• De l’écriture inclusive...

    J’aimerais partager avec mes ami·es seenthisien·nes deux pépites sur l’#écriture_inclusive.
    J’ai envoyé un petit texte à la Revue de géographie alpine, pour la rubrique « lieux-dits ». Je l’ai écrit en écriture inclusive... Et voici deux commentaires de deux enseignantes (femmes), l’une maîtresse de conférences (qui signe « maître de conférence ») et l’autre prof. émérite.

    La maîtresse de conférence :

    Je rejoins plutôt XX et YY, pour suivre les régles courantes, l’usage commun, et pas en définir qui seraient internes (à la RGA ?). Un langage pour le rester se doit d’être neutre et partageable. Le « minimum » est aussi qu’il soit lisible à voix haute. Sinon ces usages (certaines phrases de l’article de Cristina ou certains propos de la première vidéo envoyée) deviennent tout bonnement incompréhensibles pour le commun des personnes lectrices ou auditrices. Donc jouons avec le féminin et le masculin, difficiles à arracher aux langues latines, plutôt que de chercher à les extirper dans un combat stérile (au sens propre !). Ou bien utilisons l’anglais qui met tout le monde d’accord (avec quels effets pour la cause féminine ??).

    Certes, ce n’est que mon avis, et certes, le débat n’est pas nouveau.

    –-> pour info, la vidéo envoyée :
    "La Pérille Mortelle" de Typhaine D
    https://www.youtube.com/watch?v=4bJ9oNJPUW0

    La prof émérite :

    Par ailleurs (mais c’est un point de vue très personnel), je n’arrive pas à me faire à l’écriture inclusive : pour moi, tant que ce ne sera pas validé par l’Académie Française, je reste fidèle à la tradition du français classique. Je pense que les combats du féminisme se situent ailleurs.

    #académie_française #neutralité #langue_française #genre #no_comment

  • Histoire du sucre, histoire du monde

    Suivre le sucre pour éclairer l’histoire du monde : tel est le stupéfiant voyage auquel nous invite #James_Walvin. Tout commence avec la #colonisation des #Caraïbes, de l’Amérique et l’essor des #plantations. C’est la naissance d’un nouvel ordre, fondé sur la #déportation de millions d’Africains réduits en #esclavage. Après avoir exterminé les populations indigènes, détruit les #paysages et les forêts tropicales, on implante les premières usines polluantes pour fabriquer sucre et #rhum. Sans compter une organisation du travail implacable qui, plus tard, inspirera #Henry_Ford.
    Mais il fallait aussi que ce sucre, quasiment inconnu jusqu’au XVIIe siècle, soit consommé. D’abord produit de #luxe réservé à la table des #élites, il devient, avec la #révolution_industrielle, l’aliment de base des #classes_ouvrières, pendant que le rhum, l’un de ses produits dérivés, fait des ravages parmi les plus démunis. Cette consommation massive de sucre, qui bouleverse les habitudes alimentaires, est désastreuse : #caries, #obésité et #diabète se répandent sur tous les continents. Une course folle s’engage ; la consommation de boissons et de céréales sucrées gagne du terrain, et continue de s’étendre aujourd’hui encore.
    De Bordeaux à Bristol, des fortunes colossales se sont bâties sur le sucre et l’esclavage, marquant les débuts du #capitalisme. Plus tard, des entreprises sans scrupule, dont #Coca-Cola reste la plus emblématique, développeront leurs pouvoirs de ravager le monde en même temps que leur surface financière. Et finiront parfois par dicter la politique des grands États.

    https://editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Histoire_du_sucre__histoire_du_monde-9782348046216.html
    #livre #histoire #sucre #géohistoire #géo-histoire #ressources_pédagogiques #fordisme #alimentation

  • La #transition_électrique : les doigts dans l’emprise — #Datagueule_98
    https://peertube.datagueule.tv/videos/watch/38560d1d-1e4a-4fc3-9d83-670e776455c5

    En 2017, 4 md de tonnes de pétrole consommés ainsi que 1,8 milliard de tonnes équivalent pétrole d’électricité contre 0,8 milliard équivalent pétrole d’électricité en 1990.
    En 2017, 38 % de la production électrique mondiale provenait du #charbon et 23 % du #gaz_naturel.
    #Énergies_renouvelables : #métaux_rares, #acides.
    #Chauffage_électrique : 10 % en 1970 des logements, 45 % en 1980.
    #Efficacité_énergétique : #paradoxe_de_Jevons.

    Entretien avec Mme Mathilde Szuba, maître de conférences en sciences politiques à Sciences Po Lille. Elle cite une étude du Crédoc sur l’engagement de façade des #classes supérieures :https://www.credoc.fr/publications/consommation-durable-lengagement-de-facade-des-classes-superieures
    Sa thèse, Gouverner dans un monde fini : des limites globales au #rationnement individuel, sociologie environnementale du projet britannique de politique de #Carte_carbone(1996-2010) : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01794527/document

    #électricité #énergies #transition_énergétique #coûts_cachés #soutenabilité #seuils_de_normalité #niveaux_de_revenus #taxe_carbone #politique_énergétique #quotas #avion #loterie #sobriété

  • Allemagne : grande coalition et #politique de classe face au Covid-19 – CONTRETEMPS
    https://www.contretemps.eu/allemagne-covid19-grande-coalition

    Les mesures prises par le gouvernement fédéral sont structurées de manière spécifique à chaque classe. La classe capitaliste peut s’attendre à plus de 600 milliards d’euros de soutien de l’État ainsi qu’à des crédits du KfW d’un montant potentiellement illimité et à des allégements fiscaux substantiels. La classe moyenne et la petite bourgeoisie reçoivent 50 milliards d’euros de l’État, tandis que la classe moyenne salariée et la classe ouvrière reçoivent très peu, en comparaison, des trains de mesures initiés par le gouvernement.

    Il est certain que les programmes de l’État ne s’appliquent pas à une seule classe, mais à plusieurs #classes simultanément. Par exemple, certains programmes de crédit du KfW profitent officiellement à la classe capitaliste ainsi qu’à la bourgeoisie moyenne. Les subventions uniques pour les coûts fixes jusqu’à 9000 euros sont potentiellement au bénéfice de la petite et de la moyenne bourgeoisie. L’allocation pour le chômage partiel, en principe, profite aussi bien aux membres de la classe ouvrière qu’à la classe moyenne salariée.

    Ainsi, la politique de l’État contribue à la formation d’un bloc interclasses. Les différents intérêts de classe sont pris en compte et unifiés par les programmes de l’État, et l’hégémonie de la classe capitaliste s’articule à travers cette formation d’un bloc social assisté par l’État. C’est un aspect essentiel de sa règle. En cela, la sélectivité structurelle des appareils d’État joue naturellement un rôle important dans la mise en œuvre des intérêts de classe respectifs selon les différentes potentialités des positions de classe.

    #économie #coronavirus

  • Invisibiliser pour dominer. L’effacement des classes populaires dans l’urbanisme contemporain
    https://journals.openedition.org/tem/5241

    « Il n’y avait rien ». La récurrence de cette expression au sein de discours recueillis dans deux types très différents d’opérations de requalification urbaine soulève la question de l’invisibilisation de certains groupes sociaux dans l’urbanisme contemporain. À partir du matériau qualitatif issu de nos terrains d’enquête – un nouveau quartier d’habitation lyonnais et des jardins partagés de région parisienne – nous mettons en évidence un processus d’invisibilisation et de stigmatisation. Dans les deux cas, ce processus accompagne le remplacement de classes populaires par des groupes plus favorisés socialement. L’analyse comparative nous permet d’en montrer les enjeux. D’une part, l’invisibilisation participe à renforcer la position dominante des invisibilisateurs. En effet, un tel processus n’est pas neutre et ne peut s’appliquer qu’en situation de domination. Il intervient dans les cas observés pour compenser le déficit d’antériorité, seul manque de légitimité qui pourrait mettre en danger la posture des invisibilisateurs. D’autre part, la stigmatisation écarte les indésirables sur la base de critères individualisés, niant la dimension sociale et politique des luttes pour l’espace. Le croisement de nos deux terrains nous permet ainsi de décrire les fonctions sociales de ce processus pour les acteurs qui le produisent et de considérer ce qu’il révèle des rapports de domination travaillés par les enjeux d’urbanisme.

    #gentrification #lutte_des_classes #urban_matters
    #Matthieu_Adam #Léa_Mestdagh

    • Struggling with the Creative Class - PECK - 2005 - International Journal of Urban and Regional Research - Wiley Online Library
      https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1468-2427.2005.00620.x

      L’article présente une critique des concepts de ‘classe créative’ et ‘villes créatives’ publiés récemment. La portée géographique et la pertinence politique de ces discours s’expliquent non par leurs mérites intrinsèques, ceux‐ci pouvant être remis en question à plus d’un titre, mais en tant que fonction des paysages urbains fortement néolibéraux qu’ils ont traversés. Quant à leur manifestation concrète de l’innovation culturelle libérale, les stratégies de créativité dérangent à peine les orthodoxies qui subsistent en politique urbaine, fondées sur une compétition interlocale, un marketing de lieu, une expansion axée sur la propriété et le marché, un embourgeoisement et une inégalité socio‐spatiale normalisée. Mais surtout, ces stratégies toujours plus présentes prolongent et recodifient des tendances bien installées en politique urbaine néolibérale, les rhabillant de manière attrayante dans un flou artistique terminologique de politique culturelle. Ainsi, la créativité est élevée au statut de nouvel impératif urbain pour définir de nouveaux sites, valider de nouvelles stratégies, positionner de nouveaux sujets et instaurer de nouveaux enjeux dans la concurrence interurbaine.

    • Migration, environnement et gentrification rurale en Montagne limousine
      https://journals.openedition.org/rga/2525

      Les dynamiques migratoires des espaces ruraux et/ou montagnards font l’objet de nombreuses recherches dont les différents appareillages conceptuels et méthodologiques relèvent de (sous)champs scientifiques ou disciplinaires distincts. Se distinguent, entre autres, les entrées par la population, les migrations d’aménités ou encore par la gentrification rurale (Smith, 1998 ; M. Phillips, 1993 ; Bryson et Wyckoff, 2010). C’est à travers le prisme de cette dernière que la contribution proposée vise à lire les dynamiques démographiques, socioculturelles et environnementales à l’œuvre dans la Montagne limousine. Une partie de la littérature anglo-saxonne portant sur la gentrification rurale a permis de souligner le rôle central de l’environnement et/ou de la nature à la fois en tant que représentations et cadre géographique dans les dynamiques migratoires et les processus de recomposition sociale susceptibles de produire une ou des formes de gentrification rurale, ou greentrication. Dans le détail, l’environnement agirait en amont de l’installation des migrants et les accompagnerait tout au long de leur parcours migratoire et résidentiel. Mais en aval de leur implantation, du fait même de leurs caractéristiques de gentrifieurs, c’est-à-dire de nouveaux résidents, acteurs de la gentrification, ces derniers agiraient pour modifier la ou les dimensions environnementales de leur cadre de vie et le faire ainsi tendre vers « l’idéal » qui les avait initialement attirés. En l’espèce, les enquêtes de terrain tendraient à indiquer que si ce cadre général est plutôt pertinent pour la Montagne limousine, il reste néanmoins nécessaire de préciser, d’une part la nature des gentrifieurs, lesquels pourraient éventuellement être qualifiés d’altergentrifieurs, et d’autre part, que leur impact est inégalement significatif au sein du PNR de Millevaches.

    • L’injonction aux comportements « durables », nouveau motif de production d’indésirabilité
      https://journals.openedition.org/gc/4497

      Les projets urbains dits durables se sont multipliés durant la décennie dernière. Matériellement standardisés, ils sont aussi accompagnés de la diffusion d’attendus comportementaux à destination des habitants. Ceux-ci sont incités à adopter des comportements « éco-citoyens » (faible utilisation de l’automobile, tri des déchets, consommation dite responsable) censés être plus « vertueux ». Outre les élus et les communicants, les concepteurs (urbanistes, architectes, paysagistes) et certains habitants de ces projets diffusent ces attendus comportementaux. Les jugements moraux associés aux comportements sont vite transférés aux individus et aux groupes. Ceux qui les mettent en œuvre sont légitimés, à l’inverse de ceux qui ne les adoptent pas. Nous observons un processus de catégorisation qui distin­gue usagers légitimés ou indésirables en vertu de la conformité ou non de leurs pratiques avec les valeurs durabilistes. En l’occurrence, ce sont les habitants des logements sociaux et ceux issus des classes populaires qui sont montrés du doigt. L’objectif de cet article est de comprendre comment le développement urbain durable rénove les motifs de production de l’indésirabilité. Cet article s’appuie sur l’analyse de 71 entretiens réalisés avec les concepteurs et les habitants de deux projets urbains emblématiques de la production contemporaine : Bottière-Chénaie, à Nantes, et Confluence, à Lyon. Notre enquête montre une redéfinition du groupe social habitant en fonction de la conformité ou non de ses membres à la nouvelle norme qu’est le développement urbain durable.

  • Les pratiques écocitoyennes, une nouvelle forme de distinction sociale ?
    http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/919/les_pratiques_cocitoyennes_une_nouvelle_forme_de_distinction_sociale_

    Les injonctions écologiques visent à rendre les individus plus soucieux des conséquences sur l’#environnement des gestes les plus ordinaires du quotidien : se déplacer, se chauffer, se nourrir... Elles sont promues par l’Etat mais largement abandonnées à la logique des marchés, celle de l’offre et de la demande. Ce faisant, elles en appellent à la seule responsabilité individuelle dans l’adoption de comportements plus durables. Ainsi, il appartiendrait à chacun de réformer son mode de vie pour résoudre les problèmes environnementaux.

    […]

    Si l’on passe de l’individu aux classes sociales, on peut constater que le mode de vie des plus fortunés est peu compatible avec une idéologie invitant à la modération et à la sobriété matérielle. Ce constat est d’autant plus vrai que les catégories aisées sont, en dépit des tentatives d’accroître l’acceptabilité environnementale de leurs modes de vie, à la fois celles qui génèrent le plus d’impacts négatifs sur l’environnement et celles qui en subissent le moins. Dans ces milieux délivrés des soucis financiers, il s’agit de maintenir le niveau de confort sans accroître la pollution mais aussi de marquer son rang dans l’espace social.

    #écologie #classes_sociales @antonin1

    • Ceux que j’ai appelé les « désargentés aux études longues » affichent une attitude très conforme à la morale écologique : désintérêt, mise en exergue des interdépendances générationnelles et de l’impact négatif des activités humaines sur la planète. Souvent en situation de déclassement intergénérationnel ou professionnel, ces enquêtés (terme désignant les individus étudiés dans le cadre d’une enquête sociologique, ndlr) à haut niveau de diplôme ne voient généralement pas les restrictions matérielles immédiates comme un renoncement mais plutôt comme une privation volontaire.

      Les injonctions environnementales semblent ajustées aux conditions matérielles et symboliques d’existence de ces individus car elles présentent l’avantage éthique de donner une signification positive à l’autolimitation et plus généralement au déclassement matériel. En matière de protection de l’environnement, bien faire revient, dans bien des cas, à moins faire ou ne pas faire du tout. Les injonctions environnementales sont donc en phase avec la frugalité du mode de vie de ces individus prédisposés par leur capital culturel à s’affranchir des conceptions matérialistes du bonheur.

      #déclassement
      Histoire de ma vie !

  • #travail gratuit et guerre des valeurs
    https://laviedesidees.fr/Travail-gratuit-et-guerre-des-valeurs.html

    Les appels gouvernementaux à la solidarité et au bénévolat ne sont pas des nouveautés historiques. S’adressant en particulier aux #femmes, la gratuitisation du travail participe de la casse du service public qui a fragilisé la capacité de réponse à la pandémie.

    #Société #services_publics
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20200605_simonet-revu.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20200605_simonet-revu.pdf

    • Mis en perspective des « élans de solidarité » bénévoles, ce travail gratuit des élèves infirmières prélevé par l’État, sorte de bénévolat forcé, ou en tous cas imposé, nous rappelle que le travail gratuit des unes n’est pas le travail gratuit des autres, comme dans les parcs de la ville de New York où se côtoient sans se voir des bénévoles des classes moyennes ou supérieures et des allocataires du workfare , fraction racisée et féminine des classes populaires. Les rapports sociaux de classe et de race ne sont pas en reste dans cette division du travail gratuit pour l’effort de solidarité nationale, entre un travail gratuit « choisi » et symboliquement valorisé comme le bénévolat et un travail gratuit contraint et déprofessionnalisant comme c’est le cas pour les élèves infirmières réquisitionnées comme stagiaires. Entre le travail gratuit de gré et le travail gratuit de force, entre l’appel et la réquisition, s’étire le continuum du « choisi » sous contrainte ou faute de mieux, cette économie politique de la preuve et de la promesse qui invite les travailleurs sans papiers qui fabriquent des masques dans les sous-sols de l’Armée du Salut ou les jeunes volontaires des classes populaires en recherche d’insertion sociale et/ou professionnelle à faire la preuve par leur travail gratuit ou quasi gratuit qu’ils et elles mériteront, un jour, peut-être, « l’accès à un statut légal » et/ou à un « vrai emploi ».

      #Travail #gratuitisation_du_travail #travail_gratuit #femmes #allocataires #classes_populaires #Maud_Simonet

  • Espace urbain et distanciation sociale
    https://acta.zone/espace-urbain-et-distanciation-sociale

    Cet entretien avec Stefan Kipfer a été réalisé au beau milieu du confinement. Un an après la publication de son livre « Le temps et l’espace de la décolonisation. Dialogue entre Frantz Fanon et Henri Lefebvre », édité par Eterotopia France, on a voulu revenir sur certaines de ses idées et hypothèses pour interroger le présent et développer des pistes d’analyse concernant la manière dont la crise actuelle investit la production de l’espace urbain. Source : ACTA

    • [...] On pourrait dire, pour retourner très vite au passé, que l’influence hygiéniste dans la période haussmannienne du XIXème siècle et dans la période fonctionnaliste à partir des années 1930, a renforcé l’aspect contre-révolutionnaire de ces deux moments de l’urbanisme moderne. Cet urbanisme a répondu à la fois aux mouvements révolutionnaires des classes populaires en métropole et aux mouvements qui essayaient de résister au colonialisme dans les colonies pour après se transformer en mouvements pour l’indépendance au XXème siècle.

      L’hygiénisme transforme une analyse médicale et sociale des conditions de santé des habitants en idéologie sanitaire qui considère que les classes subalternes et les peuples colonisés sont des éléments pathogènes, notamment quand ils se concentrent dans leur habitats géographiques « naturels » (la foule, les taudis, les faubourgs, les bidonvilles, les banlieues etc.). L’hygiénisme comme idéologie sanitaire comporte donc un déterminisme spatial qui propose que la forme urbaine serait la cause des problèmes sociaux, ce qui amène à des solutions spatiales qui essaient avant tout de séparer les classes dominantes (ou bien les administrateurs coloniaux) des classes populaires ou bien des peuples colonisés. Souvent ces stratégies essaient aussi de dissoudre l’habitat populaire. Si on regarde l’histoire de certains instruments d’intervention d’aménagement – le zonage, l’aménagement des parcs métropolitains, la méthode de la coulée verte – on voit bien comment l’urbanisme moderne est influencé par l’idéologie sanitaire hygiéniste.

      À plusieurs moments de l’histoire moderne de l’urbanisme on voit que ces interventions comprennent une volonté de disperser ou de déconcentrer les classes populaires. Ceci a amené à la production de la banlieue standardisée au milieu du XXème siècle et à l’ urban sprawl (l’étalement urbain), accentué depuis deux générations. L’étalement urbain prend des formes très différentes selon les régions, mais il est devenu une tendance à l’échelle mondiale depuis les années 1980. Il est une force qui a contribué à la destruction des habitats écologiques et à la création d’une situation structurelle favorable à la circulation des virus, des pathogènes et des pandémies16. La première conclusion à tirer est que n’importe quelle stratégie visant à dédoubler la déconcentration de la population aura certainement pour effet de renouveler les conditions qui ont contribué à la production accélérée de pandémies depuis la deuxième moitié du vingtième siècle.

      Espace urbain et distanciation sociale

      Il est vrai qu’aux États-Unis, au Canada, en France et ailleurs, il y a eu une remontée de la critique de la densité, de la vie urbaine dense et intense17. Certaines de ces critiques reprennent le même déterminisme spatial que l’idéologie sanitaire hygiéniste classique, affirmant en gros que ce n’est pas le virus qui tue, mais la morphologie urbaine. Il y a là un déplacement du regard de l’analyse biomédicale du virus à une manière de stigmatiser la forme urbaine. Ceci est une manœuvre classique dans l’idéologie sanitaire. Et pourtant on sait déjà très bien que la densité démographique, la densité de population n’est pas une explication suffisante pour l’avancée de la pandémie. Les premières études portant sur la Chine et New York City ont bien montré que le taux d’infection est déterminé par les conditions sociales et sanitaires et non par la densité elle-même18.

      En fait, il y a toute une série de pays et de villes qui sont soit aussi denses soit plus denses que Milan, Madrid, Paris, et New York, et qui ont réussi beaucoup mieux que ces villes à maîtriser la pandémie : Taiwan, la Corée du Sud, et, avant tout, Hong Kong19. Ils ont réussi ce coup justement à cause de la qualité de leurs infrastructures sanitaires et grâce à leur capacité de poursuivre des démarches proactives de prévention. Je crois que le cas plus impressionnant, le cas le plus frappant qui nous aide à contrer les critiques vulgaires de la densité est le Kerala20. Le Kerala est un État indien qui est trois fois plus dense que la moyenne indienne. C’est un État qui est très lié au niveau international, avec un pourcentage de travailleurs migrants assez important qui partent et qui retournent au pays. Mais le Kerala a un taux d’infection de coronavirus qui est beaucoup plus bas que la moyenne indienne. Pourquoi ? Le Kerala est géré depuis longtemps par un gouvernement de gauche, qui se voulait communiste à un certain moment mais qui est plus ou moins social-démocrate, qui a construit un réseau décentralisé d’infrastructures sanitaires et qui a donc développé une capacité d’action proactive assez impressionnante. Ceci a permis aux autorités et aux citoyens du Kerala de répondre très rapidement lorsque le premier cas de Covid 19 est arrivé dans cet État fin de janvier. Le Kerala nous montre que la densité n’est pas forcément un problème dans une pandémie. Elle peut même être un atout dans le combat contre la propagation du virus.
      Je crois qu’il y une conclusion importante et générale à tirer de cette discussion de l’idéologie sanitaire. Il ne faut jamais faire l’amalgame entre (1) les conditions sanitaires et médicales concrètes, (2) la morphologie urbaine (la forme physique de l’urbain), et (3) les rapports sociaux et politiques qui influencent à la fois la forme urbaine et les conditions sanitaires. Pour éviter une idéologie hygiéniste sanitaire, il faut toujours faire une distinction analytique entre ces trois aspects de la vie urbaine.

      #Stefan_Kipfer #urbanisme #classes_populaires #hygiénisme #Smart_City #capitalisme_High_Tech #surveillance #capitalisme_de_surveillance #atomisation #individualisation #racialisation #État #luttes #travail_essentiel #reproduction_sociale

  • Quelle #résilience pour quels modèles de société ?

    Après l’épreuve du #confinement vient celle de l’incertitude de l’avenir. Le terme « résilience », cette capacité d’un individu, d’un groupe ou d’une communauté à rebondir après un traumatisme, apparaît alors dans les discours politiques en France et ailleurs. L’opinion découvre une réalité qui a été perçue pendant longtemps comme l’apanage des « autres » : les pauvres, les marginaux, les mal-lotis des sociétés occidentales et non occidentales.

    La résilience serait-elle davantage liée aux #classes_sociales ou à l’existence de moyens humains et matériels ? Dépendrait-elle des #modèles_de_société, selon qu’ils privilégient le culte de l’individu ou la culture groupale, communautaire face aux tragédies qui les frappent ?

    Cette épreuve inédite nous incite à trouver des #stratégies non seulement pour maintenir nos équilibres internes mais aussi pour garantir des relations internationales sereines dans la durée. Cet exercice est d’autant plus crucial que les différences de stratégies utilisées par des populations à travers le monde continuent d’alimenter la littérature scientifique sur la résilience.

    Si, en tant que concept, la résilience doit s’appuyer sur des critères scientifiques objectifs pour être mise en évidence, en tant que phénomène socioculturel, elle peut être l’objet d’idéologies ou de fantasmes, voire de politiques qui tentent de réguler ou de contrôler la perception des uns et des autres face à l’adversité.
    Le rôle du lien social et des ressources culturelles

    L’intérêt pour la résilience varie selon les contextes sociopolitiques et culturels. Elle est davantage évoquée et étudiée dans les sociétés où les conditions sanitaires et sociales sont difficiles, notamment pour les populations vivant dans des contextes de guerre, de crise politique, de catastrophes naturelles, de précarité économique, que dans celles habituées à un contexte sociopolitique et économique plutôt stable. Ainsi, plus les populations vivent dans des environnements sécurisés, moins la résilience est mise en avant pour penser leurs stratégies mobilisées en cas de grandes difficultés. Plus le contexte est précaire, plus la résilience est mise en relief.

    À titre d’exemples, suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti, des études ont montré un fort taux de résilience – nettement supérieur comparativement à d’autres pays comme le Japon, la Chine.

    Au sein même de la société haïtienne, les populations les plus fragilisées comme les enfants des rues et les jeunes déscolarisés présentent une résilience plus importante que les autres selon de nombreuses recherches. Avec leur sens du collectif, ils ont été au secours de la population qui s’est retrouvée à la rue, les aidant par exemple à retrouver des survivants sous les décombres.

    Ce même constat est fait dans des contextes de guerre ou de crise politique comme au Liban, en Palestine, en Syrie, ou au Rwanda où la résilience se construit sur des systèmes spontanés de solidarité et d’identité collective.

    En France, dans un contexte marqué ces dernières années par les attentats et le malaise social (notamment avec les « gilets jaunes »), l’isolement, le manque de soutien familial et social renforcent les effets traumatiques et affectent les capacités de résilience bien qu’il s’agisse d’un environnement politique et social structuré et en mesure d’organiser des réponses politiques et sanitaires face à de tels évènements.
    Un besoin de réponse des États

    La crise sanitaire actuelle témoigne d’ailleurs de l’importance de la réponse des États, si attendue dans certaines sociétés occidentales comme la France, pour répondre à la panique générale et structurer un processus de résilience collective.

    Dans d’autres pays, la vie communautaire prend souvent le relais face à la faiblesse des structures de l’État. Nous assistons à des organisations spontanées, mobilisant, parfois paradoxalement, symboles et ressources culturels, religieux ou spirituels pour faire face à la pandémie.

    En Égypte, une chroniqueuse relate les regroupements au Caire, autour du Mausolée de Sayda Zainab, la petite fille du Prophète, par crainte du virus et pour chercher la bénédiction et la protection. En Tunisie, la presse montre des tenues de prières collectives dans certaines régions du pays, en face de mosquées qui ont pourtant fermé leurs portes suite aux mesures prises par l’État.

    En Haïti, la population, habituée aux catastrophes, s’en remet notamment à Dieu, et l’Église se prépare à affronter le Covid-19. En Inde, des enfants des rues sont persuadés que le coronavirus ne pourra même pas arriver jusqu’à eux.

    https://www.youtube.com/watch?v=0h79fVMrL1w&feature=emb_logo

    La force des rituels collectifs

    Ici et là les rituels collectifs, qui habituellement permettent de tenir ensemble, sont considérés comme protecteurs et sécurisants. Et dans les pays les plus précaires, où la crise sanitaire risque d’avoir les conséquences les plus graves, ce type d’organisation presse le pas et s’érige comme principal organisateur de la résilience collective là où la réponse de l’État tarde à venir, ou que celui-ci n’est pas perçu par les citoyens comme suffisamment crédible.

    Malgré ce qu’elles présentent comme stabilité des droits et des conditions de vie et de la démocratie, les sociétés « occidentales » sont particulièrement déstabilisées par des événements traumatiques de grande ampleur. Les effets de ces évènements sont souvent rapidement pris en charge, ou au moins pris en compte par le système politique, judiciaire, sanitaire, médiatique. Mais l’individu doté de droits, et de reconnaissance, est aussi livré à lui-même et à ses propres ressources pour s’en sortir.
    Interroger la nature de la résilience

    La résilience peut-elle alors être un signe de ce qui reste dans une société fondée sur le lien social ? Cette idée est confortée par les études qui montrent le lien étroit entre le soutien social, la cohésion sociale et la résilience notamment dans les sociétés où la culture du groupe est extrêmement forte.

    Dans un modèle écosystémique basé sur la communauté, la résilience est :

    « la capacité des individus à naviguer à travers leur trajectoire vers des ressources qui soutiennent leur bien-être ; la capacité des systèmes physiques et sociaux, et des individus à fournir des ressources, et la capacité des individus, de leurs familles et de leurs communautés à négocier des façons culturellement significatives de partager les ressources ».

    Cela pourrait-il expliquer pourquoi, dans les sociétés occidentales, l’on peine parfois à faire émerger les mécanismes de résilience « spontanée » ou « naturelle » ?
    La résilience à trouver dans d’autres espaces

    Cependant le risque est grand, dans cette réflexion, de considérer la résilience comme un phénomène exotique pour les autres, ou, dans les sociétés occidentales, uniquement comme un résultat à atteindre, une performance de plus.

    Or la résilience est peut-être ailleurs, dans d’autres espaces que ceux des résultats à atteindre. Elle peut être dans l’acceptation du #changement, la libération de la #créativité ou la #réinvention du #lien_social.

    À observer des élans de #solidarité et d’#entraide spontanées depuis les fenêtres, nous sommes tentés de penser que quelque chose dans le modèle de la société est en train de s’effondrer pour laisser émerger de nouvelles modalités, au plus près des fragilités et des ressources actuelles.

    « On se découvre soudain semblables, solidaires, tous dans le même bateau pour affronter le virus. C’était un peu moins le cas pour combattre la misère, on était moins unis pour accueillir l’Aquarius. »

    Le slam de Grand Corps Malade le 13 avril 2020 pointait aussi les frontières de ces nouvelles ressources solidaires.
    S’inspirer des uns et des autres

    La résilience est plus que jamais à considérer comme un processus complexe, long, discret et dynamique qui lie le sujet à son environnement.

    Elle ne peut se programmer de façon standardisée, mais s’appuie d’abord sur le lien humain et social, réel et symbolique, sur le sentiment intime d’appartenir à une même communauté humaine et de compter comme personne, et non uniquement comme un nom sur un fichier.

    Le défi de la résilience dans les sociétés contemporaines repose sur la réinvention du lien social. Il nécessite d’articuler « résilience naturelle », spontanée et « résilience assistée » (thérapeutique) ainsi que les ressources disponibles dans toutes nos sociétés mondialisées, étant donné que nous sommes tous, à des degrés divers et certainement de manière inégale, traversés par les conflits, tragédies et catastrophes de ce monde.

    La crise sanitaire que nous vivons actuellement réinterroge les figures du lien social et celles des structures de l’État, particulièrement au vu du paradoxe inédit que cette crise impose, soit de s’isoler (ou se confiner) solidairement.

    Elle incite chacun à redéfinir en son intimité le rapport à l’identité collective, à la citoyenneté et à l’altérité. À un moment où nous sommes encore confinés dans nos domiciles respectifs et où le lien social est mis à rude épreuve, le Covid-19 ouvre un nouveau chantier pour l’Humanité avec ce « petit » virus invisible et silencieux, qui nous met face à notre fragilité humaine fondamentale et à nos ressources communes. Il nous invite à l’introspection en vue de notre résilience collective.

    https://theconversation-com.cdn.ampproject.org/c/s/theconversation.com/amp/quelle-resilience-pour-quels-modeles-de-societe-

  • Après huit mois de grève et deux de confinement, les travailleuses en lutte de l’hôtel Ibis ne lâchent rien
    https://www.bastamag.net/greve-hotel-Ibis-femmes-de-chambre-CGT-HPE-discriminations

    Elles sont femmes de chambre et ont fait grève pendant de longs mois pour un travail justement payé et mettre fin aux discriminations. Le confinement a suspendu le mouvement, sans y mettre fin. Retour sur la lutte de ces femmes employées par un sous-traitant du groupe Accor et bien décidées à obtenir l’égalité. Elles faisaient grève depuis le 17 juillet 2019. Huit mois plus tard exactement, le 17 mars 2019, la France entrait en confinement. Les vingt grévistes de l’hôtel Ibis Batignolles, dans le (...) #Résister

    / #Luttes_sociales, #Syndicalisme, #Transformer_le_travail, #Reportages, #Conditions_de_travail, #Classes_populaires, A la (...)

  • Misère des universités et universités de la misère.

    https://blogs.mediapart.fr/olivier-le-cour-grandmaison/blog/200520/misere-des-universites-et-universites-de-la-misere-suite

    Si Macron s’obstine à ne pas faire droit aux revendications des enseignant-e-s, chercheur-e-s et étudiant-e-s qui n’ont eu de cesse de multiplier appels, tribunes et actions diverses, l’action collective deviendra une nécessité impérieuse et nombre des personnes concernées, comme les personnels des hôpitaux hier et aujourd’hui, s’estimeront en situation de légitime défense.

    #université

    • 23 janvier 2004. Le journal Le Monde titrait : « La grande #misère des #universités_françaises » dans un contexte de mobilisations des étudiant-e-s, du personnel administratif et enseignant. S’y ajoutaient celles de nombreux conseils d’administration qui menaçaient de ne pas voter leur budget pour protester contre l’insuffisance des moyens alloués par l’Etat. Déjà, on apprenait que les universités étaient condamnées à « faire des économies de bout de chandelle » en réduisant les dépenses de chauffage (sic), les déplacements professionnels des enseignants-chercheurs et, faute de recrutement suffisant, en multipliant les #heures_complémentaires au risque de grever plus encore leurs finances. Perverse dynamique de la politique d’#austérité imposée aux établissements d’enseignement supérieur. En lieu et place du « gagnant-gagnant », seriné par les défenseurs de la modernisation prétendue, triomphaient « le perdant-perdant » et la #paupérisation de tous consciencieusement organisés par la majorité.

      Dans l’entourage de l’oublié #Luc_Ferry, alors ministre de la Jeunesse, de l’Education nationale et de la Recherche, seuls les spécialistes se souviennent qu’il a exercé pareilles responsabilités, on reconnaissait que la « France a favorisé le premier degré et les lycées. Les collèges et l’enseignement supérieur ont été sous-financés. »

      Très juste. En effet, dans ce beau pays dont les dirigeants successifs, de droite comme de gauche, ont pour habitude d’enfiler les perles rhétoriques sur l’importance des universités et de la #recherche en vantant l’ancienneté, l’excellence et le prestige de « nos établissements » dont témoigne la glorieuse Sorbonne, la dépense par étudiant était alors inférieure de 11% à la moyenne des pays de l’OCDE. Misère et #inégalités remarquables aussi puisque l’Etat accordait 6840 euros par étudiant inscrit à l’université et 11450 euros aux élèves des #classes_préparatoires. « Elitisme républicain » ? Ce dernier adjectif, employé par celles et ceux qui justifient ces orientations en prétendant être fidèles aux principes de la République, est ici parfaitement superfétatoire. Après beaucoup d’autres possibles, ces chiffres mettent au jour une politique, qui a défaut d’être publiquement assumée, est cependant fort claire : donner plus à ceux qui sont déjà les mieux dotés sur le plan social, culturel et académique.

      15 octobre 2015. Mitan du quinquennat de François Hollande, cet extraordinaire dirigeant qui a réussi deux exploits qui resteront dans les annales de la Cinquième République et dans celles de la formation socialiste qui l’a soutenu : être obligé de renoncer à se représenter à l’élection présidentielle et transformer un parti de gouvernement en un groupuscule marginal qui tente aujourd’hui de survivre. Admirable. Au ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la docile #Najat_Vallaud-Belkacem qui a servi tous les gouvernements de cette période glorieuse en apportant ainsi sa contribution réitérée au désastre que l’on sait. Elle est alors flanquée d’un transparent et dispensable secrétaire d’Etat chargé du monde universitaire, #Thierry_Mandon. Par charité, on n’évoquera pas ici ses exploits ultérieurs en tant que directeur de publication de L’Ebdo ; cette formidable aventure intellectuelle et éditoriale qui devait révolutionner la presse. La longue et triomphale marche promise s’est transformée en une pitoyable déambulation qui, débutée en janvier 2018, s’est achevée trois mois plus tard. Quel talent !

      Le 15 mars 2015, donc, Le Monde publie un article : « Les universités dans la rue pour crier misère. » Ce titre et les éléments d’information apportés prouvent ceci : la politique mise en œuvre s’inscrit dans la continuité de celle appliquée par la droite antérieurement. En attestent les faits suivants : 44% des établissements universitaires sont vétustes, 13% sont très dégradés, selon un rapport établi par la #Cour_des_comptes, et les #dépenses_publiques et privées pour l’#enseignement_supérieur – 1,5% du PIB – sont toujours inférieures à la moyenne des pays de l’OCDE et plus encore à celle des pays d’Europe du Nord – 2 % -. Quant aux inégalités précitées, elles demeurent. En 2015, le coût d’un élève en classe préparatoire aux grandes écoles (#CPGE) s’élève à 14850 euros soit 40% de plus que son “homologue” des premiers cycles universitaires (10850 euros). Les mieux dotés sont les élèves des #écoles_d’ingénieur (16 000 euros). Entre 2008 et 2018, la hausse des #budgets des universités a été inférieure à 10%, le #recrutement des enseignants-chercheurs a baissé de 40% alors que dans le même temps le nombre d’étudiant-e-s a augmenté de 20% à 26%.

      « Liberté, Egalité, Fraternité » ? « Destin, Inégalité et Lutte des places », telle est en réalité la devise de celles et ceux qui, depuis des années, s’obstinent à traiter l’enseignement supérieur en chien crevé au nom de ce qu’ils nomment « #sérieux_budgétaire » et « adaptation indispensable à la #compétition_internationale ». Crise des universités ? Assurément à condition d’ajouter qu’elle est structurelle et qu’elle est la conséquence directe des #politiques_publiques mises en œuvre par les majorités de droite comme de gauche qui se sont succédé au pouvoir. Nombreux sont les concepteurs et les agents d’exécution de ces orientations qui se gaussent des analyses de Pierre Bourdieu – voir Les Héritiers (avec J.-C. Passeron, 1964) et La Reproduction (avec J. C. Passeron, 1970) – alors qu’ils les valident pour l’essentiel en favorisant les pires mécanismes de #sélection et de #ségrégation_sociales qui frappent les plus démunis. Quant aux mieux dotés, ils jouissent de conditions privilégiées – cf. les classes préparatoires, entre autres -, et/ou parviennent à déjouer les pièges nombreux de la #sélection_universitaire en accédant aux formations et aux diplômes valorisés et valorisant de leur choix. Ceux-là mêmes qui leur permettront de maximiser leur chance de trouver un emploi bien rémunéré. Organisation, permanence et triomphe du #darwinisme_social cher au président-directeur général du CNRS, #Antoine_Petit (26 novembre 2019).

      Mai 2020. Un spectre fort dangereux hante toujours les universités : celui de la ministre #Frédérique_Vidal qui est à son domaine de “compétences” ce que Franck Riester est à la culture : une catastrophe. Non en raison de ses initiatives, il est difficile d’en trouver de significatives, mais de sa soumission absolue à celui qui s’est cru Jupiter. Il y a peu, ânonnant les éléments de langage sans doute fournis par son service de communication, cette ministre saluait « la mobilisation exceptionnelle de toute la communauté de l’enseignement supérieur (…) qui a permis que de nombreux étudiants puissent bénéficier, en plus des mesures prises, de nombreuses initiatives de solidarité sur tout le territoire. » Au-delà de ces formules creuses, parfaitement interchangeables et qui n’engagent à rien, se cachent des réalités sociales qui en disent long sur la situation d’un nombre très important d’étudiant-e-s. 10% d’entre eux ont perdu leur emploi à la suite du confinement et 20% sont désormais en situation de grande précarité[2].

      Quand on sait que plus de la moitié des inscrits à l’université a une activité rémunérée pendant l’année et qu’un quart d’entre eux travaille pendant l’été, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour estimer que les conséquences financières du #confinement et de la #crise_économique qui vient vont être catastrophiques pour les personnes concernées. Plus encore pour les étrangers. En effet, pour bénéficier d’aides, ils doivent fournir au Crous 15 pièces justificatives dont les avis fiscaux de leurs parents restés au pays. Avis qui soit n’existent pas, soit sont très difficiles à obtenir. Conséquence pratiques de ces exigences exorbitantes, pour échapper à la faim, ces étudiant-e-s ont recours aux colis du Secours populaire et des Restos du cœur (Le Monde, 15 avril 2020). Solidarité comme le prétend Frédérique Vidal ? Impéritie scandaleuse et réitérée de la puissance publique qui s’en remet aux initiatives des associations pour pallier le manque chronique de moyens alloués à la #vie_étudiante.

      Au lieu de se livrer à des visites Potemkine, soigneusement mises en scène pour alimenter la propagande gouvernementale, la ministre devrait, par exemple, se rendre dans les cités universitaires de Villeneuve-d’Ascq où, pour 169 euros par mois, des étudiant-e-s logent dans des chambres de 9 m2, cafards et punaises de lit compris. Quant aux douches et sanitaires communs, ils sont eux aussi dans un état lamentable ; pas ou peu d’eau chaude (Le Monde, 21 avril 2020). Rappelons-lui également qu’en 2013, selon un rapport de la Cour des comptes, seulement 7% des étudiant-e-s habitaient des #résidences gérées par les #Crous. Ils étaient 35% en 1960 ! Formidable régression qui oblige ces nouvelles générations à demeurer chez leurs parents ou à louer leur #logement sur le marché à des prix pour eux exorbitants. Plus précisément, et comme cela est bien documenté [3], elle pourrait aussi découvrir le confort de certaines #bibliothèques_universitaires obligées de réduire leurs horaires en hiver faute de chauffage suffisant, les toilettes nauséabondes et de facto infréquentables de nombreux établissements, des #salles_de_cours et des amphis pour partie inondés en cas de fortes pluies, des installations électriques parfois à ce point défectueuses qu’elles ne respectent aucune norme de sécurité, et des locaux souvent aussi surchargés que dégradés. Anecdotes ? Vérités établies. A preuve le rapport précité de la Cour des comptes sur la piètre situation et qualité du #parc_immobilier de l’enseignement supérieur.

      Il y a peu la même ministre annonçait fièrement que les universités allaient offrir des « cours magistraux (…) à distance » lors de la rentrée 2020-2021 afin de tenir compte des impératifs sanitaires. Poursuivant, elle livrait aux journalistes la substantifique moelle de son extraordinaire découverte qui, à n’en pas douter, va révolutionner les sciences de l’éducation : « on n’apprend pas uniquement dans les livres ou sur un ordinateur. Il faut des interactions avec les enseignants. » Bouleversant, en effet. Dans l’immédiat, nul ne sait quels sont les moyens matériels, financiers et humains qui permettront aux universités d’accueillir les nouveaux étudiants. Si gouverner, c’est prévoir, Frédérique Vidal fait preuve d’une incapacité stupéfiante qui n’est pas sans rappeler celle de son maître quelques jours avant le confinement décidé en catastrophe. A l’heure où cet article est rédigé, « aucune #consigne claire du ministère » n’existe, note Aurore Chaigneau, doyenne de la faculté de droit de Nanterre où plus de 1000 étudiants sont attendus.

      Proposer aux nouveaux bacheliers, qui ont été contraints d’interrompre leur scolarité pendant plusieurs semaines à cause de la pandémie, de suivre des cours à l’université en visio-conférence, c’est sacrifier les plus fragiles sur l’autel de l’#impréparation et de l’austérité. C’est aussi créer les conditions qui ajouteront l’#échec à l’échec dans des premiers cycles déjà surchargés en droit, sciences sociales et humaines, et poursuivre inlassablement l’entreprise de #paupérisation - #destruction des universités alors que près de 60 000 postes d’enseignants-chercheurs titulaires manquent à l’appel et que le nombre de #vacataires – 20 % - croît d’année en année. A l’adresse des idéologues qui affirment que ceux qui exercent leur activité professionnelle à l’université jouissent de #privilèges indus, précisons qu’au 1er janvier 2020, la #rémunération des travaux dirigés était de 9,86 euros, inférieur donc au #Smic horaire brut – 10,15 euros – alors que les personnes qui les assurent sont pour la plupart des thésard-e-s, des docteur-e-s ou des professionnel-le-s très qualifiés. De plus, cette #précarisation affecte également le #personnel_administratif indispensable au bon fonctionnement des établissements. Enfin, d’après des prévisions gouvernementales, le nombre d’inscrit-e-s devraient augmenter de 20 000 en 2020 et continuer de progresser dans les prochaines années.

      Depuis des mois, le chef de l’Etat et la ministre Frédérique Vidal sont régulièrement informés et alertés de la situation toujours plus catastrophique de l’enseignement supérieur et de la recherche - en 10 ans le CNRS a perdu 50% de ses effectifs -. Enseignant-e-s, chercheur-e-s et étudiant-e-s ont en effet multiplié appels, tribunes et actions diverses. Dernièrement encore[4]. En vain car Jupiter n’est sensible qu’aux rapports de force et plus encore à la peur du rejet que sa personne et sa politique suscitent. Qu’il sache que s’il s’obstine dans cette voie en ne faisant pas droit rapidement aux revendications des uns et des autres, l’action collective deviendra une nécessité impérieuse et nombre des personnes concernées, comme les personnels des hôpitaux hier et aujourd’hui, s’estimeront en situation de #légitime_défense. Non pour préserver des avantages mais pour sauver les universités et les institutions de recherche du désastre, et pour offrir au plus grand nombre des conditions optimales d’études et de formation.

      #facs #histoire #destruction #France #financement #sous-financement #ESR #grandes_écoles #élitisme #précarité_étudiante #résistance

    • La première partie, janvier 2020...

      Misère des universités et universités de la misère

      La #Loi_de_programmation_pluriannuelle_de_la_recherche défendue par le gouvernement ne concerne pas seulement les membres de l’enseignement supérieur. Parents, ce sont vos espoirs, vos efforts individuels et financiers, et l’avenir de vos enfants qui sont en jeu et qui risquent d’être plus encore mis à mal si ce projet liberticide et inégalitaire est adopté. De même pour les lycéen·ne·s et les étudiant·e·s.

      Novembre 1997. L’Association de réflexion sur les enseignements supérieurs et la recherche (ARESER) publie un ouvrage auquel de nombreux universitaires et chercheur-e-s-ont participé[1]. Parmi eux, Pierre Bourdieu qui, avec l’historien Christophe Charle et le sociologue Bernard Lacroix, a coordonné cette publication. Les diagnostics établis sont graves et, déjà, révélateurs de la situation alarmante des universités Sous-investissement chronique de la puissance publique, manque d’encadrement des étudiant-e-s en particulier en sciences humaines et en droit ce qui a notamment pour conséquence un taux d’échec élevé en premier cycle dont sont victimes les personnes socialement et culturellement les plus fragiles, démoralisation des enseignants toujours plus absorbés par des tâches administratives multiples[2] et incapables d’accomplir dans de bonnes conditions les missions d’enseignement et de recherche qui sont les leurs, opacité des mécanismes de recrutement des enseignants-chercheurs et « poids croissant du localisme » auxquels s’ajoute une « concurrence » exacerbée « pour des postes raréfiés » en raison de restrictions budgétaires et d’une politique malthusienne qui ne s’est jamais démentie.

      Et les auteurs de rappeler ce paradoxe singulier. Alors que l’éducation et la scolarité des enfants sont des préoccupations majeures des familles dans un contexte de chômage de masse et de longue durée, de même la poursuite des études supérieures après l’obtention du baccalauréat, les responsables politiques ne s’inquiètent de l’état des universités, de la situation des étudiant-e-s, de celle des personnel-le-s administratifs et des enseignant-e-s qu’à l’occasion de mobilisations significatives et/ou de difficultés financières d’une particulière gravité en alternant mesurettes élaborées dans la précipitation pour rétablir le calme et poursuite des politiques de « rigueur. »

      Vingt-trois ans plus tard, la situation n’a cessé d’empirer et ce quels que soient les majorités à l’Assemblée nationale, les gouvernements en place et les présidents. Le quinquennat de François Hollande l’a confirmé. Qui se souvient des diaphanes secrétaires d’Etat à l’enseignement supérieur, Geneviève Fioraso d’abord, Thierry Mandon ensuite, et de leurs actions significatives en faveur des universités ? Après avoir servi avec docilité le fossoyeur en chef de la majorité présidentielle et du Parti socialiste, ils ont, comme beaucoup d’autres, disparu corps et bien avec la débâcle politique que l’on sait. A droite comme au sein de la défunte gauche gouvernementale, nonobstant de menues oppositions rhétoriques sans grandes conséquences pratiques, le budget de l’enseignement supérieur est depuis longtemps une variable d’ajustement toujours conçue comme une dépense, jamais comme un investissement à long terme exigeant une constance certaine dans l’allocation des ressources financières et humaines afin de bâtir des universités capables d’assurer de façon optimale leurs missions d’enseignement et de recherche.

      Aujourd’hui, les communicants affairés ont trouvé d’autres termes que celui de rigueur pour qualifier les orientations mises en œuvre. « Modernisation », « rationalisation » et désormais « Loi de programmation pluriannuelle de la recherche » (LPPR) présentée par le Premier ministre, Édouard Philippe pour, dixit les éléments de langage utilisés, « redonner à la recherche de la visibilité, de la liberté et des moyens. » A charge pour Frédérique Vidal, la transparente ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, de mettre en place « une vaste consultation de la communauté scientifique française » qui, selon elle, a déjà « imprimé en partie sa marque » sur ce projet. Après le soi-disant « Grand débat national » et la préparation de la loi sur les retraites, on sait ce qu’il en est des consultations présidentielles et gouvernementales : de grossières et bruyantes machineries prétendument démocratiques au service de l’imposition autoritaire des orientations décidées en haut lieu. Faire diversion, alimenter les medias et les bavards radiophoniques et télévisuels qui se pressent sur les plateaux, diviser autant qu’il est possible les forces en présence, tels sont les ressorts principaux de ces coûteuses mises en scène.

      Merci au président-directeur général du CNRS, Antoine Petit, d’avoir révélé ce que cache le ronflement sonore des formules précitées, et ce que trament Matignon et de Bercy, en se prononçant haut et fort en faveur d’une « loi ambitieuse, inégalitaire » et « darwinienne » (26 novembre 2019). Lumineux mais très inquiétant. De tels propos permettent de comprendre ceci : pour les néo-libéraux engagés dans la destruction des services publics en général et dans celle de l’enseignement supérieur en particulier, la liberté signifie lutte de tous contre tous pour obtenir des fonds publics et privés afin de financer la recherche, et renforcement des liens universités/entreprises pour les établissements qui le pourront et qui bénéficieront ainsi de sommes très substantielles. En témoigne l’implantation souhaitée du groupe pétrolier Total sur le campus de l’Ecole polytechnique où il finance déjà, à hauteur de 3,8 millions d’euros, une chaire d’enseignement intitulée : « Défis technologiques pour une énergie responsable. » Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour savoir que ceux qui tiennent les cordons de la bourse déterminent également le contenu des recherches et les usages qui en seront fait. Les ministres et les béni-oui-oui de la majorité présidentielle chantent les louanges de la « modernisation » et de la liberté retrouvée, il faut comprendre vassalisation et privatisation rampantes des activités de recherches, et paupérisation pour le plus grand nombre.

      Indignations subjectives ? Vérités objectives. A preuve. Combien de temps encore allons-nous tolérer la dégradation continue des universités de ce pays qui se trouve en huitième position pour les sommes consacrées à l’enseignement supérieur ? Rappelons que « la dépense intérieure d’éducation rapportée à la richesse a baissé de 7,7% à 6,7% entre 1996 et 2016. Cela veut dire que chaque année », la France « consacre une part moindre de sa richesse à la formation de la jeunesse. » (Sources Observatoire des inégalités et OCDE) Combien de temps encore allons-nous tolérer que 20 % les étudiant-e-s- et des jeunes de 18 à 24 ans vivent sous le seuil de pauvreté soit 3,6% de plus qu’en 2002 ? Combien de temps encore allons-nous tolérer que de 30 000 étudiant-e-s fréquentent les Restos du cœur faute de moyens financiers suffisants ? Combien de temps encore allons-nous tolérer que 13,5% des étudiant-e-s renoncent à des soins médicaux pour ne pas grever davantage leur budget ? Combien de temps encore allons-nous tolérer les ravages de la sélection sociale dans les établissements d’enseignements supérieurs auxquels accèdent seulement 11% des enfants d’ouvriers alors qu’ils représentent 30% des jeunes âgés de 18 à 23 ans ? Combien de temps encore allons-nous tolérer que 46% des étudiant-e-s travaillent pendant l’année universitaire au risque de compromettre sérieusement leurs études [3] ? Combien de temps encore allons-nous tolérer des amphithéâtres surchargés et des taux d’encadrement des étudiant-e-s qui découragent les plus faibles et sont les causes des nombreux échecs en premier cycle ?

      Combien de temps encore allons-nous tolérer l’obscénité ajoutée à l’horreur lorsque la ministre Frédérique Vidal, à la suite de l’immolation d’un étudiant de 22 ans devant le Centre régional des œuvres universitaires (Crous) de Lyon le 8 novembre 2019, propose comme solution, pour celles et ceux qui sont confrontés à de graves difficultés financières, la mise en place d’un numéro d’appel, payant qui plus est ? L’auteur du présent article a donc téléphoné pour savoir ce qu’il en était et il a découvert ceci : les étudiant-e-s concernés sont renvoyés aux services sociaux déjà existants et simplement informés de leurs droits. Telle est donc la réponse de ce gouvernement au 130 000 étudiants en situation de grande précarité. Combien de temps encore allons-nous tolérer l’augmentation constante des précaires parmi le personnel administratif et enseignant, et la baisse continue du nombre de postes de titulaires pour les seconds (3650 postes ont ainsi été perdus entre 2012 et 2018) ? Combien de temps encore allons-nous tolérer que des doctorants, au terme de leur contrat, utilisent leur allocation chômage pour achever leur thèse dans des conditions toujours plus difficiles ?

      Chacun-e- est libre de compléter cette liste qui n’est pas exhaustive, tant s’en faut. Derrière ces chiffres, il y a des dizaines de milliers de jeunes femmes et de jeunes hommes dont les espérances sont ruinées par cette politique qui transforme en destin social l’existence de ceux qui sont les moins préparés à affronter la massification et à la paupérisation de l’enseignement supérieur. Sordide et insupportable violence sociale et symbolique infligée aux plus démunis.

      La Loi de programmation pluriannuelle de la recherche défendue par le gouvernement ne concerne pas seulement les membres de l’enseignement supérieur. Parents, ce sont vos espoirs, vos efforts individuels et financiers, et l’avenir de vos enfants qui sont en jeu et qui risquent d’être plus encore mis à mal si ce projet liberticide et inégalitaire est adopté. De même pour les lycéen-ne-s et les étudiant-e-s. Ce sont de vos aspirations personnelles, universitaires et professionnelles dont il est question. La coordination des universités et des laboratoires en lutte a décidé de faire du 5 mars 2020 une journée de mobilisation nationale. Il est urgent de faire reculer ce gouvernement et le chef de l’Etat.

      O. Le Cour Grandmaison, université Paris-Saclay-Evry-Val-d’Essonne.

      [1]. ARESER, Quelques diagnostics et remèdes urgents pour une université en péril, Paris, Liber-Raisons d’Agir, 1997. Furent également associés F. Balibar (Paris-VII), C. Baudelot (ENS Ulm) et D. Roche ( Paris-I), notamment.

      [2]. En 1964, déjà, Paul Ricœur écrivait : « Il faut mettre fin à l’écrasement stupide des universitaires sous les tâches administratives, sinon ancillaires, à la monumentale bêtise du gaspillage d’énergie que le manque de moyens entraîne. » « Faire l’université. » In Lectures 1. Autour du politique, Paris, Seuil, 1991, p. 375. Le chef de l’Etat, qui a réussi à faire croire qu’il est un disciple de ce philosophe, serait bien inspiré de le lire au plus vite.

      [3]. « S’ils ne travaillaient pas les étudiants salariés auraient une probabilité plus élevée de 43 points de réussir leur année. » Enquête Insee du 19 novembre 2009. « L’impact du travail salarié des étudiants sur la réussite et la poursuite des études universitaires. » M. Beffy, D. Fougère et A. Maurel. https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=3&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwi554241rf

      https://blogs.mediapart.fr/olivier-le-cour-grandmaison/blog/040220/misere-des-universites-et-universites-de-la-misere
      #LPPR

      –—

      Sur la LPPR, voir cette métaliste :
      https://seenthis.net/messages/820330#message820388

  • Des foyers de travailleurs migrants abandonnés à leur triste sort pendant le confinement
    https://www.bastamag.net/Foyers-travailleurs-migrants-Covid19-insalubrite-Adoma

    Parqués dans des chambrettes insalubres et en sur-occupation, les résidents de plusieurs foyers de travailleurs migrants dénoncent l’indifférence des gestionnaires malgré l’épidémie. Au foyer de travailleurs migrants Romain-Rolland de Saint-Denis, au moins une dizaine de résidents avaient été contaminés mi-avril. Cinq personnes âgées seraient mortes du Covid-19, selon un communiqué des résidents. Les autres doivent financer eux-mêmes leurs masques et le gel hydroalcoolique. Pour la plupart construits (...) En bref

    / #Inégalités, #Migrations, #Classes_populaires, #Logement

  • Christophe Kerrero, le directeur de cabinet de Jean-Michel Blanquer siège à l’Ifrap
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/05/11052020Article637247793272742622.aspx

    Peut-on servir l’Etat et un organisme qui souhaite l’affaiblir ? Directeur de cabinet du ministre de l’éducation nationale, Christophe Kerrero est aussi membre du conseil scientifique de l’IFRAP, un lobby libéral très actif politiquement. Alors que l’Ifrap milite pour la réduction des effectifs de fonctionnaires, il est paradoxal de voir à la tête du ministère qui emploie la moitié des fonctionnaires d’Etat un responsable de cet organisme.
     
    Le "conseil scientifique" de l’Ifrap est une des instances dirigeantes de ce lobby. C Kerrero y siège aux cotés de Bernard Zimmern, fondateur de l’IFRAP, ancien membre du Club de l’Horloge et de plusieurs professeurs de l’ESCP Business School.
     
    Fondé par B Zimmern et JY Le Gallou, ancien président du FN, l’Ifrap s’est fait connaitre par son lobbying auprès des politiques, notamment des parlementaires, en faveur de thèses libérales. L’Ifrap a été déclaré d’utilité publique par F Fillon en 2009. Et en 2017, l’institut a soutenu le candidat, malheureux, des Républicains.

     
    En 2011, Franck Ramus, aujourd’hui membre du conseil scientifique de l’Education nationale, avait écrit que qualifier l’iFRAP « d’institut de recherche » est inadéquat car aucun des chercheurs examinés n’est détenteur d’un doctorat ou ni "n’a jamais publié le moindre article dans une revue internationale d’économie".
     
    Inspecteur général depuis 2012, ancien conseiller de Luc Chatel, Christophe Kerrero a été nommé directeur de cabinet de JM Blanquer en 2017. Après l’Institut Montaigne, proche du ministre, voici un second lobby ancré très a droite qui semble exercer son influence rue de Grenelle.

    #Ifrap #ministère #éducation

    • Depuis le terrible assassinat de Samuel Paty le 16 octobre dernier, le Ministre Blanquer a persévéré dans son discours ancré à l’extrême-droite et visant à fracturer la société et à pointer du doigt les organisations qui luttent contre les discriminations.
      https://visa-isa.org/fr/node/145968
      Dès 2017, le ministre Blanquer nommait Christophe Kerrero directeur de son cabinet. Kerrero est aussi membre du conseil scientifique de l’Ifrap, un lobby libéral qui milite pour la réduction des effectifs de fonctionnaires. L’Ifrap illustre bien les liens entre le libéralisme et l’extrême-droite puisque parmi ses fondateurs on trouve Jean-Yves Le Gallou, membre du Front national puis du MNR et co-fondateur club de l’Horloge, mais aussi Bernard Zimmern qui est également un ancien membre du Club de l’Horloge. Le club de l’Horloge est un cercle de pensée qui revendique le mariage entre le libéralisme de la droite traditionnelle avec le nationalisme de l’extrême-droite.

    • La démission du recteur de Paris charge Amélie Oudéa-Castéra
      https://www.cafepedagogique.net/2024/02/02/la-demission-du-recteur-de-paris-charge-amelie-oudea-castera

      Un recteur attaché à la mixité sociale ?

      Le programme parisien d’affectation en seconde #Affelnet, modifié par C Kerrero, suivi par Pauline Charousset et Julien Grenet (PSE), a effectivement amélioré la mixité sociale et scolaire dans les lycées parisiens. “Des établissements réputés comme Chaptal, Charlemagne ou Condorcet ont vu leur composition sociale et scolaire se rapprocher sensiblement de la moyenne, tandis qu’à l’inverse, des lycées historiquement moins cotés comme Henri Bergson, Edgard Quinet ou Voltaire ont connu une augmentation spectaculaire de leur IPS moyen et du niveau scolaire des admis“, écrivent-ils en bilan de cette action. Globalement l’indice de mixité sociale s’est amélioré dans les lycées publics.

      Mais ce programme connait aussi ses limites. Cette réforme d’Affelnet ne touche ni les #formations_élitistes (sections internationales, parcours artistiques etc.), ni les lycées publics les plus ségrégués ni les établissements privés. La ségrégation sociale et scolaire avait même augmenté en 2022 dans les lycées des beaux quartiers comme J de Sailly, Buffon, JB Say ou J de la Fontaine. Et puis il y a le privé. “Le fait que les lycées privés ne soient pas intégrés à la procédure Affelnet constitue sans doute l’obstacle le plus sérieux au renforcement de la mixité sociale et scolaire dans les lycées de la capitale“, écrivent Pauline Charousset et Julien Grenet. “Alors que les lycées publics accueillaient en moyenne 50% d’élèves de catégories sociales très favorisées à la rentrée 2022, cette proportion atteignait 78% dans les #lycées_privés. Ainsi la réforme d’Affelnet a amélioré la mixité de la plupart des lycéens du public parisien. Mais elle a préservé le séparatisme social des plus privilégiés qui se replient dans des établissements cotés ou dans le privé.

      Les PPPE, programme social ou de prolétarisation des enseignants ?

      Quant à l’ouverture des classes de PPPE elle suit des directives fixées sous JM Blanquer et prolongées par la suite. Dans ces classes, l’Education nationale pèse sur la formation des futurs enseignants en s’imposant à l’université. Sous prétexte d’ouverture sociale, il s’agit surtout d’avoir des enseignants formés aux devoirs des fonctionnaires davantage qu’aux libertés universitaires.

      Un recteur au passé chargé

      En mettant en avant cette dimension sociale, C. Kerrero alimente son image et son destin. Il a d’autant plus besoin de le faire que ses liens avec la droite la plus traditionaliste sont connus. Membre du “conseil scientifique” de l’IFRAP, un groupe de pression ultra conservateur, proche de SOS Education, il a dirigé durant trois ans le cabinet de JM Blanquer. Il y a violemment combattu les syndicats, les enseignants grévistes et a pris part aux croisades menées par JM Blanquer. Il avait aussi été membre du cabinet de Luc Chatel.

      En 2016, C Kerrero dénonçait “la décomposition pédagogiste” de l’École. Dans son ouvrage publié en 2017, Ecole, démocratie et société, C. Kerrero défend une École traditionnelle. Il dénonce “un certain pédagogisme qui privilégie des techniques d’enseignement formelles plutôt que le fond… Cela revient à saper l’autorité légitime du maitre… Le temps de l’éducation, et l’on entend par là celui qui correspond aujourd’hui à la scolarité obligatoire, doit donc être sanctuarisé“. Dans cet ouvrage il n’est pas question de mixité sociale mais de faire nation.

      Sa démission
      https://seenthis.net/messages/1039768
      https://seenthis.net/messages/1039924

      #école #ségrégation #ségrégation_scolaire #Paris #classes_préparatoires #enseignement_privé #groupes_de_niveau #ségrégation_sociale

  • Des « brigades de solidarité populaire » comme antidote au virus des inégalités
    https://www.bastamag.net/Brigade-solidarite-populaire-autodefense-sanitaire-anticapitalisme-antifas

    Des groupes d’habitants de Seine-Saint-Denis se sont formés dès le début du confinement pour récolter et distribuer colis alimentaires, produits d’hygiène et masques aux plus précaires. Une entraide concrète qui se veut aussi résolument politique. Reportage photos auprès des brigades populaires de solidarité du 93. « Auto-défense sanitaire », « Seul le peuple sauve le peuple », « Pas de retour à l’anormal », « Le 1er mai, le 93 en première ligne ». Ces slogans sont apparus le 1er mai sur des posters et (...) #Inventer

    / #Luttes_sociales, #Alternatives_concrètes, #Alternatives,_résistances_et_solidarités_en_Île-de-France, #Reportages, #Classes_populaires, #Fractures_sociales, A la (...)

  • Une chaîne humaine contre les violences policières dans les quartiers populaires
    https://www.bastamag.net/Une-chaine-humaine-contre-les-violences-policieres-dans-les-quartiers

    Une trentaine d’organisations, associations, collectifs, syndicats et partis politiques ainsi que des personnalités appellent à « une chaîne humaine contre les #Violences_policières » le jour du déconfinement, le 11 mai. Nous co-publions leur tribune avec le Bondy Blog, Mediapart, Politis et Regards. Suite à l’appel « La colère des quartiers populaires est légitime » nous appelons à une chaîne humaine contre les violences policières dans les quartiers populaires : Le 11 mai à 18h30 En respectant les gestes (...) ça bouge !

    / #Classes_populaires, Violences policières

    #ça_bouge_ !

  • À l’université Paris-8, étudiants et personnels s’organisent pour la survie des plus précaires
    https://www.bastamag.net/etudiants-boursiers-CROUS-distribution-alimentaire-universite-paris-8-etud

    Face à l’inertie des pouvoirs publics à l’égard des étudiants sans revenus, des distributions alimentaires sont organisées par plusieurs collectifs à Saint-Denis. Tous les mercredis, des étudiants de l’université Paris-8 attendent en file indienne sur le parvis de leur fac afin de recevoir des colis alimentaires. Des pâtes, du riz, du lait, des boîtes de conserve, des aliments secs, et des produits d’hygiène : chaque colis contient de quoi tenir un peu plus d’une semaine. Cette initiative vient répondre (...) En bref

    / #Classes_populaires, #Inégalités, #Education

  • Dans les quartiers populaires, imaginer le « monde d’après », n’en déplaise aux plus sincères, reste un luxe
    https://www.bastamag.net/quartiers-populaires-detresse-economique-sociale-crise-stigmatisation-poli

    « Dans les quartiers populaires, pour rêver de l’après, il faudrait déjà que le présent soit décent », écrivent, dans cette tribune, Mohamed Mechmache, du collectif « Pas Sans Nous », et plusieurs chercheurs travaillant sur ces territoires délaissés. Plutôt que de multiplier les mesures d’exception, ils appellent à reconnaître le pouvoir d’agir des habitants et à les associer à la construction d’un futur commun. Nous y sommes. Certains étaient sur qu’il arriverait. D’autres l’espéraient sans trop y croire. (...) #Débattre

    / #Fractures_sociales, A la une, #Classes_populaires, #Inégalités

  • Grâce à un élan de solidarité et à l’autogestion, les collectifs de quartiers nourrissent des milliers de Marseillais
    https://www.bastamag.net/McDo-requisitionne-collectifs-de-quartiers-distribution-colis-alimentaires

    Depuis le début du confinement, face à l’absence de réactivité des pouvoirs publics marseillais, plusieurs groupes de citoyens organisent des collectes et des distributions de nourriture au profit des personnes les plus touchées par le ralentissement économique. Un élan d’une impressionnante efficacité, indispensable alors que l’aide publique, arrivée tardivement, reste très insuffisante. Reportage On pourrait croire à un parcours d’obstacles de fortune, pour distraire les enfants pendant le confinement (...) #Inventer

    / A la une, Economie partagée et gratuité, #Reportages, #Classes_populaires, #Fractures_sociales, (...)

    #Economie_partagée_et_gratuité #Alimentation

  • Bordering under the corona virus pandemic

    In our recent book Bordering (Yuval-Davis, Wemyss & Cassidy, 2019), we discuss the paradoxical phenomenon that, under neoliberal globalisation, borders did not disappear but rather proliferated off-and in-shore, from consulates across the globe to everyday spaces like railways and places of work. We described the functioning of bordering as processes rather than static boundary lines that, like computer firewalls, are invisible to some, impermeable to many others. We showed the ways these have crucially contributed to multi-scalar – from the global to the local – inequalities and precarities, forcing more and more people to be precariously stuck in limbo grey borderzones with no possibility of building regular lives with civil, political and social rights.

    It is important to examine the ways the pandemic has affected these processes of everyday bordering, both locally and globally. Of course, it is far too early to know, or even predict, the longer-term transformations in bordering that the pandemic will bring. However, it is safe to say that, as after earlier major crises, such as 9/11 and the AIDS crises – to mention just two major transformatory crises in recent decades – the ‘new normal’ is not going to go back to how things were, in several major ways. Everyday bordering, from the lockdown of individuals in their homes to the lockdown of regional and national borders, is at the heart of the technologies of control used to try to contain the pandemic and it is thus hard to believe that free movement would be restored any time soon.

    Except that, as we’ve shown in our book, free movement has never been free for most people. Border controls have been operating like computers’ firewalls, invisible to some, blocking many others, with money and required skills for the neoliberal economy being the main facilitators. We can see these firewalls continuing to operate today as well – at different ends of the scale, the super-rich flying in private jets able to travel without being subject to the usual restrictions and seasonal workers from Eastern Europe being flown into the UK by the farming industry to ensure that fruit is being picked. Two weeks into the lockdown, the Home Office published its guidance for post-Brexit immigration rules aimed at preventing low paid workers – the key workers on which healthcare services are depending – from working in the UK.

    These are just some of the paradoxes of ‘lockdown’ and ‘social distancing’ policies. On the one hand, a neo-liberal governmentality that puts the onus of responsibility on the individuals, where people are required to isolate themselves at home and keep away from others, while others are forced to carry on working – not only because they fulfil essential medical, social and economic roles, but also because many of them would not get any money to live on if they stop working.

    This is just one of the intersectional growing inequalities impacts of everyday bordering. Given their disproportionate presence in frontline health and public services, the percentage of BAME people who have died under the pandemic is still unknown but feared to be to very high. Of course, this is not just due to the kind of jobs they do, but also their poor and crowded living conditions, as well as a distrust of governmental and scientific authorities which have not helped them in the past.

    In addition to unequal class and racialised effects, the lockdown bordering has also had a major gendered effect, such as a sharp rise in domestic violence, as can be expected when nuclear family members are locked down together.

    In our book we discussed the ways everyday bordering as a top down technology of control has been reinforced by and reinforces the growth of bottom up nativist extreme right movements, which have brought to power authoritarian rulers in many countries in the globe and arguably Brexit in the UK. Blaming and scapegoating the ‘Others’ have been a major multi-scalar reaction to the pandemic, from Trump calling the corona virus ‘the Chinese virus’, to social media blaming George Soros in the traditional antisemitic blood conspiracy theories, to street hate crimes, including health workers reporting abuse from strangers for leaving their homes.

    One of the positive ‘side effects’ of the lockdown has been the development and reinforcement of mutual aid groups in local communities. Neighbours have got to know each other, help elderly and vulnerable people with their shopping etc. However, the other side of the strengthening of local bonds has been the rejection of ‘others’. Local media report people crossing county borders’ violating lockdowns – Kent Online reported ‘Lockdown louts from London have been fined after once again invading the county’ and being found by ‘enforcement officers from the council who were patrolling the area’. This is aided by regional bordering policies, which in some countries, such as Italy, has meant the official closure of regional borders for non-essential traffic, while in the UK, Sussex police, for example, praised ‘the amazing community spirit across Sussex’, whilst noting that ‘Unfortunately, a small number of people from outside of the county deemed it appropriate to visit the area’.

    The aim of this blog post is not to oppose bordering policies in the age of the pandemic, but rather to argue that using it as almost the only counter-pandemic measure is dangerous, both at present and for the future.

    At present, we have seen that when voluntary lockdown policies are used, without mass testing and sufficient protective equipment for those who are not in isolation, they cost many lives as well as create psychological, social and economic hardships. In comparison, other states, including Germany and South Korea, have used mass testing and contact tracing to slow down the rate of infection.

    Moreover, these borderings, like the borderings we described in our book, are an intersection of political projects of governance and of belonging. Very few states, including Ireland and Portugal, have recognised all migrants to be full entitled members of society during the pandemic; only a few states have recognized the right of all members of societies for minimum income during the pandemic, and policies aimed at exclusion and deprivation of all those in national and global grey limbo zones endanger the lives of millions across the globe.

    Everyday bordering policies are evolving in which the surveillance of people is reaching sci-fi dimensions. Similar COVID-19 related technologies are being developed globally by authoritarian and liberal governments. While Israel has authorised counter-terrorism surveillance to track corona virus patients, compulsory colour-coded health apps determine whether individuals can travel in China, while Russia uses face recognition technologies to enforce self-isolation. In Hong Kong and Singapore, COVID 19 apps identify locations and contacts of individuals. European governments are copying these apps whilst also collecting telecom data and using drones to spot transgressors.

    Such developments combine with rumours and debates about national and global digital monitoring of vaccinations, adding force to Yuval Noah Harari’s speculations that the epidemic may normalise biometric surveillance with authorities becoming able to detect people’s emotions as well as their lifestyles and whereabouts. This would be the utmost paradox: a borderless world with the most tightly operated everyday bordering technology.


    https://acssmigration.wordpress.com/2020/04/20/bordering-under-the-corona-virus-pandemic-georgie-wemyss-and-nira-yuval-davis/amp/?__twitter_impression=true

    #frontières #coronavirus #covid-19 #bordering #frontiérisation #surveillance #frontières_mobiles #riches #pauvres #immobilité #hyper-mobilité #travailleurs_étrangers #confinement #responsabilité_individuelle #travail #inégalités #everyday_bordering #classes_sociales #inégalités_raciales #violence_domestique #altérité #solidarité #racisme #xénophobie #surveillance_biométrique #drones

    La conclusion autour d’un #paradoxe :

    This would be the utmost paradox: a borderless world with the most tightly operated everyday bordering technology.

    Pour @etraces :

    Everyday bordering policies are evolving in which the surveillance of people is reaching sci-fi dimensions. Similar COVID-19 related technologies are being developed globally by authoritarian and liberal governments. While Israel has authorised counter-terrorism surveillance to track corona virus patients, compulsory colour-coded health apps determine whether individuals can travel in China, while Russia uses face recognition technologies to enforce self-isolation. In Hong Kong and Singapore, COVID 19 apps identify locations and contacts of individuals. European governments are copying these apps whilst also collecting telecom data and using drones to spot transgressors.

    Pour @karine4 :

    Moreover, these borderings, like the borderings we described in our book, are an intersection of political projects of governance and of belonging. Very few states, including Ireland and Portugal, have recognised all migrants to be full entitled members of society during the pandemic; only a few states have recognized the right of all members of societies for minimum income during the pandemic, and policies aimed at exclusion and deprivation of all those in national and global grey limbo zones endanger the lives of millions across the globe.

    ping @isskein @mobileborders

  • En France, « le gouvernement ne répond pas aux associations qui l’alertent sur un nécessaire moratoire des loyers »
    https://www.bastamag.net/moratoire-des-loyers-APL-expulsion-angoisse-crise-immobiliere-droit-au-log

    De plus en plus d’habitants, dont les revenus sont amputés par l’arrêt partiel de l’économie, rencontrent des difficultés pour acquitter leur loyer. L’association Droit au #Logement interpelle le gouvernement pour qu’il prononce un moratoire. Voici son appel. De nombreux locataires ne travaillent plus et, malgré les dispositifs mis en place, affrontent une baisse voire une suppression de leur revenu : dispositifs de chômage partiel qui ne compensent pas la diminution du salaire, absence totale de (...) ça bouge !

    / #Luttes_sociales, #Classes_populaires, Logement

    #ça_bouge_ !

  • En Espagne, une grève des loyers pour « sauver les personnes et confiner les privilèges »
    https://www.bastamag.net/greve-des-loyers-Espagne-moratoire-sans-abris-droit-au-logement-expulsions

    En Espagne, le gouvernement a décidé de suspendre les expulsions et de réduire certains loyers. Estimant ces mesures insuffisantes, des associations ont décidé de lancer un appel à la grève des loyers. Elles réclament la réquisition des milliers de logements vides pour les sans abris et la restitution d’une partie des 65 milliards d’euros d’argent public qui ont sauvé les banques de la faillite après la crise financière. Au sein d’une #Europe qui peine à trouver une position commune face à la crise (...) #Résister

    / #Classes_populaires, #Logement, A la une, #Luttes_sociales, Europe

  • #Déconfinement_sélectif et #expérimentations_sanitaires : la #colère et le #dégoût

    La décision présidentielle de rouvrir les #écoles, #collèges et #lycées le 11 mai n’a dupé personne, que ce soit parmi les professeurs ou ailleurs : ce dont il s’agit, ce n’est pas de pallier les #inégalités_scolaires qu’engendrerait l’arrêt des cours, ce qui est l’argument officiel, mais tout bonnement de remettre les #parents au #travail. Que cette décision intervienne deux jours après les déclarations du président du #Medef invitant les #entrepreneurs à « relancer l’activité » sans plus attendre n’a sûrement rien d’un hasard du calendrier.

    Selon la méthode désormais classique des interventions présidentielles, le ministre #Blanquer est intervenu le lendemain pour « préciser les modalités » de cette #réouverture. Est alors apparu le caractère fonctionnel de ce qui pouvait n’être qu’un effet de discours parmi d’autres : la réouverture des écoles ne se fera pas d’un seul coup le 11 mai, mais d’abord dans les #quartiers_populaires et les #régions_rurales. La communication ministérielle joue elle aussi sur la corde compassionnelle, voire #humanitaire : « le premier critère est d’abord social, les publics les plus fragiles ».

    C’est donc ces « publics les plus fragiles » qui auront la chance de reprendre le travail en premier. Les autres, les moins fragiles, c’est-à-dire les plus favorisés, c’est-à-dire ceux qui télétravaillent actuellement depuis leur résidence secondaire en Dordogne pourront garder leurs enfants chez eux et rester à l’abri du virus. Entre ces deux catégories, tout un tas de gens se demandent encore à quelle sauce ils vont être mangés.

    Il est intéressant de noter que ce sont précisément ces « #publics_les_plus_fragiles » qui se trouvaient déjà être au travail, que c’est parmi ces « publics » que se trouvent ceux pour lesquels la période du confinement n’aura jamais signifié un arrêt de l’activité. La différence est qu’il s’agit là de poser les condition d’une réouverture générale de cet indispensable vivier de #main-d’œuvre bon marché que sont les quartiers populaires, de remettre tout le monde au travail.

    C’est donc encore une fois sur les plus pauvres que la #politique_compassionnelle toute particulière du gouvernement va venir s’abattre, comme un fléau supplémentaire.

    Cette politique peut et doit se lire à plusieurs niveaux, puisque ce qui caractérise toute crise véritable de la totalité capitaliste c’est son existence simultanée à tous les niveaux de cette totalité. Ici, il s’agit d’une #crise_sanitaire qui existe dans ses effets comme dans la gestion de ceux-ci aux niveaux politique, économique, social, etc.

    Les considérations d’ordre purement sanitaires sont alors intégrées à la chaîne des décisions politiques, à leur niveau particulier, et conditionnées à la logique d’ensemble de ces décisions, qui est d’ordre économique et social. La #recherche_scientifique elle-même intervient à son niveau dans la production des savoirs permettant de formuler les doctrines, les thèses étant sélectionnées non tant en raison de leur rigueur que de leur utilité pratique dans les décisions qui fondent l’action de l’Etat. Le but étant de préserver l’ordre économique et social, c’est-à-dire prioritairement, dans le cas qui nous concerne, de relancer l’#activité_économique sur laquelle repose l’ensemble social.

    Mais s’il s’agit bien, d’un point de vue économique, de remettre les gens au travail, et en particulier les plus pauvres, qui sont aussi ceux dont le travail ne peut se faire par internet, qui doivent mettre les mains à la pâte et au mortier, cette remise au travail n’est pas dépourvue d’arrière-pensées d’ordre sanitaire, qui ne sont pas sur la vie des prolétaires d’un meilleur effet que les considérations purement économiques.

    Ces arrière-pensées ne sont pas mises en avant dans les discours du gouvernement, puisque le discours public reste aujourd’hui celui de « la santé d’abord », ce que tout le monde entend comme la santé de chacun. Le problème est que la « santé » qui est contenue dans le terme « sanitaire » n’a pas le même sens pour nous en tant qu’individus que pour l’Etat qui se trouve être en charge de sa gestion : il s’agit alors de « santé publique », ce qui est d’un tout autre ordre que la santé tout court, celle que l’on se souhaite pour la nouvelle année. Dans cette optique, la santé publique est une chose toute différente de l’activité qui a pour finalité de soigner des gens. Les soignants font l’expérience quotidienne de cette différence. Pour eux comme pour les malades, et pour tous ceux qui doivent travailler quotidiennement au risque de contracter et transmettre le virus, ce sont tout autant les défaillances bien réelles de la gestion sanitaire de la crise qu’il nous faut redouter, que la pleine prise en charge de cette même gestion.

    En l’occurrence, pour l’Etat français, la doctrine officielle reste celle mise en œuvre par l’Etat chinois (qui s’embarrasse moins de discours compassionnels), qui est aussi préconisée par l’OMS et par son propre Conseil scientifique : celle du confinement des populations. Le virus circulant à travers les contacts individuels, il s’agit de limiter ces contacts. L’autre doctrine est celle de l’immunité collective, qui reste cependant valable, mais à condition de disposer des vaccins nécessaires, comme pour une grippe ordinaire ; on vaccine les plus fragiles, on laisse le virus courir dans le reste de la population, qui finit par s’immuniser à son contact répété. En revanche, sans vaccin ni traitement efficace, si on laisse courir le virus en espérant obtenir une immunité de masse, il faut s’attendre selon les projections, à un bilan de 40 à 80 millions de morts à l’échelle planétaire, ce qui est insoutenable en termes économiques, sanitaires, et sociaux.

    Cependant, l’activité économique ne peut pas cesser totalement en attendant qu’on dispose des traitements et vaccins nécessaires. Il faut donc pour l’Etat qui est en charge de cette crise trouver des solutions intermédiaires, qui combinent les nécessités sanitaires et les nécessités économiques.

    Actuellement, le niveau de contamination dans la population française est environ de 10%, pour obtenir une immunité collective il faudrait atteindre un seuil de 60%, on voit qu’on est loin du compte.

    En revanche, les « publics les plus fragiles » sont ceux qui ont été le plus touchés par le virus, et ce non pas seulement en raison d’une surmortalité liée à des cofacteurs tels que problèmes cardio-vasculaires et autres pathologies qui se retrouvent parmi des populations dont l’état sanitaire est déjà dégradé, voire aux problèmes liés au mal-logement, etc., mais d’abord parce que ces populations n’ont jamais véritablement cessé de travailler. En clair, s’ils ont été les plus frappés c’est qu’ils ont été les plus exposés. Mais, outre d’en faire un « public » particulièrement frappé, cela crée aussi des zones sociales où le niveau de contamination dépasse largement les 10% nationaux.

    C’est pour cela qu’on peut se demander si le gouvernement ne serait pas en train de mener sur ces territoires (en gros, sur les banlieues) une expérimentation socio-sanitaire in vivo, c’est-à-dire à tenter d’obtenir une immunité de masse, ou en tout cas de voir si cette immunité est possible, dans quelles conditions et à quel coût sanitaire, et ce sur les dos des plus pauvres. On voit ici que cette expérimentation est rendue à la fois possible par les seuils de contamination induits par la pauvreté dans ces zones, et nécessaire par la demande pressante de reprendre la production, et donc de libérer de la main-d’œuvre.

    C’est la doctrine du stop and go, alternative au pur et simple laisser-faire cher aux libéraux qui est ici testée sur les habitants des quartiers populaires : une fois passé le premier pic épidémique et les capacités de soin désengorgées, on fait redémarrer l’activité, en sachant que des recontaminations vont avoir lieu, et qu’un nouveau pic épidémique va se produire, et on renouvelle l’opération jusqu’à absorption du virus par la population. Il faut simplement souligner que cette méthode est uniquement théorique, et qu’elle repose sur l’hypothèse que ce virus réagisse comme ceux sur lesquels on l’a bâtie. Et que donc, on ne sait pas si cela va fonctionner, d’où le caractère expérimental de la chose.

    Par ailleurs, avant même d’avoir des réponses sur la possibilité d’obtenir une immunité de masse à un coût sanitaire acceptable, la réouverture des écoles en milieu rural revient à ouvrir la vanne du virus sur des régions qui ont été jusqu’ici peu touchées, en espérant que la protection par masques et gel et le fait de maintenir les plus fragiles en confinement (personnes âgées et personnes souffrant de pathologies entraînant une surmortalité) suffira à limiter la casse.

    On assiste donc ici à un zonage socio-sanitaire de l’extension du virus. Ce zonage suit une logique à la fois sanitaire, politique et économique. On voit ici à quel point la logique sanitaire ne recouvre pas celle de la santé des individus, ni même une logique scientifique relevant d’une gestion épidémiologique de cette crise. La logique ici à l’œuvre est celle de la gestion de la population par l’Etat, et si on voit à quel point cette gestion convient aux impératifs économiques dont l’Etat est le garant, il faut aussi comprendre les a priori sociaux qui se cachent derrière cette gestion. Il apparaît ici qu’en cas d’un deuxième pic épidémique, l’Etat a choisi de placer en « première ligne » des populations qu’on peut qualifier de son point de vue d’expendable, et vis à vis desquelles au cas où le déconfinement donnerait lieu à des mouvements de protestation comme c’est déjà le cas un peu partout, une réponse autoritaire serait facile à justifier et à mettre en œuvre, puisqu’on la mène déjà au quotidien. Le caractère expérimental de ce déconfinement sélectif intègre la possibilités des révoltes comme une variable supplémentaire.

    On ne détaillera pas ici à quel point ce sont les plus « fragiles socialement » qui ont été le plus touchés par les conséquences de l’épidémie de Covid-19, avec quelle perversion logique le désastre s’articule chez les plus pauvres pour devenir plus désastreux encore, ni à quel point les conséquences se sont pour eux fait sentir à tous niveaux : pour les femmes, par l’accroissement des violences conjugales et la responsabilité accrue de la reproduction familiale occasionnée à l’échelle mondiale par le chômage, le manque de ressources, la maladie, pour les racisés (on connaît l’effrayante disproportion raciale des décès liés au Covid-19 aux Etats-Unis), pour les prisonniers et les réfugiés, pour les travailleurs les plus précaires, etc. Il faudra y revenir par ailleurs. Il nous fallait dire ici, contre ceux qui veulent « sauver le système de santé », que la sollicitude sanitaire de l’Etat est aussi terrible pour les prolétaires que ses défaillances, et que cette fameuse économie censée être source de tous les maux.

    Tout cela devra être précisé. Pour l’heure on se contentera de dire ce que l’utilisation de cette « fragilité » aux fins d’un retour à la normale qui est lui-même ce qui engendre et justifie ces « fragilités », nous inspire de colère et de dégoût.

    https://carbureblog.com/2020/04/16/deconfinement-selectif-et-experimentations-sanitaires-la-colere-et-le-d
    #déconfinement #confinement #France #11_mai #classes_sociales #inégalités #télétravail #santé_publique #gestion_sanitaire #défaillances #vaccin #immunité_de_groupe #immunité_collective #banlieues #expérimentation #stop_and_go #pic_épidémique #zonage_socio-sanitaire #géographie #gestion_de_la_population #pauvres #fragilité
    via @isskein et @reka

  • Le Covid-19 est-il raciste ? - La Perm’ #14 (Rokhaya Diallo, Norman Ajari, Patrick Simon)
    https://www.youtube.com/watch?v=0Ofhr_IpC2U

    Quatorzième édition de La Perm’, consacrée aux inégalités raciales face au #Covid19. Pour en discuter nous avons le plaisir de recevoir :
    Norman Ajari, philosophe, professeur à Villanova University (USA), militant décolonial et membre du Parti des Indigènes de la République, il est l’auteur de « La dignité ou la mort. Ethique et politique de la race » (La Découverte, 2019)
    Rokhaya Diallo, journaliste, militante anti-raciste et féministe, elle est l’auteure de plusieurs livres dont « Racisme : mode d’emploi » (Larousse, 2011), ou dernièrement « Ne reste pas à ta place ! » (Marabout 2019) et « La France, tu l’aimes ou tu la fermes ? » (Textuel, 2019)
    Patrick Simon, directeur de recherche à l’INED, spécialiste des questions de la socio-démographie des minorités, de la discrimination raciale, de la division sociale et ethnique de l’espace etc. et co-auteur, notamment, de « Trajectoires et origines. Enquête sur la diversité ds populations en France » (Ined, 2015)

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