste à faire passe les banlieusards comme des terroristes potentiels et des délinquants ? Ou les deux à la fois ? Est-ce que c’est parce que cela contribuerai à montrer les jeunes de banlieue autrement que comme des prétendus paresseux qui ne font que se plaindre et sont incapables de se prendre en main ?

    J’essaie en ce moment de monter un documentaire sur les parcours de ces jeunes qui ont bénéficié de la bourse ACES. Ces jeunes qui, partis du plus bas, ne se contentent pas de pleurer sur leur sort. Ces jeunes qui ne s’arrêtent pas au simple constat des difficultés auxquelles ils doivent faire face mais qui se battent au quotidien. Nous avons démarché plusieurs chaînes de télévision et aucune d’entre elles ne souhaite diffuser ce documentaire. Pouvez-vous m’éclairer et me dire pourquoi ? Est-ce que vous pensez honnêtement que les émissions qui montrent une image positive des jeunes de banlieue sont assez nombreuses et que le pays n’en a pas besoin ? Est-ce que ce n’est pas plutôt l’absence de ce genre de documentaires à la télévision qui facilite la montée du FN ? Vous comprendrez peut-être en quelques mots les raisons de ma colère qui n’est pas et qui j’espère ne sera jamais une colère aveugle qui me fera sombrer dans l’idiotie et l’injustice.

    Vous ne pouvez pas prendre l’extrait d’une chanson qui n’est même pas terminée d’ailleurs et le brandir en occultant l’ensemble de ce que j’ai écris dans ma carrière discographique qui dure depuis 23 ans maintenant. Vous devez également être vigilant et faire attention à ne pas faire passer les conséquences pour les causes. Ce texte « 10 ans après » est une conséquence et non une cause. Tout comme les révoltes de 2005 étaient une conséquence et non une cause. Et pour information, lorsque j’ai écrit « Toute arrivée à son départ » cela signifiait pour moi que les conséquences ont souvent une cause connue. La phrase n’a jamais eu dans ma bouche le sens que vous lui prêtez. Heureusement, je ne suis pas encore mort et quelle interprétation peut-être plus précise que celle de l’auteur lui même ?

    Vous avez demandé sur Twitter à ce qu’on vous apporte des arguments qui vous démontrent que votre analyse est fausse et surtout qu’elle ne s’applique pas à ma personne. Vous avez dis que vous seriez ravi de vous être trompé. Je n’ai aucun doute que cette réponse brève contient non pas les arguments mais les preuves sans ambiguité que ni vous ni aucun autre média ne pourrez jamais m’accuser de racisme anti-blanc si ce n’est en ayant recours au mensonge, à la diffamation, à la déformation de mes propos et à la manipulation.

    Dans votre chronique vous nous sommez de choisir entre Malcolm X et Nelson Mandela. Si seulement vous pouviez me laisser choisir par moi même. Je pourrais peut-être me sentir inspiré par la détermination de Malcolm X tout comme par la capacité de Nelson Mandela à pardonner.

    Et puisque vous vous réclamez du pacifisme de Nelson Mandela je compte sur vous pour avoir l’honnêteté de lire cette réponse à l’antenne sans la dénaturer et de reconnaître qu’au minimum vous vous êtes hâté dans votre jugement à mon sujet. Si vous le faîtes alors là vous serez très proche du pacifisme de Nelson Mandela et vous démontrerez que le dialogue entre ce que j’appelle malgré moi les deux France est possible et n’est pas voué à l’échec.
    Je vous invite même à assister à mon prochain concert solidaire qui aura lieu à Vaux en Velin le 21 Novembre au centre culturel Charlie Chaplin à 20 heures. Concert autour duquel une bourse de 6000 euros sera attribuée à un ou plusieurs étudiants pour les aider à financer leurs études supérieures. Ce sera l’occasion pour vous de découvrir ma musique, de me rencontrer ainsi que de constater la grande diversité de mon public qui est loin, même très loin d’être composé uniquement d’Arabes et de Noirs. Vous pourrez voir par vous même, le bonheur, le courage et la détermination de certains lauréats et peut-être même la fierté et les larmes dans les yeux de leurs parents. Venez donc mettre un pied dans notre réalité et abandonnez le fantasme médiatique d’une banlieue anti-blanche.
    Si vous venez et si vous avez le courage de revenir sur vos dires, alors j’aurai la certitude que vous vous êtes simplement trompé à mon sujet et que vous êtes un homme qui sait reconnaître ses erreurs. Si vous ne le faîtes pas,ou pire encore surenchérissez, j’aurai alors la conviction que vous êtes profondément malhonnête et j’en serais peiné pour vous.

    Je souhaiterai conclure par une citation de Nelson Mandela que vous semblez chérir :

    « Je lisais beaucoup de journaux de toutes les régions, mais ils ne donnent qu’une pauvre image de la réalité, les informations qu’ils donnent sont importantes pour un combattant de la liberté non pas parce qu’elles disent la vérité, mais parce qu’elles révèlent les préjugés de ceux qui écrivent les articles et de ceux qui les lisent »
    L’aube est claire pour celui qui a des yeux.

    Kery James

    (1) http://www.europe1.fr/emissions/la-morale-de-linfo/le-vrai-respect-a-conquerir-en-republique-est-linfference-de-la-couleur-de-l

    • La réponse de Enthoven, nulle, à coté de la plaque, toujours aussi raciste.

      Et voici ma réponse à sa réponse... Je vous laisse le soin, cher ‪#‎keryjames‬, de la partager...

      Merci de cette lettre ! Vivent les désaccords.
      Un pays en paix et en bonne santé est un pays dont les citoyens peuvent s’engueuler sans se détester, et loyalement. Permettez-moi donc, sans revendiquer le dernier mot, de répondre à votre réponse.

      Que les choses soient claires : je ne vous fais aucun procès d’intention. Au contraire, je ne doute ni de la pureté de vos intentions, ni de la sincérité de vos engagements. Est-ce votre parcours qui vous a ouvert le coeur ? Peut-être. Le fait est qu’à vos yeux, et malgré votre succès, le monde n’est pas (seulement) un spectacle. Vous savez souffrir des douleurs que vous racontez. Vous êtes un homme politique, au sens noble du terme : les autres vous importent plus que vous-même, vous avez trop d’ambition pour n’être qu’un ambitieux. C’est de cette générosité-là, peut-être, que vient le talent.

      Mais (à mes yeux) la colère vous aveugle à l’instant où elle vous donne le sentiment de voir plus clair que les autres.
      Qu’il y ait des injustices, c’est un fait. Qu’il faille lutter contre, c’est une certitude, sinon le sens de la vie. Mais la France n’est pas coupée en deux. La France est coupée en mille. Le monde n’est pas seulement réparti en oppresseurs et en opprimés, ce serait trop facile. La lecture en termes de race ou de classe relève, à mon sens, d’une simplification abusive du monde. D’autant que la bonté n’est pas toujours du coté des victimes. Et la force n’est pas toujours une méchanceté. La vie n’est pas noire ou blanche, mais grise (ou marron, les jours de beaux temps).

      Contrairement à vous, je n’ai aucun message à faire passer, mon travail consiste à prélever des paradoxes dans l’actualité, et quand je tombe sur l’un d’entre eux, je suis heureux comme un chercheur d’or quand il met le doigt sur une pépite.

      Pour rédiger ma chronique, je me suis appuyé sur trois de vos textes : Banlieusards, Lettre à la République, et votre hommage (inachevé) à Zyed et Bouna. Et « je revendique » (avec votre permission) le droit d’être en désaccord frontal avec vous.
      La France a un affreux passé colonial, dont il faut enseigner les tortures. Et, sous l’alibi de valeurs universelles, le mal-nommé « pays des droits de l’homme » s’est parfois (pas toujours) conduit en bourreau. Mais la République est belle, malgré tout ; elle ne se confond pas toute entière avec cette histoire sinistre. Et rien n’est plus faux que de traquer dans ses lois le symptôme ou la puanteur d’un passé qui ne passe pas. Bien sûr, le racisme s’y porte bien (comme ailleurs en Europe) mais la France n’est pas l’Afrique du Sud (des années 80), ni l’Alabama.

      La France est un ancien empire, un géant fatigué, dont le déclin n’est plus couvert par le lyrisme d’un héros, et qui a la nostalgie de sa grandeur. Or, l’un des symptômes de cette nostalgie, c’est paradoxalement le discours même qui consiste à la prendre pour la cause de tous les maux ! Même si elle a des raisons d’être, rien n’est plus franchouillard que la détestation de la France. Rien n’est plus paternaliste (et colonial) que le discours qui tient la France pour ce qu’elle n’est plus : une grande puissance coloniale. Quand vous lisez l’actualité à l’aune d’un passé colonial, vous donnez à ce passé une force nouvelle. Et sous le déguisement d’une critique radicale, vous perpétuez l’orgueil des colons. De même que l’idée de « diversité » est une arnaque politique, un racisme à l’envers, une invention de la blancheur qui, sous couvert de respecter l’autre, l’enferme dans une certaine idée (faussement flatteuse) de lui-même, de même qu’il arrive que des débauchés deviennent des puritains sans pour autant changer de nature profonde, la métamorphose du discours colonisateur en discours pénitent ne doit pas nous induire en erreur. « L’odeur du sang, écrivez-vous, vous poursuit même si vous vous parfumez » ? Mais qui est ce « vous » ? Et quel est ce parfum ? Non, décidément. Le devoir de mémoire, ce n’est pas l’éternité d’une pénitence. Sinon, les Allemands, les Turcs, les Serbes et les Hutus seraient pour toujours en enfer.

      Dans la même chanson, vous parlez au nom de « Nous les Arabes et les Noirs » et vous demandez « comment aimer un pays qui refuse de NOUS respecter ? » Mais, encore une fois, qu’entendez-vous par là ? De quel respect parlez-vous ? de celui qu’on doit aux « arabes et aux noirs » ou de celui qu’on doit à tout individu ? Ce n’est pas moi qui réduis votre définition du respect. C’est vous-même ! Moi, je me contente de vous lire (et de vous écouter).Mon sentiment (mais je voudrais me tromper), c’est que, exacerbée par une infinité d’injustices, votre colère vous fait confondre l’universalité du respect avec le respect d’une différence. Et qu’au lieu de demander l’égalité, vous demandez réparation. Ce qui n’est pas pareil. C’est même toute la différence entre Martin Luther King et Malcolm X, entre Obama et Jeremiah Wright... C’est toute la différence entre le courage (de faire la paix) et la rage (qui prolonge une injustice en réclamant une vengeance). L’ennemi, ce n’est pas la pensée molle. L’ennemi, c’est la vengeance comme alibi d’un racisme inversé.

      Quand Mandela, au mépris de sa colère (Dieu sait s’il en avait en lui !), instaure la justice au lieu de satisfaire la vengeance, il crée les conditions de la paix. Parce que la grandeur consiste à être plus grand que soi-même, à dépasser sa propre cause et sa propre indignation pour servir la cause d’un avenir commun. Et que, comme dit Vladimir Jankélévitch, « la violence, c’est de la force faible ».

      Vous déclarez fièrement, à plusieurs reprises, que vous n’êtes pas une « victime ». Mais le ressassement, à longueur de chansons, des offenses de la colonisation, conduit à l’effet inverse : ceux dont vous prenez la défense, vous les enfermez précisément dans la catégorie de victimes. Et parler de « France d’en bas », c’est encore la regarder d’en-haut.

      De même que Marx voyait dans le prolétariat « une sphère qui possède un caractère d’universalité par l’universalité de ses souffrances » (et qui, à ce titre, incarne à elle seule l’injustice toute entière), vous semblez désigner les descendants des victimes de la colonisation comme seuls dépositaires de la souffrance légitime. Il en résulte une lecture raciale des comportements qui n’est pas toujours pertinente, et qui, le plus souvent, obscurcit les choses quand elle croit les éclaircir. C’est pour cela qu’il est si important que vous précisiez ce que vous entendez par « respect ». Encore une fois : est-ce le respect d’une différence, ou le respect indifféremment de celui dont on parle ? (Suis-je le seul à entendre cette ambivalence ?)

      De façon générale, il ne suffit pas de dénoncer le « système » pour ne plus lui appartenir. Au contraire (et votre succès, par exemple, en témoigne), le système adore les gens qui le combattent ! C’est son plat préféré. Croire qu’on est libre parce qu’on dénonce les tyrannies, c’est un péché d’orgueil. Les moutons noirs ne sont pas moins moutonniers que les autres. On est moins libre quand on croit qu’on l’est, que quand on sait qu’on ne l’est pas.

      Autre chose : je n’ai jamais assimilé vos idées à celles du FN ! Il faudrait être fou pour le faire. Mais il y a la matière et il y a la manière. Et des discours ouvertement antagonistes recouvrent parfois des proximités inattendues : Nadine Morano ne vous donne-t-elle pas raison quand elle déclare que la France est un « pays de race blanche » ? Je vous cite : « A tous ces racistes à la tolérance hypocrite / Qui ont bâti leur nation sur le sang /Maintenant s’érigent en donneurs de leçons/ Pilleurs de richesses, tueurs d’africains / Colonisateurs, tortionnaires d’algériens... » Mais qui, à part la droite de la droite de la droite, peut se reconnaître dans le portrait que vous faites de la France elle-même ? Comment entendre « Nous, les arabes et les noirs, on est pas là par hasard, toute arrivée a son départ... » autrement que comme l’autre versant de l’affreux « La France, tu l’aimes ou tu la quittes » ? Encore une fois, comment voulez-vous lutter contre le délit de facies et tous les clichés négrophobes, si vous vous dites « noir et fier de l’être » ?
      Si je me disais « blanc et fier de l’être », vous trouveriez que j’ai l’air con, n’est-ce pas ? Vous auriez raison.

      Enfin, l’essentiel. Zyed et Bouna. Leur mort est une tragédie. Et la preuve de bien des malaises qui asphyxient la société (à commencer par le délit de non-assistance à personne en danger). Mais leur mort n’est pas un assassinat. Quand j’entends certains (pas vous, il est vrai) confondre la mort des deux adolescents avec le meurtre de Malik Oussekine en 1986 (assassiné à la matraque par des policiers), je me dis qu’on a perdu en lucidité, qu’on mélange tout, que l’injustice (incontestable) empêche de voir des nuances essentielles, et que, comme chaque fois qu’on pratique les amalgames, les extrêmes ont gagné du terrain.

      La police française n’est pas parfaite. Heureusement. Mais ce n’est pas la police de Vichy, ni même celle de Charles Pasqua ! En vérité, il y a chez les flics la même proportion de connards, de racistes et d’abrutis que dans n’importe quel corps de métier. Mais on y trouve aussi d’authentiques républicains qui ne font aucune différence entre les citoyens, et qui font respecter la loi (c’est-à-dire la liberté de chacun). Ni plus, ni moins. La mort de Zyed et Bouna est une catastrophe, mais, si difficile que cette phrase soit à entendre, ce n’est pas un scandale d’Etat.

      Voilà. J’arrête ici cette réponse, dont la longueur vient uniquement de l’intérêt que je prends à discuter avec vous. Et puis, comme dit Maeterlinck, (un autre amoureux du silence) « les paroles passent entre les hommes, mais le silence, s’il a un moment l’occasion d’être actif, ne s’efface jamais. »

      Merci pour l’invitation. Je ne suis pas libre le 21 novembre.
      Mais une prochaine fois, avec plaisir. Et intérêt.

      Respectueusement.

    • Cette tendance à vouloir expliquer aux Autres, comment ils doivent se sentir et penser, c’est plus qu’usant, c’est épuisant. On a eu récemment un exemple sur un débat seenthis sur les femmes (je ne sais plus lequel - cela parlait d’une jeune fille courtoise au travail et de l’interprétation de sa gentillesse par un homme). C’est comme si l’homme blanc, puisque c’est de cela qu’il s’agit, qui n’expérimente aucune des oppressions sur lesquelles il s’exprime, détenait intrinsèquement le discours universel, ad nauseam sur l’expérience humaine et qu’aucune remise en cause de celui-ci n’était possible, à ses yeux. Cette position de "celui qui sait parce qu’il s’ait" s’accompagne d’une tare presque génétique, celle de la surdité sélective, car presque systématiquement la faconde s’accompagne d’un incapacité non seulement à écouter, mais surtout à entendre ce que disent ceux qu’IL disqualifie d’un revers de bras éditorial. Où sont les docteurs ?

    • Une transcription du rap de Kery James

      « Dix ans après tu peux faire le constat, très peu de choses ont changé.
      Rabsa et renoi on est toujours des étrangers.
      J’ai abandonné l’idée qu’ils nous perçoivent un jour comme un Français
      Mais je n’abandonne pas l’idée que l’Etat français me doit le respect
      Je l’ai déjà dit, le respect n’est pas une chose qui se mendie
      L’indépendance a un prix souvent trempée de sang sous des drapeaux brandis
      Val de Meurtre où j’ai grandi, la violence nous heurte on doit rester en vie
      On n’a jamais rien attendu de l’Etat, on ne va pas commencer aujourd’hui
      ( Zyed et Bouna )
      De la gauche à la droite, ils font du fric entre énarques
      De Sarkozy à Guéant en passant par ce gros mytho de Cahuzac
      Et c’est les mêmes qui font la leçon à nos petits frères qui sont dans l’arnaque
      Ils envoient les flics pour mater la rébelion à coup de matraques
      C’est nous qu’ils accusent sans cesse d’avoir pillé le pays
      Alors qu’ils tapent dans la caisse, ne font jamais ce qu’ils ont promis
      Six heures du mat, ils envoient les condés défoncer ta porte
      Eux se rendent au tribunal en voiture sous escorte
      Ils n’ont jamais connu la crise.
      Et ils s’étonnent que le peuple se rebelle, les pourchasse et arrache leur chemise
      Il n’y a pas que les noirs et les arabes, ce sont tous les pauvres qu’ils méprisent
      Lorsqu’ils nous parlent de l’Islam, ils espèrent que ca nous divise
      Quand vous chercherez des solutions ca se verra
      Pour l’instant, vous ne faites que fabriquer des futurs Merah
      Votre mépris du peuple, les patrons, il se paiera
      Pourquoi à l’Assemblée, on dirait un opéra ? »

    • Nouvelle réponse de Kery James

      RAPHAËL ENTHOVEN

      Je ne voudrais pas vous accuser de recourir à des sophismes mais je constate que vous n’avez pas répondu à mes interrogations et aux graves contradictions que j’ai pointées dans vos propos. La réponse que j’ai publiée hier reste donc la même et elle sera la seule.
      Je crains qu’il y ait toujours un fossé entre un discours fondé et ancré dans la réalité et un autre qui consiste à prétendre produire de la pensée coûte que coûte quitte à déformer ou nier le réel.
      Un fossé entre les acteurs et les spectateurs.
      Un fossé entre ceux qui subissent et ceux qui commentent, expliquant à ceux qui subissent avec quelle grandeur d’âme ils doivent subir.
      Néanmoins, mon invitation à l’un de mes concerts, celui de votre choix, car je vous sais très occupé à produire de la pensée, est toujours valable. Ce sera l’occasion de vous rencontrer et d’échanger. J’espère toujours en effet, voir une France unifiée et cela ne peut se faire que dans le réel.
      Je vous souhaite le meilleur.
      Humainement.

      Kery James

      https://www.facebook.com/keryjamesofficial/posts/10156292644535235

    • @biggrizzly Bien sur, mais dans ce cas cela s’applique bien. Il n’écoute clairement pas ce que dit Kery James, qu’il disqualifie par défaut... Je parlais plus que du biais du privilège surtout de la surdité selective de certains dominants.

    • Je parlais plus que du biais du privilège surtout de la surdité selective de certains dominants.

      C’est de cela dont il s’agit, une surdité sélective qui consiste à ne relever que les propos, les idées qui alimentent les à-priori.
      Donc une malhonnêteté patente vis à vis de l’auteur et de son message.
      Dans le but de faire de l’audience, de faire réagir ; sans aucun doute. Mais toutes ces « têtes pensantes » médiatiques contrôlent-elles les réactions qu’elles se flattent de provoquer ?
      Par contre, certaines personnalités politiques assoiffées de pouvoir et biberonnées à l’idéologie de la supprématie blanche trouveront là l’aubaine pour exploiter le filon de l’opinion.

      Gougueule est ton ami :
      https://www.google.fr/webhp?tab=mw&ei=F008Vtj-IIHd-QHUuIGAAg&ved=0CAQQqS4oAQ#q=rapha%C3%ABl+enthove

    • @aude_v Quant à moi, je suis un vieil homme blanc, avec quatre enfants métis. Le plus jeune en souffre déjà, car les cons l’entourent, ce que j’ai envisagé depuis très longtemps. Une vieille femme dans la rue m’a un jour soufflé à l’oreille, à propos du petit qui n’avait que trois ans « Petit bâtard ». Il faut un peu arrêter d’essentialiser l’homme blanc. J’ai connu un paquet de racistes pas blancs du tout, et une jeune noire en co-voiturage il y a deux mois m’a raconté son lot d’injures dans la cité face à d’autres minorités pas blanches non plus... Le manichéisme à l’américaine - celui qui est si souvent défendu ici - nous mène au gouffre : c’est son but. Et les rappeurs en sont les porte-voix, bien trop souvent.

    • je vois ce que tu veux dire , cependant je n’en pense pas moins à des formes d’illusions dans l’efficacité de la pensée magique ( malgré les univers parallèles) ; ainsi de la chansonnette !

    • @aude_v : merci, tu m’as compris. Exprimer ce point de vue est sensible, puisque évidemment, il peut être pris comme une forme de reprise de contrôle du débat de la part du/de la privilégié•e... et c’est alors sans fin... Quand les arguments des uns et des autres ne sont écoutés qu’à l’aune de la position de privilège de ceux qui les expriment, j’ai un petit peu l’impression que le dialogue devient impossible.

  • Migrants : #évacuation du dernier campement à Paris
    http://www.bfmtv.com/international/migrants-evacuation-du-dernier-campement-de-migrants-a-paris-924595.html

    Plus de 1.300 #migrants ont été évacués dans le calme vendredi matin du lycée désaffecté #Jean-Quarré où ils vivaient dans des conditions insalubres, pour être acheminés vers des centres d’hébergement, a-t-on appris auprès de la #Préfecture de Paris. « 1.308 personnes sont montées dans les bus » et « un hébergement a été trouvé pour chacun », a-t-on ajouté de même source, en précisant que l’opération de mise à l’abri avait mobilisé 33 cars au total

    L’opération humanitaire :

    Au moins une centaine de migrants sans hébergement. Une partie des hébergements sont dans d’autres régions (une dispersion élargie, comme à Calais).

    À 13h30, deux cent #manifestants occupant le parvis de l’hôtel de ville sont en trains d’être encerclés par la police.

    #Manifestation samedi à 15h, au départ de Place des fêtes.

    • Les fausses promesses de la Mairie !

      Ce matin après l’expulsion du lycée Jean Quarré la préfecture et Emmaüs laissent de nouveau une centaine de réfugié à la rue. Un dispositif policier hors du commun a été mis en place pour une évacuation sous les feux de la rampe. Après plusieurs heures d’expulsion, le lycée est maintenant fermé et occupé par des vigiles. Tandis que des migrants dispersés aux quatre coins de la France (Ile-de-France au sens large, Nancy, Vichy...) dans des conditions déplorables, certains ont refusé de descendre des bus, d’autres ont déjà quitté leurs hébergements. Une centaine n’a pas eu de place et est de nouveau à la rue. Ils ont décidé avec des personnes solidaires de se rassembler devant l’hôtel de ville.

      La Mairie a fait savoir que ce n’était pas son problème.
      Venez soutenir les migrant-es à la rue, devant l’hôtel de ville.
      samedi, manifestation à 15 h place des fêtes.

      COMMUNIQUE DES MIGRANTS A LA RUE :

      1. « La mairie a dit qu’elle allait nous reloger mais c’est un mensonge, certains ont été pris mais d’autres réfugiés laisser à la rue. On a besoin d’une logement et de papiers. Nous sommes ici [devant la Mairie] pour qu’elle trouve une solution à notre situation aujourd’hui. »

      2." Notre priorité c’est d’avoir un abri. ce matin, certains avaient des rendez-vous et d’autres avaient des démarches à faire, quand nous sommes revenus, on n’a dit qu’il n’y avait plus de places. Ils ont évacué les autres du lycée et nous, nous sommes toujours dehors. La Mairie de Paris nous a menti et n’a pas tenu sa promesse"

      Quelques nouvelles reçues par mel :

      Apparemment il y a eu un #tri_par_nationalités ; les lieux d’hébergement les moins attractifs auraient été proposés aux Maghrébin⋅e⋅s, selon certains ; les Maghrébin⋅e⋅s auraient carrément été exclu⋅e⋅s, selon les autres.

      – Des personnes à qui des hébergements avaient été « offerts » sont revenues aussitôt, comme lors des précédentes expulsions (La Boulangerie, le centre Croix-Rouge de Chanteuil...)

      – 25 Afghans et Soudanais ont dit avoir été emmenés « dans un vieux foyer dans un zoo » près de Nancy... (??) Eux aussi vont revenir.

      Sinon, Ration joue son rôle de relai de la com’ du préfet et de la mairie, à lire cet article, tout est bien qui finit bien http://www.liberation.fr/france/2015/10/23/les-migrants-du-lycee-jean-quarre-a-paris-ont-ete-evacues_1408358

    • Juste une petite photo en PJ qui illustre l’expulsion de ce matin... pas de police nous avaient promis les participants aux différentes délégations avec le pouvoir.... La petite phrase de Pasqua « les promesses n’engagent que ceux qui y croient » est décidement toujours très à propos !

      Il y a une vidéo aussi dont je vais mettre le lien que je n’ai pas eu le temps de regarder. Mais je ne pense pas qu’on y voit les larmes de ce jeune Soudanais qui à 11h du matin a compris que cette nuit il devrait dormir dehors, ni les flics qui sortaient leur matraque pour empêcher ces Afghans de revenir dans le lycée, ni ceux qui hurlaient sur cette femme hébergée en hotel sans son compagnon et qui tentait de le rejoindre dans le lycée, ni encore ces élus/es qui détournaient la tête quand ils/elles passaient le cordon de police en laissant derrière un retardataire ou un hésitant qui finalement choisissait de rerentrer dans le lycée pour avoir droit à la fameuse promesse de l’hébergement, ni ces bénévoles qui ne disent rien quand ils voient d’autres soutiens encerclés depuis plus de 3 h par la police juste parce qu’ils/elles faisaient des signes d’au-revoir aux migrants et criaient des slogans... je pourrai en écrire une longue liste de ni sur cette matinée qui laisse vraiment un gout affreux dans la bouche.

      Les #médias et certains #bénévoles/soutiens qui se croient responsables accusaient ces dernières semaines d’autres soutiens de ne pas vouloir faire confiance à l’Etat, de vouloir radicaliser les migrants en suggérant que peut-être il ne fallait pas croire toutes les promesses, que peut-être tout le monde ne serait pas hébergé, que peut-être certains seraient hébergés à plusieurs centaines de km de Paris... J’aurais aimé que ces esprits malveillants et soi disant radicaux se trompent. Malheureusement non. J’espère en tout cas que le maximum de personnes hébergées seront bien (même si je sais déjà que c’est loin d’être le cas)

      Ce soir, suite au rassemblement spontané , la mairie a promis 80 nouvelles places à celles et ceux qui sont restés sur le carreau. Ce qui reste insuffisant. Et entre 50 et 60 personnes restent privées de liberté devant l’hotel de ville. Depuis plus de 6h maintenant !
      Bref, l’histoire continue... la lutte aussi ! (mel reçu)

      Evacuation des migrants du lycée Jean-Quarré / Paris - France 23 octobre 2015, Line press
      https://www.youtube.com/watch?v=_TiRrkFr8bs

  • Vincent Lemire sur Netanyahu sur Facebook • Haaretz se saisit du sujet : l’interprétation...
    https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1641008182855549&id=100008391497806

    • Haaretz se saisit du sujet : l’interprétation hallucinante de Netanyahu sur la Shoah / Hitler / Mufti Husseini, avant-hier devant le World Zionist Congress.
    • Déclaration de Netanyahu : "the Mufti of Jerusalem Haj Amin al-Husseini, who was later sought for war crimes in the Nuremberg trials because he had a central role in fomenting the final solution. He flew to Berlin. Hitler didn’t want to exterminate the Jews at the time, he wanted to expel the Jews. And Haj Amin al-Husseini went to Hitler and said, « If you expel them, they’ll all come here. » "So what should I do with them ?" he asked. He said, « Burn them. »
    • Donc, dans une même phrase, Netanyahu absout Hitler (il voulait seulement « expulser les Juifs », en cela il était donc un peu sioniste, au minimum allié objectif du projet sioniste , on retrouve ici le fameux charabia sur « Eichman le sioniste ») et énonce explicitement que les concepteurs et les responsables de la solution finale sont les islamistes. Pourquoi ? Car ils craignaient que l’expulsion massives des Juifs ne renforce le sionisme territorial en Palestine. On est bien dans une démonstration complotiste : tout colle !
    • Il faut prendre au sérieux cette sortie qui n’est ni un dérapage ni un ballon d’essai. On retrouve tout le texte disponible sur le site officiel pmo.gov.il > http://www.pmo.gov.il…/Spe…/Pages/speechcongress201015.aspx)
    • Il faut savoir que le discours du PM israélien devant le WZO est un exercice hyper codé, hyper cadré, relu, testé et approuvé par les spin doctors du PM. Pour comparer, c’est un peu le discours sur l’Etat de l’Union aux US, ou les Voeux présidentiels le 31 déc en France. Ce n’est donc pas un « bon mot » testé en privé, ou une phrase qui aurait été attrapée par un micro mal placé, ni même une diatribe de meeting devant la droite dure du Likoud ou des organisations de colons . Non, c’est le Premier ministre d’Israël (régulièrement élu par sa population) qui s’exprime, à la tribune, micro ouvert, devant la World Zionist Organization, fondée à Bâle en août 1897 par Theodor Herzl et qui est à la fois la matrice originelle et la colonne vertébrale idéologique d’Israël. Ce qui s’énonce ici, c’est donc une doctrine. Une nouvelle doctrine. Dont il faut prendre acte.
    • La droite israélienne est en train d’accompagner voire d’encourager le révisionnisme le plus extrême sur la Shoah (Charles Enderlin disait même hier soir « le négationnisme »), se résumant explicitement à : l’islamisme est pire que le nazisme. Ou : le nazisme est moins dangereux que l’islam politique. Voire : même dans les années 1930 - 1940, le nazime ÉTAIT moins dangereux que l’islam politique puisque ce ne sont pas les nazis qui ont l’idée de la solution finale, c’est Haji Amin al Husseini. Hitler est absout, il a été mal conseillé par Haji Amin. Avec Hitler, tous les fachos collabos antisémites de Vichy sont également absouts (on retrouve ici le délire zemourien sur Vichy protecteur des Juifs de France). Tout est cohérent dans cette offensive idéologique d’une violence inédite.
    • Il faut prendre date. Quelque chose se passe. Netanyahu n’est pas fou. Il fait de la politique. Il désigne le nouvel « ennemi global », pire que le nazisme, plus nazi que les nazis : l’islam politique.
    • Je découvre tout cela depuis Berlin, au retour d’une semaine éprouvante à Jérusalem. 70 ans après 1945, le monde est en train de pivoter, et ça ne tourne pas dans le bon sens.

  • Le conseil de l’ordre des médecins : l’incarnation du pouvoir médical
    http://sous-la-cendre.info/3931/le-conseil-de-lordre-des-medecins-lincarnation-du-pouvoir-medical

    Non-fides.fr : Officiellement, le conseil de l’ordre des médecins (comme celui d’autres professions libérales) est né le 17 Octobre 1940, c’est-à-dire en plein régime de Vichy. Il vient remplacer les syndicats de médecins considérés comme trop dangereux par Pétain et supprimés dans le même mouvement. Dès (...) — antipsychiatrie, médecine, santé, Médecine et santé

  • Les ouvriers contre l’état - Le refus du travail. Matériaux pour l’Intervention (1971-1972)
    http://archivesautonomies.org/spip.php?article578
    (merci @lyco pour l’url oublié.)

    Introduction Generale - Révolutionnaires et classe ouvrière : La belle au bois dormant

    Quelle a été notre intention quand nous avons rédigé cette #brochure ?
    Nous voulons faire avancer le débat engagé au sein du mouvement révolutionnaire, c’est-à-dire amener ce débat, le plus souvent idéologique, à affronter un peu plus le défi que constitue la seule réalité sociale. Ainsi, pour la #théorie révolutionnaire, être de l’#histoire signifie avoir en face d’elle et pour objet ce qu’est la classe ouvrière aujourd’hui, et non pas avoir pris rendez-vous avec la classe ouvrière des années 20, car, on s’en doute, celle-ci n’y viendra pas, pour la bonne raison qu’elle n’existe plus.

    Et pour comprendre ce qui a changé dans l’affrontement de classe et saisir les nouveaux points cardinaux de la lutte aujourd’hui, il faut en passer par certaines hypothèses. Ce sont ces hypothèses que nous avons tenté de dégager. Elles concernent, on le verra, le rapport de la classe ouvrière avec le développement, l’#organisation, le parti, et avec l’Etat.
    Tout ceci devrait entrainer beaucoup de discours. Nous ne proposons pourtant pas une nouvelle « lecture » de Marx ou de Lénine, bien qu’elle soit souvent présupposée dans les analyses. On se bornera à indiquer quelques références pour les membres de la classe des loisirs qui auraient le temps de piocher la question…
    Nous n’écrirons pas non plus un historique détaillé de l’affrontement de classes en France. Car la possibilité même d’isoler la France d’une situation européenne, voilà ce qui se trouve aujourd’hui remis en question. Du point de vue du capital (ce qui ne veut pas dire : du point de vue du capitaliste doué d’une plus ou moins grande clarté de vue) la situation française (guatémaltèque ou est-allemande !) est toujours internationale, tout comme la concentration ou le taux de profit. Par contre personne n’arrive à insérer la France dans le niveau moyen européen des luttes. Ce sont pourtant ces luttes qui ont contraint le capital à créer le Marché Commun depuis vingt ans.

    Cette contre-offensive est restée sans réplique de la part du vieux mouvement ouvrier. L’Europe du Marché Commun, c’est le capital international et à la fois les grèves nationales.
    Ceci montre la nécessité de renverser le schéma internationaliste proposé par la Gauche (vieille ou nouvelle) et qui semble un simple corollaire « ouvrier » des thèses ordinairement défendues dans les revues de seconde zone à prétentions économiques comme l’Expansion. Des organisations ouvrières en difficulté ont opportunément « découvert » que l’internationalisation du capital entraînerait et exigerait une internationalisation des luttes. Mais c’est bien plutôt le niveau déjà atteint par les luttes qui a contraint le capital à s’organiser au niveau européen pour battre les classes ouvrières des différents pays.

    On ne passe donc pas automatiquement d’un Etat « économiquement nécessaire » à des luttes politiques, mais bien plutôt d’un certain type de contrôle politique du #capital sur les #mouvements_de_classe qui a échoué à un autre type de contrôle. C’est seulement en comprenant la portée toute #politique de cette « évolution économique » et en s’organisant délibérément sur ce nouveau terrain, que nous ne resterons pas à la traine de l’initiative capitaliste.

    Nous, révolutionnaires, parti, groupuscules et organisations et pas la classe ouvrière : car s’il est une donnée bien spécifique de l’histoire ouvrière c’est avant tout cette capacité « égoiste » qu’a la classe, de créer des formes d’organisation adaptées a des moments précis de la lutte de masse et aussi de les rejeter quand elle ne peut plus les utiliser.

    D’où notre intérêt pour le rapport très particulier qui s’établit entre organisation et lutte. Par exemple quand certaines formes d’organisation disparaissent dans les secteurs d’avant-garde, secteurs clé en butte à la contre-attaque capitaliste, qui témoignent du niveau de lutte atteint et de son résultat, cela veut dire que ces mêmes formes sont perdues pour la classe ouvrière dans son ensemble. En d’autres termes, l’initiative ouvrière ne repassera plus par les jalons organisatifs des luttes qu’elle a dépassés en un moment ou en un point du tissu productif et social. Dès que la classe ouvrière abandonne une forme d’organisation, et donc son usage ouvrier, c’est le capital qui s’y installe et en fait un usage anti-ouvrier. (...)

    Première Partie :
    Introduction
    1. Le niveau des #luttes des années 20 aux années 60 : les prétendants
    2. Les #ouvriers dans l’État
    Les #conseils en Allemagne
    Le mouvement des conseils en Italie. Que vaut le thème des conseils aujourd’hui ?
    1917, Lénine et la NEP
    3. Les luttes ouvrières dans l’#État
    #Keynes et la remise à jour de l’Etat : de l’arbitrage de l’Etat gendarme à la planification de l’Etat du #capital_social
    Taylor et l’organisation scientifique du #travail : technologie et #contrôle
    Le passage à l’automation : un nouveau saut technologique
    4. Le Songe
    Formes de contrôle sur les mouvements de classe dans l’entre-deux guerres : fascisme et nazisme
    Le capital allemand et l’industrie lourde
    Classe ouvrière et capital en France : du Front populaire à Vichy
    Deuxieme Partie :
    Introduction
    1. Les années 60, nouvelle politique, nouveaux atouts
    La « valeur du travail »
    La décennie 1960-1970
    2. Les luttes ouvrières contre l’État
    Salaire et #crise : le #salaire politique
    Le mot d’ordre : « Augmentations de salaire égales »
    3. La classe ouvrière aujourd’hui
    A) Les techniciens, les chercheurs
    B) Secteur tertiaire et tertiarisation
    C) La force de travail en formation : #étudiants et scolarisés
    D) Les #immigrés
    E) Les #femmes
    4. Contre la valeur du travail et l’idéologie socialiste
    L’idéologie socialiste du travail
    5. Lutte contre le travail
    Note théorique sur la réduction du travail au travail nécessaire

    #refus_du_travail #opéraïsme

  • Plus de soixante-dix ans après, les résistants antillais sortent de l’ombre | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/105631/resistance-antilles-dissidence

    Un certain nombre d’Antillais et de Guyanais quittèrent leur terre natale pour rejoindre les Forces françaises libres. C’est le départ en dissidence. Ils auraient été entre 4.000 et 5.000 hommes et femmes à quitter la Guadeloupe et la Martinique pour rallier les îles anglaises de la Dominique et de Sainte-Lucie de 1940 à 1943, d’après Eric Jennings. « On part aussi en dissidence depuis la Guyane, mais c’est plus compliqué. Il n’y a pas la proximité britannique », explique Eric Jennings. Pour la colonie d’Amérique du Sud, le nombre de dissidents ayant rallié les FFL pourrait s’éléver à quelques centaines de personnes.

    Eric Jennings, historien

    Cela correspond à près de 1% de la population de ces territoires. « C’est un chiffre très élevé, commente Eric Jennings pour Slate. D’autant plus élevé, que, pour certaines tranches d’âge, surtout chez les jeunes, c’est encore plus important. »

    Les raisons du départ sont multiples. Patriotisme, attachement aux valeurs républicaines, pénurie et misère s’entremêlent avec ce que les historiens Richard Burton et Eric Jennings voient comme une tradition du marronnage. La crainte d’un rétablissement de l’esclavage et du racisme hitlérien poussent aussi à rentrer en résistance. « Vichy signifie clairement un retour en arrière et, aux Antilles, tout retour en arrière renvoie tout de suite au grand retournement : le rétablissement de l’esclavage par Bonaparte en 1802 », explique Eric Jennings.

    Mais, après la guerre, l’engagement de ces hommes et de ces femmes n’est pas reconnu à sa juste valeur.

    Ainsi en juillet 1945, le ministre des Colonies Paul Giacobbi donnait des instructions au Conseil national de la Résistance (CNR) visant à se méfier des associations de résistants antillais et coloniaux en général, « dont il convient de souligner malheureusement les arrière-pensées politiques quelquefois antifrançaises bien qu’elles s’efforcent de se réclamer d’un organisme supérieur jouissant d’une autorité indiscutée. Les titres de leurs membres, difficilement comparables à ceux de héros du maquis, ne leur donnent qu’une ressemblance lointaine avec les associations constituées par d’authentiques “Résistants” ayant fait leurs preuves, soit pendant l’occupation étrangère, soit au cours des combats de la Libération », rapporte E. Jennings dans Vichy sous les tropiques.

    En juillet 1945, le ministre des Colonies donnait des instructions au Conseil national de la Résistance visant à se méfier des associations de résistants antillais et coloniaux en général,

    « Ce qui distingue la Dissidence de la Résistance en métropole, c’est que les Allemands ne sont pas présents. C’est “seulement” une opposition au régime de Vichy, analyse Eric Jennings. Si, combattre Vichy, c’est être résistant, on ouvre la boîte de Pandore » pour les dirigeants d’alors.

    #Seconde_guerre_mondiale #antillais #outremer #résistance #Vichy #fascisme #racisme

  • Qui sont vraiment les conspirationnistes ’’#anti-vaccination'' ?
    http://www.conspiracywatch.info/Qui-sont-vraiment-les-conspirationnistes-anti-vaccination_a472.htm

    Ils s’appellent Christian Cotten, Marc Vercoutère, Sylvie Simon ou Jean-Jacques Crèvecoeur. Ils dénoncent les noirs desseins de "l’élite mondiale". Leurs vidéos, vues et commentées par des centaines de milliers d’internautes, ont mis le web francophone en ébullition. Qui sont vraiment ces croisés de l’anti-vaccination ?

    C’est une vidéo postée sur YouTube et déjà visionnée près de 750 000 fois. On y voit des "experts" sentencieux nous mettent en garde contre les dangers de la vaccination. Une certaine Rauni-Leena Luukanen-Kilde, présentée par la vidéo comme rien moins que l’« ancienne ministre de la Santé de la Finlande », nous explique que « l’objectif de l’élite mondiale est de réduire la population mondiale de 2/3 » et que « le vaccin est toxique » ! Les Finlandais seraient-ils tombés sur la tête ? En réalité, Rauni-Leena Luukanen-Kilde n’a jamais été ministre dans son pays. Depuis un accident de voiture en 1986, la pauvre femme, titulaire d’un diplôme de médecine, prétend que les extra-terrestres lui ont sauvé la vie. Le seul domaine dans lequel elle soit vraiment experte, c’est la théorie du complot.

    Apparaissant dans la même vidéo, Christian Cotten n’hésite pas à faire un rapprochement entre le personnel médical mobilisé à la faveur de la campagne de vaccination et les conducteurs de train réquisitionnés par le régime de Vichy pour déporter des Juifs vers les camps de la mort. Cette image, il l’affectionne tout particulièrement. En 2001, sur un plateau de télévision, ce psychothérapeute de formation comparait déjà la liste des sectes dressée par une mission d’enquête parlementaire avec les listes de Juifs mises en place sous l’Occupation... Cotten est en fait le responsable d’un obscur parti, Politique de vie, et du site internet éponyme. Candidat aux dernières élections européennes sur la liste de Dieudonné et d’Alain Soral, Cotten est un pourfendeur du « Nouvel Ordre Mondial », l’un des thèmes privilégiés du conspirationnisme contemporain. Persuadé que le 11 septembre 2001 ou les attentats de Madrid (2004) ont été fomentés par les « Sionistes », ce « militant de la paix, de l’amour et de la liberté » (sic) répand tous les poncifs de la théorie du complot grippal, y compris celui selon lequel la vaccination servirait à greffer des puces électroniques sous-cutanées permettant de contrôler la population. Il y a quelques mois, lors d’une conférence de presse de la « Liste antisioniste », Cotten avait évoqué « la fausse épidémie de grippe » H1N1 et l’avait même rebaptisée la « grippe Sanofi ». Le 6 novembre dernier, Cotten a tenté de se faire remarquer en déposant une plainte contre X avec constitution de partie civile pour « tentative d’empoisonnement et mise en danger de la vie d’autrui ». Considérant les adjuvants contenus dans les vaccins comme « hautement toxiques », il reproche aux « autorités » de « vouloir injecter à tout prix [le vaccin] à l’ensemble de la population ».

    Dans une autre vidéo alarmiste, intitulée « L’imposture de la grippe A (H1N1) dévoilée » (vidéo postée par un internaute dont le compte Dailymotion a pour devise « Fuck Zionism »), Christian Cotten apparaît aux côtés du Dr Marc Vercoutère. Vercoutère a une formation d’homéopathe. Il préside l’association C.R.I-Vie et est associé avec Mirella Carbonatto (voir infra) dans l’opération « Le Cri pour la Vie : NON A LA VACCINATION ! », dont le site internet publie, notamment, un « APPEL TRES URGENT pour la Prévention d’un crime de génocide ». Contacté par Conspiracy Watch, le Conseil départemental de l’Ordre des médecins des Pyrénées-Atlantique est formel : « M. Vercoutère, [bien que] titulaire du diplôme de docteur en médecine, n’a pas l’autorisation d’exercer la médecine. Il n’est pas inscrit au Tableau de l’Ordre des médecins » (voir le courriel adressé à la rédaction). Pour autant, C.R.I-Vie n’oublie pas de faire des affaires : l’association vend 12 euros sa « brochure d’information » sur la grippe A… Vercoutère et Cotten semblent bien se connaître. Tous deux sont partie prenantes d’une ronflante « Cellule de Crise Sanitaire Citoyenne », une initiative de Frédéric Morin, l’éditeur du journal Morpheus (qui a pour devise : « Sortir du sommeil de plomb de la pensée unique. Opinions censurées, réalités occultées, information alternative »). Cotten, Vercoutère et Morin ont même publiés un texte commun autour de la grippe A. Texte où l’on retrouve la signature de Smaïn Bedrouni, du site islamiste Stcom.net (« La Voix des Opprimés »). En janvier 2007, Bedrouni a été condamné par la 17ème Chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris pour propos antisémites (« les juifs dehors ! ») et menaces de mort à l’endroit de Mouloud Aounit, le président du MRAP.

    Sylvie Simon met également en garde contre les dangers de la vaccination : « Nous sommes obligés d’être vaccinés et donc nous sommes dans un régime dictatorial comme il y en a dans tous les pays africains » assène-t-elle à son auditoire. « Ecrivain et journaliste », Sylvie Simon a tenu, le 16 avril dernier, une conférence en compagnie du fameux blogueur conspirationniste LeLibrePenseur, un dentiste marseillais proche de l’association d’Alain Soral, Egalité & Réconciliation. Elle se défend pourtant de verser dans la théorie du complot : « Je ne discuterai pas ici de l’exactitude des déclarations concernant le gouvernement mondial et ses intentions à notre égard, là n’est pas la question. Dans l’immédiat, il est surtout nécessaire de rallier le plus de "résistants" possible, car il s’agit bien de résistance à des consignes liberticides. Mais pour gagner dans ce combat, nous ne devons employer que des arguments scientifiques et médicaux et non des notions "conspirationnistes" qui rebutent nombre de gens qui se dissocient alors de notre action. (...) Cette crise représente une chance inespérée de mettre enfin à jour les mensonges qui entourent la vaccination, nous ne pouvons risquer de la gâcher ». Sylvie Simon est l’auteur de plusieurs livres aux titres éloquents : Les dix plus gros mensonges sur les vaccins (éd. Dangles, 2005) ; Ce qu’on nous cache sur les vaccins (éd. Delville, 2006) ; La nouvelle dictature médico-scientifique (éd. Dangles, 2006) ; Les dix plus gros mensonges sur les médicaments (éd. Dangles, 2007) ; Vaccins, mensonges et propagande (Thierry Souccar Editions, 2009). Récemment, elle a également publié un livre sur la métempsycose, Réincarnation. Quant les expériences rencontrent la science (éd. Alphée, 2008) et un autre relatif aux prophéties apocalyptiques, 2012, le rendez-vous (éd. Le Serpent à plumes, 2009) qui lui a valu d’être invitée sur la chaîne Direct 8 dans La Grande soirée du paranormal, spécial 2012, ou d’intervenir dans un sujet diffusé au journal télévisé de France 2.

    A l’instar de Sylvie Simon, Jean-Pierre Petit est un habitué des plateaux de télévision. Cet astrophysicien reconverti dans l’ufologie et la théorie du complot tous azimuts prête également sa voix au mouvement anti-vaccination : « Quand la campagne de vaccination aura démarrée, des équipes mobiles, s’affranchissant de tous les avis médicaux émanant de médecins de famille, opéreront directement dans les établissements scolaires. Ce qui revient à dire que si des parents éprouvent des doutes sur le caractère opportun de cette campagne et souhaite soustraire son ou ses enfants, elle devra carrément les garder à la maison ! ». Jean-Pierre Petit pense que l’implantation de puces RFID à travers la campagne de vaccination « correspond à des projets parfaitement réalistes ». Il ajoute : « On pourrait même dire que c’est inéluctable, si ce n’est déjà fait. (…) Les puces implantables ne sont qu’une partie de la panoplie ubuesque que nos ingénieurs en mort violente ou en asservissement automatisé, sont en train de nous concocter ».

    Le tableau ne serait pas complet sans évoquer le cas du conférencier belge Jean-Jacques Crèvecoeur. « Exilé » au Québec, Crèvecoeur aurait une formation d’homéopathe. Il n’a jamais fait aucune étude de médecine. Sur son site, lancé début octobre 2009, il entend « mettre en garde contre la folie entourant la grippe A H1N1 ». Mais ne nous méprenons pas. La « folie », pour Crèvecoeur, c’est la vaccination. Un « mensonge » qui, selon lui, « se perpétue depuis 140 ans ». Depuis le mois d’août, Crèvecoeur inonde nos boîtes e-mails de messages dénonçant une « arme bactériologique déguisée en vaccin » et accusant le gouvernement américain de préparer un véritable « génocide » : « Pourquoi des centaines de milliers de cercueils sont-ils entreposés dans tous les Etats américains et pourquoi des fosses communes ont été creusées dans chaque district ? » demande-t-il. Lors d’une conférence « pour la liberté de choix en santé » tenue à Montréal le 12 septembre 2009, Crèvecoeur fait l’apologie de la « courageuse » Jane Burgermeister (la journaliste autrichienne ayant porté plainte contre l’OMS pour « génocide » - NDLR) et de son amie Sylvie Simon. Dans la salle, où se massent près d’un millier de participants, l’atmosphère oscille entre la légéreté et la gravité. L’humour bon enfant de Crèvecoeur contraste avec ses discours apocalyptiques. La diatribe anti-vaccination se transforme rapidement en tribune politique. Et Crèvecoeur d’accuser le président Barack Obama d’être « aussi pourri que les autres ». L’actuelle administration américaine « est la même équipe que Bush, en pire » explique-t-il. Embrassant une autre théorie du complot très répandue au sein de l’extrême droite américaine , le conférencier précise qu’Obama « n’a pas la nationalité américaine », qu’il a été « mis en place » par quelque puissance occulte. Jugeant que « la censure est partout » et ironisant sur les « sociétés secrètes », Crèvecoeur n’hésite pas à verser, également, dans la théorie du complot sur les attentats du 11-Septembre. Plaisantant, devant son public, sur son sens inné des affaires, Crèvecoeur affirme, d’un air entendu : « Non mais attendez ! Ma grand-mère était juive ! »... ce qui ne manque pas de provoquer l’hilarité générale de la salle.

    Crèvecoeur est en fait le disciple d’un médecin allemand, Ryke Geerd Hamer (dont LeLibrePenseur fait également l’éloge). Grand prophète de la « Médecine Nouvelle » selon laquelle les médecines « alternatives » sont plus efficaces pour soigner le cancer que les médicaments ou les traitements fondés sur la chimiothérapie, le docteur Hamer a été condamné pour exercice illégal de la médecine et mise en danger de la vie d’autrui. Ses pratiques, qualifiées de déviances sectaires par la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires (MIVILUDES), auraient conduit des patients à la mort selon le député Jean-Pierre Brard. Dénonçant une « conspiration sioniste » visant à le réduire au silence, le docteur Hamer prétend que les Juifs se soignent selon les préceptes de la « Médecine Nouvelle » tout en mettant en garde les non-Juifs de faire de même.

    Cette focalisation récurrente sur les Juifs, on la retrouve chez cette autre journaliste anti-vaccination , la Hollandaise Désirée Röver, selon laquelle c’est un groupe d’individus maléfiques descendants des Khazars (les Khazars sont généralement présentés comme étant les ancêtres des Juifs d’Europe centrale et orientale - NDLR) et ayant pour nom Rothschild ou Kissinger, qui seraient à l’origine de la pandémie.

    Au rayon des originaux qui se sont engouffré dans la brèche du conspirationnisme anti-vaccination, on trouve enfin Pierre Jovanovic, un « écrivain et journaliste » dont la notoriété se fonde sur les ouvrages qu’il a consacré aux anges gardiens et aux secrets de Fatima. Il faut également citer la niçoise Mirella Carbonatto, présidente d’une association dénommée SOS-Justice qui a saisi le Parquet afin d’alerter la population sur les dangers de la vaccination. Carbonatto a indiqué à la presse qu’elle était « déjà sur écoute » et que les Illuminatis étaient « à [ses] trousses ». Le naturopathe Jacques Paltz, président d’Artémisia Collège et du site éponyme, parle quant à lui de la pandémie comme d’une « farce organisée » : « L’évolution rapide des événements nous oblige à prendre ces dispositions [la fermeture du site - NDLR]. En effet, il est clair que nous entrons dans un Etat ouvertement subdictatorial (...). Il faut dire que tout est bidonné, (...) toute l’opinion est manipulée, et ce n’est pas bien difficile avec une presse aux ordres et le gros des masses populaires qui refuse de voir la réalité, par lâcheté, toujours prêt à tout gober, à tout accepter, toutes les compromissions, du moment qu’on ne lui retire pas son foot, ses magazines peoples et autres attrapes gogos ! (...) Nous allons devoir prendre des mesures en fonction de la situation, et songer à nous protéger. Des heures sombres nous attendent, une sorte de Stasi puissance 10 (avec les moyens des années "2000"), et surtout, mondialisée ».

    Ne perdant jamais une occasion de verser dans la théorie du complot, les sites de Michel Chossudovsky (Mondialisation.ca et GlobalResearch.ca), de Zeynel Cekici (Alter-Info.net) et de Mireille Delamarre (PlanèteNonViolence.org) se chargent évidemment de relayer cette propagande aussi paranoïaque que nauséabonde.

    Voir aussi :
    – Sur Conspiracy Watch :
    Un documentaire québecois sur les croisés de l’anti-vaccination
    Notre dossier : Grippe A(H1N1), le virus du soupçon
    – Sur le blog Imposteurs :
    Gilles Mercier, « Le demi savoir du docteur Wolfgang Wodarg », 13 janvier 2010.
    Olivier Chacornac, « Le Dr Marc Girard ou l’art de détourner l’information scientifique pour alimenter la propagande anti-vaccin », 16 novembre 2009.
    – Sur le site des Sceptiques du Québec :
    Georges-André Tessier, « Le complot Lanctôt », été 1995.
    Yves Casgrain, « Le Monde selon Guylaine Lanctôt », été 1995.

    (Dernière mise à jour : 03/12/2013)

  • Troublante indulgence envers la collaboration, par Annie Lacroix-Riz
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/07/LACROIX_RIZ/53208

    Plus de quarante ans après que Robert Paxton a liquidé, dans La France de Vichy (Seuil), la thèse de Robert Aron selon laquelle Philippe Pétain aurait servi de « bouclier » aux Français, les notions de « représentations », de « psychologie » et d’éthique triomphent dans le traitement de la collaboration et du gouvernement de Vichy. Sur la Résistance, le propos s’embarrasse moins de nuances. [#st]

    http://zinc.mondediplo.net/messages/5202 via Le Monde diplomatique

  • Rumeurs et désinformations sur la campagne BDS en France | Georges Gumpel | Publication : 22/06/2015
    http://www.huffingtonpost.fr/georges-gumpel/campagne-bds_b_7636898.html?1434985830

    INTERNATIONAL - Il ne se passe pas de jours sans que nous soyons confrontés - grâce à la complaisance d’une certaine presse - écrite ou en ligne - à des rumeurs les plus fantaisistes, à des articles tout autant fantaisistes à propos des progrès fulgurants enregistrés par la campagne BDS France ces derniers temps.

    (...)

    Aujourd’hui, et n’en déplaise à ces aimables personnes, « historien » ou non, la campagne BDS est définitivement inscrite dans le paysage national comme elle l’est dans le paysage international.
    Et nulle vocifération, nul mensonge, nulle falsification de l’Histoire, nulle tentative malhonnête d’associer celle ci aux pratiques nazies et à celles de Vichy ne peuvent en arrêter le cours.

    La campagne BDS est entre les mains de toutes et de tous, comprise par tout le monde comme une arme non violente, déterminée, irrésistible. Nul ne peut la prétendre raciste et/ou antisémite.

    Il n’en est rien !

    Les calomnies et les falsifications des agents israéliens en France ne peuvent plus masquer la nature des crimes commis en Palestine occupée, à Gaza principalement. (...)

    cet article répond à celui de Marc Knobel dont le titre suffit à en comprendre la teneur : Le boycott des produits israéliens, cette étoile jaune économique

  • #Le_Corbusier fut-il fasciste ou démiurge ?

    Le cinquantième anniversaire de la mort de l’architecte Le Corbusier (1887-1965), auquel le Centre Pompidou consacre une rétrospective qui ouvre ses portes le 29 avril, provoque un regain de publications, d’expositions et de colloques qui célèbrent ou vont célébrer la mémoire du grand homme.

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/04/29/le-corbusier-fut-il-fasciste-ou-demiurge_4625047_3232.html
    #fascisme #architecture #urbanisme

    • Le Corbusier, fasciste ou séducteur ?http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/06/03/le-corbusier-fasciste-ou-seducteur_4646539_3232.html

      Selon Jean-Louis Cohen, professeur d’histoire de l’architecture, les méandres politiques du Corbusier s’expliquent par une nécessité séductrice plutôt que par de véritables convictions (...)

      Ses méandres politiques révèlent sa vision #élitiste de la politique. Il partage celle-ci avec beaucoup de #réformateurs leurrés un temps par la rhétorique révolutionnaire de Vichy, ou tentant de jouer à l’intérieur du système, et dont certains entreront dans la Résistance. Cette posture ne trahit pas un simple #opportunisme, trait caractéristique d’un métier qui ne s’accomplit qu’avec des moyens matériels supposant de fortes décisions publiques. Elle relève de la séduction, car c’est bien là le registre dans lequel opère Le Corbusier. Face aux dirigeants auxquels il entend arracher des #commandes, il en intériorise le discours, qu’il reprend à son compte en tentant de les convaincre. Il reprocha ainsi à Staline de ne pas être assez révolutionnaire et donna à Bata des leçons sur la vente des souliers. En dépit des son amitiés pour des idéologues réellement engagés dans les politiques pétainistes, c’est dans l’ordre de la séduction qu’il restera à Vichy, sans passage à l’acte politique.

  • Philippe Val est un raciste - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/Philippe-Val-est-un-raciste

    « [Les otages français, Christian Chesnot et George Malbrunot] ont été enlevés par des terroristes islamiques qui adorent égorger les Occidentaux, sauf les Français, parce que la politique arabe de la France a des racines profondes qui s’enfoncent jusqu’au régime de Vichy, dont la politique antijuive était déjà, par défaut, une politique arabe. »

    Cette phrase de Philippe Val n’a évidemment aucun sens. Qualifier la politique antijuive de Vichy de politique « arabe » n’a aucun sens puisque aucune influence arabe n’a joué un quelconque rôle dans cette entreprise criminelle. Tout s’est passé entre l’Allemagne nazie et la France de Vichy, point barre.

    Pour que cette phrase insensée signifie quelque chose, il faut admettre un postulat raciste : le postulat selon lequel les Arabes, en bloc, sont antisémites par nature. Dans cette hypothèse, même si aucun Arabe n’est ni auteur, ni incitateur ni demandeur d’une politique antijuive, ladite politique n’en est pas moins une « politique arabe » dans la mesure où elle ne peut que remplir de joie cette masse assoiffée de sang juif qu’est « le monde arabe »
    .
    En résumé : « politique arabe » ne signifie, chez Philippe Val, rien d’autre que « politique antisémite ».

    « Arabe » et « antisémite » sont donc synonymes.

    En d’autres termes : Philippe Val essentialise « les Arabes », en fait une entité homogène, pour ensuite attribuer à cette essence (« les Arabes ») un caractère infâmant (« antisémite »). Cette manière de penser, conjuguant l’essentialisation l’homogénéisation et le dénigrement, porte un nom : le racisme.

    Philippe Val a donc écrit un texte purement et simplement raciste. Et comme il assume ce texte plusieurs années après sa publication, comme il ne l’a pas renié, on peut donc affirmer, de manière plus concise, qu’il est avéré et démontré que

    Philippe Val est raciste.

    #racisme #essentialisme

  • Annie Collovald : le « populisme » du FN : retour sur une invention médiatique
    http://www.acrimed.org/article4625.html

    Il faut rappeler que la qualification du FN comme populisme est récente et qu’elle ne s’est pas imposée d’emblée. Il a fallu du temps et surtout différentes mobilisations d’interprètes de la vie politique pour qu’elle gagne en plausibilité et en sérieux, du moins apparent. Son évidence d’aujourd’hui a été progressivement construite, au prix d’une double réorientation des perspectives originelles : celles voyant dans le FN un « fascisme » ou une extrême droite, et regardant surtout les dirigeants de ce parti (leur parcours politique, leurs relations avec la collaboration sous Vichy puis avec l’OAS, leurs discours racistes, etc.). Désormais, c’est le lien unissant un chef supposé charismatique à des électeurs supposés issus majoritairement des classes populaires qui justifie la (...)

  • Ces #villes minées par les #logements_vacants

    A Vichy, dans l’Allier, toutes les demandes de logement social sont satisfaites en quinze jours. « Nous proposons des appartements dans des immeubles rénovés, au bord du lac », précise Frédéric Aguilera, l’adjoint au maire chargé de l’urbanisme. Avec 4 700 logements vides, soit 22 % de son parc, la ville thermale de 25 000 habitants est en effet championne de France de la vacance.


    http://www.lemonde.fr/logement/article/2015/02/23/ces-villes-minees-par-les-logements-vacants_4581607_1653445.html#11U4J8fi4fz
    #logements_vides #urban_matters #cartographie #visualisation #France

  • Ne laissons pas la rue à Vichy pirate et au CAC 40. Marche contre les violence et l’impunité policière policières à Montreuil.

    Après les centaines d’arrestations de l’automne, les manifs interdites et les condamnations qui ont suivi la mort de Rémi Fraisse, après la messe oecuménique du 11 janvier, ses surenchères patriotiques, ses embrassades et applaudissements à la #police, ses doutes irrépressibles aussi, ce serait pas mal de relayer les infos sur les mobilisations contre les violences policières (à Toulouse et Nantes du 16 au 21 février ...) et sur la marche organisée à Montreuil, ce samedi à 14h30, départ du lycée Jean Jaurès, au début de la rue Dombasle, M° Mairie de Montreuil.


    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7576

    Mémoires du présent, flashback contre flashball — « Pense-bête
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=2609

    A Montreuil, on a aussi vu fleurir des affiches appelant à « désarmer la police ». Programme minimum qui nous renvoie 40 ans en arrière, début mars #1971, quand le quinzomadaire #TOUT proposait déjà de leur renvoyer la balle, aux flics, sous ce mot d’ordre désarmant de simplicité : « Surveillons la police ! »

    Quelques semaines pluts tôt, le 9 février, lors du #manifestation non-autorisée du Secours Rouge, place Clichy, un certain Richard Deshayes, membre du groupe VLR, et co-fondateur du Front de Libération de la Jeunesse, s’était pris un tir tendu de « lance-patate » [fusil propulseur de grenades lacrymogènes] en plein visage. Lui aussi allait y perdre un œil.(...)

    Et la phrase fétiche de Richard de recouvrir à la bombe les murs :
    Nous ne sommes pas contre les vieux,
    nous sommes contre ce qui les a fait vieillir !

    Avec une guitare et un fusil, en lieu et place de la faucille et du marteau.

    #impunité_policière #archive #icono #tracts #journaux

  • N’oublions pas les tsiganes

    Pour résumer, dès 1940 les nomades français (vanniers, forains, commerçants ambulants, artistes de cirque, musiciens ambulants…) étaient interdits de circuler pour éviter qu’ils ne deviennent des agents ennemis ou qu’ils nuisent aux mouvements des troupes. Ces interdictions de circulation prenaient la forme de résidence surveillée puis de camps allemands pour nomades.

    Sous le Gouvernement de Vichy, les camps de Salieri, Rivesaltes, le Barcarès, Argelès-sur-Mer et Lannemezan ouvrent leurs portes aux nomades français ; ils sont placés sous l’administration française. On recense alors entre 3000 et 6000 le nombre de Tsiganes internés dans ces camps pour nomades français. Les conditions de vie dans ces camps étaient les mêmes que celles dans les camps de concentration. De nombreux Tsiganes mouraient de maladies, de la malnutrition ou de leurs blessures.

    Ce n’est qu’en 1946, soit un an après la fin de la guerre ou deux ans après la Libération que les derniers Tsiganes quittent les camps français. L’argument de l’époque : l’administration voulait recenser le nombre de nomades et contrôler leur identité… La vie en dehors des camps de concentration français n’a pour autant pas été plus clémente avec les Tsiganes qui étaient victimes de délation, d’accusations ou de persécutions par les autorités. Constatant la confiscation et le vol de leurs biens et la privation de leurs droits, les Tsiganes ont vu naître une méfiance vis-à-vis des institutions françaises. Aujourd’hui, le devoir de mémoire pour mettre fin au malaise de l’histoire.

    http://www.liberation.fr/debats/2015/01/27/n-oublions-pas-les-tsiganes_1190007

  • www.lamontagne.fr - Auvergne - VICHY (03200) - Philippe Pujol, lauréat du prix Albert-Londres 2014, et au chômage
    http://www.lamontagne.fr/auvergne/2014/10/20/philippe-pujol-laureat-du-prix-albert-londres-2014-et-au-chomage_11186831

    On peut décrocher le Graal du journalisme et se retrouver sans employeur. C’est le cas de Philippe Pujol, prix Albert-Londres pour l’enquête Quartiers shit.

    Lauréat du prestigieux prix Albert-Londres, en mai dernier, pour une série de reportages dans les quartiers nord de Marseille, intitulés Quartiers shit et publiés au cours de l’été 2013 dans La Marseillaise, son ancien journal, Philippe Pujol, 38 ans, était à Vichy pour le festival Journalisme et société.

    Votre statut de localier a attisé la curiosité après votre prix Albert-Londres. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il revenait à un journaliste de presse régionale.

    « C’est arrivé plusieurs fois, mais à chacune c’était des grands reporters qui réalisaient uniquement des enquêtes, alors que j’étais rédacteur deuxième échelon, c’est-à-dire que j’étais au plus bas dans l’échelle des journalistes. Je suis donc un joueur de division 2 qui a gagné le ballon d’or. Mais, même si je le faisais aussi, je n’étais plus le fait-diversier de base, comme quand j’ai commencé, qui ramenait seulement les chiens écrasés. L’avantage c’est qu’en faisant ça, on a une connaissance du territoire et un apport de contacts bien supérieur à quelqu’un qui viendrait enquêter sur Marseille. Mais j’ai réussi aussi à faire mes reportages comme si j’arrivais tout juste sur Marseille et c’est sans doute cela qui a marché. »

    Comment est-ce possible d’être à la fois immergé et garder du recul ?

    « Ma particularité, c’est que le fait divers, ça ne m’intéresse pas. Quand je prends un autre journal, je ne lis jamais cette rubrique. Mais on m’avait nommé volontaire à la rubrique faits divers ; alors plutôt que de me morfondre, j’avais décidé de l’aborder autrement. L’avantage de La Marseillaise, c’est que j’avais la possibilité d’orienter les choses comme je le voulais, tout en gardant la ligne progressiste, de gauche élargie. Cela m’a permis de pouvoir partir sur le côté sociétal des choses. Je n’étais pas le premier, mais issu d’une longue tradition de La Marseillaise. »

    Depuis votre prix, on a du mal à le croire, mais vous avez perdu votre emploi.

    « C’est un licenciement économique car La Marseillaise ne se porte pas bien, comme tous les médias. Je pense que virer un mec qui a Albert-Londres, ça permet de ne pas virer quelqu’un qui aura plus de mal à trouver du boulot derrière. De toute façon, je serais parti de moi-même, mais dans un an. »

    #journalisme #emploi

  • Robert Paxton : « L’argument de Zemmour sur Vichy est vide » - Le nouvel Observateur
    http://rue89.nouvelobs.com/2014/10/09/robert-paxton-largument-zemmour-vichy-est-vide-255385

    Le système Eric Zemmour se nourrit de sa propre surenchère : chaque livre de l’essayiste doit aller plus loin que le précédent – vers l’extrême droite. Il est allé si loin qu’il en arrive, dans son dernier essai, « Le Suicide français » (éd. Albin Michel) – déjà un best seller – à prendre la défense de Vichy, ce sinistre souvenir français. S’il avait vécu à cette époque, Zemmour, issu d’une famille juive algérienne, aurait été déporté ou aurait vécu dans la terreur.