• Mckay 100 ans après
    https://www.mckay100ans.com

    100 ans après son séjour en France (1923-1928), l’œuvre et la pensée de Claude McKay reviennent en force :

    Artistes, éditeurs, producteurs, réalisateurs et universitaires s’allient pour faire ressurgir cette voix centenaire d’une éclatante modernité.

    Précurseur de la Harlem Renaissance et du mouvement de la Négritude, c’est à Marseille que le poète jamaïcain trouva son inspiration romanesque et devint l’un des pères de l’éveil de la conscience Noire. Editions inédites, film, spectacle, actions culturelles innovantes, lectures musicales, conférences et colloques… Le mouvement s’attèle à la valorisation de l’œuvre de l’auteur et à la production de créations qui font résonner sa pensée aujourd’hui.

    Biographie et liens
    https://en.m.wikipedia.org/wiki/Claude_McKay

    https://www.marxists.org/archive/mckay/index.htm

    Banjo, a story without a plot
    https://archive.org/details/banjostorywitho00mcka/page/n3/mode/1up

    Le roman Romance in Marseille n’a pas encore été publié en ligne. Il y a une version Kindle payante alors que le texte original est libre de droits.

    #Claude_McKay #Marseille #littérature #bordel

  • Invitation au voyage - Claude McKay à Marseille / Jamaïque / Valladolid
    https://www.arte.tv/fr/videos/115571-052-A/invitation-au-voyage

    Marseille, bordel merveilleux de Claude McKay
    Claude McKay, écrivain précurseur du siècle dernier, a fait à Marseille une déclaration d’amour comme un uppercut. Quand il débarque dans la ville en 1924, le Jamaïcain est déjà un poète reconnu aux États-Unis. Considéré comme l’un des inspirateurs de la Négritude, Claude McKay est aussi un libre-penseur. Le poète vagabond échoue à Marseille, malade et en quête de repos. Il se laisse bien vite embarquer dans l’atmosphère bouillonnante de ce port et en tire deux romans : Romance in Marseille, sorti de l’oubli et publié en 2020, et Banjo, un roman social et jazzy à la modernité détonante.

    #Claude_McKay #Marseille #littérature #bordel

  • L’ex-catcheur de foire Claude Villers est mort
    https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2023/12/17/claude-villers-journaliste-et-homme-de-radio-est-mort_6206333_3382.html

    Figure de France Inter pendant quarante ans, l’animateur du « Tribunal des flagrants délires » et de « Marche ou rêve » est mort à l’âge de 79 ans

    (...) A la rentrée de 1965, naît le « Pop Club » de José Artur, émission culte, à laquelle Claude Villers participe de manière permanente. Il s’y exprime pour la première fois au micro dans des reportages en direct et remplace à l’occasion « le patron ». « Avec José Artur, j’ai appris la liberté », dira-t-il dans son autobiographie Parole de rêveur (Editions le Pré aux Clercs-France Inter, 2004).
    La douche froide
    Après avoir volé de ses propres ailes le temps d’un été dans sa première émission, il voit la rentrée 1967 tourner à la douche froide. Peu psychologue (et surtout peu visionnaire !), un conseiller de la direction de la station lui assène dans un couloir : « Je suis au regret de te le dire mais tu ne feras jamais de micro. Tu ne sais pas t’exprimer, tu ne sais pas respirer… Tu parles du nez… Tu n’as pas ta place à l’antenne. » Laminé, Claude Villers décide de prendre le large et part s’installer avec sa compagne de l’époque aux Etats-Unis.
    A New York, il renoue d’abord avec la presse écrite, couvrant pour des magazines français l’effervescente scène culturelle et musicale de l’époque, de Bob Dylan au Grateful Dead. Puis, il est embauché au bureau new-yorkais de l’ORTF, sous la direction de Jacques Sallebert. Il sillonne pendant trois ans l’Amérique du Nord, relatant les premières révoltes étudiantes en 1968, l’assassinat de Martin Luther King, le festival de Woodstock en 1969…

  • Nécro(techno)logie : Claude Lorius n’a rien vu en Antarctique
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1831

    Toujours en librairie : Le Règne machinal (la crise sanitaire et au-delà). Voir ici

    Le glaciologue Claude Lorius est mort le 21 mars. Nous ne sommes pas du genre à gifler les cadavres, comme le firent les surréalistes à la mort d’Anatole France en 1924. Quoique la main vous démange à la lecture de la presse éplorée. Le Figaro salue le « pionnier de la climatologie moderne », Le Daubé le « lanceur d’alerte précoce », Libération le « géant des glaces », Le Monde le « héros légendaire ». Qu’a donc fait Claude Lorius (à part mourir) pour mériter de telles louanges ? Il a établi, en 1987, le lien entre la teneur en gaz à effet de serre dans l’atmosphère et l’évolution climatique. D’un point de vue scientifique, s’entend. Ses études ont vérifié les observations des montagnards : « ils ont détraqué les saisons ». Ce (...)

    #Nécrotechnologies
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/lorius_n_a_rien_vu.pdf

    • Lorius prétend nous livrer la cause du désastre en reprenant le terme d’Anthropocène, forgé au début des années 80 par le biologiste Eugène Stoermer. Celui-ci le popularise en 2002 dans un article de Nature corédigé avec Paul Crutzen, prix Nobel de Chimie 1995. Pardon de rabâcher, mais les nécrologies servent aussi à ça. Stoermer et Crutzen ne font pas remonter les causes du bouleversement géo-climatique à l’apparition de l’anthropos – à « l’ère des humains », comme le prétend Lorius - voici trois millions d’années, ni même à l’émergence du capitalisme. Ils situent le début de cette ère en 1784, année du perfectionnement de la machine à vapeur11 . C’est-à-dire le début de l’usage des énergies fossiles : la révolution thermo-industrielle. Leur terme englobant d’Anthropocène est abusif et commode pour dissimuler la vraie rupture, celle du Technocène. La société industrielle, motorisée par les progrès technoscientifiques, a détruit les équilibres climatiques et écologiques. Point.

      […]

      Remonter à la racine des maux signifie regarder en arrière. Les causes, par définition, sont dans le passé. Lorius le savait bien, qui lisait dans ses carottes de glaces polaires les différentes étapes des dégâts industriels sur notre biotope. Mais ses conclusions, 30 ans plus tard, étaient celles d’un aveugle : « Comment encourager la croissance qui est nécessaire, en respectant l’environnement ?14 »
      La croissance de quoi ? Des températures ? Du niveau des mers ? De la sécheresse ? Bref, Lorius n’avait rien vu dans l’Antarctique. C’était bien la peine d’aller si loin et de brûler tant de kérosène.
      Il est trop tard pour les glaciers. Et pour nous, simples anthropoïdes ?

      #anthropocène #capitalocène #technocène #climat #réchauffement_climatique #écologie #technocratie #Grenoble #science #recherche #Claude_Lorius #glaciers

    • Finalement, les héros légendaires sont des scientifiques comme les autres.

      Oui, et la connaissance de la nature ne garantit pas d’avoir des idées politiques particulièrement intéressantes.

      Qu’a donc fait Claude Lorius (à part mourir) pour mériter de telles louanges ? Il a établi, en 1987, le lien entre la teneur en gaz à effet de serre dans l’atmosphère et l’évolution climatique. D’un point de vue scientifique, s’entend. Ses études ont vérifié les observations des montagnards : « ils ont détraqué les saisons ». Ce que chacun constatait en levant le nez,

      D’un point de vue scientifique… Quel autre point de vue y aurait-il ? Le montagnard qui lève son nez a-t-il accès à des centaines de milliers d’années d’évolution du climat ? Renifle-t-il des concentrations de co2 ? Sa peau sent-elle des augmentations moyennes de température sur le globe ? Ses oreilles détectent-elles des changements d’orbite de la Terre ?

  • Anatomie de l’État radicalisé. Entretien avec #Claude_Serfati
    https://www.contretemps.eu/anatomie-etat-radicalisation-autoritaire-entretien-serfati

    Depuis le début des années 1960, la direction générale de l’Armement (DGA), le bras industriel du ministère des Armées, explique que la France doit exporter un-tiers de sa production d’#armes pour que son coût soit économiquement supportable pour le budget de l’Etat. La dépendance aux ventes d’armes est donc structurellement inscrite dans le modèle français d’armement.

    Sur le plan extérieur, cette addiction aux ventes d’armes oriente la diplomatie de la France vers la quête incessante de clients, sans égard pour leur utilisation contre les populations. Elle nécessite également un interventionnisme militaire afin que les #guerres menées par la France servent de salon d’exposition en grandeur réelle de la qualité des systèmes d’armes produits par les industriels (combat-proven, se félicitent les industriels).

    Sur le plan intérieur, la centralité du militaire exige toujours plus de budget militaire. Il s’élevait à 33 milliards d’euros en 2017 et se situera à 60 milliards par an avec la prochaine loi de programmation militaire (#LPM). De tels niveaux de dépenses exercent des effets de préemption de ressources financières et de personnel qualifié considérables, ils produisent une diversion des priorités car les autres secteurs industriels sont négligés.

    En somme, la production d’armes a des effets globalement négatifs sur le système productif français, elle affaiblit les performances des industries civiles (sauf l’aéronautique) sur le marché mondial et surtout européen. La perte de compétitivité de l’#industrie française est générale, on en trouve un indice dans la hausse vertigineuse du déficit de la balance commerciale. Je consacre un chapitre de mon ouvrage à la catastrophe industrielle liée à la production d’armes.

    Avec le déclin du levier économique, le statut international de la France se dégrade et la recherche de pays clients pour les armes françaises devient plus obsédante. Les ressources financières massives manquent pour d’autres utilisations. Les dépenses sociales sont bien sûr sacrifiées : un arbitrage est fait entre produire des armes ou recruter des enseignants et des soignants. Sur le plan politique, le doublement des dépenses militaires en moins de dix ans est possible grâce au consensus droite-gauche au nom du « rang » de la France dans le monde.

    La mobilisation contre les menaces extérieures est également dirigée contre celles et ceux qui remettent en cause ce consensus. Cet amalgame entre les menaces de l’extérieur et de l’intérieur trouve son apogée dans la loi votée en France en 2022 qui s’appelait initialement « continuum de sécurité globale ». Du Sahel à Saint-Denis en somme. Un tel agenda provoque une radicalisation militaire à l’étranger et sécuritaire en France où les oppositions à l’union nationale sur le militaire seront qualifiées de « séparatistes ». Tel est le sens du message adressé par E. Macron dans ses vœux aux armées présenté le 20 janvier 2023 : il faut « entretenir l’appui mutuel entre les armées et les forces de sécurité intérieure et forces de sécurité civile pour toujours mieux répondre aux crises, sanitaires ou climatiques, par exemple », mais d’autres exemples de crise viennent vite à l’esprit….

    La France n’est certes pas le seul pays occidental à comprimer les droits et libertés, mais elle est le seul dont l’interaction entre le militaire (à l’extérieur) et le sécuritaire (à l’intérieur) soit aussi forte.

    Dans quelle mesure la France peut être considéré comme un pays impérialiste à part entière ? Elle se caractérise par une forte présence militaire en « Indopacifique » et en Afrique mais vous montrez aussi que son activité dépend d’un soutien matériel important des Etats-Unis…

    Merci de soulever la question de l’#impérialisme, car c’est une question d’actualité. Il va falloir d’autant plus y répondre que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait resurgir le terme d’impérialisme et que les actes impérialistes provoquent un rejet de la population, au point que Macron s’en serve concernant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qualifiant ce pays d’impérialiste. En fait, il est d’accord pour utiliser le terme à condition que l’impérialisme soit slave et qu’il vise une conquête territoriale. Son analyse est bien sûr irrecevable.

    Venons-en donc au fond. L’impérialisme est une structure de domination de l’espace mondial par quelques grands pays mais il définit également des pratiques nationales différenciées. Des pays en dominent d’autres, ils peuvent ainsi capter les richesses produites par le travail et piller les ressources offertes par la nature. Les matières premières étaient déjà un enjeu crucial au début du 20e siècle, mais aujourd’hui, elles sont un enjeu géopolitique encore plus important. En effet, la destruction accélérée de l’environnement et la quête frénétique de ressources naturelles souligne à quelle catastrophe le capitalisme conduit l’humanité.

    Des indicateurs de capacités militaires et de performances économiques aident à rendre compte de l’impérialisme. À titre d’exemple concernant la France, on peut citer sur le plan militaire, l’importance du budget des #armées, son statut de membre permanent du Conseil de sécurité, qui repose sur la détention de l’arme nucléaire, et sa participation à des opérations militaires extérieures grâce à son corps expéditionnaire. Sur le plan économique on dispose de quelques éléments, tels que les flux de revenus du capital enregistrés par les balances des paiements. Ces flux de revenus sont principalement constitués par les profits rapatriés des multinationales grâce à leurs investissements à l’étranger (Investissements directs à l’étranger, IDE), par les revenus bancaires et les revenus de la propriété intellectuelle. Ces trois composantes indiquent le degré d’oppression financière.

    En 2021, les actionnaires ont ainsi rapatrié en France plus de 60 milliards d’euros de dividendes, intérêts et royalties, c’est une forme de tribut que le « reste du monde » paie au capitalisme français. Cela prend des aspects concrets, comme les multinationales qui s’implantent dans les pays du Sud pour tirer avantage des coûts salariaux, l’octroi de crédits bancaires et obligataires qui saignent les peuples, comme Rosa Luxemburg l’avait déjà analysé il y a un siècle. L’oppression financière de l’impérialisme analysée par les marxistes au début du 20e siècle continue (Lénine qualifiait d’ailleurs la France de capitalisme rentier).

    [...]

    Ensuite, l’impérialisme créé une interdépendance économique et politique. Les pays dominants sont des concurrents économiques et des rivaux politiques et militaires. Ils partagent toutefois un intérêt commun à la défense de la propriété privée capitaliste – les mêmes politiques en faveur du capital sont menées dans les pays dominants – et à la préservation de leur domination. À titre d’exemple, les 5 membres permanents du Conseil de sécurité ont publié un communiqué commun dénonçant le traité d’interdiction des armes nucléaires (#TIAN) voté aux Nations-Unies et qui est entré en vigueur en 2021.

    Enfin, l’impérialisme contemporain est une structure de domination hiérarchisée. Au début du 20e siècle, les rivalités inter-impérialistes pour le partage du monde opposaient des pays qui avaient des niveaux de développement comparable. Néanmoins, les théoriciens marxistes de l’impérialisme parlaient de « semi-impérialisme », de « semi-colonies » (Argentine, Turquie, Égypte, etc.). Cependant, la hiérarchie était moins différenciée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Une série de pays aspirent à un rôle majeur dans l’espace mondial ou régional (Brésil, Afrique du Sud, Inde, Turquie, …) et sont qualifiés par certains marxistes du terme un peu flou de « sous-impérialisme ».

    Dans l’impérialisme contemporain, les Etats-Unis forment seuls le 1er cercle. La France se trouve dans le second cercle en compagnie de pays qui font des utilisations souvent différentes de leur mix performances économiques/capacités militaires qui forgent leur statut de pays impérialiste. Par exemple, l’Allemagne et la Russie sont situés aux antipodes. L’Allemagne s’appuie essentiellement sur sa puissance industrielle, la Russie sur ses capacités militaires.

  • Hommage à Claude Lorius, géant des glaces
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/hommage-a-claude-lorius-geant-des-glaces-20230325_I7GMLYFFQBACPLQBLE5XTH6

    Le glaciologue charismatique participa à reconstituer l’histoire de la composition de l’atmosphère. Sa force de persuasion lui permit d’accéder, en pleine guerre froide, à des carottes de glace obtenues par les Soviétiques, se souvient Jérôme Chappellaz, qui travailla avec le chercheur, mort mardi.

    Claude Lorius nous a quittés mardi, au lendemain de la synthèse du 6e rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec). Troublante coïncidence. De fait, par ses recherches durant près de quarante ans, #Claude_Lorius fut l’un des artisans majeurs de cette prise de conscience planétaire que l’activité humaine est en train de modifier profondément le climat planétaire, appelant à la mise en place urgente de politiques internationales ambitieuses pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

    Tout avait commencé en 1957 pour Claude Lorius alors qu’il avait 25 ans : une année entière passée avec deux de ses collègues totalement isolés du reste du monde, au sein d’un tout petit refuge enfoui sous la neige à 300 kilomètres de la côte en terre Adélie (Antarctique). Il y conduisait les toutes premières observations des propriétés physiques des grains de neige au fur et à mesure que la température chutait, atteignant parfois -60°C. En participant ensuite en 1959 à une expédition américaine en terre Victoria, toujours en #Antarctique, parcourant 2 500 kilomètres en territoires inconnus, Claude Lorius put démontrer pour la première fois que la proportion d’atome lourd de l’hydrogène (le deutérium) de la neige tombée en surface reflétait la température à laquelle la neige s’était formée. C’était la naissance du fameux « thermomètre isotopique », utilisé depuis par tous les glaciologues pour reconstituer la température dans le passé grâce à des carottages en profondeur dans les glaciers.

    En 1965, alors qu’il dirigeait l’équipe d’hivernage à la station française Dumont d’Urville en terre Adélie, glissant dans son verre de #whisky un morceau de glace issu d’un carottage conduit dans le glacier voisin, il vit la glace libérer de l’air sous pression provenant des petites bulles qu’elle contenait. Ce fut une véritable révélation pour Claude : ces petites bulles pourraient peut-être permettre de reconstituer la composition chimique de l’atmosphère lorsqu’elles s’étaient formées il y a des milliers d’années.

    En 1970, Claude Lorius alors installé à Paris comme chercheur au CNRS rejoignait à Grenoble un autre illustre glaciologue français : le professeur Louis Lliboutry, au sein de ce qui allait devenir le fameux Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement. Il dirigea ce laboratoire de 1984 à 1989, avant ensuite de prendre la présidence du tout nouvel Institut polaire français (devenu Ipev depuis) mis en place grâce à lui mais aussi à Paul-Emile Victor, fidèle complice et véritable moteur des expéditions françaises aux pôles.

    Il aura fallu près de vingt ans d’efforts à Claude Lorius et à ses équipes pour aboutir à des méthodes fiables permettant de reconstituer la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à partir du contenu des petites bulles d’air dans la glace. Ce fut tout d’abord le gaz carbonique. Après les travaux analytiques pionniers de Robert Delmas au sein de son équipe, utilisant un carottage français conduit au dôme C en Antarctique, Claude Lorius profita de sa force de persuasion pour accéder à plus de 2 kilomètres de carottes de glace tout juste obtenues par les Soviétiques à la station Vostok au cœur du continent blanc. Il s’y rendit en janvier 1985 alors que la guerre froide régnait encore, transporté par un avion américain avec ses deux collègues Jean-Robert Petit et Michel Creseveur. Tout un symbole de l’incroyable capacité qu’avait Claude de nouer des amitiés transcendant les frontières et les conflits afin d’atteindre ses objectifs.

    Il en résulta l’un des résultats scientifiques les plus marquants du siècle dernier pour les sciences de la planète : avec ses collègues Jean Jouzel, Dominique Raynaud et Jean-Marc Barnola, Claude Lorius publiait en octobre 1987 trois articles conjoints dans la prestigieuse revue scientifique Nature. Ils décrivaient pour la première fois et en grand détail l’évolution climatique au cours des derniers 160 000 ans, et en parallèle celle de la quantité de gaz carbonique dans l’atmosphère. Une remarquable corrélation était observée : plus de gaz carbonique durant les périodes chaudes qu’avait connu la Terre, moins de gaz carbonique durant les périodes froides. Ils montraient également que les quantités de gaz carbonique dans l’atmosphère d’aujourd’hui n’avaient pas d’équivalent sur la période étudiée. Ces résultats firent l’effet d’une bombe. Le climatologue américain de la Nasa James Hansen s’appuya dessus lors de son audition par le Congrès américain en juin 1988, contribuant à la mise en place du Giec en 1990.

    J’ai personnellement eu la chance inouïe de contribuer à ces avancées scientifiques en rejoignant l’équipe de Claude Lorius en 1986, afin d’utiliser les carottes de glace soviétiques de Vostok pour reconstituer l’évolution d’un autre gaz à effet de serre : le méthane. Là encore, nos observations corroboraient le lien étroit existant entre l’évolution du climat et celle de ce gaz à effet de serre. Je me souviens de ces moments d’excitation lorsqu’avec Jean-Marc et Dominique, semaine après semaine, nous retrouvions Claude Lorius dans son bureau pour montrer les nouveaux résultats obtenus dans le laboratoire. Les courbes se dessinaient petit à petit. Un jour, Claude tiendra ces propos prémonitoires : « Ça va faire mal ! »

    La vie de Claude Lorius fit l’objet d’un magnifique long-métrage : la Glace et le Ciel, sous la houlette du réalisateur oscarisé Luc Jacquet. En mai 2015, il était projeté en clôture du festival de Cannes. Quel souvenir alors de cette extraordinaire « standing ovation » en l’honneur de Claude, debout et en larmes au milieu des spectateurs. Un juste hommage à un meneur d’hommes extraordinairement charismatique, au destin exceptionnel, qui aura marqué la science et l’histoire. Mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

    #climat #recherche #ice_core_science

  • En 1958, #Rothko doit faire trente deux peintures pour un restaurant d’entreprise. Une fois les tableaux réalisés, pris d’un doute, il va dîner dans le restaurant qui vient d’ouvrir. Ce n’est pas du tout la cantine pour employés qu’il imaginait, mais un restaurant luxueux pour gens fortunés : Quiconque peut manger cette sorte de nourriture pour cette sorte de tarif ne regardera jamais une de mes peintures, dit-il à l’un de ses proches. Plus tard, au bar d’un paquebot alors qu’il revient d’un voyage en Europe, il fera encore cette remarque : Un lieu où les salauds les plus riches de New-York viennent pour bouffer et se montrer. Rothko rend le chèque au commanditaire et garde les tableaux.

    (Jacques Lèbre, À bientôt, 72)

  • Les âmes d’Atala » Archive » Entretien avec #Claude_Louis_Combet
    https://zamdatala.net/2013/10/13/entretien-avec-claude-louis-combet

    Je suis de plus en plus porté à croire que l’écriture, pour ce que j’en sais et par la pratique que j’en ai, est nécessairement vouée à l’échec. L’écriture est, pour moi, l’aveu d’impuissance de la vie face à l’exigence impraticable du désir. Elle est un acte de renoncement. Elle tourne le dos à la vie, mais elle ne remplace pas la vie. Elle apporte, à la façon du rêve, une satisfaction hallucinatoire. Elle concrétise l’insondable faiblesse du créateur devant lui-même, devant ses appétits, sa brutalité, son irrationalité. Par rapport à cet échec fondamental, que l’on peut dire métaphysique, l’échec en matière de notoriété, de reconnaissance de caste, ne pèse d’aucun poids. Il n’y a même pas d’amertume.

  • #Vomir #Canada : D’ici 2028, les vaches laitières devraient pouvoir mettre bas sans être enchaînées Julie Vaillancourt - Radio Canada
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1871152/vaches-laitieres-enchainees-agriculture

    Au Canada, la majorité des vaches laitières sont élevées en stabulation entravée, ce qui implique qu’elles mettent souvent bas, enchaînées, dans des stalles trop petites pour elles. Ça pourrait changer : les experts recommandent maintenant de leur donner plus de liberté de mouvement pour améliorer leur bien-être.


    Il manque d’espace dans les stalles régulières pour que les vaches mettent bas à leur aise. Photo : Radio-Canada

    La scène est désolante aux yeux du profane : une vache, la chaîne au cou, qui met bas dans sa stalle, souvent trop petite pour lui permettre de se mouvoir avec agilité. L’animal tente de se retourner pour voir son veau, mais son carcan métallique l’entrave partiellement ; le producteur laitier doit apporter le nouveau-né en face de sa mangeoire pour que la vache puisse enfin le lécher.

    Une action plus fréquente au Québec qu’ailleurs au Canada, car c’est dans la province qu’on retrouve le plus de fermes en stabulation entravée, un système où chaque vache garde toute sa vie une place fixe dans l’étable, enchaînée à une barre d’attache.


    Un des principes les plus importants, pour le vétérinaire Edwin Quigley, est que les vaches doivent faire le plus possible d’exercice. Photo : Radio-Canada

    Pour le vétérinaire Edwin Quigley, qui pratique dans la région de Chaudière-Appalaches, le fait que 72 % des vaches de la province vivent ainsi (contrairement à la moyenne canadienne de 44 %) est consternant. “Des vaches attachées dans un espace de quatre pieds par six à l’année longue et qui ne changent pas de place, il manque quelque chose.”

    Ce “quelque chose”, c’est la liberté de mouvement, beaucoup plus présente en stabulation libre, une façon d’élever les bovins laitiers dans des espaces à aire ouverte. Avec ce modèle, les vaches disposent de logettes individuelles où elles vont manger ou se reposer à leur guise, sans jamais être immobilisées de force.

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en stabulation entravée, la prévalence de blessures aux jarrets chez l’animal est de 56 % comparativement à 47 % en stabulation libre, de 43 % pour les blessures aux genoux comparativement à 24 % en stabulation libre.

    Conséquence, entre autres, d’une surface de couchage souvent trop abrasive en comparaison avec la litière de plus de 15 centimètres d’épaisseur qu’on retrouve régulièrement dans les étables en stabulation libre.

    Quant aux 33 % de blessures au cou en stabulation entravée, elles trouvent évidemment leur source dans le port constant de la chaîne.


    Au Canada, les vaches qui passent leur vie dans des stalles entravées ont plus de blessures qu’avec d’autres systèmes d’élevage. Photo : Radio-Canada

    Le “Code de pratique pour le soin et la manipulation des bovins laitiers”, un outil de référence à l’intention des producteurs laitiers canadiens, est actuellement en révision, puisque la dernière mouture date de 2009.

    Nous avons obtenu la version préliminaire du nouveau code, dont l’élaboration sera terminée d’ici la fin de l’année. Elle propose dorénavant de loger les vaches laitières au pâturage ou en stabulation libre afin qu’elles aient la possibilité de se mouvoir davantage. Quant au vêlage, les producteurs devraient obligatoirement permettre aux vaches de mettre bas en stabulation libre d’ici 2028, s’il n’en tient qu’aux experts canadiens qui se penchent présentement sur la question.

    https://fr.scribd.com/document/566235947/Code-de-pratique-pour-le-soin-et-la-manipulation-des-bovins-laitiers#down

    Ce serait la moindre des choses aux yeux d’Edwin Quigley, qui supervise présentement l’agrandissement de l’étable d’un de ses clients, Dave Kelly, un producteur laitier de Saint-Nazaire-de-Dorchester, dans la région de Chaudière-Appalaches.


    Dave Kelly, producteur laitier, veut améliorer le bien-être de ses vaches et collabore avec son vétérinaire pour changer les choses. Photo : Radio-Canada

    M. Kelly tente d’améliorer le bien-être de ses vaches à la mesure de ses moyens. “Il y a des gens qui pensent qu’on utilise les vaches comme des machines, moi, je ne suis pas d’accord avec ça, mais il faut qu’elles soient bien dans ce qu’elles ont à faire, c’est important.”

    Au programme chez lui, des travaux de construction pour bâtir une section où ses vaches pourront mettre bas en stabulation libre : un enclos de groupe où les vaches auront le loisir de bouger à leur guise pendant le vêlage sans être gênées par l’étroitesse de leurs stalles ou, pire encore, leurs chaînes.


    En stabulation, la litière disposée sur le sol rend la surface plus confortable et aide à éviter l’abrasion. Photo : Radio-Canada

    Un virage pris par de plus en plus de producteurs laitiers du Québec qui, massivement, convertissent leurs troupeaux à l’élevage en stabulation libre pour l’ensemble de leurs opérations, et non uniquement le vêlage. “On fait du rattrapage, soutient Daniel Gobeil, président des Producteurs de lait du Québec.”

    “Des vaches attachées toute leur vie, on tend à éliminer ces pratiques-là. On est à la croisée des chemins en termes de bien-être animal”, conclut-il.

    #chaînes #beurk #boycott #alimentation #sirop_d'érable #assiette #malbouffe #agriculture #élevage #élevage #alimentation #vaches #viande #agrobusiness #lait #agro-industrie #quelle_agriculture_pour_demain_ #violence #torture #capitalisme

    • Monsieur trudeau, vous êtes une honte pour la démocratie ! Veuillez nous épargner votre présence Christine Anderson, députée européenne (Allemande) au Parlement européen

      Après parlé avec des parlementaires européens lors de sa visite officielle de deux jours à Bruxelles, la parole a été donnée à la députée allemande Christine Anderson qui a interpellé le Premier ministre canadien, disant qu’il ne devrait pas pouvoir s’exprimer au Parlement européen.

      Anderson a accusé Trudeau d’admirer ouvertement la dictature de base chinoise et a appelé le Premier ministre pour avoir piétiné “les droits fondamentaux en persécutant et en criminalisant ses propres citoyens en tant terroristes simplement parce qu’ils osent s’opposer à son concept pervers de démocratie”.

      le Canada est passé du statut de symbole du monde moderne à celui de « symbole de la violation des droits civils » sous la « chaussure semi-libérale » de Trudeau.

      Elle a terminé son discours en disant à Trudeau qu’il était « une honte pour toute démocratie. Veuillez nous épargner votre présence.
      https://www.youtube.com/watch?v=vtnfcVAZB6I


      Le député croate Mislav Kolakusic a également dénoncé Trudeau pour avoir violé les droits civils des Canadiens qui ont participé aux manifestations du « Freedom Convoy ». Lors de son propre discours cinglant devant ses collègues parlementaires européens, Kolakusic a déclaré à Trudeau que ses actions en promulguant la loi sur les urgences étaient « une dictature de la pire espèce ».
      Trudeau s’est assis et a écouté Kolakusic informer le premier ministre que de nombreux Européens l’ont vu « piétiner des femmes avec des chevaux » et bloquer « les comptes bancaires de parents célibataires ».
      L’eurodéputé roumain Christian Terhes a également refusé d’assister au discours de Trudeau aux autres membres de l’UE.

      Source :
      https://thecanadian.news/vous-etes-une-honte-un-depute-allemand-interpelle-trudeau-en-face-lors
      https://twitter.com/lemairejeancha2/status/1507033759278940161
      https://vk.com/wall551774088_43985?z=video640533946_456239116%2Fa7ea5429d710b84557%2Fpl_post_55

      NDR Cette députée allemande est de droite, mais la vérité ne fait pas de politique.

       #canada #justin_trudeau #trudeau la #violence #contrôle_social #police #dictature #violences_policières #violence_policière #répression #violence #maintien_de_l'ordre #brutalité_policière #manifestation #violences_policieres

    • Salaire mirobolant et logement de fonction : le train de vie princier du directeur du Fresnoy à Tourcoing Pierre Leibovici
      https://www.mediacites.fr/lu-pour-vous/lille/2022/03/24/salaire-mirobolant-et-logement-de-fonction-le-train-de-vie-princier-du-di

      Les angles morts, Quelques obscurcissements, Prolongations… Le titre de ces romans signés Alain Fleischer était-il prémonitoire ? Il résonne en tout cas avec le rapport publié, vendredi 18 mars, par la Chambre régionale des comptes des Hauts-de-France sur l’association Le Fresnoy — Studio national des arts contemporains, dont il est le directeur.


      Ouvert au public en 1997, l’imposant bâtiment du Fresnoy, situé dans le quartier du Blanc Seau à Tourcoing, abrite une école supérieure d’art ainsi qu’un lieu de représentation et de production (cinéma, danse, photo, arts numériques). L’établissement, imaginé dès 1987 par l’artiste Alain Fleischer à la demande du ministère de la Culture, est aujourd’hui mondialement reconnu. Trente-cinq ans plus tard, et malgré son âge de 78 ans, il n’a toujours pas lâché le bébé.

      Un salaire brut de 91 000 euros
      « Le cinéaste », « l’auteur », « le photographe, le plasticien » : le parcours d’Alain Fleischer est fièrement détaillé sur le site Internet du Fresnoy, qui lui consacre une page entière. « L’ambassadeur du Fresnoy », ajoute la Chambre régionale des comptes dans son rapport : « il en est pilote stratégique, notamment pour l’évolution vers le projet de StudioLab international [un programme de collaboration entre artistes et scientifiques], il initie les grands partenariats et exerce les fonctions de responsable pédagogique ».

      « Le montant de sa rémunération ne s’appuie pas sur son contrat de travail »
      Pour remplir ces missions, Alain Fleischer bénéficie d’un confortable salaire de 91 000 euros bruts par an, soit 7 600 euros bruts par mois. Un montant stable sur la période allant de 2016 à 2019, sur laquelle se sont penchés les magistrats financiers, mais qui interroge : « le montant de sa rémunération ne s’appuie sur aucun élément présent dans son contrat de travail qui date de plus de 30 ans, pas plus que des avenants ultérieurs dont le dernier date, en tout état de cause, de 2002 ». La Chambre demande donc instamment une révision du contrat de travail du directeur et sa validation par le conseil d’administration de l’association.

      Un immeuble pour logement de fonction
      Dans la suite de leur rapport, les magistrats recommandent aussi que le conseil d’administration valide la mise à disposition d’un logement de fonction pour Alain Fleischer. Ou plutôt d’un « immeuble d’habitation », peut-on lire sans plus de précisions. Ce bâtiment, ainsi qu’un autre d’une surface de 11 000 m2, est la propriété de la région Hauts-de-France, principal financeur du Fresnoy.

      Quelle est la valeur de l’avantage en nature consenti à l’association et à son directeur ? Difficile à dire : la dernière évaluation, réalisée en 2002, tablait sur un coût de 455 823 euros par an. Un montant sans doute bien plus élevé vingt ans plus tard, d’autant que la région prend à sa charge les travaux et la majeure partie de l’entretien des bâtiments. « Une réévaluation de la valeur de ces biens immobiliers qui figurent dans les comptes de l’association serait nécessaire », acte la Chambre régionale des comptes.

      Gouvernance à clarifier
      Autre recommandation adressée au studio d’art contemporain : la clarification de la gouvernance de l’association. À l’heure actuelle, un conseil d’administration cohabite avec une assemblée générale. Mais les deux instances, dont les missions diffèrent, sont composées des mêmes membres : 10 membres de droit et 14 personnalités qualifiées. Pour mettre fin à cette « confusion », les magistrats appellent donc l’association à revoir ses statuts.

      Cette dernière recommandation vaut aussi pour la rémunération de certains membres du conseil d’administration. Car, d’après la Chambre régionale des comptes, « des membres du conseil d’administration, du fait de leurs fonctions et qualités professionnelles et artistiques, peuvent être amenés à remplir le rôle de commissaire de certaines expositions du Fresnoy ou à effectuer des missions de représentation, donnant lieu à versement d’émoluments ». Et de conclure, en des termes toujours policés, que l’association devrait réviser ses statuts « par souci de sécurité juridique ».

      Sollicité à l’issue de l’audit des magistrats financiers, le président de l’association, Bruno Racine, s’est engagé à suivre toutes leurs recommandations et à mettre à jour les statuts dans un délai de six mois. « Cette révision permettra de préciser les modalités de recrutement du directeur », a-t-il affirmé. Écrivain et haut-fonctionnaire, aujourd’hui âgé de 70 ans, Bruno Racine a toutes les raisons de prêter attention aux recommandations de la Chambre régionale des comptes : il a un temps été conseiller-maître à la Cour des comptes.

      #Fresnoy #Tourcoing #argent #fric #art #art_press #claude_leveque @legrandmix #art_contemporain pour #bobo #ruissèlement #ruissellement #photographie #guerre_aux_pauvres

    • Énergie : au Royaume-Uni, même les pommes de terre deviennent trop chères LePoint.fr
      https://www.msn.com/fr-fr/finance/other/%C3%A9nergie-au-royaume-uni-m%C3%AAme-les-pommes-de-terre-deviennent-trop-ch%C3%A8res/ar-AAVqibD?ocid=msedgdhp&pc=U531#

      Durant des siècles, les pommes de terre ont été, par excellence, l’aliment de base des populations pauvres. Faciles à cultiver, peu chères à l’achat et nourrissantes, elles étaient l’élément de base ? sinon le seul - de populations entières. À tel point qu’au XIXe siècle, l’apparition du mildiou en Irlande ? une maladie qui anéantit presque totalement la culture de la pomme de terre ? provoqua une famine ? et la mort de près d’un million de personnes.

      Par les temps qui courent, cependant, la pomme de terre semble perdre son avantage auprès des populations dans le besoin. En effet, selon The Guardian, https://www.theguardian.com/business/2022/mar/23/food-bank-users-declining-potatoes-as-cooking-costs-too-high-says-icela de plus en plus de personnes ayant recours aux banques alimentaires refusent les pommes de terre, ne pouvant se permettre la dépense énergétique nécessaire à la longue cuisson de ces dernières.

      Une inflation record en 30 ans
      « C’est incroyablement inquiétant », a expliqué le gérant d’une chaîne de supermarchés low cost sur la BBC. « Nous entendons parler de certains utilisateurs de banques alimentaires qui refusent des produits tels que les pommes de terre et d’autres légumes-racines parce qu’ils n’ont pas les moyens de les faire bouillir », détaille-t-il, parlant de « la crise du coût de la vie » comme du « plus important problème intérieur » au Royaume-Uni.

      Outre-Manche, le coût de la vie continue d’augmenter rapidement, rapporte The Guardian. L’inflation a atteint 6,2 % en février, selon les chiffres de l’Office for National Statistics, une première depuis trente ans. Elle est alimentée par la hausse du coût de l’essence et du diesel et d’un large éventail de produits de nourriture aux jouets et jeux. En 2021, l’inflation spécifique aux produits alimentaires a été de 5,1 % au Royaume-Uni.

      #pauvreté #prix de l’#énergie #spéculation #capitalisme #marché_libre-et_non_faussé #électricité #spéculation #alimentation #banques_alimentaires #pommes_de_terre

  • Claude Ponti
    https://www.arteradio.com/son/61670535/claude_ponti_1_3

    Claude Ponti est né en 1948 à Lunéville (Lorraine). C’est l’un des souverains pontifes de la littérature jeunesse, avec 8,6 millions de livres vendus en France depuis 1986, parfois traduits en italien, en roumain, en japonais ou en chinois. Un dessinateur-auteur culte, occasionnellement dramaturge et romancier, avec plus de 80 ouvrages publiés pour l’essentiel à L’École des Loisirs, dont les incontournables « Okilélé », « Pétronille et ses 120 petits » ou encore « Blaise et le château d’Anne Hiversère ». Source : Bookmakers - Arte Radio

  • #Frantz_Fanon

    Le nom de Frantz Fanon (1925-1961), écrivain, psychiatre et penseur révolutionnaire martiniquais, est indissociable de la #guerre_d’indépendance algérienne et des #luttes_anticoloniales du XXe siècle. Mais qui était vraiment cet homme au destin fulgurant ?
    Nous le découvrons ici à Rome, en août 1961, lors de sa légendaire et mystérieuse rencontre avec Jean-Paul Sartre, qui a accepté de préfacer Les Damnés de la terre, son explosif essai à valeur de manifeste anticolonialiste. Ces trois jours sont d’une intensité dramatique toute particulière : alors que les pays africains accèdent souvent douloureusement à l’indépendance et que se joue le sort de l’Algérie, Fanon, gravement malade, raconte sa vie et ses combats, déplie ses idées, porte la contradiction au célèbre philosophe, accompagné de #Simone_de_Beauvoir et de #Claude_Lanzmann. Fanon et Sartre, c’est la rencontre de deux géants, de deux mondes, de deux couleurs de peau, de deux formes d’engagement. Mais la vérité de l’un est-elle exactement celle de l’autre, sur fond d’amitié et de trahison possible ?
    Ce roman graphique se donne à lire non seulement comme la biographie intellectuelle et politique de Frantz Fanon mais aussi comme une introduction originale à son œuvre, plus actuelle et décisive que jamais.

    https://www.editionsladecouverte.fr/frantz_fanon-9782707198907

    #BD #bande_dessinée #livre

    #indépendance #Algérie #Organisation_armée_secrète (#OAS) #décolonisation #biographie #colonisation #France #souffrance_psychique #syndrome_nord-africain #violence #bicots #violence_coloniale #lutte_armée #agressivité #domination #contre-violence #violence_politique #violence_pulsionnelle #Jean-Paul_Sartre #Sartre #socialthérapie #club_thérapeutique_de_Saint-Alban #François_Tosquelles #Saint-Alban #Septfonds #narcothérapie #négritude #école_d'Alger #Blida #primitivisme #psychiatrie_coloniale #insulinothérapie #cure_de_Sakel #sismothérapie #choc #autonomie #révolution #Consciences_Maghrébines #André_Mandouze #Amitiés_Algériennes #Wilaya #Association_de_la_jeunesse_algérienne_pour_l'action_sociale (#AJASS) #Alice_Cherki #maquis #montagne_de_Chréa #torture #attentats #ALN #FLN #El_Moudjahid #congrès_de_la_Soummam #pacification_coloniale #Septième_Wilaya #massacre_de_Melouze #opération_Bleuite #histoire

  • Pédocriminalité
    L’affaire Claude Lévêque remue la biennale d’« Art Press »

    Plusieurs écoles d’arts refusent de participer à la deuxième édition de la manifestation organisée par le magazine, prévue en 2022 à Montpellier. En cause, son soutien au plasticien accusé de pédocriminalité.

    La révélation des accusations de pédocriminalité à l’encontre du plasticien Claude Lévêque, en janvier, a provoqué un séisme qui secoue encore le milieu de l’art contemporain. Et les répliques se font sentir jusque dans les écoles d’enseignement supérieur artistique. Les crispations se cristallisent aujourd’hui autour d’« Après l’école » ; la toute jeune biennale organisée par le journal Art Press. La première édition, écourtée à cause du deuxième confinement, a eu lieu à Saint-Etienne (Loire) en octobre-novembre 2020, au musée d’Art moderne et contemporain et à la Cité du design. Une deuxième édition, prévue à Montpellier en 2022, associe cette fois le Mo.Co (réunion de l’Ecole supérieure des beaux-arts et les espaces d’exposition de la Panacée et de l’Hôtel des collections) avec le Musée Fabre, musée des beaux-arts de Montpellier.
    Boycott de l’école où enseigne un des plaignants

    Cette nouvelle biennale entend défendre la création émergente et vise à promouvoir le travail de 30 à 40 anciens élèves, diplômés depuis deux à cinq ans. Les dossiers des postulants seront sélectionnés par un jury. Sollicitées pour présenter des jeunes talents à cette biennale, les 45 directions des écoles d’art sont divisées sur la réponse à apporter à cette proposition.

    Pourquoi ? Car le 23 février dernier, la revue Art Press a publié une tribune en soutien à Claude Lévêque intitulée « Présomption d’innocence », pour défendre le plasticien, accusé de viols et d’agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, comme l’a révélé par le Monde et Mediapart.

    Stéphane Sauzedde, directeur de l’Ecole supérieur d’art d’Annecy (Esaaa), a fait savoir par courrier qu’il ne présenterait pas de dossier. Parmi l’équipe d’enseignants haut-savoyards se trouve Laurent Faulon, l’artiste qui a porté plainte contre Claude Lévêque auprès du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Le professeur a le soutien des élèves et de Stéphane Sauzedde, en total désaccord avec la tribune d’Art Press. « On sait que les agissements dénoncés par Laurent Faulon sont prescrits et donc ne peuvent être considérés par la justice… Aucun·e diplomé·e de l’Esaaa ne souhaiterait participer à une biennale organisée par le journal et les personnes qui témoignent un tel mépris pour sa parole », a écrit Stéphane Sauzedde dans ce courrier adressé à la direction de l’événement.

    Selon la volonté du directeur, la lettre a circulé auprès d’autres directeurs d’écoles d’art, dont les établissements sont nombreux à être traversés par des conflits liés aux violences sexistes et sexuelles. « A Annecy, nous avons parlé avec beaucoup de sérieux des questions de pédocriminalité, et plus largement des violences sexistes et sexuelles, précise Stéphane Sauzedde. Le sujet était d’évidence grâce à la présence de Laurent Faulon, mais aussi parce que l’équipe comme les étudiants sont engagés et souhaitent accuser réception, ici et maintenant, sans délai, du mouvement #MeToo qui traverse la société. Et pour toutes et tous, il est évident qu’en matière de pédocriminalité, dire qu’il faut s’en remettre à la justice et seulement à elle alors que les faits sont prescrits, c’est affirmer que la parole est interdite. S’ils veulent travailler avec la jeune création, il faut qu’ils entendent que ceci est important. »

    Une trentaine d’écoles favorables à la biennale

    Ce point de vue n’est pas partagé par les organisateurs de la biennale, qui dénoncent une polémique déplacée. Celle-ci ferait de l’ombre aux jeunes artistes et produirait un amalgame : d’une part, entre les positions de Catherine Millet (directrice de la rédaction), les éditos de Jacques Henric (collaborateur d’Art Press), la tribune en faveur de la présomption d’innocence concernant Claude Lévêque et, d’autre part, l’organisation d’une biennale pour la création émergente, avec deux commissaires qui n’ont pas signé la tribune du 23 février. « Ceux qui critiquent n’ont pas demandé aux jeunes artistes comment s’était passée la première édition, avance Romain Mathieu, critique d’art, enseignant à l’Ecole supérieure d’art de Saint-Etienne (Esadse) et co-commissaire de la biennale avec Etienne Hatt, rédacteur en chef adjoint d’Art Press. « Cette biennale est l’occasion de donner une visibilité aux jeunes diplômés. Les écoles ont pour mission de veiller à une professionnalisation, alors qu’il est si difficile aujourd’hui de devenir un artiste. »

    Numa Hambursin, directeur du Mo.Co, qui prévoit d’accueillir l’exposition, abonde : « Comment faire pour les aider ? Ma priorité va aux étudiants afin de leur mettre le pied à l’étrier. » Pour lui, il s’agissait surtout d’augmenter le forfait de 300 à 1 000 euros par participant pour la nouvelle édition. « Art Press est un monument de la critique, nous y sommes tous passés, c’est la seule revue française qui soit internationale », défend-il. Selon Numa Hambursin, plusieurs écoles ont déjà répondu à l’appel en envoyant des dossiers, comme les Beaux-Arts de Paris ou les Arts-déco (Ensad) ; une trentaine d’écoles seraient favorables. Le Fresnoy, à Tourcoing, dirigé par Alain Fleischer (signataire de la tribune), entend aussi y participer. Raphaël Cuir, directeur de l’Ecole supérieure d’art et de design de Reims, a déjà présélectionné des diplômés : « On n’est pas nécessairement d’accord avec 100% de ce qui est écrit dans un journal, mais je trouve il n’y a aucune raison de censurer Art Press qui a légitimement défendu la présomption d’innocence. Les diplômés deviennent des otages si on boycotte ce projet. »

    « Un poids surprenant du patriarcat »

    Sollicitée pour être partenaire d’Après l’école, l’Association nationale des écoles supérieures d’art et design publiques (ANDEA) s’en est tenue à une position de neutralité, laissant chaque direction libre de présenter ou non des anciens étudiants. « Plusieurs membres de l’ANDEA souhaitent affirmer une position éthique forte et cohérente entre le travail fait pendant les études et l’accompagnement des diplômé·es après l’école, sans pour autant pointer du doigt ceux et celles qui auraient un avis divergeant, explique Amel Nafti, co-présidente. Nous avons décidé de faire examiner la participation aux conseils pédagogiques. » Amel Nafti est également directrice de l’Esad Grenoble-Valence, et si le site de Grenoble a déjà choisi de ne pas envoyer de dossiers, la décision de ne pas participer, pour le site de Valence, sera entérinée lors d’un conseil étudiant le 14 décembre. Amel Nafti reconnaît que les écoles d’art traversent en ce moment des moments de vives tensions à propos de questions de violences sexuelles. L’Esad Grenoble-Valence a récemment été secouée par quatre affaires, et la directrice a dû signaler deux plaintes pour viols à Grenoble depuis sa prise de fonction.

    Ce climat de crise est confirmé par Jérôme Delormas. Le directeur de l’Isdat, à Toulouse, a choisi de décliner la proposition de la biennale, en laissant toutefois les anciens diplômés libres de choisir : « On ne fera pas de zèle, ni de publicité », explique-t-il à Libération. A Toulouse, les prises de position d’Art Press ont été au cœur de débats houleux entre l’équipe pédagogique et les étudiants. « Certains enseignants sont heureux que la parole se libère, détaille Jérôme Delormas. Mais il y a aussi un poids surprenant du patriarcat dans nos réseaux. »

    Dans une lettre adressée à la direction de la biennale, Estelle Pagès, directrice de l’Ensba Lyon, a elle aussi décliné l’invitation, après consultation du conseil pédagogique : « Certaines des positions portées par la revue Art Press depuis ces dernières années sont en contradiction avec ce que les écoles supérieures d’art cherchent à déconstruire », écrit-elle pour expliquer le choix collégial de l’école.

    Si la plupart des personnes interrogées louent l’initiative d’une biennale autour de la création émergente, l’étiquette Art Press fait ressortir des divisions qui pourraient aussi être rapprochées du départ, ces dernières années, d’une jeune génération de pigistes qui ne se reconnaissaient plus dans la revue.

    On parle de ton musée @arno

    #art #pedocriminalité #claude_leveque #art_press #catherine_millet

    • La tribune d’Art Press en soutiens à Claude Levèque
      https://www.artpress.com/2021/02/23/presomption-dinnocence-claude-leveque

      Paul Ardenne, écrivain et historien de l’art ; Claude Arnaud, écrivain ; Gilles Barbier, artiste ; François Barré, ancien président du Centre Pompidou ; Michel Baverey, éditeur ; Pierre Beloüin, artiste enseignant ; Fabien Boitard, artiste ; Patrick Bouchain, architecte ; Charles-Arthur Boyer, critique d’art, collaborateur à artpress ; Damien Cabanes, artiste plasticien ; François Carbonnier, architecte ; Blandine Chavanne, conservatrice du patrimoine ; Evelyne Chartier, institutrice ; Frédéric Chartier, consultant ; Fabienne Clérin, chargée d’expositions ; Brigitte Cornand, réalisatrice ; Vincent Corpet, peintre ; Alain Coulange, écrivain, critique d’art ; Franck David, artiste ; Benoît Decron, conservateur du patrimoine, historien d’art ; Bernard Delosme, enseignant ; Stéphanie Ditche, artiste ; Jérôme Duwa, écrivain ; Anne-Marie Faucon, artiste ; Jean-Noël Flammarion, éditeur ; Alain Fleischer, écrivain, cinéaste et artiste ; Paul-Armand Gette, artiste ; Josiane Guilloud-Cavat, historienne de l’art ; François Guinochet, amateur et curieux ; Didier Hochart, consultant ; Yves Jammet, médiateur culturel ; Baudouin Jannink, éditeur ; Olivier Kaeppelin, écrivain, critique d’art ; Jason Karaindros, artiste ; Laurent Quénéhen, critique et commissaire d’exposition ; Carlos Kusnir, artiste-peintre ; Vincent Labaume, artiste ; Francis Lacloche, médiateur ; Yvon Lambert, libraire ; Loïc Le Groumellec, artiste ; Ange Leccia, artiste ; Julien Ludwig-Legardez, sérigraphe, Atelier Tchikebe ; Olivier Ludwig-Legardez, directeur, Atelier Tchikebe ; Roberto Martinez, artiste ; Catherine Millet, directrice de la rédaction d’artpress ; Ghislain Mollet-Viéville, expert honoraire auprès des tribunaux, agent d’art, critique d’art ; Bernard Moninot, artiste ; Didier Morin, directeur de la revue Mettray ; Jean-Luc Moulène, artiste ; Michel Nuridsany, écrivain, critique d’art ; Dominique Païni, critique et commissaire d’exposition indépendant ; Raphaëlle Paupert-Borne, artiste ; Jacqueline Philippart, amateur d’art ; Michel Philippart, amateur d’art ; Philippe Piguet, historien et critique d’art, commissaire d’exposition indépendant ; Rudy Ricciotti, architecte ; Jacques Ristorcelli, graphiste ; Paul Ristorcelli, directeur d’école ; Éric Rondepierre, artiste ; Jean-Jacques Rullier, artiste plasticien ; Cécile Savelli, artiste peintre ; Karine Savigny, Association A.I.R (Artiste Invité en Résidence) ; Danielle Schirman, artiste, cinéaste ; Alberto Sorbelli, poète ; Ludwig Trovato, vidéaste ; Frederic Valabrègue, écrivain et critique d’art.

    • Faut-il rallumer une installation de Claude Lévêque, accusé de viols sur mineurs ? A Montreuil, le débat fait rage

      Le conseil de quartier de Bel Air demande l’illumination de « Modern Dance », que la mairie avait éteinte en janvier, après que « Le Monde » a révélé les accusations visant le célèbre plasticien.

      Peut-on séparer l’artiste de son œuvre ? Cette question inflammable émerge régulièrement dans le débat public, questionnant notamment les tribunes données au cinéaste Roman Polanski, au musicien Bertrand Cantat ou encore à l’écrivain Louis-Ferdinand Céline. Cette fois, le sujet s’est invité dans un quartier populaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), divisé à propos d’une installation lumineuse monumentale du plasticien Claude Lévêque, aujourd’hui accusé de viols sur mineurs.

      Sur la place centrale du quartier Bel Air, sur les hauteurs de Montreuil, trois larges cercles d’inox décorés d’ampoules se déploient autour des piliers d’un château d’eau décrépi. Presque invisible en journée, l’œuvre s’illumine à la tombée de la nuit. Les cercles prennent l’apparence de cerceaux bleus, qui semblent virevolter autour de la structure.

      VEND. 25/09, 19h, espace 40 (Bel Air) : rencontre avec l’artiste CLAUDE LÉVÊQUE autour de son oeuvre "Modern Dance". http://t.co/cfhcSWZaJW
      — CentreTignousAC (@cactignous@montreuil.fr)

      Depuis janvier, en même temps que les révélations du Monde concernant le plasticien, ce hula-hoop nocturne a cessé. La ville de Montreuil a éteint l’installation Modern Dance quelques jours après avoir appris que son concepteur, de renommée internationale, faisait l’objet depuis 2019 d’une enquête pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, qui remonteraient au milieu des années 1980. Un sculpteur d’une cinquantaine d’années accuse Claude Lévêque, 68 ans, d’avoir abusé de lui et de ses deux frères.

      L’installation, composée de 1 300 LED, se trouve sur une place devant prochainement être baptisée du nom de l’avocate Gisèle Halimi, comme le révélait le magazine Causette qui a dévoilé l’histoire.

      L’extinction de cette œuvre qui a coûté 171 269 euros avait été décidée « pour répondre au choc des habitants qui s’était exprimé à l’époque », explique à l’Agence France-Presse (AFP) la mairie de cette commune limitrophe de Paris. Installée dans l’espace public, « l’œuvre sautait aux yeux des passants », s’imposant également à ceux qui ne souhaitaient plus la voir, commente la municipalité, chargée contractuellement de l’entretenir durant vingt-cinq ans.

      Pendant une année de statu quo, les trois immenses hula-hoops, commandés sous le mandat de Dominique Voynet, sont restés en place sur le château d’eau. Mais, à la fin de novembre, le conseil de quartier de Bel Air a envoyé une lettre à la mairie pour lui demander de rallumer l’installation. Dans ce texte, consulté par l’AFP, cette instance de démocratie participative défend une œuvre intégrée au « patrimoine local », que les habitants se sont appropriée. Et de préciser que l’apprécier ne signifie pas une quelconque forme de soutien à son créateur.

      Fierté locale

      Sans cette illumination, le quartier est devenu « triste » et « lugubre », déplore la lettre. De nombreux riverains ignorent tout des accusations qui pèsent sur Claude Lévêque et pensent simplement que l’œuvre est en panne, ou cassée. « Je ne comprends pas le sens d’éteindre les lumières pour lutter contre la pédophilie », s’agace Delphes Desvoivres, sculptrice vivant à Bel Air, l’une des initiatrices de cette pétition. D’après cette Montreuilloise, qui a témoigné devant la commission sur la pédocriminalité dans l’Église des abus sexuels infligés à son père par un prêtre, « éteindre les lumières n’a jamais aidé personne à aller mieux… ».

      Pour les habitants de Bel Air, l’œuvre de Claude Lévêque constituait une fierté locale. Quelque chose d’unique, de valorisant. « C’est féerique et beau. Sincèrement, à part les barres d’immeubles, il n’y a pas grand-chose de beau dans le quartier », témoigne Mimoun, habitant de logement social à Bel Air depuis seize ans.

      Commandée par la municipalité au plasticien, résident de Montreuil, Modern Dance symbolisait aussi la renaissance du quartier. Son installation en 2015 marquait l’aboutissement d’une décennie de gigantesques travaux de rénovation urbaine pour réhabiliter cette zone qui était affligée par l’insécurité et la pauvreté. « En été, des gens venaient voir l’œuvre. Ils attendaient ici dans le café qu’il fasse nuit » et qu’elle s’égaie, se souvient Niakaté, propriétaire du seul café-restaurant du quartier, face au château d’eau.

      Echanges électriques

      Le rallumage de l’œuvre ne fait toutefois pas l’unanimité localement, et donne parfois lieu à des échanges électriques. Enseignante en maternelle, Cécile Miquel montrait régulièrement à ses élèves le travail de Claude Lévêque, artiste qu’elle admirait. Son Modern Dance avait même pesé dans sa décision de venir s’installer à Bel Air, assure-t-elle.

      Depuis la révélation de l’affaire, l’installation du plasticien provoque, chez elle, un rejet épidermique. « J’en ai assez de cette injonction à faire la part des choses de tout, commente-t-elle auprès de l’AFP, on est ce qu’on fait. On ne peut pas ranger les actes pédocriminels dans un tiroir. »

      Avec son association de parents d’élèves, cette amatrice d’art contemporain défend fermement l’extinction des lumières « pour montrer qu’en 2021 on veut que les choses changent. Que les enfants comprennent qu’ils ont le droit de parler et que les adultes seront là pour les écouter, prendre note et agir en fonction ». D’autant que, rappelle-t-elle, l’œuvre de Claude Lévêque, avec son jeu de cerceaux, se veut « une ode à l’enfance, à l’insouciance de l’enfance ».

      Des œuvres embarrassantes pour plusieurs collectivités

      Le débat dépasse largement le contexte local, posant une question morale aux nombreuses collectivités qui ont passé commande au plasticien, comme Issy-les-Moulineaux, Paris ou encore l’agglomération du Val de Fensch. A Montrouge (Hauts-de-Seine), le néon de Claude Lévêque Illumination n’éclaire plus le beffroi de la ville depuis le 25 janvier, afin d’éviter tout soupçon de complaisance envers l’artiste. Le mot Illumination, qui renvoie aux poèmes de Rimbaud, a en effet été écrit, comme l’explique le site Internet de Claude Lévêque, par l’un de ses « filleuls », ces très jeunes garçons dont il s’entourait, dont le nom apparaît au générique de ses œuvres dès 2012.

      L’œuvre, un néon long de dix mètres et haut de deux, n’avait pas été achetée, mais seulement commandée en prélude au festival Le Jour d’après, qui devait se tenir au printemps, avant d’être annulé en raison de la crise sanitaire. L’œuvre a donc été retirée en mars, au même titre que toutes celles concernées par cet événement.

      A l’inverse, beaucoup de collectionneurs et d’institutions ont continué d’exposer les œuvres de Claude Lévèque, invoquant la présomption d’innocence de l’artiste : celle intitulée J’ai rêvé d’un autre monde (2001) figure toujours dans les combles de la Collection Lambert, à Avignon ; Soleil noir, un immense tapis représentant des diamants, propriété du Mobilier national, décore toujours l’Elysée ; à l’abbaye de Fontevraud (Maine-et-Loire), où se déploie une immense installation baptisée Mort en été (2012), son directeur, Martin Morillon, n’a aucune intention de la démonter, rappelait Le Monde en janvier.

      Face à l’extinction de ses œuvres, Claude Lévèque avait adressé au Monde un courrier en janvier, dans lequel il déplorait ces décisions « en dépit du principe fondamental de la présomption d’innocence et de mon droit moral d’auteur, absolu, inaliénable et imprescriptible ». Selon la loi, il est impossible de modifier, dénaturer ou démanteler une œuvre sans le consentement de son auteur.

      « En vertu du droit au respect de l’artiste, il ne peut être porté atteinte à l’intégrité de son œuvre, celle-ci devant être communiquée au public telle qu’il l’a souhaité », précisait, au Monde, le juriste Pierre Noual, spécialisé en droit du patrimoine artistique. Un arrêt du Conseil d’Etat datant de 1999 permet toutefois de modifier une œuvre « à la seule condition que ce changement soit rendu strictement indispensable par des impératifs esthétiques, techniques ou de sécurité publique », détaillait M. Noual.

      A l’aune de l’importance de plusieurs autres affaires impliquant des célébrités pour des faits de violences sexuelles, plusieurs collectifs féministes estiment que les artistes ne peuvent se soustraire au jugement moral au nom de la sacralité de l’art. Plusieurs associations appellent par ailleurs à un travail de contextualisation autour des œuvres, permettant d’expliquer les accusations dont font l’objet leurs auteurs.

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      "« en dépit du principe fondamental de la présomption d’innocence et de mon droit moral d’auteur, absolu, inaliénable et imprescriptible ». Selon la loi, il est impossible de modifier, dénaturer ou démanteler une œuvre sans le consentement de son auteur."
      Pour le démantèlement des œuvres je suis pas sur. Ca voudrais dire qu’on ne peu pas décroché une œuvre une fois qu’on l’a accroché. Les auteurs ont un droit de retrait, ils peuvent faire décroché une œuvre mais pas obligé à l’afficher.
      Sinon pour le fait que la place va s’appeler Gisèle Halimi c’est pas très respectueux, faudrait appeler cette place Matznef peut être ou Place Marc Dutouc ca serait plus respectueux et conforme à l’œuvre de Claude Lévêque.

    • https://www.mediapart.fr/journal/france/231122/les-oeuvres-de-claude-leveque-accuse-de-viol-sont-devenues-embarrassantes

      Montreuil (Seine-Saint-Denis).– Dimanche 20 novembre. Un vent humide soulève les affiches collées sur les piliers du château d’eau qui domine le quartier de Bel-Air, entre terrain de foot et immeubles HLM. Aux côtés de reproductions d’œuvres d’art de Picabia ou Goya montrant des enfants maltraités, on lit notamment que « lutter contre les violences faites aux femmes, c’est aussi lutter contre les violences faites aux enfants. #ME2 ».

      Le 20 novembre est la journée internationale des droits de l’enfant. Depuis un an, la place du château d’eau porte le nom de l’avocate Gisèle Halimi.

      L’élégant bâtiment, daté de 1930 et désormais hors service, est devenu le symbole de cette portion sud de Montreuil. Tout autour de la structure haute sur pattes court un rail hérissé de centaines de LED : la nuit, leur lueur bleutée s’élève en spirale et donne à la place l’allure d’une base aérospatiale. Depuis quelques semaines, les lumières ne s’allument plus.

      L’œuvre, commandée par la ville et installée en 2015, a pour titre Modern Dance et pour auteur l’artiste français Claude Lévêque, 69 ans, qui réside en partie à Montreuil. Celui-ci fait l’objet de deux plaintes déposées par Laurent Faulon, l’une en mars 2019 au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), l’autre en juin 2019 à Nevers (Nièvre), pour des faits de « viols sur mineurs de moins de 15 ans et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans ».
      La place du château d’eau, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). © DR

      L’enquête publiée par Mediapart le 13 janvier 2021 faisait état de plusieurs autres témoignages évoquant des faits similaires. À ce jour, Claude Lévêque, qui a depuis été entendu par la police ainsi que d’autres témoins, reste présumé innocent. Contacté, le parquet de Bobigny indique que l’enquête préliminaire qui le vise est toujours ouverte.

      Quelques jours après la révélation de l’affaire, la mairie de Montreuil – qui contractuellement doit entretenir Modern Dance pendant 25 ans, soit jusqu’en 2040 – décidait d’éteindre l’œuvre, sans pour autant la démonter. Alexie Lorca, adjointe au maire déléguée à la culture et à l’éducation populaire, indiquait alors à l’AFP : « Il ne s’agit pas de censure, ni de remettre en question la présomption d’innocence. Nous dissocions l’œuvre de l’artiste, mais l’œuvre est une installation monumentale qui est dans l’espace public et donc imposée à tous les habitants. »

      En novembre 2021, le conseil de quartier, qui compte une trentaine de personnes, demandait à la mairie de rallumer l’œuvre. Ce qui fut accepté quelques mois plus tard. Ce rallumage devait s’accompagner d’un « temps d’échange et de sensibilisation sur les violences faites aux enfants » qui n’a jamais eu lieu.
      Éteinte, puis rallumée, puis éteinte

      Le 21 mars 2022, la spirale bleutée de Claude Lévêque éclairait à nouveau la place Gisèle-Halimi. Pourquoi, 14 mois après la publication de l’enquête, réclamer qu’elle soit rallumée ? Dans un compte-rendu du conseil de quartier de janvier 2022, la sécurité des lieux est mentionnée : « La place du château d’eau connaît plusieurs sources de tensions depuis un an. [...] Des problématiques sont apparues : santé mentale, précarité économique, isolement social, addiction, incendie volontaire. » Le « sentiment de danger sur la place à la tombée de la nuit » justifierait le rallumage de l’œuvre, selon le document.

      Mais depuis cet été, Modern Dance est de nouveau éteinte, sans qu’aucune explication n’ait été donnée aux riverain·es. La mairie de Montreuil a ignoré nos nombreuses relances à ce sujet.
      Affiche réalisée par Delphes Desvoivres, membre du conseil de quartier local. © DR

      Delphes Desvoivres, membre du conseil de quartier, est l’autrice des affiches collées sur le château d’eau. En ce dimanche de novembre, elle est seule sous l’œuvre de Claude Lévêque. Elle-même artiste, elle est en faveur du rallumage de l’œuvre. « L’indignation, l’extinction des lumières, ne sont pas des réponses suffisantes », estime cette militante contre les violences éducatives sur les enfants au sein de l’association La Société protectrice des nuages. « Il n’y a pas de raison de priver les habitants de l’œuvre, qui est devenue un symbole du quartier et qui l’embellit. »

      Pour Delphes Desvoivres cependant, « rallumer l’œuvre ne suffit pas ». Il faut, selon elle, accompagner ce choix d’une « sensibilisation aux violences sur les enfants ». Or aucune action n’aurait été engagée par la mairie en ce sens.

      « Cinq lignes ont été publiées dans Le Montreuillois [le journal local – ndlr] quand l’œuvre a été éteinte, dénonce l’artiste. Quand elle a été rallumée, je voulais distribuer des flyers dans les boîtes aux lettres pour en donner une explication, mais Alexie Lorca m’a dit que ça n’était pas la peine, car les gens allaient tout casser. C’est de l’hypocrisie, de l’infantilisation, on laisse les gens dans l’ignorance. »
      Les collectivités locales regardent ailleurs

      Ailleurs, les réactions politiques aux œuvres de Claude Lévêque présentes dans l’espace public sont diverses. Les réponses à nos questions sont vagues, tardives, et la plupart du temps, c’est le silence total.

      À Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), le grand néon rouge Les Dessous chics, qui court sur le pont face à l’île Saint-Germain, a continué de briller après la révélation de la plainte contre Claude Lévêque. Commande du département, l’œuvre a été installée en septembre 2018 non loin du siège de TF1.
      Image extraite de l’émission « Complément d’enquête ». Au fond, le grand néon rouge réalisé par Claude Lévêque. © Capture d’écran France 2

      C’est elle qu’on voit à l’arrière-plan du plateau de l’émission de France 2 « Complément d’enquête » (« PPDA, la chute d’un intouchable ») du 28 avril 2021 : se détachant sur ce fond flamboyant, la journaliste Muriel Reus, fondatrice et présidente de l’association « Femmes avec… », y témoigne au nom des nombreuses femmes qui accusent l’ancien présentateur télé de violences sexuelles. Depuis le 27 octobre, l’œuvre est éteinte. Pour quelle raison ? Le département n’a pas répondu à nos multiples demandes d’entretien.

      Chaque nuit depuis 2007 à Uckange (Moselle), le haut-fourneau U4 s’empourpre des lumières de Tous les soleils de Claude Lévêque, commande publique de la communauté d’agglomération du Val de Fensch, soutenue par le ministère de la culture. L’illumination fait du site un véritable phare dans le paysage environnant, entretenant la mémoire ouvrière d’une région marquée par l’industrie métallurgique.

      Depuis fin octobre, l’ancien site industriel transformé en parc à vocation patrimoniale et culturelle est plongé dans l’obscurité. L’extinction a été envisagée, sans être actée, dès qu’a été révélée la plainte contre Claude Lévêque, nous informe Muriel Pelosato, directrice des sports, de la culture et du patrimoine de la communauté d’agglomération.
      Le haut fourneau U4 d’Uckange, illuminé par une œuvre de Claude Lévêque © Bertrand Rieger / Hemis via AFP

      Mais la récente décision aurait été prise pour durer jusqu’au 31 mars 2023 pour des raisons économiques, « suite aux contraintes budgétaires qui pèsent actuellement sur les établissements publics de coopération intercommunale, liées à l’augmentation conséquente du coût de l’énergie ». L’élue ne sait pas ce qu’il en sera ensuite.

      Moins spectaculaires, les panneaux en inox froissés de Tchaïkovsky (2006), surmontant l’aqueduc de la Vanne dans le XIVe arrondissement de Paris, sont toujours en place : commande du Centre national des arts plastiques (CNAP), l’œuvre est propriété de la Ville de Paris, qui n’a pas répondu non plus à nos sollicitations.

      S’il devait contester le retrait de ses œuvres de l’espace public, Claude Lévêque, en invoquant son droit moral, obtiendrait probablement gain de cause auprès d’un juge : dans la loi française, l’œuvre reste considérée comme autonome de son auteur, tandis que le statut de celui-ci le place encore, dans l’imaginaire collectif, au-dessus du réel et de la société.
      Dans les collections

      En attendant, c’est dans les lieux où ses œuvres sont les moins offertes au regard que la décision a été prise le plus rapidement. Fin janvier 2021, le conseil régional des Pays de la Loire annonçait le retrait de l’installation Mort en été de l’exposition permanente de l’abbaye royale de Fontevraud (Maine-et-Loire) « jusqu’à ce que la justice fasse la lumière sur les accusations » contre l’artiste.

      À la Collection Lambert à Avignon, la salle qui accueille J’ai rêvé d’un autre monde, un long néon rouge conçu spécifiquement pour les lieux, est restée fermée au public après le premier confinement, par décision du conseil d’administration. « L’œuvre cristallisait trop de choses », explique Stéphane Ibars, directeur artistique délégué.

      Dans le XIIIe arrondissement de Paris, La Fab., qui accueille la fondation agnès b. – la styliste est une importante collectionneuse qui a beaucoup acheté et soutenu le travail de Claude Lévêque dès les années 1980 –, était inaugurée en février 2020 avec l’exposition « La Hardiesse », qui présentait des photographies de l’artiste, notamment le portrait d’un adolescent de 14 ans, crâne rasé, tête et buste recouverts de confiture de fruits rouges. Les œuvres de Claude Lévêque ne sont plus visibles dans l’accrochage actuel.

      En 2009, Claude Lévêque représentait la France à la Biennale de Venise.

      Les œuvres des collections publiques françaises (56 au total) dorment quant à elles dans les réserves, que ce soit au centre Pompidou, au Mac Val (musée d’art contemporain du Val-de-Marne), au musée d’art moderne de Paris, au CAPC de Bordeaux, dans les divers fonds régionaux d’art contemporain ou au CNAP. Celui-ci conserve une série de dix photographies particulièrement équivoques : Vacances au Cambodge (2004), achetée à la galerie Yvon Lambert en 2006, montre un jeune garçon torse nu, vu du dessous d’une table en verre.

      Une pièce cependant est sortie des réserves après le dévoilement de l’affaire : la sérigraphie Not afraid (2016) a été prêtée par les Abattoirs de Toulouse pour deux expositions en Haute-Garonne, l’une en juin 2021 au musée de Saint-Frajou et l’autre, de manière plus surprenante, au collège Georges-Chaumeton, à L’Union, de janvier à avril 2021.

      Jusqu’en janvier 2021, Claude Lévêque était un véritable artiste officiel de la République française. En 2009, il représentait la France à la Biennale de Venise, son tapis en velours Soleil noir (2007), réalisé par la manufacture de la Savonnerie, orna le sol du bureau d’Emmanuel Macron à l’Élysée, dès 2017 et jusqu’en février 2021 (avant d’être remisé au Mobilier national), ses œuvres ornèrent la pyramide du Louvre en 2014-2015, et l’Opéra de Paris en 2018-2019.
      Sur le marché de l’art

      Aujourd’hui, le cas de Claude Lévêque provoque l’embarras. Celui de son ancien galeriste Kamel Mennour d’abord, qui a effacé (presque) toute trace de l’artiste de son site internet et qui, immédiatement après la parution de l’enquête, a annoncé la fin de sa collaboration avec l’artiste.

      Il est quasiment absent des salles des ventes. Une œuvre a été cédée en mai 2022, la première depuis avril 2020 : une sérigraphie, La nuit pendant que vous dormez, je détruis le monde (2009), adjugée 380 euros, sous son estimation basse, à la maison de ventes Cornette de Saint-Cyr (la même se vendait pour 900 euros en 2013).

      Seule la galerie Gilles Drouault, à Paris, propose sur son site deux photographies (2 950 et 1 400 euros pièce). Quant aux t-shirts dessinés par Claude Lévêque en 2019 pour les 30 ans d’Act Up, produits sur commande en partenariat avec le Mac Val, ils ne sont plus disponibles.

      Magali Lesauvage

      En resumé c’est a cause du cout élevé de l’électricité que Montreuil a éteint cette sculpture.

  • Femmes organistes oubliées (of course)
    La plupart des œuvres qu’elles ont composées sont aujourd’hui perdues, celles de Marguerite Thierry, née vers 1650, autrice d’un Livre d’orgue, Marie Racquet, née vers 1634, organiste du couvent parisien des Filles de la Croix, sa sœur Charlotte-Cécile, née en 1644 et organiste (vers 1670) de l’Abbaye de Longpré, Marie-Claude Renault, des Dames de la Croix (1751), Mademoiselle Chéré, des Religieuses de la Conception (1763), Mademoiselle Courtin, du Couvent royal des Filles-Dieu de Paris (1769), Mademoiselle Fieul, de l’Abbaye de Longchamp à Bagneux (1788), Marie-Madeleine Couperin, fille de François Couperin (1705-1742), religieuse à l’Abbaye de Montbuisson, dont elle sera, à partir de 1719, l’organiste…

    Claude Nadeau, titulaire et conservatrice de l’orgue de Carnac, veut les désinvisibiliser un peu :
    https://www.organroxx.com/en_US/shop/product/org-05-manuscrits-des-augustines-de-vitre-2321?category=1

    On lit dans le livret :

    Si on naissait au 17e ou 18e siècle, qu’on était une femme, et qu’on avait du talent pour jouer de l’orgue, il valait sans doute mieux devenir religieuse. Le couvent était par ailleurs socialement la
    seule alternative pour les femmes qui ne souhaitaient pas se marier et avoir des enfants. Les couvents regorgent donc de femmes qui sont souvent éduquées, lettrées, autonomes, volontaires, et organisées. C’est dans ce contexte que s’épanouira une grande partie du répertoire pour orgue. […] plusieurs des plus grandes œuvres pour orgue baroque français ont été composées pour être jouées par des religieuses : on pense à Gaspard Corrette, et sa « Messe du 8e ton pour orgue à l’usage des dames religieuses et utile à ceux qui touchent l’orgue » ; à Michel Corrette et à sa « Messe à l’usage des dames religieuses », et bien sûr à François Couperin, dont la propre fille est organiste dans une abbaye, et à sa Messe pour les Couvents « propre pour les couvents des Religieux et des Religieuses ». Il n’était pas formellement interdit aux femmes de jouer de l’orgue dans les églises ; mais si on connaît les noms d’un certain nombre de femmes qui furent organistes, on constate qu’elles ne sont titulaires d’aucune tribune importante, et se contentent presque toujours de jouer dans les couvents.

    #femmes #visibilisation #orgue #musique #Claude_Nadeau

    • Käte van Tricht, deutsche Musikerin und Musikpädagogin
      https://de.m.wikipedia.org/wiki/K%C3%A4te_van_Tricht

      KvT *100
      https://www.daybyday.press/article2470.html?lang=de

      Käte van Tricht wurde am 22. Oktober 1909 in Berlin geboren, lebte und arbeitete in der Freien und Hansestadt Bremen und verstarb dort am 13. Juli 1996.

      Heute jährt sich ihr Geburtstag also zum einhundertsten Mal. [1]

      1.

      In den nachfolgenden Einträgen wird zunächst nur auf die Ereignisse, Veranstaltungen und Publikationen und Sendungen rund um diesen Tag Bezug genommen.

      Diese werden zu einem späteren Zeitpunkt auf der Seite
      www.kaete-van-tricht.de [2]
      noch ausführlicher und umfassender dargestellt werden. [3]

      2.

      Derzeit sind für diese Online-Darstellung im Rahmen der Nachforschungen, Zusammenstellungen, Dokumentationen und Kommentare, die folgenden Kategorien in Arbeit:

      – Wirken
      Hier entsteht ein Verzeichnis über das in der Öffentlichkeit bekannte Wirken der Künstlerin

      – Werke
      Hier entsteht ein Überblick über alle Spuren dieses Wirkens, die auf Tonträgern festgehalten und teilweise bislang schon veröffentlicht worden sind

      – Wirkung
      Hier gibt es eine Einsicht in die Bedeutung, die Wirkung und das Werk, so wie es in der Öffentlichkeit wahrgenommen worden ist

      – Wir
      Hier werden ein Reihe von persönlichen Beobachtungen und Aussagen zu „Leben und Werk“ gesammelt und präsentiert werden

      – Widerstand
      Wenn es ein Wort gibt, dass das Leben von Käte van Tricht in den vielfältigsten Facetten geprägt hat, dann war es dieses: Hier wird es „mit Leben erfüllt“ werden

      – Ein Leben auf der Walze
      Dieses ist die Überschrift eines umfangreichen Text-Konvoluts, an dem Käte van Tricht bis ins hohe Alter gearbeitet hat, um über ihr Leben zu berichten. [4]

      3.

      Die vielfältige Persönlichkeit dieser Musikerin, die sich beim Betrachten dieser Seite zu erschliessen beginnt, soll hier bereits durch einen Hinweis auf ihre kleine Komposition bereichert werden, die sie einst selbst unter dem Titel „Ischa Freimaak!“ in Noten gesetzt und auch selber - angeblich auch in der Kirche - zum Besten gegeben hatte.

  • #Belgique : Des cadeaux pour les assurances, de l’eau pour les sinistrés Claude Semal
    https://www.asymptomatique.be/des-cadeaux-aux-assurances-de-leau-aux-sinistres/?shared=email&msg=fail

    _ Les inondations de la mi-juillet dans la région liégeoise et la vallée de la Vesdre ont mobilisé des milliers de bénévoles pour porter secours aux sinistrés. Parmi eux, des centaines de membres et de sympathisants du PTB. Un échevin du P.S. verviétois vient de lancer une sombre polémique dans la presse sur ce “délit de solidarité”.

    Alors que les responsabilités de cette catastrophe seront bientôt discutées en commission au Parlement, rencontre avec Raoul Hedebouw, un des porte-paroles nationaux du PTB.
     
Entre deux séances parlementaires, j’ai rendez-vous avec lui “entre l’heure du midi”, Place de la Liberté, à deux pas du Parlement. J’ai deux minutes de retard, car dans cette capitale en perpétuels travaux, “ma” ligne 92 a été provisoirement interrompue. Mais j’étais en avance, donc je suis presqu’à l’heure ;-).
    
Grand, souriant, cordial, Raoul Hedebouw a le tutoiement facile des Liégeois, la répartie directe des militants rodés à la polémique, et l’humour de ceux qui savent qu’on ne combat pas nécessairement la misère en se vautrant dans la morosité.


    Cet éco-biologiste de formation, dont le travail de fin d’étude portait sur le pourrissement des feuilles de sept espèces d’arbres en Wallonie, en connait aussi un brin en matière de décomposition / recomposition du champ politique.
Comme il revenait tout juste de l’Université d’Été de la France Insoumise, alias la nouvelle Union Populaire, j’en ai profité pour conclure l’interview sur le devenir de la “gauche de la gauche” européenne.
Scoop : je peux déjà vous dire que Raoul boit du café au lait, qu’il transmet bien le bonjour à Irène, et qu’il a une autre réunion dans une demi-heure. Vous pouvez également saupoudrer son interview d’un léger fond d’accent herstalien, cela fera plus vrai que nature.

    Claude  : Six semaines après les inondations, as-tu une idée du nombre de gens qui ont été touchés par la catastrophe, et de ceux qui restent encore sans logis aujourd’hui ?

    Raoul  : Les chiffres vont encore certainement beaucoup fluctuer, parce qu’on ne sait toujours pas combien de maisons seront définitivement déclassées. Il y a au moins quinze mille ménages qui sont en très grande précarité.
Mais comme les gens logent toujours dans leur famille, il est impossible à l’heure actuelle de faire un décompte précis. Ce qui fait aussi partie du problème.
    
J’ai reçu des témoignages de gens qui sont “officiellement” encore dans leur maison, mais comme la “déshumidification” ne se passe pas bien, ils ne peuvent pas retourner y loger. Tous les problèmes liés à cette “déshumidification” sont d’ailleurs un des gros enjeux actuels pour les sinistrés. Et là, je parle uniquement de la détresse immobilière.

    Claude  : Il a y aussi toute la question des assurances, puisque la plupart des contrats “habitation” ont un volet “incendie” et “inondation”. A ce sujet, on a appris qu’Elio Di Rupo avait conclu un “accord” avec les compagnies d’assurances. A quel titre, avec quelle casquette et quel était son mandat pour faire cela ?

    Raoul  : C’est assez grave, en fait, et assez illustratif de la proximité entre le monde de la politique et celui de la finance. D’une part, il s’agit ici d’un accord “secret”, selon les dires mêmes de Di Rupo, dont nous ne pouvons donc pas connaître le contenu. Dans les grandes lignes, il s’agit d’une “approbation” de la loi de 2014 qui “limite” la responsabilité des assureurs à 590 millions d’euros pour des coûts estimés, jusqu’à présent, à 1,7 milliard. Je parle uniquement ici de ceux couverts par une assurance. Ceux qui sont “non assurés” dépendent d’un autre budget, le “fonds des calamités”.
Donc, il y a une sorte de “ristourne” d’un milliard d’euros rétrocédée au secteur de la finance. On va me dire : “c’est en vertu des accords conclus en 2014 et 2007”. C’est vrai que le problème date de là. Mais on retrouvait déjà les mêmes aux postes de commande. Car qui dirigeait le gouvernement fédéral à cette époque ? Elio Di Rupo !
Donc, c’est un peu facile. Nous, on paye tous nos primes d’assurance “volle pot”, comme on dit, et puis après, on se retrouve avec des assurances qui ne prennent en charge qu’un tiers des coûts. Alors que selon le propre bilan d’Assuralia, qui représente le secteur des assureurs, ces sociétés ont fait quinze milliards de bénéfices cumulés ces huit dernières années !
Donc c’est à nouveau nous qui allons devoir payer, alors que ce milliard aurait pu être investi dans le logement public. Les quartiers détruits de Pepinster, Angleur, Trooz, Verviers, … ne vont pas pouvoir être reconstruits par la loi du marché. Or ce milliard va filer dans la poche des actionnaires. On a donc un très gros problème autour de ce “deal” secret avec des entreprises de la finance. Et je suis étonné à quel point, dans les médias, on parle assez peu de cette affaire-là.

    Claude  : Je suppose que c’est une des raisons pour laquelle vous demandez une Commission Parlementaire à ce sujet. Une autre raison étant évidemment les causes mêmes de ces catastrophes, comme les permis de bâtir en zones inondables.

    Raoul  : Tout ce qui concerne l’aménagement du territoire sera débattu au niveau wallon, ça c’est déjà acquis. Toute la question des barrages, des bassins d’orage, des logements. Et il y aura probablement une autre commission d’enquête au niveau fédéral.
Là, on parlera des conséquences de la réforme de la protection civile, imposée par le MR et la NVa, qui je le rappelle, ont quand même supprimé 800 des 1200 postes de la protection civile. C’est pas de l’austérité, c’est carrément du rouleau compresseur anti services publics. On a amputé les deux tiers de notre force de frappe en cas de catastrophe !
L’autre problème fédéral, c’est la réforme des zones de pompiers et leur manque criant de moyens. On a beaucoup de témoignages de pompiers qui nous disent : “Nos petits bateaux ne résistaient pas au courant”, etc, etc….
Et puis les problèmes qu’on a rencontré en Belgique au niveau de la coordination et de la gestion de la crise. On a déjà vécu la même chose avec le COVID.
On ne sait pas qui décide quoi. Régional, fédéral, communal, provincial, international,… il n’y a pas eu un centre de coordination unifié. A notre avis c’est au niveau fédéral qu’on aurait dû le faire, alors que tout le volet fédéral du plan a été stoppé dès le 26 juillet. Ce qui a conduit à une cacophonie totale sur le terrain.
Enfin, il y a évidemment le débat autour de la question climatique. Sur la responsabilité de ces sociétés consuméristes qui produisent tout ce CO2, tout ce carbone. Car une de ses conséquences statistique, c’est l’augmentation des phénomènes extrêmes. Comme les sécheresses et les incendies, d’un côté, comme on le voit en Grèce, aux Etats-Unis et au Canada, et puis dans d’autres pays, les inondations. On n’échappera pas à ce débat-là aussi.

    Claude  : Sur la question du relogement des sinistrés, un certain nombre d’entre eux étaient relogés à l’hôtel, et avec toute cette tartufferie autour des 24 heures de Francorchamps, ils ont été mis dehors pour loger les spectateurs qui, eux mêmes se sont fait avoir, parce qu’ils ont payé 150 boules pour voir les voitures faire trois petits tours dans l’eau. Tu es au courant de ce dossier-là ?

    Raoul  : Il y a deux choses. La principale raison pour laquelle beaucoup de sinistrés ont été éjectés des hôtels, c’est parce les assureurs commencent à refuser de payer. En gros, la plupart des assurances comptaient quelque chose comme 21 jours de relogement.
On a reçu plusieurs témoignages comme quoi les assureurs ne communiquent même pas avec les sinistrés, mais s’adressent directement à la direction des hôtels pour les prévenir de l’interruption de leur intervention. C’est la première des raisons, et à mon avis la plus grave. Vient se greffer là-dessus effectivement l’événement de Francorchamps, qui est assez ironique, puisqu’il a été annulé à nouveau à cause de pluies particulièrement fortes. Et là, on a effectivement fait passer le commercial avant la gestion des sinistrés.

    Claude  : Puisque Di Rupo veut absolument payer les deux tiers de la dette des assurances, est-ce qu’on ne peut pas lui demander de prendre le relais ? Ce serait assez logique, non.

    Raoul  : Bien sûr. C’est tout le débat sur la façon dont le politique se désarme lui-même et laisse tout le pouvoir, sur plein de dossiers, au monde du privé. Ce n’est pas une maxime marxiste, c’est quelque chose qu’on peut constater tous les jours.
Ici, quatre compagnies d’assurances contrôlent presque l’ensemble du marché. Le logement, par exemple, est complètement laissé aux mains du marché. Le pourcentage de logements sociaux diminue d’année en année, même s’il doit en principe atteindre 10% par commune. Dans une commune comme Liège, qui se dit pourtant socialiste, de gauche et tout et tout, on doit flirter avec du 7,5 %.
Ce qui est grave pour les sinistrés, et cela montre combien le capital est cynique, c’est qu’actuellement le prix des loyers flambe – puisqu’il y a soudain une forte demande que le marché ne peut assurer ! Ca c’est le capitalisme : plus tu as besoin de quelque chose, plus tu payes ! Plus tu as de la misère, plus les loyers augmentent !
La seule manière de contrer cela, c’est d’une part de bloquer les loyers, pour maîtriser un peu le secteur, mais aussi de développer un secteur de logement public. Or je constate, au delà du blabla, qu’on n’investi pas dans la construction de nouveaux logements sociaux. Or ici, certainement dans la vallée de la Vesdre, et à Liège, il va pourtant falloir un plan ambitieux de construction massive de nouveaux logements. Et cela, il n’y a que le secteur public qui peut le faire.
Utilisons le fameux milliard qui est donné aujourd’hui aux assurances pour financer des logements sociaux de qualité. Une ville comme Vienne, “Vienne-la-rouge”, comme on l’appelait à l’époque, elle le fait massivement. En Belgique, c’est plutôt la tradition “libérale” et “privée” qui prévaut partout.

    Claude  : Cela dépend quand même où. La social-démocratie a parfois eu une politique de logement. Dans ma commune de Saint-Gilles, par exemple, il y a une régie foncière communale assez développée, qui gère un millier de logements.

    Raoul  : Tout à fait, il y a quelques communes qui font ici et là exception.

    Claude  : Face aux manque de moyens des services publics, face à l’incurie locale de certaines autorités politiques, il y a eu par contre très rapidement une énorme mobilisation citoyenne, et de très nombreux actes de solidarité. Des militants et sympathisants du PTB y ont notamment participé. Un échevin PS de Verviers a lancé une sombre polémique dans la presse en parlant de “récupération politique sur la détresse des sinistrés”.

    Raoul  : C’est dégoûtant à plusieurs niveaux. D’abord, c’est un peu ironique d’avoir un échevin d’une Ville qui était aux abonnés absents pour gérer la crise à Verviers (je ne parle pas des fonctionnaires, mais des autorités politiques). Notamment, de ne pas avoir assez rapidement donné l’alerte d’évacuation, et d’avoir par contre très rapidement arrêté la récolte des déchets. Je trouve ça dingue, plutôt que d’aller regarder dans sa propre assiette, d’aller pointer du doigt un parti qui, justement, a essayé d’organiser la solidarité concrète.
    
C’est stratégique pour nous. On veut s’inspirer de ce qui avait été fait à l’époque en France avec le Secours Populaire (1). Cela fait deux ou trois ans qu’on réfléchit à de telles formes concrètes de solidarité. Pour les inondations, ce sont finalement plus de 2.000 bénévoles qui sont venus à l’appel du PTB, à côté des milliers d’autres qui ont spontanément donné un coup de main. Cette auto-organisation de la population, c’est aussi un fait politique très important. A Liège, des milliers de bénévoles sont venus des quatre coins du pays, dont de nombreux flamands, il y en a même qui ont pris trois ou quatre semaines de congés, et cela montre que la Belgique de la solidarité, cela existe vraiment.

    Pour revenir aux déclarations de cet échevin PS, politiquement, c’est donc complètement à côté de la plaque. Nous avons voulu poser des actes concrets de solidarité, et pas lancer des paroles en l’air.
Il nous a accusé d’avoir pris les coordonnées des gens. Mais c’est absurde. Comment veux-tu coordonner et dispatcher les équipes, et savoir où les envoyer, où vider les caves et charger les détritus, si tu n’as pas les contacts des volontaires et des sinistrés ? C’est pas en trois heures qu’on nettoie ces affaires-là. A l’Ecole Don Bosco, on a envoyé des dizaines de personnes pendant des dizaines de jours pour vider et nettoyer les locaux.
    
Je peux même ici te donner un scoop.
Pendant deux jours, le centre de crise de Verviers a même renvoyé les bénévoles qui arrivaient vers le centre de bénévoles du PTB, parce qu’on était les seuls à avoir mis sur pied ces outils de coordination. Je le dis ici : les 21 et 22 juillet, on était sur le terrain, et on a envoyé 350 bénévoles à Verviers. L’autorité publique était complètement dépassée.

    Claude  : Je te crois, et ce n’est pas moi qu’il faut convaincre (rires).
Tu as gentiment pris sur ton temps de midi pour participer à cette interview, entre deux séances au Parlement, et le temps nous est donc un peu compté. Mais j’ai vu que tu avais participé comme orateur invité à l’Université d’Été de la France Insoumise, à Valence. Tu peux nous dire un mot à ce sujet ?

    Raoul  : C’était très sympa. J’ai été étonné de voir combien les militants français étaient informés de ce qu’on faisait, via les réseaux sociaux. Cela me faisait du bien de me plonger un peu dans la réalité compliquée française, avec les présidentielles qui arrivent, un vrai danger avec une extrême-droite qui est aussi forte que chez nous en Flandre, mais à l’échelle de toute la nation française. C’était chouette d’aller faire un clin d’oeil là-bas, mais j’irai aussi à la fête de l’Huma la semaine prochaine, parce que la “gauche de gauche” française est ce qu’elle est, elle est plurielle, et ce n’est pas à nous d’aller nous mêler des “affaires intérieures” françaises (rire de Claude).
    
J’ai rencontré beaucoup de jeunes de la France Insoumise, avec beaucoup de questions stratégiques assez pareilles aux nôtres. Comme créer une hégémonie culturelle à gauche ? C’est quoi le marxisme au XXIème siècle ? Les liens entre les luttes sociales et la politique. Plein de questions passionnantes, et on se pose les mêmes en France, en Grèce, en Espagne et en Belgique. Trop longtemps, au PTB, on a cru qu’on allait régler ça à l’échelle belge, avec notre vérité à nous, et on n’avait pas trop de contacts avec les autres gauches plurielles, qui sont très différentes en Europe. Mais là, on a décidé de prendre plus de contacts, et c’était vraiment chouette d’être là.

    Claude  : Justement, par rapport à ces questions stratégiques, la France Insoumise vient de se transformer en “Union Populaire”, qui semble moins spécifiquement marquée “à gauche” que le Parti de Gauche ou la France Insoumise elle-même. Tu as pu discuter de ce tournant politique, ou tu as toi-même une opinion à ce sujet ?

    Raoul  : Je vais parler pour nous. Nous, on reste dans des marqueurs “de classe”. Je sais qu’il y a des débats qui traversent “la gauche de gauche” mais moi, je crois en une analyse marxiste de la société, dans l’existence des classes sociales, même si elles se diversifient et si le prolétariat d’aujourd’hui n’est pas forcément le même que celui d’hier. Mais que le monde du travail, en tant que classe, se retrouve opposé à une grande bourgeoisie nationale et internationale financière, cela reste pour moi un fait, et je reste dans cette grille d’analyse là. Donc, personnellement, je ne me revendique pas du “populisme de gauche”, qui met plutôt en avant une opposition entre “peuple” et “élite”.
    
C’est un débat que nous avons aussi avec nos camarades de la France Insoumise, mais ce qui compte, c’est aussi la pratique de terrain, et c’est important de pouvoir mener ce type de débats sans anathèmes et dans le respect l’un de l’autre et de nos réalités spécifiques. Nous on reste plutôt sur cette alliance ouvriers, employés, petits indépendants, paysans, ce “front de classe” anti-monopolistique, et cette analyse-là nous semble toujours pertinente.

    Claude  : En plus de ça, on ne sait pas encore vraiment quel sera le contenu précis de cette Union Populaire. Là, on est plutôt dans “l’effet d’annonce”.

    Raoul  : Exactement . Nous n’en dirons donc pas plus (rires).

    Claude  : Pour conclure peut-être,… (Raoul regarde sa montre, mais il reste très disponible : on est “dans les temps”) …les inondations et la crise climatique sont entrées chez nous en collision avec une autre crise nationale majeure, celle du COVID. Comment as-tu le sentiment que l’État fédéral et les régions gèrent ce problème chez nous, et le PTB a-t-il une position sur le sujet ?

    Raoul  : Moi, ce qui m’inquiète, c’est la stratégie du “tout au vaccin”, qui a complètement zappé la première ligne de soins, toute cette médecine de proximité qui existe trop peu en Belgique, avec un renvoi systématique vers les spécialistes et les hôpitaux. Je crois qu’on risque de se mettre le doigt dans l’oeil. Même chose pour la vaccination. Je ne crois pas qu’avec l’obligation vaccinale, la répression, on va y arriver. Il y a une vrai méfiance d’une partie de la population vis-à-vis des autorités publiques, mais aussi vis-à-vis des multinationales pharmaceutiques, qui se cristallise peut-être malheureusement autour de la question du vaccin, mais la seule façon de combler ce fossé, c’est de construire un réseau médical proche de la population, et tu sais que nous mettons en avant le modèle coopératif des “maisons médicales”, qui sont une alternative concrète à la “médecine libérale” et du chacun pour soi.
    
Et l’autre versant du débat, ce sont les conséquences économiques de cette crise. Pour le moment, on a maintenu, et tant mieux, un certain nombre d’aides pour maintenir un certain nombre d’acteurs économiques en activité. Mais on parle bientôt de retirer la prise, et cela va provoquer des dégâts terribles d’un point vue social. Et là, va se poser à nouveau la question : qui va payer les conséquences de la crise ? Or toujours sous le capitalisme, et Noémie Klein l’a bien expliqué dans son livre “la Stratégie du Choc”, au moment du “choc”, et la crise du COVID en est un fameux, les gros et puissants vont en profiter pour s’accaparer à nouveau des pans entiers de notre société. Ces grand groupes industriels, qui ont les reins très solides, sont déjà en train de relancer leur production, comme Ryanair qui vient de renouveler sa flotte de Boeing, et ce sont les petits, qui ont des fonds propres beaucoup plus faibles, qui vont mourir.

    Claude  : L’année passée, en France, les principale entreprises du CAC40 ont très sensiblement augmenté leurs bénéfices…

    Raoul  : Là, il y a aussi un vrai enjeu socio-économique : qui va payer les pots cassés de cette crise ? Et on revient alors sur des débats fiscaux comme un impôt sur la fortune, un impôt exceptionnel sur les bénéfices bancaires, sur la grande distribution qui a réalisé des surprofits,… Ce n’est pas qu’une question philosophique. C’est une question très pratique pour le budget 2022. Car on va voir qu’on va à nouveau nous proposer de serrer la ceinture, au nom des dogmes de l’austérité, au lieu d’aller chercher l’argent là où il se trouve.

    Claude  : … sans parler du secteur pharmaceutique, qui a lui-même fait des profits incroyables !

    Raoul  : C’est scandaleux. Ca, c’est un hold-up des Pfizer et Cie, quand on parle de 4 ou 5 milliards de bénéfices en plus. Et en plus, #Pfizer et #Moderna viennent encore d’augmenter le prix des vaccins, alors que le prix de revient est le même !
C’est pour ça qu’on vient de lancer une campagne européenne, avec d’ailleurs tous nos camarades de la gauche radicale européenne, “Pas de Profits sur la Pandémie”, qui est un appel à la signature d’une initiative citoyenne pour exiger de la Commission Européenne une transparence totale et une remise en cause de ces contrats.

    Claude  : Sans compter que de nombreux pays pauvres n’ont pas accès à ces vaccins, à cause de ce coût prohibitif protégé par des brevets, alors qu’une épidémie mondiale, par définition, doit se traiter mondialement. Car les virus ne connaissent pas de frontières, et il est impossible de s’en débarrasser dans un seul pays sans le faire aussi dans tous les autres.

    Raoul  : Cela, il faut le faire comprendre aussi au monde du travail : tant que les trois-quarts de l’humanité n’auront pas accès à ces soins, les virus continueront à muter, et on ne sera jamais tranquille. Donc réclamer la levée de ces brevets, ce n’est pas qu’une attitude altruiste internationale, c’est aussi pour nous-mêmes. Brevets dont je rappelle quand même qu’ils utilisent des technologies qui, dans leur grande majorité, ont été conçues dans des universités publiques ou avec l’aide massive de fonds publics. Le livre “L’État Entrepreneurial” démontre cela très bien. Beaucoup de ces innovations technologiques viennent de nos universités, viennent du travail de chercheurs altruistes, qui n’en ont tiré aucun profit. Moi je suis biologiste de formation, j’ai vu des gens passionnés bosser pour des salaires très modestes. Il faut arrêter de croire que ce qui fait marcher l’humanité, c’est la recherche du profit. Ce n’est pas vrai. Il est d’autant plus immoral que la privatisation de ces techniques et découvertes mettent aujourd’hui notre santé collective en danger.

    Propos recueillis par Claude Semal le 1er septembre 2021.
    (1) NDLR : Héritier du “Secours Rouge” proche du PCF (1923-1943), le Secours Populaire a été créé en 1945 par fusion avec l’Association Nationale des victimes du Nazisme. C’est aujourd’hui la troisième association française de solidarité, en terme de budget, derrière la #Croix-Rouge et le #Secours_Catholique, mais c’est la première en terme de réseau militant. En 2018, elle est venue en aide à plus de trois millions de personnes grâce à plus de 80.000 #bénévoles.

    #Raoul_Hedebouw #PTB #Marxisme #Claude_Semal #union_Populaire #Inondations #Catastrophe #Précarité #ps #Di_Rupo #Secours_Populaire #vaccins #luttes_sociales #inondations #crise_climatique #maisons_médicales #médecine #Santé #Ryanair #surprofits #austérité

  • Carnet de route : PASSE-PARTOUT ET DELTAPLANE #Claude_Semal
    https://www.asymptomatique.be/carnet-de-route-passe-partout-cerf-volant-et-deltaplane/?shared=email&msg=fail
    . . . . . . . .
    Si l’objectif était de provoquer un “sursaut” vaccinal, cette annonce télévisuelle a visiblement dépassé toutes les espérances du gouvernement  : en 48 heures, deux millions de Français·es se sont précipité·es sur les plateformes de réservation pour cocher la case “piquouze”.

    Quand à savoir si cette mesure est médicalement nécessaire, éthiquement acceptable, socialement praticable et juridiquement fondée, c’est une autre paire de baxters.

    Avec un taux de vaccination certes supérieur, mais néanmoins comparable, Boris Johnson et le gouvernement anglais viennent pourtant de prendre une décision diamétralement opposée : lever toutes les restrictions sanitaires dès le 19 juillet !
    Y aurait-il donc deux médecines, deux épidémies, deux stratégies de santé publique ?

    Le “storytelling” macronien, commun à d’autres gouvernement européen, est connu : le variant Delta, très méchant, une quatrième vague, warning “pazop !”, un nouveau confinement, pas glop, et donc, pour sauver notre indispensable art de vivre, et accessoirement “sauver des vies”, tous aux seringues !
    Dans le pays qui l’a vu naître, l’Inde, un pays aux infrastructures sanitaires défaillantes, le fameux “variant Delta” est pourtant rentré à la niche en suivant une très classique “courbe de Gauss”, qui l’a presque ramené, en trois mois, à son point de départ (figure 1). Or si son décollage avait fait les gros titres des médias, pratiquement personne n’a parlé de son atterrissage. C’est la peur qui fait vendre.

    Il y a en outre un certain paradoxe à réclamer dans l’urgence la généralisation d’une campagne vaccinale, si l’on ne tient aucun compte des supposés effets positifs de cette même vaccination.

    C’est pourtant ce qui arrive quand on continue à se focaliser sur le nombre de “cas”, plutôt que sur le nombre de cas graves ou de décès.
    Avec un taux de vaccination de 68 % en Grande-Bretagne, on constate ainsi que l’actuelle augmentation de la circulation du virus (voir figure 2) ne se traduit plus par une augmentation parallèle des hospitalisations ou de la létalité (voir figure 3). Même en tenant compte de “l’effet retard” (contagion, hospitalisation, décès…), le changement est patent. Et pour cause : n’est-ce pas précisément l’objectif déclaré de la vaccination ?

    Mais au delà de cet aspect épidémiologique, ce qui m’inquiète aujourd’hui le plus, ce sont les conséquences sociologiques du “coup Delta” de Macron (merci “le Canard Enchaîné”).
Dans l’autoproclamé “pays des droits de l’homme”, on devra donc dorénavant montrer son QR ou son “Pass sanitaire” dix fois par jour, pour boire un café, faire des courses, aller à la poste, au club de sport ou se payer un cinoche. Et tous ceux qui, pour diverses raisons, en seront privés, seront donc automatiquement exclus de ces activités sociales de base.
    
Vous imaginez-vous le flicage généralisé que cela impliquera au quotidien pour des millions de françaises et de français ? Les cafetiers et les restaurateurs transformés en agents de sécurité, les référents COVID à l’entrée de tous les magasins, les lieux d’accueil, de culte et de culture obligés de filtrer les entrées et d’exclure les “bannis”, et les test PCR remplaçant désormais les visites chez le fleuriste (“je vous ai apporté des écouvillons, parce que les fleurs, ça est périssable…” avec l’accent).
    
En avant-goût de ce qui se prépare, l’accès à grande scène du Palais des Papes, au Festival d’Avignon, avec ses mille places, est désormais soumise à un test PCR (coût supplémentaire par personne : 25 euros).
Et tant pis pour ceux qui avaient acheté leur place à l’avance (avis aux amateurs : mon copain Clément Thirion revend la sienne). A partir du 21 juillet, cela concernera donc aussi tous les petits lieux du Off. Suicide, mode d’emploi.

    A neuf mois des élections présidentielles françaises, Emmanuel Macron, avec son “coup Delta”, est visiblement déjà en campagne électorale. Avec une politique économique franchement à droite (les 500 plus grandes fortunes de France ont augmenté leur patrimoine de 30% l’année passée !), il entend désormais, drapé dans son costume présidentiel, élargir son possible électorat au camp de la peur, de la “sécurité” et de l’autorité.
Sa stratégie est limpide : couper l’herbe sous le pied à une candidature de la droite “officielle” pour se retrouver en tête-à-tête avec Marine Le Pen au second tour. Dans ce cas de figure, il considère que sa réélection sera acquise, puisque “la gauche” lui semble trop divisée pour cristalliser l’alternative, et que, face à La Pen, le report de ses voix lui semble automatique.
Reste à savoir si le “Pass sanitaire” du gouvernement français passera le cap du Conseil d’État, puisqu’il crée visiblement une sous-catégorie de Français dont l’accès à une vie sociale “normale” sera sensiblement restreint. “Liberté, Égalité, Fraternité”, dans ton cul. De nombreux recours restent donc sans doute légalement possibles.

    Il ne faut en outre pas oublier que les vaccins actuellement mis en urgence sur le marché sont encore tous “en phase III” – la phase où l’on collecte, à une échelle de masse, les éventuels effets secondaires des médicaments.
    
Les études concernées doivent en effet se terminer le 2 mai 2023 pour Pfizer, le 14 février 2023 pour AstraZeneca, le 27 octobre 2022 pour Moderna et le 2 janvier 2023 pour Johnson & Johnson. Pour Pfizer et Moderna, la collecte des données “primaires” n’est même pas terminée ! (2)
Or la loi précise clairement que, durant cette période, la participation aux “essais cliniques” doit se faire sur une base… volontaire – au risque sinon d’encourir de lourdes amendes… et même des peines de prison !

    C’est d’ailleurs pour cette raison, sans doute, que le vaccin n’est pas explicitement “obligatoire”. On se “contente” de vous pourrir la vie si vous ne l’avez pas.
En France, l’article L1126-1 du Code de Santé Publique précise en effet :
 ” Le fait de pratiquer ou de faire pratiquer sur une personne une recherche mentionnée aux 1° ou 2° de l’article L. 1121-1 ou sur un essai clinique mentionné à l’article L. 1124-1 du code de la santé publique sans avoir recueilli le consentement libre, éclairé et, le cas échéant, écrit de l’intéressé, des titulaires de l’autorité parentale ou du tuteur ou d’autres personnes, autorités ou organes désignés pour consentir à la recherche ou pour l’autoriser (…) est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. Les mêmes peines sont applicables lorsque la recherche est pratiquée alors que le consentement a été retiré “. (3)
    
En Belgique, c’est la Loi du 7 mai 2017 “relative aux essais cliniques de médicaments à usage humain” qui traite de la question, dans ses articles 44 et 45, avec des amendes et des peines de prison équivalentes.
    Cette situation est d’autant plus préoccupante que les campagnes vaccinales visent aujourd’hui clairement les mineurs d’âge, dans la tranche de 12-17 ans, alors qu’ils ont été totalement exclus de toutes les études sanitaires préalables (2) ! Ce qui les transformeraient de fait et bien malgré eux en cobayes.
En l’état actuel de nos connaissances, je suis personnellement partisan d’une vaccination ciblée pour tous les groupes d’âge concernés par le COVID – et je suis d’ailleurs moi-même vacciné.
    
Mais je suis totalement opposé à une “obligation vaccinale” qui, sans oser dire son nom, violerait aussi manifestement la liberté de conscience et les libertés constitutionnelles de tous ceux et toutes celles qui s’y opposent légitimement aujourd’hui.
Si notre corps nous appartient, notre santé, comme nos libertés, sont notre bien commun.
Ne laissons personne nous les confisquer.

    Claude Semal, le 14 juillet 2021.
    1) Selon les sources et les modes de comptage, en France en juin 2021, entre 64 et 91% des professionnel·les de la santé auraient déjà reçu au moins une première dose du vaccin.
    (2) clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04368728, NTC04516746, NTC04470427, NTC04505722.
    (3) https://www.doctrine.fr/l/texts/codes/LEGITEXT000006072665/articles/LEGIARTI000006685919

    https://www.youtube.com/watch?v=OKyXqsfVomI&feature=emb_imp_woyt

    #vaccins #covid

    • Le nombre de patients en soins intensifs pour cause de Covid est tombé à 890 contre 7000 en avril. Et la létalité du variant delta, responsable des flambées d’infections actuelles, semble huit à douze fois moindre que celle de ses prédécesseurs au vu des flux de décès au Royaume Uni, Floride, Texas, Israël, etc, trois semaines (délai correspondant à incubation + maladie) après le début du regain de cas.

      Cette létalité de 0,15 % serait à peine deux fois supérieure à celle de la grippe. La suprématie d’une souche peu létale correspond d’ailleurs à une évolution logique sur le plan darwinien et observée dans maintes épidémies ; elle supplante celles qui se tirent une balle dans le pied en tuant leur hôte.

      L’argument « les cas d’aujourd’hui sont les réas de demain et les décès ou Covid longs d’après-demain » ne semble donc plus valable.

  • INTERPELLATION MEURTRIÈRE EN GUADELOUPE, LA PREUVE EN VIDÉO -
    Edit attention ! mieux vaut peut-être lire l’article plus bas que de regarder le travail des gendarmes
    https://www.youtube.com/watch?v=dtOty31C9GA

    Nous nous sommes procuré les images exclusives de l’interpellation fatale de #Claude_Jean-Pierre, un sexagénaire décédé le 3 décembre 2020 à la suite d’un contrôle de gendarmerie à Deshaies en Guadeloupe. Malgré les images accablantes de la vidéosurveillance, l’enquête est au point mort et les deux gendarmes sont toujours en fonction.

    C’était le 21 novembre 2020. Claude Jean Pierre, guadeloupéen de 67 ans, était interpellé par la police suite à un contrôle routier. Les gendarmes tentent de sortir violemment Claude Jean Pierre, en état d’ébriété, de sa voiture. Il finira inerte sur le sol, d’après les images exclusives de la vidéosurveillance, que nous nous sommes procurées.

    Des images explicites qui n’ont pourtant pas fait avancer l’enquête. L’instruction est toujours au point mort, les gendarmes n’ont toujours pas été entendus.

    Pire, d’après l’IGGN, l’inspection générale de la gendarmerie nationale, “l’action des gendarmes n’a pas nécessité d’enquête administrative ou de sanctions administratives”. Les deux gendarmes sont donc toujours en fonction, au grand dam de la famille. Cette dernière se mobilise depuis plusieurs mois aux côtés d’autres familles de victimes, pour réclamer justice et vérité concernant la mort de Claude Jean Pierre.

    #gendarmerie #mortauxmainsdesforcesdel'ordre #impunité

    • Guadeloupe : Claude Jean-Pierre, visage de la lutte contre les brutalités policières
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/05/20/guadeloupe-claude-jean-pierre-visage-de-la-lutte-contre-les-brutalites-polic

      La mort du sexagénaire, le 3 décembre 2020, a provoqué dans l’archipel une onde de choc dans la droite ligne des affaires George Floyd aux Etats-Unis et Michel Zecler en France.

      Son nom est connu de toute la Guadeloupe et par-delà l’Atlantique. Claude Jean-Pierre, 67 ans, est mort le 3 décembre 2020 au centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre. Il y avait été admis en urgence douze jours plus tôt, le 21 novembre, à la suite d’un contrôle de gendarmerie à Deshaies, dans le nord-ouest de l’île. Depuis, une information judiciaire a été ouverte et la famille dénonce des violences commises par les forces de l’ordre, s’appuyant sur une vidéo du contrôle que Le Monde a pu consulter, six mois après les faits.

      La mort du sexagénaire a provoqué, dans l’archipel, une onde de choc dans la droite ligne des affaires George Floyd, Afro-Américain tué par la police aux Etats-Unis, ou Michel Zecler, producteur de musique roué de coups – par un hasard du calendrier ce même 21 novembre – par des policiers, à Paris. Dans ces trois affaires, des caméras de vidéosurveillance ont filmé la scène ; dans les trois cas, les victimes, noires, sont devenues des visages de la lutte contre les violences policières.

      En Guadeloupe, la population, des artistes se sont mobilisés. Les marches et les rassemblements se sont succédé. Un collectif de dix-sept organisations politiques, syndicales et associatives a été créé, le Kolèktif Gwadloup kont vyolans a jandam (Collectif Guadeloupe contre les violences des gendarmes). Maritza Bernier, l’une des six avocats qui représentent la famille de M. Jean-Pierre, explique :

      « Vous n’imaginez pas le retentissement de cette affaire. Six mois après les faits, l’affaire est encore dans tous les esprits. Nous sommes constamment sollicités pour savoir où ça en est, pourquoi ça n’avance pas. Tout le monde attend que la lumière soit faite. »

      Un jeune retraité sans histoire

      De son côté, le parquet de Basse-Terre assure que « le dossier a été pris en compte très rapidement pour que des réponses soient apportées à la famille » . Mais l’enquête, confiée à la section de recherches de Pointe-à-Pitre, « prendra nécessairement du temps, les investigations [étant] lourdes » , prévient le procureur de la République, Xavier Sicot, selon qui « rien n’est encore établi » dans ce dossier. Contactés, les services départementaux de l’Etat n’ont pas souhaité communiquer.

      L’émoi est d’autant plus fort que la victime est une personne de 67 ans, ancien maçon, sans histoire. Claude Jean-Pierre menait une vie paisible de jeune retraité à Deshaies, petite ville balnéaire de 4 000 habitants, plus connue pour ses plages et son marché aux poissons que pour ses faits divers. « Mon père était hyperactif. Bricoleur, il donnait des coups de main aux voisins et continuait à rénover sa maison, qu’il avait construite » , raconte sa fille unique, Fatia Alcabelard, 39 ans, installée en région parisienne.

      « Bon vivant » , il aimait les déjeuners dansants et « prenait son feu [apéritif] comme tout le monde le week-end, mais raisonnablement, car il était diabétique » , poursuit Fatia Alcabelard. « Il n’était ni alcoolique ni violent. Il n’avait aucun antécédent judiciaire, aucune dépendance à des substances illicites » , tient-elle à préciser, alors qu’elle eut la fâcheuse impression, lors de ses auditions avec les magistrats, que la justice cherchait à noircir le portrait de son père.

      Ce samedi 21 novembre 2020, il est environ 14 heures quand Claude Jean-Pierre rentre chez lui au volant de sa Renault Express, son déjeuner posé sur le siège passager. Il est arrêté sur sa route dans le centre-ville de Deshaies par deux gendarmes qui lui demandent de se garer sur le bas-côté, au niveau d’un arrêt de bus, derrière la mairie. C’est une « conduite hésitante » qui a motivé le contrôle, selon le procureur. « L’homme était manifestement alcoolisé et cela s’est vérifié par les examens réalisés » , poursuit Xavier Sicot, qui ne voit « rien d’irrégulier » quant au motif du contrôle.

      La suite a été filmée par une caméra de vidéosurveillance municipale. Les cinq premières minutes de la vidéo donnent à voir un banal contrôle routier. Les gendarmes se garent derrière la Renault, sortent de leur véhicule et soumettent Claude Jean-Pierre à un test d’alcoolémie. Puis ils lui demandent d’avancer de quelques mètres. Le sexagénaire s’exécute. Claude Jean-Pierre discute avec l’un des militaires, au volant de sa voiture, la portière du conducteur ouverte, la jambe gauche en dehors du véhicule, tandis que l’autre gendarme va chercher son gilet pare-balles et l’enfile. Passe un second véhicule de gendarmerie, qui repart au bout de quelques secondes.

      C’est alors que les deux gendarmes saisissent son bras et le tirent brutalement vers l’extérieur de la voiture. Mais Claude Jean-Pierre est grand (1,90 mètre), le haut de son corps coince dans l’habitacle. La voiture fait un soubresaut. Les gendarmes le tirent une seconde fois. Claude Jean-Pierre tombe par terre ; il semble inerte. Trois minutes plus tard, un des gendarmes tente de le soulever et le relâche. Sa tête cogne contre le sol. Pour sa famille, il ne fait aucun doute que c’est au moment de l’extraction du véhicule que son cou s’est brisé. Une extraction « violente », que rien ne justifiait, dénoncent ses avocats. « A aucun moment il n’y a eu de violences ni de tentative de fuite de la part de M. Jean-Pierre » , insiste Me Bernier.

      « Ils l’ont laissé comme mort sur le bitume brûlant »

      Mais la vision des faits du procureur est sensiblement différente. Pour Xavier Sicot, il y a bien eu une « opposition » au contrôle et « un risque de départ de cette personne qui était susceptible d’être dangereuse pour elle-même et pour les autres automobilistes » . A notre connaissance, les gendarmes n’ont pas encore été auditionnés par la juge d’instruction chargée du dossier. L’inspection générale de la gendarmerie nationale n’a pas été saisie et aucune procédure disciplinaire n’a été engagée.

      Claude Jean-Pierre reste plus de dix minutes à terre, allongé sur le dos, tandis que les gendarmes font la circulation et répondent aux passants qui s’approchent. « Ils l’ont laissé comme mort sur le bitume brûlant. Ils ne l’ont pas mis en PLS [position latérale de sécurité], ils ne lui ont prodigué aucun premier soin. Ils l’ont traité comme un chien ! » , s’indigne son gendre, Christophe Sinnan, le conjoint de Fatia Alcabelard.

      Prévenue par une voisine, une nièce, Fiona, arrive sur les lieux. D’après son témoignage, les gendarmes lui ont expliqué que son oncle avait fait un « malaise » durant le contrôle, qu’il avait « sûrement eu un coup de stress » et qu’il s’était « effondré au moment de sortir de sa voiture ».

      « Moi, je voyais bien que c’était plus grave qu’un malaise, poursuit la jeune femme de 31 ans. Il me regardait dans les yeux, il ne bougeait pas, ne parlait pas. Il avait un hématome au niveau du nez. Je suis allée chercher un parapluie pour le protéger du soleil puis les pompiers l’ont emmené. Le SMUR a pris le relais en cours de route. »

      « Double fracture des vertèbres »

      Dans l’ambulance qui le conduit au CHU de Pointe-à-Pitre, Claude Jean-Pierre est intubé et placé en coma artificiel. A l’hôpital, « les médecins font état d’une double fracture des vertèbres, dont une qui compresse la moelle épinière. Ils nous disent que mon père est en état de tétraplégie, qui peut être réversible ou non », rapporte Fatia Alcabelard. Après dix jours en réanimation et malgré une opération, son état se dégrade. Claude Jean-Pierre meurt le 3 décembre 2020.

      Les conclusions de l’autopsie, que Le Monde a pu consulter, évoqueront une « défaillance multiviscérale d’origine septique (septicémie) probablement aggravée par une détresse respiratoire (…) dans un contexte de luxation cervicale C4-C5 ». Le médecin légiste ajoute que cette luxation est compatible avec les conditions de l’extraction, à savoir « une traction des bras vers l’avant alors que la tête heurte le montant supérieur de la portière entraînant un mouvement vers l’arrière du cou » . Il précise toutefois que des expertises complémentaires sont nécessaires pour valider ou non cette hypothèse – le traumatisme pouvant avoir été aggravé par « l’état d’ébriété » de la victime ou des pathologies préexistantes.


      Lors d’une manifestation parisienne, au mois de mars 2021, une illustratrice a offert à la fille de Claude Jean-Pierre, Fatia Alcabelard, et à son conjoint, Christophe Sinnan, ce dessin. Emus de ce présent, ils aimeraient retrouver son auteure. CAMILLE MILLERAND / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

      Fatia Alcabelard porte plainte auprès du procureur de Basse-Terre le 2 décembre et remue ciel et terre pour avoir accès à la vidéo, placée sous scellé. Le 10 décembre, le procureur annonce l’ouverture d’une information judiciaire contre X pour « homicide involontaire ». Seize membres de la famille se constituent parties civiles. En métropole, Fatia Alcabelard et Christophe Sinnan écrivent aux députés, au ministre de l’intérieur, au garde des sceaux, au défenseur des droits, qui se saisira du dossier le 14 décembre. Ils intègrent le Réseau d’entraide vérité et justice, qui regroupe une trentaine de familles de victimes de violences policières et deviennent militants de la cause.

      « Cette affaire a ravivé des tensions latentes »

      En Guadeloupe, l’affaire fait la « une » des médias. Une première marche est organisée le 27 décembre à Deshaies. « C’est comme si nous avions levé un tabou, interprète Christophe Sinnan. Parce que des violences policières, il y en a eu en Guadeloupe, mais on n’en parlait pas. Sauf que cette fois, il y a une vidéo, donc des preuves. Ce n’est pas parole contre parole. »

      Des sportifs, musiciens, peintres, street-artistes relaient leur combat. A l’instar du photographe Cédrick Isham, qui fait le tour de la Guadeloupe pour photographier des habitants posant avec la pancarte « Justice pour Claude Jean-Pierre ». De Pointe-Noire à Port-Louis, « toute l’île s’est indignée » , témoigne-t-il. « Cette affaire a ravivé des tensions latentes, un sentiment d’injustice face à un système que l’on appelle “colonial”, qui protège certains et leur permet d’agir en toute impunité. »

      Dans ses communiqués successifs, le Kolèktif Gwadloup kont vyolans a jandam , qui entend se porter partie civile dans cette affaire, demande notamment que les gendarmes fassent l’objet de mesures conservatoires en attendant que la vérité soit établie. « Il n’est pas acceptable que ceux-ci continuent à exercer comme si de rien n’était , estime Jean-Jacob Bicep, un des porte-parole de ce collectif et ancien député européen (2012-2014). Les Guadeloupéens ne veulent pas d’une justice du “deux poids, deux mesures” ; ils ne veulent pas être considérés comme des citoyens de seconde zone. »

  • Affaire Claude Lévêque : les résidences de l’artiste sous un nouveau jour – Libération
    https://www.liberation.fr/culture/arts/art-contemporain/affaire-claude-leveque-les-residences-de-lartiste-sous-un-nouveau-jour-20

    Grande proximité, comportement « obsessionnel »… Depuis la plainte pour « viols sur mineurs » déposée contre le plasticien, ses interventions auprès d’enfants dans une école et un service de psychiatrie interrogent. « Libération » révèle qu’il avait tenté d’obtenir les coordonnées d’un adolescent auprès de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.

    #paywall

    • C’est la première fois qu’un artiste était invité en résidence dans une école élémentaire. Et quel artiste ! Claude Lévêque, qui avait représenté la France à la Biennale de Venise en 2009, et dont l’aura débordait désormais les cercles d’initiés de l’art contemporain. Pas dans n’importe quelle école non plus : un établissement situé dans le quartier très populaire de la Goutte-d’Or, à Paris, l’école Pierre-Budin. Comme le détaillait la proposition d’allouer en 2012 une subvention de 3 000 euros à l’association participante, Reg’art de Paris, soumise par la direction des affaires culturelles de la mairie de Paris au Conseil de Paris, « la résidence de l’artiste Claude Lévêque vise à provoquer un élan positif chez les élèves, pour la plupart enfants de migrants, vivant pour beaucoup dans la précarité ». « Soyons clairs, on est en pleine Goutte-d’Or, avec familles de niveau socioprofessionnels très divers, une certaine misère culturelle, et là, on nous regarde, on s’occupe de nous, un artiste vient : c’était vu comme quelque chose de positif et valorisant pour l’école », se souvient un membre de l’équipe pédagogique.

      Depuis la révélation, début janvier, d’une plainte pour « viols sur mineurs » déposée à l’encontre de Claude Lévêque par un autre artiste, Laurent Faulon, au tribunal de Bobigny - révélation qui a agi comme un séisme dans le milieu de l’art contemporain, en plein examen de conscience sur une éventuelle omerta de longue durée dont aurait pu bénéficier l’artiste -, la belle histoire se retrouve un peu entachée. Claude Lévêque bénéficie de la présomption d’innocence et son avocat, maître Emmanuel Pierrat, a envoyé un droit de réponse qualifiant « d’allégations mensongères » les informations publiées par le Monde le 10 janvier et reprises par Libération les 11 et 12 janvier. Il n’a pas souhaité s’exprimer pour cet article. Mais comme le résume Téa Romanello, de l’association Reg’art de Paris, qui en 2012 organisait déjà depuis quelques années des interventions d’artistes à l’école : « Si ce qu’on dit est vrai, alors ça salit toute la beauté du travail qu’on peut faire avec des enfants. »

      L’artiste, lorsqu’il fut contacté pour le projet, s’était montré « facile, accessible, réactif », se souvient-elle. En bref, fidèle à sa réputation « engagée » vantée partout. Tea Romanello n’a pas fait partie de l’équipe d’encadrement au quotidien, mais avait été à l’initiative de l’aventure. D’autres traces, dont le catalogue de l’exposition aux éditions Manuella, mettent en avant le rôle du directeur de l’école, Pierre Perrin, dans le choix de l’artiste (il n’a pas souhaité s’exprimer pour cet article - « ça sera la police, pas les journalistes »). L’année précédente, l’école avait accueilli en résidence informelle le sculpteur Jean-François Fourtou, représenté par le compagnon de Pierre Perrin, qui travaille dans l’art, lequel avait installé un bestiaire de sculptures dans l’appartement de fonction inoccupé de l’école. Les années suivantes, les artistes Chourouk Hriech et Malachi Farrell y seront aussi invités. Mais aucune résidence n’a joui des mêmes retombées que celle de Claude Lévêque, que ce soit en milieu scolaire (comptes rendus louangeurs dans des publications spécialisées type Liaisons laïques ou Après-demain, la revue de la Fondation Seligmann), artistique (l’exposition qui en résulta fut chroniquée par le Quotidien de l’art) ou grand public (le Parisien). Et le vernissage de « Seasons in the Abyss », mécénée par LVMH et Agnès b., fut un petit événement, aux dires de personnes y ayant assisté, avec vigiles et Tout-Paris de l’art.

      « J’avais trouvé ça saugrenu »« J’avais trouvé ça saugrenu »« J’avais trouvé ça saugrenu »Dans une vidéo qui rend compte de l’expérience, les enfants s’amusent et sourient, l’on observe les vitres noircies de l’appartement de fonction où s’était installé Claude Lévêque pour travailler, et où il recevait, en dehors des heures de cours, les enfants par groupe de cinq ou six, « pour que ça soit hors système de classes », explique-t-il. « J’adore les enfants, en général j’ai vraiment un bon feeling avec eux, mais l’idée c’était de les traiter comme des interlocuteurs à part entière, comme des professionnels, parce que moi je ne voulais absolument pas faire de la garderie ou de l’animation », précise-t-il. Et, de fait, une parent d’élève se souvient d’une résidence « hyper chouette », d’une visite aux archives, d’un travail « pertinent », d’enfants qui « l’adoraient ».

      Claude Lévêque à Paris le 6 octobre 2015. (Audoin Desforges/Libération)

      Désormais, cette même parent d’élève partage des doutes, qu’elle avait eus à l’époque ou qui se sont cristallisés depuis. Elle avait tiqué tout de suite, comme beaucoup d’autres parents, sur le néon « J’ai peur » réalisé par l’artiste avec l’écriture d’un des enfants, qui avait été accroché au-dessus de la porte d’entrée de l’école et qu’elle trouvait incongru à cet endroit. Ce type de néon est caractéristique de l’oeuvre tardive de Lévêque. A sa mutation, le directeur de l’école, Pierre Perrin, est parti avec, sans que les parents d’élèves ne comprennent pourquoi. « Même si à la lumière de ce qu’on sait maintenant, on est plutôt contents », ajoute-t-elle.

      Elle se rappelle aussi s’être demandé pourquoi l’artiste avait prié les enfants de partager des objets intimes, et pourquoi il avait choisi de visiter les appartements de certaines familles, dont elle a désormais l’impression qu’elles étaient ciblées car elles étaient les plus démunies et issues de l’immigration. Pourquoi les cartons d’invitation furent envoyés en priorité au ministère de la Culture, quand les familles ont dû « se battre » pour en avoir. Pourquoi l’artiste manifestait si ostensiblement qu’il avait des chouchous, « toujours des garçons ». « Il n’y avait rien de choquant, simplement, quand on a lu l’article du Monde, où il était écrit que "tout le milieu de l’art savait", on s’est interrogés. Le compagnon du directeur [qui n’a pas répondu à nos demandes de commentaire, ndlr] était dans l’art, et Claude Lévêque, par la suite, a été leur témoin de mariage ».

      Travailler avec les enfants en dehors des horaires de coursTravailler avec les enfants en dehors des horaires de coursTravailler avec les enfants en dehors des horaires de coursUne autre mère, enthousiaste sur la résidence et très étonnée par les révélations, raconte que son fils - mis en avant dans les photos de Lévêque - et un de ses amis - lui aussi très sollicité par l’artiste - avaient été invités par le directeur de l’école à un vernissage de l’artiste en province. Pierre Perrin avait finalement retiré son invitation peu après, « car le vernissage allait se finir tard, et les enfants seraient seuls à l’hôtel ». Claude Lévêque était passé chez eux lorsque son fils souffrait d’une angine, et lui avait apporté un livre, ce qu’elle avait trouvé très gentil. « Il avait les numéros de téléphone de tout le monde », détaille-t-elle, assurant que son fils n’a jamais eu à souffrir de son contact avec l’artiste.

      « J’avais trouvé ça saugrenu, cette invitation à deux enfants, se souvient un membre de l’équipe pédagogique de l’époque. Inviter une classe en sortie scolaire à la limite, mais pourquoi juste deux enfants ? » Cette même personne s’est étonnée, deux ans plus tard, de voir ces mêmes enfants au vernissage de l’éclair rouge réalisé par Claude Lévêque pour le musée du Louvre. « Quand j’ai dit ça autour de moi à mes collègues, on m’a dit que je voyais le mal partout, se souvient cette personne. Mais cela me dérangeait, cette promiscuité chez cet homme. Elle n’est pas nécessaire. Par la suite, on a vu d’autres artistes à l’école qui n’avaient pas cette familiarité. On nous demande à nous d’avoir une certaine distance, de ne pas toucher les enfants, et lui les prenait sur les genoux, leur touchait les épaules, les cheveux, se faisait appeler "Tonton" dans la cour. Je lui ai dit, il m’a répondu qu’il n’était pas l’enseignant. »

      Depuis les révélations du Monde et de Mediapart, cette personne dit avoir fait un signalement au juge d’instruction : « J’espère que mes doutes ne prouveront rien, je l’espère grandement. Mais il n’est pas normal qu’on ait pu lui donner la possibilité de travailler seul avec des enfants de l’école dans un lieu clos. » Etait-il habituel qu’un artiste ait les coordonnées des familles de l’école, puisse les appeler et passer les voir, et puisse aussi travailler avec les enfants en dehors des horaires de cours ?? Le rectorat n’a pas donné suite à nos sollicitations.

      L’éclair rouge installé par Claude Lévêque au musée du Louvre, à Paris. (François Guillot/AFP. ADAGP)

      Les circonstances d’une autre résidence, antérieure, effectuée par l’artiste, cette fois-ci dans les services de psychiatrie infanto-juvénile d’un hôpital en région parisienne en 2005 et 2006, laissent penser que le contact « hors cadre » avec les enfants recherché par l’artiste à la Goutte-d’Or était une habitude. Lors de ces deux années, l’artiste a travaillé avec deux groupes de huit à dix jeunes qui ont participé à l’élaboration d’une de ses expositions, sont allés avec lui à la rencontre de ses oeuvres au centre Pompidou ou au Palais de Tokyo, et, clou de l’expérience, assisté grâce à lui dans les tribunes parisiennes au feu d’artifice du 14 Juillet. Les soignants furent si contents de l’implication de l’artiste et des effets ressentis que la résidence fut reconduite pour un an.

      Et du côté de l’artiste, deux installations semblent en avoir été nourries - le Grand Sommeil au MAC /Val en 2006, avec ces lits d’hôpital lumineux au plafond, où le chargé communication et culture de l’hôpital à l’époque de la résidence de l’artiste croit reconnaître ceux de son établissement. Et le Crépuscule du jaguar, en 2007, qui a fait partie d’un dispositif in situ au Moulins Albigeois dans le Tarn, et dont la vidéo sera acquise par la Maison européenne de la photographie, à Paris. L’établissement la décrit ainsi : « L’oeuvre a été réalisée par l’artiste pendant une période de deux ans, dans un hôpital pour enfants souffrant de troubles psychiques. Les yeux ne clignent pas, ne se ferment jamais. L’oeil est vu à travers un oeilleton et, comme dans un miroir. » Aux dires d’une des personnes associées au projet, « le résultat avait été génial ». Génial, et depuis aucune remontée, aucun témoignage, selon l’hôpital, n’est venu contredire cette conclusion.

      « Hors de question de donner les coordonnées »Mais il y avait eu cette demande incongrue de Claude Lévêque, inhabituelle dans ce type de résidence, qui est venue titiller la mémoire de cette personne, depuis la révélation de la plainte pour « viols sur mineurs » déposée contre l’artiste. A la fin de la résidence, « il est devenu complètement obsessionnel sur un des gamins, se souvient cette personne, et voulait absolument continuer à "l’aider », disait-il". Claude Lévêque cherchait à obtenir le nom et les coordonnées d’un patient adolescent, ce qui lui a été refusé - les intervenants extérieurs n’ont jamais accès aux noms de famille et aux pathologies des patients, explique aujourd’hui l’hôpital. Bille en tête, l’artiste écrit alors à la ministre de la Santé de l’époque, Roselyne Bachelot-Narquin, pour que lui soit faite cette exception, dans un courrier d’août 2007, jugé « hystérique » par un des destinataires en copie.

      Intitulée « Avis de recherche », la lettre de l’artiste, à laquelle Libération a eu accès, commence par détailler les modalités de la résidence, la liste des projets artistiques de Claude Lévêque abordés par les patients lors de rencontres (au centre Pompidou, au MAC ?/Val, au centre d’art de Château-Thierry...) et tous les bienfaits pour ces enfants, « particulièrement réceptifs à mon univers. [...] Leurs arguments éclairés résumaient sans ambages mes contenus, alors que certains spécialistes manient des codes pour y parvenir ». Des échanges qui selon Claude Lévêque l’ont « enrichi à tel point que ma réflexion s’est étoffée de cette expérience ».

      Décrivant ensuite une « affinité » qui se serait établie entre « un adolescent du groupe » et lui-même, Claude Lévêque raconte que l’hôpital a organisé, « pour lui seul, sa venue lors du vernissage » de son exposition « Looping » au centre d’art de Pougues-les-Eaux, « moments de lien social particulièrement précieux » pour cet adolescent, selon l’artiste. Le patient, sans parents, et dépendant « sans doute » de l’aide sociale à l’enfance, explique Claude Lévêque, avait depuis été transféré dans deux établissements consécutifs, et l’artiste était sans nouvelles de lui, malgré des demandes répétées de mise en contact auprès de l’hôpital. « Si je me permets de vous parler de cette rencontre c’est que je suis très inquiet sur sa santé et sur son devenir. Auriez-vous la possibilité d’intervenir pour me faciliter la mise en relation avec les responsables [du jeune garçon], afin de savoir comment il va et ce qu’il devient. »

      Au ministère, la démarche est jugée « bien curieuse », lit-on dans la note rédigée alors. L’hôpital est contacté, le centre d’art également, l’artiste est confronté, et il explique, selon une personne qui a eu connaissance de l’échange, qu’il était « d’extraction populaire » et savait « qu’une rencontre peut changer l’avenir de quelqu’un ». A l’hôpital, aujourd’hui, les accompagnants aux ateliers de l’époque n’ont aucun souvenir de ce courrier, mais l’on juge peu probable qu’un voyage ait été organisé pour un seul patient ? ; en tout état de cause, il aurait été accompagné par un ou plusieurs soignants. La directrice des soins de l’époque, contactée par les services du ministère de la Santé, avait alors été très ferme ? : on lit dans la note qu’il était « hors de question de donner les coordonnées du jeune garçon à M. Lévêque qui n’a aucun lien avec lui et aucun droit ».

      Reviennent en mémoire les propos de Laurent Faulon et d’un autre homme qui explique aussi avoir été victime de l’artiste, rapportés par Mediapart dans son enquête. Notamment ceci ? : « Pendant longtemps, j’ai pensé que c’était une chance d’avoir rencontré ce type, d’avoir pu changer de classe sociale. Il s’était attaqué à une famille prolétaire, il arrivait avec une promesse de culture, d’évasion », expliquait Laurent Faulon lors de son audition. « Avec Claude Lévêque, on avait l’impression d’entrer dans un monde privilégié, merveilleux, relate le second. Il y avait la culture, la musique, les vêtements, il tirait des feux d’artifice la nuit en forêt. J’ai pensé qu’il fallait payer de ma personne. »

      #Claude_Lévêque

    • Ces derniers mois, plusieurs personnes ont confié à Mediapart avoir subi des violences sexuelles commises par l’artiste Claude Lévêque lorsqu’elles étaient mineures. Parmi elles, le sculpteur français Laurent Faulon, 51 ans, installé en Suisse. Face à la caméra d’ « À l’air libre », il a bien voulu raconter cette période de sa vie dont il se souvient très bien.

      La révélation de cette affaire a provoqué un petit séisme dans le milieu de l’art contemporain, d’ordinaire peu bavard sur ces questions. Comment vit-on le sexisme ambiant quand on démarre dans ce métier ? Depuis plusieurs mois, des artistes, critiques d’art, galeristes sont mobilisés au sein d’un collectif, « #My_art_not_my_ass » ( « Mon art, pas mes fesses »). « À l’air libre » a rencontré Charlotte, une de ses fondatrices, et la jeune critique d’art #Camille_Bardin.

      Attention, les propos de ce reportage décrivant des violences sexuelles peuvent être difficiles à entendre.

  • Points aveugles – À propos des soutiens apportés à Claude Lévêque. - A Rabbit Hole
    http://mathieupottebonneville.fr/2021/02/25/points-aveugles

    Dans ce contexte, renoncer à exposer, ce n’est pas interdire de voir, c’est reconnaître que l’on ne sait plus au juste ce que l’on regarde : une oeuvre, un appât, un leurre ou un tableau de chasse. C’est un troisième motif de vigilance : en pareil cas, on ne peut choisir d’exposer sans se demander si l’on sait bien ce que l’on montre.

    • meanwhile chez art press y a foule !!

      La présomption d’innocence, nous la revendiquons tous (...)

      Paul Ardenne, écrivain et historien de l’art ; Claude Arnaud, écrivain ; Gilles Barbier, artiste ; François Barré, ancien président du Centre Pompidou ; Michel Baverey, éditeur ; Pierre Beloüin, artiste enseignant ; Fabien Boitard, artiste ; Patrick Bouchain, architecte ; Charles-Arthur Boyer, critique d’art, collaborateur à artpress ; Damien Cabanes, artiste plasticien ; François Carbonnier, architecte ; Blandine Chavanne, conservatrice du patrimoine ; Evelyne Chartier, institutrice ; Frédéric Chartier, consultant ; Fabienne Clérin, chargée d’expositions ; Brigitte Cornand, réalisatrice ; Vincent Corpet, peintre ; Alain Coulange, écrivain, critique d’art ; Franck David, artiste ; Benoît Decron, conservateur du patrimoine, historien d’art ; Bernard Delosme, enseignant ; Stéphanie Ditche, artiste ; Jérôme Duwa, écrivain ; Anne-Marie Faucon, artiste ; Jean-Noël Flammarion, éditeur ; Alain Fleischer, écrivain, cinéaste et artiste ; Paul-Armand Gette, artiste ; Josiane Guilloud-Cavat, historienne de l’art ; François Guinochet, amateur et curieux ; Didier Hochart, consultant ; Yves Jammet, médiateur culturel ; Baudouin Jannink, éditeur ; Olivier Kaeppelin, écrivain, critique d’art ; Jason Karaindros, artiste ; Laurent Quénéhen, critique et commissaire d’exposition ; Carlos Kusnir, artiste-peintre ; Vincent Labaume, artiste ; Francis Lacloche, médiateur ; Yvon Lambert, libraire ; Loïc Le Groumellec, artiste ; Ange Leccia, artiste ; Julien Ludwig-Legardez, sérigraphe, Atelier Tchikebe ; Olivier Ludwig-Legardez, directeur, Atelier Tchikebe ; Roberto Martinez, artiste ; Catherine Millet, directrice de la rédaction d’artpress ; Ghislain Mollet-Viéville, expert honoraire auprès des tribunaux, agent d’art, critique d’art ; Bernard Moninot, artiste ; Didier Morin, directeur de la revue Mettray ; Jean-Luc Moulène, artiste ; Michel Nuridsany, écrivain, critique d’art ; Dominique Païni, critique et commissaire d’exposition indépendant ; Raphaëlle Paupert-Borne, artiste ; Jacqueline Philippart, amateur d’art ; Michel Philippart, amateur d’art ; Philippe Piguet, historien et critique d’art, commissaire d’exposition indépendant ; Rudy Ricciotti, architecte ; Jacques Ristorcelli, graphiste ; Paul Ristorcelli, directeur d’école ; Éric Rondepierre, artiste ; Jean-Jacques Rullier, artiste plasticien ; Cécile Savelli, artiste peintre ; Karine Savigny, Association A.I.R (Artiste Invité en Résidence) ; Danielle Schirman, artiste, cinéaste ; Alberto Sorbelli, poète ; Ludwig Trovato, vidéaste ; Frederic Valabrègue, écrivain et critique d’art.

      :https://www.artpress.com/2021/02/23/presomption-dinnocence-claude-leveque

      #claude_lévêque

  • Claude Lévêque accusé de viols, ses oeuvres deviennent radioactives
    https://www.elle.fr/Loisirs/News/Claude-Leveque-accuse-de-viols-ses-oeuvres-deviennent-radioactives-3897891

    Après l’ouverture d’une enquête préliminaire pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans à l’encontre du célèbre plasticien, le monde de l’art, embarrassé, s’interroge. Que faire de ses œuvres, devenues radioactives ?
    Par
    Soline Delos
    ,
    Clémentine Goldszal

    « Tout le monde savait » et « On n’a pas voulu voir », disent les témoins. « Emprise », « intimidation », « culpabilité », racontent les victimes. « Nous nous aimions », « il/elle était consentant(e) », se défendent les accusés. D’une affaire à l’autre, de Michael Jackson à Gabriel Matzneff, d’Olivier Duhamel à Claude Lévêque, le schéma se répète, quand une ou plusieurs victimes de personnalités publiques pédophiles se mettent, le plus souvent des années plus tard, à parler. Une question s’impose alors très vite lorsqu’il s’agit d’artistes : que faire des œuvres ? Puis-je continuer à me déhancher sur « Billie Jean ». Dois-je dépunaiser mon poster de « Rosemary’s Baby », faire don de mon « Séraphin, c’est la fin ! », corné et annoté ?

    L’affaire Claude Lévêque, artiste contemporain dont « Le Monde » a révélé, le 10 janvier, qu’il était l’objet d’une enquête préliminaire pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans », pose une fois encore la question, et de manière particulièrement prégnante. Des salles d’exposition des grandes institutions artistiques aux murs des collectionneurs, d’un bureau de l’Élysée au beffroi de Montrouge, l’œuvre de cet artiste de 67 ans, qui en 2009 représentait la France à la Biennale de Venise, s’affiche un peu partout, diffractant la gêne et mettant dans l’embarras l’ensemble du monde de l’art. D’autant plus que l’obsession pour l’enfance qui traverse son œuvre, notamment ses néons à la graphie d’enfant – « regarde les rire », « ne prends pas froid », « jouez ! » –, est aujourd’hui inévitablement revue à l’aune des accusations qui l’accablent. Avec un frisson d’effroi. À l’Élysée, où le tapis « Soleil noir », réalisé par Lévêque pour le Mobilier national, habille le bureau d’angle du chef de l’État, on se refuse à évoquer l’affaire. « Pas de commentaire dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte », nous indique l’entourage du président. Idem à l’Opéra de Paris, qui déclare se tenir informé des développements de l’affaire. Le film « Le Lac perdu » tourné par l’artiste en 2017 pour la 3e Scène, la plateforme digitale de la prestigieuse institution, est toujours accessible sur le site, « sans faire l’objet d’une mise en avant », trouve-t-on étonnamment judicieux de préciser du côté du département communication. La mairie de Montrouge a dû, elle aussi, prendre position : depuis novembre, un immense néon « Illumination » (un hommage à Arthur Rimbaud) surplombe le beffroi de la ville. Il a été décidé lors d’une cellule de crise que « l’œuvre ne serait ni enlevée, ni éteinte. Nous sommes respectueux de la présomption d’innocence et restons attentifs aux décisions de justice qui seront prises ». Une décision qu’on imagine pouvoir être revue si les administrés venaient à se manifester.

    « Mais qui connaît Claude Lévêque à Montrouge ? » glisse-t-on dans le second cercle. Miser sur l’ignorance des électeurs semble pour le moins un pari risqué. La position d’Alexia Fabre, directrice du Mac Val, le musée d’art contemporain de Vitry-sur-Seine, diffère. Elle qui a orchestré une exposition de l’artiste en 2006 et possède deux œuvres dans les réserves du musée déclare : « Je suis pour une mise sous silence du travail, le temps qu’il y ait des certitudes, liées à un juge- ment, indispensable. » Avant d’ajouter : « On ne détruit pas les œuvres. Elles sont acquises par les musées publics avec un statut d’inviolabilité et d’imprescriptibilité propre à la France. Cela permet aussi au temps de faire son œuvre avec les relectures éventuelles. » Sera-t-il possible de les montrer à nouveau ? « Il est trop tôt pour le dire et, si tel était le cas, il faudrait se poser toutes les bonnes questions, raconter, accompagner, expliciter. Mais c’est difficile car le sujet de l’enfance traverse son œuvre, et le regard est forcément abîmé. »

    Du côté des particuliers, le dilemme relève souvent de l’intime, et l’affaire bouleverse la relation, forcément sentimentale, entre le collectionneur et l’œuvre avec laquelle il cohabite. Il en est ainsi de la collectionneuse Sandra Hegedüs. « J’ai acheté le néon “je t’aime tant” parce qu’il faisait écho à mon histoire sentimentale, explique cette Brésilienne philanthrope, vice-présidente depuis 2020 des Amis du Palais de Tokyo. Je ne me sens pas de le décrocher. » Déstabilisée, elle ajoute pourtant à propos d’une autre de ses œuvres : « “Rêvez !”, Qu’est-ce que ça veut dire, “rêvez !” dans un contexte aussi glauque ? Je déteste plus que tout hurler avec les loups et j’essaie encore de séparer l’œuvre de l’artiste, mais je ne sais pas combien de temps je vais y arriver. » Et de conclure, pragmatique : « Je ne suis pas une collectionneuse qui revend ses œuvres, mais je pense à ceux qui auraient besoin de le faire. C’est devenu impossible. »

    Dans les maisons de ventes aux enchères, les langues se délient peu, peut-être aussi parce que les œuvres de Lévêque y sont très rarement proposées. Mais Anne-Hélène Decaux, ex-directrice du département art contemporain chez Sotheby’s, et aujourd’hui à la galerie Gagosian, confirme : « J’imagine que de nombreux collectionneurs vont avoir envie de décrocher leurs œuvres, mais aujourd’hui elles sont invendables. Qui voudra acheter un Lévêque ? D’une certaine manière, la cote s’effondre puisque les transactions s’arrêtent, mais on ne peut pas en prendre acte comme avec l’action d’une entreprise qui baisse. » D’autant qu’un maillon essentiel de la chaîne de valeur d’un artiste manque depuis que le galeriste Kamel Mennour a fait savoir, dans un très bref communiqué le 12 janvier, que l’artiste suspendait sa collaboration avec la galerie. Et Marine Van Schoonbeek, enseignante à Sciences-Po sur « le marché de l’art international », d’expliquer que « la cote d’un artiste repose sur une légitimation des institutions, une représentation dans les galeries et des publications. Qui va aller maintenant défendre une rétrospective de cet artiste ? Ce système est brisé par cette affaire ». Dans les institutions, une expression revient souvent : la nécessité d’un « débat collectif », pour que cette déflagration soit l’occasion de produire de la pensée, d’avancer, et d’assainir, peut-être, les vieilles habitudes. Car si la justice planche encore sur le cas Lévêque, les enquêtes de presse qui se sont succédé depuis celle du « Monde » s’accordent sur un point : dans le monde de l’art, beau- coup savaient ou avaient eu vent de rumeurs. Voilà qui explique aussi peut-être l’atmosphère de « sauve-qui-peut » qui préside aux prises de positions frileuses des uns et des autres. Déroutée, une directrice de musée se lamente : « Cette question mériterait d’être réfléchie à un autre niveau. On se sent un peu seuls. J’aimerais que le ministère de la Culture nous aide. » Le 26 novembre 2020, ce dernier avait envoyé un communiqué où, sans nommer personne, il disait « avoir pris la décision, à la suite du courrier d’un sculpteur et enseignant en art invoquant des faits très graves s’ils étaient avérés et impliquant un autre artiste, de faire un signalement au procureur de la République sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale ». Mais huit jours après la révélation de l’affaire, à l’heure où nous bouclons, il ne s’est depuis toujours pas exprimé publiquement.

    #pedocriminalité #violences_sexuelles #art #talent #valeur

    • Un avant et un après

      Philippe Régnier
      17 janvier 2021 19:03 GMT
      Claude Lévêque, "Les dessous chics", 2018. Commande du Département des Hauts de Seine dans le cadre de la Vallée de la culture, Pont d’Issy Issy-Les-Moulineaux. Photo : Claude Lévêque / CG92-Olivier Ravoire. © ADAGP Claude Lévêque. Courtoisie de l’artiste ; du Département des Hauts-de-Seine et de kamel mennour, Paris/London

      Les récents témoignages dénonçant des atteintes sexuelles sur mineurs et accusant l’écrivain Gabriel Matzneff et le politologue Olivier Duhamel ont provoqué une déflagration dans la société française dans la suite du mouvement #MeToo. De longues enquêtes parues la semaine passée dans Le Monde et Mediapart ont mis cette fois en cause Claude Lévêque. Si l’artiste bénéficie de la présomption d’innocence, et si c’est désormais à la justice de se prononcer, l’une des nombreuses questions que pose cette affaire est celle de l’exposition dorénavant de son œuvre, eu égard à ses victimes présumées qui méritent toute notre compassion. D’autant plus que certaines de ses créations peuvent être vues sous un nouveau jour – particulièrement glaçant – dans la perspective des accusations graves dont l’artiste fait l’objet. Les plus grandes collections françaises, du Centre national des arts plastiques au musée d’art moderne de Paris ou au Centre Pompidou, du musée d’arts de Nantes au musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, mais aussi de nombreux FRAC conservent des pièces du plasticien. La base Videomuseum recense 54 œuvres de Claude Lévêque dans 19 institutions. Certaines de ses créations ont aussi été installées dans l’espace publique, à l’exemple des Dessous chics, longs néons sur le Pont d’Issy, à Issy-les-Moulineaux, créé en 2018 à la demande du Département des Hauts-de-Seine dans le cadre de la vallée de la culture. Lionel Bovier, directeur du Mamco, à Genève, a réagi très vite : « le musée que je dirige ne montrera ni ne diffusera son travail dans le futur ». La galerie kamel mennour, qui expose l’artiste à Paris depuis 2008, a diffusé ce communiqué : « Claude Lévêque a décidé de suspendre sa collaboration avec la galerie kamel mennour, qui en prend acte ». Son nom a immédiatement disparu du site Internet de l’enseigne.

      Les librairies et bibliothèques n’ont jamais cessé de mettre les livres d’André Gide à la disposition du public, mais l’époque a changé. Aujourd’hui, il n’est plus possible de séparer l’homme de son œuvre.

      https://www.artnewspaper.fr/comment/un-avant-et-un-apres

    • Je croi pas qu’on ai jamais pu séparé l’artiste de son oeuvre, tout comme on ne peu séparé l’oeuvre d’une époque. Par contre l’unanimité et la précipitation pour décroché les oeuvres de cet artiste me semble correspondre à ce « tout le monde savais » qui fait que tout ce monde se sent un peu complice. Je note que Levèque était un grand lecteur de #madzneff et que si tout le monde savait, comment tout le monde pouvait interprété les oeuvres de cet artiste qui étaient en relation avec le sujet de l’enfance.

    • Violences sexuelles : Claude Lévêque, plasticien, visé par une enquête pour viols sur mineurs
      https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2949819-20210111-violences-sexuelles-claude-leveque-plasticien-vise-enquet
      PEDOCRIMINALITE Un sculpteur raconte avoir été violé dès l’âge de 10 ans par Claude Lévêque
      A.L. avec AFP

      EDIT du 18 janvier 2021 : Un droit de réponse de Monsieur Claude Lévêque a été ajouté à a demande de son avocat à cet article publié initialement le 11 janvier 2021.

      Il était connu pour ses néons, son matériau de prédilection, il le sera désormais aussi pour des accusations de violences sexuelles. Selon le parquet de Bobigny joint par 20 Minutes, le plasticien Claude Lévêque, 67 ans, est visé par une enquête pour viols et agressions sexuelles sur mineurs après les déclarations d’un sculpteur de 51 ans qui dit en avoir été victime avec ses deux frères. Ces informations confirment celles révélées par le journal Le Monde.

      L’enquête a débuté en mai 2019 et a été confiée à la Sûreté territoriale de la Seine-Saint-Denis, où réside l’artiste. Dans le récit publié ce dimanche par le quotidien du soir, le sculpteur Laurent Foulon raconte avoir été violé par le plasticien dès l’âge de 10 ans et jusqu’à ses 17 ans, au milieu des années 1980. Il a signalé ces agissements dans une lettre adressée à la procureure de Bobigny en février 2019.
      « Emprise »

      « J’ai conscience que les actes criminels dont j’ai été victime sont certainement aujourd’hui prescrits mais cette plainte me permet de dénoncer à la justice d’autres actes non prescrits sur d’autres victimes et de signaler qu’un ou plusieurs mineurs sont à l’heure actuelle en grand danger d’abus sexuels si l’irréparable n’a pas déjà été commis », y écrivait-il.

      Laurent Foulon évoque aussi l’« emprise » de Claude Lévêque, dont un des tapis orne un bureau de l’Elysée, sur sa famille, issue d’un milieu très populaire dans la Nièvre. Le sculpteur accuse le plasticien d’avoir aussi violé ses deux frères. L’un d’eux, tombé dans la drogue comme lui, est mort en 1998 à l’âge de 34 ans à la suite d’une énième tentative de suicide.
      « Comportements troublants »

      Selon Laurent Foulon, l’artiste revendiquait ses relations avec des mineurs : « J’associais la pédophilie à une sorte de résistance à la société. Pour me convaincre, je lisais des auteurs pédophiles, comme (Gabriel) Matzneff par exemple. Lévêque lit ce genre de littérature, j’ai connu ce genre de littérature par (son) biais », a-t-il expliqué aux enquêteurs, selon Le Monde.

      Le quotidien indique que « la justice a reçu un autre signalement concernant Claude Lévêque » et ajoute avoir recueilli d’autres témoignages qui « décrivent des comportements troublants avec de jeunes garçons ».
      Société
      « Les violences conjugales ont augmenté de 60 % » pendant le deuxième confinement, selon Marlène Schiappa
      Sport
      Violences sexuelles dans le patinage : « Je ne vais pas lâcher ce combat », réagit Sarah Abitbol à la mise en examen de Gilles Beyer

      Droit de réponse de monsieur Claude Lévêque

      Le 11 janvier 2021, le journal 20 Minutes a publié, sur son site Internet, un article désignant Monsieur Claude Lévêque, que ce dernier ne peut laisser sans réponse.

      Monsieur Claude Lévêque tient à préciser que, à la suite de graves accusations le mettant en cause, il a, fin 2020, déposé deux plaintes contre X, une première du chef de diffamation et une seconde des chefs de dénonciation calomnieuse et chantage.

      En octobre 2015, Monsieur Claude Lévêque a été victime d’un maître chanteur adressant des lettres anonymes aux fin de l’accuser de prétendues agressions sexuelles sur mineur, dans un objectif avéré de nuire à son travail artistique. A ce titre, une enquête a été ouverte.

      Monsieur Claude Lévêque, différents témoins et la victime supposée ont été auditionnés par la brigade de la gendarmerie. Toute accusation ayant été démentie, le parquet a procédé à un classement sans suite le 17 novembre 2016.

      Plus de trois ans après ce classement sans suite, Monsieur Laurent Faulon, soupçonné d’être l’auteur des lettres anonymes, aurait, selon ses dires, porté plainte à Genève, à l’encontre de Monsieur Claude Lévêque pour des faits qui auraient été commis à la fin des années 70, l’accusant, à tort, de viol et agression sexuelle.

      Cette plainte, qui n’a jamais abouti, a gravement nui à Claude Lévêque tant professionnellement que personnellement.

      Le 16 janvier 2020, Monsieur Laurent Faulon a déposé une nouvelle plainte visant Monsieur Claude Lévêque où il mentionne le visionnage d’un film à caractère prétendument pédopornographique, en 1978 ou 1979, notamment en compagnie de Claude Lévêque.

      Or, le film auquel fait référence Laurent Faulon est un film d’art programmé dans le cadre d’un festival de cinéma expérimental à la fin des années 1970 à la Maison de la Culture de Nevers.

      Dans sa plainte, Monsieur Laurent Faulon mentionne d’autres présumées victimes, qui, entendues par la brigade de Bobigny, ont fermement démenti les propos calomnieux soutenus par Laurent Faulon.

      Des professionnels du monde de l’art contemporain, sollicités par des journalistes, ont répondu aux questions relatives aux fausses accusations de Laurent Faulon, condamnant ses propos, d’une part, et dénonçant son acharnement incessant à l’égard de l’artiste Claude Lévêque, d’autre part.

      La propagation publique de telles rumeurs, à l’encontre d’homme et de femme accablés a des conséquences irréversibles telles que le suicide à l’instar d’une affaire récente.

    • Il y a tout de meme de grands changements dans la presse, on ne dit plus « pédophilie » mais « pédocriminalité » et c’est pas dans « faits divers » non plus.

      sinon pour cette partie ; « Le 16 janvier 2020, Monsieur Laurent Faulon a déposé une nouvelle plainte visant Monsieur Claude Lévêque où il mentionne le visionnage d’un film à caractère prétendument pédopornographique, en 1978 ou 1979, notamment en compagnie de Claude Lévêque.

      Or, le film auquel fait référence Laurent Faulon est un film d’art programmé dans le cadre d’un festival de cinéma expérimental à la fin des années 1970 à la Maison de la Culture de Nevers. »
      Le fait qu’un film fasse partie des collections du musée de Nevers ne dit pas que ca ne peut pas etre pedopornographique. L’oeuvre de Madzneff etait primée en 2014 par le prix Renaudau et n’en était pas moins pédopornographique pour autant.

    • Le 23 février 2021, une tribune qui demande l’application de la présomption d’innocence de l’artiste, est publiée dans Artpress et signée par Gilles Barbier, Yvon Lambert, Catherine Millet, Rudy Ricciotti et Alberto Sorbelli.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_L%C3%A9v%C3%AAque#Accusations_d%E2%80%99abus_sexuels_sur_mineur

      –—

      Présomption d’innocence. Claude Lévêque
      Tribune.

      Claude Lévêque est visé par une plainte pour viols sur mineurs. Face à la campagne médiatique dont il est l’objet avant que les conclusions de l’enquête ouverte ne soient rendues, et qui entraîne le décrochage de ses œuvres, les signataires de la tribune ci-dessous entendent réaffirmer un principe fondamental de notre droit.

      La présomption d’innocence, nous la revendiquons tous comme un bien commun essentiel face à ce qui, sans elle, deviendrait condamnation expéditive, à base de vérités infléchies, de rumeurs, de fake news, d’accusations sans fondement, de mensonges. “L’affaire Baudis”, en 2003, nous a montré ce qui pouvait entraîner les mieux intentionnés dans la spirale de ce qui s’est révélé plus tard, bien plus tard, être une désastreuse erreur, avec de grands dommages entre temps. C’est pour cela que la justice existe, qui se fonde sur des faits et la confrontation des points de vue contraires.
      Les décisions arbitraires de certaines collectivités territoriales de décrocher ou d’éteindre les œuvres de Claude Lévêque sont, d’une part, des négations graves du principe fondamental de la présomption d’innocence et, d’autre part, des atteintes manifestes au droit moral de l’auteur, un droit pourtant absolu, inaliénable et imprescriptible.
      Claude Lévêque est un artiste. Les artistes ne sont pas à l’abri de la loi, mais pas, non plus, voués à être détruits sans preuves avérées.
      La pédophilie est un crime que nous condamnons sans ambiguïté. Encore faut-il établir l’existence du crime. Il est souvent difficile à prouver ; raison de plus pour être rigoureux. Il n’est pas sûr que la méthode employée aujourd’hui soit la meilleure dans ce sens. À moins qu’il ne s’agisse de mettre en doute les capacités du droit à rendre la justice. Est-ce de cela qu’il s’agit ?
      Ce serait grave car, sans justice, nous pouvons tous être balayés par des accusations efficacement relayées par la presse et les réseaux sociaux. Claude Lévêque, aujourd’hui, est présumé innocent.

      Paul Ardenne, écrivain et historien de l’art ; Claude Arnaud, écrivain ; Gilles Barbier, artiste ; François Barré, ancien président du Centre Pompidou ; Michel Baverey, éditeur ; Pierre Beloüin, artiste enseignant ; Fabien Boitard, artiste ; Patrick Bouchain, architecte ; Charles-Arthur Boyer, critique d’art, collaborateur à artpress ; Damien Cabanes, artiste plasticien ; François Carbonnier, architecte ; Blandine Chavanne, conservatrice du patrimoine ; Evelyne Chartier, institutrice ; Frédéric Chartier, consultant ; Fabienne Clérin, chargée d’expositions ; Brigitte Cornand, réalisatrice ; Vincent Corpet, peintre ; Alain Coulange, écrivain, critique d’art ; Franck David, artiste ; Benoît Decron, conservateur du patrimoine, historien d’art ; Bernard Delosme, enseignant ; Stéphanie Ditche, artiste ; Jérôme Duwa, écrivain ; Anne-Marie Faucon, artiste ; Jean-Noël Flammarion, éditeur ; Alain Fleischer, écrivain, cinéaste et artiste ; Paul-Armand Gette, artiste ; Josiane Guilloud-Cavat, historienne de l’art ; François Guinochet, amateur et curieux ; Didier Hochart, consultant ; Yves Jammet, médiateur culturel ; Baudouin Jannink, éditeur ; Olivier Kaeppelin, écrivain, critique d’art ; Jason Karaindros, artiste ; Laurent Quénéhen, critique et commissaire d’exposition ; Carlos Kusnir, artiste-peintre ; Vincent Labaume, artiste ; Francis Lacloche, médiateur ; Yvon Lambert, libraire ; Loïc Le Groumellec, artiste ; Ange Leccia, artiste ; Julien Ludwig-Legardez, sérigraphe, Atelier Tchikebe ; Olivier Ludwig-Legardez, directeur, Atelier Tchikebe ; Roberto Martinez, artiste ; Catherine Millet, directrice de la rédaction d’artpress ; Ghislain Mollet-Viéville, expert honoraire auprès des tribunaux, agent d’art, critique d’art ; Bernard Moninot, artiste ; Didier Morin, directeur de la revue Mettray ; Jean-Luc Moulène, artiste ; Michel Nuridsany, écrivain, critique d’art ; Dominique Païni, critique et commissaire d’exposition indépendant ; Raphaëlle Paupert-Borne, artiste ; Jacqueline Philippart, amateur d’art ; Michel Philippart, amateur d’art ; Philippe Piguet, historien et critique d’art, commissaire d’exposition indépendant ; Rudy Ricciotti, architecte ; Jacques Ristorcelli, graphiste ; Paul Ristorcelli, directeur d’école ; Éric Rondepierre, artiste ; Jean-Jacques Rullier, artiste plasticien ; Cécile Savelli, artiste peintre ; Karine Savigny, Association A.I.R (Artiste Invité en Résidence) ; Danielle Schirman, artiste, cinéaste ; Alberto Sorbelli, poète ; Ludwig Trovato, vidéaste ; Frederic Valabrègue, écrivain et critique d’art.

    • Oui et je remarque au passage que Kamel Mennour ex-galeriste de CL n’y figure pas et qu’il a rompu son contrat avec l’artiste sans attendre le verdict.
      enfin selon cette source :
      https://www.gazette-drouot.com/article/politiquement-correct-entre-gomme-et-crayon/20492
      mais selon wikipédia la galerie Kamel Mennour représente toujours CL sur la fiche de CL mais pas sur la fiche de Kamel Mennour

      Aussi il n’y a pas Catherine Deneuve alors qu’elle est très proche de CL selon wikipédia

      Proche de l’actrice Catherine Deneuve, avec qui l’artiste partage la passion du jardinage, ils déclarent, dans un entretien croisé de 201722 :

      « — Catherine Deneuve : Puis on découvre évidemment une histoire plus compliquée. Je suis attirée par les choses qui n’ont pas toujours l’apparence qu’elles semblent avoir. Ou qui peuvent évoluer vers un mystère ou un secret. C’est le cas de vos œuvres. J’aime beaucoup les secrets. Et je les respecte beaucoup. Je ne tiens pas forcément à ce qu’on les révèle.
      — Claude Lévêque : Oui, la partie enfouie. J’aime beaucoup cela aussi. C’est l’ambiguïté du sens qui fait que l’on est attiré par quelque chose. Bien sûr, lorsque je travaille avec la lumière, comme avec mes néons, il y a un aspect féerique. Et quelque chose se révèle, la phrase que je dessine avec la lumière apporte une inquiétude, de l’angoisse. »

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_L%C3%A9v%C3%AAque#Carri%C3%A8re

    • J’étais pas au courrant et j’avais meme jamais entendu le nom de cet artiste. Là je découvre que cet artiste qui allais jusqu’a utiliser des reference à sa pédosexualité dans ses oeuvre etait le représentant du pays à la biennal de venise ... que les institutions le lessaient faire des interventions en ecole primaire et qu’il etait logé à l’hotel dans une seule chambre à lit double quand il se déplacait pour ses expos... Encore un exemple de violophilie institutionnel. Il y a eu des signalement, des plaintes et rien, pas d’enquète mais il est invité et rémunéré à nos frais...

    • La vague #MeToo atteint l’art contemporain. Plusieurs personnes ont, ces derniers mois, confié à Mediapart des accusations de violences sexuelles sur mineurs visant l’artiste Claude Lévêque. Le sculpteur Laurent Faulon en fait partie. Il a, en mars 2019 à Bobigny, puis en juin 2019 à Nevers, déposé plainte contre le célèbre plasticien français pour des faits de « viols sur mineurs de 15 ans et agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans », comme l’a révélé Le Monde dimanche 10 janvier.

      Dans sa plainte de dix pages, que Mediapart a pu consulter, Laurent Faulon évoque, outre sa personne, huit autres mineurs, dont ses deux frères, sur quatre décennies, et jusqu’à une période récente, qui auraient eux aussi subi les agissements présumés de Claude Lévêque (voir notre Boîte noire). Il livre aussi les coordonnées de nombreux témoins potentiels, avec des indications précises de lieux et de dates.

      À la suite de sa plainte, une enquête préliminaire a été ouverte en mai 2019 par le parquet de Bobigny, et confiée à la brigade des mineurs de la Sûreté départementale de Seine-Saint-Denis.

      Sollicité à plusieurs reprises par Mediapart, Claude Lévêque, qui est présumé innocent, n’a pas donné suite. Selon plusieurs sources interrogées par Mediapart, il a indiqué avoir eu une histoire « d’amour » avec Laurent Faulon, à rebours de l’époque actuelle « nauséabonde où tout est amalgamé, où l’amour devient méchant et sale ».

      Son avocat, Emmanuel Pierrat, a diffusé un communiqué dimanche 10 janvier en fin de soirée, dans lequel il annonce avoir déposé deux plaintes contre X dès la fin 2020 pour des faits de « diffamation », ainsi que de « dénonciation calomnieuse et chantage ». En 2015, Claude Lévêque avait déjà été la cible de dénonciations anonymes pour des faits similaires, expose son avocat. « La propagation publique de rumeurs, particulièrement graves, à l’encontre d’homme et de femme accablés a des conséquences irréversibles telles que le suicide », avertit enfin Me Pierrat (on peut lire l’intégralité de son communiqué sous l’onglet Prolonger). Sollicité par Mediapart, l’avocat n’a pas donné suite.

      Né en 1953 à Nevers, dans un milieu modeste, Claude Lévêque est devenu une référence de l’art contemporain français. En 2009, il conçoit le pavillon français de la Biennale de Venise. Il est soutenu par d’importants collectionneurs, en particulier français – à l’instar d’Agnès b., qui expose en ce moment trois de ses photographies dans sa fondation inaugurée en février 2020. Il est représenté par des galeries parisiennes influentes – dont celle de Kamel Mennour, depuis 2007. Celui-ci a annoncé, mardi 12 janvier, dans un communiqué, que « Claude Lévêque a décidé de suspendre sa collaboration avec la galerie Kamel Mennour, qui en prend acte ».

      Ses grandes installations ont été exposées dans la plupart des musées et centres d’art contemporain de France, du Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1982 au Frac de Marseille en 2018, mais aussi à l’étranger (New York, Moscou, Tokyo…). Il a bénéficié en France de nombreuses commandes publiques – ainsi récemment les monumentaux pneus dorés ornant l’escalier du palais Garnier (2019), ou la pluie de fleurs ornant le transept de l’église Saint-Joseph du Havre, intitulée La Tendresse des loups (2020).

      Claude Lévêque à la Biennale de Venise, où il représentait la France, le 4 juin 2009. © Alberto Pizzoli/AFP Claude Lévêque à la Biennale de Venise, où il représentait la France, le 4 juin 2009. © Alberto Pizzoli/AFP
      Mediapart a eu accès à la plainte de Laurent Faulon ainsi qu’à son PV d’audition par les services de police. Le sculpteur nous a également confié son histoire. Depuis février 2020, Mediapart a par ailleurs recueilli plusieurs témoignages détaillés qui font écho au sien.

      Le long récit fait par Laurent Faulon auprès de la justice et de la police est glaçant. Il décrit méthodiquement des mécanismes de séduction et d’emprise qu’aurait mis en œuvre Claude Lévêque sur de jeunes adolescents, dont lui-même, pour obtenir de leur part des relations sexuelles, depuis la fin des années 1970. Laurent Faulon est aujourd’hui âgé de 51ans, et Claude Lévêque de 67 ans.

      Laurent Faulon explique que Claude Lévêque, alors étudiant aux Beaux-Arts de Bourges, et animateur de centre aéré à Varennes-Vauzelles, près de Nevers, se lie d’amitié avec ses parents en 1973. L’apprenti artiste invite souvent chez lui Laurent et ses deux frères. Il passe aussi du temps avec la famille Faulon au complet, comme en attestent des photos d’époque que Mediapart a consultées.

      Premier souvenir marquant, pendant l’hiver 1978-1979, Laurent Faulon, alors âgé de 9 ans, dit avoir assisté chez Claude Lévêque à la projection d’un film, où, selon lui, l’on voyait un garçon de 10 à 12 ans qui se serait masturbé et aurait écarté ses fesses.

      En août 1979, le jour de son dixième anniversaire, alors que ses parents sont au travail, Laurent Faulon est invité chez Lévêque, qui lui aurait alors imposé des caresses sur les cuisses et le ventre, et des baisers dans le cou.

      À l’âge de 13 ans, raconte-t-il, pendant l’hiver 1982-1983, il passe une semaine de vacances dans le nouvel appartement parisien de Claude Lévêque, et aurait subi des attouchements sexuels. À partir des vacances de Pâques 1983, assure le plaignant, il aurait commencé à subir des pénétrations anales.

      De 1983 à 1986, de ses 13 ans à ses 17 ans, Laurent Faulon dit passer la plupart des vacances scolaires chez Lévêque, soit à Paris, soit dans la Nièvre, l’accompagner dans plusieurs expositions à travers la France, et dit avoir subi des pénétrations.

      « Je me suis laissé faire car j’étais tétanisé, sans pouvoir avoir de réaction », explique Laurent Faulon, lors de son audition par un policier de la brigade des mineurs de Seine-Saint-Denis, le 16 janvier 2020. Il dit avoir eu un « sentiment de honte », mais se sentait aussi « flatté » d’avoir été choisi, « d’avoir accédé à une élection ».

      Quant aux rapports sexuels qui auraient suivi pendant plusieurs années, Laurent Faulon a expliqué au policier : « Je n’ai pas exprimé mon refus, je ne me sentais pas autorisé à le faire. Je ne pouvais pas dire non à Lévêque, j’aurais eu le sentiment d’être bête, ringard. J’avais peur qu’il ne s’intéresse pas à moi si je ne me laissais pas faire. »

      Lors de plusieurs expositions, Lévêque le faisait passer pour son assistant, et demandait systématiquement aux organisateurs une chambre d’hôtel et non deux, précise Laurent Faulon lors de son audition. « C’était une autre époque. »

      « Des gens venaient lui rendre visite dans sa maison de campagne, dit Laurent Faulon sur procès-verbal. Il me présentait comme étant le fils d’amis. De mon point de vue, j’avais le sentiment d’être sa petite femme et que tout le monde savait, que ça ne gênait personne. Les gens avaient l’habitude de voir Lévêque entouré de jeunes garçons. »

      À 17 ans, Laurent Faulon a mis un terme à cette relation, explique-t-il. Mais évoluant lui-même dans le milieu de l’art contemporain, il a continué à croiser Claude Lévêque régulièrement.

      Laurent Faulon. © Delphine Reist Laurent Faulon. © Delphine Reist
      Durant de longues années, expose-t-il sur procès-verbal, le sculpteur s’est refusé à mettre des mots sur ce qu’il avait vécu.

      « Pendant longtemps, j’ai pensé que c’était une chance d’avoir rencontré ce type, d’avoir pu changer de classe sociale. Il s’était attaqué à une famille prolétaire, il arrivait avec une promesse de culture, d’évasion […]. À l’époque, je me disais que j’aurais eu une vie de merde si je ne l’avais pas rencontré. »

      C’est progressivement, par étapes, après la mort d’un de ses frères, puis au dixième anniversaire de son fils – âge auquel il assure avoir lui-même été agressé –, et enfin après une dépression, que Laurent Faulon a revisité son passé. Une époque où Claude Lévêque lui faisait lire les textes de Gabriel Matzneff et Tony Duvert.

      « Le processus pour réaliser ce qui m’était arrivé pendant mon enfance a été très long. J’ai pensé m’en sortir pendant longtemps avec la prise de médicaments, avec le fait que l’art était un exutoire », explique-t-il lors de son audition.

      Dans ce qui est devenu son combat depuis deux ans, Laurent Faulon bénéficie de soutiens familiaux. Il est épaulé par sa compagne Delphine Reist, artiste comme lui, par plusieurs personnalités du milieu de l’art contemporain, et par des proches. Dans une attestation destinée aux services de police, dont Mediapart a pris connaissance, sa mère, âgée de 86 ans, exprime ainsi ses remords et son désarroi.

      « Les révélations de Laurent m’ont complètement anéantie. À la suite de cela ma culpabilité est devenue incommensurable. Des mots ont été mis sur mes soupçons, et des mots insupportables à entendre », écrit-elle. « Comment ai-je pu passer à côté de tout cela ? »

      Jusque-là, elle n’avait eu que des doutes sur l’attitude de Claude Lévêque vis-à-vis de ses trois fils. « J’ai eu de nombreuses explications avec lui dès que quelque chose me semblait louche. Toujours il avait de bonnes explications qui balayaient mes doutes et peut-être que dans le fond je voulais peut-être le croire et avoir confiance en lui car j’avais beaucoup d’amitié pour lui », écrit la vieille dame.

      L’un des frères de Laurent Faulon est mort en 1998, à 33 ans, après plusieurs tentatives de suicide. Son autre frère n’a pas donné suite à nos sollicitations.
      Adolescents, Jean et François ont aussi rencontré Claude Lévêque

      Mediapart a pu retrouver la trace de certains des mineurs évoqués dans sa plainte par Laurent Faulon. Parmi eux, Jean et François.

      Jean*, aujourd’hui père de famille, est l’ami d’enfance de Laurent Faulon. « Très vite, c’était en 6e ou en 5e, je crois, Laurent m’a parlé de sa relation avec Claude Lévêque. Je ne connaissais rien au sexe, mais je trouvais ça malsain, raconte-t-il à Mediapart. Laurent n’avait pas l’air d’en souffrir à ce moment-là. Il avait l’air privilégié, Claude Lévêque lui ouvrait un monde merveilleux, la vie d’artiste. Au collège, je me souviens que Laurent faisait des choses bizarres, comme des photos, nu avec Claude Lévêque. »

      Jean affirme aussi qu’il aurait recueilli les confidences verbales du célèbre plasticien quand il l’a, à son tour, rencontré personnellement. « Claude Lévêque se vantait d’avoir réussi à tripoter Laurent presque sous les yeux de ses parents. »

      Jean, qui n’a pas été entendu par les policiers à ce jour, prétend avoir lui-même subi des violences sexuelles de la part de Lévêque, qu’il a rencontré lorsqu’il avait 15 ans. « J’ai été violé par lui plusieurs fois à 17 ans. Je dis viol aujourd’hui, mais à l’époque je me suis laissé faire », poursuit-il. Avec le temps, le regard de Jean sur ces années-là a changé. « J’ai mis 20 ans à me défaire de l’emprise de Lévêque, et plus de 30 ans avant d’en parler », confie-t-il.

      « Claude Lévêque a commencé par me flatter, me complimenter. Si je faisais un petit bricolage, il me disait : “Tu es un artiste, tu es meilleur que moi”, raconte Jean. Il me considérait, il m’écoutait. Lui avait déjà une certaine aura, il commençait à être connu, il avait 30 ans et nous 15. »

      Pour les deux adolescents qu’étaient Laurent et Jean, le morne Nevers des années 1980 est soudain devenu festif. « C’était l’époque du punk, de la provocation. Avec Claude Lévêque, on avait l’impression d’entrer dans un monde privilégié, merveilleux. Il y avait la culture, la musique, les vêtements, il tirait des feux d’artifice la nuit en forêt. J’ai pensé qu’il fallait payer de ma personne, dit Jean. Si on n’était pas comme lui, on était soit facho, soit ringard, soit inculte. Il fallait être à la hauteur. »

      François* explique, quant à lui, sa relation avec Claude Lévêque dans un texte du 25 décembre 2020 remis à Laurent Faulon, et dont Mediapart a pris connaissance. Ce père de famille, qui a lui aussi expressément demandé à rester anonyme, nous en a confirmé le contenu.

      « De l’âge de 15 à 20 ans j’ai été une sorte de faire-valoir de Claude Lévêque.
15 ans c’est l’âge à partir duquel on considère que l’on est capable d’assumer ses choix en matière de sexe. Je ne suis pas homosexuel et je le savais très bien depuis toujours, même si je me suis pris au jeu de le faire croire. Mon histoire est donc difficile à expliquer », écrit François, qui précise que « plusieurs épisodes de cette période ont été complètement effacés de [sa] mémoire ».

      Il y livre sa vision de la personnalité de Claude Lévêque : « Il vous enveloppe dans une chaleur émotionnelle qui, au final, vous emprisonne. À 15 ans, alors que je tentais d’échapper à l’emprise oppressante de ma famille, je suis très facilement tombé sous la sienne. »

      François s’interroge encore aujourd’hui sur sa relation à Claude Lévêque : « Je me suis souvent demandé si je lui en voulais. […]. Je concluais généralement que j’étais l’unique responsable de ma relation avec lui. Je refusais de me voir même comme une demi-victime. Ma souffrance apparente se résume à cette amnésie et au fait que je ne peux parler sereinement de cette période à ma famille. Comment expliquer ma relation pendant cinq ans avec un homme, alors que je ne suis pas homosexuel, et que cet homme était un pédophile… C’est assez difficile à comprendre. […] Cela constitue une sorte de trou noir dans ma vie. »

      En décembre 2018, apprenant que Laurent Faulon se retirait d’une exposition pour ne pas le croiser, Claude Lévêque lui a adressé le courriel suivant, dont Mediapart a pris connaissance : « Ça me désole qu’on soit parvenu à ce point de non retour, tant de temps après une aventure forte à une certaine époque, inavouable aujourd’hui. Les plaisirs se sont transformés en douleur et tristesse. » Puis : « Est-ce un accident de s’être croisé ? D’avoir partagé des moments particuliers et uniques, révélés à ce point haïssables aujourd’hui ? »

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      L’artiste plasticien Jonathan Loppin connaît Claude Lévêque depuis 2004. « C’était un ami proche, et je suis également un ami proche de Laurent Faulon », raconte-t-il à Mediapart. « Début 2019, quand j’ai appris que Laurent avait déposé plainte contre Claude, ça a été un énorme choc. J’ai reconstitué ce à quoi j’avais assisté pendant des années de la part de Claude Lévêque et que je n’avais pas voulu voir. »

      Loppin évoque par exemple un souvenir datant de 2006, lors d’une expo à Château-Thierry, où Lévêque « était tout le temps avec un adolescent de 15 ans qu’il présentait comme son assistant ». Il s’interroge aussi sur l’étrange omerta qui a longtemps prévalu dans le milieu de l’art, à propos de Faulon. « C’est un petit milieu, tout le monde se connaît. Les gens disaient : “Laurent était l’amant de Claude.” Mais personne ne réfléchissait à l’âge qu’avait Laurent Faulon à l’époque ! Il était adolescent. »

      Le 12 mai 2019, Loppin décide de téléphoner à Claude Lévêque, « pour qu’il s’explique ». La conversation aurait duré trois heures. « Claude, visiblement surpris et pris de court, a craqué et s’est mis à sangloter. Il m’a dit que c’était une autre époque, qu’il avait vécu une vraie histoire d’amour avec Laurent, et demandait pourquoi Laurent voulait détruire une si belle histoire. Il m’a dit que si cette “affaire” devait l’empêcher de travailler, il ne lui resterait qu’à en finir. »

      Jonathan Loppin, qui n’a pas non plus été auditionné par les policiers, affirme aussi que Lévêque trouvait « horrible » que Faulon porte plainte, et « détrui[se] une histoire comme ça ». Pendant la conversation, le plasticien a cependant demandé à son ami de « lui proposer une solution pour “réparer” le mal qu’il avait fait ». « Je lui ai dit : “Raconte tout avant que les autres le fassent à ta place. Ne sois pas lâche. Et ça fera du bien à Laurent” », affirme Loppin.

      Les deux hommes échangent ensuite des messages via Facebook, des mails et des SMS que Mediapart a pu consulter. Dans l’un d’eux, via Facebook, Lévêque écrit : « Il y a l’actualité, les retournements, ce que ça déclenche dans les têtes, il y a l’histoire de Laurent, notre histoire, sa version, ce qu’il t’a relaté de l’époque où nous nous étions aimés. Maintenant c’est une autre époque nauséabonde où tout est amalgamé, ou l’amour devient méchant et sale. […] Aide-nous, au lieu d’alimenter tous les prétendants au lynchage qui aboieront anonymement sans rien n’y comprendre du tout. Bien entendu que les merveilleux échanges en un temps peut-être trop idéalisés, transformés ainsi me tueront. »

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      Jonathan Loppin a reçu cet autre message de Lévêque : « Je n’ai jamais agressé personne, j’ai aimé avec mes sentiments, ma tendresse parfois invasive, aussi parce que mes compagnons m’aimaient comme ça. »

      Jonathan Loppin assure par ailleurs avoir prévenu dès le mois de mai 2020 le galeriste Kamel Mennour de la plainte visant Claude Lévêque. Sollicité par Mediapart, Kamel Mennour n’a pas donné suite.

      David*, acteur du milieu de l’art, a rencontré Claude Lévêque dans les années 2000. « Lors d’une de nos premières rencontres, j’avais 19 ans, il m’a dit sur le ton de la blague : “Tu as de la chance, moi qui aime les jeunes, tu as des poils donc tu ne m’intéresses pas.” » Jean nous a tenu des propos similaires : « À 17 ans, les garçons ne l’intéressaient plus. J’étais l’exception. »

      David affirme aussi que Lévêque lui a dit « qu’il avait été très amoureux de Laurent Faulon. Je ne savais pas que Laurent Faulon était adolescent à l’époque ».

      Il indique également qu’il le voyait « souvent avec un pré-ado de 13 ans lors des vernissages ». Là encore, Claude Lévêque l’aurait présenté « comme son collaborateur ». Avant de confier qu’ils avaient eu « des rapports sexuels ». « Pour lui, c’était un trophée, le fantasme absolu. […] Quand le garçon a mis fin à leur relation, à peu près à l’époque de la Biennale de Venise [en 2009 – ndlr], Claude a fait une dépression, ça l’a anéanti », rapporte David. Contacté, ce jeune homme n’a pas donné suite.

      Julie Faitot, directrice d’un centre d’art et compagne de Jonathan Loppin, se remémore un autre épisode troublant, qu’elle a signalé à la justice.

      « Nous avons invité Claude Lévêque dans notre maison le 31 décembre 2013, il devait dormir chez nous, explique la jeune femme à Mediapart. La veille il a appelé en demandant s’il pouvait venir avec son filleul. Il est venu accompagné d’un adolescent qui devait avoir 12 ou 13 ans, il n’avait pas encore mué, et n’avait ni moustache ni barbe. On voulait préparer deux chambres, mais Claude Lévêque a répondu : “De toute façon il a peur, il va dormir avec moi.” Le gamin n’a rien dit. On a mis un matelas d’appoint dans la chambre, où il y avait un grand lit. Je ne sais pas s’ils ont dormi dans le même lit ou pas. »

      Interrogée par Mediapart, une voisine, venue pour le dîner, se souvient avoir trouvé la relation « bizarre ». Julie Faitot : « Le temps a passé, on n’y a plus pensé. »

      C’est cinq ans plus tard, au début de l’année 2019, que l’épisode lui revient quand elle est alertée par la compagne de Laurent Faulon. « Notre fils avait 8 ans. On s’est mis à réaliser. » Le 24 février, Julie Faitot écrit au parquet de Bobigny et au parquet de Nevers – un « signalement de mineur en situation préoccupante » pour lequel elle n’a jamais eu de réponse, et que Mediapart a consulté.

      Elle y décrit la soirée du 31 décembre 2013, et prétend que « Claude Lévêque avait continué à fréquenter cet adolescent pendant plusieurs années, qu’il passait régulièrement ses vacances scolaires chez lui à Montreuil [Seine-Saint-Denis] et dans la Nièvre ».
      Que savait le milieu de l’art ?

      D’autres figures du milieu de l’art nous ont aussi fait part de leurs souvenirs. Certains n’ont rien remarqué, disent-ils. Ainsi le galeriste Éric Fabre, qui expose Lévêque dans les années 1980. Dans un mail du 2 décembre 2020 à Laurent Faulon, dont Mediapart a pris connaissance et dont il nous a confirmé le contenu, le galeriste se remémore cette période : « Claude te présentait à moi, son galeriste. Tu m’avais alors dit que tu faisais avec tes jouets des sculptures. […] Il m’était impossible d’imaginer le drame du viol continu que tu subissais. »

      D’autres proches de Claude Lévêque que nous avons contactés évoquent, quant à eux, une supposée « pédophilie », mais qui n’était alors pas perçue comme « un fait monstrueux ».

      Laure , artiste, raconte : « J’ai connu Claude Lévêque au début des années 1980 dans le milieu de l’art, j’avais une vingtaine d’années. Sa pédophilie était sue mais on ne la considérait pas comme un fait monstrueux, on ne soupçonnait pas de maltraitance. Il n’y avait pas d’obscénité ou de geste de tendresse entre Claude et Laurent, dont je ne connaissais pas l’âge exact, on ne savait pas s’il y avait des rapports sexuels. Claude apparaissait comme un parrain qui lui facilitait sa vie professionnelle. Je comprends aujourd’hui le mal, je ne le voyais pas à l’époque. »

      Claude Lévêque en voyage avec son filleul, à Los Angeles en 2015. © Facebook Claude Lévêque en voyage avec son filleul, à Los Angeles en 2015. © Facebook
      Marie
      a fait la connaissance de Claude Lévêque aux Beaux-Arts de Bourges en 1972 : « Une petite bande d’amis d’environ 10-12 personnes s’est alors formée. Nous sommes restés les uns les autres plus ou moins proches jusqu’à la fin des années 1980. Je connaissais les relations amoureuses successives de Claude, surtout dans les années 1980, avec de grands adolescents, 14-17 ans environ et plus. […] Je ne me suis jamais mêlée de la vie intime de mes amis, même proches. Et aujourd’hui, je suis horrifiée. » Elle se souvient d’avoir vu Laurent Faulon et ses frères, alors adolescents, avec Claude Lévêque.

      Stagiaire au Magasin, centre d’art de Grenoble, en 1997, Romain *, commissaire d’exposition, y a croisé Claude Lévêque, invité pour une résidence. Soulignant la possibilité d’« une complicité institutionnelle », il se remémore : « Il est venu avec un jeune garçon, de 15 ans maximum, un hypothétique assistant. Il n’y avait qu’une seule chambre et un lit pour les deux. Plusieurs personnes ont été choquées mais on a laissé faire. »

      À l’instar de plusieurs personnes qui revisitent leur passé, plusieurs acteurs de la culture s’interrogent désormais sur le sens de certaines œuvres du plasticien et sur la « disparition » des premières, aussi.

      Sur le site internet de l’artiste, la première œuvre répertoriée est une peinture aux accents orientalistes de 1976, montrant un jeune homme nu s’offrant au regard d’un homme en turban. Puis plus rien jusqu’en 1982. À cette période, Claude Lévêque réalisait des courts métrages. C’est l’un d’entre eux que mentionne Laurent Faulon dans sa plainte.

      Peu d’entre eux sont aujourd’hui visibles. L’œuvre la plus récente, Le Marronnier de la garde, a été tournée en 2007 et montre sur un fond musical mêlant rock et ballades d’Adamo et Françoise Hardy, un montage d’images de paysages ruraux, photos de famille et prises de vue d’un jeune garçon, âgé de 13 ans, se léchant le doigt, torse nu ou fumant la pipe.

      Les jeunes modèles, garçons de 10 à 15 ans, peuplent les œuvres des débuts. Ainsi de l’installation Grand Hôtel (1982), souvent présentée comme son œuvre séminale. Présentée à Créteil en 1982, elle a été peu vue depuis. Selon le commissaire d’exposition Éric Troncy, qui connaît Lévêque depuis son enfance, il « la gardait jalousement, un temps, il avait même prétendu l’avoir égarée », écrit-il dans le catalogue de la Biennale de Venise, en 2009. Sollicité par Mediapart, Éric Troncy n’a pas donné suite.

      À gauche, Laurent Faulon dans « Grand Hôte », une œuvre de Claude Lévêque. © DR À gauche, Laurent Faulon dans « Grand Hôte », une œuvre de Claude Lévêque. © DR
      Sur l’un des cadres posés, sur une table recouverte d’un tissu sombre, on peut reconnaître Laurent Faulon, photographié avec un autre adolescent au buste dénudé et le visage peint d’or. D’autres images montrent des « corps nus d’adolescents », selon un article du critique d’art Michel Nuridsany.

      Celui-ci analyse, dans un texte de 1985 paru dans Artpress, une autre œuvre de Claude Lévêque, Anniversaire III (1984), dont l’image a été retirée du site de l’artiste, mais dont subsiste l’URL et que l’on retrouve sur Pinterest. Cette sculpture ornée d’ampoules montre, vraisemblablement d’après une photographie, un garçon nu, le sexe légèrement dressé, devant un château de sable.

      Au fil du temps, son art se fait moins figuratif. Rares sont les enfants qui apparaissent ensuite dans ses œuvres. Seuls exemples : dans Anniversaire (1983), Lévêque ne retient que quatre noms, écrits au néon, surmontant des masses informes, sortes de paysages miniatures : Claude, Laurent, Régis, David.

      L’installation La Nuit, en 1984, montre les bustes auréolés d’enfants nus entourés de tipis. Sur une photo de 1996, on voit un adolescent de 14 ans, le corps recouvert de confiture (Agnès b. en avait alors fait un sac – interrogée par Mediapart, elle n’a pas donné suite). En 2006, il fait intervenir un garçon de 12 ans, dans une performance à Château-Thierry, pour l’exposition « Friandises intérieures ».

      En 2012, à Paris, dans une école élémentaire, il élabore une installation avec des enfants de 6 à 11 ans, et fait notamment poser deux d’entre eux dans l’appartement de fonction du directeur inoccupé, mis à sa disposition et dont il obscurcit les fenêtres. Il y reçoit des enfants par groupes de cinq et va visiter leurs chambres, chez eux. L’un d’eux écrit les mots « J’ai peur », qui seront transposés en néon rouge accroché au-dessus de la porte d’entrée de l’école.

      Petit à petit, dans la « collaboration » de Claude Lévêque avec des enfants, les écritures et dessins transférés de la page au néon vont remplacer leur image, notamment avec des mots qui, si on les associe aux faits supposés dénoncés, glacent le sang : « Je suis venu ici pour me cacher », « J’ris pas, j’pleure pas, j’dis rien », « Je ne regrette rien ».

      Pour Jonathan Loppin, « les écritures qu’utilise Claude Lévêque sont comme des récompenses pour les enfants, dont les gribouillages finissent en œuvres d’art ». La créativité des enfants alimente ainsi non seulement sa production artistique, mais aussi sa renommée et sa cote sur le marché de l’art – sans que l’on sache si les enfants sont rémunérés.

      Une quarantaine d’écritures ont ainsi été réalisées de 2012 à 2020 par un adolescent, entre ses 11 et 19 ans. Dernier en date : le mot Illumination, sur 12 mètres de largeur, a orné le beffroi de Montrouge cet automne.

      Entretenant le mélange entre réel et fiction, Claude Lévêque a ainsi, pour certains, semé des alertes dans son travail plastique : en plus des œuvres des débuts déjà citées, on retient le motif de l’enfermement et de l’emprise dans les cages qu’il a conçues, mobilier ou jouets d’enfants malmenés.

      L’ours Gros Bleu sur la page Facebook de Claude Lévêque. © Facebook L’ours Gros Bleu sur la page Facebook de Claude Lévêque. © Facebook
      Dans certaines œuvres, il montre des peluches qu’il emportait souvent avec lui. « À propos d’elles, il nous racontait : “On s’était échangé des objets’’, comme s’il avait le même âge que les enfants », selon l’artiste Jonathan Loppin.

      Ainsi le hérisson « Boulette », et surtout l’ours « Gros Bleu », qui ont tous deux appartenu à Laurent Faulon. Gros Bleu apparaît dans plusieurs œuvres, comme l’affiche J’ai rien à perdre, je suis déjà mort (1993), mais aussi sur Facebook, dans des posts où Claude Lévêque le montre l’accompagnant lors de ses nombreux voyages. En juin dernier, il a renvoyé les deux peluches à Laurent Faulon, à sa demande. Le colis est arrivé sans un mot.

      Une fois la plainte déposée, la justice a tardé à réagir. Est-ce parce que les faits concernant Laurent Faulon datent de plus de trente ans et seraient a priori prescrits ? Parce qu’il n’avait pas d’avocat à l’époque de son dépôt de plainte ?

      Les auditions de témoins et de victimes potentielles n’ont démarré qu’au compte-gouttes en septembre 2020. Des délais qui s’expliquent par « la charge très importante de la Sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis, les urgences qu’elle doit traiter, et un certain nombre d’investigations nécessaires avant de procéder aux auditions », explique à Mediapart la procureure de la République de Bobigny.

      Le ministère de la culture, alerté par la direction de l’École supérieure d’art d’Annecy, où enseigne Laurent Faulon, a quant à lui réagi en novembre 2020, par un signalement écrit au parquet de Bobigny, au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale. Le ministère de la culture et le parquet de Bobigny le confirment à Mediapart.

      L’avocate Laure Heinich, qui défend Laurent Faulon depuis juin 2020, estime que sa plainte « est la démonstration de la difficulté de survivre aux agressions sexuelles ». « Il lui aura fallu des années pour déposer une plainte qui est aussi une plainte citoyenne pour protéger d’éventuelles autres victimes. Il fait ce que les pouvoirs publics demandent aux citoyens. Comment expliquer dès lors la quasi-absence d’investigations depuis ? Le parquet s’interroge-t-il sur le message transmis à la société qu’il représente ? », demande Me Heinich.

      Laurent Faulon, quant à lui, milite désormais pour que la notion de consentement soit complètement revisitée – notamment l’idée d’un seuil d’âge pour les mineurs en dessous duquel toute relation sexuelle avec une personne plus âgée serait considérée comme un viol. Il plaide aussi pour l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/130121/pedocriminalite-plusieurs-temoins-accablent-l-artiste-claude-leveque?ongle

    • Affaire très similaire à celle de #madzneff
      Un pédo-prédateur sexuel qui agit au grand jour et dont l’oeuvre est construite autour de la sexualisation des mineurs et qui reçoit des aides de l’état. On apprend qu’en 2012 il est invité en résidence 4 mois dans l’école primaire de la goute d’or et qu’il est logé dans l’école et que les gosses pouvaient venir « spontanément » lui rendre visite...

    • CLAUDE LEVÊQUE : MÊME PAS PEUR !
      https://inferno-magazine.com/2012/05/07/claude-leveque-meme-pas-peur

      Claude Lévêque « Seasons in the Abyss » / Du 7 mai au 3 juillet 2012 / Ecole Pierre Budin, Paris XVIIIe.

      Claude Lévêque a été invité en résidence à l’école Pierre Budin dans le quartier de la Goutte d’Or, à Paris. Il a développé, en collaboration avec des enfants âgés de 6 à 11 ans, une installation in situ. Une expérience inédite en France dans une école élémentaire.

      L’appartement de fonction du directeur, actuellement inoccupé, a été mis à la disposition de Claude Lévêque pour qu’il y réalise une exposition qui implique l’ensemble des élèves de l’école. Pierre Perrin, le directeur de l’établissement, est aussi le commissaire de cette exposition. Pour la réaliser, l’artiste a mis en place les conditions d’un dialogue avec les enfants pour l’élaboration du projet, et pour sa réalisation. Les traces lumineuses produites par les phares des voitures au plafond, le soir au moment de s’endormir, Une projection inversée de ce qui se passe en temps réel dans la cour de récréation, sont quelques unes des idées émises qui ont donné à l’exposition sa tonalité. Celle-ci explore l’au-delà du mobilier utilitaire de l’école, en le confrontant à des objets « précieux » prêtés par les enfants ou, plus rarement, choisis par eux dans les dépôts d’Emmaüs où ils se sont rendus avec l’artiste. Des jeux de double et de surfaces réfléchissantes démultiplient ces éléments. L’exposition est intitulée Seasons in the Abyss d’après une chanson des Slayer, un groupe américain de trash métal dont la poésie tourmentée, et les sons puissants, s’écoutent à plein volume. Cette évocation des profondeurs abyssales renvoie aussi à des lieux obscurs dans lesquels les repères spatiaux se brouillent. La bande son de l’exposition, en revanche, ajoute un élément céleste, avec des piaillements superposés d’oiseaux stridents et convulsifs .

      Dans l’appartement aménagé de pupitres et de chaises d’écoliers récupérés à la Mairie de Paris, Claude Lévêque a reçu successivement des petits groupes de cinq enfants, lors de séances préparatoires . Il a simultanément mis en place des ateliers d’écriture pour la réalisation de néons, invitant les enfants à écrire de la « main contraire », soit gauche pour les droitiers, et vice et versa. Durant les quatre mois de sa résidence, il a participé à certains repas collectifs à la cantine, pour le plus grand plaisir des enfants qui pouvaient, par ailleurs, lui rendre visite spontanément à l’appartement, selon des horaires définis avec les enseignants . Pour s’imprégner encore davantage de leurs univers, il a visité des chambres d’enfants . Bien que la Goutte d’Or abrite aussi des personnes particulièrement défavorisées, le quartier est classé Zone Urbaine Sensible (ZUS), ce sont les familles les plus aisées qui l’ont reçu. Par contre, les enfants se sont investis dans le projet indifféremment de leurs conditions sociales. Certains d’entre eux manifestant une aptitude particulière à appréhender le travail de Claude Lévêque, qui leur avait été présenté à la galerie Kamel Mennour, lors de l’exposition Basse Tension, et à travers des DVD, et des catalogues. Ils ont également visité le Musée du Louvre avec l’artiste.

      Le parcours qui résulte de ce processus commence déjà dans la rue Pierre Budin. Les mots J’ai peur , en lettres de néon rouge placés sur la partie supérieure vitrée de la porte d’entrée du bâtiment, accueillent le visiteur. Cette écriture manuscrite d’Amine, un élève de CE2, évoque les punitions scolaires (d’autrefois), une violence ordinaire toujours actuelle, tout en rappelant que les enfants aiment aussi les histoires qui font un peu peur. Elle opère aussi comme une clefs d’entrée à l’espace fictif de l’exposition, en conférant un aspect cinématographique à la rue. Cette porte franchie, un couloir étroit aux murs jaunis conduit à la cours de récréation délimitée par les bâtiments scolaires et plongée, ce jour-là, dans un silence provisoire. Sur la gauche, un escalier mène au 1er étage où se trouve l’appartement traversant du directeur. Il est composé de trois chambres côté rue, d’un salon côté cour, d’un réduit et d’une cuisine (non investie), soit six pièces articulées autour d’un couloir. Dotées d’un plafond haut, de parquet en bois, et de fenêtres barbouillées de traces de peinture noire et mate qui filtrent la lumière du jour, elles sont plongées dans une semi-obscurité. Dans le réduit, un château fort miniature posé au sol, baigne sous un puits de lumière naturelle. Dans le salon attenant, une ampoule suspendue par un long fil électrique éclaire les vestiges d’un jouet en plastique de couleur pastel,un château-nuage Barbie caractéristique de ceux réservés aux filles. Les surfaces nacrées forment, en s’entrelaçant, un cercle qui brillent sous la lumière artificielle comme un nid de serpents, ou de guimauves géantes. La présence des enfants, jusque-là suggérée par des traces discrètes, se manifeste plus ouvertement dans les trois chambres côté rue où des pupitres, des bancs et des chaises sont empilés de manière chaotique, à la limite du déséquilibre.

      Des boules à facettes, placées par paires à la hauteur des yeux des adultes, et à celle des enfants, projettent sur les murs, en tournant sur elles-mêmes, des particules de lumière. Des miroirs sans teint réfléchissent, en les démultipliant, d’innombrables petits objets du quotidien confronté au matériel scolaire anonyme. Une étoile de Noël éteinte au sol, un petit piano noir, des coupes de vainqueur, un doudou vert, l’image d’un clown dans un cadre, une voiture jaune posée sur un pied de table jaune, deux wagons de train miniatures, une mappemonde, une minuscule chaise rose à côté d’une grande lampe de chevet, un nounours à la mer, une voiture clignotante… Nichés dans chaque recoin, comme dispersés suite à une douce tempête , ces objets forment des micro fictions, pareilles à celles que l’on trouve dans les chambres d’enfant. Des espaces sensibles et sophistiqués, dans lesquels le vocabulaire enfantin qui fusionne avec celui de Claude Lévêque, aurait pu inspirer à Charles Baudelaire cette phrase : « Le génie, c’est l’enfance retrouvée à volonté »

      Josiane Guilloud-Cavat

      Seasons in the Abyss / Du 7 mai au 3 juillet 2012 / Ecole Pierre Budin 5, rue Pierre Budin 75018 Paris / M° Château Rouge – ligne 4 ou Marcadet Poissonniers

  • Que faire de la bête qui dort en nous ? - Ép. 1/4 - Claude Chabrol dissèque le réel
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/les-chemins-de-la-philosophie-emission-du-lundi-11-janvier-2021


    Très chouette décryptage du film

    Plongée dans le #cinéma abominable et sublime de #Claude_Chabrol, l’entomologiste du réel, en commençant par « Le Boucher », film grotesque sorti en 1970, qui cherche à révéler toute la vérité sur les rapports humains. Qui sommes-nous, face à ce spectacle monstrueux ?