• Les terrils, une histoire de la mine à l’air libre

    Dans le #Pas-de-Calais, à côté de la ville d’#Oignies, d’un paysage plat, à l’horizon infini, surgit une étrange excroissance : c’est un des nombreux #terrils qui parsèment la région.

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    A côté de la ville de Oignies, dans un #paysage plat, à l’horizon infini, surgit une étrange excroissance de la terre, une colline massive, imposante, noire. Le regard s’habitue et on repère alors à l’horizon d’autres monticules, disséminés sans logique apparente, sans implication dans la géographie du lieu, des monticules dont la couleur noire indiquerait, de loin, qu’ils sont arides, sans végétation. Mais on s’approche et on constate alors que sur ces monticules, malgré tout, quelques plantes ont réussi à pousser...

    Ces monticules, ce sont les terrils : ils marquent le paysage et rappellent l’histoire de la région, une histoire minière, une #histoire sociale, une histoire industrielle.

    Emblèmes de cette histoire, les terrils se sont formés en écho aux mines ; ce sont les #résidus, les #déchets_miniers, qu’on laissait sur place, à côté des fosses et qui au cours des années ont fini par devenir ces immenses #collines.

    Autour d’Oignies s’étend le #bois_des_Hautois. En 1842, la forêt était le parc du château d’Henriette de Clercq et un ingénieur y trouve la première trace prometteuse de #charbon ! Rappelons que jusqu’en 1713, le charbon était extrait sur le territoire belge. On cherchait donc à en trouver en #France. On en trouve dès 1720 près de Valenciennes, mais la veine se révèlera trop faible, et c’est donc à Oignies qu’on trouvera la manne …

    Dans une des fosses creusées aux environs de la ville descend la première berline de charbon. Symboliquement, ce sera de cette même fosse que remontera la dernière berline, le 20 décembre 1990, mettant ainsi fin à des années d’exploitation minière dans la région.

    Quand on pense à la mine, on pense à la vie sous terre, aux coups de grisou, à une vie d’ombre et de souterrains, aux visages noircis des mineurs, à l’histoire sociale qui l’accompagne - pourtant c’est du haut des terrils, à l’air libre et en surplomb, qu’on embrassera peut-être le mieux, aujourd’hui, le paysage minier et son histoire.

    Les terrils forment des circuits de randonnées d’où on peut contempler tout le bassin minier … Pour quelques-uns ils deviennent même des lieux d’observation privilégiés de certaines plantes. Figurez-vous que des arbres sont nés des trognons de pommes, de poires, de fruits que les mineurs jetaient dans les wagons de charbon ! Enfouis dans les terrils, avec le temps, les pépins ont recréé un paysage végétal, un paysage du souvenir …

    Du haut des 70 mètres du terril 110, le plus proche d’Oignies, on contemplera un panorama qui ouvre sur l’intégralité du bassin minier. Il assemble en un regard les autres terrils au loin, et le 9-9 bis, centre minier emblématique à l’architecture reconnaissable, aujourd’hui reconverti en centre culturel.

    Plus au loin encore, on apercevra les silhouettes imposantes de deux autres terrils, les terrils 116 et 117. Surnommés les colosses d’Oignies ils protègent aujourd’hui la ville du bruit intempestif des axes routiers ! Des terrils non seulement intégrés au paysage, mais intégrés aussi, désormais, au quotidien des habitants.

    Et sur les flancs de ces terrils, 110, 116 ou 117, des fleurs jaunes se sont développées. Elles forment comme une constellation de points lumineux dans les masses noires, comme un éclatant rappel de l’histoire propre à la région …

    Archives diffusées : témoignages de mineurs lors de la fermeture du dernier puit à Oignies le 20 décembre 1990 et chanson chantée par des mineurs des Cévennes, avril 1980

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-esprit-des-lieux-la-chronique-de-l-ete/les-terrils-une-histoire-de-la-mine-6923159

    #mines #mine #France

  • L’assemblée ouverte de la colline de Strefi
    Éparpillement et déploiement d’une mobilisation athénienne naissante (III)

    Luz Belirsiz

    https://lavoiedujaguar.net/L-assemblee-ouverte-de-la-colline-de-Strefi-Eparpillement-et-deploie

    Ce texte fait suite à « Naissance d’une mobilisation athénienne. L’assemblée ouverte de la colline de Strefi » et à « L’assemblée ouverte de la colline de Strefi. Récit d’une mobilisation athénienne naissante ».

    13 mars. Ce samedi, nous sommes un poil plus nombreux que le précédent (disons soixante-dix contre cinquante la dernière fois, toujours très loin néanmoins des glorieuses assemblées du début qui ont pu réunir trois cents à quatre cents personnes). Avec les événements de Nea Smyrni durant la semaine et la perspective de manifestations de rue coordonnées dans différents quartiers, certains piliers de l’assemblée, parmi les plus jeunes, que j’avais vus pour la dernière fois à l’« action » du 28 février, sont de retour. Un peu chiffonnés sans doute par le souvenir de l’envasement de l’assemblée précédente, on désigne cette fois un syndonistis (« coordinateur », en l’occurrence une syndonistria, car c’est Eleni qui s’y colle) et on entreprend de faire un ordre du jour.

    Y entrent pêle-mêle : demain ; l’organisation d’une manifestation devant le siège de Prodea (l’entreprise immobilière à laquelle la mairie a confié la réalisation d’études préliminaires pour le réaménagement de Strefi) ; la pétition (dont les partisans ont emporté le morceau samedi dernier) ; le problème de la baisse de la participation à l’assemblée ; le bâtiment dit « Byzantino » (cantina abandonnée que quelques-uns ont pris l’initiative d’ouvrir durant la fête du 28 février en vue de l’occuper, mais tout le monde ne le sait pas encore) ; une présence policière nouvelle observée sur la colline depuis la montée des tensions à Nea Smyrni ; la suggestion acceptée en principe par l’assemblée de la semaine dernière d’un appel à venir fêter le Kathari Deftera (le « lundi propre ») sur Strefi…

    #Grèce #Athènes #Exarcheia #colline #assemblée #mobilisation #récit

    • Pourquoi les zadistes ont aussi gagné

      Ce mardi 30 mars, la police a évacué la « zone à défendre » du Mormont, mettant un terme à cinq mois d’occupation. Si des cailloux ont été lancés, si des tirs de flash-balls ont fusé, la journée a été placée sous le signe des larmes plutôt que de la violence. Chez certains zadistes dominait un sentiment de défaite, d’impuissance face à la destruction d’un monde (le leur) et de la planète. « Ce sont une nouvelle fois les plus forts qui gagnent », disaient-ils en substance. Vraiment ?

      Dans les deux camps, occupés à jouer une pièce de théâtre maintes fois présentée mais dont la chute varie suivant les attitudes réciproques, il y avait une volonté de retenue, certainement accrue par le côté hautement émotionnel et la visibilité de ce dossier. Pour une ministre Verte chargée de la Police, il était sans doute hors de question qu’un dérapage ait lieu sur un tel terrain.

      Cela n’enlève rien au chagrin et à la rage des zadistes, à la fatigue des policiers, au ras-le-bol des autorités locales, aux craintes des ouvriers de Holcim, à toutes les questions qui restent sur cette occupation et la nécessité d’évacuer, sur la débauche des moyens mobilisés, sur la désobéissance civile, sur l’avenir de cette colline et sur notre attitude face aux dangers qui menacent notre planète.

      Reste que, si les orchidées de la Birette mettront sans doute du temps à repousser, notre collectivité et notre humanité ont été préservées. Alors que des commentateurs s’écharpent sur le web autour de cette affaire, ce 30 mars a amené une touche de respect dans la tempête et la souffrance de notre monde.

      Cela, c’est aussi aux activistes de la colline que nous le devons. Combien de jeunes squatteurs idéalistes peuvent-ils se targuer d’avoir ouvert les yeux du Conseil d’État sur une problématique capitale, en l’occurrence notre dépendance au béton ? D’avoir poussé la police à avancer à pas délicats, à exprimer sa considération, à communiquer largement ? Pour les journalistes aussi, cette occupation a été une piqûre de rappel : ce qui ronronne (par exemple une usine), ce qui se présente comme une évidence doit aussi être interrogé, analysé, remis en question.

      Puisse le dossier du #Mormont et du béton en général, si emblématique de notre époque, continuer à profiter de cet élan. Car le réchauffement climatique, lui, ne peut pas être évacué de nos préoccupations.

      https://www.24heures.ch/pourquoi-les-zadistes-ont-aussi-gagne-719001211111

  • L’assemblée ouverte de la colline de Strefi
    Récit d’une mobilisation athénienne naissante (II)

    Luz Belirsiz

    https://lavoiedujaguar.net/L-assemblee-ouverte-de-la-colline-de-Strefi-Recit-d-une-mobilisation

    Ce texte fait suite à « Naissance d’une mobilisation athénienne.
    L’assemblée ouverte de la colline de Strefi ».

    Ce dimanche 28 février à midi, en arrivant en haut des escaliers qui, au bout de notre rue, débouchent sur le flanc nord de Strefi, où nous rejoignons l’un des six points de rendez-vous répartis autour de la colline, légère surprise : non seulement le ciel est gris, mais un vent du nord, d’un froid piquant, souffle violemment. J’aurais dû mieux fixer ma pancarte de carton sur son manche de bambou : tournoyant comme une robuste rose des vents, elle distribue d’agressives claques ! Et puis fichtre ! Brrrrr… on aurait dû mettre une petite laine, ça caille. D’autant plus qu’au vu du peu de monde présent au point de rendez-vous le plus proche de chez nous, sur le grand toit-terrasse du terrain couvert où s’entraîne Asteras, rue Pulcherias, on va probablement devoir poireauter un bout de temps avant que ne se concrétise, si on y parvient, l’encerclement symbolique de la colline, première « action » sur le Lofos Strefi.

    (Pour rappel, au début du mois, la première action de mobilisation à l’appel de l’assemblée naissante avait rassemblé quelque trois cents personnes devant la mairie d’Athènes un mercredi à l’heure du conseil municipal. Bien qu’entre-temps nous eûmes appris qu’il se déroulait en ligne. Il fallait néanmoins manifester notre mécontentement : la mairie venait de voter une résolution confiant à l’entreprise immobilière Prodea — véreuse, mais en l’occurrence c’est accessoire — la réalisation d’études préliminaires — estimées par Prodea à un million d’euros, mais gracieusement offertes à la municipalité — en vue du réaménagement de la colline.) (...)

    #Grèce #Athènes #Exarcheia #récit #assemblée #mobilisation #colline #Dimitris_Koufodinas #violences_policières #émeutes

  • La carte de la #mémoire statuaire par Christian Grataloup - Sciences et Avenir

    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/la-carte-de-la-memoire-statuaire-par-christian-grataloup_145329

    Les pratiques mémorielles collectives les plus courantes ne coutent pas bien cher. Il suffit de nommer. Plutôt que de numéroter les rues ou les établissements (scolaires, hospitaliers, militaires, etc.), on leur donne un nom, le plus souvent celui d’une personne, décédée de préférence. La dépense se limite à quelques plaques. On retrouve aussi ces dénominations sur les papiers à en-tête ou les cartes de visites, dans la mesure où subsistent encore ces pratiques prénumériques. Quel effet cela a-t-il pour le souvenir du (rarement de la) disparu(e) ? Très certainement peu de choses. Beaucoup de résidents ignorent qui était l’illustre dont leur adresse porte le patronyme et avouent souvent ne pas même s’être posé la question. Habiter avenue des tilleuls ou rue Gambetta ne change rien à la vie quotidienne ou aux représentations qu’on se fait de sa propre géographie. Littéralement, le plan de la ville n’est pas une carte-mémoire.

    #traces #statues #déboulonage

    • Les #pratiques_mémorielles collectives les plus courantes ne coutent pas bien cher. Il suffit de nommer. Plutôt que de numéroter les rues ou les établissements (scolaires, hospitaliers, militaires, etc.), on leur donne un #nom, le plus souvent celui d’une personne, décédée de préférence. La dépense se limite à quelques #plaques. On retrouve aussi ces #dénominations sur les papiers à en-tête ou les cartes de visites, dans la mesure où subsistent encore ces pratiques prénumériques. Quel effet cela a-t-il pour le souvenir du (rarement de la) disparu(e) ? Très certainement peu de choses. Beaucoup de résidents ignorent qui était l’illustre dont leur adresse porte le #patronyme et avouent souvent ne pas même s’être posé la question. Habiter avenue des tilleuls ou rue Gambetta ne change rien à la vie quotidienne ou aux représentations qu’on se fait de sa propre #géographie. Littéralement, le plan de la ville n’est pas une carte-mémoire.

      "Ah, s’il avait pu ne pas exister, celui-là !"

      Je me souviens avoir, il y a plus de quarante ans, enseigné dans un collège (un CES alors) de ce qui était la banlieue rouge. La municipalité communiste lui avait donné le nom de #Marcel_Cachin. Lorsque la vie politique française du XXe siècle figurait dans les programmes, je me faisais un devoir de citer l’homme politique communiste, longtemps directeur de L’Humanité. Je n’ai jamais rencontré un élève qui en avait au préalable une vague connaissance. Pourtant, cela faisait moins de vingt ans qu’il était décédé et l’environnement politique local aurait pu favoriser ce culte du héros. L’ignorance était aussi profonde dans l’établissement voisin baptisé (si j’ose dire) Eugénie Cotton. Chose amusante, il est plusieurs fois arrivé que des élèves s’écrient : "ah, s’il avait pu ne pas exister, celui-là !". On pourrait imaginer une dystopie où il serait possible d’effacer le passé, ce qui ferait disparaître tous les lieux portant le nom évanoui. L’abolition historique générant l’abolition géographique. L’amnésie gommant la carte.

      En supprimant une statue, ne serait-on pas quelque peu dans un processus de même nature, mais inversé ? Effacer la #matérialisation d’une mémoire, ce n’est plus, bien sûr, la glorifier, mais ce n’est pas non plus montrer quelles nuisances, quelles souffrances elle avait occultées. Passé le bref moment de satisfaction qu’apporte le sentiment d’avoir infligé une juste punition, comment pourra-t-on rappeler au quotidien ces nuisances et ces souffrances ? En érigeant d’autres statues, jusqu’à ce que plus tard d’autres mécontentements finissent par les prendre pour cibles, soit par regret des #célébrations antérieures, soit, plus probablement, parce que les personnages ou les actes célébrés apparaissent trop tièdes, trop ambigus. Ce sont les actuelles mésaventures de #Victor_Schœlcher, dont les représentations n’ont d’autres buts que de rappeler l’abolition de l’#esclavage (sinon, qui se souviendrait de cet assez modeste personnage politique du XIXe siècle ?), raison qui lui a valu d’être, avec #Félix_Eboué, panthéonisé en 1949 (et sa tombe fleurie par Mitterrand en 1981).

      Contextualiser et non effacer

      La colère qui aboutit au renversement d’une statue est d’aujourd’hui. Ce ne sont pas les comptes du passé qui sont réglés, mais des souffrances bien contemporaines qui s’expriment. S’attaquer à la mémoire des traites négrières et de leurs acteurs hurle la blessure constamment rouverte du racisme subi au quotidien. Mais en tentant de changer la mise en scène du passé – qui ne passe pas, selon la formule consacrée -, c’est la mémoire qui risque de disparaître, pas le racisme présent qui n’a nul besoin de profondeur historique.

      De fait, tous les historiens et autres spécialistes de sciences sociales ne cessent de dire qu’il faut avant tout contextualiser et non effacer. Bien sûr, je ne peux y manquer. Mais je contenterai d’un seul critère de mise en situation : éviter de réduire une personne et sa statue à une symbolique marginale dans ce qu’elles peuvent représenter. En 2005, la célébration du bicentaire de la victoire d’Austerlitz a avorté. Cela pouvait se comprendre par refus d’une exaltation militariste et impérialiste. Mais le grand reproche fait alors à Napoléon a été d’avoir rétabli l’esclavage aux colonies trois ans avant la bataille. Ce retour en arrière sur un acquis majeur de la Révolution, même s’il n’avait guère eu d’effet concret, est évidemment un acte honteux. Mais ce n’est vraiment pas pour cela qu’on a érigé des statues de l’empereur. La situation est la même pour la figure du roman national la plus honnie aujourd’hui : Jean-Baptiste Colbert. On peut le détester pour les mêmes raisons qui ont fait réinventer son personnage par la 3ème République : le fait qu’il soit un maillon essentiel dans la chaîne des bâtisseurs de l’Etat central. Le roman national en faisait un modèle à suivre pour les petits écoliers, en vantant sa capacité de travail : l’imagerie le montrait entrant dans son bureau très tôt le matin et se frottant les mains pour exprimer son plaisir de voir d’énormes piles de dossiers à travailler. Le colbertisme n’a que marginalement à voir avec le Code noir dont la haine dont il est l’objet témoigne d’abord d’une totale décontextualisation. Certes, il vaut mieux prendre des symboles qui tiennent la route et Christiane Taubira a très justement tranché sur la mémoire de Colbert en insistant sur les raisons toutes autres de sa célébration. Sacrifier la statue qui trône devant l’Assemblée nationale (d’ailleurs une copie) n’aurait pas grand sens et n’aboutirait qu’à provoquer d’inutiles divisions.

      Les oubliées, les opprimées, les minoritaires

      L’ancien contrôleur général des finances de Louis XIV connaît ainsi un bref moment de « popularité » qui n’a pas grand rapport avec la patrimonialisation généralisée dans laquelle nous baignons depuis au moins trois décennies. Dans un monde où toute ancienne usine, toute petite zone humide, toute vieille ferme est célébrée comme un lieu de mémoire si sa destruction est envisageable, ne resterait-il que les statues qu’il faudrait effacer ? Alors que, dans l’ensemble, on ne leur prête généralement aucun intérêt et que même ceux qui passent régulièrement devant elles ne s’y intéressent pas le moins du monde. Une solution est aujourd’hui souvent prônée : ériger nouvelles statues célébrant les oubliées, les opprimées, les minoritaires. Vu que l’immense majorité de la statuaire publique (et encore, compte non tenu des monuments aux morts militaires) représente des hommes blancs, souvent vieux, la tâche est impressionnante, digne d’une relance économique hyper-keynésienne. Mais les sommes monumentales (désolé, le jeu de mot est tentant) nécessaires ne seraient-elles pas mieux employées à remettre à flots les hôpitaux publics ? Il est vrai que ce serait sans doute un facteur de réindustrialisation, les bronziers ayant largement disparu du territoire national.

      Lorsque le président sénégalais #Abdoulaye_Wade a voulu ériger sur les #collines_des_Mamelles, près de #Dakar et face à l’Atlantique, l’énorme groupe statuaire qu’est le monument de la #Renaissance_africaine (52 mètres de haut, en bronze et cuivre), un seul pays s’est montré capable de relever le défi technique : la Corée du Nord. Statufier les mémoires est chose difficile. Deux passés particulièrement douloureux, la Shoah et les traites négrières se livrent à ce qu’il est convenu d’appeler une concurrence mémorielle. Des lieux ont pu être ainsi fabriqués, ainsi la maison des esclaves de Gorée où sans doute peu d’esclaves sont passés, mais peu importe. D’autres subsistent, comme la cité de la Muette à Drancy qui fut l’antichambre d’Auschwitz. Neuf juifs sur dix déportés de France passèrent par le camp de Drancy. En 2006 une sorte de jumelage mémoriel fut mis en place entre les municipalités de Gorée et de Drancy avec l’érection de deux groupes statuaires, un dans chaque lieu, réalisés par deux artistes guadeloupéens, Jean et Christian Moisa. Mais les deux célèbrent la fin de l’esclavage, pas la libération des camps.

      Finalement, la statue la plus durable serait celle qui n’a pas de corps. Grace aux déboulonnages opérés durant l’occupation pour fournir des métaux rares aux Allemands, ont longtemps subsisté sur bien des places de France, des socles vides, pourvu néanmoins d’une plaque. La solution a été adoptée pour un des très récents ensembles de statues érigées à Paris : le monument aux 549 soldats français morts en #Opex inauguré le 11 novembre 2019 par le président Macron. Le cercueil porté par les 6 soldats de bronze est non seulement vide, mais il n’existe pas. La statue idéale.

      #statues #Christian_Grataloup #toponymie_politique #effacement #contextualisation

      ping @albertocampiphoto @isskein

  • Cette #expédition du #CNRS en #Amazonie fait passer #Koh_Lanta pour une promenade de santé
    https://www.huffingtonpost.fr/2015/05/21/expedition-amazonie-geographique-koh-lanta-france-bresil-raid-7-borne

    #Jean_Baptiste_Duval écrit cet #article sur l’expédition dite « #Raid_des_7_bornes » le #21_mai #2015. Cette #mission du #Centre_National_de_la_Recherche_Scientifique a pour but de retrouver les #7_bornes marquant la #frontière entre la #Guyane et le #Brésil.

    Avec 25 à 30 kg de #matériel sur le dos, progressant difficilement dans la #jungle à la vitesse moyenne de 1 km/h, grimpant et descendant les incontournables #collines successives des #monts #Tumuc_Humac pour un #dénivelé total positif de 15.000 m, la colonne scientifico-militaire avançant sans #layonnage (coupes dans la forêt pour tracer un #sentier) entend atteindre après une quarantaine de jours, à raison d’une douzaine de kilomètres par jour, son objectif vers le 20 juillet, à la source du #fleuve #Oyapock .

    Cette expédition a un but #scientifique puisqu’elle enrichit l’inventaire de la #biodiversité et de la #flore sauvage déjà connues par l’Homme, mais aussi un but #géographique dans le sens qu’elle est à la recherche des traces des #explorateurs du passé qui ont posé ces bornes.

    Les monts Tumuc Humac auxquels va s’attaquer la colonne des « 7 bornes », ont déjà écrit une page funeste dans le grand livre de l’exploration française : en 1950, c’est au coeur de cette pieuvre verte que disparut à jamais le jeune #explorateur #Raymond_Maufrais (24 ans à l’époque), parti en solitaire pour une mortelle #traversée vers le Brésil.

    • soit plus précise cite le géographe à l’origine de ce raid. « François-Michel Le Tourneau, directeur de recherche au CNRS et docteur en sciences de l’information géographique, est à l’origine de ce raid, mené conjointement avec les légionnaires du 3e Régiment Etranger d’Infanterie basé à Kourou ».

  • N’être pas gouvernés - Ballast
    https://www.revue-ballast.fr/netre-pas-gouvernes

    « La #Zomia est la dernière région du monde dont les peuples n’ont pas été intégrés à des États-nations6 ». Zone de deux millions et demi de kilomètres carrés en Asie du Sud-Est, la Zomia est avant tout une construction géographique dont les caractéristiques politiques et culturelles s’opposent fondamentalement à tout type d’État — en l’occurrence celui fondé sur la riziculture sédentaire autour des collines et montagnes de cette partie de l’Asie. « Zone refuge » formée de multiples « zones de morcellement7 », la Zomia n’obéit pas à des frontières fixes ; plus précisément, elle s’inscrit contre ces dernières, les fuyant à mesure qu’elles se sont étendues. Bien que la ZAD (Zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes se soit inscrite dans la délimitation stricte d’une ZAD (Zone d’aménagement différé) créée dans les années 1970, c’est sa pluralité d’identités, fédérées contre un projet et le monde qui le porte, qui la caractérise. Si l’on remplace dans le texte de James C. Scott le terme de « #colline », propre à son terrain d’étude, par celui de « #bocage », la #ZAD apparaît comme un lieu exemplaire illustrant ce qu’est une Zomia. « Les collines ne sont pas seulement un espace de #résistance_politique : elles sont une zone de refus culturel8 ». C’est justement cet ajout que ne veulent pas voir les pourfendeurs de la ZAD, et qui les empêche d’en comprendre la portée.

    Et Zomia référencé ici
    https://seenthis.net/messages/185210

    Cela me fait penser (en beaucoup plus modeste) au livre de Vidalou, « Être #forêts » qui décrit (entre autre) l’acharnement de l’état français, à travers son bras militaire et son armée d’ingénieurs – militaires et ingénieurs comme aménageurs du territoire– à soumettre les Cévennes (coucou @philippe_de_jonckheere) et imposer un parc géré par les mêmes ingénieurs militaires.
    https://seenthis.net/messages/666956

  • L’élan populaire pro-skidome a commencé !
    http://antonin.moulart.org/lelan-populaire-pro-skidome-a-commence

    13 personnes. C’est le nombre de soutien au projet de #skidome d’Élancourt ! Lancée depuis décembre 2013, la page facebook récolte un franc succès avec 13 « j’aime ». On doit surement y retrouver quelques intégristes du ski comme Jean-Michel Fourgous ou Michel Laugier mais je n’ai pas vérifié... Ce sont surement les 13 pelés du coin […]

    #Saint-quentin-en-yvelines #Colline #élancourt #frigo_géant