• Mckay 100 ans après
    https://www.mckay100ans.com

    100 ans après son séjour en France (1923-1928), l’œuvre et la pensée de Claude McKay reviennent en force :

    Artistes, éditeurs, producteurs, réalisateurs et universitaires s’allient pour faire ressurgir cette voix centenaire d’une éclatante modernité.

    Précurseur de la Harlem Renaissance et du mouvement de la Négritude, c’est à Marseille que le poète jamaïcain trouva son inspiration romanesque et devint l’un des pères de l’éveil de la conscience Noire. Editions inédites, film, spectacle, actions culturelles innovantes, lectures musicales, conférences et colloques… Le mouvement s’attèle à la valorisation de l’œuvre de l’auteur et à la production de créations qui font résonner sa pensée aujourd’hui.

    Biographie et liens
    https://en.m.wikipedia.org/wiki/Claude_McKay

    https://www.marxists.org/archive/mckay/index.htm

    Banjo, a story without a plot
    https://archive.org/details/banjostorywitho00mcka/page/n3/mode/1up

    Le roman Romance in Marseille n’a pas encore été publié en ligne. Il y a une version Kindle payante alors que le texte original est libre de droits.

    #Claude_McKay #Marseille #littérature #bordel

  • Invitation au voyage - Claude McKay à Marseille / Jamaïque / Valladolid
    https://www.arte.tv/fr/videos/115571-052-A/invitation-au-voyage

    Marseille, bordel merveilleux de Claude McKay
    Claude McKay, écrivain précurseur du siècle dernier, a fait à Marseille une déclaration d’amour comme un uppercut. Quand il débarque dans la ville en 1924, le Jamaïcain est déjà un poète reconnu aux États-Unis. Considéré comme l’un des inspirateurs de la Négritude, Claude McKay est aussi un libre-penseur. Le poète vagabond échoue à Marseille, malade et en quête de repos. Il se laisse bien vite embarquer dans l’atmosphère bouillonnante de ce port et en tire deux romans : Romance in Marseille, sorti de l’oubli et publié en 2020, et Banjo, un roman social et jazzy à la modernité détonante.

    #Claude_McKay #Marseille #littérature #bordel

  • L’ex-catcheur de foire Claude Villers est mort
    https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2023/12/17/claude-villers-journaliste-et-homme-de-radio-est-mort_6206333_3382.html

    Figure de France Inter pendant quarante ans, l’animateur du « Tribunal des flagrants délires » et de « Marche ou rêve » est mort à l’âge de 79 ans

    (...) A la rentrée de 1965, naît le « Pop Club » de José Artur, émission culte, à laquelle Claude Villers participe de manière permanente. Il s’y exprime pour la première fois au micro dans des reportages en direct et remplace à l’occasion « le patron ». « Avec José Artur, j’ai appris la liberté », dira-t-il dans son autobiographie Parole de rêveur (Editions le Pré aux Clercs-France Inter, 2004).
    La douche froide
    Après avoir volé de ses propres ailes le temps d’un été dans sa première émission, il voit la rentrée 1967 tourner à la douche froide. Peu psychologue (et surtout peu visionnaire !), un conseiller de la direction de la station lui assène dans un couloir : « Je suis au regret de te le dire mais tu ne feras jamais de micro. Tu ne sais pas t’exprimer, tu ne sais pas respirer… Tu parles du nez… Tu n’as pas ta place à l’antenne. » Laminé, Claude Villers décide de prendre le large et part s’installer avec sa compagne de l’époque aux Etats-Unis.
    A New York, il renoue d’abord avec la presse écrite, couvrant pour des magazines français l’effervescente scène culturelle et musicale de l’époque, de Bob Dylan au Grateful Dead. Puis, il est embauché au bureau new-yorkais de l’ORTF, sous la direction de Jacques Sallebert. Il sillonne pendant trois ans l’Amérique du Nord, relatant les premières révoltes étudiantes en 1968, l’assassinat de Martin Luther King, le festival de Woodstock en 1969…

  • Nécro(techno)logie : Claude Lorius n’a rien vu en Antarctique
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1831

    Toujours en librairie : Le Règne machinal (la crise sanitaire et au-delà). Voir ici

    Le glaciologue Claude Lorius est mort le 21 mars. Nous ne sommes pas du genre à gifler les cadavres, comme le firent les surréalistes à la mort d’Anatole France en 1924. Quoique la main vous démange à la lecture de la presse éplorée. Le Figaro salue le « pionnier de la climatologie moderne », Le Daubé le « lanceur d’alerte précoce », Libération le « géant des glaces », Le Monde le « héros légendaire ». Qu’a donc fait Claude Lorius (à part mourir) pour mériter de telles louanges ? Il a établi, en 1987, le lien entre la teneur en gaz à effet de serre dans l’atmosphère et l’évolution climatique. D’un point de vue scientifique, s’entend. Ses études ont vérifié les observations des montagnards : « ils ont détraqué les saisons ». Ce (...)

    #Nécrotechnologies
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/lorius_n_a_rien_vu.pdf

    • Lorius prétend nous livrer la cause du désastre en reprenant le terme d’Anthropocène, forgé au début des années 80 par le biologiste Eugène Stoermer. Celui-ci le popularise en 2002 dans un article de Nature corédigé avec Paul Crutzen, prix Nobel de Chimie 1995. Pardon de rabâcher, mais les nécrologies servent aussi à ça. Stoermer et Crutzen ne font pas remonter les causes du bouleversement géo-climatique à l’apparition de l’anthropos – à « l’ère des humains », comme le prétend Lorius - voici trois millions d’années, ni même à l’émergence du capitalisme. Ils situent le début de cette ère en 1784, année du perfectionnement de la machine à vapeur11 . C’est-à-dire le début de l’usage des énergies fossiles : la révolution thermo-industrielle. Leur terme englobant d’Anthropocène est abusif et commode pour dissimuler la vraie rupture, celle du Technocène. La société industrielle, motorisée par les progrès technoscientifiques, a détruit les équilibres climatiques et écologiques. Point.

      […]

      Remonter à la racine des maux signifie regarder en arrière. Les causes, par définition, sont dans le passé. Lorius le savait bien, qui lisait dans ses carottes de glaces polaires les différentes étapes des dégâts industriels sur notre biotope. Mais ses conclusions, 30 ans plus tard, étaient celles d’un aveugle : « Comment encourager la croissance qui est nécessaire, en respectant l’environnement ?14 »
      La croissance de quoi ? Des températures ? Du niveau des mers ? De la sécheresse ? Bref, Lorius n’avait rien vu dans l’Antarctique. C’était bien la peine d’aller si loin et de brûler tant de kérosène.
      Il est trop tard pour les glaciers. Et pour nous, simples anthropoïdes ?

      #anthropocène #capitalocène #technocène #climat #réchauffement_climatique #écologie #technocratie #Grenoble #science #recherche #Claude_Lorius #glaciers

    • Finalement, les héros légendaires sont des scientifiques comme les autres.

      Oui, et la connaissance de la nature ne garantit pas d’avoir des idées politiques particulièrement intéressantes.

      Qu’a donc fait Claude Lorius (à part mourir) pour mériter de telles louanges ? Il a établi, en 1987, le lien entre la teneur en gaz à effet de serre dans l’atmosphère et l’évolution climatique. D’un point de vue scientifique, s’entend. Ses études ont vérifié les observations des montagnards : « ils ont détraqué les saisons ». Ce que chacun constatait en levant le nez,

      D’un point de vue scientifique… Quel autre point de vue y aurait-il ? Le montagnard qui lève son nez a-t-il accès à des centaines de milliers d’années d’évolution du climat ? Renifle-t-il des concentrations de co2 ? Sa peau sent-elle des augmentations moyennes de température sur le globe ? Ses oreilles détectent-elles des changements d’orbite de la Terre ?

  • Anatomie de l’État radicalisé. Entretien avec #Claude_Serfati
    https://www.contretemps.eu/anatomie-etat-radicalisation-autoritaire-entretien-serfati

    Depuis le début des années 1960, la direction générale de l’Armement (DGA), le bras industriel du ministère des Armées, explique que la France doit exporter un-tiers de sa production d’#armes pour que son coût soit économiquement supportable pour le budget de l’Etat. La dépendance aux ventes d’armes est donc structurellement inscrite dans le modèle français d’armement.

    Sur le plan extérieur, cette addiction aux ventes d’armes oriente la diplomatie de la France vers la quête incessante de clients, sans égard pour leur utilisation contre les populations. Elle nécessite également un interventionnisme militaire afin que les #guerres menées par la France servent de salon d’exposition en grandeur réelle de la qualité des systèmes d’armes produits par les industriels (combat-proven, se félicitent les industriels).

    Sur le plan intérieur, la centralité du militaire exige toujours plus de budget militaire. Il s’élevait à 33 milliards d’euros en 2017 et se situera à 60 milliards par an avec la prochaine loi de programmation militaire (#LPM). De tels niveaux de dépenses exercent des effets de préemption de ressources financières et de personnel qualifié considérables, ils produisent une diversion des priorités car les autres secteurs industriels sont négligés.

    En somme, la production d’armes a des effets globalement négatifs sur le système productif français, elle affaiblit les performances des industries civiles (sauf l’aéronautique) sur le marché mondial et surtout européen. La perte de compétitivité de l’#industrie française est générale, on en trouve un indice dans la hausse vertigineuse du déficit de la balance commerciale. Je consacre un chapitre de mon ouvrage à la catastrophe industrielle liée à la production d’armes.

    Avec le déclin du levier économique, le statut international de la France se dégrade et la recherche de pays clients pour les armes françaises devient plus obsédante. Les ressources financières massives manquent pour d’autres utilisations. Les dépenses sociales sont bien sûr sacrifiées : un arbitrage est fait entre produire des armes ou recruter des enseignants et des soignants. Sur le plan politique, le doublement des dépenses militaires en moins de dix ans est possible grâce au consensus droite-gauche au nom du « rang » de la France dans le monde.

    La mobilisation contre les menaces extérieures est également dirigée contre celles et ceux qui remettent en cause ce consensus. Cet amalgame entre les menaces de l’extérieur et de l’intérieur trouve son apogée dans la loi votée en France en 2022 qui s’appelait initialement « continuum de sécurité globale ». Du Sahel à Saint-Denis en somme. Un tel agenda provoque une radicalisation militaire à l’étranger et sécuritaire en France où les oppositions à l’union nationale sur le militaire seront qualifiées de « séparatistes ». Tel est le sens du message adressé par E. Macron dans ses vœux aux armées présenté le 20 janvier 2023 : il faut « entretenir l’appui mutuel entre les armées et les forces de sécurité intérieure et forces de sécurité civile pour toujours mieux répondre aux crises, sanitaires ou climatiques, par exemple », mais d’autres exemples de crise viennent vite à l’esprit….

    La France n’est certes pas le seul pays occidental à comprimer les droits et libertés, mais elle est le seul dont l’interaction entre le militaire (à l’extérieur) et le sécuritaire (à l’intérieur) soit aussi forte.

    Dans quelle mesure la France peut être considéré comme un pays impérialiste à part entière ? Elle se caractérise par une forte présence militaire en « Indopacifique » et en Afrique mais vous montrez aussi que son activité dépend d’un soutien matériel important des Etats-Unis…

    Merci de soulever la question de l’#impérialisme, car c’est une question d’actualité. Il va falloir d’autant plus y répondre que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait resurgir le terme d’impérialisme et que les actes impérialistes provoquent un rejet de la population, au point que Macron s’en serve concernant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qualifiant ce pays d’impérialiste. En fait, il est d’accord pour utiliser le terme à condition que l’impérialisme soit slave et qu’il vise une conquête territoriale. Son analyse est bien sûr irrecevable.

    Venons-en donc au fond. L’impérialisme est une structure de domination de l’espace mondial par quelques grands pays mais il définit également des pratiques nationales différenciées. Des pays en dominent d’autres, ils peuvent ainsi capter les richesses produites par le travail et piller les ressources offertes par la nature. Les matières premières étaient déjà un enjeu crucial au début du 20e siècle, mais aujourd’hui, elles sont un enjeu géopolitique encore plus important. En effet, la destruction accélérée de l’environnement et la quête frénétique de ressources naturelles souligne à quelle catastrophe le capitalisme conduit l’humanité.

    Des indicateurs de capacités militaires et de performances économiques aident à rendre compte de l’impérialisme. À titre d’exemple concernant la France, on peut citer sur le plan militaire, l’importance du budget des #armées, son statut de membre permanent du Conseil de sécurité, qui repose sur la détention de l’arme nucléaire, et sa participation à des opérations militaires extérieures grâce à son corps expéditionnaire. Sur le plan économique on dispose de quelques éléments, tels que les flux de revenus du capital enregistrés par les balances des paiements. Ces flux de revenus sont principalement constitués par les profits rapatriés des multinationales grâce à leurs investissements à l’étranger (Investissements directs à l’étranger, IDE), par les revenus bancaires et les revenus de la propriété intellectuelle. Ces trois composantes indiquent le degré d’oppression financière.

    En 2021, les actionnaires ont ainsi rapatrié en France plus de 60 milliards d’euros de dividendes, intérêts et royalties, c’est une forme de tribut que le « reste du monde » paie au capitalisme français. Cela prend des aspects concrets, comme les multinationales qui s’implantent dans les pays du Sud pour tirer avantage des coûts salariaux, l’octroi de crédits bancaires et obligataires qui saignent les peuples, comme Rosa Luxemburg l’avait déjà analysé il y a un siècle. L’oppression financière de l’impérialisme analysée par les marxistes au début du 20e siècle continue (Lénine qualifiait d’ailleurs la France de capitalisme rentier).

    [...]

    Ensuite, l’impérialisme créé une interdépendance économique et politique. Les pays dominants sont des concurrents économiques et des rivaux politiques et militaires. Ils partagent toutefois un intérêt commun à la défense de la propriété privée capitaliste – les mêmes politiques en faveur du capital sont menées dans les pays dominants – et à la préservation de leur domination. À titre d’exemple, les 5 membres permanents du Conseil de sécurité ont publié un communiqué commun dénonçant le traité d’interdiction des armes nucléaires (#TIAN) voté aux Nations-Unies et qui est entré en vigueur en 2021.

    Enfin, l’impérialisme contemporain est une structure de domination hiérarchisée. Au début du 20e siècle, les rivalités inter-impérialistes pour le partage du monde opposaient des pays qui avaient des niveaux de développement comparable. Néanmoins, les théoriciens marxistes de l’impérialisme parlaient de « semi-impérialisme », de « semi-colonies » (Argentine, Turquie, Égypte, etc.). Cependant, la hiérarchie était moins différenciée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Une série de pays aspirent à un rôle majeur dans l’espace mondial ou régional (Brésil, Afrique du Sud, Inde, Turquie, …) et sont qualifiés par certains marxistes du terme un peu flou de « sous-impérialisme ».

    Dans l’impérialisme contemporain, les Etats-Unis forment seuls le 1er cercle. La France se trouve dans le second cercle en compagnie de pays qui font des utilisations souvent différentes de leur mix performances économiques/capacités militaires qui forgent leur statut de pays impérialiste. Par exemple, l’Allemagne et la Russie sont situés aux antipodes. L’Allemagne s’appuie essentiellement sur sa puissance industrielle, la Russie sur ses capacités militaires.

  • Hommage à Claude Lorius, géant des glaces
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/hommage-a-claude-lorius-geant-des-glaces-20230325_I7GMLYFFQBACPLQBLE5XTH6

    Le glaciologue charismatique participa à reconstituer l’histoire de la composition de l’atmosphère. Sa force de persuasion lui permit d’accéder, en pleine guerre froide, à des carottes de glace obtenues par les Soviétiques, se souvient Jérôme Chappellaz, qui travailla avec le chercheur, mort mardi.

    Claude Lorius nous a quittés mardi, au lendemain de la synthèse du 6e rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec). Troublante coïncidence. De fait, par ses recherches durant près de quarante ans, #Claude_Lorius fut l’un des artisans majeurs de cette prise de conscience planétaire que l’activité humaine est en train de modifier profondément le climat planétaire, appelant à la mise en place urgente de politiques internationales ambitieuses pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

    Tout avait commencé en 1957 pour Claude Lorius alors qu’il avait 25 ans : une année entière passée avec deux de ses collègues totalement isolés du reste du monde, au sein d’un tout petit refuge enfoui sous la neige à 300 kilomètres de la côte en terre Adélie (Antarctique). Il y conduisait les toutes premières observations des propriétés physiques des grains de neige au fur et à mesure que la température chutait, atteignant parfois -60°C. En participant ensuite en 1959 à une expédition américaine en terre Victoria, toujours en #Antarctique, parcourant 2 500 kilomètres en territoires inconnus, Claude Lorius put démontrer pour la première fois que la proportion d’atome lourd de l’hydrogène (le deutérium) de la neige tombée en surface reflétait la température à laquelle la neige s’était formée. C’était la naissance du fameux « thermomètre isotopique », utilisé depuis par tous les glaciologues pour reconstituer la température dans le passé grâce à des carottages en profondeur dans les glaciers.

    En 1965, alors qu’il dirigeait l’équipe d’hivernage à la station française Dumont d’Urville en terre Adélie, glissant dans son verre de #whisky un morceau de glace issu d’un carottage conduit dans le glacier voisin, il vit la glace libérer de l’air sous pression provenant des petites bulles qu’elle contenait. Ce fut une véritable révélation pour Claude : ces petites bulles pourraient peut-être permettre de reconstituer la composition chimique de l’atmosphère lorsqu’elles s’étaient formées il y a des milliers d’années.

    En 1970, Claude Lorius alors installé à Paris comme chercheur au CNRS rejoignait à Grenoble un autre illustre glaciologue français : le professeur Louis Lliboutry, au sein de ce qui allait devenir le fameux Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement. Il dirigea ce laboratoire de 1984 à 1989, avant ensuite de prendre la présidence du tout nouvel Institut polaire français (devenu Ipev depuis) mis en place grâce à lui mais aussi à Paul-Emile Victor, fidèle complice et véritable moteur des expéditions françaises aux pôles.

    Il aura fallu près de vingt ans d’efforts à Claude Lorius et à ses équipes pour aboutir à des méthodes fiables permettant de reconstituer la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à partir du contenu des petites bulles d’air dans la glace. Ce fut tout d’abord le gaz carbonique. Après les travaux analytiques pionniers de Robert Delmas au sein de son équipe, utilisant un carottage français conduit au dôme C en Antarctique, Claude Lorius profita de sa force de persuasion pour accéder à plus de 2 kilomètres de carottes de glace tout juste obtenues par les Soviétiques à la station Vostok au cœur du continent blanc. Il s’y rendit en janvier 1985 alors que la guerre froide régnait encore, transporté par un avion américain avec ses deux collègues Jean-Robert Petit et Michel Creseveur. Tout un symbole de l’incroyable capacité qu’avait Claude de nouer des amitiés transcendant les frontières et les conflits afin d’atteindre ses objectifs.

    Il en résulta l’un des résultats scientifiques les plus marquants du siècle dernier pour les sciences de la planète : avec ses collègues Jean Jouzel, Dominique Raynaud et Jean-Marc Barnola, Claude Lorius publiait en octobre 1987 trois articles conjoints dans la prestigieuse revue scientifique Nature. Ils décrivaient pour la première fois et en grand détail l’évolution climatique au cours des derniers 160 000 ans, et en parallèle celle de la quantité de gaz carbonique dans l’atmosphère. Une remarquable corrélation était observée : plus de gaz carbonique durant les périodes chaudes qu’avait connu la Terre, moins de gaz carbonique durant les périodes froides. Ils montraient également que les quantités de gaz carbonique dans l’atmosphère d’aujourd’hui n’avaient pas d’équivalent sur la période étudiée. Ces résultats firent l’effet d’une bombe. Le climatologue américain de la Nasa James Hansen s’appuya dessus lors de son audition par le Congrès américain en juin 1988, contribuant à la mise en place du Giec en 1990.

    J’ai personnellement eu la chance inouïe de contribuer à ces avancées scientifiques en rejoignant l’équipe de Claude Lorius en 1986, afin d’utiliser les carottes de glace soviétiques de Vostok pour reconstituer l’évolution d’un autre gaz à effet de serre : le méthane. Là encore, nos observations corroboraient le lien étroit existant entre l’évolution du climat et celle de ce gaz à effet de serre. Je me souviens de ces moments d’excitation lorsqu’avec Jean-Marc et Dominique, semaine après semaine, nous retrouvions Claude Lorius dans son bureau pour montrer les nouveaux résultats obtenus dans le laboratoire. Les courbes se dessinaient petit à petit. Un jour, Claude tiendra ces propos prémonitoires : « Ça va faire mal ! »

    La vie de Claude Lorius fit l’objet d’un magnifique long-métrage : la Glace et le Ciel, sous la houlette du réalisateur oscarisé Luc Jacquet. En mai 2015, il était projeté en clôture du festival de Cannes. Quel souvenir alors de cette extraordinaire « standing ovation » en l’honneur de Claude, debout et en larmes au milieu des spectateurs. Un juste hommage à un meneur d’hommes extraordinairement charismatique, au destin exceptionnel, qui aura marqué la science et l’histoire. Mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

    #climat #recherche #ice_core_science

  • En 1958, #Rothko doit faire trente deux peintures pour un restaurant d’entreprise. Une fois les tableaux réalisés, pris d’un doute, il va dîner dans le restaurant qui vient d’ouvrir. Ce n’est pas du tout la cantine pour employés qu’il imaginait, mais un restaurant luxueux pour gens fortunés : Quiconque peut manger cette sorte de nourriture pour cette sorte de tarif ne regardera jamais une de mes peintures, dit-il à l’un de ses proches. Plus tard, au bar d’un paquebot alors qu’il revient d’un voyage en Europe, il fera encore cette remarque : Un lieu où les salauds les plus riches de New-York viennent pour bouffer et se montrer. Rothko rend le chèque au commanditaire et garde les tableaux.

    (Jacques Lèbre, À bientôt, 72)

  • https://framapiaf.org/@jz@mamot.fr/109534120495137808

    On this invisibilised and therefore rare photo, #JoanMastodon and #ClaudetteMastodon (respectively the wife and daughter of #JohnMastodon, too frequently erased from the History of the federated network!) are seen hard-wiring some toots to some hashtags, in an early prototype of instance. (ca. 1926)

  • Les âmes d’Atala » Archive » Entretien avec #Claude_Louis_Combet
    https://zamdatala.net/2013/10/13/entretien-avec-claude-louis-combet

    Je suis de plus en plus porté à croire que l’écriture, pour ce que j’en sais et par la pratique que j’en ai, est nécessairement vouée à l’échec. L’écriture est, pour moi, l’aveu d’impuissance de la vie face à l’exigence impraticable du désir. Elle est un acte de renoncement. Elle tourne le dos à la vie, mais elle ne remplace pas la vie. Elle apporte, à la façon du rêve, une satisfaction hallucinatoire. Elle concrétise l’insondable faiblesse du créateur devant lui-même, devant ses appétits, sa brutalité, son irrationalité. Par rapport à cet échec fondamental, que l’on peut dire métaphysique, l’échec en matière de notoriété, de reconnaissance de caste, ne pèse d’aucun poids. Il n’y a même pas d’amertume.

  • Lecture d’un extrait du livre « Ceux qui vont par les étranges terres les étranges aventures quérant » de Claude Favre, paru aux éditions LansKine, en 2022.

    http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/ceux-qui-vont-par-les-etranges-terres-les-etranges-aventures-querant

    Imagine. Il existerait un peuple sans origines, sans mythes d’origine. Un peuple vaguant. Qui rêve. Ne se rêve peuple mais rencontres d’hommes conversant. Sait que les mythes sont mythes. Ne s’inquiète de sa venue au monde, mais de ce qu’il fera dans ce monde, de ce qu’il fera pour honorer sa venue au monde. Imagine des mots sans mesure, hors zone, sans baratins, de métamorphoses et surprises. Des mots d’hommes, non de soif de pouvoir, des noms sans étiquette, qui ne veulent poser je suis le, je suis premier, je suis d’origine, imposer j’ai le pouvoir, supérieure je suis femme, je me vengerai, je suis d’origine. Des mots sans slogans qui sont armes de guerres, des mots ivres par goût et liberté, ivres et heureux de dire de vergogne, je veux danser. (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Enfance, #Podcast, ##Unpoèmede, #Littérature, #Poésie, #ClaudeFavre, #Histoire, (...)

    https://youtu.be/i87mtbckeUQ

  • Controverse dans la communauté scientifique autour de la mystérieuse hépatite des enfants – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/sante/controverse-dans-la-communaute-scientifique-autour-de-la-mysterieuse-hepa
    https://www.liberation.fr/resizer/7-jZIGlTM4aSnn3um-cVrPzGnxY=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(3168x1276:3178x1286)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/PPCMQJS43FFGHLD6B6CGTZP64E.jpg

    Début avril, le Royaume-Uni a émis une alerte sanitaire auprès de l’OMS en signalant une incidence inhabituellement élevée d’hépatites infantiles d’étiologie inconnue, avec fièvre, jaunisse, selles décolorées et urines foncées. Outre la fréquence inhabituelle de cette pathologie dans des classes d’âges aussi jeunes (moins de 10 ans), ces hépatites présentent deux particularités : elles sont précédées d’un syndrome digestif associant nausées, vomissements, diarrhées, et surviennent chez des enfants sans comorbidité ni antécédents médicaux notables.

  • #Vomir #Canada : D’ici 2028, les vaches laitières devraient pouvoir mettre bas sans être enchaînées Julie Vaillancourt - Radio Canada
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1871152/vaches-laitieres-enchainees-agriculture

    Au Canada, la majorité des vaches laitières sont élevées en stabulation entravée, ce qui implique qu’elles mettent souvent bas, enchaînées, dans des stalles trop petites pour elles. Ça pourrait changer : les experts recommandent maintenant de leur donner plus de liberté de mouvement pour améliorer leur bien-être.


    Il manque d’espace dans les stalles régulières pour que les vaches mettent bas à leur aise. Photo : Radio-Canada

    La scène est désolante aux yeux du profane : une vache, la chaîne au cou, qui met bas dans sa stalle, souvent trop petite pour lui permettre de se mouvoir avec agilité. L’animal tente de se retourner pour voir son veau, mais son carcan métallique l’entrave partiellement ; le producteur laitier doit apporter le nouveau-né en face de sa mangeoire pour que la vache puisse enfin le lécher.

    Une action plus fréquente au Québec qu’ailleurs au Canada, car c’est dans la province qu’on retrouve le plus de fermes en stabulation entravée, un système où chaque vache garde toute sa vie une place fixe dans l’étable, enchaînée à une barre d’attache.


    Un des principes les plus importants, pour le vétérinaire Edwin Quigley, est que les vaches doivent faire le plus possible d’exercice. Photo : Radio-Canada

    Pour le vétérinaire Edwin Quigley, qui pratique dans la région de Chaudière-Appalaches, le fait que 72 % des vaches de la province vivent ainsi (contrairement à la moyenne canadienne de 44 %) est consternant. “Des vaches attachées dans un espace de quatre pieds par six à l’année longue et qui ne changent pas de place, il manque quelque chose.”

    Ce “quelque chose”, c’est la liberté de mouvement, beaucoup plus présente en stabulation libre, une façon d’élever les bovins laitiers dans des espaces à aire ouverte. Avec ce modèle, les vaches disposent de logettes individuelles où elles vont manger ou se reposer à leur guise, sans jamais être immobilisées de force.

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en stabulation entravée, la prévalence de blessures aux jarrets chez l’animal est de 56 % comparativement à 47 % en stabulation libre, de 43 % pour les blessures aux genoux comparativement à 24 % en stabulation libre.

    Conséquence, entre autres, d’une surface de couchage souvent trop abrasive en comparaison avec la litière de plus de 15 centimètres d’épaisseur qu’on retrouve régulièrement dans les étables en stabulation libre.

    Quant aux 33 % de blessures au cou en stabulation entravée, elles trouvent évidemment leur source dans le port constant de la chaîne.


    Au Canada, les vaches qui passent leur vie dans des stalles entravées ont plus de blessures qu’avec d’autres systèmes d’élevage. Photo : Radio-Canada

    Le “Code de pratique pour le soin et la manipulation des bovins laitiers”, un outil de référence à l’intention des producteurs laitiers canadiens, est actuellement en révision, puisque la dernière mouture date de 2009.

    Nous avons obtenu la version préliminaire du nouveau code, dont l’élaboration sera terminée d’ici la fin de l’année. Elle propose dorénavant de loger les vaches laitières au pâturage ou en stabulation libre afin qu’elles aient la possibilité de se mouvoir davantage. Quant au vêlage, les producteurs devraient obligatoirement permettre aux vaches de mettre bas en stabulation libre d’ici 2028, s’il n’en tient qu’aux experts canadiens qui se penchent présentement sur la question.

    https://fr.scribd.com/document/566235947/Code-de-pratique-pour-le-soin-et-la-manipulation-des-bovins-laitiers#down

    Ce serait la moindre des choses aux yeux d’Edwin Quigley, qui supervise présentement l’agrandissement de l’étable d’un de ses clients, Dave Kelly, un producteur laitier de Saint-Nazaire-de-Dorchester, dans la région de Chaudière-Appalaches.


    Dave Kelly, producteur laitier, veut améliorer le bien-être de ses vaches et collabore avec son vétérinaire pour changer les choses. Photo : Radio-Canada

    M. Kelly tente d’améliorer le bien-être de ses vaches à la mesure de ses moyens. “Il y a des gens qui pensent qu’on utilise les vaches comme des machines, moi, je ne suis pas d’accord avec ça, mais il faut qu’elles soient bien dans ce qu’elles ont à faire, c’est important.”

    Au programme chez lui, des travaux de construction pour bâtir une section où ses vaches pourront mettre bas en stabulation libre : un enclos de groupe où les vaches auront le loisir de bouger à leur guise pendant le vêlage sans être gênées par l’étroitesse de leurs stalles ou, pire encore, leurs chaînes.


    En stabulation, la litière disposée sur le sol rend la surface plus confortable et aide à éviter l’abrasion. Photo : Radio-Canada

    Un virage pris par de plus en plus de producteurs laitiers du Québec qui, massivement, convertissent leurs troupeaux à l’élevage en stabulation libre pour l’ensemble de leurs opérations, et non uniquement le vêlage. “On fait du rattrapage, soutient Daniel Gobeil, président des Producteurs de lait du Québec.”

    “Des vaches attachées toute leur vie, on tend à éliminer ces pratiques-là. On est à la croisée des chemins en termes de bien-être animal”, conclut-il.

    #chaînes #beurk #boycott #alimentation #sirop_d'érable #assiette #malbouffe #agriculture #élevage #élevage #alimentation #vaches #viande #agrobusiness #lait #agro-industrie #quelle_agriculture_pour_demain_ #violence #torture #capitalisme

    • Monsieur trudeau, vous êtes une honte pour la démocratie ! Veuillez nous épargner votre présence Christine Anderson, députée européenne (Allemande) au Parlement européen

      Après parlé avec des parlementaires européens lors de sa visite officielle de deux jours à Bruxelles, la parole a été donnée à la députée allemande Christine Anderson qui a interpellé le Premier ministre canadien, disant qu’il ne devrait pas pouvoir s’exprimer au Parlement européen.

      Anderson a accusé Trudeau d’admirer ouvertement la dictature de base chinoise et a appelé le Premier ministre pour avoir piétiné “les droits fondamentaux en persécutant et en criminalisant ses propres citoyens en tant terroristes simplement parce qu’ils osent s’opposer à son concept pervers de démocratie”.

      le Canada est passé du statut de symbole du monde moderne à celui de « symbole de la violation des droits civils » sous la « chaussure semi-libérale » de Trudeau.

      Elle a terminé son discours en disant à Trudeau qu’il était « une honte pour toute démocratie. Veuillez nous épargner votre présence.
      https://www.youtube.com/watch?v=vtnfcVAZB6I


      Le député croate Mislav Kolakusic a également dénoncé Trudeau pour avoir violé les droits civils des Canadiens qui ont participé aux manifestations du « Freedom Convoy ». Lors de son propre discours cinglant devant ses collègues parlementaires européens, Kolakusic a déclaré à Trudeau que ses actions en promulguant la loi sur les urgences étaient « une dictature de la pire espèce ».
      Trudeau s’est assis et a écouté Kolakusic informer le premier ministre que de nombreux Européens l’ont vu « piétiner des femmes avec des chevaux » et bloquer « les comptes bancaires de parents célibataires ».
      L’eurodéputé roumain Christian Terhes a également refusé d’assister au discours de Trudeau aux autres membres de l’UE.

      Source :
      https://thecanadian.news/vous-etes-une-honte-un-depute-allemand-interpelle-trudeau-en-face-lors
      https://twitter.com/lemairejeancha2/status/1507033759278940161
      https://vk.com/wall551774088_43985?z=video640533946_456239116%2Fa7ea5429d710b84557%2Fpl_post_55

      NDR Cette députée allemande est de droite, mais la vérité ne fait pas de politique.

       #canada #justin_trudeau #trudeau la #violence #contrôle_social #police #dictature #violences_policières #violence_policière #répression #violence #maintien_de_l'ordre #brutalité_policière #manifestation #violences_policieres

    • Salaire mirobolant et logement de fonction : le train de vie princier du directeur du Fresnoy à Tourcoing Pierre Leibovici
      https://www.mediacites.fr/lu-pour-vous/lille/2022/03/24/salaire-mirobolant-et-logement-de-fonction-le-train-de-vie-princier-du-di

      Les angles morts, Quelques obscurcissements, Prolongations… Le titre de ces romans signés Alain Fleischer était-il prémonitoire ? Il résonne en tout cas avec le rapport publié, vendredi 18 mars, par la Chambre régionale des comptes des Hauts-de-France sur l’association Le Fresnoy — Studio national des arts contemporains, dont il est le directeur.


      Ouvert au public en 1997, l’imposant bâtiment du Fresnoy, situé dans le quartier du Blanc Seau à Tourcoing, abrite une école supérieure d’art ainsi qu’un lieu de représentation et de production (cinéma, danse, photo, arts numériques). L’établissement, imaginé dès 1987 par l’artiste Alain Fleischer à la demande du ministère de la Culture, est aujourd’hui mondialement reconnu. Trente-cinq ans plus tard, et malgré son âge de 78 ans, il n’a toujours pas lâché le bébé.

      Un salaire brut de 91 000 euros
      « Le cinéaste », « l’auteur », « le photographe, le plasticien » : le parcours d’Alain Fleischer est fièrement détaillé sur le site Internet du Fresnoy, qui lui consacre une page entière. « L’ambassadeur du Fresnoy », ajoute la Chambre régionale des comptes dans son rapport : « il en est pilote stratégique, notamment pour l’évolution vers le projet de StudioLab international [un programme de collaboration entre artistes et scientifiques], il initie les grands partenariats et exerce les fonctions de responsable pédagogique ».

      « Le montant de sa rémunération ne s’appuie pas sur son contrat de travail »
      Pour remplir ces missions, Alain Fleischer bénéficie d’un confortable salaire de 91 000 euros bruts par an, soit 7 600 euros bruts par mois. Un montant stable sur la période allant de 2016 à 2019, sur laquelle se sont penchés les magistrats financiers, mais qui interroge : « le montant de sa rémunération ne s’appuie sur aucun élément présent dans son contrat de travail qui date de plus de 30 ans, pas plus que des avenants ultérieurs dont le dernier date, en tout état de cause, de 2002 ». La Chambre demande donc instamment une révision du contrat de travail du directeur et sa validation par le conseil d’administration de l’association.

      Un immeuble pour logement de fonction
      Dans la suite de leur rapport, les magistrats recommandent aussi que le conseil d’administration valide la mise à disposition d’un logement de fonction pour Alain Fleischer. Ou plutôt d’un « immeuble d’habitation », peut-on lire sans plus de précisions. Ce bâtiment, ainsi qu’un autre d’une surface de 11 000 m2, est la propriété de la région Hauts-de-France, principal financeur du Fresnoy.

      Quelle est la valeur de l’avantage en nature consenti à l’association et à son directeur ? Difficile à dire : la dernière évaluation, réalisée en 2002, tablait sur un coût de 455 823 euros par an. Un montant sans doute bien plus élevé vingt ans plus tard, d’autant que la région prend à sa charge les travaux et la majeure partie de l’entretien des bâtiments. « Une réévaluation de la valeur de ces biens immobiliers qui figurent dans les comptes de l’association serait nécessaire », acte la Chambre régionale des comptes.

      Gouvernance à clarifier
      Autre recommandation adressée au studio d’art contemporain : la clarification de la gouvernance de l’association. À l’heure actuelle, un conseil d’administration cohabite avec une assemblée générale. Mais les deux instances, dont les missions diffèrent, sont composées des mêmes membres : 10 membres de droit et 14 personnalités qualifiées. Pour mettre fin à cette « confusion », les magistrats appellent donc l’association à revoir ses statuts.

      Cette dernière recommandation vaut aussi pour la rémunération de certains membres du conseil d’administration. Car, d’après la Chambre régionale des comptes, « des membres du conseil d’administration, du fait de leurs fonctions et qualités professionnelles et artistiques, peuvent être amenés à remplir le rôle de commissaire de certaines expositions du Fresnoy ou à effectuer des missions de représentation, donnant lieu à versement d’émoluments ». Et de conclure, en des termes toujours policés, que l’association devrait réviser ses statuts « par souci de sécurité juridique ».

      Sollicité à l’issue de l’audit des magistrats financiers, le président de l’association, Bruno Racine, s’est engagé à suivre toutes leurs recommandations et à mettre à jour les statuts dans un délai de six mois. « Cette révision permettra de préciser les modalités de recrutement du directeur », a-t-il affirmé. Écrivain et haut-fonctionnaire, aujourd’hui âgé de 70 ans, Bruno Racine a toutes les raisons de prêter attention aux recommandations de la Chambre régionale des comptes : il a un temps été conseiller-maître à la Cour des comptes.

      #Fresnoy #Tourcoing #argent #fric #art #art_press #claude_leveque @legrandmix #art_contemporain pour #bobo #ruissèlement #ruissellement #photographie #guerre_aux_pauvres

    • Énergie : au Royaume-Uni, même les pommes de terre deviennent trop chères LePoint.fr
      https://www.msn.com/fr-fr/finance/other/%C3%A9nergie-au-royaume-uni-m%C3%AAme-les-pommes-de-terre-deviennent-trop-ch%C3%A8res/ar-AAVqibD?ocid=msedgdhp&pc=U531#

      Durant des siècles, les pommes de terre ont été, par excellence, l’aliment de base des populations pauvres. Faciles à cultiver, peu chères à l’achat et nourrissantes, elles étaient l’élément de base ? sinon le seul - de populations entières. À tel point qu’au XIXe siècle, l’apparition du mildiou en Irlande ? une maladie qui anéantit presque totalement la culture de la pomme de terre ? provoqua une famine ? et la mort de près d’un million de personnes.

      Par les temps qui courent, cependant, la pomme de terre semble perdre son avantage auprès des populations dans le besoin. En effet, selon The Guardian, https://www.theguardian.com/business/2022/mar/23/food-bank-users-declining-potatoes-as-cooking-costs-too-high-says-icela de plus en plus de personnes ayant recours aux banques alimentaires refusent les pommes de terre, ne pouvant se permettre la dépense énergétique nécessaire à la longue cuisson de ces dernières.

      Une inflation record en 30 ans
      « C’est incroyablement inquiétant », a expliqué le gérant d’une chaîne de supermarchés low cost sur la BBC. « Nous entendons parler de certains utilisateurs de banques alimentaires qui refusent des produits tels que les pommes de terre et d’autres légumes-racines parce qu’ils n’ont pas les moyens de les faire bouillir », détaille-t-il, parlant de « la crise du coût de la vie » comme du « plus important problème intérieur » au Royaume-Uni.

      Outre-Manche, le coût de la vie continue d’augmenter rapidement, rapporte The Guardian. L’inflation a atteint 6,2 % en février, selon les chiffres de l’Office for National Statistics, une première depuis trente ans. Elle est alimentée par la hausse du coût de l’essence et du diesel et d’un large éventail de produits de nourriture aux jouets et jeux. En 2021, l’inflation spécifique aux produits alimentaires a été de 5,1 % au Royaume-Uni.

      #pauvreté #prix de l’#énergie #spéculation #capitalisme #marché_libre-et_non_faussé #électricité #spéculation #alimentation #banques_alimentaires #pommes_de_terre

  • Claude Ponti
    https://www.arteradio.com/son/61670535/claude_ponti_1_3

    Claude Ponti est né en 1948 à Lunéville (Lorraine). C’est l’un des souverains pontifes de la littérature jeunesse, avec 8,6 millions de livres vendus en France depuis 1986, parfois traduits en italien, en roumain, en japonais ou en chinois. Un dessinateur-auteur culte, occasionnellement dramaturge et romancier, avec plus de 80 ouvrages publiés pour l’essentiel à L’École des Loisirs, dont les incontournables « Okilélé », « Pétronille et ses 120 petits » ou encore « Blaise et le château d’Anne Hiversère ». Source : Bookmakers - Arte Radio

  • #Frantz_Fanon

    Le nom de Frantz Fanon (1925-1961), écrivain, psychiatre et penseur révolutionnaire martiniquais, est indissociable de la #guerre_d’indépendance algérienne et des #luttes_anticoloniales du XXe siècle. Mais qui était vraiment cet homme au destin fulgurant ?
    Nous le découvrons ici à Rome, en août 1961, lors de sa légendaire et mystérieuse rencontre avec Jean-Paul Sartre, qui a accepté de préfacer Les Damnés de la terre, son explosif essai à valeur de manifeste anticolonialiste. Ces trois jours sont d’une intensité dramatique toute particulière : alors que les pays africains accèdent souvent douloureusement à l’indépendance et que se joue le sort de l’Algérie, Fanon, gravement malade, raconte sa vie et ses combats, déplie ses idées, porte la contradiction au célèbre philosophe, accompagné de #Simone_de_Beauvoir et de #Claude_Lanzmann. Fanon et Sartre, c’est la rencontre de deux géants, de deux mondes, de deux couleurs de peau, de deux formes d’engagement. Mais la vérité de l’un est-elle exactement celle de l’autre, sur fond d’amitié et de trahison possible ?
    Ce roman graphique se donne à lire non seulement comme la biographie intellectuelle et politique de Frantz Fanon mais aussi comme une introduction originale à son œuvre, plus actuelle et décisive que jamais.

    https://www.editionsladecouverte.fr/frantz_fanon-9782707198907

    #BD #bande_dessinée #livre

    #indépendance #Algérie #Organisation_armée_secrète (#OAS) #décolonisation #biographie #colonisation #France #souffrance_psychique #syndrome_nord-africain #violence #bicots #violence_coloniale #lutte_armée #agressivité #domination #contre-violence #violence_politique #violence_pulsionnelle #Jean-Paul_Sartre #Sartre #socialthérapie #club_thérapeutique_de_Saint-Alban #François_Tosquelles #Saint-Alban #Septfonds #narcothérapie #négritude #école_d'Alger #Blida #primitivisme #psychiatrie_coloniale #insulinothérapie #cure_de_Sakel #sismothérapie #choc #autonomie #révolution #Consciences_Maghrébines #André_Mandouze #Amitiés_Algériennes #Wilaya #Association_de_la_jeunesse_algérienne_pour_l'action_sociale (#AJASS) #Alice_Cherki #maquis #montagne_de_Chréa #torture #attentats #ALN #FLN #El_Moudjahid #congrès_de_la_Soummam #pacification_coloniale #Septième_Wilaya #massacre_de_Melouze #opération_Bleuite #histoire

  • Pédocriminalité
    L’affaire Claude Lévêque remue la biennale d’« Art Press »

    Plusieurs écoles d’arts refusent de participer à la deuxième édition de la manifestation organisée par le magazine, prévue en 2022 à Montpellier. En cause, son soutien au plasticien accusé de pédocriminalité.

    La révélation des accusations de pédocriminalité à l’encontre du plasticien Claude Lévêque, en janvier, a provoqué un séisme qui secoue encore le milieu de l’art contemporain. Et les répliques se font sentir jusque dans les écoles d’enseignement supérieur artistique. Les crispations se cristallisent aujourd’hui autour d’« Après l’école » ; la toute jeune biennale organisée par le journal Art Press. La première édition, écourtée à cause du deuxième confinement, a eu lieu à Saint-Etienne (Loire) en octobre-novembre 2020, au musée d’Art moderne et contemporain et à la Cité du design. Une deuxième édition, prévue à Montpellier en 2022, associe cette fois le Mo.Co (réunion de l’Ecole supérieure des beaux-arts et les espaces d’exposition de la Panacée et de l’Hôtel des collections) avec le Musée Fabre, musée des beaux-arts de Montpellier.
    Boycott de l’école où enseigne un des plaignants

    Cette nouvelle biennale entend défendre la création émergente et vise à promouvoir le travail de 30 à 40 anciens élèves, diplômés depuis deux à cinq ans. Les dossiers des postulants seront sélectionnés par un jury. Sollicitées pour présenter des jeunes talents à cette biennale, les 45 directions des écoles d’art sont divisées sur la réponse à apporter à cette proposition.

    Pourquoi ? Car le 23 février dernier, la revue Art Press a publié une tribune en soutien à Claude Lévêque intitulée « Présomption d’innocence », pour défendre le plasticien, accusé de viols et d’agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, comme l’a révélé par le Monde et Mediapart.

    Stéphane Sauzedde, directeur de l’Ecole supérieur d’art d’Annecy (Esaaa), a fait savoir par courrier qu’il ne présenterait pas de dossier. Parmi l’équipe d’enseignants haut-savoyards se trouve Laurent Faulon, l’artiste qui a porté plainte contre Claude Lévêque auprès du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Le professeur a le soutien des élèves et de Stéphane Sauzedde, en total désaccord avec la tribune d’Art Press. « On sait que les agissements dénoncés par Laurent Faulon sont prescrits et donc ne peuvent être considérés par la justice… Aucun·e diplomé·e de l’Esaaa ne souhaiterait participer à une biennale organisée par le journal et les personnes qui témoignent un tel mépris pour sa parole », a écrit Stéphane Sauzedde dans ce courrier adressé à la direction de l’événement.

    Selon la volonté du directeur, la lettre a circulé auprès d’autres directeurs d’écoles d’art, dont les établissements sont nombreux à être traversés par des conflits liés aux violences sexistes et sexuelles. « A Annecy, nous avons parlé avec beaucoup de sérieux des questions de pédocriminalité, et plus largement des violences sexistes et sexuelles, précise Stéphane Sauzedde. Le sujet était d’évidence grâce à la présence de Laurent Faulon, mais aussi parce que l’équipe comme les étudiants sont engagés et souhaitent accuser réception, ici et maintenant, sans délai, du mouvement #MeToo qui traverse la société. Et pour toutes et tous, il est évident qu’en matière de pédocriminalité, dire qu’il faut s’en remettre à la justice et seulement à elle alors que les faits sont prescrits, c’est affirmer que la parole est interdite. S’ils veulent travailler avec la jeune création, il faut qu’ils entendent que ceci est important. »

    Une trentaine d’écoles favorables à la biennale

    Ce point de vue n’est pas partagé par les organisateurs de la biennale, qui dénoncent une polémique déplacée. Celle-ci ferait de l’ombre aux jeunes artistes et produirait un amalgame : d’une part, entre les positions de Catherine Millet (directrice de la rédaction), les éditos de Jacques Henric (collaborateur d’Art Press), la tribune en faveur de la présomption d’innocence concernant Claude Lévêque et, d’autre part, l’organisation d’une biennale pour la création émergente, avec deux commissaires qui n’ont pas signé la tribune du 23 février. « Ceux qui critiquent n’ont pas demandé aux jeunes artistes comment s’était passée la première édition, avance Romain Mathieu, critique d’art, enseignant à l’Ecole supérieure d’art de Saint-Etienne (Esadse) et co-commissaire de la biennale avec Etienne Hatt, rédacteur en chef adjoint d’Art Press. « Cette biennale est l’occasion de donner une visibilité aux jeunes diplômés. Les écoles ont pour mission de veiller à une professionnalisation, alors qu’il est si difficile aujourd’hui de devenir un artiste. »

    Numa Hambursin, directeur du Mo.Co, qui prévoit d’accueillir l’exposition, abonde : « Comment faire pour les aider ? Ma priorité va aux étudiants afin de leur mettre le pied à l’étrier. » Pour lui, il s’agissait surtout d’augmenter le forfait de 300 à 1 000 euros par participant pour la nouvelle édition. « Art Press est un monument de la critique, nous y sommes tous passés, c’est la seule revue française qui soit internationale », défend-il. Selon Numa Hambursin, plusieurs écoles ont déjà répondu à l’appel en envoyant des dossiers, comme les Beaux-Arts de Paris ou les Arts-déco (Ensad) ; une trentaine d’écoles seraient favorables. Le Fresnoy, à Tourcoing, dirigé par Alain Fleischer (signataire de la tribune), entend aussi y participer. Raphaël Cuir, directeur de l’Ecole supérieure d’art et de design de Reims, a déjà présélectionné des diplômés : « On n’est pas nécessairement d’accord avec 100% de ce qui est écrit dans un journal, mais je trouve il n’y a aucune raison de censurer Art Press qui a légitimement défendu la présomption d’innocence. Les diplômés deviennent des otages si on boycotte ce projet. »

    « Un poids surprenant du patriarcat »

    Sollicitée pour être partenaire d’Après l’école, l’Association nationale des écoles supérieures d’art et design publiques (ANDEA) s’en est tenue à une position de neutralité, laissant chaque direction libre de présenter ou non des anciens étudiants. « Plusieurs membres de l’ANDEA souhaitent affirmer une position éthique forte et cohérente entre le travail fait pendant les études et l’accompagnement des diplômé·es après l’école, sans pour autant pointer du doigt ceux et celles qui auraient un avis divergeant, explique Amel Nafti, co-présidente. Nous avons décidé de faire examiner la participation aux conseils pédagogiques. » Amel Nafti est également directrice de l’Esad Grenoble-Valence, et si le site de Grenoble a déjà choisi de ne pas envoyer de dossiers, la décision de ne pas participer, pour le site de Valence, sera entérinée lors d’un conseil étudiant le 14 décembre. Amel Nafti reconnaît que les écoles d’art traversent en ce moment des moments de vives tensions à propos de questions de violences sexuelles. L’Esad Grenoble-Valence a récemment été secouée par quatre affaires, et la directrice a dû signaler deux plaintes pour viols à Grenoble depuis sa prise de fonction.

    Ce climat de crise est confirmé par Jérôme Delormas. Le directeur de l’Isdat, à Toulouse, a choisi de décliner la proposition de la biennale, en laissant toutefois les anciens diplômés libres de choisir : « On ne fera pas de zèle, ni de publicité », explique-t-il à Libération. A Toulouse, les prises de position d’Art Press ont été au cœur de débats houleux entre l’équipe pédagogique et les étudiants. « Certains enseignants sont heureux que la parole se libère, détaille Jérôme Delormas. Mais il y a aussi un poids surprenant du patriarcat dans nos réseaux. »

    Dans une lettre adressée à la direction de la biennale, Estelle Pagès, directrice de l’Ensba Lyon, a elle aussi décliné l’invitation, après consultation du conseil pédagogique : « Certaines des positions portées par la revue Art Press depuis ces dernières années sont en contradiction avec ce que les écoles supérieures d’art cherchent à déconstruire », écrit-elle pour expliquer le choix collégial de l’école.

    Si la plupart des personnes interrogées louent l’initiative d’une biennale autour de la création émergente, l’étiquette Art Press fait ressortir des divisions qui pourraient aussi être rapprochées du départ, ces dernières années, d’une jeune génération de pigistes qui ne se reconnaissaient plus dans la revue.

    On parle de ton musée @arno

    #art #pedocriminalité #claude_leveque #art_press #catherine_millet

    • La tribune d’Art Press en soutiens à Claude Levèque
      https://www.artpress.com/2021/02/23/presomption-dinnocence-claude-leveque

      Paul Ardenne, écrivain et historien de l’art ; Claude Arnaud, écrivain ; Gilles Barbier, artiste ; François Barré, ancien président du Centre Pompidou ; Michel Baverey, éditeur ; Pierre Beloüin, artiste enseignant ; Fabien Boitard, artiste ; Patrick Bouchain, architecte ; Charles-Arthur Boyer, critique d’art, collaborateur à artpress ; Damien Cabanes, artiste plasticien ; François Carbonnier, architecte ; Blandine Chavanne, conservatrice du patrimoine ; Evelyne Chartier, institutrice ; Frédéric Chartier, consultant ; Fabienne Clérin, chargée d’expositions ; Brigitte Cornand, réalisatrice ; Vincent Corpet, peintre ; Alain Coulange, écrivain, critique d’art ; Franck David, artiste ; Benoît Decron, conservateur du patrimoine, historien d’art ; Bernard Delosme, enseignant ; Stéphanie Ditche, artiste ; Jérôme Duwa, écrivain ; Anne-Marie Faucon, artiste ; Jean-Noël Flammarion, éditeur ; Alain Fleischer, écrivain, cinéaste et artiste ; Paul-Armand Gette, artiste ; Josiane Guilloud-Cavat, historienne de l’art ; François Guinochet, amateur et curieux ; Didier Hochart, consultant ; Yves Jammet, médiateur culturel ; Baudouin Jannink, éditeur ; Olivier Kaeppelin, écrivain, critique d’art ; Jason Karaindros, artiste ; Laurent Quénéhen, critique et commissaire d’exposition ; Carlos Kusnir, artiste-peintre ; Vincent Labaume, artiste ; Francis Lacloche, médiateur ; Yvon Lambert, libraire ; Loïc Le Groumellec, artiste ; Ange Leccia, artiste ; Julien Ludwig-Legardez, sérigraphe, Atelier Tchikebe ; Olivier Ludwig-Legardez, directeur, Atelier Tchikebe ; Roberto Martinez, artiste ; Catherine Millet, directrice de la rédaction d’artpress ; Ghislain Mollet-Viéville, expert honoraire auprès des tribunaux, agent d’art, critique d’art ; Bernard Moninot, artiste ; Didier Morin, directeur de la revue Mettray ; Jean-Luc Moulène, artiste ; Michel Nuridsany, écrivain, critique d’art ; Dominique Païni, critique et commissaire d’exposition indépendant ; Raphaëlle Paupert-Borne, artiste ; Jacqueline Philippart, amateur d’art ; Michel Philippart, amateur d’art ; Philippe Piguet, historien et critique d’art, commissaire d’exposition indépendant ; Rudy Ricciotti, architecte ; Jacques Ristorcelli, graphiste ; Paul Ristorcelli, directeur d’école ; Éric Rondepierre, artiste ; Jean-Jacques Rullier, artiste plasticien ; Cécile Savelli, artiste peintre ; Karine Savigny, Association A.I.R (Artiste Invité en Résidence) ; Danielle Schirman, artiste, cinéaste ; Alberto Sorbelli, poète ; Ludwig Trovato, vidéaste ; Frederic Valabrègue, écrivain et critique d’art.

    • Faut-il rallumer une installation de Claude Lévêque, accusé de viols sur mineurs ? A Montreuil, le débat fait rage

      Le conseil de quartier de Bel Air demande l’illumination de « Modern Dance », que la mairie avait éteinte en janvier, après que « Le Monde » a révélé les accusations visant le célèbre plasticien.

      Peut-on séparer l’artiste de son œuvre ? Cette question inflammable émerge régulièrement dans le débat public, questionnant notamment les tribunes données au cinéaste Roman Polanski, au musicien Bertrand Cantat ou encore à l’écrivain Louis-Ferdinand Céline. Cette fois, le sujet s’est invité dans un quartier populaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), divisé à propos d’une installation lumineuse monumentale du plasticien Claude Lévêque, aujourd’hui accusé de viols sur mineurs.

      Sur la place centrale du quartier Bel Air, sur les hauteurs de Montreuil, trois larges cercles d’inox décorés d’ampoules se déploient autour des piliers d’un château d’eau décrépi. Presque invisible en journée, l’œuvre s’illumine à la tombée de la nuit. Les cercles prennent l’apparence de cerceaux bleus, qui semblent virevolter autour de la structure.

      VEND. 25/09, 19h, espace 40 (Bel Air) : rencontre avec l’artiste CLAUDE LÉVÊQUE autour de son oeuvre "Modern Dance". http://t.co/cfhcSWZaJW
      — CentreTignousAC (@cactignous@montreuil.fr)

      Depuis janvier, en même temps que les révélations du Monde concernant le plasticien, ce hula-hoop nocturne a cessé. La ville de Montreuil a éteint l’installation Modern Dance quelques jours après avoir appris que son concepteur, de renommée internationale, faisait l’objet depuis 2019 d’une enquête pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, qui remonteraient au milieu des années 1980. Un sculpteur d’une cinquantaine d’années accuse Claude Lévêque, 68 ans, d’avoir abusé de lui et de ses deux frères.

      L’installation, composée de 1 300 LED, se trouve sur une place devant prochainement être baptisée du nom de l’avocate Gisèle Halimi, comme le révélait le magazine Causette qui a dévoilé l’histoire.

      L’extinction de cette œuvre qui a coûté 171 269 euros avait été décidée « pour répondre au choc des habitants qui s’était exprimé à l’époque », explique à l’Agence France-Presse (AFP) la mairie de cette commune limitrophe de Paris. Installée dans l’espace public, « l’œuvre sautait aux yeux des passants », s’imposant également à ceux qui ne souhaitaient plus la voir, commente la municipalité, chargée contractuellement de l’entretenir durant vingt-cinq ans.

      Pendant une année de statu quo, les trois immenses hula-hoops, commandés sous le mandat de Dominique Voynet, sont restés en place sur le château d’eau. Mais, à la fin de novembre, le conseil de quartier de Bel Air a envoyé une lettre à la mairie pour lui demander de rallumer l’installation. Dans ce texte, consulté par l’AFP, cette instance de démocratie participative défend une œuvre intégrée au « patrimoine local », que les habitants se sont appropriée. Et de préciser que l’apprécier ne signifie pas une quelconque forme de soutien à son créateur.

      Fierté locale

      Sans cette illumination, le quartier est devenu « triste » et « lugubre », déplore la lettre. De nombreux riverains ignorent tout des accusations qui pèsent sur Claude Lévêque et pensent simplement que l’œuvre est en panne, ou cassée. « Je ne comprends pas le sens d’éteindre les lumières pour lutter contre la pédophilie », s’agace Delphes Desvoivres, sculptrice vivant à Bel Air, l’une des initiatrices de cette pétition. D’après cette Montreuilloise, qui a témoigné devant la commission sur la pédocriminalité dans l’Église des abus sexuels infligés à son père par un prêtre, « éteindre les lumières n’a jamais aidé personne à aller mieux… ».

      Pour les habitants de Bel Air, l’œuvre de Claude Lévêque constituait une fierté locale. Quelque chose d’unique, de valorisant. « C’est féerique et beau. Sincèrement, à part les barres d’immeubles, il n’y a pas grand-chose de beau dans le quartier », témoigne Mimoun, habitant de logement social à Bel Air depuis seize ans.

      Commandée par la municipalité au plasticien, résident de Montreuil, Modern Dance symbolisait aussi la renaissance du quartier. Son installation en 2015 marquait l’aboutissement d’une décennie de gigantesques travaux de rénovation urbaine pour réhabiliter cette zone qui était affligée par l’insécurité et la pauvreté. « En été, des gens venaient voir l’œuvre. Ils attendaient ici dans le café qu’il fasse nuit » et qu’elle s’égaie, se souvient Niakaté, propriétaire du seul café-restaurant du quartier, face au château d’eau.

      Echanges électriques

      Le rallumage de l’œuvre ne fait toutefois pas l’unanimité localement, et donne parfois lieu à des échanges électriques. Enseignante en maternelle, Cécile Miquel montrait régulièrement à ses élèves le travail de Claude Lévêque, artiste qu’elle admirait. Son Modern Dance avait même pesé dans sa décision de venir s’installer à Bel Air, assure-t-elle.

      Depuis la révélation de l’affaire, l’installation du plasticien provoque, chez elle, un rejet épidermique. « J’en ai assez de cette injonction à faire la part des choses de tout, commente-t-elle auprès de l’AFP, on est ce qu’on fait. On ne peut pas ranger les actes pédocriminels dans un tiroir. »

      Avec son association de parents d’élèves, cette amatrice d’art contemporain défend fermement l’extinction des lumières « pour montrer qu’en 2021 on veut que les choses changent. Que les enfants comprennent qu’ils ont le droit de parler et que les adultes seront là pour les écouter, prendre note et agir en fonction ». D’autant que, rappelle-t-elle, l’œuvre de Claude Lévêque, avec son jeu de cerceaux, se veut « une ode à l’enfance, à l’insouciance de l’enfance ».

      Des œuvres embarrassantes pour plusieurs collectivités

      Le débat dépasse largement le contexte local, posant une question morale aux nombreuses collectivités qui ont passé commande au plasticien, comme Issy-les-Moulineaux, Paris ou encore l’agglomération du Val de Fensch. A Montrouge (Hauts-de-Seine), le néon de Claude Lévêque Illumination n’éclaire plus le beffroi de la ville depuis le 25 janvier, afin d’éviter tout soupçon de complaisance envers l’artiste. Le mot Illumination, qui renvoie aux poèmes de Rimbaud, a en effet été écrit, comme l’explique le site Internet de Claude Lévêque, par l’un de ses « filleuls », ces très jeunes garçons dont il s’entourait, dont le nom apparaît au générique de ses œuvres dès 2012.

      L’œuvre, un néon long de dix mètres et haut de deux, n’avait pas été achetée, mais seulement commandée en prélude au festival Le Jour d’après, qui devait se tenir au printemps, avant d’être annulé en raison de la crise sanitaire. L’œuvre a donc été retirée en mars, au même titre que toutes celles concernées par cet événement.

      A l’inverse, beaucoup de collectionneurs et d’institutions ont continué d’exposer les œuvres de Claude Lévèque, invoquant la présomption d’innocence de l’artiste : celle intitulée J’ai rêvé d’un autre monde (2001) figure toujours dans les combles de la Collection Lambert, à Avignon ; Soleil noir, un immense tapis représentant des diamants, propriété du Mobilier national, décore toujours l’Elysée ; à l’abbaye de Fontevraud (Maine-et-Loire), où se déploie une immense installation baptisée Mort en été (2012), son directeur, Martin Morillon, n’a aucune intention de la démonter, rappelait Le Monde en janvier.

      Face à l’extinction de ses œuvres, Claude Lévèque avait adressé au Monde un courrier en janvier, dans lequel il déplorait ces décisions « en dépit du principe fondamental de la présomption d’innocence et de mon droit moral d’auteur, absolu, inaliénable et imprescriptible ». Selon la loi, il est impossible de modifier, dénaturer ou démanteler une œuvre sans le consentement de son auteur.

      « En vertu du droit au respect de l’artiste, il ne peut être porté atteinte à l’intégrité de son œuvre, celle-ci devant être communiquée au public telle qu’il l’a souhaité », précisait, au Monde, le juriste Pierre Noual, spécialisé en droit du patrimoine artistique. Un arrêt du Conseil d’Etat datant de 1999 permet toutefois de modifier une œuvre « à la seule condition que ce changement soit rendu strictement indispensable par des impératifs esthétiques, techniques ou de sécurité publique », détaillait M. Noual.

      A l’aune de l’importance de plusieurs autres affaires impliquant des célébrités pour des faits de violences sexuelles, plusieurs collectifs féministes estiment que les artistes ne peuvent se soustraire au jugement moral au nom de la sacralité de l’art. Plusieurs associations appellent par ailleurs à un travail de contextualisation autour des œuvres, permettant d’expliquer les accusations dont font l’objet leurs auteurs.

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      "« en dépit du principe fondamental de la présomption d’innocence et de mon droit moral d’auteur, absolu, inaliénable et imprescriptible ». Selon la loi, il est impossible de modifier, dénaturer ou démanteler une œuvre sans le consentement de son auteur."
      Pour le démantèlement des œuvres je suis pas sur. Ca voudrais dire qu’on ne peu pas décroché une œuvre une fois qu’on l’a accroché. Les auteurs ont un droit de retrait, ils peuvent faire décroché une œuvre mais pas obligé à l’afficher.
      Sinon pour le fait que la place va s’appeler Gisèle Halimi c’est pas très respectueux, faudrait appeler cette place Matznef peut être ou Place Marc Dutouc ca serait plus respectueux et conforme à l’œuvre de Claude Lévêque.

    • https://www.mediapart.fr/journal/france/231122/les-oeuvres-de-claude-leveque-accuse-de-viol-sont-devenues-embarrassantes

      Montreuil (Seine-Saint-Denis).– Dimanche 20 novembre. Un vent humide soulève les affiches collées sur les piliers du château d’eau qui domine le quartier de Bel-Air, entre terrain de foot et immeubles HLM. Aux côtés de reproductions d’œuvres d’art de Picabia ou Goya montrant des enfants maltraités, on lit notamment que « lutter contre les violences faites aux femmes, c’est aussi lutter contre les violences faites aux enfants. #ME2 ».

      Le 20 novembre est la journée internationale des droits de l’enfant. Depuis un an, la place du château d’eau porte le nom de l’avocate Gisèle Halimi.

      L’élégant bâtiment, daté de 1930 et désormais hors service, est devenu le symbole de cette portion sud de Montreuil. Tout autour de la structure haute sur pattes court un rail hérissé de centaines de LED : la nuit, leur lueur bleutée s’élève en spirale et donne à la place l’allure d’une base aérospatiale. Depuis quelques semaines, les lumières ne s’allument plus.

      L’œuvre, commandée par la ville et installée en 2015, a pour titre Modern Dance et pour auteur l’artiste français Claude Lévêque, 69 ans, qui réside en partie à Montreuil. Celui-ci fait l’objet de deux plaintes déposées par Laurent Faulon, l’une en mars 2019 au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), l’autre en juin 2019 à Nevers (Nièvre), pour des faits de « viols sur mineurs de moins de 15 ans et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans ».
      La place du château d’eau, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). © DR

      L’enquête publiée par Mediapart le 13 janvier 2021 faisait état de plusieurs autres témoignages évoquant des faits similaires. À ce jour, Claude Lévêque, qui a depuis été entendu par la police ainsi que d’autres témoins, reste présumé innocent. Contacté, le parquet de Bobigny indique que l’enquête préliminaire qui le vise est toujours ouverte.

      Quelques jours après la révélation de l’affaire, la mairie de Montreuil – qui contractuellement doit entretenir Modern Dance pendant 25 ans, soit jusqu’en 2040 – décidait d’éteindre l’œuvre, sans pour autant la démonter. Alexie Lorca, adjointe au maire déléguée à la culture et à l’éducation populaire, indiquait alors à l’AFP : « Il ne s’agit pas de censure, ni de remettre en question la présomption d’innocence. Nous dissocions l’œuvre de l’artiste, mais l’œuvre est une installation monumentale qui est dans l’espace public et donc imposée à tous les habitants. »

      En novembre 2021, le conseil de quartier, qui compte une trentaine de personnes, demandait à la mairie de rallumer l’œuvre. Ce qui fut accepté quelques mois plus tard. Ce rallumage devait s’accompagner d’un « temps d’échange et de sensibilisation sur les violences faites aux enfants » qui n’a jamais eu lieu.
      Éteinte, puis rallumée, puis éteinte

      Le 21 mars 2022, la spirale bleutée de Claude Lévêque éclairait à nouveau la place Gisèle-Halimi. Pourquoi, 14 mois après la publication de l’enquête, réclamer qu’elle soit rallumée ? Dans un compte-rendu du conseil de quartier de janvier 2022, la sécurité des lieux est mentionnée : « La place du château d’eau connaît plusieurs sources de tensions depuis un an. [...] Des problématiques sont apparues : santé mentale, précarité économique, isolement social, addiction, incendie volontaire. » Le « sentiment de danger sur la place à la tombée de la nuit » justifierait le rallumage de l’œuvre, selon le document.

      Mais depuis cet été, Modern Dance est de nouveau éteinte, sans qu’aucune explication n’ait été donnée aux riverain·es. La mairie de Montreuil a ignoré nos nombreuses relances à ce sujet.
      Affiche réalisée par Delphes Desvoivres, membre du conseil de quartier local. © DR

      Delphes Desvoivres, membre du conseil de quartier, est l’autrice des affiches collées sur le château d’eau. En ce dimanche de novembre, elle est seule sous l’œuvre de Claude Lévêque. Elle-même artiste, elle est en faveur du rallumage de l’œuvre. « L’indignation, l’extinction des lumières, ne sont pas des réponses suffisantes », estime cette militante contre les violences éducatives sur les enfants au sein de l’association La Société protectrice des nuages. « Il n’y a pas de raison de priver les habitants de l’œuvre, qui est devenue un symbole du quartier et qui l’embellit. »

      Pour Delphes Desvoivres cependant, « rallumer l’œuvre ne suffit pas ». Il faut, selon elle, accompagner ce choix d’une « sensibilisation aux violences sur les enfants ». Or aucune action n’aurait été engagée par la mairie en ce sens.

      « Cinq lignes ont été publiées dans Le Montreuillois [le journal local – ndlr] quand l’œuvre a été éteinte, dénonce l’artiste. Quand elle a été rallumée, je voulais distribuer des flyers dans les boîtes aux lettres pour en donner une explication, mais Alexie Lorca m’a dit que ça n’était pas la peine, car les gens allaient tout casser. C’est de l’hypocrisie, de l’infantilisation, on laisse les gens dans l’ignorance. »
      Les collectivités locales regardent ailleurs

      Ailleurs, les réactions politiques aux œuvres de Claude Lévêque présentes dans l’espace public sont diverses. Les réponses à nos questions sont vagues, tardives, et la plupart du temps, c’est le silence total.

      À Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), le grand néon rouge Les Dessous chics, qui court sur le pont face à l’île Saint-Germain, a continué de briller après la révélation de la plainte contre Claude Lévêque. Commande du département, l’œuvre a été installée en septembre 2018 non loin du siège de TF1.
      Image extraite de l’émission « Complément d’enquête ». Au fond, le grand néon rouge réalisé par Claude Lévêque. © Capture d’écran France 2

      C’est elle qu’on voit à l’arrière-plan du plateau de l’émission de France 2 « Complément d’enquête » (« PPDA, la chute d’un intouchable ») du 28 avril 2021 : se détachant sur ce fond flamboyant, la journaliste Muriel Reus, fondatrice et présidente de l’association « Femmes avec… », y témoigne au nom des nombreuses femmes qui accusent l’ancien présentateur télé de violences sexuelles. Depuis le 27 octobre, l’œuvre est éteinte. Pour quelle raison ? Le département n’a pas répondu à nos multiples demandes d’entretien.

      Chaque nuit depuis 2007 à Uckange (Moselle), le haut-fourneau U4 s’empourpre des lumières de Tous les soleils de Claude Lévêque, commande publique de la communauté d’agglomération du Val de Fensch, soutenue par le ministère de la culture. L’illumination fait du site un véritable phare dans le paysage environnant, entretenant la mémoire ouvrière d’une région marquée par l’industrie métallurgique.

      Depuis fin octobre, l’ancien site industriel transformé en parc à vocation patrimoniale et culturelle est plongé dans l’obscurité. L’extinction a été envisagée, sans être actée, dès qu’a été révélée la plainte contre Claude Lévêque, nous informe Muriel Pelosato, directrice des sports, de la culture et du patrimoine de la communauté d’agglomération.
      Le haut fourneau U4 d’Uckange, illuminé par une œuvre de Claude Lévêque © Bertrand Rieger / Hemis via AFP

      Mais la récente décision aurait été prise pour durer jusqu’au 31 mars 2023 pour des raisons économiques, « suite aux contraintes budgétaires qui pèsent actuellement sur les établissements publics de coopération intercommunale, liées à l’augmentation conséquente du coût de l’énergie ». L’élue ne sait pas ce qu’il en sera ensuite.

      Moins spectaculaires, les panneaux en inox froissés de Tchaïkovsky (2006), surmontant l’aqueduc de la Vanne dans le XIVe arrondissement de Paris, sont toujours en place : commande du Centre national des arts plastiques (CNAP), l’œuvre est propriété de la Ville de Paris, qui n’a pas répondu non plus à nos sollicitations.

      S’il devait contester le retrait de ses œuvres de l’espace public, Claude Lévêque, en invoquant son droit moral, obtiendrait probablement gain de cause auprès d’un juge : dans la loi française, l’œuvre reste considérée comme autonome de son auteur, tandis que le statut de celui-ci le place encore, dans l’imaginaire collectif, au-dessus du réel et de la société.
      Dans les collections

      En attendant, c’est dans les lieux où ses œuvres sont les moins offertes au regard que la décision a été prise le plus rapidement. Fin janvier 2021, le conseil régional des Pays de la Loire annonçait le retrait de l’installation Mort en été de l’exposition permanente de l’abbaye royale de Fontevraud (Maine-et-Loire) « jusqu’à ce que la justice fasse la lumière sur les accusations » contre l’artiste.

      À la Collection Lambert à Avignon, la salle qui accueille J’ai rêvé d’un autre monde, un long néon rouge conçu spécifiquement pour les lieux, est restée fermée au public après le premier confinement, par décision du conseil d’administration. « L’œuvre cristallisait trop de choses », explique Stéphane Ibars, directeur artistique délégué.

      Dans le XIIIe arrondissement de Paris, La Fab., qui accueille la fondation agnès b. – la styliste est une importante collectionneuse qui a beaucoup acheté et soutenu le travail de Claude Lévêque dès les années 1980 –, était inaugurée en février 2020 avec l’exposition « La Hardiesse », qui présentait des photographies de l’artiste, notamment le portrait d’un adolescent de 14 ans, crâne rasé, tête et buste recouverts de confiture de fruits rouges. Les œuvres de Claude Lévêque ne sont plus visibles dans l’accrochage actuel.

      En 2009, Claude Lévêque représentait la France à la Biennale de Venise.

      Les œuvres des collections publiques françaises (56 au total) dorment quant à elles dans les réserves, que ce soit au centre Pompidou, au Mac Val (musée d’art contemporain du Val-de-Marne), au musée d’art moderne de Paris, au CAPC de Bordeaux, dans les divers fonds régionaux d’art contemporain ou au CNAP. Celui-ci conserve une série de dix photographies particulièrement équivoques : Vacances au Cambodge (2004), achetée à la galerie Yvon Lambert en 2006, montre un jeune garçon torse nu, vu du dessous d’une table en verre.

      Une pièce cependant est sortie des réserves après le dévoilement de l’affaire : la sérigraphie Not afraid (2016) a été prêtée par les Abattoirs de Toulouse pour deux expositions en Haute-Garonne, l’une en juin 2021 au musée de Saint-Frajou et l’autre, de manière plus surprenante, au collège Georges-Chaumeton, à L’Union, de janvier à avril 2021.

      Jusqu’en janvier 2021, Claude Lévêque était un véritable artiste officiel de la République française. En 2009, il représentait la France à la Biennale de Venise, son tapis en velours Soleil noir (2007), réalisé par la manufacture de la Savonnerie, orna le sol du bureau d’Emmanuel Macron à l’Élysée, dès 2017 et jusqu’en février 2021 (avant d’être remisé au Mobilier national), ses œuvres ornèrent la pyramide du Louvre en 2014-2015, et l’Opéra de Paris en 2018-2019.
      Sur le marché de l’art

      Aujourd’hui, le cas de Claude Lévêque provoque l’embarras. Celui de son ancien galeriste Kamel Mennour d’abord, qui a effacé (presque) toute trace de l’artiste de son site internet et qui, immédiatement après la parution de l’enquête, a annoncé la fin de sa collaboration avec l’artiste.

      Il est quasiment absent des salles des ventes. Une œuvre a été cédée en mai 2022, la première depuis avril 2020 : une sérigraphie, La nuit pendant que vous dormez, je détruis le monde (2009), adjugée 380 euros, sous son estimation basse, à la maison de ventes Cornette de Saint-Cyr (la même se vendait pour 900 euros en 2013).

      Seule la galerie Gilles Drouault, à Paris, propose sur son site deux photographies (2 950 et 1 400 euros pièce). Quant aux t-shirts dessinés par Claude Lévêque en 2019 pour les 30 ans d’Act Up, produits sur commande en partenariat avec le Mac Val, ils ne sont plus disponibles.

      Magali Lesauvage

      En resumé c’est a cause du cout élevé de l’électricité que Montreuil a éteint cette sculpture.

  • Femmes organistes oubliées (of course)
    La plupart des œuvres qu’elles ont composées sont aujourd’hui perdues, celles de Marguerite Thierry, née vers 1650, autrice d’un Livre d’orgue, Marie Racquet, née vers 1634, organiste du couvent parisien des Filles de la Croix, sa sœur Charlotte-Cécile, née en 1644 et organiste (vers 1670) de l’Abbaye de Longpré, Marie-Claude Renault, des Dames de la Croix (1751), Mademoiselle Chéré, des Religieuses de la Conception (1763), Mademoiselle Courtin, du Couvent royal des Filles-Dieu de Paris (1769), Mademoiselle Fieul, de l’Abbaye de Longchamp à Bagneux (1788), Marie-Madeleine Couperin, fille de François Couperin (1705-1742), religieuse à l’Abbaye de Montbuisson, dont elle sera, à partir de 1719, l’organiste…

    Claude Nadeau, titulaire et conservatrice de l’orgue de Carnac, veut les désinvisibiliser un peu :
    https://www.organroxx.com/en_US/shop/product/org-05-manuscrits-des-augustines-de-vitre-2321?category=1

    On lit dans le livret :

    Si on naissait au 17e ou 18e siècle, qu’on était une femme, et qu’on avait du talent pour jouer de l’orgue, il valait sans doute mieux devenir religieuse. Le couvent était par ailleurs socialement la
    seule alternative pour les femmes qui ne souhaitaient pas se marier et avoir des enfants. Les couvents regorgent donc de femmes qui sont souvent éduquées, lettrées, autonomes, volontaires, et organisées. C’est dans ce contexte que s’épanouira une grande partie du répertoire pour orgue. […] plusieurs des plus grandes œuvres pour orgue baroque français ont été composées pour être jouées par des religieuses : on pense à Gaspard Corrette, et sa « Messe du 8e ton pour orgue à l’usage des dames religieuses et utile à ceux qui touchent l’orgue » ; à Michel Corrette et à sa « Messe à l’usage des dames religieuses », et bien sûr à François Couperin, dont la propre fille est organiste dans une abbaye, et à sa Messe pour les Couvents « propre pour les couvents des Religieux et des Religieuses ». Il n’était pas formellement interdit aux femmes de jouer de l’orgue dans les églises ; mais si on connaît les noms d’un certain nombre de femmes qui furent organistes, on constate qu’elles ne sont titulaires d’aucune tribune importante, et se contentent presque toujours de jouer dans les couvents.

    #femmes #visibilisation #orgue #musique #Claude_Nadeau

    • Käte van Tricht, deutsche Musikerin und Musikpädagogin
      https://de.m.wikipedia.org/wiki/K%C3%A4te_van_Tricht

      KvT *100
      https://www.daybyday.press/article2470.html?lang=de

      Käte van Tricht wurde am 22. Oktober 1909 in Berlin geboren, lebte und arbeitete in der Freien und Hansestadt Bremen und verstarb dort am 13. Juli 1996.

      Heute jährt sich ihr Geburtstag also zum einhundertsten Mal. [1]

      1.

      In den nachfolgenden Einträgen wird zunächst nur auf die Ereignisse, Veranstaltungen und Publikationen und Sendungen rund um diesen Tag Bezug genommen.

      Diese werden zu einem späteren Zeitpunkt auf der Seite
      www.kaete-van-tricht.de [2]
      noch ausführlicher und umfassender dargestellt werden. [3]

      2.

      Derzeit sind für diese Online-Darstellung im Rahmen der Nachforschungen, Zusammenstellungen, Dokumentationen und Kommentare, die folgenden Kategorien in Arbeit:

      – Wirken
      Hier entsteht ein Verzeichnis über das in der Öffentlichkeit bekannte Wirken der Künstlerin

      – Werke
      Hier entsteht ein Überblick über alle Spuren dieses Wirkens, die auf Tonträgern festgehalten und teilweise bislang schon veröffentlicht worden sind

      – Wirkung
      Hier gibt es eine Einsicht in die Bedeutung, die Wirkung und das Werk, so wie es in der Öffentlichkeit wahrgenommen worden ist

      – Wir
      Hier werden ein Reihe von persönlichen Beobachtungen und Aussagen zu „Leben und Werk“ gesammelt und präsentiert werden

      – Widerstand
      Wenn es ein Wort gibt, dass das Leben von Käte van Tricht in den vielfältigsten Facetten geprägt hat, dann war es dieses: Hier wird es „mit Leben erfüllt“ werden

      – Ein Leben auf der Walze
      Dieses ist die Überschrift eines umfangreichen Text-Konvoluts, an dem Käte van Tricht bis ins hohe Alter gearbeitet hat, um über ihr Leben zu berichten. [4]

      3.

      Die vielfältige Persönlichkeit dieser Musikerin, die sich beim Betrachten dieser Seite zu erschliessen beginnt, soll hier bereits durch einen Hinweis auf ihre kleine Komposition bereichert werden, die sie einst selbst unter dem Titel „Ischa Freimaak!“ in Noten gesetzt und auch selber - angeblich auch in der Kirche - zum Besten gegeben hatte.

  • #Belgique : Des cadeaux pour les assurances, de l’eau pour les sinistrés Claude Semal
    https://www.asymptomatique.be/des-cadeaux-aux-assurances-de-leau-aux-sinistres/?shared=email&msg=fail

    _ Les inondations de la mi-juillet dans la région liégeoise et la vallée de la Vesdre ont mobilisé des milliers de bénévoles pour porter secours aux sinistrés. Parmi eux, des centaines de membres et de sympathisants du PTB. Un échevin du P.S. verviétois vient de lancer une sombre polémique dans la presse sur ce “délit de solidarité”.

    Alors que les responsabilités de cette catastrophe seront bientôt discutées en commission au Parlement, rencontre avec Raoul Hedebouw, un des porte-paroles nationaux du PTB.
     
Entre deux séances parlementaires, j’ai rendez-vous avec lui “entre l’heure du midi”, Place de la Liberté, à deux pas du Parlement. J’ai deux minutes de retard, car dans cette capitale en perpétuels travaux, “ma” ligne 92 a été provisoirement interrompue. Mais j’étais en avance, donc je suis presqu’à l’heure ;-).
    
Grand, souriant, cordial, Raoul Hedebouw a le tutoiement facile des Liégeois, la répartie directe des militants rodés à la polémique, et l’humour de ceux qui savent qu’on ne combat pas nécessairement la misère en se vautrant dans la morosité.


    Cet éco-biologiste de formation, dont le travail de fin d’étude portait sur le pourrissement des feuilles de sept espèces d’arbres en Wallonie, en connait aussi un brin en matière de décomposition / recomposition du champ politique.
Comme il revenait tout juste de l’Université d’Été de la France Insoumise, alias la nouvelle Union Populaire, j’en ai profité pour conclure l’interview sur le devenir de la “gauche de la gauche” européenne.
Scoop : je peux déjà vous dire que Raoul boit du café au lait, qu’il transmet bien le bonjour à Irène, et qu’il a une autre réunion dans une demi-heure. Vous pouvez également saupoudrer son interview d’un léger fond d’accent herstalien, cela fera plus vrai que nature.

    Claude  : Six semaines après les inondations, as-tu une idée du nombre de gens qui ont été touchés par la catastrophe, et de ceux qui restent encore sans logis aujourd’hui ?

    Raoul  : Les chiffres vont encore certainement beaucoup fluctuer, parce qu’on ne sait toujours pas combien de maisons seront définitivement déclassées. Il y a au moins quinze mille ménages qui sont en très grande précarité.
Mais comme les gens logent toujours dans leur famille, il est impossible à l’heure actuelle de faire un décompte précis. Ce qui fait aussi partie du problème.
    
J’ai reçu des témoignages de gens qui sont “officiellement” encore dans leur maison, mais comme la “déshumidification” ne se passe pas bien, ils ne peuvent pas retourner y loger. Tous les problèmes liés à cette “déshumidification” sont d’ailleurs un des gros enjeux actuels pour les sinistrés. Et là, je parle uniquement de la détresse immobilière.

    Claude  : Il a y aussi toute la question des assurances, puisque la plupart des contrats “habitation” ont un volet “incendie” et “inondation”. A ce sujet, on a appris qu’Elio Di Rupo avait conclu un “accord” avec les compagnies d’assurances. A quel titre, avec quelle casquette et quel était son mandat pour faire cela ?

    Raoul  : C’est assez grave, en fait, et assez illustratif de la proximité entre le monde de la politique et celui de la finance. D’une part, il s’agit ici d’un accord “secret”, selon les dires mêmes de Di Rupo, dont nous ne pouvons donc pas connaître le contenu. Dans les grandes lignes, il s’agit d’une “approbation” de la loi de 2014 qui “limite” la responsabilité des assureurs à 590 millions d’euros pour des coûts estimés, jusqu’à présent, à 1,7 milliard. Je parle uniquement ici de ceux couverts par une assurance. Ceux qui sont “non assurés” dépendent d’un autre budget, le “fonds des calamités”.
Donc, il y a une sorte de “ristourne” d’un milliard d’euros rétrocédée au secteur de la finance. On va me dire : “c’est en vertu des accords conclus en 2014 et 2007”. C’est vrai que le problème date de là. Mais on retrouvait déjà les mêmes aux postes de commande. Car qui dirigeait le gouvernement fédéral à cette époque ? Elio Di Rupo !
Donc, c’est un peu facile. Nous, on paye tous nos primes d’assurance “volle pot”, comme on dit, et puis après, on se retrouve avec des assurances qui ne prennent en charge qu’un tiers des coûts. Alors que selon le propre bilan d’Assuralia, qui représente le secteur des assureurs, ces sociétés ont fait quinze milliards de bénéfices cumulés ces huit dernières années !
Donc c’est à nouveau nous qui allons devoir payer, alors que ce milliard aurait pu être investi dans le logement public. Les quartiers détruits de Pepinster, Angleur, Trooz, Verviers, … ne vont pas pouvoir être reconstruits par la loi du marché. Or ce milliard va filer dans la poche des actionnaires. On a donc un très gros problème autour de ce “deal” secret avec des entreprises de la finance. Et je suis étonné à quel point, dans les médias, on parle assez peu de cette affaire-là.

    Claude  : Je suppose que c’est une des raisons pour laquelle vous demandez une Commission Parlementaire à ce sujet. Une autre raison étant évidemment les causes mêmes de ces catastrophes, comme les permis de bâtir en zones inondables.

    Raoul  : Tout ce qui concerne l’aménagement du territoire sera débattu au niveau wallon, ça c’est déjà acquis. Toute la question des barrages, des bassins d’orage, des logements. Et il y aura probablement une autre commission d’enquête au niveau fédéral.
Là, on parlera des conséquences de la réforme de la protection civile, imposée par le MR et la NVa, qui je le rappelle, ont quand même supprimé 800 des 1200 postes de la protection civile. C’est pas de l’austérité, c’est carrément du rouleau compresseur anti services publics. On a amputé les deux tiers de notre force de frappe en cas de catastrophe !
L’autre problème fédéral, c’est la réforme des zones de pompiers et leur manque criant de moyens. On a beaucoup de témoignages de pompiers qui nous disent : “Nos petits bateaux ne résistaient pas au courant”, etc, etc….
Et puis les problèmes qu’on a rencontré en Belgique au niveau de la coordination et de la gestion de la crise. On a déjà vécu la même chose avec le COVID.
On ne sait pas qui décide quoi. Régional, fédéral, communal, provincial, international,… il n’y a pas eu un centre de coordination unifié. A notre avis c’est au niveau fédéral qu’on aurait dû le faire, alors que tout le volet fédéral du plan a été stoppé dès le 26 juillet. Ce qui a conduit à une cacophonie totale sur le terrain.
Enfin, il y a évidemment le débat autour de la question climatique. Sur la responsabilité de ces sociétés consuméristes qui produisent tout ce CO2, tout ce carbone. Car une de ses conséquences statistique, c’est l’augmentation des phénomènes extrêmes. Comme les sécheresses et les incendies, d’un côté, comme on le voit en Grèce, aux Etats-Unis et au Canada, et puis dans d’autres pays, les inondations. On n’échappera pas à ce débat-là aussi.

    Claude  : Sur la question du relogement des sinistrés, un certain nombre d’entre eux étaient relogés à l’hôtel, et avec toute cette tartufferie autour des 24 heures de Francorchamps, ils ont été mis dehors pour loger les spectateurs qui, eux mêmes se sont fait avoir, parce qu’ils ont payé 150 boules pour voir les voitures faire trois petits tours dans l’eau. Tu es au courant de ce dossier-là ?

    Raoul  : Il y a deux choses. La principale raison pour laquelle beaucoup de sinistrés ont été éjectés des hôtels, c’est parce les assureurs commencent à refuser de payer. En gros, la plupart des assurances comptaient quelque chose comme 21 jours de relogement.
On a reçu plusieurs témoignages comme quoi les assureurs ne communiquent même pas avec les sinistrés, mais s’adressent directement à la direction des hôtels pour les prévenir de l’interruption de leur intervention. C’est la première des raisons, et à mon avis la plus grave. Vient se greffer là-dessus effectivement l’événement de Francorchamps, qui est assez ironique, puisqu’il a été annulé à nouveau à cause de pluies particulièrement fortes. Et là, on a effectivement fait passer le commercial avant la gestion des sinistrés.

    Claude  : Puisque Di Rupo veut absolument payer les deux tiers de la dette des assurances, est-ce qu’on ne peut pas lui demander de prendre le relais ? Ce serait assez logique, non.

    Raoul  : Bien sûr. C’est tout le débat sur la façon dont le politique se désarme lui-même et laisse tout le pouvoir, sur plein de dossiers, au monde du privé. Ce n’est pas une maxime marxiste, c’est quelque chose qu’on peut constater tous les jours.
Ici, quatre compagnies d’assurances contrôlent presque l’ensemble du marché. Le logement, par exemple, est complètement laissé aux mains du marché. Le pourcentage de logements sociaux diminue d’année en année, même s’il doit en principe atteindre 10% par commune. Dans une commune comme Liège, qui se dit pourtant socialiste, de gauche et tout et tout, on doit flirter avec du 7,5 %.
Ce qui est grave pour les sinistrés, et cela montre combien le capital est cynique, c’est qu’actuellement le prix des loyers flambe – puisqu’il y a soudain une forte demande que le marché ne peut assurer ! Ca c’est le capitalisme : plus tu as besoin de quelque chose, plus tu payes ! Plus tu as de la misère, plus les loyers augmentent !
La seule manière de contrer cela, c’est d’une part de bloquer les loyers, pour maîtriser un peu le secteur, mais aussi de développer un secteur de logement public. Or je constate, au delà du blabla, qu’on n’investi pas dans la construction de nouveaux logements sociaux. Or ici, certainement dans la vallée de la Vesdre, et à Liège, il va pourtant falloir un plan ambitieux de construction massive de nouveaux logements. Et cela, il n’y a que le secteur public qui peut le faire.
Utilisons le fameux milliard qui est donné aujourd’hui aux assurances pour financer des logements sociaux de qualité. Une ville comme Vienne, “Vienne-la-rouge”, comme on l’appelait à l’époque, elle le fait massivement. En Belgique, c’est plutôt la tradition “libérale” et “privée” qui prévaut partout.

    Claude  : Cela dépend quand même où. La social-démocratie a parfois eu une politique de logement. Dans ma commune de Saint-Gilles, par exemple, il y a une régie foncière communale assez développée, qui gère un millier de logements.

    Raoul  : Tout à fait, il y a quelques communes qui font ici et là exception.

    Claude  : Face aux manque de moyens des services publics, face à l’incurie locale de certaines autorités politiques, il y a eu par contre très rapidement une énorme mobilisation citoyenne, et de très nombreux actes de solidarité. Des militants et sympathisants du PTB y ont notamment participé. Un échevin PS de Verviers a lancé une sombre polémique dans la presse en parlant de “récupération politique sur la détresse des sinistrés”.

    Raoul  : C’est dégoûtant à plusieurs niveaux. D’abord, c’est un peu ironique d’avoir un échevin d’une Ville qui était aux abonnés absents pour gérer la crise à Verviers (je ne parle pas des fonctionnaires, mais des autorités politiques). Notamment, de ne pas avoir assez rapidement donné l’alerte d’évacuation, et d’avoir par contre très rapidement arrêté la récolte des déchets. Je trouve ça dingue, plutôt que d’aller regarder dans sa propre assiette, d’aller pointer du doigt un parti qui, justement, a essayé d’organiser la solidarité concrète.
    
C’est stratégique pour nous. On veut s’inspirer de ce qui avait été fait à l’époque en France avec le Secours Populaire (1). Cela fait deux ou trois ans qu’on réfléchit à de telles formes concrètes de solidarité. Pour les inondations, ce sont finalement plus de 2.000 bénévoles qui sont venus à l’appel du PTB, à côté des milliers d’autres qui ont spontanément donné un coup de main. Cette auto-organisation de la population, c’est aussi un fait politique très important. A Liège, des milliers de bénévoles sont venus des quatre coins du pays, dont de nombreux flamands, il y en a même qui ont pris trois ou quatre semaines de congés, et cela montre que la Belgique de la solidarité, cela existe vraiment.

    Pour revenir aux déclarations de cet échevin PS, politiquement, c’est donc complètement à côté de la plaque. Nous avons voulu poser des actes concrets de solidarité, et pas lancer des paroles en l’air.
Il nous a accusé d’avoir pris les coordonnées des gens. Mais c’est absurde. Comment veux-tu coordonner et dispatcher les équipes, et savoir où les envoyer, où vider les caves et charger les détritus, si tu n’as pas les contacts des volontaires et des sinistrés ? C’est pas en trois heures qu’on nettoie ces affaires-là. A l’Ecole Don Bosco, on a envoyé des dizaines de personnes pendant des dizaines de jours pour vider et nettoyer les locaux.
    
Je peux même ici te donner un scoop.
Pendant deux jours, le centre de crise de Verviers a même renvoyé les bénévoles qui arrivaient vers le centre de bénévoles du PTB, parce qu’on était les seuls à avoir mis sur pied ces outils de coordination. Je le dis ici : les 21 et 22 juillet, on était sur le terrain, et on a envoyé 350 bénévoles à Verviers. L’autorité publique était complètement dépassée.

    Claude  : Je te crois, et ce n’est pas moi qu’il faut convaincre (rires).
Tu as gentiment pris sur ton temps de midi pour participer à cette interview, entre deux séances au Parlement, et le temps nous est donc un peu compté. Mais j’ai vu que tu avais participé comme orateur invité à l’Université d’Été de la France Insoumise, à Valence. Tu peux nous dire un mot à ce sujet ?

    Raoul  : C’était très sympa. J’ai été étonné de voir combien les militants français étaient informés de ce qu’on faisait, via les réseaux sociaux. Cela me faisait du bien de me plonger un peu dans la réalité compliquée française, avec les présidentielles qui arrivent, un vrai danger avec une extrême-droite qui est aussi forte que chez nous en Flandre, mais à l’échelle de toute la nation française. C’était chouette d’aller faire un clin d’oeil là-bas, mais j’irai aussi à la fête de l’Huma la semaine prochaine, parce que la “gauche de gauche” française est ce qu’elle est, elle est plurielle, et ce n’est pas à nous d’aller nous mêler des “affaires intérieures” françaises (rire de Claude).
    
J’ai rencontré beaucoup de jeunes de la France Insoumise, avec beaucoup de questions stratégiques assez pareilles aux nôtres. Comme créer une hégémonie culturelle à gauche ? C’est quoi le marxisme au XXIème siècle ? Les liens entre les luttes sociales et la politique. Plein de questions passionnantes, et on se pose les mêmes en France, en Grèce, en Espagne et en Belgique. Trop longtemps, au PTB, on a cru qu’on allait régler ça à l’échelle belge, avec notre vérité à nous, et on n’avait pas trop de contacts avec les autres gauches plurielles, qui sont très différentes en Europe. Mais là, on a décidé de prendre plus de contacts, et c’était vraiment chouette d’être là.

    Claude  : Justement, par rapport à ces questions stratégiques, la France Insoumise vient de se transformer en “Union Populaire”, qui semble moins spécifiquement marquée “à gauche” que le Parti de Gauche ou la France Insoumise elle-même. Tu as pu discuter de ce tournant politique, ou tu as toi-même une opinion à ce sujet ?

    Raoul  : Je vais parler pour nous. Nous, on reste dans des marqueurs “de classe”. Je sais qu’il y a des débats qui traversent “la gauche de gauche” mais moi, je crois en une analyse marxiste de la société, dans l’existence des classes sociales, même si elles se diversifient et si le prolétariat d’aujourd’hui n’est pas forcément le même que celui d’hier. Mais que le monde du travail, en tant que classe, se retrouve opposé à une grande bourgeoisie nationale et internationale financière, cela reste pour moi un fait, et je reste dans cette grille d’analyse là. Donc, personnellement, je ne me revendique pas du “populisme de gauche”, qui met plutôt en avant une opposition entre “peuple” et “élite”.
    
C’est un débat que nous avons aussi avec nos camarades de la France Insoumise, mais ce qui compte, c’est aussi la pratique de terrain, et c’est important de pouvoir mener ce type de débats sans anathèmes et dans le respect l’un de l’autre et de nos réalités spécifiques. Nous on reste plutôt sur cette alliance ouvriers, employés, petits indépendants, paysans, ce “front de classe” anti-monopolistique, et cette analyse-là nous semble toujours pertinente.

    Claude  : En plus de ça, on ne sait pas encore vraiment quel sera le contenu précis de cette Union Populaire. Là, on est plutôt dans “l’effet d’annonce”.

    Raoul  : Exactement . Nous n’en dirons donc pas plus (rires).

    Claude  : Pour conclure peut-être,… (Raoul regarde sa montre, mais il reste très disponible : on est “dans les temps”) …les inondations et la crise climatique sont entrées chez nous en collision avec une autre crise nationale majeure, celle du COVID. Comment as-tu le sentiment que l’État fédéral et les régions gèrent ce problème chez nous, et le PTB a-t-il une position sur le sujet ?

    Raoul  : Moi, ce qui m’inquiète, c’est la stratégie du “tout au vaccin”, qui a complètement zappé la première ligne de soins, toute cette médecine de proximité qui existe trop peu en Belgique, avec un renvoi systématique vers les spécialistes et les hôpitaux. Je crois qu’on risque de se mettre le doigt dans l’oeil. Même chose pour la vaccination. Je ne crois pas qu’avec l’obligation vaccinale, la répression, on va y arriver. Il y a une vrai méfiance d’une partie de la population vis-à-vis des autorités publiques, mais aussi vis-à-vis des multinationales pharmaceutiques, qui se cristallise peut-être malheureusement autour de la question du vaccin, mais la seule façon de combler ce fossé, c’est de construire un réseau médical proche de la population, et tu sais que nous mettons en avant le modèle coopératif des “maisons médicales”, qui sont une alternative concrète à la “médecine libérale” et du chacun pour soi.
    
Et l’autre versant du débat, ce sont les conséquences économiques de cette crise. Pour le moment, on a maintenu, et tant mieux, un certain nombre d’aides pour maintenir un certain nombre d’acteurs économiques en activité. Mais on parle bientôt de retirer la prise, et cela va provoquer des dégâts terribles d’un point vue social. Et là, va se poser à nouveau la question : qui va payer les conséquences de la crise ? Or toujours sous le capitalisme, et Noémie Klein l’a bien expliqué dans son livre “la Stratégie du Choc”, au moment du “choc”, et la crise du COVID en est un fameux, les gros et puissants vont en profiter pour s’accaparer à nouveau des pans entiers de notre société. Ces grand groupes industriels, qui ont les reins très solides, sont déjà en train de relancer leur production, comme Ryanair qui vient de renouveler sa flotte de Boeing, et ce sont les petits, qui ont des fonds propres beaucoup plus faibles, qui vont mourir.

    Claude  : L’année passée, en France, les principale entreprises du CAC40 ont très sensiblement augmenté leurs bénéfices…

    Raoul  : Là, il y a aussi un vrai enjeu socio-économique : qui va payer les pots cassés de cette crise ? Et on revient alors sur des débats fiscaux comme un impôt sur la fortune, un impôt exceptionnel sur les bénéfices bancaires, sur la grande distribution qui a réalisé des surprofits,… Ce n’est pas qu’une question philosophique. C’est une question très pratique pour le budget 2022. Car on va voir qu’on va à nouveau nous proposer de serrer la ceinture, au nom des dogmes de l’austérité, au lieu d’aller chercher l’argent là où il se trouve.

    Claude  : … sans parler du secteur pharmaceutique, qui a lui-même fait des profits incroyables !

    Raoul  : C’est scandaleux. Ca, c’est un hold-up des Pfizer et Cie, quand on parle de 4 ou 5 milliards de bénéfices en plus. Et en plus, #Pfizer et #Moderna viennent encore d’augmenter le prix des vaccins, alors que le prix de revient est le même !
C’est pour ça qu’on vient de lancer une campagne européenne, avec d’ailleurs tous nos camarades de la gauche radicale européenne, “Pas de Profits sur la Pandémie”, qui est un appel à la signature d’une initiative citoyenne pour exiger de la Commission Européenne une transparence totale et une remise en cause de ces contrats.

    Claude  : Sans compter que de nombreux pays pauvres n’ont pas accès à ces vaccins, à cause de ce coût prohibitif protégé par des brevets, alors qu’une épidémie mondiale, par définition, doit se traiter mondialement. Car les virus ne connaissent pas de frontières, et il est impossible de s’en débarrasser dans un seul pays sans le faire aussi dans tous les autres.

    Raoul  : Cela, il faut le faire comprendre aussi au monde du travail : tant que les trois-quarts de l’humanité n’auront pas accès à ces soins, les virus continueront à muter, et on ne sera jamais tranquille. Donc réclamer la levée de ces brevets, ce n’est pas qu’une attitude altruiste internationale, c’est aussi pour nous-mêmes. Brevets dont je rappelle quand même qu’ils utilisent des technologies qui, dans leur grande majorité, ont été conçues dans des universités publiques ou avec l’aide massive de fonds publics. Le livre “L’État Entrepreneurial” démontre cela très bien. Beaucoup de ces innovations technologiques viennent de nos universités, viennent du travail de chercheurs altruistes, qui n’en ont tiré aucun profit. Moi je suis biologiste de formation, j’ai vu des gens passionnés bosser pour des salaires très modestes. Il faut arrêter de croire que ce qui fait marcher l’humanité, c’est la recherche du profit. Ce n’est pas vrai. Il est d’autant plus immoral que la privatisation de ces techniques et découvertes mettent aujourd’hui notre santé collective en danger.

    Propos recueillis par Claude Semal le 1er septembre 2021.
    (1) NDLR : Héritier du “Secours Rouge” proche du PCF (1923-1943), le Secours Populaire a été créé en 1945 par fusion avec l’Association Nationale des victimes du Nazisme. C’est aujourd’hui la troisième association française de solidarité, en terme de budget, derrière la #Croix-Rouge et le #Secours_Catholique, mais c’est la première en terme de réseau militant. En 2018, elle est venue en aide à plus de trois millions de personnes grâce à plus de 80.000 #bénévoles.

    #Raoul_Hedebouw #PTB #Marxisme #Claude_Semal #union_Populaire #Inondations #Catastrophe #Précarité #ps #Di_Rupo #Secours_Populaire #vaccins #luttes_sociales #inondations #crise_climatique #maisons_médicales #médecine #Santé #Ryanair #surprofits #austérité

  • Carnet de route : PASSE-PARTOUT ET DELTAPLANE #Claude_Semal
    https://www.asymptomatique.be/carnet-de-route-passe-partout-cerf-volant-et-deltaplane/?shared=email&msg=fail
    . . . . . . . .
    Si l’objectif était de provoquer un “sursaut” vaccinal, cette annonce télévisuelle a visiblement dépassé toutes les espérances du gouvernement  : en 48 heures, deux millions de Français·es se sont précipité·es sur les plateformes de réservation pour cocher la case “piquouze”.

    Quand à savoir si cette mesure est médicalement nécessaire, éthiquement acceptable, socialement praticable et juridiquement fondée, c’est une autre paire de baxters.

    Avec un taux de vaccination certes supérieur, mais néanmoins comparable, Boris Johnson et le gouvernement anglais viennent pourtant de prendre une décision diamétralement opposée : lever toutes les restrictions sanitaires dès le 19 juillet !
    Y aurait-il donc deux médecines, deux épidémies, deux stratégies de santé publique ?

    Le “storytelling” macronien, commun à d’autres gouvernement européen, est connu : le variant Delta, très méchant, une quatrième vague, warning “pazop !”, un nouveau confinement, pas glop, et donc, pour sauver notre indispensable art de vivre, et accessoirement “sauver des vies”, tous aux seringues !
    Dans le pays qui l’a vu naître, l’Inde, un pays aux infrastructures sanitaires défaillantes, le fameux “variant Delta” est pourtant rentré à la niche en suivant une très classique “courbe de Gauss”, qui l’a presque ramené, en trois mois, à son point de départ (figure 1). Or si son décollage avait fait les gros titres des médias, pratiquement personne n’a parlé de son atterrissage. C’est la peur qui fait vendre.

    Il y a en outre un certain paradoxe à réclamer dans l’urgence la généralisation d’une campagne vaccinale, si l’on ne tient aucun compte des supposés effets positifs de cette même vaccination.

    C’est pourtant ce qui arrive quand on continue à se focaliser sur le nombre de “cas”, plutôt que sur le nombre de cas graves ou de décès.
    Avec un taux de vaccination de 68 % en Grande-Bretagne, on constate ainsi que l’actuelle augmentation de la circulation du virus (voir figure 2) ne se traduit plus par une augmentation parallèle des hospitalisations ou de la létalité (voir figure 3). Même en tenant compte de “l’effet retard” (contagion, hospitalisation, décès…), le changement est patent. Et pour cause : n’est-ce pas précisément l’objectif déclaré de la vaccination ?

    Mais au delà de cet aspect épidémiologique, ce qui m’inquiète aujourd’hui le plus, ce sont les conséquences sociologiques du “coup Delta” de Macron (merci “le Canard Enchaîné”).
Dans l’autoproclamé “pays des droits de l’homme”, on devra donc dorénavant montrer son QR ou son “Pass sanitaire” dix fois par jour, pour boire un café, faire des courses, aller à la poste, au club de sport ou se payer un cinoche. Et tous ceux qui, pour diverses raisons, en seront privés, seront donc automatiquement exclus de ces activités sociales de base.
    
Vous imaginez-vous le flicage généralisé que cela impliquera au quotidien pour des millions de françaises et de français ? Les cafetiers et les restaurateurs transformés en agents de sécurité, les référents COVID à l’entrée de tous les magasins, les lieux d’accueil, de culte et de culture obligés de filtrer les entrées et d’exclure les “bannis”, et les test PCR remplaçant désormais les visites chez le fleuriste (“je vous ai apporté des écouvillons, parce que les fleurs, ça est périssable…” avec l’accent).
    
En avant-goût de ce qui se prépare, l’accès à grande scène du Palais des Papes, au Festival d’Avignon, avec ses mille places, est désormais soumise à un test PCR (coût supplémentaire par personne : 25 euros).
Et tant pis pour ceux qui avaient acheté leur place à l’avance (avis aux amateurs : mon copain Clément Thirion revend la sienne). A partir du 21 juillet, cela concernera donc aussi tous les petits lieux du Off. Suicide, mode d’emploi.

    A neuf mois des élections présidentielles françaises, Emmanuel Macron, avec son “coup Delta”, est visiblement déjà en campagne électorale. Avec une politique économique franchement à droite (les 500 plus grandes fortunes de France ont augmenté leur patrimoine de 30% l’année passée !), il entend désormais, drapé dans son costume présidentiel, élargir son possible électorat au camp de la peur, de la “sécurité” et de l’autorité.
Sa stratégie est limpide : couper l’herbe sous le pied à une candidature de la droite “officielle” pour se retrouver en tête-à-tête avec Marine Le Pen au second tour. Dans ce cas de figure, il considère que sa réélection sera acquise, puisque “la gauche” lui semble trop divisée pour cristalliser l’alternative, et que, face à La Pen, le report de ses voix lui semble automatique.
Reste à savoir si le “Pass sanitaire” du gouvernement français passera le cap du Conseil d’État, puisqu’il crée visiblement une sous-catégorie de Français dont l’accès à une vie sociale “normale” sera sensiblement restreint. “Liberté, Égalité, Fraternité”, dans ton cul. De nombreux recours restent donc sans doute légalement possibles.

    Il ne faut en outre pas oublier que les vaccins actuellement mis en urgence sur le marché sont encore tous “en phase III” – la phase où l’on collecte, à une échelle de masse, les éventuels effets secondaires des médicaments.
    
Les études concernées doivent en effet se terminer le 2 mai 2023 pour Pfizer, le 14 février 2023 pour AstraZeneca, le 27 octobre 2022 pour Moderna et le 2 janvier 2023 pour Johnson & Johnson. Pour Pfizer et Moderna, la collecte des données “primaires” n’est même pas terminée ! (2)
Or la loi précise clairement que, durant cette période, la participation aux “essais cliniques” doit se faire sur une base… volontaire – au risque sinon d’encourir de lourdes amendes… et même des peines de prison !

    C’est d’ailleurs pour cette raison, sans doute, que le vaccin n’est pas explicitement “obligatoire”. On se “contente” de vous pourrir la vie si vous ne l’avez pas.
En France, l’article L1126-1 du Code de Santé Publique précise en effet :
 ” Le fait de pratiquer ou de faire pratiquer sur une personne une recherche mentionnée aux 1° ou 2° de l’article L. 1121-1 ou sur un essai clinique mentionné à l’article L. 1124-1 du code de la santé publique sans avoir recueilli le consentement libre, éclairé et, le cas échéant, écrit de l’intéressé, des titulaires de l’autorité parentale ou du tuteur ou d’autres personnes, autorités ou organes désignés pour consentir à la recherche ou pour l’autoriser (…) est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. Les mêmes peines sont applicables lorsque la recherche est pratiquée alors que le consentement a été retiré “. (3)
    
En Belgique, c’est la Loi du 7 mai 2017 “relative aux essais cliniques de médicaments à usage humain” qui traite de la question, dans ses articles 44 et 45, avec des amendes et des peines de prison équivalentes.
    Cette situation est d’autant plus préoccupante que les campagnes vaccinales visent aujourd’hui clairement les mineurs d’âge, dans la tranche de 12-17 ans, alors qu’ils ont été totalement exclus de toutes les études sanitaires préalables (2) ! Ce qui les transformeraient de fait et bien malgré eux en cobayes.
En l’état actuel de nos connaissances, je suis personnellement partisan d’une vaccination ciblée pour tous les groupes d’âge concernés par le COVID – et je suis d’ailleurs moi-même vacciné.
    
Mais je suis totalement opposé à une “obligation vaccinale” qui, sans oser dire son nom, violerait aussi manifestement la liberté de conscience et les libertés constitutionnelles de tous ceux et toutes celles qui s’y opposent légitimement aujourd’hui.
Si notre corps nous appartient, notre santé, comme nos libertés, sont notre bien commun.
Ne laissons personne nous les confisquer.

    Claude Semal, le 14 juillet 2021.
    1) Selon les sources et les modes de comptage, en France en juin 2021, entre 64 et 91% des professionnel·les de la santé auraient déjà reçu au moins une première dose du vaccin.
    (2) clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04368728, NTC04516746, NTC04470427, NTC04505722.
    (3) https://www.doctrine.fr/l/texts/codes/LEGITEXT000006072665/articles/LEGIARTI000006685919

    https://www.youtube.com/watch?v=OKyXqsfVomI&feature=emb_imp_woyt

    #vaccins #covid

    • Le nombre de patients en soins intensifs pour cause de Covid est tombé à 890 contre 7000 en avril. Et la létalité du variant delta, responsable des flambées d’infections actuelles, semble huit à douze fois moindre que celle de ses prédécesseurs au vu des flux de décès au Royaume Uni, Floride, Texas, Israël, etc, trois semaines (délai correspondant à incubation + maladie) après le début du regain de cas.

      Cette létalité de 0,15 % serait à peine deux fois supérieure à celle de la grippe. La suprématie d’une souche peu létale correspond d’ailleurs à une évolution logique sur le plan darwinien et observée dans maintes épidémies ; elle supplante celles qui se tirent une balle dans le pied en tuant leur hôte.

      L’argument « les cas d’aujourd’hui sont les réas de demain et les décès ou Covid longs d’après-demain » ne semble donc plus valable.

  • INTERPELLATION MEURTRIÈRE EN GUADELOUPE, LA PREUVE EN VIDÉO -
    Edit attention ! mieux vaut peut-être lire l’article plus bas que de regarder le travail des gendarmes
    https://www.youtube.com/watch?v=dtOty31C9GA

    Nous nous sommes procuré les images exclusives de l’interpellation fatale de #Claude_Jean-Pierre, un sexagénaire décédé le 3 décembre 2020 à la suite d’un contrôle de gendarmerie à Deshaies en Guadeloupe. Malgré les images accablantes de la vidéosurveillance, l’enquête est au point mort et les deux gendarmes sont toujours en fonction.

    C’était le 21 novembre 2020. Claude Jean Pierre, guadeloupéen de 67 ans, était interpellé par la police suite à un contrôle routier. Les gendarmes tentent de sortir violemment Claude Jean Pierre, en état d’ébriété, de sa voiture. Il finira inerte sur le sol, d’après les images exclusives de la vidéosurveillance, que nous nous sommes procurées.

    Des images explicites qui n’ont pourtant pas fait avancer l’enquête. L’instruction est toujours au point mort, les gendarmes n’ont toujours pas été entendus.

    Pire, d’après l’IGGN, l’inspection générale de la gendarmerie nationale, “l’action des gendarmes n’a pas nécessité d’enquête administrative ou de sanctions administratives”. Les deux gendarmes sont donc toujours en fonction, au grand dam de la famille. Cette dernière se mobilise depuis plusieurs mois aux côtés d’autres familles de victimes, pour réclamer justice et vérité concernant la mort de Claude Jean Pierre.

    #gendarmerie #mortauxmainsdesforcesdel'ordre #impunité

    • Guadeloupe : Claude Jean-Pierre, visage de la lutte contre les brutalités policières
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/05/20/guadeloupe-claude-jean-pierre-visage-de-la-lutte-contre-les-brutalites-polic

      La mort du sexagénaire, le 3 décembre 2020, a provoqué dans l’archipel une onde de choc dans la droite ligne des affaires George Floyd aux Etats-Unis et Michel Zecler en France.

      Son nom est connu de toute la Guadeloupe et par-delà l’Atlantique. Claude Jean-Pierre, 67 ans, est mort le 3 décembre 2020 au centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre. Il y avait été admis en urgence douze jours plus tôt, le 21 novembre, à la suite d’un contrôle de gendarmerie à Deshaies, dans le nord-ouest de l’île. Depuis, une information judiciaire a été ouverte et la famille dénonce des violences commises par les forces de l’ordre, s’appuyant sur une vidéo du contrôle que Le Monde a pu consulter, six mois après les faits.

      La mort du sexagénaire a provoqué, dans l’archipel, une onde de choc dans la droite ligne des affaires George Floyd, Afro-Américain tué par la police aux Etats-Unis, ou Michel Zecler, producteur de musique roué de coups – par un hasard du calendrier ce même 21 novembre – par des policiers, à Paris. Dans ces trois affaires, des caméras de vidéosurveillance ont filmé la scène ; dans les trois cas, les victimes, noires, sont devenues des visages de la lutte contre les violences policières.

      En Guadeloupe, la population, des artistes se sont mobilisés. Les marches et les rassemblements se sont succédé. Un collectif de dix-sept organisations politiques, syndicales et associatives a été créé, le Kolèktif Gwadloup kont vyolans a jandam (Collectif Guadeloupe contre les violences des gendarmes). Maritza Bernier, l’une des six avocats qui représentent la famille de M. Jean-Pierre, explique :

      « Vous n’imaginez pas le retentissement de cette affaire. Six mois après les faits, l’affaire est encore dans tous les esprits. Nous sommes constamment sollicités pour savoir où ça en est, pourquoi ça n’avance pas. Tout le monde attend que la lumière soit faite. »

      Un jeune retraité sans histoire

      De son côté, le parquet de Basse-Terre assure que « le dossier a été pris en compte très rapidement pour que des réponses soient apportées à la famille » . Mais l’enquête, confiée à la section de recherches de Pointe-à-Pitre, « prendra nécessairement du temps, les investigations [étant] lourdes » , prévient le procureur de la République, Xavier Sicot, selon qui « rien n’est encore établi » dans ce dossier. Contactés, les services départementaux de l’Etat n’ont pas souhaité communiquer.

      L’émoi est d’autant plus fort que la victime est une personne de 67 ans, ancien maçon, sans histoire. Claude Jean-Pierre menait une vie paisible de jeune retraité à Deshaies, petite ville balnéaire de 4 000 habitants, plus connue pour ses plages et son marché aux poissons que pour ses faits divers. « Mon père était hyperactif. Bricoleur, il donnait des coups de main aux voisins et continuait à rénover sa maison, qu’il avait construite » , raconte sa fille unique, Fatia Alcabelard, 39 ans, installée en région parisienne.

      « Bon vivant » , il aimait les déjeuners dansants et « prenait son feu [apéritif] comme tout le monde le week-end, mais raisonnablement, car il était diabétique » , poursuit Fatia Alcabelard. « Il n’était ni alcoolique ni violent. Il n’avait aucun antécédent judiciaire, aucune dépendance à des substances illicites » , tient-elle à préciser, alors qu’elle eut la fâcheuse impression, lors de ses auditions avec les magistrats, que la justice cherchait à noircir le portrait de son père.

      Ce samedi 21 novembre 2020, il est environ 14 heures quand Claude Jean-Pierre rentre chez lui au volant de sa Renault Express, son déjeuner posé sur le siège passager. Il est arrêté sur sa route dans le centre-ville de Deshaies par deux gendarmes qui lui demandent de se garer sur le bas-côté, au niveau d’un arrêt de bus, derrière la mairie. C’est une « conduite hésitante » qui a motivé le contrôle, selon le procureur. « L’homme était manifestement alcoolisé et cela s’est vérifié par les examens réalisés » , poursuit Xavier Sicot, qui ne voit « rien d’irrégulier » quant au motif du contrôle.

      La suite a été filmée par une caméra de vidéosurveillance municipale. Les cinq premières minutes de la vidéo donnent à voir un banal contrôle routier. Les gendarmes se garent derrière la Renault, sortent de leur véhicule et soumettent Claude Jean-Pierre à un test d’alcoolémie. Puis ils lui demandent d’avancer de quelques mètres. Le sexagénaire s’exécute. Claude Jean-Pierre discute avec l’un des militaires, au volant de sa voiture, la portière du conducteur ouverte, la jambe gauche en dehors du véhicule, tandis que l’autre gendarme va chercher son gilet pare-balles et l’enfile. Passe un second véhicule de gendarmerie, qui repart au bout de quelques secondes.

      C’est alors que les deux gendarmes saisissent son bras et le tirent brutalement vers l’extérieur de la voiture. Mais Claude Jean-Pierre est grand (1,90 mètre), le haut de son corps coince dans l’habitacle. La voiture fait un soubresaut. Les gendarmes le tirent une seconde fois. Claude Jean-Pierre tombe par terre ; il semble inerte. Trois minutes plus tard, un des gendarmes tente de le soulever et le relâche. Sa tête cogne contre le sol. Pour sa famille, il ne fait aucun doute que c’est au moment de l’extraction du véhicule que son cou s’est brisé. Une extraction « violente », que rien ne justifiait, dénoncent ses avocats. « A aucun moment il n’y a eu de violences ni de tentative de fuite de la part de M. Jean-Pierre » , insiste Me Bernier.

      « Ils l’ont laissé comme mort sur le bitume brûlant »

      Mais la vision des faits du procureur est sensiblement différente. Pour Xavier Sicot, il y a bien eu une « opposition » au contrôle et « un risque de départ de cette personne qui était susceptible d’être dangereuse pour elle-même et pour les autres automobilistes » . A notre connaissance, les gendarmes n’ont pas encore été auditionnés par la juge d’instruction chargée du dossier. L’inspection générale de la gendarmerie nationale n’a pas été saisie et aucune procédure disciplinaire n’a été engagée.

      Claude Jean-Pierre reste plus de dix minutes à terre, allongé sur le dos, tandis que les gendarmes font la circulation et répondent aux passants qui s’approchent. « Ils l’ont laissé comme mort sur le bitume brûlant. Ils ne l’ont pas mis en PLS [position latérale de sécurité], ils ne lui ont prodigué aucun premier soin. Ils l’ont traité comme un chien ! » , s’indigne son gendre, Christophe Sinnan, le conjoint de Fatia Alcabelard.

      Prévenue par une voisine, une nièce, Fiona, arrive sur les lieux. D’après son témoignage, les gendarmes lui ont expliqué que son oncle avait fait un « malaise » durant le contrôle, qu’il avait « sûrement eu un coup de stress » et qu’il s’était « effondré au moment de sortir de sa voiture ».

      « Moi, je voyais bien que c’était plus grave qu’un malaise, poursuit la jeune femme de 31 ans. Il me regardait dans les yeux, il ne bougeait pas, ne parlait pas. Il avait un hématome au niveau du nez. Je suis allée chercher un parapluie pour le protéger du soleil puis les pompiers l’ont emmené. Le SMUR a pris le relais en cours de route. »

      « Double fracture des vertèbres »

      Dans l’ambulance qui le conduit au CHU de Pointe-à-Pitre, Claude Jean-Pierre est intubé et placé en coma artificiel. A l’hôpital, « les médecins font état d’une double fracture des vertèbres, dont une qui compresse la moelle épinière. Ils nous disent que mon père est en état de tétraplégie, qui peut être réversible ou non », rapporte Fatia Alcabelard. Après dix jours en réanimation et malgré une opération, son état se dégrade. Claude Jean-Pierre meurt le 3 décembre 2020.

      Les conclusions de l’autopsie, que Le Monde a pu consulter, évoqueront une « défaillance multiviscérale d’origine septique (septicémie) probablement aggravée par une détresse respiratoire (…) dans un contexte de luxation cervicale C4-C5 ». Le médecin légiste ajoute que cette luxation est compatible avec les conditions de l’extraction, à savoir « une traction des bras vers l’avant alors que la tête heurte le montant supérieur de la portière entraînant un mouvement vers l’arrière du cou » . Il précise toutefois que des expertises complémentaires sont nécessaires pour valider ou non cette hypothèse – le traumatisme pouvant avoir été aggravé par « l’état d’ébriété » de la victime ou des pathologies préexistantes.


      Lors d’une manifestation parisienne, au mois de mars 2021, une illustratrice a offert à la fille de Claude Jean-Pierre, Fatia Alcabelard, et à son conjoint, Christophe Sinnan, ce dessin. Emus de ce présent, ils aimeraient retrouver son auteure. CAMILLE MILLERAND / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

      Fatia Alcabelard porte plainte auprès du procureur de Basse-Terre le 2 décembre et remue ciel et terre pour avoir accès à la vidéo, placée sous scellé. Le 10 décembre, le procureur annonce l’ouverture d’une information judiciaire contre X pour « homicide involontaire ». Seize membres de la famille se constituent parties civiles. En métropole, Fatia Alcabelard et Christophe Sinnan écrivent aux députés, au ministre de l’intérieur, au garde des sceaux, au défenseur des droits, qui se saisira du dossier le 14 décembre. Ils intègrent le Réseau d’entraide vérité et justice, qui regroupe une trentaine de familles de victimes de violences policières et deviennent militants de la cause.

      « Cette affaire a ravivé des tensions latentes »

      En Guadeloupe, l’affaire fait la « une » des médias. Une première marche est organisée le 27 décembre à Deshaies. « C’est comme si nous avions levé un tabou, interprète Christophe Sinnan. Parce que des violences policières, il y en a eu en Guadeloupe, mais on n’en parlait pas. Sauf que cette fois, il y a une vidéo, donc des preuves. Ce n’est pas parole contre parole. »

      Des sportifs, musiciens, peintres, street-artistes relaient leur combat. A l’instar du photographe Cédrick Isham, qui fait le tour de la Guadeloupe pour photographier des habitants posant avec la pancarte « Justice pour Claude Jean-Pierre ». De Pointe-Noire à Port-Louis, « toute l’île s’est indignée » , témoigne-t-il. « Cette affaire a ravivé des tensions latentes, un sentiment d’injustice face à un système que l’on appelle “colonial”, qui protège certains et leur permet d’agir en toute impunité. »

      Dans ses communiqués successifs, le Kolèktif Gwadloup kont vyolans a jandam , qui entend se porter partie civile dans cette affaire, demande notamment que les gendarmes fassent l’objet de mesures conservatoires en attendant que la vérité soit établie. « Il n’est pas acceptable que ceux-ci continuent à exercer comme si de rien n’était , estime Jean-Jacob Bicep, un des porte-parole de ce collectif et ancien député européen (2012-2014). Les Guadeloupéens ne veulent pas d’une justice du “deux poids, deux mesures” ; ils ne veulent pas être considérés comme des citoyens de seconde zone. »

  • #Covid-19 : ce qui se cache derrière l’inquiétante explosion de la mortalité chez les jeunes Brésiliens |entretien avec Claude-Alexandre Gustave
    https://atlantico.fr/article/decryptage/covid-19---ce-qui-se-cache-derriere-l-inquietante-explosion-de-la-mortalit

    Le Brésil est confronté à l’explosion du nombre de décès chez les jeunes. Plus de 4.000 quadragénaires sont morts en mars, contre 1823 en janvier ; et plus de 2.000 trentenaires, contre moins de 1.000 en janvier. Le mutant du Covid-19 apparu à Manaus est plus agressif que la forme traditionnelle du virus et a la particularité d’être nocif pour les jeunes.

    [...]

    Une seconde hypothèse pouvant expliquer une forte hausse de la mortalité par COVID chez les plus jeunes, tient à la saturation des hôpitaux et notamment des services de réanimation. En reprenant les données fournies par Santé Publique France à propos des COVID sévères nécessitant une hospitalisation ou une admission en réanimation, on remarque que les patients âgés de 75 ans et plus représentent à eux-seuls 49% des hospitalisations. Cependant, ils ne représentent que 19% des admissions en réanimation. En effet, les soins intensifs de réanimation sont souvent bien trop « violents » pour être supportés par des patients de plus de 75 ans, pour qui la probabilité de survie en réanimation est inférieure à 20%. Ce ne sont donc pas les patients les plus âgés qui saturent les réanimations. En France, 38% des patients admis en réanimation pour COVID grave ont 65 à 74 ans, 37% ont entre 45 et 64 ans et 6% ont entre 15 et 44 ans.

    Plus les patients sont jeunes, plus leurs chances de survie en réanimation et grâce à la réanimation sont grandes. En cas de forte diffusion épidémique, ces patients jeunes sont donc ceux pour qui l’impact de la saturation des réanimations est le plus néfaste, avec une forte dégradation de leur chances de survie. Ce phénomène a été documenté par l’Institut Pasteur montrant que le risque de mortalité hors réanimation était plus que doublé pour les 0- 59 ans quand les réanimations sont saturées ! Or au Brésil, depuis plusieurs semaines on constate une saturation de l’ensemble des services de réanimation sur tout le territoire. Ceci pourrait donc également expliquer une forte dégradation des capacités de prise en charge des COVID sévères chez les plus jeunes, et donc expliquer une forte progression de la mortalité dans ces tranches d’âges.

    Une troisième hypothèse repose sur le principe immunologique de l’ADE (Antibody Dependent Enhancement), bien décrit pour la Dengue, et qui peut être associé au phénomène d’ERS (Enhanced Respiratory Syndrome) dans le cas de la COVID. L’ERS correspond à une atteinte respiratoire aggravée via nos propres anticorps censés pourtant nous protéger. Après une première infection ou une vaccination, nous produisons notamment des anticorps spécifiques contre SARS-CoV-2. Parmi ces anticorps ont trouve des anticorps neutralisants (capables de se fixer au virus ET de bloquer sa fusion avec nos cellules), et des anticorps non-neutralisants (simplement capables de se fixer au virus mais sans bloquer sa fusion avec nos cellules). Ces derniers peuvent représenter un danger en cas de réinfection car ils se fixent au virus mais ne l’empêchent pas d’infecter nos cellules. Au contraire, ils peuvent même lui permettre d’infecter des cellules auxquelles le virus n’aurait pas naturellement accès. C’est notamment le cas des monocytes/macrophages (cellules impliquées dans la réponse inflammatoire) et qui expriment à leur surface, un récepteur capable de fixer les anticorps (le CD32). Lors de l’ADE, les anticorps non-neutralisants fixés au virus sont captés par les monocytes/macrophages via le CD32, puis sont internalisés par la cellules et servent alors de « cheval de Troie » pour le virus qui parvient à entrer dans ces cellules sans passer par ACE2. Ceci permet donc au virus d’infecter des cellules pro-inflammatoires auxquelles il n’a pas normalement accès. Ceci peut s’associer à une exacerbation des atteintes respiratoires et ainsi favoriser une COVID sévère lors d’une 2ème infection. Ce phénomène est théoriquement possible après une 1ère infection ou vaccination, en cas de faible production d’anticorps neutralisants (infection paucisymptomatique ; infection/vaccination ancienne…), ou en cas de réinfection par un variant doué d’échappement immunitaire et de résistance aux anticorps neutralisants. C’est notamment le cas des variants brésiliens P.1 (notamment porteur des mutations K417T et E484K) ou P.2 (avec la mutation E484K), ou encore des variants sud-africains B.1.351, ou californien B.1.429…

    Ce qui nous amène à la 4ème hypothèse, portant sur la virulence intrinsèque des variants en circulation au Brésil. Près de 71% des cas recensés actuellement au Brésil sont associés au variant P.1 (Manaus) ou au variant britannique B.1.1.7. Pour le variant P.1, on sait qu’il est plus de 2 fois plus transmissible et associé à 1,6 fois plus de réinfections que les souches « historiques ». Bien que sa virulence n’ait pas encore été formellement caractérisée, la tragédie qui a frappé Manaus depuis décembre 2020 laisse craindre une létalité bien plus grande que celle des autres variants avec un impact majeur même chez les plus jeunes. De plus, une étude récemment publiée (pas encore revue par les pairs) et basée sur les données épidémiologiques de l’état du Parana (sud du Brésil) entre le 01/09/2020 et le 17/03/2021 , suggère que la létalité associée au variant P.1 est multipliée par 3 chez les 20-29 ans, par 1,93 chez les 30-39 ans, par 2,1 pour les 40-49 ans, et par 1,8 chez les 50-59 ans. Quant au variant B.1.1.7, on sait également qu’il est 1,5 à 1,7 fois plus transmissible et 1,6 fois plus létal que les souches « historiques », avec une circulation accrue chez les plus jeunes. On sait aussi que ces variants sont associés à des charges virales accrues, ce qui pourrait favoriser une évolution plus rapide et plus défavorable de la COVID. Tout ceci concourt donc à accroître l’impact de l’épidémie chez des patients jeunes, et pourrait donc expliquer la forte hausse de mortalité chez les 20 – 40 ans au Brésil. Enfin, il ne faut pas exclure de potentielles causes liées à une prévalence élevée de comorbidités à risques chez des patients jeunes au Brésil (obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires…).

    #variant_P.1 #variant_B.1.1.7 #Claude-Alexandre_Gustave

  • Variant brésilien : cet autre (et tragique) échec qui nous pend au nez ? | Atlantico.fr
    https://atlantico.fr/article/decryptage/variant-bresilien---cet-autre--et-tragique--echec-qui-nous-pend-au-nez-fro

    Alors que le #variant_P1 -nettement plus tueur que le virus original- a été détecté aux États-Unis chez des personnes qui n’avaient pas voyagé, allons-nous reproduire la même erreur que face au variant britannique en ne faisant pas respecter les quarantaines post-passage des frontières ?

    Atlantico : Alors que les cas semblent se multiplier aux Etats-Unis, quel est l’état de la menace du variant brésilien ?

    Claude-Alexandre Gustave : Tout d’abord il convient de préciser de quel variant nous parlons. L’expression « variant brésilien » peut prêter à confusion car selon les publications elle peut se référer à au moins 3 variants différents : la lignée B.1.1.28, ainsi qu’à deux « descendants » appelés variant P.1 (initialement décrit à Manaus), et variant P.2 (initialement décrit à Rio). Ces 3 lignées sont apparentées mais c’est bien le variant P.1 qui est le plus préoccupant et au cœur de la surveillance génomique. L’évaluation de sa diffusion est difficile car elle repose d’une part sur la détection des infections par SARS-CoV-2, et d’autre part sur la surveillance génomique (#séquençage) pour identifier formellement le #variant associé à ces infections. Dans le premier cas, l’OMS estime que seules 10% des contaminations sont effectivement détectées (en France, nous en détectons 30%). Quant au séquençage, hormis quelques pays où il est très intense (Royaume-Uni, Danemark, Australie, Japon…), la plupart des pays ne séquencent guère plus de 1 à 2 échantillons pour 1000 positifs (2,4 pour 1000 en France) ! Les données relatives à la diffusion de ce variant P.1 doivent donc être analysées avec prudence car elles sont probablement très lacunaires.

    #covid-19 #Claude-Alexandre_Gustave

  • #Covid-19, le scénario noir : et si c’était parti pour durer... des années (avec des milliers de morts chaque année) ?
    https://atlantico.fr/article/decryptage/covid-19-le-scenario-noir---et-si-c-etait-parti-pour-durer----des-annees--
    https://atlantico.imgix.net/image001_1_af8dc9c2e5.png?auto=compress=large

    [Claude-Alexandre Gustave ] Beaucoup on traduit cela en « il faut vivre avec le virus ». C’est pourtant une grave erreur car en l’état actuel, cela se traduirait par un pays durablement handicapé, avec de multiples pans économiques et activités à l’arrêt sans perspective d’ouverture, et de multiples restrictions durables, pour simplement espérer éviter l’effondrement du système de soins submergé par l’afflux de patient en état grave (sans même parler de la mortalité, et des COVID longues et autres séquelles de la COVID au long cours). A cela s’ajoute la nécessité de déprogrammer toujours plus de soins pour ouvrir de nouvelles capacités d’accueil pour les COVID sévères. Avec une telle approche, on dépend alors totalement de la vaccination et de ses aléas de production, d’approvisionnement… On se rassure alors en évoquant l’adaptation rapide des vaccins à ARNm face aux nouveaux variants. Cela se heurte tout d’abord à une incertitude quant à l’efficacité de ces mises à jour ; puis aux capacités de production qui seraient durablement sous tension maximale et probablement dépassées. Enfin, pour mettre à jour les vaccins, il faut d’abord assurer une surveillance virologique intense pour repérer précocement les nouveaux variants susceptibles d’échapper à l’immunité vaccinale. Et là, l’Occident, à l’exception du Danemark ou du Royaume-Uni, est clairement en grande difficulté puisque les capacités de séquençage virologique sont notoirement insuffisantes. De plus, contrairement à la grippe, nous ne bénéficieront pas d’un décalage saisonnier entre les hémisphères pour anticiper la composition vaccinale. Nous engageons donc une course sans fin, entre les variants d’une part, et l’adaptation vaccinale d’autre part. Comme le rappelait l’OMS via son conseiller scientifique (Dr. Aylward) : « les pays qui misent tout sur la vaccination vont perdre », ou via son directeur du programme d’urgence sanitaire (Dr. Ryan) : « les vaccins seuls ne peuvent pas faire tout le job » .

    • On entend souvent que « les virus évoluent pour devenir plus contagieux et moins virulents » ! C’est un lieu commun qui n’a que peu ou pas de support scientifique. Un virus n’a pas de stratégie, il n’est même pas vivant. C’est simplement une information génétique (un génome) empaqueté dans des protéines (nucléocapside), parfois enrobé dans une membrane lipidique (enveloppe). Tant que cette entité peut accéder à un hôte (en l’occurrence nos cellules), elle peut se répliquer. Chez un seul infecté, des trillions de particules virales sont produites. Ce sont autant de réplications et donc autant d’occasion d’acquérir des mutations. Le génome de SARS-CoV-2 ne contient que 30000 nucléotides (cibles de ces mutations). On comprend donc aisément qu’à l’échelle d’une population d’individus infectés, chaque mutant possible existe à chaque instant en au moins 1 exemplaire, chez au moins 1 infecté. Parmi tous ces mutants, certains ne sont pas fonctionnels ni même stables, ils sont spontanément éliminés et indétectables à notre échelle. D’autres mutants s’associent à des changements dits « phénotypiques », c’est-à-dire qu’ils modifient la structure et/ou le comportement du virus. Selon les conditions, ces mutants peuvent acquérir un avantage sélectif capable de promouvoir leur diffusion préférentiellement aux autres lignées virales. Croire que cette sélection se fait toujours dans le sens d’un virus plus contagieux et moins virulent est une erreur. L’exemple du variant britannique B.1.1.7 l’illustre bien : il est 50% plus transmissible et 64% plus létal.

      #immunité_collective #Claude-Alexandre_Gustave