• Sanitas en objets : le mépris du peuple illustré par l’art contemporain
    http://tours.mediaslibres.org/sanitas-en-objets-le-mepris-du.html

    A Tours, mépris municipal de classe et art pompier « engagé » à l’assaut d’un quartier populaire.

    Depuis 2009, un artiste réalise des objets dérivés du quartier du Sanitas afin, dit-il, d’en magnifier l’identité. Mais de la Sanitasse au Saniplat, ces objets traduisent surtout un certain mépris du peuple et de ses lieux de vie.

    (...)

    L’art officiel est une des armes les plus efficaces en termes de domination. Il permet d’imposer à l’autre ses goûts, ses préférences et permet aux dominants d’assoir leur domination sur une base symbolique. Sous couvert de démocratisation de la culture, nombreuses sont les politiques à destination des classes populaires qui viennent ainsi édicter les « bonnes » pratiques culturelles, c’est-à-dire celles qui sont proposées et validées par le pouvoir en place, et exclure de ce fait toutes celles qui sont pensées et réalisées par et pour le bas peuple. Il est certain qu’employer un artiste en résidence est moins risqué pour une mairie que de favoriser et de valoriser l’expression libre de ses habitants. Il est symptomatique que, dans une ville dirigée par un maire issu d’un parti politique donc la figure de référence est progressivement passée de l’ouvrier à l’artiste, une initiative telle que "Sanitas en objets" se déroule dans le dernier quartier populaire du centre-ville.

    #art #culture #classes_populaires #Sanitas

    • Impressionnant.

      Le sanishirt et la sanisoie (une écharpe) reprennent un même motif qui se compose des noms de quartiers, situés dans d’autres départements, présentés par Nicolas Simarik comme « similaires au Sanitas (…) quartiers CUCS, quartiers ZUP, quartiers ZEP », bref « des quartiers sensibles ». On imagine qu’aux yeux de l’artiste c’est dans cette sensibilité que se trouve l’identité du quartier, une identité qui serait tellement forte que d’autres lui seraient « similaires ».

      On comprend aussi qu’en tant que quartier sensible, le Sanitas trouve plus facilement sa place dans un groupe de quartiers de grands ensembles que dans un autre qui contiendrait aussi les noms de Prébendes, Velpeau ou Febvotte… on ne mélange pas les torchons avec les serviettes ! A ce propos, signalons à Nicolas Simarik que le rond de serviette manque cruellement à sa collection ; on propose un motif à base de digicodes pour rendre hommage à ceux installés récemment dans le cadre de la politique de résidentialisation du quartier.

      Le dessous de plat que le quartier lui a inspiré, le « Saniplat », montre effectivement une inspiration au plus proche de la vie et des questionnements des habitants :
      http://www.youtube.com/watch?v=I6vc90q-eaw

  • « La crise économique est une guerre comme les autres » (Jacques Attali)
    http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20131219trib000801871/la-crise-economique-est-une-guerre-comme-les-autres-jacques-attali.html

    Un grand pays ne peut conduire de grandes réformes, pour juguler une crise économiques, que s’il emploie les mêmes moyens que ceux qu’il emploie pour mener un conflit armé :
    Une analyse claire des forces en présence, un chef déterminé , un but de guerre clairement énoncé, la construction d’un consensus national aussi large que possible, sur ce but de guerre. Et l’analyse lucide des pertes tolérables.

    Ben voilà, ça a le mérite d’être clair.
    Cela dit, vu qu’on est en première ligne, on le sait depuis un moment qu’il s’agit d’une putain de #guerre, la guerre des #classes et que les riches n’ont pas l’intention de faire de prisonniers !

  • Peut-on être islamophobe tout en se croyant antiraciste ?
    http://www.bastamag.net/Peut-on-etre-islamophobe-tout-en

    Augmentation des agressions et des #Discriminations, amalgames toujours plus fréquents entre islam, intégrismes et terrorismes, loi interdisant certaines pratiques religieuses… L’islamophobie est bien une réalité en France. Pire : « Pour beaucoup de gens, l’islamophobie est justifiée comme un combat nécessaire », y compris à gauche, expliquent les sociologues Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat. Ils analysent la montée et les ressorts de cette islamophobie à la française, alors qu’ailleurs en Europe les (...)

    #Résister

    / #A_la_une, #Atteintes_aux_libertés, Discriminations, #Classes_populaires, #Entretiens

    • @lieuxcommuns : le problème c’est quand ces antiracistes n’assument pas leur islamophobie en tant que telle, et que dans leur expression on ne distingue pas bien s’il s’agit d’une phobie de la frange intégriste de l’Islam qui fait de l’activisme politique, d’une phobie de l’Islam en tant que nébuleuse religieuse, ou d’une phobie des musulmans. C’est cette confusion apparente qui pose problème, car en trahissant une hostilité certaine contre les pratiquants de la religion musulmane, on ne voit pas bien ce qui distingue ces anti-racistes des racistes tout courts...

  • Banlieues : les oubliés de l’héroïne
    http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2013/11/30/banlieues-les-oublies-de-l-heroine_3523129_3208.html

    C’est pas trop tôt :

    A l’image de Nasser et Nordine, ils sont des milliers à avoir succombé sans bruit. Mais aucune statistique, aucun rapport des autorités de santé n’a jamais rien dit de cette hécatombe. Peu de chercheurs se sont intéressés à ce cocktail explosif – drogue, sida, banlieue, immigration. Les choses sont peut-être en train de changer. Deux sociologues spécialistes des toxicomanies, Anne Coppel et Michel Kokoreff, viennent d’obtenir le financement d’une « Histoire de l’héroïne » par l’Agence nationale de la recherche. Pour parvenir à établir enfin une photographie de ce qu’ils appellent la « catastrophe invisible », qu’ils tentent depuis des années de comprendre.

    Tu te souviens de la fin des années 80 ? Et des seringues partout ?

    #histoire #drogues #social #classes_sociales #heroine

  • Cette question des privilèges est intéressante, parce que ce sont ceux qui en ont le moins qui y tiennent le plus. Les working class anglais sont d’autant plus racistes que leur privilège de blancs est bien la seule chose qui les distingue de leurs collègues noirs, tout aussi exploités et méprisés. Les prolos homophobes sont d’autant plus attachés à leurs privilèges d’hétérosexuels que c’est bien un des seuls dont ils peuvent encore jouir en 2013.

    [...] Si Marine et Geert étaient vraiment sincères, voici ce qu’ils nous diraient :

    « Venez à nous, prolétaires racistes, catholiques homophobes, populasse déclassée et triste, nous ferons semblant de vous défendre tout en collaborant avec la droite libérale et ceux qui ont de vrais privilèges sonnants et trébuchants. Venez donc ! Elisez-nous contre les nègres grincheux et les pédés vindicatifs, nous célébrerons vos privilèges imaginaires en nous goinfrant de postes intéressants et d’honneurs inaccessibles pour vous ! Allez-y ! Rassemblement Bleu Marine, les Pays-Bas aux Hollandais, sus à l’islam et à l’UMPS ! »

    http://www.slate.fr/tribune/79881/le-pen-racisme-pays-bas-Zwarte-Piet-Christiane-Taubira-minorites
    #culture #racisme #classes_sociales

  • Anne Clerval : « Le discours sur la mixité sociale a remplacé la lutte des classes » | Humanite
    http://www.humanite.fr/tribunes/551401
    via @le_bougnoulosophe

    Proximité spatiale ne signifie pas #redistribution des richesses. Elle accroît même, parfois, les difficultés. Les familles populaires installées dans les logements sociaux construits en bas des Champs-Élysées, en plein cœur du 16e arrondissement, pour beaucoup d’origine africaine, se heurtent à un #racisme bien plus important qu’ailleurs, et perdent des liens sociaux nécessaires pour résister à la crise. L’éviction et la dispersion des #classes_populaires vers la périphérie entraînent aussi la perte d’un précieux capital social, des réseaux de #solidarité, voire des réseaux militants, particulièrement denses dans la ville-centre et certaines communes de proche banlieue. Aujourd’hui, l’injonction au #vivre_ensemble et la #mixité_sociale ont remplacé la lutte des classes. Ce ne sont que les succédanés contemporains de la collaboration de classe et de la justification d’un ordre social inégalitaire prônées par le catholicisme social au XIXe siècle pour concurrencer le socialisme. L’hégémonie de ce discours et l’ethnicisation croissante des questions sociales désarment les classes populaires face à la gentrification, et compliquent le développement d’une solidarité de classe. Il n’y a pas de ghettos, ni de ghettoïsation, mais une paupérisation considérable des classes populaires dans le nouveau régime capitaliste d’accumulation flexible. La concentration spatiale des classes populaires a au contraire été historiquement un support d’#émancipation par la révolte et la révolution, comme les quartiers noirs états-uniens ont été la base du mouvement pour les droits civiques : à charge d’une gauche de gauche de prendre au sérieux les ferments actuels de révolte dans ces quartiers au lieu de vouloir les supprimer.

  • Article11 - Hervé Kempf : « Ce que nous vivons n’est pas la crise, mais la mutation de sortie du capitalisme. » - 13 janvier 2009 - JBB
    http://www.article11.info/?Herve-Kempf-Ce-que-nous-vivons-n#a_titre

    Ce n’est pas à la mère célibataire qui gagne 800 € par mois comme caissière, trois jours par semaine et avec des horaires impossibles, qu’il faut demander de réduire sa #consommation d’énergie. On a là un enjeu de #justice_sociale. D’ailleurs, la consommation d’énergie et de matière augmentent selon le gradient des revenus. Réduire collectivement la consommation d’énergie, c’est réduire beaucoup plus fortement celle des plus riches. D’une part parce qu’il est logique de leur demander plus d’effort, puisque ce sont eux qui consomment le plus. Ensuite, cela permettra aux #classes_moyennes, qui devront porter le gros de la réduction de la consommation, de l’accepter plus facilement. Enfin, cela changera le modèle : pour l’instant, les super-riches définissent pour la société un modèle général de surconsommation ostentatoire ; ils sont les premiers acheteurs de tous ces objets superflus et très sophistiqués que la classe moyenne tente ensuite d’acquérir afin de les imiter. Si on change la façon dont se comporte la couche sociale au sommet de la société, on change le modèle général de la consommation.

    Une deuxième chose, essentielle : on est dans une société qui a très largement substitué des consommations matérielles à du #lien_social. Prenons l’exemple de ce café où nous nous trouvons et qui affiche fièrement des écrans plats au mur. Il faut se demander pourquoi : si nous voyons de plus en plus d’écrans plats dans les cafés, c’est aussi parce qu’ils sont beaucoup moins qu’auparavant un lieu de lien social. Vous avez beaucoup de gens maintenant qui viennent dans les cafés pour boire un coup tout seul. Et comme ils s’ennuient et que ce n’est pas forcément facile de parler à son voisin, ils regardent la télé… C’est un exemple qui illustre l’aliénation culturelle dans laquelle nous sommes plongés : un monde où règne l’#individualisme, où nous consommons pour compenser notre manque d’échange, notre frustration affective.

    Dernier point : dans un système qui ne cesse de réduire les services collectifs – la politique de Sarkozy est en la matière caricaturale - , la crise – ou la grande transformation – est l’occasion de changer notre étalonnage de valeurs. Et de souligner qu’il faut mieux avoir un bon système éducatif qu’un écran plat, un système de #transports en commun performant qu’une deuxième #voiture, un accès gratuit au musée ou au théâtre plutôt qu’une télé inondée de pubs. Cette substitution de besoins devient peu à peu claire dans la tête des gens.

    Tout ça mis ensemble… Il faut le vivre de manière positive. Ce n’est pas « la #crise est l’occasion de… », puisque elle s’impose aux gens. Mais : ce que nous vivons est une grande transformation que nous pouvons collectivement nous approprier, que nous pouvons prendre en main pour changer la société et nous-mêmes, en allant vers davantage d’écologie et de justice sociale. Cette grande transformation implique un changement politique. Mais nous avons à trouver la stratégie politique qui permettra de chambouler l’#oligarchie, de changer le rapport de forces.

  • Richard Wilkinson : « Les inégalités nuisent à tous, y compris aux plus aisés » | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/10/20/richard-wilkinson-les-inegalites-nuisent-a-tous-y-compris-plus-aises-246731

    L’épidémiologiste anglais Richard Wilkinson travaille depuis longtemps sur le lien entre les conditions sociales et la santé. Ses recherches l’ont amené à faire une découverte : les inégalités de revenus aggravent une grande partie des maux sanitaires et sociaux d’une société (la maladie, la drogue, la délinquance, la défiance, le nombre de grossesses chez les adolescentes). On peut tirer diverses conclusions de ces travaux :

    l’enrichissement d’un pays s’accompagne d’une détérioration de sa situation sanitaire et sociale si seuls les riches deviennent plus riches ;
    à revenu moyen identique, une population marquée par les inégalités souffre nettement plus qu’une population plus égalitaire ;
    les inégalités n’affectent pas que les pauvres : même la santé des plus aisés est plus fragile dans une société inégalitaire !
    Pourquoi ? Parce qu’une société inégale génère des rapports plus stressants, plus violents, entre les hommes.

    Richard Wilkinson en a fait la démonstration dans un livre coécrit avec une de ses collègues, Kate Pickett. Publié en 2009, il a été traduit en 23 langues et vendu à 200 000 exemplaires. Il vient d’être publié en France sous le titre « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous » (éd. Les Petits matins - Institut Veblen). Entretien.

    lire > « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous » (éd. Les Petits matins - Institut Veblen).

    #société
    #inégalité
    #économie
    #classes-sociales

    • Belle approche et on n’est pas au bout de nos surprises si on cherche à calculer le coût réel de l’inégalité...

      C’est le paradoxe du chateau-fort : dans une société de plus en plus médiévale, dans lequel quelques seigneurs accumulent de la richesse au détriment des autres, la richesse finit par compromettre leur liberté et leur confort. Ils vont devoir consacrer une part toujours plus importante de leur richesse à s’isoler, se protéger, s’enfermer dans une forteresse toujours plus étanche au reste de la société, le monde « libre » devenant un coupe-gorges...

      La surprise, c’est qu’ils ne s’aggravent pas seulement chez les pauvres : les inégalités nuisent à l’ensemble de la population, y compris aux plus aisés. Il est difficile de savoir ce qui se passe chez les super-riches, mais on peut constater que tous les autres, les 95%, se portent tous mieux quand les inégalités sont plus réduites.

      Comment pouvez-vous être sûr du sens de la causalité ? Problèmes sociaux et inégalités pourraient simplement avoir une cause commune...

      Ce que des études ont montré, c’est que des changements dans l’importance des inégalités ont un impact sanitaire et social quelques années plus tard. Ce décalage dans le temps montre bien qu’il existe une causalité.

      Si vous écartez les inégalités, quelle est la raison pour laquelle selon vous les Etats-Unis ont une espérance de vie plus basse que la plupart des autres pays développés ? Mais aussi plus de prisonniers ? Plus de violence ? Plus de naissances chez les adolescentes ? Plus de problèmes psychiatriques ? Et pourquoi des pays comme les pays scandinaves ont de bien meilleurs résultats sur tous ces tableaux ? Il est très difficile de trouver une autre cause qui aurait une influence sur autant de maux différents.

      (...)

      Les hommes politiques veulent tous créer une société sans classes, mais vous ne pouvez pas faire cela sans réduire les inégalités de revenus. Parce que ces différences matérielles sont celles qui forment la matrice des classes sociales. Ce sont elles qui créent la distance sociale, ce sentiment des uns d’être puissants et intelligents et le sentiment des autres d’être dominés.

  • Pourquoi ne se révolte-t-on pas ? Pourquoi se révolte-t-on ? | Contretemps
    http://www.contretemps.eu/interventions/pourquoi-ne-se-révolte-t-pas-pourquoi-se-révolte-t

    Ce pessimisme est renforcé par le malaise que suscite chez nombre de philosophes de Francfort réfugiés aux Etats-Unis la rencontre de la #société américaine, dont les #classes populaires semblent accepter l’#exploitation dont elles font l’objet. Ce phénomène est mis sur le compte de mécanismes psycho sociologiques complexes, conduisant à l’intériorisation par les acteurs des valeurs au nom desquelles ils sont exploités. Les philosophes de Francfort, notamment Adorno et Marcuse, mettent l’accent, plus particulièrement, sur le rôle joué dans la société américaine par l’industrie culturelle, le cinéma, les #médias, la #culture de masse, etc. et sur des processus d’acceptation de l’autorité qui passent par la répression sexuelle durant la prime #éducation. Pour un penseur comme Marcuse, le modèle de #domination qui s’est mis en place aux Etat-Unis n’est pas moins #totalitaire que ne le sont le fascisme ou le stalinisme même s’il s’effectue par des moyens moins violents et semble compatible avec des idéaux qui se réclament de la #démocratie. C’est au cours de ces réflexions que se met en place une interprétation de la #violence sociale qui sera reprise et réélaborée par Pierre Bourdieu. Pour comprendre la violence, il ne suffit pas de prendre en compte la violence physique patente, mais aussi la violence symbolique qui aboutit à des résultats similaires, mais de façon dissimulée et avec une acceptation au moins apparente de ceux qui subissent cette violence.

    Vingt ans plus tard, un problème similaire s’est posé à la #sociologie critique française des années 1960-1970. Au début des années 1960, un thème joue un rôle très important dans la sociologie conservatrice et/ou de #gauche sociale-démocrate. C’est le thème de la fin des idéologies, développé notamment en France par Raymond Aron. Et celui de la fin de la lutte des classes. Selon ces théoriciens conservateurs, le monde occidental est entré dans une « société de l’abondance », qui annonce la dissolution progressive des classes sociales (au profit d’une grande classe moyenne) et l’affaiblissement des luttes de classes. Des sociologues, comme l’anglais John Goldthorpe, décrivent ainsi le nouvel ouvrier de la société de l’abondance, qui a abandonné le projet d’émancipation par la révolution, au profit d’efforts visant à s’intégrer à la société sociale-démocrate, combinaison d’étatisme et de marché, par le truchement de l’école, par la mobilité sociale et par l’accès à la #consommation.

    La sociologie critique, qui se redéploie au cours des années 1960-1970, cherchera des arguments pour contrecarrer ce schème. Elle cherchera à montrer que les inégalités et la domination sont toujours aussi importantes. Mais elle doit aussi expliquer pourquoi ces #inégalités et cette domination n’entraînent pas un niveau plus élevé de contestation et de révolte. C’est dans ce contexte de lutte idéologique que se mettent en place les nouvelles théories de la domination qui mettent l’accent sur le rôle joué par les institutions culturelles et, particulièrement, par l’école, sur les processus de diffusion et d’intériorisation de la violence symbolique.

    C’est, au moins pour une part, par rapport à ce genre de problème qu’il faut comprendre certains des concepts développés par Pierre Bourdieu, particulièrement à propos de l’école, comme ceux de légitimité, de culture légitime et d’intériorisation de la domination. Pour dire vite, l’un des effets de l’inculcation scolaire serait d’amener les acteurs à intérioriser et même à incorporer les schèmes d’une culture légitime. Or, c’est par l’intermédiaire de cette intériorisation et de cette incorporation de la culture légitime que les acteurs dominés en viendraient à accepter comme normale la domination dont ils font l’objet.

  • Classes préparatoires. La fabrique d’une jeunesse dominante (Muriel Darmon)
    http://lectures.revues.org/12050

    Au travers d’une analyse très originale de l’"institution préparatoire", Muriel Darmon nous montre quels types de sujets y sont « fabriqués ». Elle met ainsi au jour les dispositifs de pouvoir qui s’y exercent, la manière dont l’institution produit une certaine forme de violence envers les élèves tout en étant soucieuse de leur bien-être, comment elle opère en individualisant à l’extrême plutôt qu’en homogénéisant et comment, ce faisant, elle renforce sa prise sur les individus.
    L’enjeu est de transformer les élèves en « maîtres du temps », aimant gérer l’urgence et haïssant les temps morts, et de leur faire intégrer un savoir critique légitime tout en valorisant leur capacité à appliquer des « recettes ». Ce faisant, c’est aussi à devenir dominant, à s’adapter aux nouvelles exigences du monde du travail et à y occuper des positions élevées que les prépas forment la jeunesse.

    #éducation #classes_préparatoires #inégalités #élitisme

  • De la révolte comme d’un art appliqué aux barricades / Hazan, Kamo, Zizek, Horvat

    http://strassdelaphilosophie.blogspot.fr/2013/09/de-la-revolte-comme-dun-art-applique.html

    La rentrée se décline sur le mode croisé de la révolte appelée par #Eric_Hazan, #Kamo, #Slavoj_Zizek et #Srecko_Horvat. La #barricade en serait comme une scène possible, celle de toute #insurrection : un #objet #rebelle à nos savoirs, à nos catégories de rangement. Elle n’entre en aucune classe, hors classe et hors #genre. Si d’habitude un objet s’inclut dans un #ensemble qui le collecte ou qui prend le nom d’une collection, la barricade se compose de choses tout à fait #réfractaires à une mise en ordre de ce qui se laisse #ordonner selon un #concept. Elle est faite de barriques autant que de futilités, futilis étant la fente, la fuite qui ouvre la barrique à des usages multiples. La barricade selon Eric Hazan est un amas, un tas, une composition d’objets disparates qui témoigne de la #lutte, de ce qui passe entre les #classes, faisant appel à des clous autant que des moellons, pavés, planches, cerceaux métalliques dans une disproportion qui appelle tous ceux qui ne jouissent d’aucune reconnaissance. Elle les ouvre à une forme commune, un #communisme qui n’est pas celui du genre ou de l’#espèce ni d’ailleurs de la classe #sociale.

    La lutte est #interstice, fusion des classes en une #Commune qui témoigne de l’espace d’une véritable cité, d’une cité bouleversée. Y naissent des histoires d’amours et des pactes d’alliance, des chevauchements affectifs et des figures de l’enfance que la littérature elle-même pourra s’approprier en faisant de tous les misérables un foisonnement de singularités rebelles. Et comment la barricade peut-elle fendre l’#ordre_établi et lui inoculer des grains de sables capables d’enrayer la machine du #pouvoir ? Quelles mesures décider dans la disparités des barricades, placées hors l’autorité des sciences politiques ? Un ensemble de questions qui pousseront Hazan et Kamo à adopter les Premières mesures révolutionnaires. L’immonde du monde d’aujourd’hui qui ne répond plus à rien, cet ordre #mondial qui confine à l’équivalence de tout, sans aucune #dignité ni aucune forme de #subjectivité, cet #immonde réclame une #critique capable de rompre l’éternel retour du même, la #restauration de l’ordre toujours reconstitué par-delà le #désordre des barricades. L’insurrection ne peut s’insurger vraiment, devant l’ordre mondial, qu’en prenant la forme d’une #insurrection irréversible et irrespectueuse des principes moraux qui protègent les nantis. Elle advient au nom d’un ailleurs et d’un incommensurable, d’un monde qui soit avant tout un monde autre, inventif, créatif, contrant le ressassement de la même organisation.

    #Sciences_Politiques #Philosophie #Histoire #Livres

    • Littérature romantique ; la dignité se trouve partout, elle se pratique et se vit chez nombreux. La subjectivité est certes prisonnière mais pas chez tous.
      L’ insurrection ? quelle nouvelle violence cache ce mot échevelé ?
      L’ autre monde ? cela se crée quotidiennement.

  • Les territoires ruraux, des espaces ouvriers en mutation - Métropolitiques
    http://www.metropolitiques.eu/Les-territoires-ruraux-des-espaces.html

    Dans un contexte de déclin massif et régulier des effectifs agricoles depuis les années 1950, les ouvriers constituent le groupe social le plus représenté dans les campagnes. En 2008, les agriculteurs ne représentent plus que 6 % des actifs des territoires ruraux [2] alors que les ouvriers en représentent 32 %. Les ouvriers sont aussi proportionnellement plus nombreux dans les espaces ruraux que dans les grandes aires urbaines où leur part n’est plus que de 22 % de la population active. La baisse du nombre d’ouvriers est un processus général en France qui est moindre dans les bassins ruraux, avec même pour certains d’entre eux le maintien, voire la progression, des effectifs d’ouvriers qualifiés des activités artisanales, de transport et de manutention (Pistre 2012).

    Alors que les grandes villes accumulent les emplois appartenant aux fonctions intellectuelles, de gestion et de décision, les activités de fabrication industrielles se localisent désormais surtout dans les espaces ruraux ou périurbains (Puymbroeck et Reynard 2010). Toutefois, les cadres de ces usines résident rarement sur place. Aussi la forte présence ouvrière dans les campagnes résulte-t-elle également de processus de ségrégation spatiale : tandis que les classes dominantes ont les ressources pour habiter et vivre au sein des agglomérations, les ouvriers en sont souvent exclus du fait des mécanismes de sélection sociale liés à la hausse du marché immobilier et foncier.

    Du fait de la concentration générale de la population, les ouvriers restent, bien sûr, toujours plus nombreux dans les grandes aires urbaines : 22 % d’entre eux (soit 1,5 millions) résident dans les territoires ruraux. Mais leur part relative dans la population locale est surtout importante dans les communes rurales, justement là où les classes dominantes sont les moins représentées. En 2008, les cadres et professions intellectuelles supérieures forment ainsi près de 17 % de la population active des grandes aires urbaines pour seulement 7 % dans les espaces ruraux. Les ouvriers sont particulièrement nombreux au sein de petits bourgs industriels disséminés dans les régions rurales, souvent des chefs-lieux de cantons ruraux qui concentrent quelques commerces et établissements de service public ainsi que des entreprises industrielles.

  • Comment la technologie détruit la classe moyenne - NYTimes.com
    http://opinionator.blogs.nytimes.com/2013/08/24/how-technology-wrecks-the-middle-class/?smid=tw-share

    Sommes-nous en danger de perdre la « course contre la machine », comme l’affirment Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee dans leur livre ? Les machines intelligentes nous menacent-elles de la misère à long terme, comme le prophétisent les économistes Jeffrey D. Sachs et Laurence J. Kotlikoff ? Avons-nous atteint la fin du travail, comme le déplore Noah Smith dans The Atlantic ? Les économistes ont pourtant toujours rejeté l’hypothèse selon laquelle l’augmentation de la productivité du travail réduit (...)

    #digiwork #travail&tic #prospective

  • TRAVAUX PRATIQUES – La chasse au #drone bientôt enseignée dans les #écoles iraniennes ?

    Les écoliers iraniens suivront-ils, à la rentrée de septembre, des #classes de #chasse_au_drone ? C’est ce qu’aurait suggéré le général Ali Fazli, qui commande les Bassidjis, une branche de miliciens appartenant aux #Gardiens_de_la_révolution, d’après un article de la chaîne d’information saoudienne Al-Arabiya. Il s’agirait d’une petite nouveauté dans le programme consacré à la « préparation à la #défense_civile », à laquelle s’adonneront #écoliers et #lycéens pendant deux à trois heures par semaine.

    Le site australien News.com, qui rapporte la même information tirée du quotidien iranien Etemaad, précise que ce cours enseignera « comment #pister et #abattre un drone en piratant ses #systèmes_informatiques ». L’#Iran n’a pas attendu la rentrée des classes pour faire la #guerre aux drones américains qui sillonnent la région, notamment du fait des tensions causées par le programme nucléaire iranien, soupçonné de comporter un volet militaire.

    En novembre dernier, deux avions de combat avaient ainsi ouvert le feu sur un drone américain au-dessus du Golfe, sans le toucher. Plus tôt, en 2012, un haut responsable militaire iranien affirmait que son pays avait réussi à percer les secrets du drone espion furtif américain RQ-170 Sentinel, capturé alors qu’il avait pénétré son espace aérien en mission d’espionnage des sites nucléaires. Des déclarations accueillies avec scepticisme du côté des Etats-Unis. Un fabriquant de jouet en avait en tout cas lancé une copie en plastique, et prévoyait d’en envoyer un exemplaire (rose) à Barack Obama.

    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/08/19/travaux-pratiques-la-chasse-aux-drones-bientot-enseignee-dan

  • Paradisiaque et mortel : le lac où plongent les mecs des quartiers | Rue89
    http://www.rue89.com/2013/08/08/paradisiaque-mortel-lac-plongent-les-mecs-quartiers-244774

    Depuis plus de vingt ans, le lac bleu de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) attire des grappes de jeunes venus le plus souvent des banlieues proches de Paris. En manque de vacances dépaysantes, attirés par la couleur de l’eau et peu conscients du danger.

  • Aux origines du « #racisme respectable » de la Gauche Française
    http://bougnoulosophe.blogspot.fr/2012/09/aux-origines-du-racisme-respectable-de.html

    L’hégémonie culturelle est un concept proposé par Antonio Gramsci pour décrire la domination culturelle des #classes dominantes. Le concept s’inscrit dans l’analyse des causes du non développement des révolutions annoncées par Marx pour les pays industrialisés d’Europe en dépit de la vérification des conclusions économiques de Marx (crise cycliques, #paupérisation de la classe ouvrière, etc.). L’hypothèse de Gramsci est que cet « échec » des révolutions ouvrières est explicable par l’emprise de la culture de la classe dominante sur la classe ouvrière et ses organisations. La classe dominante domine certes par la force mais aussi par un consentement des dominés culturellement produit. L’hégémonie culturelle de la classe dominante agit par le biais de l’État et de ses outils culturels hégémoniques (écoles, médias, etc.) pour produire une adoption par la classe dominée des intérêts de la classe dominante. L’hégémonie culturelle décrit donc l’ensemble des processus de production du consensus en faveur des classes dominantes.

    #domination

  • Au boulot n°139 « Gagnant-gagnant » (à lire chaque semaine dans « L’Humanité Dimanche »), par Gérard Filoche
    http://www.filoche.net/2013/07/31/au-boulot-n°139-«-gagnant-gagnant-»-a-lire-chaque-semaine-dans-lhumanite-di

    C’est un genre d’expressions passé dans le langage courant des #libéraux, des journalistes aussi, pour tenter de faire croire aux salariés que lorsqu’ils ont fait des concessions à leur patron c’est… pour leur bien à eux.

    Notons, qu’il y a quand même reconnaissance de deux parties : même s’ils sont curieusement appelés « partenaires sociaux », il y a donc deux camps. Celui des patrons et celui des salariés.

    Implicitement, même ceux qui la nient reconnaissent là qu’il y a une #lutte de #classes.

    Ceux qui vendent leur force de #travail face à ceux qui l’achètent.

    Ils négocient, se battent ou s’échangent quelque chose : camp contre camp.

    Quand ils se battent, les salariés ont davantage de chance d’obtenir ce qu’ils veulent : du salaire, du temps libre, de la dignité…

    Alors pour éviter qu’ils se battent, on leur parle de gagnant-gagnant, de donnant-donnant.

  • The Internet’s greatest disruptive innovation: Inequality - Salon.com
    http://www.salon.com/2013/07/19/the_internets_greatest_disruptive_innovation_inequality

    Unions are a means for redistributing wealth from capital to labor. Strong unions reduce income inequality and contribute to a thriving middle class. #Silicon_Valley, we are coming to learn, does the opposite. Over the past three decades, the spread of technologies associated with the silicon chip and the Internet has been accompanied by growing income inequality and an increasingly squeezed middle class.

    #digital_labor #travail&tic #inégalités #syndicats #classes_moyennes #disruption #plo via @op

    The crucial mystery facing anyone who wants to evaluate Silicon Valley’s contribution to the general welfare is this: Why hasn’t the productivity boost from so much dramatic technological change lifted the standard of living for everyone?

    a growing body of research makes a strong case that advances in information and communication technologies have clearly contributed to what economists call “job polarization.”

    In the U.S., more than 1.1 million secretaries vanished from the job market between 2000 and 2010, their job security shattered by software that lets bosses field calls themselves and arrange their own meetings and trips. Over the same period, the number of telephone operators plunged by 64 percent, word processors and typists by 63 percent, travel agents by 46 percent and bookkeepers by 26 percent, according to Labor Department statistics.

    Et la conclusion :

    Redistribution will happen.

    #idéologie_californienne #capitalisme_cognitif #libertarien #revenu_garanti #redistribution

  • Je ramasse des trucs épars et sans doute déjà recensés, pour penser #fascisme #violence #révolte

    Rejeter les Roms permet de « faire exister les frontières »
    http://www.mediapart.fr/journal/france/090713/rejeter-les-roms-permet-de-faire-exister-les-frontieres?onglet=full via @isskein

    Les ethnies n’existent plus nulle part comme formes d’organisation sociale, économique, culturelle ou cultuelle autonome comme elles ont pu l’être au moment où ce terme a été créé. Ce qui existe aujourd’hui ce sont des identités ethniques dans des contextes complexes, de plus en plus individualisés. Les gens se déplacent, la #migration est généralisée, tous les endroits du monde sont connectables. C’est à ce moment, paradoxalement, que l’#identité ethnique est instrumentalisée.

    (où j’apprend que Roms ont été expulsés à Deuil la barre le 9 juillet)

    Roms sous le coup de #vidéosurveillance à Marseille :
    http://www.marsactu.fr/societe/a-marseille-des-cameras-ciblent-roms-et-gens-du-voyage-31653.html

    Dans le même temps, un rapport dénonce la politique du #chiffre dans la #police française ces six dernières années
    http://www.franceinfo.fr/politique/un-rapport-denonce-la-politique-du-chiffre-dans-la-police-francaise-10653
    http://seenthis.net/messages/155559
    http://seenthis.net/messages/155980

    ***

    Article11 - Clément Méric, mort pour ses #idées dans un monde sans idées - Serge Quadruppani et Odile Henry
    http://www.article11.info/?Clement-Meric-mort-pour-ses-idees via @baroug via @mona

    Derrière les discours comme celui de Pierre Carles, on perçoit la vulgate anti-#bobos et anti-#classes_moyennes qui a tant brouillé la compréhension des mouvements sociaux au niveau mondial. Il y a cette absence d’idée selon laquelle plus on est dominé, et plus on a ontologiquement raison. En réalité, les dominés ont raison – et ont quelque chance de faire partager leurs raisons à beaucoup de monde - quand ils se révoltent contre la domination. Mais quand ils persécutent d’autres dominés, et participent ainsi au maintien de la domination, ce sont des ennemis qui doivent être traités comme tels.

    Une vision pernicieuse du monde social et de ses divisions (Sylvie Tissot)
    http://www.humanite.fr/tribunes/une-vision-pernicieuse-du-monde-social-et-de-ses-d-544270

    Eloge de la classe extrême
    http://quadruppani.blogspot.fr/2013/06/eloge-de-la-classe-extreme.html

  • L’état, le pouvoir,le socialisme de #Nicos_Poulantzas enfin réédité par la remarquable maison d’édition #les_Prairies_Ordinaires
    http://www.nonfiction.fr/article-6612-

    L’ouvrage de Poulantzas proprement dit s’organise quant à lui en cinq temps. Dans une introduction essentielle à la compréhension de sa démarche, l’auteur précise le sujet d’EPS, qui représente une tentative de #théorisation non pas de l’#Etat (chose impossible selon lui) mais de l’Etat #capitaliste (chose rendue possible par la séparation que le capitalisme suppose entre l’Etat et l’espace économique des #rapports de #production). Cette tentative est justifiée par le caractère insatisfaisant des approches existantes, qui considèrent soit que l’Etat est une institution neutre et préexistante aux #classes #sociales, soit que les classes dominantes le modèlent et en usent à leur goût. Poulantzas s’attache plutôt à démontrer que « toutes les actions de l’Etat ne se réduisent pas à la #domination politique, mais n’en sont pas moins constitutivement marquées » . Dans la même veine, il affirme que cet Etat ne reproduit pas sa domination seulement grâce à la #coercition et à la diffusion d’une #idéologie. Cela supposerait une pratique et un discours unifiés de la part d’appareils voués à l’une ou l’autre fonction, ce qui ne correspond pas à la #réalité. En effet, l’Etat est perméable aux #luttes de #pouvoir qui le débordent constamment, ce qui d’une part empêche l’unification de son discours et de sa pratique, et d’autre part explique qu’il produise aussi des « mesures positives » à l’égard des classes #subalternes. Tentant de résumer sa position théorique et en quoi elle se distingue du #marxisme-léninisme comme des approches wéberienne et foucaldienne, Poulantzas affirme que « contre toute conception en apparence #libertaire ou autre, […] l’Etat a un rôle constitutif non seulement dans les rapports de production et les pouvoirs qu’ils réalisent, mais dans l’ensemble des relations de pouvoir, à tous les niveaux. En revanche, contre toute conception #étatiste, […] ce sont les luttes, #champ premier des rapports de pouvoir, qui détiennent toujours le primat sur l’Etat » .

    Biographie de l’auteur :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicos_Poulantzas

    En #Grèce, il fait des études de #droit durant les années 1950 ; il est actif dans le mouvement étudiant et rejoint l’#EDA (Alliance démocratique grecque), organisation légale émanant du Parti #communiste grec, alors interdit1.
    Il vient en #France en 1960 et y obtient un doctorat en philosophie du droit. Il devient #professeur à l’université Paris 8, où il enseigne la #sociologie de #1968 à sa mort. Durant les années 1960, il est membre du PC grec, et, après la scission intervenue en 1968 suite à l’établissement de la #dictature, du Parti communiste grec de l’Intérieur2.
    Ses travaux renouvellent et approfondissent considérablement ceux de #Marx , #Lénine , #Gramsci , et portent notamment sur le rôle complexe et multiple de l’État dans les sociétés occidentales, les caractéristiques de la « nouvelle petite #bourgeoisie », la problématique de la #division #travail #intellectuel - travail #manuel . Opérant une distinction fondamentale entre l’appareil d’Etat et le pouvoir d’Etat, Poulantzas met en lumière les multiples fonctions dudit Etat ainsi que les rapports de force et les contradictions qui s’y manifestent.
    Vers la fin des années 1970, après la chute des dictatures portugaise (1974), grecque (1974) et espagnole (1978) , Nicos Poulantzas tente d’esquisser les contours théoriques d’une voie originale vers un #socialisme démocratique, proche des conceptions de l’eurocommunisme. Ses contributions sur ce thème ont été recueillies après sa mort dans Repères et sont précisées de façon plus systématique dans L’État, le pouvoir, le socialisme.
    Après plusieurs mois de dépression, il se suicide en octobre 1979 depuis la Tour Montparnasse de #Paris3.

    #Marxisme #Philosophie #Politique #Sciences_politiques #livre

  • #Pierre_Bourdieu et #Jean-Claude_Passeron auteurs d’un livre ( les héritiers ) qui a fait date dans l’histoire de la sociologie s’entretiennent sur le sens et l’objet de la sociologie
    https://www.youtube.com/watch?v=3PISYZCFP58


    http://www.scienceshumaines.com/les-heritiers_fr_12988.html

    #Les_Héritiers a fait l’effet d’un véritable pavé dans la mare, en dévoilant les #mécanismes d’un fait #empirique que tout le monde constatait plus ou moins secrètement : à l’#école, les bons #élèves se recrutaient dans les milieux aisés et #cultivés (l’un allant souvent avec l’autre), alors que les enfants d’ouvriers attestaient de parcours scolaires médiocres. À l’#université ne se retrouvaient plus guère alors que les enfants de la #bourgeoisie. Pour les auteurs, c’est aux facteurs culturels, davantage qu’économiques, qu’il fallait imputer ce constat. Les enfants de cadres et de professions libérales bénéficient d’un capital culturel (conversations, #bibliothèques, fréquentation des #musées, voyages...) fourni par l’environnement familial dans lequel la culture est acquise « comme par osmose ». Or l’école légitime précisément ce type de culture qui « présuppose implicitement un corps de savoirs, savoir-faire et surtout de savoir-dire qui constitue le #patrimoine des #classes cultivées ». Pour les enfants de milieux #populaires, par contre, l’acquisition de la culture scolaire nécessite une véritable #acculturation, les apprentissages sont vécus comme des artifices, éloignés de toute #réalité concrète. Ce que les #enseignants considèrent alors comme une absence de dons de leur part n’est souvent que le résultat d’une #socialisation différente. D’où la violence symbolique d’une #institution (l’école) qui, au final, redouble les #inégalités sociales en pérennisant une véritable aristocratie scolaire (qui peut ainsi s’autoreproduire ; le thème sera développé en 1970 par les mêmes auteurs dans La #Reproduction), et en participant aussi à la fabrication de l’échec scolaire.

    #Sociologie #Sciences-sociales #Objet #Réalité #langage #Epistémologie #Positivisme #Communication #Sociologue #Capital_culturel #Ordre_social #Habitus #Livre #Vidéo

  • #Jacques_Rancière : « La démocratie est née d’une limitation du pouvoir de la propriété »
    http://www.alternativelibertaire.org/spip.php?article1494

    Quelle place tient la critique de la propriété dans votre théorie de la démocratie ?

    Jacques Rancière : La démocratie est née historiquement comme une limite mise au pouvoir de la propriété. C’est le sens des grandes réformes qui ont institué la démocratie dans la Grèce antique : la réforme de Clisthène qui, au VIe siècle av. J.-C., a institué la communauté politique sur la base d’une redistribution territoriale abstraite qui cassait le pouvoir local des riches propriétaires ; la réforme de Solon interdisant l’esclavage pour dettes.

    Le principe démocratique, c’est l’affirmation d’un pouvoir de tous et toutes, d’un pouvoir des êtres humains « sans qualités » venant contrarier le jeu normal de la distribution des pouvoirs entre les puissances sociales incarnant un titre à gouverner : la naissance, la richesse, la science, etc. La démocratie est donc liée à une limitation du pouvoir de la propriété. Et il est clair que la démocratie est vivante là où elle est capable d’exercer cette limitation. Cela dit, il est également clair que l’idée démocratique ne porte pas en elle-même le principe et les moyens d’une suppression de la propriété. C’est pourquoi elle a été accusée d’être son simple alibi formel, et la « démocratie réelle » a été identifiée à la possession collective des moyens de production. On sait quel a été le destin de la « démocratie réelle » pratiquée dans les Etats soviétiques. Même pour ceux et celles qui n’ont jamais identifié contrôle collectif et dictature d’un « parti de classe », le contre-exemple de la dictature soviétique rend plus difficile de concevoir, dans le contexte d’une économie mondialisée, la forme que pourrait prendre un contrôle collectif sur les moyens de production et d’échange. Cela nous rend relativement démunis au moment où le pouvoir économique atteint les formes les plus radicales de son illimitation, où il s’identifie toujours plus au pouvoir des États et des grandes organisations interétatiques qui est, plus que jamais aussi, un pouvoir anti-politique, un appareil destiné à confisquer et à détruire la capacité collective. La critique de la propriété passe d’abord aujourd’hui par la lutte contre cette illimitation et cette fusion.

    Extrait de "la haine de la démocratie" paru aux éditions #La_Fabrique

    Les démocraties libérales ont un rapport ambigu vis-à-vis de la notion de démocratie. D’un côté, la démocratie est une notion revendiquée. Mais il s’agit d’un usage idéologique de cette notion dans la mesure où aucun régime ne peut être en réalité une démocratie. D’un autre côté, la notion de démocratie est critiquée. Ce qui est critiqué, c’est l’anarchie démocratique, c’est à dire justement le fait que personne ne soit fondé à avoir plus de compétence qu’un autre en matière politique. Par conséquent, la haine de la démocratie est en réalité une haine de l’égalité.

    Si nous ne vivons pas dans des démocraties et si la démocratie est anarchique, qu’est ce qu’alors une réelle démocratie ? Elle ne peut s’incarner dans aucune forme politico-juridique. Par conséquent, le régime représentatif, les élections au suffrage universel ne caractérisent pas la démocratie en soi. D’ailleurs, on le voit bien dans notre société puisque ces instruments peuvent être utilisés à leurs profits par les régimes oligarchiques.

    Il existe certes des règles qui permettent de rendre plus démocratique le système représentatif : « mandats électoraux courts, non cumulables, non renouvelables ; monopole des représentants du peuple sur l’élaboration des lois ; interdiction au fonctionnaire du peuple d’être représentant du peuple […] » (p.80). Mais rendre un régime plus démocratique ne signifie pas qu’il incarne en soi la démocratie.

    #Démocratie #République #Propriété #Sciences #Marxisme #Politique #Philosophie #Classes #Pouvoir #Etat #Domination #Capitalisme #Socialisme #Anarchisme #Bakounine #Livre

  • Le mythe de la « classe globale », par Michael Hartmann (#2012/08 en accès libre)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/08/HARTMANN/48060

    Délocalisations pour les uns, rémunérations stratosphériques pour les autres : doublement profitable pour ceux qui l’énoncent, le discours sur la mondialisation justifie à la fois la concurrence qui « s’impose » aux salariés et les #privilèges dont jouit une jet-set présentée comme supranationale. Une étude minutieuse montre pourtant que les bases de cette élite autoproclamée restent nationales.

    #Etat #Finance #Économie #Éducation #Capitalisme #Inégalités #Mondialisation #Europe #États-Unis

    Cet article s’appuie sur une #enquête empirique consacrée aux trajectoires professionnelles des hauts #dirigeants d’entreprise (présidents de conseil d’administration, présidents-directeurs généraux [PDG], présidents, etc.) au sein des cinq principales puissances économiques européennes (Allemagne, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni) et des trois pays non européens les plus riches (Chine, Etats-Unis et Japon) — un ensemble géographique qui regroupe les trois quarts des cinq cents plus grandes #entreprises du monde. Les résultats quantitatifs sont présentés en détail dans « Internationalisation et spécificités nationales des élites économiques », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 190, Paris, décembre 2011.

    #sociologie #classes

  • « #Luc_Boltanski, Rendre la réalité inacceptable, à propos de la production de l’idéologie dominante »
    http://www.transeo-review.eu/Luc-Boltanski-Rendre-la-realite.html?lang=fr

    Au moment même où La Production de l’idéologie dominante, l’article qu’il avait cosigné en 1976 avec Pierre Bourdieu, est réédité sous forme d’opuscule (Paris, Demopolis/Raisons d’agir, 2008), Luc Boltanski propose avec Rendre la réalité inacceptable un ouvrage qui, loin de se limiter à la simple évocation de la genèse d’un texte fondamental, livre une réflexion générale sur les transformations des modes de domination. En effet, sous prétexte de faire l’histoire de l’écriture et de la publication de cet article, et plus largement celle de la mise en place d’Actes de la recherche en sciences sociales, L. Boltanski porte à jour les conditions historiques et sociales qui ont rendu possible une pensée susceptible de prendre l’idéologie dominante pour objet, et analyse leur disparition progressive dans un monde où les sciences sociales se voient de plus en plus confinées aux fonctions de disciplines d’appoint. Ainsi, non content de rendre compte des enjeux et de clarifier les concepts clés de l’article de 1976, ce texte propose une méditation sur le glissement qui a rendu « inacceptable » ce qui était alors « l’évidence même », à savoir une certaine vision des sciences sociales et de la manière – libre, inventive, collective – de les pratiquer.

    #Bourdieu #Idéologie_dominante #Classes_sociales #Structures_symboliques #Anthropologie #Sociologie #histoire #livre