city:vincennes

  • Récapitulation 2015
    http://otir.net/dotclear/index.php/post/2015/12/27/Recapitulation-2015

     Alors, n’ayons pas peur des mots, l’année 2015 aura été une sacrée année pourrie. Si je me rappelle bien, elle aura commencé bien mal avec les attentats de Charlie et du supermarché casher de Vincennes, de quoi ébranler bien des nerfs et secouer après bien des expériences de terrorisme, et cependant une brutalité et violence jusqu’alors inconnue. La réaction aura été à la hauteur, certes, mais le cycle des nouvelles fera aussi que la politique n’est décidément plus une préoccupation majeure des citoyens qui passent très rapidement à autre chose, avant que l’actualité ne les rattrape, et cela aura été le cas cette année, pourtant. Je ne vais pas lister tous les carnages qui auront eu lieu dans le monde, après celui de janvier et avant ceux de novembre, que ce soit en Tunisie, au Nigeria, au Pakistan, au (...)

    #Soliloques

  • Rafle au foyer Adoma Marc Seguin dans le 18ème à Paris, COPAF (Collectif pour l’avenir des foyers), DAL (Droit au Logement), Droits Devant !!, Union Départementale CGT Paris..., Foyers de travailleurs immigrés
    https://www.facebook.com/foyers.de.travailleurs.immigres/?fref=nf

    L’Adoma veut punir les résidents qui sont en #grève_des_loyers depuis plusieurs mois ! L’Etat veut accrocher une rafle à son très maigre palmarès de l’état d’urgence en dirigeant ses coups contre les militants, les manifestants, les habitants des quartiers populaires et les #travailleurs_immigrés des #foyers !
    Mercredi 16 décembre au soir, la #police assistée de la direction Adoma (ex-Sonacotra), est intervenue au foyer Marc Seguin. Chambre par chambre, tous les résidents sans-papiers sans récépissé ont été raflés et embarqués. Ensuite la police a fait le tri : certains ont été relâchés, les autres ont été gardés et sont encore au #centre_de_rétention de Vincennes.
    Décidément, les petites recettes gouvernementales ne changent pas. L’état d’urgence qui permet tout à la police. Quel rôle joue l’Adoma dans cette histoire ? le bon petit soldat, ou pire : cogner le plus fort possible les résidents du foyer. Car ces résidents sont en grève de loyers depuis de longs mois. L’Adoma a déjà fermé brutalement leur bar et leur cuisine collective et a chassé tous les petits commerçants.
    Il y avait largement matière à concertation dans ce foyer. Mais l’#Adoma a choisi la manière la plus brutale et la plus scandaleuse, elle revient à ses tristes méthodes qui privilégient la répression policière la plus brutale à la concertation et à la négociation.Et aujourd’hui, c’est le niveau au-dessus : niveau rafle ! Aujourd’hui, les #sans-papiers de ce foyer font les frais de l’état d’urgence ; il y a 2 semaines, c’étaient les résidents du foyer Coallia Gros Saule d’Aulnay, chaque fois à la demande du gestionnaire.
    Pourtant ne pas oublier : ces travailleurs immigrés sont venus travailler, fuyant des pays sahéliens pauvres, confrontés à la guerre et victimes de la sécheresse, réfugiés économiques, politiques et climatiques tout à la fois. Les sans-papiers paient leurs cotisations, leurs impôts, ils consomment en France, avec leurs maigres ressources ils participent à l’effort de développement de leurs familles et de leurs régions d’origine (écoles, centres de santé, adductions d’eau, reforestation etc.)
    Venir les rafler dans leur chambre, c’est illégitime et indigne ! Ce n’est pas en raflant les sans-papiers jusque dans leurs chambres de foyers que le gouvernement et les gestionnaires vont se grandir et nous convaincre de leur efficacité.
    Nous demandons que toutes les personnes interpellées soient remises en liberté et régularisées et que les travailleurs des foyers puissent être protégés et vivre en sécurité dans leur domicile privé.
    La France se doit d’accueillir CORRECTEMENT et DIGNEMENT les personnes qui viennent chercher refuge et travail.

  • Lutte des migrants et réfugiés : 3e numéro du journal Merhaba/Bienvenue/Xoš âmadid/Welcome
    http://paris-luttes.info/merhaba-bienvenue-xos-amadid-4502

    Merhaba/Bienvenue/Xoš âmadid/Welcome est un journal écrit par des migrants, réfugiés et personnes solidaires. C’est un outil de coordination et d’information sur les luttes des migrants en Île-de-France et aux frontières. Il est gratuit, diffusé largement et disponible en français, anglais, arabe et (...) — Migrations - sans-papiers, migrants, lutte des réfugié-e-s, hébergement d’urgence

    • À propos du #journal Merhaba et des #centres_d'hébergement (mel reçu).

      Petit témoignage de l’accueil au centre d’hébergement du Loiret (13e arrondissement) ce soir :
      Une amie et moi sommes allées dans ce centre voir des personnes hébergées que nous connaissons des campements de juin dernier. En même temps nous avions apporté quelques exemplaires de Merhaba, petit journal fait par des migrants et des personnes #solidaires.
      Un ami #migrant nous a proposées d’entrer et a demandé au gardien l’autorisation. Celui-ci a dit qu’il fallait qu’il en réfère au responsable du centre, ce qu’il a fait par téléphone. notre entrée a été refusée, nous sommes donc restées assises devant le centre surr un des bancs qu’il y a là. Alors qu’on discutait avec plusieurs personnes, des gens qui semblaient travailler là sont arrivés eet assez vite le #gardien est venu nous dire que nous ne pouvions pas rester là non plus, assises sur le banc devant le centre. Son chef avait appelé pour le lui dire, chose que nous voulons bien croire car il avait l’air un peu gêné et comme nous prenions 2 - 3 minutes pour dire au revoir, il nous a dit que vraiment ce serait mieux de nous dépêcher car sinon il allait avoir des ennuis.
      Un migrant a pris une dizaine de journaux et est rerentré dans le centre et nous nous sommes donc éloignées sur le trottoir. Moins de 5 minutes après il est resorti car on lui a signifié qu’il pouvait en avoir un exemplaire mais pas plusieurs.
      Ce qui pourrait sembler une anecdote insignifiante en dit long sur les #droits qui sont accordés aux migrants et donc ssur la façon dont ils sont considérés. Pas le droit de recevoir des gens donc, mais également pas le droit de faire entrer des journaux (Bon bien sur Télé 7 jours ça on pourrait sans doute en amener des tonnes), et au-delà de ça, des témoignages abondent en ce sens et dans de nombreux centres, pas le droit de s’exprimer car s’exprimer c’est s’exposer à des brimades et un renvoi. Oui je sais, on dit qu’un mot peut avoir l’effet d’une bombe mais bon, on n’en est pas là... On en serait même plutôt, niveau revendications, à demander un peu de pain en plus, et franchement comme bombe on fait mieux, mais même ça çela peut être mal pris par le personnel.
      Quand je pense que parmi les migrants, il y en a qui fuient des pays où il n’y a pas de liberté d’expression dans lesquels la France est montrée en exemple par quelques doux et douces rêveurs-euses, je ne peux m’empêcher de rire doucement.
      Ce petit épisode il n’y a pas qu’au centre du Loiret qu’il arrive. A Tournan, pareil, des personnes extérieures et hop on est prêt à appeler la gendarmerie. A Triel sur Seine aussi, c’est la même chose, seules 3 personnes extérieures au centre (qui appartiennent au secours catholique) sont autorisées à y pénétrer, les autres même si elles ont rendez-vous avec quelqu’un à l’intérieur ne peuvent entrer et le rendez-vous doit se dérouler à l’extérieur. Bon et tout cela bien avant leur état d’urgence, il faut le préciser.
      En tout cas, on se demande vraiment de quoi ils ont peur la haut...Mais bon, question bête... la seule vraie question étant pendant combien de temps on permettra de se conduire comme ça ?

      l’article ci dessus renvoie à une représentation du journal, son sommaire, sa demande de participation (traductions et autres) et d’appui à sa diffusion.

    • Rafle au foyer Marc Seguin dans le 18ème à Paris (par mel)

      Le 15 décembre au soir, une grosse rafle a eu lieu au foyer Marc Seguin dans le 18ème à Paris. L’info a été relayée par un militant sur les listes RESF.
      Nous (CGT Paris) essayons de suivre la situation avec le Copaf et Droits Devant !!.
      A la demande d’Adoma, gestionnaire du foyer, en pleine grève des loyers, la police est intervenue dans les chambres du foyer et a arrêté tous les sans-papiers présents.
      Les infos sont floues. Il y a dû y avoir sûrement une réquisition du #procureur mais nous n’en avons pas connaissance.
      J’ai eu au téléphone aujourd’hui le Directeur de la #Police Generale de la PP qui n’avait pas les détails sur l’opération, mais me disait que c’était nullement une volonté politique de la PP de faire des descentes de police dans les foyers pour « lutter contre l’immigration clandestine » et qu’il devait y avoir une réquisition du proc sur d’autres motifs que l’ILE (infraction à la législation sur les étrangers).
      Quoiqu’il en soit, j’ai saisi aussi la chef de cabinet du Préfet de Police sur cette situation scandaleuse.

      Une partie des sans-papiers a été relâchée le jour et le lendemain de la rafle, une autre transférée au centre de #rétention de Vincennes.
      Je ne sais pas précisément le nombre de personnes (une dizaine).
      l’ASSFAM (association présente au centre de rétention de Vincennes) m’enverra des infos plus précises demain matin.
      Elle m’a dit qu’ils passeront devant le JLD le 20 décembre.
      Ce serait bien que des avocats puissent se mobiliser sur cette audience comme ça s’était fait lors de la rafle au foyer « terre aux curés » dans le 13e.
      Et qu’on fasse pression pour que les résidents soient libérés, pour éviter que ce genre de situations se reproduisent et
      qu’Adoma ou d’autres gestionnaires de foyers ne s’amusent pas à agir ainsi à nouveau.

  • Voici les informations dont nous avons connaissance vendredi matin.
    Communiqué du collectif de soutien aux manifestants interpelés.

    http://paris-luttes.info/infos-sur-la-repression-apres-la-4394

    Placements en centre de rétention
    Sur les 317 gardes à vue après la manifestation dimanche, au moins quatre personnes ont été placées en centre de rétention, alors qu’elles sont en séjour régulier en France, parce qu’elles auraient causé un trouble à l’ordre public (une personne suisse, trois personnes belges).
    Deux sont ressorties mercredi après midi du CRA et n’ont plus d’obligation de quitter le territoire français (OQTF) suite à un passage au tribunal administratif.
    Les deux autres personnes retenues au CRA de Vincennes sont passées au tribunal administratif le jeudi 3 novembre. Une d’elle est sortie mais conserve une OQTF. La seconde est maintenue en rétention et a toujours une OQTF.
    On peut rappeler également que deux autres personnes ressortissantes de l’Union Européenne (Belgique et Royaume-Uni) avaient, avant même la manifestation de dimanche, été placée au CRA suite à un contrôle d’identité. Elles sont ressorties du centre de rétention lundi matin mais ont toujours une OQTF.

    [...]

    Deux comparutions immédiates mercredi 2 décembre
    Dans le premier procès, la personne a été poursuivie pour :
    participation à une manifestation interdite durant l’état d’urgence
    participation délictueuse à un attroupement après les sommations
    violences sur agent La personne a été condamnée à une peine de huit mois de prison avec sursis.
    Dans le second procès, les motifs de la poursuite sont similaires, et la peine prononcée est de quatre mois de prison avec sursis.

    • Paris : de la prison avec sursis pour les incidents à République
      http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-de-la-prison-avec-sursis-pour-les-incidents-a-republique-02-12-2015

      Tout ça pour ça. Après le premier round de la veille (deux condamnations à trois mois de prison ferme et à 1 000 € d’amende), deux nouveaux participants à la manifestation interdite — et mouvementée — de la place de la République dimanche comparaissaient ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris.
      Au regard du nombre d’interpellations — près de 400 — on pouvait s’attendre à voir dans le box des prévenus aux profils sensibles. Ce ne fut pas le cas.

    • Appel aux 317 - AntiCOP21.org
      https://paris-luttes.info/appel-aux-317-4455

      Nous lançons un grand appel aux 317 interpellés du dimanche 29 novembre 2015 ainsi qu’à tout ceux qui ont connus la répression pendant les deux semaines de la COP 21 à nous adresser leur témoignage : les317@riseup.net

      Nous appelons toutes les personnes qui ont connu la violence et la répression policière à nous livrer également un témoignage qui pourra être utilisé (de façon anonymisé) pour la vidéo.

      Nous vous invitons à une réunion le mercredi 9 décembre à 18h au LEA, 10 rue Fournier à Clichy (métro Mairie de Clichy) pour nous rencontrer, en parler et donner un coup de main si vous vous en sentez la capacité et l’envie.

  • Saint-Denis : « Le flic m’a dit : ’tu vas prendre trente ans’... » | L’Humanité
    http://www.humanite.fr/saint-denis-le-flic-ma-dit-tu-vas-prendre-trente-ans-590602?IdTis=XTC-FT08-

    Nordine Touil, marocain de 31 ans, vit en France depuis douze ans. Il a une petite fille de sept ans, française comme sa mère, dont il est séparé. Jusqu’à mercredi dernier, il habitait avec deux amis, marocains eux aussi, dans l’immeuble de la rue du Corbillon, à Saint-Denis, où le Raid est intervenu pour déloger Abdelhamid Abaaoud et ses acolytes. Joint hier à l’intérieur du centre de rétention administrative de Vincennes, il raconte l’assaut des forces de police, le déluge de feu, cette balle qui l’atteint au bras gauche, l’arrestation musclée, la garde à vue à Levallois et, pour solde de tout compte administratif, l’obligation de quitter le territoire notifiée par la police. « Tu vas prendre 30 ans, pas parce que t’es terroriste, mais parce que t’es con », lui aurait même lancé un policier vendredi dernier, à quelques heures de la fin de la garde à vue. Choqué et inquiet, il se confie.

    #état_d'urgence (ad nauseam)

  • Des occupants de l’immeuble évacué de Saint-Denis placés en #rétention
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/11/25/des-occupants-de-l-immeuble-evacue-de-saint-denis-places-en-retention_481705

    Sur six résidents #sans-papiers, trois ont été blessés par le #RAID et quatre font toujours l’objet d’une obligation de quitter le territoire français.

    Ils ont vécu l’horreur dans l’immeuble du 48, rue de la République. Retranchés dans leur appartement lors de l’assaut antiterroriste du mercredi 18 novembre à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) mené contre Abdelhamid Abaaoud, cinq étrangers sans-papiers ont cru leur dernière heure arrivée. Au bout de trois heures, ils ont été « libérés » par les forces d’intervention. Mais ils n’étaient pas au bout de leurs peines. Quatre d’entre-eux ont en effet été embarqués à destination de Levallois-Perret, dans les locaux de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (SDAT). Ils sont aujourd’hui en centre de rétention administrative (CRA) à Vincennes, menacés d’une reconduite à la frontière. Deux autres, placés en garde à vue à l’hôpital, ont été libérés.

  • La France informe le Secrétaire Général de sa décision de déroger à la Convention européenne des droits de l’homme en application de son article 15
    http://www.coe.int/fr/web/secretary-general/news/-/asset_publisher/EYlBJNjXtA5U/content/france-informs-secretary-general-of-article-15-derogation-of-the-european-conve

    Les autorités françaises ont informé le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe d’un certain nombre de mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence instauré à la suite des attentats terroristes de grande ampleur perpétrés à Paris, mesures qui sont susceptibles de nécessiter une dérogation à certains droits garantis par la Convention européenne des droits de l’homme.

    (Du coup, il paraît que Bachar Assad s’est demandé si lui aussi, il n’allait pas un peu s’autoriser à déroger aux droits de l’homme.)

    • Convention européenne des droits de l’homme.
      http://www.echr.coe.int/Documents/Convention_FRA.pdf

      ARTICLE 1
      Obligation de respecter les droits de l’homme

      ARTICLE 4
      Interdiction du travail forcé

      ARTICLE 5
      Droit à la liberté et à la sûreté

      ARTICLE 6
      Droit à un procès équitable

      ARTICLE 8
      Droit au respect de la vie privée et familiale

      ARTICLE 9
      Liberté de pensée, de conscience et de religion

      ARTICLE 10
      Liberté d’expression

      ARTICLE 11
      Liberté de réunion et d’association

      ARTICLE 12
      Droit au mariage

      ARTICLE 13
      Droit à un recours effectif

      ARTICLE 14
      Interdiction de discrimination

      ARTICLE 16
      Restrictions à l’activité politique des étrangers

      ARTICLE 17
      Interdiction de l’abus de droit

      ARTICLE 18
      Limitation de l’usage des restrictions aux droits

    • État d’urgence : la France demande officiellement à déroger aux Droits de l’homme - Politique - Numerama
      http://www.numerama.com/magazine/31916-deroger-aux-droits-de-l-homme-voici-comment-ca-peut-etre-legal.html

      Dans le cadre de l’État d’urgence, la France a notifié le mercredi 24 novembre à la Cour européenne des droits de l’homme son intention de déroger à certains des droits garantis par la Convention européenne (CEDH) et par le droit de l’ONU. Juridiquement, de telles dérogations sont possibles. Mais pas sans conditions ni limites.

      La phrase avait fait bondir sur les réseaux sociaux en janvier 2015 dans le contexte des attentats contre Charlie Hebdo et l’épicerie casher de la Porte de Vincennes, mais elle est juridiquement exacte. Interrogée sur RTL, l’ancienne ministre Valérie Pécresse, qui avait été la première à parler de la nécessité d’un « Patriot Act à la française » (une expression depuis reprise par Laurent Wauquiez à la suite des attentats de Paris), avait prévenu qu’il était possible de déroger à des droits prévus par la Convention Européenne des droits de l’homme (CEDH).

      C’est tout à fait vrai, et la proclamation de l’État d’urgence qui a été prorogé pour 3 mois et étendu à de nouvelles mesures montre que la France ne voit pas d’obstacle. Mais le gouvernement ne peut pas faire tout et n’importe quoi sans violer ses engagements internationaux.

    • Etat d’urgence : « de graves violations des droits humains sont allégrement envisagées », Gilbert Achcar, prof. à l’Ecole des études orientales et africaines, SOAS, université de Londres.
      http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/25/la-france-a-tort-de-renouer-avec-l-etat-d-exception_4816796_3232.html

      ... le président français a choisi d’ignorer les nombreuses critiques du choix fait par l’administration Bush, bien qu’elles constituassent en leur temps l’opinion dominante à cet égard en France même (une opinion partagée par Hubert Védrine et Dominique de Villepin). Et ce en dépit du fait que le bilan désastreux de la «  #guerre_contre_le_terrorisme  » menée par l’administration Bush a donné pleinement raison à ses critiques. Sigmar Gabriel, vice-chancelier de l’Allemagne voisine et président du SPD allemand, parti frère du PS français, a lui-même déclaré que parler de guerre, c’est faire le jeu de Daech.

      De prime abord, le discours de guerre peut cependant sembler relever du défoulement verbal  : une façon de répondre à l’émotion légitime suscitée par un attentat horrible qui a fait 130 morts jusqu’à présent.

      Hypocrisie

      Le corollaire du discours de guerre est déjà là  : François Hollande a fait adopter une loi prorogeant de trois mois l’état d’urgence. Il souhaite faire réviser la Constitution française pour accroître le registre des exceptions aux règles démocratiques, alors qu’il s’agit d’une #Constitution née en 1958, en situation d’exception, et qui codifie déjà copieusement l’exceptionnalité à coups de #pouvoirs_exceptionnels (art. 16) et d’#état_de_siège (art. 36). Dès maintenant, de graves violations des droits humains sont allégrement envisagées  : déchéance de la nationalité, enfermement sans inculpation, et autres cartes blanches données à l’appareil répressif.

      Mais il y a plus grave encore  : contrairement aux attentats de New York, ceux de janvier et de novembre à Paris sont, en grande majorité, le fait de citoyens français (d’où la menace relative à la nationalité). Tandis que l’état de guerre est dans son essence même un #état_d’exception, c’est-à-dire un état de suspension des droits de la personne humaine, il y a une différence qualitative entre les conséquences qu’il entraîne selon que la guerre est portée en dehors du territoire national ou que l’ennemi potentiel se trouve sur ce même territoire.

      Les Etats-Unis ont pu rétablir fondamentalement l’exercice des #droits_civiques, quoique rognés, une fois leur territoire sécurisé dans son insularité, tandis qu’ils pratiquaient et continuent à pratiquer l’état d’exception à l’étranger. C’est toute l’hypocrisie du maintien de ce lieu de non-droit qu’est le camp de Guantanamo comme de la pratique des exécutions extrajudiciaires à coups de drones qui font du Pentagone le plus meurtrier des tueurs en série.
      Mais la France  ? La question du djihadisme n’est pas extérieure à son histoire. Elle l’est si peu que sa première rencontre avec le djihad remonte à la sanglante conquête de l’#Algérie par son armée, il y a bientôt deux siècles, même si le djihad d’aujourd’hui est qualitativement différent de celui d’antan par son caractère totalitaire. Le djihad, l’appareil militaro-sécuritaire français y a été confronté ensuite avec le Front de libération nationale de l’Algérie, dont le journal même s’appelait El Moudjahid («  le pratiquant du djihad  »).

    • Après les attentats : la Réaction qui vient, Olivier Lecourt Grandmaison
      https://blogs.mediapart.fr/olivier-le-cour-grandmaison/blog/261115/apres-les-attentats-la-reaction-qui-vient

      Gouvernement, parlementaires : tous prétendent commander aux événements ; ils ne font que s’y soumettre (...)
      Analysant l’inflation des législations antiterroristes adoptées avant les attentats du 13 novembre 2015, la juriste du Collège de France Mireille Delmas-Marty constatait qu’elles multipliaient dangereusement les « pratiques dérogatoires (…) au profit de pouvoirs de plus en plus larges confiés à l’administration ou à la police, constituant un véritable régime de police qui ne dit pas son nom. » La loi qui vient d’entrer en vigueur et l’état d’urgence établi pour trois mois précipitent le mouvement : triomphe de l’exception légalisée et soustraite à la Constitution. Et triomphe de l’extrême-droite et de la droite dont plusieurs éléments programmatiques – la déchéance de la nationalité notamment – ont été défendus par le chef de l’Etat en personne. « Un bon coup » aux dires de certains conseillers de l’Elysée qui se réjouissent de mettre ainsi leurs adversaires en difficulté. Mais quel est le coût politique de ce « coup » ? Exorbitant. En agissant de la sorte l’exécutif et la majorité socialiste qui le soutient aveuglément légitiment les propositions sécuritaires du Front national et des Républicains, et accréditent l’idée que leurs dirigeants respectifs apportent de justes réponses aux menaces présentes.

  • Saint-Denis : « Le flic m’a dit : ’tu vas prendre trente ans’... » | L’Humanité
    http://www.humanite.fr/saint-denis-le-flic-ma-dit-tu-vas-prendre-trente-ans-590602

    Nordine Touil, marocain de 31 ans, vit en France depuis douze ans. Il a une petite fille de sept ans, française comme sa mère, dont il est séparé. Jusqu’à mercredi dernier, il habitait avec deux amis, marocains eux aussi, dans l’immeuble de la rue du Corbillon, à Saint-Denis, où le Raid est intervenu pour déloger Abdelhamid Abaaoud et ses acolytes. Joint hier à l’intérieur du centre de rétention administrative de Vincennes, il raconte l’assaut des forces de police, le déluge de feu, cette balle qui l’atteint au bras gauche, l’arrestation musclée, la garde à vue à Levallois et, pour solde de tout compte administratif, l’obligation de quitter le territoire notifiée par la police. « Tu vas prendre 30 ans, pas parce que t’es terroriste, mais parce que t’es con », lui aurait même lancé un policier vendredi dernier, à quelques heures de la fin de la garde à vue. Choqué et inquiet, il se confie.

    #état_d'urgence

  • Théories du complot : le remède pédagogique du professeur Ronan Cherel
    http://www.rfi.fr/emission/20151121-attentats-pedagogie-enfants-cherel-professeur

    Enseignant d’Histoire-Géographie au collège, Ronan Cherel a été pris par surprise lorsqu’aux lendemains des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, certains de ses élèves ont commencé à tenir des propos conspirationnistes. Il nous raconte comment il a, depuis, intégré dans son cours tout un programme dédié à l’éducation aux médias et à l’information. Durée : 46 min. Source : RFI

    • La situation est la suivante : nous sommes face à deux fondamentalismes – le fondamentalisme économique des gouvernements - de droite, de gauche, d’extrême droite ou d’extrême gauche, il n’y a dans tout le spectre politique que des partisans de l’économie, du calcul, du travail, de la mesure, de la comptabilité et de l’ingénierie sociale – et le fondamentalisme idéologique des tenants du Califat. L’un pas plus que l’autre n’est prêt à discuter le moindre de ses articles de foi, alors même que leurs religions sont également défuntes, ne survivant qu’à force de volontarisme, de massacres absurdes, de crises sans fin, d’acharnement thérapeutique. Il entre un fanatisme évident dans le fait de répondre à la crise du néo-libéralisme par un déchaînement de celui-ci. Si peu sont prêts à mourir pour l’économie, nul, en Occident, n’a jamais eu de scrupule à tuer, ou à laisser mourir, en son nom. Chaque jour de la vie en France en atteste suffisamment. L’effet de sidération qu’ont produit les attaques de vendredi tiennent au reste justement à leur caractère spectaculairement anti-économique : y a-t-il acte plus énigmatique, plus inexplicable pour le calculateur rationnel qui tente de maximiser son utilité et sa satisfaction, que cette bande de gars qui dézinguent à tout va des vies humaines pour finalement se donner la mort – du pur capital humain, culturel, social, accumulé patiemment, par des efforts quotidiens, parvenu à l’âge de sa productivité maximale et sacrifié pour rien, dirait l’économiste, atterré. Qu’ont-ils gagné là ? N’ont-ils pas tout perdu, sans raison valable ? Ceux qui parlent dans ce cas du « mystère du terrorisme » négligent de préciser que ce mystère n’existe en tant que tel que du point de vue de l’économie. Ils ne voient pas que cela est fait exprès : la jouissance du suicidaire qui tire dans la foule est justement de réduire l’arrogante créature économique occidentale au rang de rat, enjambant ses semblables gémissants pour survivre, de faire éclater la supériorité de sa fausse transcendance face à la misérable immanence du struggle for life. S’il y a là une attaque contre un certain bonheur, elle réside autant dans le massacre que dans le réflexe, après le carnage, de défendre ce bonheur – car un bonheur qui doit se défendre ne tarde jamais à devenir un mensonge.

      Puissent les attentats de vendredi, et ceux qui ne manqueront pas de suivre au vu de l’engrenage que les gouvernants ont délibérément choisi d’enclencher, nous rendre plus vrais et moins distraits, plus profonds et moins hypocrites, plus sérieux et plus communistes.

    • À propos du dessin de Johan Sfarr :

      On ne sait trop pourquoi, mais les massacres revendiqués par l’EI semblent avoir la vertu de déclencher, en réponse, des accès de confusion extrêmes, et chez beaucoup de rares crises d’hypocrisie. Comme si le règne effectif de l’hypocrisie en presque tous domaines dans les sociétés occidentales ne pouvait se défendre que par un surcroît de la même drogue - ce qui ne peut mener, à terme, qu’à une fatale overdose. Ainsi, on ne peut attribuer à un défaut d’information le fait qu’un dessinateur à la mode ait réagi aux attentats d’une bulle disant : « Les gens qui sont morts ce soir étaient dehors pour vivre, boire, chanter. Ils ne savaient pas qu’on leur avait déclaré la guerre. » À l’heure des réseaux sociaux, il faut être singulièrement ivre pour prétendre ignorer que les forces armées françaises sont projetés sur une bonne demi-douzaine de théâtres d’opérations extérieures, et que certaines interventions, notamment au Mali, en Syrie, en Irak ou encore en Afghanistan, ont passablement échauffé certains esprits bombardés. Nous ne mentionnons pas ici la militarisation du maintien de l’ordre, les morts de manifestants à coups de grenades offensives et autres éborgnés par des flashballs – que resterait-il du confort du dessinateur s’il s’avisait que tout gouvernement mène fondamentalement une guerre continue pour le contrôle de sa population ? Et que resterait-il de sa désinvolture revendiquée s’il s’avisait que son « champagne », sa « joie » et ses « baisers » sont quelque peu situés sociologiquement, culturellement, éthiquement – en un mot : que sa « liberté » est celle des vainqueurs.

    • À propos de la rengaine « et nous qu’on est libre et que même c’est ça qu’ils veulent attaquer chez nous » :

      Toute cette affaire de « liberté », que l’on trouve moulinée depuis trois jours à longueur de tweets, d’articles et de discours, sonne d’ailleurs bien faux. Cela sonne comme une grossière façon de se jeter des fleurs. D’abord parce que nous ne serons pas les premiers ici à défendre l’antique thèse que la liberté commence par le fait de ne pas redouter la mort, et qu’en la matière il semble que les assaillants de vendredi dernier soient un peu plus affranchis que « nous ». Ensuite, parce que la liberté dont chacun dispose sur le marché sexuel, professionnel, culturel ou simplement social est si strictement encadrée par la féroce concurrence qui y règne que cette liberté mériterait plutôt le nom de « terrible servitude ». Enfin parce que la liberté du « je fais ce que je veux avec mes cheveux/ avec mon cul / avec ma bite / avec ma langue, etc. » a quand même tout, le lendemain matin, une fois dégrisé, d’une parfaite dérision. L’adage bourgeois qui, du Moyen-Âge jusqu’à Michelet, n’a pas cessé de claironner que « l’air de la ville émancipe » (Stadtluft macht frei) est frappé de la même péremption qu’à peu près tout ce que la bourgeoisie a inventé : le travail non plus ne rend plus libre, et depuis bien longtemps. À l’épreuve, l’air de la métropole rend plutôt seul, connecté, déprimé, misérable, narcissique, sociable, compétitif, dur, opportuniste, baiseur, baisé, bref : tout ce que l’on veut, mais pas libre.

    • La petite-bourgeoisie cognitivo-communicationnelle, l’éclate, la drague, le salariat branché, l’hédonisme du trentenaire cool, n’arriveront pas à se faire passer pour « notre mode de vie », « nos valeurs », ni même pour « la culture ». C’est une certaine forme de vie, comme il y en a tant d’autres dans cette époque, dans ce pays, et qui ne suscite pas que de la tendresse. L’instrumentalisation des attentats par certains propagandistes afin d’assurer l’hégémonie morale de cette forme de vie-là ne peut que contribuer à la rendre haïssable.

      Les ascètes de @lundimatin, épris de vérité pratique, ne sont pas des petits bourgeois, ne vendent pas leur temps à un patron ou à un client, ne vont pas au troquet, ne boivent pas, ne vont pas au concert, y compris dans des salles marchandes. mais il savent revenir à leur théorie moralisatrice, celle du bloom par exemple.

    • Confusion (très foucaldienne, en l’occurence) entre « style de vie » et « forme de vie »...

      L’opposition entre « fondamentalisme économique » et « fondamentalisme idéologique » ou le soi-disant « caractère spectaculairement anti-économique » des attaques du 13 novembre tombent notamment dans ce travers.

      Il y a des styles de vie produisant du ressentiment ou du rejet réciproques, mais ils sont distillés à partir d’une forme de vie partagée, en cours de décomposition mais non dépassée, de part et d’autre.

    • je sais pas, le spectacle du refus de l’économie, il est bien là, en grand (quel soit par ailleurs la comptabilité avec la banque, la vente de pétrole, la rétribution des affidés dans les territoires de Daech), logé dans l’absence de critique en acte de l’économie.

      « Style de vie » c’est la saisie par l’esthétique (et le marketing) et il s’agit de les distinguer/différencier, si la forme de vie est partagée, ce ne peut être qu’aux deux sens de ce terme que Rancière s’obstine à mettre en rapport, le partage comme ce qui est commun, et le partage comme division.

      Ce qui est détestable dans ce texte publié par Lundi matin, c’est le #moralisme, l’injonction à un #devoir-être dont s’émancipe par avance l’énonciateur.

      Il en était de même avec la critique du garantisme en matière juridique, qui dû bien être mis en pratique lorsque la DCRI intervint, et du garantisme en matière salariale, dont ricanent à loisir des rentiers et des enfants de rentiers comme le peuvent aussi ceux qui jouissent des miettes (RSA, APL et CMU) concédées par l’État du capital, comportements qui loin de servir de sol à une politisation sont décrits comme de la débrouille, de la ruse. Des qualités personnelles (individuelles) et amicales (communautaire), de l’alternativisme où toute conflictualité est évacuée.

      En l’occurrence, ce discours moral contre les intégrés béats de la conso de loisir (et oui, leurs moeurs peuvent susciter l’hostilité, d’abord, on est plus chez nous à Paris, même par interstices, devenues fort rares, et toujours plus révocables, c’est d’un brutalité inouïe, le fric règne en maître par le bais de comportement massifs , pas seulement du fait d’une élite) n’aurait pas pu être tenu si le projet d’#attentat_massacre au stade n’avait pas échoué.

      Ambiance #mortifère. Tout ferait fasciser... La dictature de l’ordre public ne nous tombe pas seulement dessus d’en haut, elle est aussi désirée (réduire l’incertitude et le danger, déléguer, disposer d’hommes forts qui fassent exception à nos faiblesses). Et d’autre part, la glorification de la mort comme vérité et comme salut. On va voir comment, après les attaques meurtrières, l’assaut donné à Saint Denis va conforter la voie de la sortie de l’impuissance par la surpuissance assassine. On a encore rien vu.

      On peut accuser la gauche, ou la France, il y a matière. Mais dans ces évènements terribles, c’est plus encore qu’hier la faillite de l’émancipation, d’une perspective révolutionnaire qui est démontrée. Qu’avons nous fait de et avec le soulèvement de 2005, par exemple ?

    • Daesh, lundi matin...
      http://lemoinebleu.blogspot.fr/2015/11/daesh-lundi-matin.html

      Tu veux gerber un bon coup ?
      C’est là [url de "la guerre véritable].
      On en parlera pas plus, nous. Autre chose à foutre. Et puis on craindrait d’être grossier, de s’en prendre - de manière extrêmement non-chirurgicale - autant au style littérairement inimitable qu’aux habitudes annexes (habitus) pluri-séculaires de ces gens-là. On risquerait alors par trop de donner dans l’intime et, du coup, dans l’injuste. Un peu à la manière de ces fusilleurs fascistes, au fond, dont ils-et-elles célèbrent, dedans leur texte infâme, la « liberté anti-économique, affranchie de la peur de mourir »...
      Qu’ils crèvent, donc, et jusqu’au dernier : jusqu’à ce dernier des derniers formé par eux collectivement, en tant que très-débile et très-prophétophile organisme.
      Et que crèvent avec eux TOUS LES CURÉS du monde.

      #heideggeriens_de_gauche #philosophes

    • Ajoutons à cette crapulerie générale, la lâcheté spécifique de leurs précautions liminaires (allez-y voir, c’est ailleurs sur le même site) : « Nous aussi, COMME TOUT LE MONDE, vendredi 13 nous avons craint pour des proches, passé des coups de téléphone, etc ». Autrement dit : « nous aussi, étions susceptibles de fréquenter ces décadents méritant de crever pour n’avoir comme seuls horizons existentiels misérables que la bibine en terrasse ou le rock n roll... ». Faudrait savoir, poto ! Bref, comment vouloir gagner sur les deux tableaux. D’ailleurs, craignant sans doute la fureur de quelques individus étranges, suite à la publication de cette très objective saloperie, nos chevaliers du nihil s’équipent fissa d’autres précautions périphériques : « certains de nos amis (les fameux » à nos amis...") s’énerveront peut-être de nos remarques, etc « ... Tu m’étonnes. Nous pensons juste qu’il y a là-dedans la volonté toute pragmatique de jouer, une fois de plus, les Monsieur-Plus de la radicalité. Si l’esstrème-gôche, avec le NPA et toussa, dit que les massacrés de vendredi, eh ben c’est la faute à l’impérialisme, etc, alors et ben eux y diront que les massacrés, et ben, en vrai, y méritaient de l’être à cause de leur médiocrité d’enchaînés salariés soumis au spectacle. Car ça tient à ce genre de détail, la gloire théorique dans ce milieu-là. Ce sont les mêmes qui débarquaient sur les plages aux mois de Juillet-Août, voilà quelque temps, avec des banderoles guillerettes proclamant, à l’adresse du prolo ensablé, sous le soleil exactement : » Vous allez mourir, et toutes vos misérables vacances n’y changeront rien ".

    • "Toute cette affaire de « liberté », que l’on trouve moulinée depuis trois jours à longueur de tweets, d’articles et de discours, sonne d’ailleurs bien faux. Cela sonne comme une grossière façon de se jeter des fleurs."

      C’est vrai pour cette idée de "ils ont voulu s’attaquer à notre mode de vie", mais c’est vrai aussi pour "ce n’est pas ça qui va me faire renoncer à boire des coups". Les gens qui retournent boire des coups ne le font pas par courage, pas plus que les gens qui, au lendemain d’un attentat à Bagdad, retournent faire des courses. On continue de vivre, c’est tout...

    • Le GUÈRE VÉRITABLE ou : la pathétique quête de Monsieur Plus
      http://horslesclous.blogspot.fr/2015/11/le-guere-veritable-ou-la-pathetique.html

      Il y a d’un côté des poseurs de bombes (dont Monsieur Plus n’est pas) et de l’autre côté, des poseurs de l’ultra-gauche que seule, la posture – qui se voudrait l’étalon de la radicalité – intéresse, et là... Monsieur Plus apparaît !
      Entre les deux, tout le monde en prend pour son grade, dans un même vomi au sein duquel chacun est prié de se reconnaître, qu’on soit aux commandes des Rafale au-dessus des zones de guerre, caissière au supermarché, prolo à l’usine, étudiant en psycho, pute au bois de Vincennes, patron du CAC 40, adepte des ballons de rouge au bistrot ou du ballon de foot au stade ; le tout au milieu des morceaux de chair « United Colors of Benetton » des morts de tous genres, tous âges, toutes races et de toutes classes sociales, explosés façon puzzle, par ceux, qui – EUX – à n’en pas douter, ont fait preuve d’un véritable sens de la fête et du discernement...
      Le problème de Monsieur Plus, c’est qu’à force de vouloir – à défaut d’être le dernier des Mohicans – être le dernier néo-situationniste, il en perd l’essentiel, à savoir : la simple intelligence des situations. Il compare l’incomparable, selon la même vieille grille de lecture rouillée depuis 1914, qui ne lui sert plus, aujourd’hui, qu’à le protéger du monde, duquel il se retire volontiers pour distribuer, depuis quelque base de repli (pardon ! quelque haut lieu de la réflexion pré-insurrectionnelle), les bons et les mauvais points. Les mauvais points étant les « accès de confusion extrême » et « chez beaucoup, les rares crises d’hypocrisie » qui ont suivi le massacre du 13 novembre dernier.
      Il convient de relever que ces enfoirés mondains, de putains-d’enculés-de-leur-race-de-mort (qu’ils méritaient donc...) n’étaient pas – un vendredi soir – à la mosquée pour prier, à la maison en train de préparer les makrouds de Shabbat, ou de bouffer le vénéré pouascaille hebdomadaire, mais des salauds qui, au stade (il fut pourtant une époque où Monsieur Plus adorait les hooligans...), au bar (merde ! fait chier, Debord était alcolo ! Mais ça fait rien, les djeuns, ils le savent pas...), ou en train de draguer des salopes – forcément (sauf la mère, la soeur et la femme voilée de ces sympathiques djihadistes)...
      De ce merdier – sans nom (bien que celui de religion vienne spontanément à l’esprit de Lilith, qui doit, sans doute, être en plein délire) – il convient donc de traquer l’hypocrisie.
      Lilith ne s’attardera pas sur le fait que Monsieur Plus estime que cette jeunesse issue de l’immigration, en France ou en Belgique, a de bonnes raison de se sentir (puisqu’elle n’y vit pas) « bombardée » au Mali, en Syrie, en Irak, ou encore, en Afghanistan, et d’en être « passablement échauffée » (mystérieuse puissance de la sensation, légitimée – ici – par les habituels détracteurs – à juste titre – du foutu sentiment d’insécurité), là où elle n’a cure de la guerre sociale menée contre ses parents, prisonniers de guerre économique, contre celles et ceux qui luttent dans leurs usines, leurs quartiers ou dans les ZAD (liste non exhaustive), sur le territoire où elle a eu le grand malheur de voir le jour et de vivre quand – il faut bien le reconnaître – le territoire libéré de l’État Islamique serait de nature à lui assurer un plein épanouissement...
      Non, en revanche, Lilith s’interroge sur le point de savoir s’il n’y aurait pas une certaine hypocrisie à – ici-bas – proscrire l’alcool, la débauche, refuser même de connaître l’amour avant le mariage, et à se faire sauter le caisson – pourquoi ? Pour baiser 70 vierges et se prendre une murge de tous les diables, une fois arrivé au paradis. Monsieur Plus appelle ça : « ne pas redouter la mort » et être « plus affranchis que nous ». Monsieur Plus serait-il devenu boubourse, au point de ne pas voir la différence entre ne pas craindre de risquer sa vie pour une vie meilleure – sur Terre – et signer une pitoyable assurance-Mort avec l’au-delà ?

      Le premier sait qu’il n’a qu’une vie et que ce sera – ici et maintenant – ou jamais. Lui seul fait oeuvre de liberté en ne craignant pas la mort. Le second agit, au contraire, au service du « divin » et vit dans la crainte des représailles de son dieu s’il s’écarte du « droit chemin ». Il n’y a donc aucune liberté à respecter des principes édictés et à faire exactement ce à quoi on est destiné.

      Curieuse sincérité de l’engagement politique (tout de même !) de celui qui exige en retour, non seulement une contrepartie garantie, mais encore, que celle-ci soit l’exacte antinomie – pour l’éternité – des préceptes et des prêches qu’il aura dispensés – durant les quelques années qu’aura duré sa vie. De ce marché « gagnant-gagnant », Monsieur Plus, quant à lui, décèle un « caractère spectaculairement anti-économique », l’enjeu en terme de plus-value lui ayant totalement échappé.
      C’est ainsi que dans son impitoyable guerre véritable à l’hypocrisie ambiante, il valide donc toutes les traîtrises et autres promesses non tenues. Le voilà fin prêt à devenir chef de parti et à mener une brillante carrière politique. Ses disciples sont désormais prévenus : qu’ils ne viennent pas se plaindre – après – d’avoir été trompés sur la qualité d’un ennemi de la marchandise... Car, au terme de ce « second éditorial », Monsieur Plus s’est dit qu’il était temps de se définir ainsi et de glisser le mot de « communiste », avant que certains lecteurs(trices) ne soient tentés de déduire de ce texte, qu’il lui préfèrerait, peut-être, celui de « fasciste ».
      Mais si les religieux nous promettent le paradis, à quoi ressemblerait le « communisme » de Monsieur Plus ? À lire sa prose, il y a peu de chance qu’on y serait « joyeux », « libertin », « décomplexé », « athée », « festif », qu’on boirait du « champagne », qu’on se retrouverait au « bistrot », qu’on aimerait ou pratiquerait des jeux de balles, qu’on irait au « concert », qu’on jouerait ou écouterait « du rock ». Tout ceci n’étant que du « divertissement », auquel Tartuffe/Monsieur Plus ne s’adonne JAMAIS, et que le « communisme » proscrirait, cela va sans dire.
      Alors, c’est pourquoi les cacahouètes que, dans sa grande mansuétude, Monsieur Plus nous jette pour nourrir nos esprits défaillants, Lilith leur trouve un sale goût de rance, quand elles ne lui sont pas carrément restées coincées en travers de la gorge !

      #heideggeriendegauche #mektoub

    • Un post qui fait suite à « Le GUÈRE VÉRITABLE ou : la pathétique quête de Monsieur Plus »

      Ce texte de lundi matin se trompe sur tout. ça pourrait, aux yeux d’une âme charitable, le rendre touchant.
      Sans revenir sur tous les points – trop nombreux et qui forment au final un fatras, soyons honnête, plus qu’indigeste :

      1°. Les attentats seraient d’abord une réaction à la politique étrangère de la France ? C’est ce que sous-entend « À l’heure des réseaux sociaux, il faut être singulièrement ivre pour prétendre ignorer que les forces armées françaises sont projetés sur une bonne demi-douzaine de théâtres d’opérations extérieures, et que certaines interventions, notamment au Mali, en Syrie, en Irak ou encore en Afghanistan, ont passablement échauffé certains esprits bombardés. » Déjà c’est fascinant de tenter d’expliquer (justifier ?) le fondamentalisme religieux islamiste comme une réaction à l’impérialisme occidental. Les auteurs de lundi matin seraient-ils aussi cons que Julien Salingue ? Mais bon, c’est vrai qu’il est plus facile de branler du concept que d’ouvrir des livres d’histoire. Et l’anti-impérialisme primaire n’est pas la chasse gardée des staliniens, ni des trotskystes.

      Je rappellerais juste qu’en 2003, l’Etat français n’a pas participé à l’intervention de la coalition occidentale menée par les États-Unis contre Saddam Hussein. Que malgré les appels de l’ASL et des rebelles syriens, la France n’a rien fait en Syrie (malgré une tentative en 2013 à laquelle se sont opposés les Etats-Unis) dans les premières années du conflit. C’est pas le boucher Assad qui dirait le contraire (250 000 morts en 4 ans). Même au Mali, l’intervention militaire s’est faite sur demande des autorités maliennes, quand le risque était imminent de voir le pays tomber aux mains des tarés de Boko Haram (qui sont, au passage, davantage un produit des années GIA en Algérie, que celui d’un ressentiment à l’égard de "l’impérialisme islamophobe" occidental)). Il ne s’agit pas d’exonérer l’Etat français mais de considérer la complexité d’une situation qui dépasse, de loin, la seule question de l’interventionnisme occidental (antagonismes sociaux, conflits d’intérêts entre Etats de la région, etc. (Et puis que dire, de la guerre dans laquelle sont engagés les Kurdes contre Daesh ? Les Kurdes sont-ils aussi d’ »arrogantes créatures économiques occidentales » ?). Si le merdier qu’a engendré l’intervention américaine en 2003 a favorisé l’émergence de Daesh, il faut aussi rappeler aux philosophes du lundi matin que Daesh est la fusion d’Al Quaida (qui est apparu en Afghanistan avec l’invasion soviétique) et de hauts dignitaires du parti baasiste de Sadam Hussein. Reprendre les arguments des terroristes pour expliquer/justifier leurs actes c’est comme de croire les Nazis quand ils disent que c’est de la faute aux Juifs. Pour finir, il y a, semble-t-il un réflexe ethnocentré à analyser la situation moyen-orientale du point de vue du seul Occident et de sa seule responsabilité. J’invite les communistes du lundi matin à écouter davantage les communistes irakiens, syriens, iraniens. Ça ne peut pas leur faire de mal.

      2°. « il semble que les assaillants de vendredi dernier soient un peu plus affranchis que « nous » ». Persuadés qu’ils sont d’aller au paradis, d’obéir à Dieu et espérer se taper 72 vierges, les bouchers du 13 novembre seraient donc « plus affranchis » ? Les auteurs du lundi matin n’ont peut-être pas tort : c’est mieux que de ne croire en rien.

      3°. « parce que la liberté dont chacun dispose sur le marché sexuel, professionnel, culturel ou simplement social est si strictement encadrée par la féroce concurrence qui y règne que cette liberté mériterait plutôt le nom de « terrible servitude » ». Entre la « terrible servitude » occidentale et la « terrible servitude » d’une république islamique, j’avoue préféré la première, inch’ Allah.

      4°. « Si l’on voulait être plus cruel, et puiser dans un héritage plus indiscutable encore, il faudrait plutôt dire que les attaques de vendredi – contre un stade, des bistrots, une salle de concert – sont une offensive sanglante, et sans charité, contre le divertissement. Là, c’est carrément Pascal que l’on retrouverait dans le camp des « terroristes ». » Je croyais la race du pro-situ éteinte. J’ignorais en fait que le pro-situ était devenu djihadiste, suivant les gerbes de l’illuminé voyériste.

      5°. Enfin, je dirais aux écrivaillons du lundi matin que les formes-de-vie qu’ils proposent sont tout aussi mortifères et artificielles, si ce n’est plus, que celles qu’ils exècrent. Le programme du lundi matin fait autant rêver que la promesse d’un week end en kolkhoze. On trouvera toujours plus de vie dans n’importe quel bistrot embourgeoisé (même tenu par des hipsters !) que dans leur « communisme vécu ». C’est la triste réalité qu’ils se refusent à voir. Comme disait ma grand mère, y a pas plus falso que des gauchistes qui reprochent à tout bout de champs à la réalité d’être falso.

  • La Cimade | #Calais, une politique absurde, inutile et dégradante
    http://asile.ch/2015/11/11/la-cimade-calais-une-politique-absurde-inutile-et-degradante

    L’opération de grande envergure menée par le gouvernement depuis le 21 octobre pour disperser des centaines de migrants de Calais se poursuit. À ce jour, près de 600 personnes ont été déplacées puis enfermées dans sept centres de rétention administrative (CRA), à Marseille, au Mesnil-Amelot, à Metz, Nîmes, Paris-Vincennes, Rouen et Toulouse.

    #Documentation #Publications_-_Analyses_récentes #détention_administrative #France

  • Au lycée Jean-Quarré, le dialogue reprend entre les réfugiés et la mairie, dit Le Monde, qui, dénonçant une « minorité violente très politisée », annonce une intervention de police épaulée d’asso humanitaires
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/09/22/au-lycee-jean-quarre-le-dialogue-reprend-entre-les-refugies-et-la-mairie_476

    Les pouvoirs publics, qui réfléchissaient cet été à mener le chantier sans déloger les réfugiés, comptent désormais procéder de la même manière que pour les campements à Austerlitz et celui devant la mairie du 18e arrondissement. Autrement dit, « #évacuer puis mettre à l’abri » dans les centres d’#hébergement franciliens.

    Des craintes de perdre au change

    « Le #squat fait #obstacle à l’aménagement de Jean-Quarré. On n’avancera pas tant qu’il n’y aura pas de travaux de mise en sécurité et que l’organisation du site ne sera pas confiée à une association de type Croix-Rouge ou Emmaüs », explique #Mathias_Vicherat, le directeur de cabinet d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris.

    Seulement, les occupants de Jean-Quarré craignent de perdre au change. Mustafa, le délégué des Afghans, ne veut pas quitter ce lieu sans la garantie « d’obtenir un centre décent grâce auquel on pourra s’intégrer ». La vingtaine de sites (Paris intra-muros, Nanterre, Vincennes, Malakoff) actuellement proposée par la préfecture n’a pas la cote auprès des différentes communautés (soudanaise, érythréenne, afghane, tchadienne, maghrébine…) « Près de trente personnes sont revenues vivre ici alors qu’elles avaient été hébergées après l’évacuation de la halle Pajol », explique-t-il. Visiter les centres, comparer avec Jean-Quarré puis se décider. Voilà comment veulent procéder les réfugiés. Leur crainte s’avère d’autant plus forte que le nouveau centre d’accueil ne prévoit d’héberger que 80 personnes. « Je suis sûr que ce centre peut héberger dignement environ 300 personnes. Pourquoi seulement 80 ? », s’interroge Mustafa.

    « C’est le chiffre des services sociaux de la préfecture », informe M. Dagnaud, qui confiait récemment au Monde ne plus supporter ce « grand n’importe quoi » et « vivre dans la crainte d’avoir un mort sur la conscience ». Ce « grand n’importe quoi » est d’ailleurs devenu un #repaire pour tous ceux en quête d’un toit, arrivés en France il y a deux jours comme il y a dix ans. « Le #115 est tellement saturé qu’il a redirigé une dizaine de SDF vers Jean-Quarré », souffle Hervé, un des premiers riverains à s’être mobilisés. Dans les 38 chambres de l’ancien lycée, une personne sur deux seulement dispose d’un matelas.

    « Les mentalités évoluent dans le bon sens »

    Mais l’heure est à la détente pour Anne Buisson, qui croit en un « un nouveau départ » : « Les réfugiés prennent la parole depuis deux semaines. Ils ont envie de s’exprimer. Les riverains l’ont bien vu lors des récentes réunions publiques, et j’ai l’impression que les mentalités évoluent dans le bon sens. » Une benne à ordure de 50 tonnes a par exemple été installée par les services municipaux.

    La raison principale de ce basculement, on la trouve du côté du collectif La Chapelle en lutte. Ce groupe militant, qui avait refusé un recensement officiel début août, a récemment périclité. « Une minorité violente très politisée instrumentalisait le mouvement » , déplore Marin Marc-Gandebeuf, un étudiant de 19 ans en musicologie encore très actif. « On ne supportait plus d’être pris pour des idiots, signale Mustafa, selon lequel il existe deux types de soutien ici. Le bon, qui nous aide à nous prendre en main et nous respecte. Et le mauvais, qui fait de la #politique et nous ligue les uns contre les autres. »

    Manifestation ce mercredi 23 septembre à 17h30 au départ du lycée occupé, rue Jean Quarré (Place des Fêtes - 19e).
    https://paris-luttes.info/important-communique-des-refugie-3806

  • L’artiste et designer Philipp Schmitt (http://philippschmitt.com/projects/camera-restricta), en proposant un appareil photo connecté au web qui vous empêche de déclencher lorsque vous êtes face à un lieu, un monument, dont un nombre astronomique de clichés circulent déjà, a en quelque sorte inventé le négatif de la proposition artistique de la photographe Corinne Vionnet (http://www.corinnevionnet.com).

    #Corinne_Vionnet #Philipp_Schmitt #design #photographie #flux_d'images #photographie_numérique

    cc @philippe_de_jonckheere

  • Hollande, « les journalistes de la France d’en bas » et les hippopotames

    http://larotative.info/hollande-les-journalistes-de-la-1169.html


    Déjeuner de presse au zoo de Vincennes, 1936

    Le 11 septembre, François Hollande, accompagné d’une poignée de ministres, s’est rendu à Monts, à Contres pour visiter l’usine Saint-Michel, et à Saint-Aignan-sur-Cher pour célébrer le 35ème anniversaire du zoo de Beauval.

    D’après Laurent Garofalo, président du Club de la Presse (et dirigeant d’une agence de communication basée à Bourges...) :

    « Lors des visites du Président en province, les journalistes locaux sont désormais tenus à l’écart. Seule la presse nationale et un, voire deux journalistes issus d’un organe de la PQR sont autorisés à approcher le Président. Tous les journalistes des médias locaux (radios, hebdos, gratuits, Internet…) et les indépendants restent sur la touche ».

    On pourrait crier à la censure, et alerter Reporter Sans Frontières pour qu’il intègre ces faits dans son Classement mondial de la liberté de la presse. Mais l’esprit du communiqué est un peu différent :

    « Lorsque le Président se déplace en région, il ne devrait pas avoir peur de s’adresser "aux régions" et le meilleur vecteur de communication, c’est sans doute ces journalistes de la France d’en bas, tant méprisés par le service de communication de l’Elysée. »

    En fait, ces journalistes locaux seraient ravis de rapporter fidèlement la parole présidentielle dans leurs hebdos, gratuits et sur leurs sites Internet bardés d’encarts publicitaires. Ils veulent juste obtenir un peu de reconnaissance, quelques minutes « d’accès » auprès du prince, histoire d’éclairer un quotidien occupé par les concours de Miss ou par les interviews complaisantes des élus ou patrons locaux. Approcher un ministre, voire le président, c’est autre chose qu’un entretien avec le chef du MEDEF local !

    Ces journalistes ne font pas de l’information, mais de la communication. Ils sont dévoués, remettent rarement en cause la parole des puissants, et sont passés maîtres dans l’art de décrire le vide. Une visite au zoo, c’est pile dans leurs cordes. Pourquoi, donc, les mettre sur la touche ? Ce n’est pas eux qui auraient mis un grain de sable dans l’opération de communication présidentielle. On comprendrait presque la peine de Garofalo.

    Faut dire aussi qu’elle avait l’air passionnante cette visite. Si l’on en croit les images disponibles sur le site de l’Élysée, Hollande a pris des airs inspirés devant la chaîne de fabrication des madeleines Saint-Michel. Et il a prononcé au zoo de Beauval un discours qui restera dans les annales de l’éloquence politique :

    « Je pense que c’est l’un des plus beaux parcs animaliers d’Europe, et peut-être même du monde. (...) Le parc animalier de Beauval, c’est aussi le témoignage de la vitalité économique de ce qu’on appelle nos territoires ruraux. (..) Il faudrait d’ailleurs que j’ai une mention spéciale pour celui ou celle qui vous a offert les deux premiers oiseaux. Car sans ce cadeau (...) il n’y aurait pas aujourd’hui le parc de Beauval. (...) Il y a un million de visiteurs qui viennent à Beauval, c’est-à-dire plus qu’à Chambord. Vous avez réussi, Françoise Delord, à faire mieux que François 1er. (Applaudissements).

    Rodolphe, Delphine, Sophie vous accompagnent et c’est ainsi que nous avons ici à Beauval non seulement des oiseaux de toutes sortes mais des gorilles, des pandas (...), et depuis 2012 ils sont ces pandas parmi les vedettes de votre parc zoologique (...) [1]. Il est possible de faire rayonner la France dans le monde tout en chavirant de bonheur un grand nombre de visiteurs, les plus jeunes comme les plus anciens. (...) Vous avez annoncé, et j’y suis sensible, de nouveaux investissements (...). J’ai bien entendu votre message sur la fiscalité (...). Je peux les comprendre, car il vous faut dégager de la marge financière si vous voulez continuer à proposer, pour demain, 2016, c’est tout près, les cétacés qui devront être présentés, et également les hippopotames.

    (...) Puis ensuite, je suis allé visiter une entreprise pas loin d’ici, qui fait en sorte de fabriquer des madeleines — et pas seulement des madeleines — Saint-Michel, et vous connaissez bien ces produits. Ils ne servent pas à la consommation ici des animaux, j’ai bien compris que la pomme était l’outil indispensable si l’on voulait pouvoir séduire les animaux présentés. Mais ces galettes, ces madeleines, ces produits qui sont fabriqués avec du lait, avec des œufs qui viennent de la France, nous devons absolument aussi démontrer que nous pouvons être les meilleurs — et nous le sommes — dans l’industrie agroalimentaire. C’est une filière d’excellence là aussi, qui nous permet de dégager près de 10 milliards d’excédents. »

    On arrête là, mais ça vous donne une idée de la nullité de l’exercice. C’est bien la peine de pleurnicher parce qu’on n’a pas pu suivre Hollande dans sa découverte de la fabrication de madeleines « avec des œufs qui viennent de la France ».

    #Communication #zoo #PQR #médias #hippopotames

  • LE LECTEUR UNE ESPÈCE MENACÉE ?
    Michel Abescat et Erwan Desplanques

    Pas le temps... L’esprit ailleurs... Les amateurs de #livres sont en petite forme. Seuls les best-sellers trouvent voix au chapitre. La lecture passe-temps a-t-elle supplanté la lecture passion ? L’âge d’or de la littérature est-il révolu ? Enquête.

    L’amateur de littérature serait-il devenu une espèce menacée ? Tous les signes sont là. Son habitat se raréfie : à Paris, par exemple, 83 librairies ont disparu entre 2011 et 2014. Et sa population ne cesse de décliner. Selon une enquête Ipsos/Livres Hebdo de mars 2014, le nombre de lecteurs avait encore baissé de 5 % en trois ans. En 2014, trois Français sur dix confiaient ainsi n’avoir lu aucun livre dans l’année et quatre sur dix déclaraient lire moins qu’avant. Quant à la diversité des lectures, elle s’appauvrit également dangereusement, l’essentiel des ventes se concentrant de plus en plus sur quelques best-sellers. Guillaume Musso ou Harlan Coben occupent l’espace quand nombre d’écrivains reconnus survivent à 500 exemplaires.

    Fleuron contemporain de la biodiversité littéraire, l’Américain Philip Roth confiait récemment son pessimisme au journal Le Monde : « Je peux vous prédire que dans les trente ans il y aura autant de lecteurs de vraie littérature qu’il y a aujourd’hui de lecteurs de poésie en latin. » Faut-il préciser que dans son pays, selon une étude pour le National Endowment for the Arts, un Américain sur deux n’avait pas ouvert un seul livre en 2014 ? En début d’année, dans Télérama, l’Anglais Will Self y allait lui aussi de son pronostic : « Dans vingt-cinq ans, la littérature n’existera plus. » Faut-il croire ces oiseaux de mauvais augure ? Le lecteur serait-il carrément en voie de disparition ? Et le roman destiné au plaisir d’une petite coterie de lettrés ? Mauvaise passe ou chronique d’une mort annoncée ?

    La baisse de la lecture régulière de livres est constante depuis trente-cinq ans, comme l’attestent les enquêtes sur les pratiques culturelles menées depuis le début des années 1970 par le ministère de la Culture. En 1973, 28 % des Français lisaient plus de vingt livres par an. En 2008, ils n’étaient plus que 16 %. Et ce désengagement touche toutes les catégories, sans exception : sur la même période, les « bac et plus » ont perdu plus de la moitié de leurs forts lecteurs (26 % en 2008 contre 60 % en 1973). Si l’on observe les chiffres concernant les plus jeunes (15-29 ans), cette baisse devrait encore s’aggraver puisque la part des dévoreurs de pages a été divisée par trois entre 1988 et 2008 (de 10 % à 3 %).

    La lecture de livres devient minoritaire, chaque nouvelle génération comptant moins de grands liseurs que la précédente. Contrairement aux idées reçues, ce phénomène est une tendance de fond, antérieure à l’arrivée du numérique. « Internet n’a fait qu’accélérer le processus », constate le sociologue Olivier Donnat, un des principaux artisans de ces enquêtes sur les pratiques culturelles. Pour lui, « nous vivons un basculement de civilisation, du même ordre que celui qui avait été induit par l’invention de l’imprimerie. Notre rapport au livre est en train de changer, il n’occupe plus la place centrale que nous lui accordions, la littérature se désacralise, les élites s’en éloignent. C’est une histoire qui s’achève ».

    La lecture de romans devient une activité épisodique. En cause, le manque de temps ou la concurrence d’autres loisirs.

    La population des lecteurs réguliers vieillit et se féminise. Il suffit d’observer le public des rencontres littéraires en librairie. « La tranche d’âge est de 45-65 ans, note Pascal Thuot, de la librairie Millepages à Vincennes. Et les soirs où les hommes sont le plus nombreux, c’est 20 % maximum. » Les statistiques le confirment : chez les femmes, la baisse de la pratique de la lecture s’est en effet moins traduite par des abandons que par des glissements vers le statut de moyen ou faible lecteur. Dans les autres catégories, la lecture de romans devient une activité épisodique, un passe-temps pour l’été ou les dimanches de pluie. En cause, le « manque de temps » (63 %) ou la « concurrence d’autres loisirs » (45 %), comme le montre l’enquête Ipsos/Livres ­Hebdo. La multiplication des écrans, les sollicitations de Facebook, la séduction de YouTube, l’engouement pour des jeux comme Call of duty ou Candy Crush, le multitâche (écouter de la musique en surfant sur Internet) ne font pas bon ménage avec la littérature, qui nécessite une attention soutenue et du temps.

    Du côté des éditeurs, ce sont d’autres chiffres qui servent de baromètre. Ceux des ventes, qui illustrent à leur manière le même phénomène de désengagement des lecteurs. Certes les best-sellers sont toujours présents au rendez-vous. Ils résistent. Et les Marc Levy, David Foenkinos ou Katherine Pancol font figure de citadelles. Si massives qu’elles occultent le reste du paysage, qui s’effrite inexorablement : celui de la littérature dite du « milieu », c’est-à-dire l’immense majorité des romans, entre têtes de gondole et textes destinés à quelques amateurs pointus. Pascal Quignard peine ainsi à dépasser les 10 000 exemplaires, le dernier livre de Jean Echenoz s’est vendu à 16 000, Jean Rouaud séduit 2 000 à 3 000 lecteurs, à l’instar d’Antoine Volodine. Providence, le dernier livre d’Olivier Cadiot, s’est vendu à 1 400 exemplaires et le dernier Linda Lê, à 1 600 (chiffres GfK).

    Quant aux primo-romanciers, leurs ventes atteignent rarement le millier d’exemplaires en comptant les achats de leur mère et de leurs amis. « Oui, les auteurs qui vendaient 5 000 livres il y a quelques années n’en vendent plus que 1 000 ou 2 000 aujourd’hui. Et le vivent très mal », résume Yves Pagès, le patron des éditions Verticales. D’autant plus qu’à la baisse des ventes les éditeurs ont réagi en multipliant les titres pro­posés. De moins en moins de lecteurs, de plus en plus de livres ! Entre 2006 et 2013, la production de nouveaux titres a ainsi progressé de 33 %, selon une étude du Syndicat national de l’édition. Comment s’étonner alors que le tirage moyen des nouveautés soit en baisse, sur la même période, de 35 % ?

    “L’auteur est le Lumpenproletariat d’une industrie culturelle qui est devenue une industrie du nombre.” – Sylvie Octobre, sociologue

    La multiplication des écrivains est un autre effet mécanique de cette surproduction. Le ministère de la Culture recense aujourd’hui 9 500 « auteurs de littérature » qui doivent se partager un gâteau de plus en plus petit. Paupérisés, jetés dans l’arène de « rentrées littéraires » de plus en plus concurrentielles — cette année, 589 romans français et étrangers —, confrontés à l’indifférence quasi générale, les écrivains font grise mine. Ou s’en amusent, bravaches, à l’instar de François Bégaudeau, qui met en scène dans La Politesse (éd. Verticales), son irrésistible dernier roman, un auteur en butte aux questions de journalistes qui ne l’ont pas lu, aux chaises vides des rencontres en librairie, à la vacuité de salons de littérature où le jeu consiste à attendre des heures, derrière sa pile de livres, d’improbables lecteurs fantômes.

    Désarroi, humiliation, découragement : « L’auteur est le Lumpenproletariat d’une industrie culturelle qui est devenue une industrie du nombre », tranche la sociologue ­Sylvie Octobre. Editeur, Yves Pagès nuance évidemment : « Heureusement, il y a des contre-exemples qui soulignent l’intérêt de défendre un auteur sur la durée : Maylis de Kerangal, qui vendait moins de 1 000 exemplaires, a vendu Réparer les vivants à 160 000 exemplaires en grand format. » Pour éviter la catastrophe, les auteurs doivent ainsi, selon lui, faire attention à ne pas devenir des « machines néolibérales concurrentielles, s’enfumant les uns les autres sur de faux chiffres de vente ». Et surtout être lucides, et « sortir du syndrome Beckett-Lady Gaga. Il faut choisir son camp : on ne peut pas écrire comme Beckett et vendre autant que Lady Gaga ».

    De tout temps, les écrivains se sont plaints de ne pas vendre suffisamment. « A la sortie de La Naissance de la tragédie, Nietzsche n’en a vendu que 200 exemplaires et Flaubert n’avait pas une plus grande notoriété que celle de Pascal Quignard aujourd’hui, remarque la sémiologue Mariette Darrigrand, spécialiste des métiers du livre. Nos comparaisons sont simplement faussées quand on prend le XXe siècle comme référent, qui était, de fait, une période bénie pour le livre. » A croire selon elle que nous assisterions moins à une crise du livre qu’à un simple retour à la normale, après un certain âge d’or de la littérature, une parenthèse ouverte au XIXe siècle avec la démocratisation de la lecture et le succès des romans-feuilletons d’Alexandre Dumas, de Balzac ou d’Eugène Sue. Elle se serait refermée dans les années 1970-1980, avec la disparition de grandes figures comme Sartre ou Beckett et la concurrence de nouvelles pratiques culturelles (télévision, cinéma, Internet...).

    « La génération des baby-boomers entretenait encore un rapport à la littérature extrêmement révérencieux, confirme la sociologue Sylvie Octobre. Le parcours social était imprégné de méritocratie, dont le livre était l’instrument principal. Cette génération considérait comme normal de s’astreindre à franchir cent pages difficiles pour entrer dans un livre de Julien Gracq. Aujourd’hui, les jeunes font davantage d’études mais n’envisagent plus le livre de la même façon : ils sont plus réceptifs au plaisir que procure un texte qu’à son excellence formelle et ne hissent plus la littérature au-dessus des autres formes d’art. »

    Aujourd’hui, en France, trois films sur dix sont des adaptations littéraires.

    La majorité des auteurs d’aujourd’hui, comme Stendhal en son temps, devraient ainsi se résoudre à écrire pour leurs « happy few » — constat qui n’a rien de dramatique en soi : « Est-ce qu’il y a plus de cinq mille personnes en France qui peuvent vraiment se régaler à la lecture d’un livre de Quignard ? J’en doute, mais c’est vrai de tout temps : une oeuvre importante, traversée par la question du langage et de la métaphysique, n’a pas à avoir beaucoup plus de lecteurs, estime Mariette Darrigrand. Certains livres continuent de toucher le grand public, comme les derniers romans d’Emmanuel Carrère ou de Michel Houellebecq, mais pour des raisons qui tiennent souvent davantage au sujet traité qu’aux strictes qualités littéraires. »

    L’appétit pour le récit, la fiction est toujours là, lui, qui se déplace, évolue, s’entiche de nouvelles formes d’expression plus spectaculaires ou faciles d’accès. Aujourd’hui, en France, trois films sur dix sont des adaptations littéraires. « La génération née avec les écrans perd peu à peu la faculté de faire fonctionner son imaginaire à partir d’un simple texte, sans images ni musique, constate Olivier Donnat. On peut le regretter, mais elle trouve aussi le romanesque ailleurs, notamment dans les séries télé. » Dans la lignée de feuilletons littéraires du xixe siècle, Homeland ou The Wire fédèrent de nos jours plus que n’importe quel ou­vrage de librairie. De l’avis gé­néral, la série télé serait devenue « le roman populaire d’aujourd’hui » (Mariette Darrigrand), la forme « qui s’adresse le mieux à l’époque » (Xabi Molia), parlant de front à toutes les générations, à tous les milieux sociaux ou culturels, avec parfois d’heureuses conséquences (inattendues) sur la lecture (voir le succès des tomes originels de Game of thrones, de George R.R. Martin, après la diffusion de leur adaptation sur HBO).

    En cinquante ans, l’environnement culturel s’est élargi, étoffé, diversifié, au risque de marginaliser la littérature et l’expérience poétique. « Ma génération a grandi sur les ruines d’une période particulièrement favorable au livre, dit François Bégaudeau. Ce n’est pas une raison pour pleurer. Moi je viens de la marge, d’abord avec le punk-rock puis avec l’extrême gauche, j’ai appris à savourer la puissance du mineur : assumons-nous comme petits et minoritaires, serrons-nous les coudes entre passionnés de littérature, écrivons de bons livres et renversons l’aigreur en passion joyeuse. » Car la créativité est toujours là : l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens dit recevoir chaque année des manuscrits meilleurs que les années précédentes. Et le libraire Pascal Thuot s’étonne moins du nombre de titres qu’il déballe chaque année des cartons (environ dix mille) que de leur qualité. « Il ne faut pas sombrer dans le catastrophisme : si les ventes baissent, la littérature française reste en excellente santé, assure Yves Pagès. Sa diversité a rarement été aussi forte et reconnue à l’étranger. »

    Tous espèrent simplement que ce bouillonnement créatif ne tournera pas en vase clos, à destination d’un public confidentiel de dix mille lecteurs résistants, mais trouvera de nouveaux relais et un accueil plus large chez les jeunes. Mais comment séduire les vingtenaires avec des romans à 15 euros quand le reste de la production culturelle est quasiment gratuite sur Internet ? « A la différence des séries télé, les romans sont difficiles à pirater, c’est ce qui les sauve et en même temps les tue », note Xabi Molia. Pour survivre, le roman doit faire sa mue à l’écran, s’ouvrir aux nouveaux usages, chercher à être plus abordable (sans céder sur l’exigence), notamment sur Internet où les prix restent prohibitifs. Peut-être alors ne sera-t-il pas condamné au sort de la poésie en latin...

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/index.htm

    Du 152 au 181 février, j’ai revu Blue Velvet de David Lynch avec Madeleine, punaise !, je me suis lamenté sur mon sort et sur le fait que l’animation cela prenait beaucoup de temps à faire, punaise !, j’ai lu avec ravissement le Ravissement de Britney Spears de Jean Rolin, punaise !, j’ai vitupéré contre la représentation photographique, punaise !, j’ai bien diverti le fantôme du garage, punaise !, je suis allé visiter l’exposition de Velazquez, punaise !, je me suis imaginé que Dieu était parmi mes lecteurs, punaise !, je me suis interrogé à propos du sentiment d’imposture, punaise !, je suis allé écouter un concert de Jean-Luc Guionnet et Seijiro Murayama, punaise !, je suis allé à une lecture rencontre avec @mona à la librairie Mille pages de Vincennes !, Adèle a eu un petit accident de vélo, plus de peur que de mal, punaise !, je suis allé voir la Loi du marché de Stéphane Brizet, punaise !, j’ai fait un tour d’avion avec Nathan, punaise !, j’ai lu l’Organisation de Jean Rolin et j’ai fait et réussi un clafoutis aux abricots, punaise !, j’ai lu le texte intitulé Bye-bye Saint Eloi des inculpés de l’affaire de Tarnac, punaise !, j’ai vu Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin, punaise !, j’ai fait venir l’exterminateur chez moi parce que j’avais des punaises de lit, j’ai revu Requiem pour un massacre d’Elem Chlimov grâce aux discussions d’après ciné-club au Kosmos avec Nicolas, j’ai relu l’Explosion de la durite de Jean Rolin, j’ai fait 40.075 kilomètres avec ma voiture, soit le tour de la terre, j’ai fait une photographie de groupe de plusieurs centaines de personnes très indisciplinées à la chambre pour les 70 ans de l’école Decroly, R., le père de L., est mort, j’ai lu les lettres de Neal Cassidy, j’ai fait un acte manqué très réussi en arrivant en retard à la mise en bière de R., je suis parti prématurément dans les Cévennes, je suis allé passer un week end à Bruxelles avec Adèle chez Anne et Bastien, c’était merveilleux, j’ai prêté mon appareil-photo à Adèle pour ses observations, en lisant le journal je me suis interrogé à propos du capitalisme.

  • BALLAST Franck Lepage : « L’école fabrique des travailleurs adaptables et non des esprits critiques »
    http://www.revue-ballast.fr/franck-lepage

    Ancien directeur du développement culturel à la Fédération française des maisons des jeunes et de la culture, auteur des conférences gesticulées « Inculture(s) 1 — L’éducation populaire, Monsieur, ils n’en ont pas voulu (une autre histoire de la culture) » et « Inculture(s) 2 — Et si on empêchait les riches de s’instruire plus vite que les pauvres (une autre histoire de l’éducation) », cofondateur de la coopérative d’éducation populaire Le Pavé et de l’association l’Ardeur, militant se refusant artiste, décrit comme un « Desproges bourdieusien¹ », Lepage affirme que « la démocratie ne tombe pas du ciel, elle s’apprend et s’enseigne » et que « pour être durable, elle doit être choisie : il faut donc que chacun puisse y réfléchir ». Il défend qu’il « incombe à la République d’ajouter un volet à l’instruction publique : une éducation politique des jeunes adultes² ». Dans l’une de ses conférences, il explique à travers son propre parcours et ce qu’il appelle « son échec d’ascension sociale » comment le système éducatif français actuel favorise la reproduction des inégalités de classe et comment son regard sur l’éducation a été profondément influencé par ses études à feu l’Université expérimentale de Vincennes, dans les années 1970. Entretien, quelque part en Guadeloupe.

  • « Les 250 #migrants des Jardins d’Eole (18e arrondissement de Paris) ont été #évacués dans le #calme »
    http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/3971-migrants-migrants-jardins-arrondissement-paris-evacues.htm

    Plus de 200 migrants, qui campaient depuis quelques jours aux jardins d’Eole à Paris (18e arrondissement, photo), ont été évacués en bus, dans le calme, vendredi pour des centres d’hébergement de la région parisienne.

    Bon, la propagande ne dit pas qu’une délégation de la mairie de Paris, partis (#PC, #Verts...), #OFPRA, France Terre Asile (#FTDA), #Emmaus sont arrivés sans prévenir (sauf un -1- journaliste) ni laisser aux migrants le temps de décider collectivement (menace implicite d’intervention pour qui n’accepterait pas de partir, #lameilleuredespolicesneportepasluniforme). Pour l’instant Le Monde et Libération n’ont rien publié. Je rassemble ici des infos glanées par mel, tel, sms et twiter

    une vidéo des propos du directeur de l’OFPRA sur place
    https://app.dumptruck.goldenfrog.com/p/vXemI-x05t/20150619_103415.mp4

    Je cite (3’à 5’) : « C’est un engagement de l’OFPRA pour ceux qui sont
    dans une démarche de demande d’asile ou qui vont entrer dans une
    démarche de demande d’asile, l’OFPRA sera là pour les accompagner. Pour tous ceux qui veulent demander l’asile, il y aura des hébergements de prévu. Vos situations personnelles seront étudiées aux centres. C’est la même chose pour ceux qui ne veulent pas demander l’asile. La proposition vaut pour tous, aujourd’hui, maintenant ».

    Puis un migrant (8’50) : « Nous avons besoin de garanties pour que nous ne nous retrouvions pas à la rue comme la dernière fois ».

    La proposition : environ 200 places dans 6 centres (5 à Paris et un à
    Pantin) gérés par Emmaüs, le CASP et la MISMA (à confirmer pour le
    dernier). 24h sur 24, avec nourriture et accompagnement dans les
    démarches le temps de la procédure.

    Le hic : les délégations sont arrivées sans prévenir, genre « opération
    commando », donc sans laisser le temps aux migrants de s’organiser pour prendre une décision collective et réfléchie.

    La presse ne dit pas non plus que la #police en uniforme était partout dans le quartier avant de bloquer l’accès aux jardins.

    Une info reçue par mel

    Un migrant qui est parti en bus ce matin vers les centres proposés par
    la mairie de Paris est revenu. Il témoigne : il dit qu’ils sont arrivés
    à Vincennes (centre de rétention ou centre d’hébergement Emmaus à côté,ce n’est pas clair), qu’on leur a retiré leur téléphone portable, qu’ils ont vu des chiens et des barbelés et qu’une centaine d’entre eux s’est enfuie. Quelques uns sont à Stalingrad.

    un suivi de cette matinée, avec #photos (dont je sais pas mettre un choix ici...)
    https://twitter.com/RafAvelo

    La Ville de Paris est en train de faire nettoyer le jardin, c’est à dire de piquer et détruire tout ce qui a été laissé sur place (matelas, couvertures, fringues, etc.)

    Une partie des migrants revenus de ce voyage #humanitaire et d’autres qui ne l’avaient pas effectué se retrouvent à Stalingrad avec des personnes #solidaires. Une #assemblée doit avoir lieu sous peu à la Rotonde Stalingrad, merci de prévenir autour de vous.

    • Espérant avoir amélioré son scénario la gauche de gvt promet à nouveau une série d’évacuations
      http://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/2015/06/19/200-migrants-qui-campaient-dans-le-jardin-d-eole-ont-et

      Quelque 150 autres migrants vivent dans un autre #campement à Paris, dans le quartier de la gare d’Austerlitz. « Ils devraient aussi faire l’objet d’une offre d’#hébergement dans les jours qui viennent », a indiqué une source proche du dossier pour qui « le problème est loin d’être terminé : des migrants arrivent tous les jours de Calais ».

    • Via @paris luttes info
      https://paris-luttes.info/l-appel-de-la-chapelle-suivi-de-la-3456

      21h10 : Fin de l’occupation face à la pression policière les occupants sont sortis du gymnases sans violence, les soutiens partent en cortège avenue Jean-Jaurès.
      MàJ vendredi 19 juin à 20 h 30 : 12 nouveaux fourgons de CRS viennent d’arriver.
      20h15 : les gendarmes tentent de pousser les soutiens rassemblés devant le gymnase. De nombreuses personnes à l’intérieur.
      20 h : arrivée de plusieurs camions de gardes mobiles. Besoin de soutien.
      19h20 : #occupation du gymnase Jean-Jaurès au 96 avenue Jean Jaurès, M° Laumière - suite à l’expulsion du jardin d’Éole

    • À 18h, Le Monde titrait lui aussi, à la rubrique immigration et diversité, sur l’évacuation calme (un reste de force « tranquille » ?) sans détails aucun sur ce qui se passe pour les réfugiés qui ont accepté l’hébergement (dont certains sont tout de suite repartis) ni mise à jour sur l’occupation qui a suivi la descente d’humanitaires, de technocrates de la Ville, de responsables politiques (PCF et Verts aux avant postes) et de policiers.
      http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/06/19/a-paris-une-evacuation-dans-le-calme-pour-les-200-migrants-du-jardin-d-eole_

      Dans un communiqué, le ministre de l’intérieur et la maire de Paris se sont félicités que « cette opération humanitaire » se soit « déroulée dans d’excellentes conditions ». En milieu d’après-midi, le périmètre du jardin d’Eole était quadrillé par les forces de l’ordre afin que les services municipaux puissent #nettoyer les lieux, occupés depuis une semaine par les migrants.

      À 18h30, Ration ajoute son couinement au happy end étatique : A Paris, une évacuation des migrants sans police (sic) et avec un logement (sic).
      http://www.liberation.fr/societe/2015/06/19/a-paris-une-evacuation-des-migrants-sans-police-et-avec-un-logement_13330

    • Jardins d’Éole (suite) : « T’as pas de papiers, tu bouffes pas »
      https://lignesdeforce.wordpress.com/2015/06/20/jardins-deole-suite-tas-pas-de-papiers-tu-bouffes-pas

      Témoignage (anonymisé par mes soins) d’une militante qui a participé à la lutte de soutien aux réfugié(e)s depuis son origine.

      Hier soir, plusieurs dizaines de migrants (entre 50 et 100) sont retournés aux jardins d’Éole. Parmi eux des gens qui n’avaient pu ou n’avaient voulu monter dans les bus (un jeune homme par exemple m’a dit que lui il n’avait pas eu confiance). D’autres qui ont été emmenés à Vincennes dans le bâtiment du centre de rétention transformé en centre d’hébergement d’urgence et qui affolés par les flics, les chiens, les barbelés et le fait qu’on leur aie confisqué leur portable ont préféré partir (eux ils disent s’enfuir). D’autres encore qui même si ils dormaient ailleurs avaient pris l’habitude de venir là au jardin pour y trouver un peu de chaleur humaine ou de quoi manger sans être dans un rapport de charité mais de #partage.

    • Depuis l’évacuation d’Éole, mel.

      Ce soir la rage seulement, triste et désespérée. L’espoir seulement qu’elle fera des vagues.

      Aujourd’hui, vendredi 19 juin, la mairie, l’Ofpra (dont le directeur s’est déplacé !) acompagné par des associations (Emmaüs, France Terre d’Asile) et des forces de gauche (élus et militants du PCF, PG et EELV) sont venus sur le campement de migrantEs dans le 18è au Jardin d’Eole. Derrière eux et elles, des cars pour embarquer les migrantEs. Et derrière ces cars, ceinturant le quartier, des dispositifs policiers prêts à intervenir. Derrière encore, les camions de nettoyage pour faire disparaître toute mémoire de ce campement où une solidarité incroyable s’était organisée depuis une semaine.

      Le marché proposé aux migrantEs est un ultimatum : vous acceptez des hébergements et un suivi juridique à nos conditions ou on vous expulse. Tout délai est refusé aux migrantEs, pas même quelques heures pour réfléchir, se réunir, discuter, s’informer auprès d’autres sources, imposer aux moins certaines conditions.
      Derrière la carotte pour ces morts [?] d’asile - un toît ne serait-ce que pour quelques nuits, un espoir, aussi vague soit-il, de régularisation - le bâton de la police.
      Dormez braves gens, le pouvoir s’occupe des migrantEs. Adoubé par des bonnes consciences associatives et politiques.

      Poser des questions formule parfois déjà les réponses :
      – 220 places d’hébergement, débloquées soudain : alors que valaient les arguments qui expliquaient que ce n’était pas possible auparavant ?
      – Si, comme s’est engagée la marie, il ne s’agit pas d’hébergements d’urgence pour quelques nuits, qu’est-ce qui explique qu’on ne pouvait laisser le temps aux migrantEs de se concerter, d’attendre le lendemain voire même quelques heures pour donner leur réponse ? Après des mois où on les a laisséEs à la rue.
      – Quid des migrantEs qui n’étaient pas sur le campement au moment de cette opération ?

      Nous avons déjà montré qu’il existait, dans le quartier de La Chapelle, des bâtiments vides depuis des années pouvant héberger bien plus de 200 migrantEs. Ainsi l’ancienne caserne de pompiers occuppée brièvement qui fait plus de 5000 m². Nous tenons aussi à disposition de la mairie de Paris plusieurs immeubles vides qui lui appartiennent : des « irresponsables » en occuperont un des ces jours, avec des migrantEs, avec des sans-papiers ou des sans-abris.

      Disons-le simplement : c’est parce que les migrantEs ont décidé de se battre et réussi ainsi à faire de leurs questions de survie une question politique, parce que des centaines d’habitantEs du 18è puis de toute la région parisienne ainsi que des militantEs ont lutté à leur côté, que ce qui n’était semble-t-il pas possible, soudain, l’est devenu. Qui, alors, a instrumentalisé les migrantEs ? Les autorités ou ceux et celles qui ont lutté à leur côté ? Qui s’est soucié de leur sort ? Les autorités les expulsant de lieu en lieu ou ceux et celles qui se sont battus pour ne pas les laisser isoléEs chaque soir ?

      Mais disons-le aussi : cette « solution » n’est pas pour autant une victoire pour les migrantEs. Elle n’est d’ailleurs aucunement inspirée par la reconnaissance de leurs droits sans parler de leur humanité. Simples objets de calculs politiciens.

      Dès l’opération terminée plusieurs dizaines de migrantEs du campement étaient déjà à la rue. Après la tentative avortée d’occuper, pour une nuit, un gymnase, des solutions individuelles ont été trouvées, via la solidarité pour 32 d’entre eux et elles. Cette solution trouvée à 22H30, il suffisait de repasser près du Jardin d’Eole occupé par la police pour retomber sur une cinquantaine de migrantEs déjà revenus du lieu d’hébergement où ils avaient été emmenés juste à côté du... centre de rétention de Vincennes. Certains, revenus d’autres centres mais y retournant pour la nuit racontent que leur portable leur a été pris dans les cars.
      Déjà près de cent migrantEs de La Chapelle sont déjà à nouveau à la rue. Combien dans une semaine, combien dans quinze jours ?
      Et les migrantEs d’Austerlitz, de Gare de Lyon, de Belleville ? De Rennes, de Calais ? Les expulséEs de La Chapelle disperséEs dans des centres de la région parisienne ? Les migrantEs de Vintimille ?
      Et touTEs les sans-papiers, ces migrantEs de longue durée et sans droits ?

      Car l’objectif de cette opération n’était pas de trouver une solution pour les migrantEs. Par des moyens plus hypocrites elle répond à la même logique que les expulsions policières et violentes du square St Bernard et de la Halle Pajol de la semaine passée : briser le regroupement des migrantEs, leur visibilité publique, leur capacité de #lutte pour leurs droits et la #solidarité qui s’étendait.
      Quand les migrantEs, comme les sans-papiers, se rebellent et se montrent ils posent une question hérétique pour l’ordre national : celui des frontières. Et parce que cet ordre national est aussi de plus en plus injuste et inégal il peut se mettre à résonner en colère et en solidarité avec toute une partie de la société. C’est la signification globale de La Chapelle, celle d’un quartier, encore, populaire. C’est pour cela que leur visibilité est inacceptable pour cet ordre. C’est pour cela que cet ordre tremble car on ne pourra résoudre définitivement cette question sans le faire tomber.

      Soyons honnête et cela fait notre rage impuissante ce soir : l’opération a réussi. Le collectif de migrantEs qui se construisait ces deux semaines a été brisé. Ce soir nous étions impuissantEs face aux dizaines de migrantEs revenuEs à leur point de départ, exténuéEs, isoléEs, humiliéEs encore, à la rue...
      Et notre rage est d’autant plus profonde que des partis qui se disent à gauche du PS ont joué les supplétifs de cette opération. La veille, ces partis s’étaient réunis pour affirmer qu’ils étaient favorables à l’occupation d’un lieu collectif et pérenne par les migrantEs et pour planifier une nouvelle manifestation. Mais ils se préparaient à participer à l’opération du lendemain. Nous comprenons mieux pourquoi ils n’avaient pas invité les migrantEs. Nous avons honte pour eux. Nous nous en remettrons. Eux...

      Alors ? Difficile, ce soir, de garder à l’esprit que l’expérience de ces quinze jours de lutte produira des effets. Est-ce ailleurs que dans ce quartier que la dynamique va permettre de redonner une solution pour les migrantEs ici ? Les migrantEs dispersés vont-ils pouvoir se regrouper pour que le collectif se relance, sous une forme ou une autre, condition incontournable pour donner un sens au soutien ?

      Quoi qu’il en soit remercions les migrantEs. Ils et elles ont suscité une dynamique qui avait tendance à se perdre dans notre quartier. Et permis de faire exemple. N’en doutons pas cette vague fera des petits.
      Ce qu’a dit cette expérience et ce qui l’a inspirée c’est que dans notre quartier, comme ailleurs, les migrantEs ne sont pas des victimes à qui on tend simplement la main, ce sont des frères et soeurs de lutte. Des égaux, des égales.
      Cette lutte n’a pas commencé hier, elle ne s’arrête pas ce soir et continue demain.

      Hier notre rage était de solidarité. Ce soir elle est de défaite. Nous croyons qu’elle fera des vagues. Travaillons-y.

      Denis Godard, 20 juin 2015 à 4H00.

    • Après l’évacuation des jardins d’Éole et l’expulsion du gymnase Laumière, des réfugiés se sont à nouveau regroupés, les uns sur l’esplanade Pajol devant la bibliothèque Vaclav Havel, d’autres square de La Chapelle.

      Le soutien sur place a besoin d’être renforcé, n’hésitez pas à passer.

  • ATTENTATS de JANVIER : Lassana Bathily n’a sauvé personne mais il fallait à la République un héros musulman et immigré
    http://www.brujitafr.fr/2015/06/attentats-de-janvier-lassana-bathily-n-a-sauve-personne-mais-il-fallait-a-

    Après les attentats de janvier, l’oligarchie avait vraiment besoin d’un héros immigré. C’est le constat que l’on fait, à la lecture du récit des otages de l’Hyper Casher de la Porte de Vincennes réunis par Libération : Lassana Bathily, manutentionnaire...

  • #La_Chapelle, #Saint-Bernard, #Pajol : des migrants subissent leur troisième #expulsion

    L’expulsion à répétition de migrants “de La Chapelle”, à #Paris, prend une tournure politique : des élus du Parti de gauche, du PCF et d’EELV s’indignent de la #violence dont les forces de l’ordre ont usé, lundi après-midi, pour embarquer des personnes réfugiées devant la halle Pajol, dans le XVIIIe arrondissement. Une trentaine d’Érythréens et de Soudanais ont été placés en centre de rétention à Vincennes et au Mesnil-Amelot, en vue d’une reconduite à la frontière.

    http://www.mediapart.fr/journal/france/090615/la-chapelle-saint-bernard-pajol-des-migrants-subissent-leur-troisieme-expu
    #police #violence_policière
    par @carine

  • Le droit à manifester est un droit non négociable, tribune dans Libération, Balibar, Butler, Loach, Rancière et alii
    http://www.liberation.fr/debats/2015/04/17/manifester-en-france-c-est-risquer-de-finir-en-prison_1246031

    Mais ce qui se dessine localement, c’est une société construite sur la #criminalisation des #luttes sociales et politiques.
    Il plane dans ce pays une atmosphère bien étrange. Quoi que l’on puisse penser du douteux cortège de tête de la mobilisation fleuve ayant défilé dans les rues de Paris, le 11 janvier, après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, ce sont bien quatre millions de personnes qui ont choisi de manifester pour dire leur rejet des attentats et leur attachement à un certain nombre de valeurs démocratiques. Comme le notaient alors les correspondants de la presse internationale, c’est au travers de la « manif », sorte de paradigme hexagonal de l’expression collective, que les Français avaient décidé d’exprimer leur émoi. Hollande et son gouvernement, eux, jouaient la carte de l’émotion et de la responsabilité, n’hésitant pas à se présenter comme les hérauts de la liberté d’expression. Mais celle-ci, en France, avant comme après ce défilé historique, n’est pas un étalon universel, loin de là. Il existe des territoires et des villes où manifester peut conduire derrière les barreaux.
    Que ce soit à Notre-Dame-des-Landes, à Sivens, à Nantes, à Lyon ou à Toulouse, ce n’est pas tous les jours le 11 janvier. Manifester oui, mais pas pour saluer la mémoire du jeune militant écologiste tué par un tir de grenade de la gendarmerie, Rémi Fraisse, dans la nuit du 25 au 26 octobre. Manifester oui, mais pas contre la série de #violences_policières commises par la suite à l’occasion de plusieurs #manifestations_interdites en préfecture. Manifester oui, mais pas contre l’#interdiction_de_manifester elle-même. Ces interdictions qui se sont répétées sur l’ensemble du territoire sont une atteinte grave et révoltante à un droit démocratique fondamental. Nombreux sont celles et ceux qui, en novembre, n’ont pas accepté les diktats vigipiratesques et les arrêtés préfectoraux. Des dizaines ont alors été arrêtés, gardés à vue, déférés devant la justice et souvent condamnés. Qui à une peine de sursis et une amende, qui à une peine de #prison ferme. C’est le cas de Gaëtan, étudiant toulousain en histoire de l’art au Mirail, militant politique et syndical, arrêté en marge de la manifestation interdite du 8 novembre. En première instance, il a écopé d’une peine de prison avec sursis et d’une amende. En appel, le juge a choisi d’aggraver la sentence, en le condamnant à six mois de prison, dont deux fermes.

    Bien sûr la justice officielle sait toujours trouver des motifs pour transformer une résistance politique en un crime de droit commun, en inventant des chefs d’inculpation et en faisant témoigner ses propres policiers. La justice officielle, d’ailleurs, leur en sait gré puisqu’elle sait être reconnaissante avec eux, lorsqu’ils sont les auteurs de « bavures ». Clémente avec les meurtriers de Malik, de Zyed ou de Bouna (le verdict sera rendu en mai), jamais condamnés à de la prison ferme, elle est impitoyable avec celles et ceux qui revendiquent le droit élémentaire de dire leur opposition à la société telle qu’elle est organisée, ou aux politiques telles qu’elles sont menées.

    #droit_fondamental

  • Barbès : les flics tabassent un migrant et l’expédient au centre de rétention

    https://paris-luttes.info/barbes-les-flics-m-ont-rentre-dans-2828

    Dimanche 7 mars 2015 lors d’une énième opération de contrôle les flics du quartier ont arrêté A. après l’avoir tabassé. Il est aujourd’hui enfermé au centre de rétention de Vincennes et raconte comment s’est déroulée son arrestation et la garde-à-vue :

    À Barbès la pression des flics est toujours quotidienne. La Mairie et les investisseurs locaux voudraient que ce quartier devienne le nouveau « lieu branché » de Paris.
    La ré-ouverture du cinéma le Louxor et la nouvelle brasserie qui va bientôt ouvrir ses portes en sont de bons exemples.

    Les chantiers de construction de nouveaux logements en accession à la propriété se multiplient pour accueillir de nouveaux habitants plus riches et plus bobos.

    La police quadrille les rues pour tenter de virer celles et ceux qui ne correspondent pas aux projets de ceux qui nous gouvernent : pauvres, biffins, sans papiers , etc.

    La violence de la police est quotidienne lors des ces contrôles qui mènent bien souvent, sous n’importe quel prétexte, à une garde-à-vue et pour ceux & celles qui n’ont pas les bons papiers, puis au centre de rétention.

    • Libération d’A. arrêté et tabassé à Barbès : comptes rendus d’audiences devant le TA et le JLD

      http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/post/2015/03/16/liberation-da-arrete-et-tabasse-a-barbes-comptes-re

      Après avoir expédié la dame congolaise, c’est au tour d’A. qui fait recours contre son placement en rétention et son interdiction de retour sur le territoire français. Il a une obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui date du 20 mars 2014. A. a donc été placé en garde à vue le dimanche 8 mars à Barbès au commissariat de la goutte d’or après avoir aidé un adolescent qui était violemment contrôlé par des policiers.

      Maître Machado rappelle que ce commissariat de la goutte d’or est tristement célèbre. Le matin même il en avait d’ailleurs été question à la cour d’appel du juge des libertés et de la détention, un retenu s’y plaignant des violences qu’il y avait subies. Il fait remarquer que dans son dossier il n’a aucune plainte ni déclaration de la part du gardien de la paix Chute. Il est juste spécifié dans le PV d’interpellation que ce policier aurait été visé par des violences et des menaces de la part d’A.. Ce PV d’interpellation prétend qu’A., après s’être opposé à un contrôle d’identité, se serait jeté sur le policier répondant au nom de Chute et il semblerait à sa lecture que les trois autres policiers seraient restés spectateurs. A. se serait ensuite cogné la tête dans la bataille, le choc entraînant une blessure ayant nécessité des points de suture derrière la tête.

      De la seconde blessure et des agrafes sur le front et la tempe, il n’est en revanche point question. maître Machado montre à madame la juge la plainte déposée par A. dès son arrivée au centre de rétention. Celle-ci n’a alors qu’une chose à dire : « Quand l’intéressé va t-il se décider à partir étant donné qu’il a une OQTF ? »