• J. Sapori : « La police nationale traverse une crise sans précédent sous la Cinquième République » - Actu-Juridique
    https://www.actu-juridique.fr/justice/j-sapori-la-police-nationale-traverse-une-crise-sans-precedent-sous-l

    En 2023, le nombre d’homicides a passé la barre symbolique du millier, en progression de 19% sur quatre ans !

    #homicides #brutalisation #police #cogestion #syndicats_policiers #maintien_de_l'ordre #police_judiciaire #atteintes_aux_personnes #grande_criminalité

    • La monsieur envisage les stratégies de réforme possibles : virer la police et tout miser sur la gendarmerie

      Entre continuer à ne rien faire et entamer un bras de fer périlleux avec les syndicats, il resterait, pour le ministère, la possibilité d’une stratégie médiane, écartant à la fois la stagnation mais, aussi l’hypothèse d’une réforme ambitieuse. Je m’explique. La Police Nationale et la Gendarmerie Nationale sont deux institutions conçues « en miroir », chacune disposant de services qui, dans une certaine mesure, doublent ceux de l’autre « maison ».

      Les Groupements Départementaux de la Gendarmerie sont des alter ego des Directions Départementales de la Police, la Gendarmerie Mobile l’est des CRS, tandis que les Sections de Recherche sont des duplicatas des services territoriaux de la Police Judiciaire. Il serait finalement assez aisé de renforcer les structures de la Gendarmerie au détriment de celles d’une Police Nationale considérée désormais comme ingouvernable. Je ne sais pas si cette stratégie sera mise en œuvre (elle risquerait de faire « tiquer » Bercy : un gendarme, ça coûte environ 25 % plus cher qu’un policier, puisqu’il est logé) mais de toute manière, même si c’était le cas, elle ne sera pas annoncée. Il existe quand même un voyant, qui permettra de constater que le processus est amorcé : l’évolution des effectifs des Sections de Recherche de la Gendarmerie, destinées peut-être, à terme, à remplacer l’antique Police Judiciaire dans la lutte contre la grande criminalité.

    • Ce commissaire divisionnaire retraité dit plutôt redouter que cela arrive (tout en espérant que cela coûte trop cher pour que ce soit fait) et qu’une police efficace nécessite un ministre qui ne soit pas un paltoquet de communicant mais un politique (Joxe pour modèle), l’instauration (ou réinstauration) de directions centrales de services et fonctions policières spécialisés, des formations elles-aussi adaptées à la spécificité des missions sans prétendre à une polyvalence aussi générale que vide de contenu, et prône la sempiternelle « simplification des procédures ».

  • CGT : Sophie Binet succède à Philippe Martinez, Clotilde Mathieu
    https://www.humanite.fr/social-eco/congres-de-la-cgt/cgt-sophie-binet-succede-philippe-martinez-789097

    La conseillère principale d’éducation (CPE) a été élue ce matin secrétaire générale de la confédération. Elle est la première femme à accéder à cette fonction en 128 ans d’existence du syndicat.

    La troisième tentative aura été la bonne. Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT des ingénieurs, cadres et techniciens (Ugict-CGT), est désormais le nouveau visage de la confédération. Elle succède à Philippe Martinez comme secrétaire générale de la CGT. La conseillère principale d’éducation (CPE), née en 1982, par ailleurs chroniqueuse du monde du travail pour l’Humanité magazine, est la première femme à accéder à cette fonction, en 128 ans d’existence de la centrale syndicale. La candidate désignée avant le congrès, Marie Buisson, n’est pas parvenue à s’imposer. Le bureau confédéral qu’elle avait présentée dans la nuit a été rejeté à 6 voix près par le "parlement" de la CGT, le comité confédéral national (CCN). S’en est suivie une proposition portée par Céline Verzeletti à l’exécutif confédéral, sans qu’elle soit soumise au vote du CCN.

    Céline Verzeletti, Laurent Brun et Sébastien Menesplier au bureau confédéral

    Après une nuit de discussions, une troisième proposition conduite cette fois par Sophie Binet a émergé au lever du soleil, composée de Céline Verzeletti [la matonne], secrétaire générale de la CGT de la fonction publique d’Etat, mais aussi de Laurent Brun [hostile à l’écologie au nom de l’emploi], secrétaire général de la CGT cheminots, Catherine Giraud, secrétaire générale de l’union départementale (UD) de la Vienne, Nathalie Bazire, secrétaire générale de l’UD de la Manche, Sébastien Menesplier, secrétaire général de la CGT mines-énergie, Boris Plazzi, membre du bureau confédéral sortant, Gérard Ré, de l’UD des Alpes-Maritimes, Mireille Stivala, de la fédération santé-action sociale, et de Thomas Vacheron, membre de la direction sortante de la CGT. Cette proposition a été adoptée par le CCN à 64 voix pour, 39 contre et 11 abstentions.

    La veille, le débat des congressistes autour de la composition de la nouvelle commission exécutive confédérale (CEC), dont sont statutairement issus le bureau confédéral et la secrétaire générale, s’était déroulé dans le calme. Plusieurs intervenants, dont beaucoup de primo-congressistes, avaient pris le micro pour demander à leurs camarades d’élargir la proposition de CEC à de nouvelles candidatures, comme celle d’Olivier Mateu, secrétaire général de l’UD des Bouches-du-Rhône. Une volonté partagée par Céline Verzeletti. Au micro, la surveillante pénitentiaire avait envoyé un message aux militants réunis en conclave, en donnant sa vision du travail de direction : « C’est avant tout un collectif et non une personne qui doit incarner la CGT ». Louant une organisation « plurielle », la responsable syndicale élue au bureau confédéral, cette nuit, avait appelé à sortir du congrès avec une confédération « unie » et « offensive ».

    Sophie Binet : Défis pour le syndicalisme , 5 janvier 2023
    https://www.humanite.fr/social-eco/sophie-binet/sophie-binet-defis-pour-le-syndicalisme-776897

    (...) une réflexion approfondie sur les transformations du salariat s’impose. Les salarié.e.s n’ont à la fois jamais été aussi nombreux mais également fragmentés. Alors que la catégorie ouvrière a longtemps constitué le centre de gravité du salariat, les employés sont maintenant les premiers en nombre et les cadres et professions intermédiaires représentent près de 50 % du salariat. Les luttes ne peuvent donc plus se construire en solidarité avec une catégorie centrale mais doivent faire converger les revendications spécifiques à chacune et s’adresser aussi à tou.te.s les précaires. Ceci exige des pratiques démocratiques renouvelées permettant de répondre au souhait d’implication directe qui préside souvent à l’émergence des coordinations.

    vignettes cégétologiques récentes
    https://seenthis.net/messages/996191
    edit : il se confirme qu’outre sa participation au BN de l’UNEF en 2006, Sophie Binet est « passée par le PS ».

    #CGT #Congrès_CGT #travail #femmes #salariat #syndicat #précaires #écologie

    • RETRAITES : AVEC LES VIOLENCES, « MACRON JOUE UN JEU DANGEREUX », Sophie Binet
      https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/retraites-avec-les-violences-macron-joue-un-jeu-dangereux

      Après deux mois de mobilisation, nous avons voulu donner la parole à des opposants de la réforme des #retraites, en première ligne sur les plateaux télés : comment ces acteurs de la mobilisation analysent la couverture médiatique du mouvement social ? De quelle manière décident-ils de prendre la parole dans les #médias et sur quels critères ? Quel regard portent-ils sur le récit médiatique et politique de la contestation ? Trois acteurs de la contestation ont accepté notre invitation

      note la vidéo de fin de congrès CGT qui précède est bien triste. si la direction sortante mise en minorité sur son bilan a réussi au finish a se conforter par ce choix de dernière minute, une fois passés les préliminaires destinés à refaire « l’unité » (mais... "l’unité est combat" a-t-on coutume de dire dans le syndicat), les thèmes mis en avant par la secrétaire générale (féminisme, écologie, champs de syndicalisation) ne recueillent que de peu nombreuses réactions polies. elle doit sans cesse utiliser des marqueurs plus standards (camarades / réindustrialisation / on lâche rien) et acceptables (jusqu’au retrait). même le désaveu implicite de l’invocation par Martinez d’une « médiation » avec le gvt sur les retraites au sortir de la dernière manif (raison majeure du vote initial de défiance) ne lui vaut guère de succès. le terme de #grève reconductible n’est employé que pour parler des (rares) secteurs où elle a déjà lieu, et pas comme un objectif du travail syndical immédiat.
      il faut attendre des lectures plus informées sur ce congrès. et voir ce qui se passera avant le 6 avril.

    • Lors de ce congrès, Murielle Morand (Fédération Chimie) a interpellé Philippe Martinez de façon spectaculaire en lui reprochant de mener « une médiation [avec le pouvoir] , alors que les travailleurs sont dans la rue » sachant qu’il n’avait pas reçu le mandat pour le faire.

      https://seenthis.net/messages/996520

      Voilà une forme de critique – vieille comme le monde des militants – pour dénoncer les dérives bureaucratiques au sein de l’appareil, notamment lorsque des « responsables » s’expriment ou agissent sans prendre en compte l’avis des militants.

      J’ai moi-même employé cet argument notamment lorsque je me suis exprimé au nom de mon syndicat pour affirmer notre désapprobation quand des personnalités de la CGT – dont le secrétaire de notre fédération (pas vraiment pro-Buisson, aujourd’hui) – avaient appelé à voter Macron au second tour de l’élection présidentielle de 2017 :

      https://cgt-territoriaux-leslilas.org/Lettre-ouverte-suite-a-l-election-presidentielle-de-2017

      Force est de reconnaître que l’argument de « l’absence de mandat », aussi légitime soit-il, est surtout mis en avant quand « la direction » (quel que soit le niveau concerné) prend une décision qui hérisse le poil de la tendance oppositionnelle, si ce n’est celle de « la base ».

      Je ne suis pas sûr que la camarade Morand se serait exprimée avec autant de véhémence si Martinez avait défendu, dans les mêmes conditions, c’est à dire, sans avoir reçu de mandat explicite, un positionnement inverse : refuser la médiation (le positionnement qu’il aurait fallu avoir, néanmoins, de mon point de vue).

      On me dira peut être, comme je l’ai entendu à propos de la candidature Buisson (défendue par Martinez), que la « non médiation » représente la tendance « naturelle » de la CGT. La direction incarnerait, toujours selon le même point de vue, le « réformisme ». Donc l’opposition à Martinez (Mateu) serait « révolutionnaire » ?

      Quelle bonne blague : la direction de la CGT est, quoi qu’on en dise, à l’image de l’organisation. Elle n’est en rien révolutionnaire. Il n’y a que des personnes qui se meuvent dans un entrelacs d’organisations et de pratiques plus ou moins combatives, plus ou moins institutionnelles et, parmi elles, une bonne partie de camarades salarié·es qui n’ont en réalité pas grand-chose à faire de toutes ces péripéties.

      Comment ignorer que certaines instances de la CGT (notamment les organismes de formation) ont structurellement intérêt au maintien des institutions économiques et politiques pour qu’elles continuent de fonctionner ?

      Comment ignorer qu’un certain nombre de militants permanents, quelle que soit la position défendue – pro direction confédérale ou oppositionnelle – sont financièrement dépendant de l’organisation syndicale à laquelle ils sont directement rattachés (Fédération, Union départementale et Union régionale, notamment) ? Dans ces conditions, la liberté d’orientation est toute relative. Peu importe si l’orientation en question est soit-disant « révolutionnaire » ou « réformiste ». Des militants peuvent être contraints tout simplement, comme dans n’importe quel boulot, de rester dans leur milieu militant et d’adopter le comportement qui leur permette d’assurer leur revenu. Quand ils sortent de ce milieu, notamment pour cause de désaccord, ils n’ont souvent d’autres choix que de s’en couper brutalement, complètement essorés, abandonnant le plus souvent toute velléité de lutte sociale.

      Croit-on sérieusement, tel qu’il m’a été donné l’occasion de le lire ou de l’entendre, que le rattachement à la FSM représente un enjeu prépondérant de lutte de classe à la CGT ? Sur quelle planète vivent ces gens soit-disant « révolutionnaires » ?

      Comment ignorer que dans l’organisation très particulière de la CGT - un fédéralisme obéissant aux logiques du centralisme démocratique, ce qui lui donne parfois des allures de féodalisme – on trouve des fédérations (énergie et chimie, notamment) ainsi que certaines UD dont le poids influence fortement les orientations confédérales ? Rien que cela est une contradiction totale avec le fédéralisme.

      On peut apprécier les psychodrames – et la CGT les adore – il n’en reste pas moins que les conflits au sein de la direction de la CGT, lors de son 53e congrès, ont été déterminés par un certains nombre de faits incontestables :

      Les enjeux, bien réels, de la lutte sociale immédiate autour des retraites représentent effectivement ce qui permettra ou non à la CGT de se ressouder mais je ne pense pas, en dépit des mises en scènes, que ces questions ont représenté les clivages les plus déterminant lors de ce 53e congrès.

      La candidature Buisson a été essentiellement torpillée parce qu’elle représentait une ouverture de la CGT à la fois aux thèses écologistes et féministes :

      https://seenthis.net/messages/991262

      Il est incontestable que ces orientations, défendues par Martinez, avant le congrès, ont été menées sans forcément respecter les règles démocratiques vis à vis des organisations de la CGT, mais les mêmes règles n’ont pas été respectées, non plus, lors des précédents mandats et de façon générale, elles ne le sont pas, dans l’organisation confédérale, depuis des lustres, si ce n’est depuis toujours, sans pour autant déclencher de telle bronca.

      Il est tout aussi incontestable que certaines organisations – celles évoquées ci-dessus – se sont montrées particulièrement réfractaires à ces ouvertures et pour cause : des casseroles pour harcèlements sexistes et un positionnement productiviste et pro nucléaire pour le moins borné.

      Tant que la logique de production sera, à ce point, associée à « la défense de l’emploi » on ne s’en sortira pas et la CGT en crèvera. On ne vit pas pour le travail et encore moins pour l’emploi.

      Il faut évidemment combattre radicalement l’exploitation et la misère organisée par la technocratie écolo-libérale qui fait reposer sur les plus pauvres la « transition verte » – on a eu les gilets jaunes, pour bien le comprendre – mais cela ne peut et ne doit en aucun cas se faire en continuant de cautionner la logique productiviste des patrons et de l’État qui nous conduit tous, le prolétariat en première ligne, dans le mur.

      Ce matin, quand j’ai appris que Sophie Binet était la nouvelle SG de la CGT j’ai envoyé un message aux membres de mon ancien syndicat en leur indiquant qu’il s’agissait, de mon point de vue, de la meilleure candidature. Je le pense sincèrement.

      J’ai lu qu’on lui a déjà taillé un costume de social-traître, sous prétexte qu’elle est à la direction d’une organisation de cadres (UGICT) et dans la foulée, on enchaîne une autre ritournelle cégétiste, soit-disant ouvriériste : opposer les cadres (surtout quand il s’agit de femmes) aux « vrais travailleurs ». Moi, je n’ai pas oublié que ce sont des cadres (avec une présence féminine prépondérante) qui ont réactivé mon syndicat périclitant, avant que je le rejoigne. Ces camarades ont décidé de transformer leur syndicat de cadres en syndicat unique, ouvert à toutes les catégories. Dans la fonction publique, tout le monde sait que les cadres sont autant en souffrance que les autres.

      Je ne me fais aucune illusion sur les suites de ce congrès, pas plus que sur la CGT, car je suis convaincu depuis toujours que l’essentiel de ce qu’il faut attendre d’une réelle mise en cause du capitalisme dépasse de loin les enjeux structurels de cette vénérable organisation mais ce qui s’y passe ne me laisse pas indifférent. C’est une partie de mon parcours de lutte, de solidarité et de partage d’humanité.

    • Comment la CGT a placé par surprise Sophie Binet à sa tête | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/310323/comment-la-cgt-place-par-surprise-sophie-binet-sa-tete

      Comment la CGT a placé par surprise Sophie Binet à sa tête

      Le nom de la dirigeante du syndicat des cadres de la CGT, militante féministe reconnue, n’était pas envisagé pour succéder à Philippe Martinez. Jusqu’à ce que l’opposition entre la direction sortante et les tenants d’une ligne dure aboutisse à une impasse, dans la nuit de jeudi à vendredi.

      https://jpst.it/3a8kM

    • « C’est une très mauvaise nouvelle pour le gouvernement » : ce que change l’élection de Sophie Binet à la tête de la CGT dans la lutte contre la réforme des retraites
      https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des-retraites/c-est-une-tres-mauvaise-nouvelle-pour-le-gouvernement-ce-que-change-l-e

      Après une semaine de congrès houleux, Sophie Binet, première femme à diriger la CGT, aura la lourde tâche de recoller les morceaux d’un syndicat profondément divisé. « C’est un choix de compromis, qui permet de résoudre les tensions internes à l’organisation, ou du moins les oppositions à la direction sortante de Philippe Martinez », explique à franceinfo Pierre Rouxel, maître de conférences en sciences politiques et spécialiste du syndicalisme. Engagée sur les questions environnementales et coautrice du livre Féministe, la CGT ? Les femmes, leur travail et l’action syndicale (éditions de l’Atelier, 2019), elle apparaît moins radicale qu’Olivier Mateu ou Céline Verzeletti, dont les noms étaient cités pour prendre la tête de la CGT.

      "Personne n’avait intérêt à rompre l’intersyndicale"

      Avec Sophie Binet, l’avenir de l’intersyndicale semble s’inscrire dans la continuité. « Le fait que la voix du compromis ait triomphé rend peu probable à court terme toute fracturation de l’intersyndicale », analyse ainsi Pierre Rouxel. « Personne n’avait intérêt à la rompre, y compris les plus farouches opposants à la ligne de Philippe Martinez », abonde Maxime Quijoux, sociologue au CNRS et au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam).

      "On évite une crise assez forte à la CGT, donc on évite une catastrophe qui aurait pu emporter de façon directe ou indirecte l’intersyndicale."

      Son élection a été saluée par d’autres syndicats, à l’instar du secrétaire général de l’Unsa, Laurent Escure. « Je veux dire que je suis très heureux pour elle », a-t-il écrit sur Twitter. Même enthousiasme chez les opposants politiques à la réforme des retraites. « Les dangers étaient la fracture interne et l’affaiblissement du front contre la retraite à 64 ans. Ils sont évités. C’est une bonne nouvelle à mes yeux », souffle à France Télévisions un député de la Nupes.

      La nouvelle patronne de la CGT a confirmé que l’intersyndicale se rendrait mercredi 5 avril à Matignon pour rencontrer Elisabeth Borne. « Nous irons unis pour exiger le retrait de cette réforme de façon ferme et déterminée », a-t-elle lancé. Plus question de médiation ou de pause, comme le réclame Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, auquel Philippe Martinez avait semblé emboîter le pas. « Cela a provoqué un moment de flottement dans le congrès. Là, on revient au retrait de la réforme, ce qui envoie un signal clair en interne », décrypte Maxime Quijoux.

      L’exécutif « pariait sur les divisions de la CGT »

      Dans ce contexte, l’arrivée de Sophie Binet est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle pour l’exécutif ? Officiellement, la majorité salue son élection. « Personne ne peut souhaiter que la radicalité s’impose à la CGT. Sa désignation est d’abord une bonne nouvelle pour le dialogue social », assure à France Télévisions le député Renaissance Marc Ferracci, proche d’Emmanuel Macron. « On ne peut que se réjouir de voir une réformiste à la tête de la CGT », approuve également le député Horizons Paul Christophe, chargé des retraites pour son groupe. « Je trouve préférable d’avoir des syndicats forts et réformistes que faibles et radicaux. Les premiers peuvent faire bouger les choses en mettant en place un rapport de force utile, les seconds montent les tensions dans le pays sans rien apporter de positif », appuie de son côté Nicolas Turquois, député du MoDem.

      Au gouvernement, l’entourage du ministre du Travail, Olivier Dussopt, joue le détachement : « On n’a pas du tout regardé les différentes options sous le prisme de ce qui, supposément, nous arrangerait ou pas. » La Première ministre a, elle, affirmé vendredi qu’elle ne connaissait pas personnellement Sophie Binet et qu’elle n’allait « pas interpréter » ce qui se passe à la CGT, mais qu’elle serait « à l’écoute ». Sacha Houlié, le président Renaissance de la commission des lois, anticipe « une situation identique » à l’actuelle.

      En réalité, l’arrivée de Sophie Binet est « une très mauvaise nouvelle pour le gouvernement », analyse Maxime Quijoux. Selon lui, l’exécutif « pariait sur les divisions de la CGT pour faire prospérer la stratégie du pourrissement, mais il n’y a finalement pas de crise à la centrale, ce qui maintient le front syndical uni ».

      Le profil de Sophie Binet n’est pas non plus un atout pour le pouvoir en place. « Cette femme jeune, qui vient de l’encadrement, rafraîchit l’image de la CGT. Elle va renvoyer une image différente dans l’opinion publique, sur laquelle le gouvernement aura peu de prise », anticipe le sociologue. « Elle modernise la CGT, abonde le politologue Dominique Andolfatto. Elisabeth Borne et Emmanuel Macron ne pourront pas caricaturer la CGT en opposants stériles, car l’histoire personnelle de Sophie Binet est en contradiction avec cette caricature. »

    • [depuis 15 ans, le régime compte sur mdernisation/normalisation] Sophie Binet à la tête de la CGT, un atout pour un syndicat en crise, ANALYSE, Michel Noblecourt

      L’arrivée de la militante féministe et écologiste au poste de secrétaire générale du syndicat pourrait apaiser les tensions entre ses membres et lui permettre de retrouver une cohésion collective.
      Au-delà de la contestation de la réforme des retraites, qui a gonflé les voiles de son aile radicale (raffineries, chimie, énergie, éboueurs), la CGT joue à moyen terme son avenir. Avec la violence de ses déchirements, son 53e congrès, du 27 au 31 mars à Clermont-Ferrand, aurait pu se solder par une nouvelle bunkérisation de la centrale. Or, coup de théâtre, il a débouché in extremis sur un changement historique, cent vingt-huit ans après sa création en 1895, avec l’élection au poste de secrétaire générale de Sophie Binet, jusqu’alors secrétaire générale de l’Union générale des ingénieurs cadres et techniciens (Ugict). Une double révolution : l’ancienne conseillère principale d’éducation de 41 ans est une féministe qui va devoir changer l’image un peu machiste de la CGT, et une cadre, qui va devoir composer avec la culture toujours ouvriériste du syndicat.

      Lire aussi : Manifestations du 6 avril contre la réforme des retraites en direct : « La mobilisation continuera sous une forme ou une autre », promet la CGT

      Pour Philippe Martinez, qui a fêté ses 62 ans le 1er avril, au terme d’un mandat de huit ans, la potion est particulièrement amère. Son rapport d’activité a été rejeté le 28 mars, par 50,32 % des voix – une première –, ruinant automatiquement les chances de sa « dauphine », Marie Buisson, d’accéder à la tête de la centrale. A ce sévère camouflet s’est ajoutée l’élection d’une militante que personne n’avait vu venir et qu’il avait toujours tenue à l’écart.

      Hors du jeu contractuel

      Ce séisme est une double revanche de l’histoire. En 1992, Alain Obadia, secrétaire général de l’Ugict, alors âgé de 43 ans, avait en vain cru son heure venue pour devenir le numéro un de la CGT. « Il nous faut maintenant dépasser, affirmait alors M. Obadia, les pesanteurs héritées d’une ancienne démarche marquée par une conception d’alliance entre les cadres et la classe ouvrière qui considérait que l’activité en direction des ingénieurs et cadres relevait plus des relations publiques, du débat général sur les questions économiques que d’une activité revendicative concrète. »
      En 2012, Bernard Thibault avait innové en défendant jusqu’au bout la candidature de Nadine Prigent pour prendre sa suite. Il avait toutefois été mis en minorité par son comité confédéral national (CCN) et Thierry Lepaon avait été élu par défaut en 2013.

      Depuis cette date, la crise de la CGT s’est amplifiée. Alors qu’elle avait, dès 1996, coupé la courroie de transmission avec le Parti communiste français pour ne pas être entraînée dans sa chute, son déclin s’est accéléré. Au début des années 1970, la centrale flirtait avec les deux millions d’adhérents et pensait atteindre l’objectif des trois millions. En 2020, derniers chiffres officiels, elle n’affichait plus que 606 000 encartés. Et, suprême humiliation, elle a perdu, fin 2018, sa première place aux élections professionnelles, détrônée par la CFDT. Elu en 2015 dans des conditions controversées, M. Martinez, issu de la métallurgie, tout en jugeant que « le syndicalisme est, par essence, réformiste », s’est appuyé sur son aile radicale, sans jamais obtenir vraiment son ralliement. Ne signant aucun accord interprofessionnel, se situant toujours dans la contestation du gouvernement, la CGT, hors du jeu contractuel, s’est isolée.

      Moderniste plutôt réformiste

      M. Martinez a tourné le dos au « syndicalisme rassemblé », cher à ses prédécesseurs Louis Viannet et Bernard Thibault. Les relations avec la CFDT ont été glaciales, au point que Laurent Berger, avec lequel le cégétiste avait une bonne entente personnelle, était interdit de séjour au siège de Montreuil. Ce n’est que récemment, au moment de s’opposer à la réforme des retraites, que M. Martinez a privilégié l’unité syndicale, laissant même le leadership de la lutte à la CFDT. A son tour, Mme Binet a adopté une posture intransigeante, se résignant à aller avec l’intersyndicale à Matignon, mercredi 5 avril, pour « exiger » le retrait de la réforme. L’échec de la rencontre avec Elisabeth Borne a conforté sa détermination.

      Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés Michel Wieviorka, sociologue : « Dans la crise actuelle, la seule personnalité significative qui émerge est Laurent Berger » [sic]

      Au-delà de la confrontation sociale, la nouvelle secrétaire générale ne manque pas d’atouts pour tenter d’enrayer le déclin de la CGT. C’est une moderniste plutôt réformiste, ferme dans ses convictions mais suffisamment pragmatique pour ne pas être fermée à la recherche de compromis. Ancienne militante de la Jeunesse ouvrière chrétienne, ex-dirigeante de l’Union nationale des étudiants de France, elle a milité un temps au Parti socialiste, soutenant Martine Aubry lors de la primaire de 2011. Elle a joué un rôle actif dans le mouvement de 2006 contre le contrat première embauche et en 2016 contre la loi El Khomri. Ecologiste, féministe – elle pilotait à la CGT le collectif « femme mixité » –, elle se bat contre les violences sexistes et sexuelles dans l’entreprise. Sa qualité de cadre peut lui permettre de reconquérir au moins partiellement les cols blancs qui ont abandonné la CGT aux élections professionnelles.

      Quelle sera sa marge de manœuvre au sein d’une CGT profondément fracturée ? Plébiscitée à la commission exécutive (86,14 %), elle a été élue par le CCN par 61 voix contre 11 et 16 abstentions. Après un congrès qu’elle a qualifié de « difficile, compliqué », parfois « violent », il lui faut recoller les morceaux et apaiser. Dans son bureau confédéral, elle a dû donner des gages et faire entrer quelques « durs », comme Laurent Brun, administrateur, patron des cheminots, qui confiait à Initiative communiste, en 2018, que « les analyses de Lénine sont toujours d’actualité. Il faut à la fois une idéologie révolutionnaire et une organisation qui la porte ». Et il risque d’y avoir des résistances dans la base ouvrière à être placée sous la houlette d’une cadre. Mais, pour une CGT en difficulté, Mme Binet fait figure de carte de la dernière chance.
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/04/06/l-election-de-sophie-binet-a-la-tete-de-la-cgt-est-un-atout-pour-une-central

      #cadres #cogestion #normalisation

  • [A Question Of Listening] # 025 - Jouer ou écouter de la #musique : d’une pierre deux coups
    https://www.radiopanik.org/emissions/a-question-of-listening/025-jouer-ou-ecouter-de-la-musique-dune-pierre-deux-coups

    Jouer de la musique, ou simplement l’écouter, met en branle différentes compétences, en fonction des composantes des sons musicaux : la hauteur fréquentielle fait intervenir la perception auditive (et probablement aussi les capacités spatiales) ; le rythme et la métrique mettent en jeu les habiletés motrices ; l’organisation syntaxique mobilise des ressources communes au traitement du langage. Outre que l’activité musicale sollicite intensément les différentes formes de #mémoire (implicite, autobiographique, sémantique, verbale, procédurale) et que la musique elle-même revêt une valeur émotionnelle (caractérisée par sa valence et son intensité, sa dynamique), la richesse de sa structure, résultant de la combinaison de ses différentes dimensions, implique la stimulation simultanée de nombreuses compétences (...)

    #psychologie_cognitive #compétences_mentales #cognition #musique,mémoire,psychologie_cognitive,compétences_mentales,cognition
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/a-question-of-listening/025-jouer-ou-ecouter-de-la-musique-dune-pierre-deux-coups_15465__1.mp3

  • How food affects the mind, as well as the body | The Economist
    https://www.economist.com/christmas-specials/2022/12/20/how-food-affects-the-mind-as-well-as-the-body

    With mental-health disorders rising, a growing number of scientists are investigating how food or nutritional supplements affect the mind. Brains, being the most complex and energy-demanding of the body’s organs, almost certainly have their own specialised, nutritional needs. Welcome, then, to the emerging field of nutritional psychiatry.

    An adult human brain, which accounts for about 2% of a body’s mass, uses 20% of its metabolic energy. A host of vitamins and minerals are necessary to keep it going. Even in one small section of the brain’s metabolic pathways, many essential nutrients are needed. The conversion of tryptophan to serotonin alone requires vitamin B6, iron, phosphorus and calcium.

    Disentangling the brain’s nutritional needs from those of the rest of the body is tricky. Recommended daily allowances (rdas) are little help. They were formulated during the second world war on the basis of the nutrients needed for the physical health of troops. No such rdas exist for the brain. Not yet, at least.

    Compared with other fields, nutritional science is understudied. That is partly because it is hard to do well. Randomised controlled trials (rcts), used to test drugs, are tricky. Few people want to stick to an experimental diet for years. Instead, most nutritional science is based on observational studies that try to establish associations between particular foods or nutrients and diseases. They cannot be used to definitively prove a causal connection between a disease and a particular contributing factor in a diet. But as with smoking and lung cancer, put together enough of these kinds of trials and causal narratives begin to emerge.

    • Alzheimer, démence, difficulté d’élocution… Une étude publiée dans The Lancet Planetary Health, jeudi 10 mars, associe la pollution de l’air à la diminution des performances cognitives : plus une personne est exposée à un air pollué, plus ses fonctions mentales seront affectées.

      Pour en arriver à ce résultat, des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’université de Rennes et de l’Ecole des hautes études en santé publique ont analysé les données de plus de 61 000 Français âgés de plus de 45 ans. Ces participants font partie de la cohorte épidémiologique française Constances et ont été recrutés aléatoirement à partir des listes de l’Assurance-maladie. Les chercheurs ont établi un score de leurs performances cognitives à partir de tests mesurant la mémoire, la fluidité d’expression orale (fluence verbale) et la capacité à prendre des décisions (fonctions exécutives).

      Puis les chercheurs ont superposé ces résultats avec des cartes dites « d’exposition » qui estiment la concentration de polluants à l’adresse du domicile de chaque participant. Dans cette étude, trois polluants ont été pris en compte : les particules fines (PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2) et le carbone suie. « Nous nous sommes concentrés sur ces trois polluants car ils sont associés ou issus du trafic automobile, explique Bénédicte Jacquemin, chargée de recherche à l’Inserm et coauteure de l’étude. Les évidences scientifiques dans tous les domaines de la santé montrent que ces polluants sont probablement les plus nocifs pour la santé. »

      Un facteur de risque « modifiable »

      Selon l’étude, non seulement l’exposition à de plus grandes concentrations de polluants serait associée significativement à un plus bas niveau de performances cognitives mais chaque polluant agirait différemment sur ces performances. « Les capacités les plus impactées sont la fluence verbale et les fonctions exécutives, précise Bénédicte Jacquemin. Le dioxyde d’azote et les particules PM2,5 agissent d’avantage sur la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand impact sur les fonctions exécutives. »

      Pour les participants les plus exposés, les chercheurs ont constaté une différence allant de 1 à près de 5 % du score des performances cognitives par rapport aux participants moins exposés. « Cinq pour cent à niveau individuel, cela n’a pas un impact fort, explique la chercheuse. Mais nos résultats sont très importants au niveau de la population parce que tout le monde, ou presque, est exposé à un niveau de pollution atmosphérique plus élevé que ce qui est recommandé par l’OMS. »

      Aujourd’hui, plus de 50 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde, et ce chiffre devrait tripler d’ici 2050, selon le rapport mondial Alzheimer 2019. En plus des facteurs de risque non modifiables, par exemple l’âge ou la génétique, il existe plusieurs facteurs appelés « modifiables » qui, s’ils étaient évités, pourraient prévenir ou retarder le déclin cognitif et les cas de démence.

      Depuis quelques années, la pollution de l’air est ainsi reconnue comme un facteur de risque « modifiable » de la démence. Cependant, aucune étude ne s’était jusqu’alors intéressée simultanément à plusieurs types de polluants et à leurs potentiels effets respectifs sur les différents domaines de la cognition. « Cette étude est très importante, soutient Kyle Steenland, professeur d’épidémiologie à l’université Emory aux Etats-Unis, qui n’a pas participé à l’étude, car elle est représentative de la population française. Il est nécessaire d’avoir plusieurs études sur ce sujet, sur des population différentes, et de voir que nous obtenons à chaque fois les mêmes réponses est assez significatif. »

      Un QI diminué

      Cependant les recherches ne sont pas terminées. « Cette étude est transversale, c’est-à-dire que nous avons pris une photo de la situation à un moment donné, explique l’auteure de l’étude. On montre une association. Pour établir une causalité, il faut une étude longitudinale c’est-à-dire avec un suivi sur le long terme, que nous prévoyons de faire par la suite. » Ce que confirme Kyle Steenland : « Les auteurs ont fait du très bon travail en essayant d’éliminer tous les biais, tels que l’âge, le sexe, le niveau socio-économique et les autres maladies. Cependant il est nécessaire de poursuivre les recherches en suivant des personnes plusieurs années pour voir si une exposition à la pollution entraîne un déclin des performances cognitives plus rapide. »

      « Ces changements sont suffisants pour faire passer les personnes ayant des capacités cognitives inférieures à la moyenne dans la catégorie de déficience intellectuelle »

      Dans la base de données de la cohorte Constances, aucune mention n’est faite, par exemple, de la durée depuis laquelle les participants vivent à leur domicile. « Ceci est une des limites de notre étude, confirme Bénédicte Jacquemin, nous n’avions pas l’historique complet de participants. Cependant, pour notre future étude longitudinale, nous avons des participants qui ont répondu à des questionnaires sur leur historique, nous prendrons alors en compte ce biais-là. »

      Cette étude n’est pas la première à démontrer les effets néfastes de la pollution automobile sur les performances cognitives. Un autre rapport, publié le 7 mars dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences, a démontré que le QI de la moitié des Américains avait diminué suite à l’exposition à l’essence au plomb au XXe siècle. Pour parvenir à un tel résultat, les auteurs ont corrélé la concentration de plomb dans le sang des enfants 1 à 5 ans entre 1976 et 2016 avec les données sur leur QI.

      Alors que ce carburant est aujourd’hui interdit, l’exposition aux gaz d’échappement des voitures à l’essence au plomb aurait ainsi retiré en moyenne 2,6 de points de QI à plus de 170 millions d’Américains. « La baisse de quelques points de QI peut sembler négligeable, expliquent les auteurs de l’étude, mais ces changements sont suffisants pour faire passer les personnes ayant des capacités cognitives inférieures à la moyenne (score de QI inférieur à 85) dans la catégorie de déficience intellectuelle (score de QI inférieur à 70). »

      Les chercheurs se rejoignent sur un point : les réglementations sont indispensables pour aider à diminuer l’exposition aux polluants. En 2020, des scientifiques estimaient, dans la revue The Lancet, qu’en agissant par des changements dans la réglementation qui encadre les niveaux de pollution, près de 40 % des cas de démences pourraient être évités, qu’ils tiennent au mode de vie ou à l’environnement.

      Clémentine Thiberge

  • L’Etat doit-il nous manipuler pour notre bien (commun) ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/l-etat-doit-il-nous-manipuler-pour-notre-bien-commun

    Les politiques publiques peuvent-elles s’adapter à notre nature humaine ? Doivent-elles nous manipuler pour le faire ? La chercheuse en sciences cognitives Coralie Chevallier et l’économiste Mathieu Perona explorent ces questions dans leur livre "Homo Sapiens dans la cité" (Puf).

    Un paquet de cigarettes dont le prix augmente de 10% en 2020 pour décourager le tabagisme.• Crédits : SOPA Images - Getty
    Bien que l’économie ait mis en avant un #Homo_œconomicus rationnel, l’humain est finalement partiellement irrationnel, mais selon des mécanismes cognitifs connus et donc prévisibles nommés biais comportementaux [ ben voyons...ndc] . Dans leur livre Homo Sapiens dans la cité : comment adapter l’action publique à la psychologie humaine, Coralie Chevallier, chercheuse en sciences cognitives et comportementales à l’ENS-PSL et l’Inserm, et Mathieu Perona, directeur exécutif de l’Observatoire du bien-être du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP), étudient comment l’évolution a conditionné nos comportements ainsi que le potentiel de ces biais comportementaux.

    Ces mécanismes cognitifs – qui ont trait à la #coopération, à la réputation, à la procrastination et à une série de plus petits réflexes cognitifs – peuvent être des freins à certains comportements des individus, mais ils constituent aussi des leviers d’action qui peuvent être utilisés pour influencer ces mêmes comportements. Comme l’explique Coralie Chevallier à titre d’exemple, "le poids de la complexité administrative est sous-estimé dans l’efficacité de l’action publique or c’est un levier efficace pour améliorer l’accès aux droits financiers." Autre exemple, en Inde, l’économiste Esther Duflo a constaté que le fait de donner un sac de lentilles en échange de chaque injection suffisait à faire augmenter le taux de #vaccination.

    Dans les mains des acteurs publics, ces biais cognitifs particuliers à la nature humaine peuvent être des moyens de manipuler les individus pour leur bien et pour le bien commun. Ces pratiques sont particulièrement utiles dans le domaine de la #santé_publique (tabagisme, vaccination, alcoolisme, don de sang, etc...), de l’éducation et de l’environnement. Par rapport à la vaccination, Coralie Chevallier précise que parmi les outils comportementaux testés, deux fonctionnent : "le premier c’est la simplification du parcours usager, de la prise de rendez-vous à l’inscription automatique pour un deuxième rendez-vous, et le deuxième c’est convaincre. Ceux qui hésite ont des raisons d’hésiter et il faut prendre le temps de la pédagogie." Les messages et images de prévention des effets à long terme du tabagisme ajouté sur les paquets de cigarettes sont un exemple de politique publique ayant recours aux outils comportementaux. Mathieu Perona précise que "ce que fournissent les #sciences_cognitives, c’est un cadre pour mieux repérer l’utilisation des raccourcis de l’esprit humain. Avec, on peut se demander : est-ce que cette utilisation est légitime ou pas ? Est-ce qu’elle sert mon propre intérêt ou pas ?".

    En effet, dans les mains des mauvais acteurs, ces biais peuvent-ils devenir des formes de manipulation ou de paternalisme et avoir des conséquences néfastes sur les individus ? Coralie Chevallier et Mathieu Perona détaillent aussi qu’à partir du moment où les outils comportementaux sont utilisés intentionnellement à l’encontre de l’intérêt des individus, cela cesse d’être #éthique. Les acteurs publics ont ainsi une responsabilité supplémentaire à l’égard des citoyens : réguler les utilisations des biais comportementaux même si "quand on règlemente, on essaye aussi d’influencer le comportement des citoyens dans une certaine direction," rappelle Coralie Chevallier. Comme exemple, Mathieu Perona cite les périodes dites de friction, en particulier la période d’attente obligatoire après l’achat d’une arme à feu instaurée aux Etats-Unis qui empêche les achats impulsifs. Cela a permis une réduction du nombre d’incidents à l’arme à feu.

    Dilemme du capitalisme. Le #capitalisme du « bien commun » cherche sa voie. Le brouet idéologique de l’homo œconomicus surcode l’agir humain, le mutile. Et si la coopération (le #transindividuel) précède sa mise en coupe réglée pour le profit comment fait-on si on la détruit et on l’empêche ?
    #nudge (la face « noble » : l’exemple du signal piéton) #intelligence_sociale (une drôle de version) #cognitivisme #économie

  • Le village français aux 3 000 réfugiés

    « Un petit village de l’Isère, semblable à beaucoup d’autres en France, mais qui fait un effort exemplaire pour aider, du mieux qu’il le peut les réfugiés d’#Indochine ». Ce sont les mots de l’écrivain et journaliste grenoblois Paul Dreyfus pour décrire Cognin-les-Gorges dans l’édition du Dauphiné Libéré du 23 mars 1982. Situé aux pieds du Vercors, ce village compte aujourd’hui 650 âmes, et se situe à 45 kilomètres de Grenoble. Entre 1977 et 1992, ses habitants accueillent 2 700 rescapés d’Asie du Sud-Est. Ils sont Laotiens, Vietnamiens, Cambodgiens et fuient la dictature de leurs pays à travers des « #boat_people ».

    L’hospitalité française en faveur des réfugiés avait pris forme quelques années plus tôt en 1973, dans un# Dispositif_National_d’Accueil, cadre dans lequel étaient créés les #Centres_Provisoire_d’Hébergement (CPH). La région Rhône-Alpes est, à l’époque, en tête du classement national du nombre de réfugiés par CPH avec une moyenne de 485 places agréées entre 1977 et 1985. En Isère, l’arrivée des réfugiés du Sud-Est asiatique est attestée dès le mois de mai 1975, et en 1983 la région comptera 13 Centres d’hébergements provisoires.

    À Cognin-les-Gorges, l’ouverture d’un #CPH dans un ancien pensionnat va être l’occasion pour la population locale, les élus du village, le personnel de l’établissement et les personnes en situation de migration de vivre une expérience sociale inédite, qui plus est en milieu rural ; 45 ans après les premières arrivées, ces partages sont encore très vifs et les témoignages très émouvants.

    Parler de cette solidarité aujourd’hui permet de questionner le sens de l’hospitalité, de l’intégration, et le statut même de l’exilé, dans un contexte de durcissement des politiques migratoires.

    https://www.rfi.fr/fr/podcasts/la-marche-du-monde/20210716-le-village-fran%C3%A7ais-aux-3-000-r%C3%A9fugi%C3%A9s

    #Cognin #Cognin-les-Gorges #accueil #réfugiés #migrations #histoire

  • « Le médecin choisi par #Gérald-Bronner pour réfléchir sur la désinformation scientifique au sein de la mission que lui a confié le Président est Guy Vallancien.
    Ça montre à quel point les réseaux de pouvoir sont déconnectés des réalités. »

    https://www.la-croix.com/France/mission-contre-desinformation-conspirationnisme-2021-09-28-1201177842

    « Je rappelle que #Guy-Vallancien vient d’être condamné par l’Ordre des Médecins dans une affaire où il a désinformé et menti pour faire condamner injustement un confrère, et me nuire au passage parce que je le défendais. »

    https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/politique-de-sante/certificat-mensonger-le-pr-vallancien-ecope-dun-blame-ordinal-a

    « C’est un peu comme si on avait choisi Carlos Ghosn ou Vincent Bolloré pour une mission sur l’éthique entrepreneuriale !
    Quelqu’un pourrait-il éclairer Gérald Bronner ou alerter le Président ?
    Pour ceux qui veulent lire la décision ordinale, c’est là »

    https://atoute.org/n/breve96.html

    « Toujours dans le cadre de sa nomination par Gérald Bronner au sein de la Mission présidentielle de lutte contre la désinformation, voici les propos négationnistes de Vallancien sur les victimes du MEDIATOR.
    Depuis, plus de 2000 victimes ont été reconnues par le tribunal pénal. »

    https://twitter.com/DDupagne/status/1443118899009146882
    #mission-contre-desinformation-conspirationnisme

    • Merveilleux !

      On est sur un bon profil, c’est raccord avec le reste de la macronie.

      Et il préside un think tank pour accélérer les liens publics privés dans la santé, avec tous les lobbies en vogue.
      https://www.canalcham.fr (CHAM = Convention of Health Analysis and Management)

      Sa plus haute qualité, selon Marianne : « Le médecin qui soigna François Mitterrand, mais aussi tout ce que le Paris people compte de prostates… »

      #macronistan

    • « La pneumologue et lanceuse d’alerte de l’affaire du #Mediator regrette la nomination, au sein de la commission contre la #désinformation, de l’un des médecins qui, « depuis des années et sans vergogne », tente de nier le drame humain causé par le Mediator. » Anticor
      Irène Frachon : « La composition de la “commission Bronner” sur le complotisme laisse perplexe »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/30/irene-frachon-la-composition-de-la-commission-bronner-sur-le-complotisme-lai

      Le dévoilement de la composition de la « commission Bronner » du nom du sociologue très (trop ?) médiatique chargé, par l’Elysée, d’évaluer ce phénomène des fausses nouvelles laisse perplexe.

      La santé publique est au cœur de ces inquiétudes. A ce titre, le choix des personnalités médicales susceptibles d’éclairer cette question est particulièrement sensible. On ne peut qu’être surpris de la cooptation d’un professeur de médecine « médiatique » et impliqué publiquement dans plusieurs polémiques sensibles, notamment à propos du scandale du Mediator, la plus grave affaire de santé publique survenue en France au XXIe siècle et « marqueur » significatif de cette défiance.

      Le scandale du Mediator est la conséquence d’un délit industriel d’une gravité hors norme, récemment jugé devant le tribunal correctionnel de Paris et ayant donné lieu à des condamnations pénales, d’une part de la firme mise en cause (Servier), qui a fait appel, et d’autre part, de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) qui a renoncé, pour sa part, à un appel. Des experts de l’agence, compromis par des arrangements illégaux avec la firme délinquante, ont également été condamnés.

      Par ailleurs, le rapport pénal d’expertise scientifique a conclu que le Mediator, consommé par environ cinq millions de Français pendant trente-trois ans, est la cause directe de la mort ou de l’invalidité de milliers de personnes. Enfin, à ce jour, près de 4 000 victimes, en majorité des « survivants » du Mediator, ont vu leur procédure d’indemnisation aboutir après examen par un collège d’experts adossé à l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam).

    • Irène Frachon : « La composition de la “commission Bronner” sur le complotisme laisse perplexe », TRIBUNE, Irène Frachon, Pneumologue au CHU de Brest, lanceuse d’alerte de l’affaire du Mediator.

      S’il est incontestable que, parallèlement à la pandémie de Covid-19, se développe une « épidémie » de doutes profonds et de défiances multiples au sein de l’opinion publique avec un succès croissant de théories alternatives aux relents complotistes, les moyens mis en œuvre pour mieux appréhender et peut-être corriger, apaiser un tel phénomène de fond interrogent sérieusement.

      Le dévoilement de la composition de la « commission Bronner » [ le blabla élyséen : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2021/09/29/les-lumieres-a-lere-numerique-lancement-de-la-commission-bronner]du nom du sociologue très (trop ?) médiatique chargé, par l’Elysée, d’évaluer ce phénomène des fausses nouvelles laisse perplexe.
      La santé publique est au cœur de ces inquiétudes. A ce titre, le choix des personnalités médicales susceptibles d’éclairer cette question est particulièrement sensible. On ne peut qu’être surpris de la cooptation d’un professeur de médecine « médiatique » et impliqué publiquement dans plusieurs polémiques sensibles, notamment à propos du scandale du Mediator, la plus grave affaire de santé publique survenue en France au XXIe siècle et « marqueur » significatif de cette défiance.

      Puisqu’il le faut, rappelons les faits.

      Le scandale du Mediator est la conséquence d’un délit industriel d’une gravité hors norme, récemment jugé devant le tribunal correctionnel de Paris et ayant donné lieu à des condamnations pénales, d’une part de la firme mise en cause (Servier), qui a fait appel, et d’autre part, de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) qui a renoncé, pour sa part, à un appel. Des experts de l’agence, compromis par des arrangements illégaux avec la firme délinquante, ont également été condamnés.

      Par ailleurs, le rapport pénal d’expertise scientifique a conclu que le Mediator, consommé par environ cinq millions de Français pendant trente-trois ans, est la cause directe de la mort ou de l’invalidité de milliers de personnes. Enfin, à ce jour, près de 4 000 victimes, en majorité des « survivants » du Mediator, ont vu leur procédure d’indemnisation aboutir après examen par un collège d’experts adossé à l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam).

      Ainsi, alors que la justice a condamné une « tromperie » (de l’industriel), une « négligence » (des autorités de santé), des « prises illégales d’intérêts » (d’experts), l’addition de tous ces éléments permet d’employer le terme de « complot avéré », au sens où l’entend l’anthropologue #Didier_Fassin, auteur récent de remarquables leçons de santé publique données au sein du Collège de France en 2021 : « On peut donc parler de véritables conspirations conduites par des capitaines d’industrie sans scrupule, des politiciens corrompus et des chercheurs vénaux dont les actes ne sont pas seulement des violations de la loi mais aussi des pratiques criminelles puisqu’ils mettent cyniquement en jeu la vie d’individus. » Didier Fassin conclut : « Il faut donc nommer ces actes pour ce qu’ils sont : d’authentiques complots portant atteinte à la santé publique. » C’est sans aucun doute le cas du Mediator.
      L’affaire du Mediator a ainsi ébranlé profondément et, à juste titre, la confiance du grand public dans la capacité des autorités sanitaires, des laboratoires pharmaceutiques et du monde médical en général à garantir leur santé, y compris en s’opposant sans compromission à de rares mais possibles dérives criminelles autant que lucratives, des industries de santé. Cette défiance, d’essence complexe, participe à l’audience de plus en plus large de « théories du complot », truffées d’informations falsifiées, mais aussi plus simplement à l’expression d’inquiétudes légitimes.

      Mediator, devenu une métonymie du scandale sanitaire, a été détourné par de nombreux adeptes d’un complotisme délétère comme une sorte de caution les autorisant à rejeter sans nuance des propositions vitales pour la santé publique, comme c’est le cas de l’actuelle campagne de vaccination contre le Covid-19.

      Le professeur et urologue Guy Vallancien, dont la nomination est annoncée au sein d’une commission « resserrée », a été un des fers de lance d’une nébuleuse de médecins de haut rang, professeurs de médecine, parfois académiciens de médecine, qui, depuis des années et sans vergogne, tentent de discréditer, minimiser, voire nier la gravité du drame humain causé par le Mediator.

      Dans son ouvrage La Médecine sans médecin ? (Gallimard, 2015), le professeur Vallancien écrit ceci à propos du scandale du Mediator, tout en déplorant la défiance suscitée par l’affaire : « La violence de la charge unique contre l’industrie avait de quoi choquer (…). Rares sont les malades qui furent meurtris par les complications liées au produit (…). Parmi les dossiers de plaignants (…) seul un nombre infime est à ce jour reconnu comme en relation avec la prise du produit incriminé. » Plus tard, en 2016, Guy Vallancien s’insurgera publiquement contre le « Manifeste » de grands médecins et humanistes, Michel Serres, Axel Kahn, Rony Brauman, Claude Got et une trentaine d’autres signataires, alertant la communauté médicale du comportement ignominieux de la firme à l’égard de ses propres victimes.
      Il est à craindre qu’une telle commission, dont l’un des membres s’est abîmé, non seulement n’apporte aucune réponse raisonnable et raisonnée à la problématique soulevée, mais creuse un peu plus le fossé entre beaucoup de nos concitoyens et les élites qu’ils critiquent, à tort ou parfois à raison.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/30/irene-frachon-la-composition-de-la-commission-bronner-sur-le-complotisme-lai

      le Vallencien, c’est bête, mais à sa tronche de houellebecozemourozombie, je lui demanderais surtout pas l’heure

      #complotisme (qu’il faudrait écrire au pluriel)

      #santé_publique #industrie #chercheurs #mediator #Irène_Frachon

    • Deux ans après le départ de Vallancien [de son poste de directeur du Centre du don des corps de l’université Paris-Descartes de 2004 à 2014], son successeur, le Pr Richard Douard, chirurgien digestif à l’hôpital européen Georges-Pompidou, fait état de la situation à Frédéric Dardel, alors président de Paris-Descartes et aujourd’hui conseiller de la ministre de la Recherche, Frédérique Vidal. Il lui présente un document édifiant de 27 pages, dont sont issues les photos décrites plus haut. Le mémo liste « des installations vétustes, inadaptées, ne respectant pas les obligations légales », « des chambres froides non hermétiques, avec des pannes à répétition [...] une absence de ventilation dans les différents espaces de travail, des canalisations d’évacuation des eaux bouchées ». Mais, ce qui semble le plus tracasser les autorités, c’est le « risque de scandale avec le non-respect de règles d’éthique dues aux corps qui [leur] sont confiés ». Oui, le plus embêtant, c’est la peur « que ça se sache », « que ça sorte », comme nous l’ont confié plusieurs sources ayant travaillé au CDC.

      Don de corps à la science : un charnier au coeur de Paris
      https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/don-de-corps-a-la-science-un-charnier-au-coeur-de-paris_2108389.html

      La peur que ça se sache ? C’est connu, et c’est promu.

    • Le danger sociologique ? Un feu de paille
      Arnaud Saint-Martin.
      À propos de Gérald Bronner et Étienne Géhin, Le danger sociologique, Paris, Presses universitaires de France, 2017, 242 pages
      https://www.cairn.info/revue-zilsel-2018-1-page-411.htm

      L’opération a été méthodiquement préparée. À la veille de la sortie en librairie début octobre 2017 du Danger sociologique, cosigné par Gérald Bronner et Étienne Géhin, l’« hebdomadaire d’information » Le Point en publiait quelques « bonnes feuilles », ainsi que plusieurs réactions « à chaud »

      Dans l’ordre : Philippe Meyer, Alain Touraine, Edgar Morin et…. Sur la couverture du magazine, un titre choc annonçait la couleur, crépusculaire : « Le livre noir des imposteurs de la pensée ». La quatrième de couverture de l’essai en résume la raison d’être : secouer une « discipline à vocation scientifique […] prise en otage par ceux qui veulent en faire un “sport de combat” » et « qui peuvent nous égarer dans des récits idéologiques et outranciers ». Les auteurs invitent ces collègues en déshérence à « sortir de leur sommeil dogmatique et [à] s’astreindre aux règles qui régissent la cité des sciences ». Le ton est donné, le scandale attendu. On se doute que l’éditeur nourrit de grands espoirs : outre l’impulsion en coulisses du service de presse et la campagne de promotion, un bandeau rouge « LE LIVRE ÉVÉNEMENT » annonce qu’il risque de se passer quelque chose cet automne-là [2]
      [2]
      Organiser une polémique médiatique est une chose, faire son…. Que les esprits vont s’échauffer et entretenir les coulées d’encre et les tirages.

      (...) il est prolixe en matière d’intervention normative dans l’espace public, via les chroniques dans Le Point, ses interventions dans les médias, mais aussi ses essais de « sociologie analytique » sur l’état du monde au nom de la Raison ; par exemple, le diagnostic, martelé avec Géhin dans L’inquiétant principe de précaution , d’une insinuation angoissante et technophobe d’une « idéologie précautionniste » dans la société française, laquelle s’expliquerait ultimement par le _« fonctionnement même de l’esprit humain » [Gérald Bronner, « Perceptions du risque et précautionnisme »,….

      Sociologue du Point, faire valoir académique de la dénonciation de la « culture de l’excuse », son dernier ouvrage paru se nomme « Apocalypse cognitive »

      Gérald Bronner : « L’avenir se joue dans nos cerveaux »
      https://www.lemonde.fr/livres/article/2021/01/24/gerald-bronner-l-avenir-se-joue-dans-nos-cerveaux_6067404_3260.html

      Notre « nature », qui est à la fois source de nos erreurs et des possibilités de les contrecarrer, Gérald Bronner la cherche principalement dans notre cerveau, dans les traits cognitifs qui nous sont communs, indépendamment de nos genre, milieu ou culture.

      [...] « Ce que je crains, confirme-t-il, c’est un affaissement de notre civilisation. Il se manifeste déjà, par exemple, par la mise entre parenthèses de la conquête spatiale, la mise en cause du progrès, les embarras des organisations internationales. Pour le surmonter, et parvenir à franchir le plafond de verre civilisationnel, il faut savoir nous regarder en face, prendre la mesure de nos addictions et de nos choix. En ce sens, l’avenir se joue dans nos cerveaux. C’est seulement en pouvant dire : “Voilà comme nous sommes” que nous pourrons construire le récit de nos prochaines aventures. »

      Le top en matière d’analyse du social : l’imagerie cérébrale.

      Autre penchant sympathique, après avoir larmoyé sur l’"abandon de la conquête spatiale" :

      « En quittant la Terre, il deviendrait évident que nous sommes humains avant d’être terriens. C’est là un rappel essentiel car l’idéologie précautionniste, en nous proposant un rapport empreint de sentimentalité à la planète qui a vu notre naissance, a tendance à rendre indissociable notre destin du sien. »
      https://seenthis.net/messages/820351#message902010
      #Gérald_Bronner #neuroscience #neutralité #cogniticien #contremaître_gradé

    • « Donc le responsable de la commission chargée de lutter contre les « fake news », Gérald Bronner, qualifie « d’esprits malveillants » des journalistes parce qu’ils font un papier sur les turpitudes d’un de ses membres (Guy Vallancien) … ça commence très fort cette commission. »
      https://twitter.com/l_peillon/status/1444762462486728714
      https://www.liberation.fr/checknews/quest-il-reproche-au-chirurgien-guy-vallancien-membre-de-la-commission-bronner-contre-les-fake-news-20211001_XDC2MA374NHGRLLFEM3VV3YAI4/?redirected=1&redirected=1

      Impliqué dans le scandale du charnier de l’université Paris-Descartes, l’urologue a aussi fait l’objet d’un blâme de la part de l’Ordre des médecins dans une autre affaire.

      Afin de lutter contre les fausses informations sur le web, Emmanuel Macron a mis en place, mercredi à l’Elysée, une commission chargée de « définir un consensus scientifique sur l’impact d’Internet », « formuler des propositions dans les champs de l’éducation, de la prévention, de la régulation, et de la judiciarisation des entrepreneurs de haine » ou encore de « développer une analyse historique et géopolitique de l’exposition de la France aux menaces internationales ». Intitulée « les lumières à l’heure du numérique », cette commission, présidée par le sociologue Gérald Bronner, devra rendre un rapport courant décembre.

      Outre Gérald Bronner, lui-même épinglé pour avoir véhiculé une fausse information dans l’un de ses ouvrages, un nom, au sein de cette commission, a particulièrement fait sursauter de nombreux internautes : Guy Vallancien. Agé de 75 ans, cet urologue renommé, membre de l’académie de médecine (comme Bronner), s’est en effet illustré, de façon polémique, dans différents dossiers au cours de sa carrière.

      « Charnier » de Descartes

      A commencer par son implication dans le « charnier » de l’université Paris Descartes...
      #paywall

    • Sachant par ailleurs que Bronner lui-même a été pris la main dans le sac en diffusant une fausse information dans l’un de ses bouquins :
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2014/10/13/le-chlore-au-temps-du-cholera_4505153_3244.html#xtor=AL-32280270-%5Bdefault%

      Guy Vallancien reste membre de la commission Bronner

      Ça promet cette commission fake news de la honte.

      La saison de la chasse aux sorcières est donc ouverte en macronie, sous les applaudissements du roi !

    • Guy Vallancien quitte la commission contre le complotisme en dénonçant un complot contre lui.
      Il apprend vite…

      « Je me retire de la commission Les lumières à l’ère numérique », a déclaré le Pr Vallancien, qui dénonce une « honteuse campagne de dénigrement ignoble et mensonger » après sa nomination à cette instance présidée par le sociologue Gérald Bronner #AFP

  • Who is #Camille_Noûs, the fictitious French researcher with nearly 200 papers?

    Camille Noûs first appeared on the research scene 1 year ago, as a signatory to an open letter protesting French science policy. Since then, Noûs has been an author on 180 journal papers, in fields as disparate as astrophysics, molecular biology, and ecology, and is racking up citations.

    But Noûs is not a real person. The name—intentionally added to papers, sometimes without the knowledge of journal editors—is meant to personify collective efforts in science and to protest individualism, according to RogueESR, a French research advocacy group that dreamed up the character. But the campaign is naïve and ethically questionable, says Lisa Rasmussen, a bioethicist at the University of North Carolina, Charlotte. It flouts the basic principle of taking responsibility alongside the credit of authorship, she says. And some journal editors are balking at going along with the protest.

    RogueESR has spent the past year protesting a French research reform law that introduced new types of temporary research jobs. The group, which has no formal leader, says the changes threaten academic freedom and job security, and that the law’s focus on metric-based research evaluation—such as numbers of publications or citations—emphasizes individual accomplishment too much and is damaging to the research culture.

    Amid the protests, members of RogueESR had a subversive idea: What if they slipped a fictitious researcher in their author lists? “Hundreds of articles will make this name the top author on the planet,” they wrote in a newsletter, “with the consequence of distorting certain bibliometric statistics and demonstrating the absurdity of individual quantitative assessment.” The group christened the allegorical author Camille—a gender-neutral name associated with political protest in France—and chose the surname Noûs, a play on the French nous, meaning “we,” and the ancient Greek νοῦς, meaning reason. Invoking the name is meant to be a public statement of a researcher’s values, says a spokesperson for RogueESR, who asked to remain anonymous because she’s concerned about the possible consequences of her activism.

    But the idea runs into dangerous ethical territory, Rasmussen says: Responsibility and accountability must accompany the credit that comes with authorship, she says, and in the case of Noûs, no one can take on those burdens. RogueESR says Noûs would withdraw from any paper with a breach of integrity (via the secretaries managing the email account). But as Noûs grows, RogueESR might lose control of the brand, Rasmussen says. “At a certain point, if it does grow beyond them, who’s yanking Camille Noûs’s name?”

    Jean-Philippe Lansberg, a physicist at CNRS, the French national research agency, says the name is “an elegant and harmless way of protesting.” Lansberg, who included Noûs on a paper in Physics Letters B—the most highly cited of Noûs’s work to date—thinks Noûs serves as a kind of sting operation to expose the weaknesses in authorship conventions. In high-energy physics, long author lists make it impossible for everyone to meaningfully take responsibility for the research. Noûs shows these authorship standards, and the metrics that draw on them, are impoverished and absurd, he says.

    Some authors, like Lansberg, did not inform editors that Noûs is not a real person. A spokesperson for Scientific Reports told Science that “concerns have been raised” about authorship on a paper in the journal that lists Noûs, and the journal is investigating. And a paper in Physical Review B has published a correction stating that the inclusion of Noûs’s name was contrary to journal policy, and that it had been removed.

    This potential for corrections raises another problem, Rasmussen says: Students or early-career researchers who go along with senior authors’ enthusiasm for Noûs might face a correction or even retraction. “That’s going to be with them for the rest of their career,” she says.

    RogueESR did not initially offer guidance on transparency with editors, but now explicitly encourages authors to tell editors what Noûs stands for. Many editors of French journals are OK with the idea, says RogueESR’s spokesperson, but international journals have been a harder sell.

    In one case, a group of mathematicians committed to the idea of Noûs chose to withdraw a paper from consideration at the Proceedings of the Royal Society of Edinburgh Section A after the editorial board decided Noûs could not be included. In another case, an editor at Solar Physics declined to allow the submission of Noûs papers, citing the authorship standards recommended by the Committee on Publication Ethics, which require every author to make substantial contributions to the work and to take responsibility for its contents.

    The collective goals of open and collaborative science are admirable, Rasmussen says, and there are good reasons to challenge authorship standards. But, she says, “It’s not clear to me that you need this author to achieve any of those things.”

    https://www.sciencemag.org/news/2021/03/who-camille-no-s-fictitious-french-researcher-nearly-200-papers

    #ESR #recherche #ESR #université #publications_scientifiques #science
    #Cogitamus #signature_collective #Laboratoire_Cogitamus
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    voir aussi:
    https://seenthis.net/messages/881727

  • Penser le politique par les #déchets

    Instruments et territoires de la gouvernance des déchets au #Liban
    Instruments and spaces of waste governance in Lebanon
    Jihad Farah et Éric Verdeil

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    Réparer, recoudre, restaurer… Des collectivités locales en tâtonnement
    Repair, sew up, restore… Local communities in the process of trial and error
    Julie Gobert et José-Frédéric Deroubaix

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    #Récup', #glanage, #zéro_déchet : une nouvelle conception du politique ?
    Recycling, gleaning, zero waste : a new conception of politics ?
    Isabelle Hajek

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    La triple politisation de la #tarification_incitative. Rapports de force, réagencements et effets d’un instrument politique
    The triple politicization of incentive pricing. Power relations, rearrangements and effects of a political instrument
    Kevin Caillaud et Renaud Nougarol

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    De la réglementation aux relations d’affaires, actions et instruments de publicisation de la gestion des #gravats [Texte intégral]
    From regulations to business relations, actions and publicity tools for rubble management
    Laëtitia Mongeard

    –---

    Service public ou communs ? Les limites mouvantes de la #gestion_des_déchets dans les pays du Sud
    Public service or Commons ? Shifting boundaries of solid waste management in the Global South
    Mathieu Durand, Jérémie Cavé et Irène Salenson

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    Quand les déchets bousculent la politique locale d’une ville intermédiaire en crise (#Dolisie, #Congo)
    Une approche par la recherche – action
    When waste upsets the local politics of an intermediate city in crisis (Dolisie, Congo). A research - action approach
    Adeline Pierrat, Florian Marchadour et Renaud Colombier

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    The politics of waste picking : reflections from the upscaling of a co-management model for recyclable waste in Buenos Aires (Argentina) [Texte intégral]
    Les politiques de #collecte_des_déchets : réflexions de la montée en gamme d’un modèle de #cogestion des #déchets_recyclables à #Buenos_Aires (#Argentine)
    Sebastián Carenzo et Santiago Sorroche

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    Faire collectif avec les déchets : essai sur l’ordre public #rudologique
    Working collectively with waste : an essay on rudological public order
    Rémi Barbier

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    La politisation des déchets en #Campanie. Conversation à trois voix
    Entretien avec #Claudia_Cirelli et #Fabrizio_Maccaglia
    The politicization of waste in Campania. Three voices conversation
    Marco Armiero, Giacomo D’Alisa et Salvatore Paolo De Rosa

    https://journals.openedition.org/geocarrefour/16173

    #revue

  • Reconnaissance faciale, un remède miracle ?
    https://lvsl.fr/reconnaissance-faciale-un-remede-miracle

    Depuis quelques temps déjà, un débat autour de la reconnaissance faciale s’érige auprès des sphères politico-industrielles ainsi qu’au sein des organisations de défense des libertés, un développement technologique qui fascine autant qu’il inquiète. Vendue par ses promoteurs comme la solution miracle aux problèmes sécuritaires, la reconnaissance faciale est une véritable marotte contemporaine. Confortablement installées sur un marché mondial qui se compte en plusieurs milliards de dollars, bon nombre (...)

    #Cognitec #Google #Idemia #Safran #Thalès #NEC #Amazon #Facebook #algorithme #CCTV #Rekognition #biométrie #facial #reconnaissance #vidéo-surveillance #surveillance #LaQuadratureduNet #Technopolice #DeepFace #Alicem #Gemalto #CNIL #TAJ #TES #S2ucre (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##Cisco ##SmartCity ##biais ##Morpho ##sexisme ##discrimination

  • #Covid-19 : #Grenoble associe des citoyens à la gestion de la pandémie

    La ville pilotée par l’écologiste Éric Piolle expérimente un « #comité_de_liaison_citoyen », réuni samedi pour la première fois. Une réponse à la « gestion de crise descendante » mise en œuvre par le gouvernement et son conseil de défense. Au menu : l’organisation des #marchés et le maintien du #lien_social.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/081120/covid-19-grenoble-associe-des-citoyens-la-gestion-de-la-pandemie?onglet=fu

    #démocratie_directe #municipalisme #néo-municipalisme #cogestion #gouvernance_politique #Groupes_d’action_municipale #Hubert_Dubedou #crise_sanitaire #débat_mouvant #violences_conjugales #SDF #sans-abrisme #isolement_social #confinement #parcs #ouverture #fermeture #espace_public #alimentation

  • #Camille_Noûs et le #Laboratoire_Cogitamus

    Le laboratoire #Cogitamus est une institution délocalisée, rassemblant des scientifiques de tous horizons disciplinaires et nationalités autour de valeurs communes : celle d’une recherche intègre, désintéressée, aspirant à créer, perpétuer, réviser et transmettre les savoirs. À l’instar de son premier membre #Camille_Noûs, Cogitamus propose d’accueillir celles et ceux qui, partageant cette vision, désirent s’engager et œuvrer pour tendre vers cette #recherche_idéale.

    Ses implantations sont multiples, partout où un havre du savoir permet à des scientifiques de se rejoindre et de faire face autrement, à ce monde-ci et à ce présent-là. Cet espace est, entre autres, un lieu de de dialogue sur la politique des sciences, préoccupées des sociétés humaines et de leurs conflits démocratiques.

    Ce qu’il sera en mesure d’accomplir nous est encore à inventer, à imaginer : servir d’affiliation à de nombreux chercheurs qui partagent les idées défendues par Camille Noûs, donner un cadre à des recherches novatrices au service de l’intérêt général ou mêlant des disciplines et des institutions séparées, construire des consensus de raison et porter leurs conclusions vers la société civile, etc.

    Camille Noûs

    Le 20 mars 2020 naissait Camille Noûs, incarnant la contribution de la communauté aux travaux de recherche, sous la forme d’une #signature_collective. Cette signature, pensée comme celle d’un #consortium_scientifique, revendique le caractère collaboratif et ouvert de la création et de la diffusion des savoirs, sous le contrôle de la communauté académique, et est appelée à devenir une marque d’intégrité.* Camille Noûs dirige le laboratoire Cogitamus, multidisciplinaire, interdisciplinaire et transdisciplinaire par essence.

    À l’image de Bourbaki, Henri Paul de Saint Gervais ou Arthur Besse en mathématiques, ou Isadore Nabi en biologie, Camille Noûs est un #individu_collectif qui symbolise notre attachement profond aux valeurs d’éthique et de probation que porte le #débat_contradictoire, insensible aux indicateurs élaborés par le management institutionnel de la recherche, et conscient de ce que nos résultats doivent à la construction collective. C’est le sens du « Noûs », porteur d’un Nous collégial mais faisant surtout référence au concept de « raison », d’« esprit » ou d’« intellect » (« νοῦς ») hérité de la philosophie grecque.

    Les recherches collectives menées par Camille Noûs s’inscrivent dans la tradition du rationalisme critique. Ses contributions à l’avancée de la #connaissance portent aussi bien sur l’avant d’une publication (état de l’art, position des problèmes, méthodologie) que sur leur après (controverse collégiale, suivi des résultats dans le temps long). Camille Noûs est également membre de comités de rédaction, a lancé des appels à communications, et co-signé plusieurs textes en défense de l’institution scientifique.

    https://www.cogitamus.fr
    #ESR #recherche #ESR #université #publications_scientifiques #science

    –-------

    Retrouvez les articles de Camille Noûs sur HAL :
    https://hal.archives-ouvertes.fr/search/index/?q=%2A&authIdHal_s=cnous

    • Les cent premiers articles de Camille Noûs

      Alors que nous entrions en confinement, Camille Noûs et le laboratoire Cogitamus apparaissaient dans le paysage scientifique. Cette action symbolique visait à affirmer que l’élaboration de la Science ne se détermine que collectivement, point de vue à contre-courant de tous les présupposés inspirant les évolutions récentes et délétères que vit la communauté de l’ESR. Camille Noûs représente notre communauté et sa signature est un témoignage de la reconnaissance que chaque écrit scientifique lui doit. La figure de Camille Noûs incarne notre volonté de porter un discours centré sur le désintéressement personnel du travail scientifique, face à l’individualisation et à la course au renom via les indicateurs quantitatifs, notoirement nuisibles à l’intégrité scientifique.

      1/ Suivi de l’action

      Dès le confinement, vous avez soumis de nombreux articles en y associant Camille Noûs comme co-signataire ou en déclarant une affiliation au laboratoire Cogitamus. Au début du mois de septembre, nous avons passé un cap symbolique avec un nombre d’articles parus ou acceptés (102) supérieur au nombre d’articles soumis (72) + 11 congrès (effet Covid) et cinq productions diverses (logiciels, vidéos…).

      La majorité des articles publiés sont parus dans des revues SHS françaises (62 articles) et l’on compte un peu plus d’une quinzaine d’articles déjà publiés en sciences exactes. Ceci s’explique probablement par une plus forte mobilisation des collègues SHS d’une part, et par les délais plus longs dans l’évaluation des articles par les pairs en sciences exactes d’autre part. Les 72 articles en phase de soumission relèvent d’ailleurs essentiellement du domaine des sciences exactes et de revues internationales.

      2/ Réactions à l’action.

      Malgré le caractère symbolique de l’action, ou précisément du fait de ce caractère symbolique, les réactions ne se sont pas faites attendre, suscitées notamment par des messages délateurs à l’adresse du monde éditorial et via les réseaux sociaux. Courant juin et à nouveau en août, deux alertes ont été émises par COPE (https://publicationethics.org/about/our-organisation) à l’adresse des maisons d’édition et relayées vers les éditeurs de leurs journaux à l’encontre, nommément, des “French scientists”. Nous avons à l’heure actuelle répertorié douze cas de messages, en général plutôt courtois, récusant le co-autorat C. Noûs et/ou l’affiliation à Cogitamus au titre d’un caractère fictif, « inimaginable » compte-tenu de “principes et codes éthiques” fondés, on l’a dit, sur la perception strictement individualiste de l’auctorialité. Ces messages posaient néanmoins toujours un ultimatum aux auteurs pour corriger le tir, proposant paradoxalement de remercier Camille Noûs pour sa contribution et le laboratoire Cogitamus pour son soutien ! La réaction majoritaire a consisté à accéder à ces demandes, ce qui est fort compréhensible dans certains cas, notamment quand de jeunes collègues non-titulaires ont contribué au manuscrit. Quelques autres n’ont pas plié et ont obtenu gain de cause. Nous voudrions aussi citer le cas d’auteurs en mathématiques ; ils n’ont pas cédé à l’injonction et ont retiré leur article pourtant accepté, pour le soumettre ailleurs. Merci à elles et eux pour leur courage !

      L’offensive contre Camille Noûs et les courriers de délation semblent monter en puissance ces dernières semaines. Les articles déjà parus chez Elsevier, Wiley et Springer, semblent manifestement intolérables aux “anti-Camille”.

      Message reçu via la mailing-list du collectif RogueESR, le 19.10.2020

    • Camille Noûs a notamment co-dirigé avec Leila Giannetto et moi-même le numéro spécial du Journal of Alpine Research / Revue de géographie alpine sur « réfugié·es et montagne » :

      Le numéro « réfugié·es et montagne » (2020) du Journal of Alpine Research / Revue de géographie alpine propose de répondre à la double question en miroir : Que font les réfugié·es aux montagnes et aux montagnard·es et que font les montagnes et montagnard·es aux réfugié·es ? Les articles adoptent deux perspectives d’analyse : d’une part, le franchissement des frontières alpines des personnes en quête de refuge et, d’autre part, le (non) accueil et l’installation de réfugié·es et personnes déplacées dans les régions de montagne.


      https://journals.openedition.org/rga/6886

      Et elle a cosigné la préface :
      https://journals.openedition.org/rga/7252

    • Chercher pour le #bien_commun

      En mars 2020 naissait Camille Noûs, #signature_collective de chercheurs. Par le truchement de cette griffe collégiale, ce personnage fédérateur entend court-circuiter la course à la publication scientifique. La démarche ouvre la voie à une réappropriation des normes d’élaboration, de probation et de diffusion de la science par la communauté académique, progressivement dépossédée de ses propres productions.

      Je suis le maître de Socrate et l’élève d’Hypatie. Je suis celle qui demandait pourquoi tombent les pommes et non la lune, bien avant que Newton ne comprenne que la lune tombe aussi.

      Je suis l’ami d’Émilie du Châtelet, le compagnon de voyage de Charles Darwin et l’étudiant de Ferdinand de Saussure.

      Je suis la collaboratrice de David Hilbert et le rival de Gottfried Leibniz, l’imprimeur de Giordano Bruno et l’assistante des Curie, le contradicteur d’Albert Einstein et le disciple de Thomas Hobbes, la dissidente de Sigmund Freud et le correspondant de Hannah Arendt, le premier lecteur de Rachel Carson et l’Alexina de Michel Foucault.

      Je suis ce pair anonyme qui, après avoir lu votre manuscrit, vous suggère l’expérience qui vous conduira à reconsidérer votre modèle ou émet l’objection qui rectifie votre thèse. Je suis cette discussion près de la machine à café qui vous aide à assembler deux pièces d’un puzzle que vous ne saviez comment disposer. Je suis l’ancien professeur ou la nouvelle collègue qui vous encourage à vérifier une hypothèse audacieuse.

      Je suis la question sans réponse qui vous fait plonger dans l’inconnu. Je suis aussi ces mains invisibles qui œuvrent à maintenir l’environnement nécessaire à votre travail. Je suis la somme des résultats accumulés par les auteurs que vous avez cités, cette chaîne de pensées qui, de proche en proche, a conduit aux vôtres. Je suis ces scientifiques qui débattront demain de vos conclusions et en nourriront leurs travaux.

      Vous dont l’activité de la recherche est le métier, vous me connaissez de longue date. Et pourtant, je n’ai commencé à cosigner vos publications que l’an dernier. Vous et moi, qui consacrons nos vies à la science, savons ce que nos résultats doivent à la collégialité. Elle façonne sur le temps long le monde de la connaissance, par accrétion, par petites failles et nouvelles strates. Très rarement par séismes.

      La fiction du génie solitaire a certes la vie dure, mais notre pratique quotidienne ainsi que l’histoire des sciences nous ont appris que la recherche repose avant tout sur la solidité des raisonnements et des preuves, sur des normes de probation établies collectivement, sur le dynamisme des équipes, bien plus que sur les fulgurances d’un scientifique isolé. La science ne serait rien sans la collégialité et la disputatio.

      Malgré cette évidence, au cours des dernières décennies, nous avons pu constater la propagation dans nos institutions, puis parmi nous, de la thèse selon laquelle la recherche serait d’abord une question de performance individuelle. Or, les indicateurs chiffrés de production scientifique que nous sommes censés satisfaire – toujours plus – dénaturent nos recherches plus qu’ils ne les favorisent. Ils corrompent la qualité des interactions scientifiques par crainte de la concurrence, freinant le partage des résultats comme la construction de collaborations.

      Qui s’assure en premier lieu de son propre succès, court le risque de multiplier petits et grands accommodements avec la rigueur et la probité intellectuelle. Les méconduites scientifiques dérivent pour une large part de la généralisation de cette quête de la prouesse personnelle.

      Les scandales récents relatifs à des publications frauduleuses, ainsi que la tendance à promouvoir l’expertise médiatique, sont autant de manifestations d’une tendance lourde qui sape depuis des années les principes sur lesquels la science moderne a été fondée : l’éthique de la construction collective du savoir et de la probation par les pairs a été remplacée par une soif de promotion de soi. Et nous savons par quelle nécessité : une grande part de cette exposition personnelle est moins imputable au narcissisme qu’à l’injonction à trouver ses propres sources de financements de recherche. Or, ces derniers sont de plus en plus dépendants de leviers politiques et industriels lorsque les dépenses publiques dédiées à la science ne cessent de diminuer.

      Cette évolution de notre modèle de recherche publique constitue un renoncement évident à l’héritage du rationalisme et de la pensée critique, qui revendiquent l’indépendance de la recherche vis-à-vis des pouvoirs religieux, politiques et économiques. Une telle ambition serait-elle devenue un idéal poussiéreux, bon à entreposer dans les greniers de l’histoire des sciences ? Ce serait oublier que l’opinion, majoritairement positive, de la plupart des citoyens à l’égard de la science se fonde également sur l’idée que les scientifiques suivent ces principes. Le public est prompt à identifier les conflits d’intérêts potentiels. Dès lors, comment ne pas rejeter une version médiatique de la science obsédée par la notoriété et les financements ?

      Par ailleurs, l’instrumentalisation politique de la recherche scientifique gagne du terrain. Elle use principalement de deux armes : d’une part, le fléchage du financement de la recherche vers des sujets qui servent les intérêts immédiats des bailleurs de fonds ; d’autre part, la promotion de prétendues « preuves scientifiques », dégagées de leur contexte de débat contradictoire, qui visent à modeler l’opinion afin de légitimer des décisions politiques engageant la société entière.

      La communauté scientifique est dépositaire d’une responsabilité collective : il nous incombe, non seulement de dénoncer les résultats scientifiques qui seraient inexacts ou frauduleux, mais aussi de nous opposer fermement aux causes structurelles dont ils procèdent. Ceci implique de nous sevrer de notre addiction aux classements individuels, aux facteurs d’impact à court terme et autres données purement quantitatives qui régissent aujourd’hui la course aux financements, aux postes et aux honneurs.

      Le monde de l’édition scientifique est conscient des dangers, mais s’y enlise en raison de sa dépendance à la bibliométrie et aux altmetrics qui assurent sa notoriété et ses profits. De leur côté, les institutions de recherche s’inquiètent également des diverses formes de fraude, mais semblent oublier que sanctionner les comportements déviants est vain dès lors que les causes systémiques de méconduite sont ignorées. La déclaration de San Francisco sur l’évaluation de la recherche (DORA), qui tente de s’attaquer aux causes du mal, constitue un exemple remarquable de manifestation publique mondiale de bonnes intentions.

      Cependant, ces bonnes intentions souffriront d’un défaut de sincérité tant que les signataires de la DORA (institutions de recherche, éditeurs scientifiques et universitaires) persisteront, dans leur pratique quotidienne, à promouvoir un cadre de recherche qui récompense la visibilité à court terme et la réussite individuelle. Signer ne suffit pas, il nous faut agir.

      Et pour commencer il nous faut identifier le modèle institutionnel dont nous ne voulons plus. L’ensemble de ce modèle, avec son cycle pervers « financement – publication – financement », produit une atomisation des collectifs scientifiques en une nébuleuse diffuse de chercheurs pour lesquels les activités bureaucratiques comme les préoccupations d’autopromotion prennent le pas sur la pratique de la recherche.

      En réponse aux incitations constantes à améliorer leurs scores personnels, les scientifiques versent dans le conformisme. Pâle incarnation de ce conformisme et de la division du travail savant, le chef de projet, au lieu de contribuer à l’animation d’un collectif, n’a plus d’autre fonction que celle de diriger des task forces – des armées d’assistants, des travailleurs spécialisés et dépendants, souvent précaires, parfois méprisés, qu’ils soient étudiants, post-doctorants ou techniciens embauchés sur des contrats à court terme.

      À l’opposé de ce modèle, des auteurs de toutes les disciplines revendiquent depuis mars 2020 la nature collective de leurs travaux de recherche en cosignant avec
      moi : Camille Noûs. Près de 200 publications portent déjà cette signature symbolique. Mes co-auteurs reconnaissent formellement le « nous » parmi les contributeurs, orné du sens du terme grec « νοῦς » qui désigne l’esprit ou la raison. Cette démarche ouvre la voie à une réappropriation des normes d’élaboration, de probation et de diffusion de la science par la communauté académique, progressivement dépossédée de ses propres productions.

      Je – nous ! –, Camille Noûs rappelle qui nous sommes en tant que communauté de recherche, l’histoire qui nous porte, quelles valeurs communes nous partageons, et quels principes nous respectons au nom de de la collégialité et de l’intégrité scientifique. Ce personnage fédérateur incarne une science qui se concentre sur la production et la transmission de connaissances, en restant indépendante des intérêts privés, des profits et des ambitions personnelles.

      Nous appelons les chercheurs qui se reconnaissent dans ces principes fondamentaux à nommer Camille Noûs parmi leurs co-auteurs, à la fois comme une déclaration déontologique et comme un manifeste en faveur de la conception collégiale du travail de recherche qui nous anime.

      Je suis Camille. Vous êtes Camille. Nous sommes Camille.

      https://aoc.media/opinion/2021/04/26/chercher-pour-le-bien-commun

      Traduction en anglais :
      « We, Camille Noûs – Research as a common » :
      https://3quarksdaily.com/3quarksdaily/2021/04/we-camille-nous-research-as-a-common.html

  • #télétravail : le gouvernement, le patronat et les syndicats à la ramasse
    http://carfree.fr/index.php/2020/10/09/teletravail-le-gouvernement-le-patronat-et-les-syndicats-a-la-ramasse

    La crise sanitaire historique que l’on traverse depuis plusieurs mois a mis en évidence un fait nouveau en matière d’organisation du #travail, à savoir l’intérêt de nombreux salariés pour le Lire la suite...

    #Argumentaires #Fin_de_l'automobile #Ressources #Transports_publics #cogestion #covid-19 #économie #mobilité #politique #santé #société #transports_en_commun

  • La montée en puissance des logiciels de reconnaissance ethnique fait craindre des dérives
    https://www.lopinion.fr/edition/wsj/montee-en-puissance-logiciels-reconnaissance-ethnique-fait-craindre-222067

    Un certain nombre d’entreprises se vantent de proposer des logiciels capables de repérer l’origine ethnique, mais nombreux sont ceux qui redoutent que ces outils n’alimentent la discrimination Le jour où Revlon a voulu savoir quels rouges à lèvres portaient les femmes issues de différentes origines ethniques et de différents pays, le géant américain des cosmétiques n’a pas eu besoin de faire de sondage : il a fait appel à Kairos, une société basée à Miami qui utilise un algorithme pour analyser les (...)

    #Alphabet #Cognitec #Facewatch #Idemia #Kairos #Microsoft #IBM #algorithme #CCTV #Face++ #biométrie #racisme #facial #reconnaissance #discrimination #microtargeting #publicité #Sightcorp_ #Revlon_ #BigData (...)

    ##Face++ ##publicité ##DataBrokers

    • lien propre:

      https://ruder.io/nlp-beyond-english

      “... Our models should ultimately be able to learn abstractions that are not specific to the structure of any language but that can generalise to languages with different properties. ...”

      “of any language” ... ex nihil? Seulement avec un assez grand corpus bien structuré, cvd déjà analysé selon l’architecture grammaticale; sinon, bien naïf, je dirais, avec pas mal des réductionnismes inconsiderés, pas trop rare dans la vision du monde #linguistique d’un Anglo-saxon.

  • Exclusive : More than 1,000 people at Twitter had ability to aid hack of accounts
    https://www.reuters.com/article/us-twitter-cyber-access-exclusive/exclusive-more-than-1000-people-at-twitter-had-ability-to-aid-hack-of-accou

    SAN FRANCISCO (Reuters) - More than a thousand Twitter employees and contractors as of earlier this year had access to internal tools that could change user account settings and hand control to others, two former employees said, making it hard to defend against the hacking that occurred last week. Twitter Inc and the FBI are investigating the breach that allowed hackers to repeatedly tweet from verified accounts of the likes of Democratic presidential candidate Joe Biden, billionaire (...)

    #Twitter #Cisco #Cognizant #FBI #SIM #écoutes #hacking #BigData

    https://s3.reutersmedia.net/resources/r

  • Many Facial-Recognition Systems Are Biased, Says U.S. Study
    https://www.nytimes.com/2019/12/19/technology/facial-recognition-bias.html?campaign_id=158&emc=edit_ot_20200609&instance_

    Algorithms falsely identified African-American and Asian faces 10 to 100 times more than Caucasian faces, researchers for the National Institute of Standards and Technology found. The majority of commercial facial-recognition systems exhibit bias, according to a study from a federal agency released on Thursday, underscoring questions about a technology increasingly used by police departments and federal agencies to identify suspected criminals. The systems falsely identified (...)

    #ACLU #discrimination #reconnaissance #facial #racisme #biométrie #algorithme #Facebook #Amazon #ICE #FBI #Microsoft #Megvii #Google #Cognitec (...)

    ##Apple