• Qui contrôle l’#argent ? #Régulation et #collusions, par @cecilecarto & Dominique Plihon (octobre 2011)
    http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/crise-financiere-acteurs #st

    Selon la théorie néolibérale, la galaxie financière concilierait stabilité et expansion grâce à un système de pouvoirs et contre-pouvoirs : les institutions de régulation et les banques centrales contrebalanceraient le désir de puissance enfin « libéré » des forces de l’argent. Et les acteurs publics résisteraient aux tentatives d’asservissement (ou « capture ») par les acteurs privés. Depuis 2008, nul ne l’ignore les choses se passent autrement. Car l’Etat a déréglementé les marchés, amputé les budgets des régulateurs, subordonné le financement de sa dette aux marchés ; promu les analystes financiers au rang d’oracles ; obtenu l’« indépendance » des banques centrales. Le résultat éblouit : en 2011, les responsables européens ont choisi M. Mario Draghi, ancien dirigeant de la banque d’affaires Goldman Sachs, comme gouverneur de la Banque centrale.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/25160 via Le Monde diplomatique

  • Extraits du #CLES de l’ESC #Grenoble intitulé Quel avenir pour la #Corée du Sud ?

    La firme coréenne la plus célèbre fait figure d’emblème de l’excellence nationale. Le « trois étoiles » (Sam Sung en coréen) est d’ailleurs la plus grande entreprise #technologique mondiale. Et il n’est pas anodin que la Corée du Sud soit justement le pays le plus connecté au monde, 80 % de ses habitants utilisant un smartphone. Le groupe #Samsung génère plus de bénéfices qu’#Apple, #Google et #Microsoft réunis ! Ramené à l’échelle coréenne, son chiffre d’affaires global (220 milliards de dollars en 2011) correspond à plus d’un cinquième du PIB du pays. Au total, Samsung représente à elle seule plus de #13 % des exportations de la péninsule. Mais Samsung, c’est d’abord un modèle d’entreprise original. Son fondateur, Lee Byungchull, était un simple épicier à la fin des années 1940, mais dont la volonté est aujourd’hui encore résumée par les trois valeurs officielles de la société : « devenir grand, devenir fort et durer éternellement« . C’est d’ailleurs ce à quoi s’emploie désormais son fils à la tête de l’entreprise. Les sites de production sont répartis à travers la péninsule en huit districts qui sont autant de « villes fermées » avec leurs banques, leur police, leurs hôpitaux, leurs rues commerçantes, leurs stades,… et même leurs musées dédiés à l’histoire de la marque, volontairement confondue avec celle du pays. À Suwon, la Samsung Digital City réunit plus de 30 000 employés. Au total, ce sont près de 200 000 Coréens, dont 40 000 #chercheurs, qui travaillent dans de pareils centres. La firme asiatique cultive un esprit d’entreprise qui n’est pas sans rappeler le paternalisme industriel en vigueur dans les cités minières du Nord de la France ou dans les company towns américaines du XIXe siècle. Sous le slogan « Pride in Samsung », les jeunes embauchés passent par une soirée d’intronisation annuelle digne des plus grands shows nord-américains. Ici, le collectif prime sur l’individu. Combien de temps cette conception « holiste » pourra-t-elle perdurer dans une société en pleine mutation ?

    L’omniprésence des Chaebol dans la société sud-coréenne n’est pas sans poser problème. Elle déborde très largement la sphère économique. Les #collusions entre acteurs économiques et décideurs politiques se font jour à l’occasion de la révélation de nombreux scandales. « Quand [le PDG de Samsung] est condamné à trois ans de prison avec sursis pour évasion fiscale en avril 2008, il est gracié l’année suivante par le président de la République en personne. Samsung est le premier annonceur de Corée du Sud […], ce qui lui assure la bienveillance des médias. Les journalistes qui se consacrent exclusivement aux sujets Samsung se voient offrir des bureaux permanents dans ses locaux« , résume le correspondant de La Tribune, Frédéric Ojardias. Pour l’heure, la présidente Park Geun-hye affiche sa volonté de relancer l’économie sur la base du traditionnel tandem Pouvoirs publics/ #Chaebol. En échange d’une plus grande transparence et d’une meilleure répartition des richesses ?

    Univers très compétitif, l’#enseignement coréen est extrêmement exigeant au primaire et au secondaire. Ce sont les notes obtenues au sooneung (l’examen d’entrée du supérieur), à la fin du #lycée, qui conditionnent l’inscription dans les meilleures universités du pays. L’efficacité du système éducatif est régulièrement soulignée dans les divers classements de l’OCDE. Ainsi, plus de 70 % des lycéens intègrent une #université. Mais derrière les chiffres se cache une réalité plus sombre : fort taux de #suicides, fragilités psychologiques, et… #chômage !

    Si l’obtention d’un #diplôme multiplie les chances de trouver un emploi, elle ne le garantit pas. Loin de là, quand on sait que presque 40 % des diplômés du supérieur viennent grossir les rangs des demandeurs d’emploi ou des travailleurs précaires. Les conséquences de la dérive du système éducatif sud-coréen sont multiples et s’alimentent mutuellement. La première est que les dépenses pour les études sont très élevées, du fait du recours massif aux écoles privées, aux cours du soir et aux professeurs particuliers. La seconde est que le poids de cet investissement financier par enfant incite de plus en plus de familles à adopter des comportements malthusiens.

    Le coût de l’éducation et la pression sociale exercée sur la réussite aux examens contribuent très vraisemblablement à l’inquiétant indice de #fécondité sud-coréen, l’un des plus faibles au monde avec 1,23 #enfant par femme (dynamique 2012).