#coût_du_capital

  • Formation brute de capital fixe (FBCF) - Eco(dé)mystificateur
    http://ecodemystificateur.blog.free.fr/index.php?post/Formation-brute-de-capital-fixe-%28FBCF%29


    ❝Une nouvelle définition pour mon dictionnaire, tirée d’un texte très intéressant de Laurent Cordonnier publié par le Monde Diplomatique.

    Pour comprendre de quoi il est question, il faut distinguer entre deux notions de coût du capital : le coût économique et le coût financier. Le coût économique est l’effort productif nécessaire pour fabriquer les outils et, plus largement, l’ensemble des moyens de production : machines, immeubles, usines, matériels de transport, infrastructures, brevets, logiciels… Cet effort productif représente en quelque sorte le « vrai » coût du capital, celui qu’il faut nécessairement dépenser en travail pour fabriquer ce capital, entendu ici dans le sens « capital productif ». La mesure de cet effort (sur une année, par exemple) représente ce qu’on appelle plus couramment les dépenses d’investissement, et que les comptables nationaux nomment la formation brute de capital fixe (FBCF). Ces dépenses représentent à peu près 20 % de la production annuelle des entreprises françaises.

    Mais ce coût de production du capital productif, mesuré à son prix d’achat, n’est pas le seul à peser sur les entreprises. Lorsqu’elles veulent acheter et mettre en œuvre ces moyens de production, elles doivent de surcroît rémunérer les personnes ou les institutions qui leur ont procuré de l’argent (argent appelé aussi « capital », mais dans le sens financier cette fois). Ainsi, au « vrai » coût du capital s’ajoutent les intérêts versés aux prêteurs et les dividendes versés aux actionnaires (en rémunération des apports en liquide de ces derniers lors des augmentations de capital, ou lorsqu’ils laissent une partie de « leurs » profits en réserve dans l’entreprise).

    Or une grande part de ce coût financier (les intérêts et les dividendes) ne correspond à aucun service économique rendu, que ce soit aux entreprises elles-mêmes ou à la société dans son entier. Lorsqu’on retranche de l’ensemble des revenus financiers les deux composantes qui peuvent se justifier, risque entrepreneurial et coût d’administration, on obtient une mesure de ce que l’on peut appeler une rente indue. On peut la désigner comme un « surcoût du capital », du fait qu’il s’agit d’un coût supporté par les parties prenantes internes à l’entreprise qui vient surcharger inutilement le « vrai » coût du capital. Et ce surcoût qui n’est ni nécessaire ni fatal est considérable comme expliqué en détail dans l’article de Laurent Cordonnier.
    Annexes

    #économie
    #cout_du_capital
    #FBCF formation brute de capital fixe

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » Retraites : l’alternative existe
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/08/28/retraites-lalternative-existe

    Presque toutes les dispositions prises en 1993, 2003 et 2010 sont tenues pour acquises : sous-indexation des pensions par rapport aux #salaires, calcul des pensions sur la base des 25 meilleures années au lieu des 10 pour les salariés du privé, et, par dessus tout, allongement indéfini de la durée de #cotisation.

    Tout cela au nom de l’allongement de l’espérance de vie qui condamnerait l’humanité à travailleur toujours plus longtemps : tout gain d’espérance de vie serait partagé entre 2/3 au travail et 1/3 à la retraite. Les générations de 1955 et 1956 doivent déjà cotiser 41,5 ans et celle de 1957 devra cotiser 41,75 ans, en application de la loi de 2010. La réforme Ayrault prolongera cette tendance au-delà de 2020 pour atteindre 43 ans en 2035, en dépit d’un #chômage croissant qui touche jeunes et vieux, et en dépit d’une baisse des #pensions à cause de la difficulté d’obtenir une #retraite à taux plein. Le calendrier sera le suivant : 42 ans en 2023, 42,25 ans en 2026, 42,5 ans en 2029, 42,75 ans en 2032, et 43 ans en 2035 pour la génération de 1973. « Entre 2020 et 2035, nous poursuivrons l’augmentation de la durée de cotisation, au rythme d’un trimestre tous les trois ans », a déclaré le Premier Ministre.

    Or l’#espérance_de_vie_en_bonne_santé, c’est-à-dire sans incapacité, est en train de diminuer. Elle est passée entre 2008 et 2010 de 62,7 ans à 61,9 ans pour les hommes et de 64,6 ans à 63,5 ans pour les femmes. Cette évolution n’est-elle pas due à l’aggravation générale des conditions de travail constatée par toutes les enquêtes de terrain ? La prochaine étape sera-t-elle de voir l’espérance de vie diminuer, comme c’est le cas aux Etats-Unis ?

    L’idée de travailler toujours plus va l’encontre de toute l’histoire humaine, qui a consisté à accompagner le progrès social par la #réduction_du_temps_de_travail, au fur et à mesure que la productivité du travail le permettait et que les luttes sociales arrachaient à un #patronat toujours récalcitrant des améliorations des conditions de travail et de vie.

    Les tabous du financement

    Le gouvernement a choisi de relever légèrement les cotisations plutôt que d’augmenter la CSG. Les cotisations salariales et les cotisations patronales seront augmentées de 0,15 point en 2014, puis de 0,05 point pour les trois années suivantes. En 2017, la hausse atteindra 0,3 point pour chacune, et cela dans tous les régimes de retraite.

    Ce choix est révélateur de l’ensemble de la philosophie derrière laquelle se range le gouvernement. Il entérine le mode de répartition que le capitalisme néolibéral a imposé depuis plus de trois décennies : tous les acquis sociaux doivent être réduits au nom de la compétitivité et de la rentabilité, en même temps que les salaires directs ne doivent plus progresser au rythme de la productivité.

    Rappelons l’essentiel[3] : un déplacement de la valeur ajoutée en faveur du capital est intervenu au cours des trente dernières années. La part de la masse salariale a perdu 5 points de valeur ajoutée par rapport à la situation d’avant le néolibéralisme, tandis que celle du capital a grossi d’autant : à titre illustratif, la proportion de la valeur ajoutée dans les sociétés non financières distribuée aux actionnaires est passée de 5 % à plus de 9 %. Comme ces sociétés non financières représentent environ 55 % du PIB total, la manne annuelle supplémentaire dont bénéficient les propriétaires du capital est de l’ordre d’une cinquantaine de milliards d’euros par an. Ce fait peut être mis aussi en évidence par le fait que le montant des dividendes représentait l’équivalent de 7 % de la masse salariale en 1960, moins de 4 % à la fin des années 1970 et 13 % en 2010.[4]

    Mais un deuxième fait vient renforcer cette tendance. Une étude récente réalisée par des chercheurs du CLERSE de l’Université de Lille 1 a chiffré le « surcoût du capital » pour la collectivité.[5] Au-delà du coût « normal » du capital investi en équipements (mesuré par l’amortissement et l’investissement, ce que la comptabilité nationale appelle la formation brute de capital fixe) et de la compensation du risque constitué par l’investissement, sont versées aux rentiers des sommes exorbitantes caractéristiques du capitalisme financier. L’étude évalue ces rentes autour d’une centaine de milliards par an, essentiellement sous forme de dividendes et d’intérêts : exactement 94,7 milliards pour l’année 2011[6]. Le surcoût du capital constitué par ces rentes indues représente 50 à 70 % au-delà du coût « normal » dû aux équipements productifs, selon les auteurs de cette étude.

    Retenons cet ordre de grandeur : une centaine de milliards d’euros, c’est-à-dire 5 % du PIB actuel, sont distribués sous forme de rentes totalement inutiles à la société, et même nuisibles puisque ces revenus sont en grande partie immédiatement recyclés dans les circuits financiers, renforçant le risque d’instabilité, de spéculation et, au final, de crise. À titre d’indications complémentaires, les ménages – surtout les plus aisés – ont reçu 127,7 milliards de revenus nets de la propriété en 2011[7].

    La branche de l’alternative opposée à la réforme Ayrault consisterait donc à placer le curseur de la répartition des revenus dans l’autre sens, par le biais d’une hausse des cotisations véritablement à la hauteur des besoins sociaux. Pour éviter le sempiternel lamento sur le « coût du travail », il s’agirait d’élargir l’assiette des cotisations sociales en y incluant les dividendes, qui cotisant ou pas, seraient de toute façon distribués. Autrement dit, il s’agirait de réduire le #coût_du_capital imposé à la société.