À partir des années 2000, plusieurs essais cliniques démontrent une efficacité. Censée orienter les prescriptions médicales, la Haute Autorité de santé estimait ainsi en 2010 que « le traitement par statines diminue le risque de mortalité de 10 % [celui] d’événements cardio-vasculaires de 15 à 23% ». Mais ce travail a été contesté à cause des liens d’intérêt des experts avec l’industrie. Plus indépendantes, les conclusions de la collaboration #Cochrane et celles de la revue #Prescrire reconnaissent l’efficacité des statines. « Elle est modeste », nuance le Dr Bruno Toussaint. Et le patron de Prescrire de rappeler que « toutes les statines ne se valent pas ».
« Les statines préviennent les récidives d’infarctus. Le scandale, c’est de les prescrire à des gens bien portants », martèle le Dr Dupagne. En France, les médecins ont longtemps eu la main lourde sur les médicaments anti-cholestérol. « Nous avons prescrit trop de nouvelles drogues, en particulier le Crestor, le plus cher, qui n’a pas d’effet sur la mortalité. Il vaut mieux utiliser des génériques moins chers et efficaces », reconnaît un ponte de la cardiologie. « La structure de consommation des statines demeure en décalage avec les recommandations sanitaires et très éloignée de celle des autres pays européens », reconnaissait l’Assurance maladie en 2013. « Aujourd’hui, dans ma spécialité, on donne des statines après un infarctus et plus avant », témoigne le cardiologue marseillais et blogueur Jean-Marie Vailloud. Faut-il également traiter les personnes à très haut risque, sans antécédents, comme le conseillent les recommandations américaines et la Haute Autorité de santé ? « Il faut regarder au cas par cas », estime Bruno Toussaint, qui rappelle que le meilleur moyen de diminuer son risque cardio-vasculaire est de se mettre au régime méditerranéen. Double avantage du changement de mode de vie : son absence d’effets secondaires quand les statines peuvent causer des atteintes musculaires, voire déclencher un diabète.