• Emmanuel Blanchard : « La France a une histoire longue de racialisation de l’emprise policière »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/02/emmanuel-blanchard-la-france-a-une-histoire-longue-de-la-racialisation-de-l-

    Depuis 2017, les sociologues et les journalistes ont documenté une hausse importante des tirs mortels liés à des refus d’obtempérer. Cet assouplissement des conditions d’usage des armes n’a pas conduit à une augmentation aléatoire des tirs : ils se concentrent sur les populations les plus contrôlées, en particulier les jeunes hommes perçus comme noirs ou arabes. L’emploi de l’arme à feu s’inscrit alors dans un continuum de violences qui visent une petite partie de la population. Le législateur aurait dû anticiper les biais ethno-raciaux d’un tel durcissement sécuritaire : cela fait maintenant plus de quarante ans que les crimes racistes et les violences policières sont dénoncés comme générateur d’une citoyenneté de seconde zone par des descendants d’immigrés particulièrement mobilisés sur ces questions.

    […]

    La France a une histoire longue de racialisation de l’emprise policière. Si l’on ne prend pas en compte l’histoire coloniale, on ne comprend pas pourquoi le nombre de personnes trouvant la mort dans des interactions avec des policiers est, en France, beaucoup plus élevé – de deux à cinq fois – que dans des pays européens comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni. La France a été une capitale impériale dont les indigènes étaient aussi des nationaux qui venaient par centaines de milliers chercher de l’emploi en métropole, où ils étaient largement considérés comme indésirables, en particulier dans le cas de l’immigration algérienne.

  • Le #Grand_Remplacement : histoire d’une idée mortifère

    L’expression s’est imposée dans le paysage politique ces derniers mois. Éric Zemmour fait de la lutte contre le « grand remplacement » la base de son programme, les candidats Les Républicains débattent du niveau de priorité qu’il représente, les journalistes en font un objet d’interview, les instituts de sondage interrogent leurs panels représentatifs sur le sujet...
    Mais que veut dire « le grand remplacement » ? D’où vient cette idée ? Et surtout quelles sont les implications de son utilisation ?

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/64922_0

    #racisme #Renaud_Camus #fantasme #métissage #identité #complotisme #colonialisme #mondialisme #white_genocide #néo-nazisme #extrême_droite #Génération_identitaire #invasion #islamisation #remigration #assises_de_la_remigration #Eric_Zemmour #2015 #accélérationnisme #terrorisme #ultradroite

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    Le Camp des saints

    Le Camp des saints est un #roman de l’écrivain français #Jean_Raspail, publié en 1973.

    Le roman décrit la submersion de la civilisation occidentale, la France en particulier, par une immigration massive venue du delta du Gange. Un million de « miséreux » prennent d’assaut des cargos. Les immigrants voguent alors vers un Occident incapable de leur faire modifier leur route. Les bateaux s’échouent sur la Côte d’Azur, sous l’œil impuissant de pouvoirs publics désarmés face à la veulerie de la population autochtone, la lâcheté de l’administration préfectorale et l’affaiblissement de l’armée française. Ainsi cette « submersion » résulte-t-elle de l’incapacité tant des pouvoirs publics que de la population à réagir face à cette invasion pacifique mais lourde de conséquences pour la nature d’une civilisation déjà ancienne, en plus d’un aveuglement de la part d’un clergé catholique trop favorable à l’accueil de populations immigrées.

    Le roman devient un ouvrage de référence pour l’extrême droite française.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Camp_des_saints

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    L’#invasion_noire

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106260h

    #livre
    #film #documentaire #film_documentaire

  • L’université de Strasbourg veut restituer des « restes humains » coloniaux pillés en Afrique
    https://www.france24.com/fr/france/20230628-l-universit%C3%A9-de-strasbourg-veut-restituer-des-restes-humains

    Ramenés d’Afrique après des crimes coloniaux ou dans le cadre d’expériences racistes, lorsque l’Alsace était intégrée à l’Allemagne à la fin du dix-neuvième siècle, une trentaine de restes humains appartenant aux collections de l’université de Strasbourg, dont des crânes, vont être étudiés par un comité scientifique. Le but étant de s’assurer qu’ils proviennent bien de Tanzanie et de Namibie avant d’engager une restitution.

    #colonialisme

  • Nos Statues Coloniales - Teaser officiel

    Depuis 2020, en #France, les #statues_coloniales sont aux cœur des débats. Certains veulent les déboulonner d’autres se mobilisent pour les protéger. Mais est-ce qu’on connaît réellement l’histoire de ces statues ? Qui étaient les grands généraux statufiés ? Bugeaud, Gallieni, Marchand, Lyautey, Mangin... Qui a décidé de leur ériger des statues ? Vous avez votre petite idée ?

    Dans ce documentaire nous retraçons l’histoire de 5 statues coloniales parisienne. Nous sommes accompagnés par Catherine Coquery-Vidrovitch, Françoise Vergès, Jacqueline Lalouette et Pascal Blanchard.

    https://www.youtube.com/watch?v=YUPa7WMteTY


    #statues #toponymie_politique (même si c’est pas vraiment de la toponymie, mais bon... ça m’est utile pour mes archives) #déboulonnage #histoire #film #documentaire #film_documentaire #colonialisme #toponymie_coloniale
    #passé_colonial #histoire_coloniale
    ping @cede @reka @isskein

  • Gagnants et perdants de la course aux énergies « vertes » : une perspective (...) - Centre tricontinental
    https://www.cetri.be/Gagnants-et-perdants-de-la-course

    Promesse d’un monde décarboné, la transition énergétique n’est ni juste ni durable. Matériellement intensive, elle repousse les frontières de l’extractivisme, déplace le coût du verdissement des économies riches sur les pays en développement et tend à reproduire un rapport de type colonial. Une juste transition devra corriger les asymétries Nord-Sud et questionner le productivisme et le consumérisme à l’origine des déséquilibres mondiaux.

    « Au quotidien, nous dépendons des métaux et des minéraux pour alimenter nos iPhones et acheminer notre électricité. Les technologies numériques nous donnent l’impression de vivre dans une économie éthérée, détachée du monde matériel. En fait, nous extrayons plus de minéraux qu’à aucun autre moment de notre histoire (...). En dépit des discours sur l’intelligence artificielle, les objets interconnectés et la prise de contrôle imminente par les robots, nos sociétés n’ont, à bien des égards, pas évolué par rapport aux pratiques du passé, lorsque la soif de pétrole a poussé les Européens à se partager le Moyen-Orient » (Sanderson, 2022).

    #transition_énergétique #décarbonation #extractivisme #colonialisme #grenntechs #greenwashing

    Et à propos du #syndrome_hollandais (ou #dutch_desease) :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_hollandaise

  • Colonial Entanglements in Basel
    https://visionscarto.net/colonial-entanglements-in-basel

    Never having had direct colonies itself, Switzerland is not generally associated with colonialism. Yet with an increasing global mobilization around the issues of racial injustice and colonial systems of power, there is a renewed sense of urgency in analysing complicities in colonialism and slavery which go far beyond engaging in direct political and military imperialism. This interactive map shows how the history of Basel is interwoven with the history of colonialism. by Claske Dijkema (...) #Articles

  • Maria Mies, Avons-nous besoin d’une nouvelle « économie morale » ?, 1991
    https://sniadecki.wordpress.com/2023/06/04/mies-economie-morale-fr

    Le soi-disant développement n’est pas un processus d’évolution d’un stade inférieur à un stade supérieur, mais un processus de polarisation dans lequel certains deviennent de plus en plus riches parce qu’ils rendent les autres de plus en plus pauvres. Il y a 200 ans, le monde occidental n’était que cinq fois plus riche que les pays pauvres d’aujourd’hui. En 1960, ce rapport était déjà de 20 pour un, et en 1983 il était de 46 pour un, les pays riches étant 46 fois plus riches que les pays pauvres [Trainer]. La richesse des pays riches croît toujours plus vite et, dans un monde limité, cela signifie qu’elle croît aux dépens des autres, de ce que je continue à appeler des colonies : la nature, les femmes, les pays dits du « tiers monde ».

    Si l’on vise la durabilité, il faut alors en finir avec le marché mondial industriel et le modèle de croissance axé sur le profit. Ce dépassement est, comme l’a montré de manière convaincante Vandana Shiva, pour les pauvres, pour les femmes et les enfants des pays et régions pauvres, une question de survie. Ils luttent explicitement contre le « développement » et la modernisation parce qu’ils savent que ce développement va détruire les fondement de la pérennité de leur existence – leur accès aux biens communs : la terre, l’eau, l’air, les forêts, leurs communautés, leur culture. Ce sont eux qui doivent payer le prix du développement industriel urbain et masculin.

    #Maria_Mies #économie #capitalisme #développement #croissance #colonialisme #morale #subsistance #histoire

  • Blancs des cartes et boîtes noires algorithmiques

    Chaque carte présente ses propres #blancs, inconscients ou volontaires. Ces lacunes ou ces oublis, d’aucuns l’ont bien montré, ont joué un rôle déterminant dans l’histoire, en particulier coloniale. Hier privilège des États, ce pouvoir de blanchir ou de noircir la carte est aujourd’hui celui des données numériques. Car le déluge d’#informations_géographiques, produit par une multitude d’acteurs, n’est pas uniformément réparti sur l’ensemble des territoires, laissant des zones entières vides.
    S’inscrivant dans le champ émergent des #critical_data_studies, cette recherche singulière, abondamment illustrée, revient sur les enjeux politiques des cartes et nous invite à explorer les rouages les plus profonds de la cartographie contemporaine. En s’attachant à l’#Amazonie, Matthieu Noucher déconstruit les vides pour interroger le sens de la #géonumérisation du monde. Pour mener son enquête, il s’intéresse à trois dispositifs en particulier : la détection de l’#orpaillage illégal, la mesure de la #biodiversité et le repérage des #habitats_informels.
    Ce livre débouche sur deux modalités de #résistance au comblement des blancs des cartes : la #contre-cartographie et la #fugue_cartographique pour appréhender les blancs des cartes comme une opportunité de diversifier nos manières de voir le monde.


    https://www.cnrseditions.fr/catalogue/geographie-territoires/blancs-des-cartes-et-boites-noires-algorithmiques
    #cartographie #vides #vide #livre #Matthieu_Noucher #colonialisme #géographie_du_vide #géographie_du_plein

    ping @reka

  • Colonial Extractivism and Epistemic Geologies in the #Congo

    Whether for its rubber, its copper, its uranium, its coltan, or its lithium, the Congo has seen and continues to see its earth continuously looted by European colonial powers. For the last 16 years, #Sammy_Baloji has been dedicating his artistic practice to the literal and historic stratas his research has led him to excavate. Caroline Honorien and Léopold Lambert talked with him about what decolonization would signify in this context.


    https://thefunambulist.net/magazine/decolonial-ecologies/colonial-extractivism-and-epistemic-geologies-in-the-congo

    #extractivisme_colonial #colonialisme #extractivisme #décolonisation #mines #caoutchouc #uranium #coltan #lithium #cuivre

  • The Naked Prey
    https://www.youtube.com/watch?v=xRoCJfAm8r8

    https://www.telepolis.de/features/Reise-in-das-Herz-der-Finsternis-3503659.html?seite=all

    Nachdem er mit Sword of Lancelot sein Themenfeld abgesteckt hatte, drehte Wilde die drei Filme, die ihn zu einem der interessantesten (und verkanntesten) amerikanischen Regisseure der 1960er machten. Der erste, The Naked Prey, sollte ursprünglich ein Western werden und John Colters Rennen gegen die Blackfoot-Indianer auf die Leinwand bringen. Colter nahm an der Expedition von Lewis und Clark teil, erreichte mit diesen den Pazifik und trennte sich auf dem Rückweg von der Expedition, um sein Glück als Fallensteller zu versuchen. 1809 waren er und ein weiterer Trapper, John Potts, in einem Kanu auf dem Jefferson River im heutigen Montana unterwegs (es kann auch ein anderer Fluss gewesen sein, von „Colter’s Run“ gibt es die unterschiedlichsten Versionen), als sie von Blackfeet überrascht wurden. Potts wurde getötet. Colter wurde, jedenfalls in der populärsten Variante der Geschichte, nackt ausgezogen und aufgefordert, um sein Leben zu rennen. Colter war ein guter Läufer, tötete den einzigen der Indianer, der mithalten konnte und erreichte den fünf Meilen entfernten Madison River, wo er sich in einem Biberbau versteckte. Von dort schlug er sich, je nach Version und immer mit weiteren Leichen, zu einem Fort durch, oder zu einer Handelsniederlassung oder sonst zu einem Vorposten der weißen Zivilisation.

    Der Photograph Sven Persson, Wildes Co-Produzent, hatte gute Verbindungen zur südafrikanischen Regierung, die steuerliche Vergünstigungen und materielle Hilfen bot. Also wurde die Handlung von Montana nach Afrika verlegt. Das gab dem Film, der auf dem Höhepunkt der amerikanischen Black-Power-Bewegung entstand, eine noch deutlichere politische Komponente. Wilde produzierte mit dem Geld einer rassistischen Regierung einen nicht in allen Details, sehr wohl aber in seinen zentralen Aussagen antirassistischen Film. Gedreht wurde außer in Südafrika in zwei Ländern, die zu der Zeit dabei waren, sich von der britischen Kolonialherrschaft zu befreien: in Botswana (1961 Teilautonomie, 1966 Unabhängigkeit) und in Rhodesien, dem heutigen Zimbabwe (1965 einseitige Unabhängigkeitserklärung der eine Apartheid-Politik betreibenden Regierung von Ian Smith). Auch dieser zeithistorische Hintergrund floss in den Film mit ein, der mindestens so viel mit den 1960ern wie mit dem 19. Jahrhundert zu tun hat.

    Im Vorspann werden Schlüsselszenen aus der Filmhandlung vorweggenommen (hier kündigt sich schon Wildes Interesse am Auflösen einer streng linear erzählten Geschichte an). Die Bilder schuf Tshidiso Andrew Motjuoadi (1935-1968), hervorgegangen aus dem Polly Street Art Centre in Johannesburg und ein Exponent des Township-Stils in der Kunst Südafrikas. Wildes Entscheidung, einen schwarzen Künstler mit der Gestaltung des Vorspanns zu beauftragen, war bereits ein politisches Statement, das Motjuoadi mit Inhalten füllte. Eines der Bilder zeigt versklavte Dorfbewohner. Geschaffen von einem Künstler, der sonst das Leben in den Townships am Rande von Johannesburg und Pretoria darstellte, ist das eine Illustration zum dritten Akt des Films und zugleich ein Kommentar zum Apartheid-Regime. Die Mehrzahl der Mitwirkenden waren Menschen, die unter der Rassentrennung zu leiden hatten. Wilde war kein Regisseur, den so etwas kalt ließ. Die politische Situation in Südafrika beeinflusste die Grundstimmung und die Ikonographie seines Films.

    Das Massaker von Sharpeville am 21. März 1960 hatte auch die bis dahin auf Verhandlungen und passiven Widerstand setzenden Schwarzen radikalisiert. Ein wichtiges Mittel im Kampf gegen das Apartheid-Regime waren die Bilder, gemalt oder als eine von den Photographien, die noch bis Ende Mai in einer Ausstellung im Münchner Haus der Kunst zu sehen sind. Die dort dokumentierte Eskalation, die in der Bildsprache der Künstler ihren Niederschlag fand, lässt sich auf interessante Weise zu The Naked Prey in Beziehung setzen. Man muss sich allerdings von der Idee verabschieden, dass die Darstellung schwarzer Afrikaner als Mitgliedern einer vorindustriellen Stammesgesellschaft automatisch rassistisch ist. Wilde drehte eine (eminent politische) Parabel, keinen Dokumentarfilm. Hätte er die Handlung in die Gegenwart verlegt, hätte er den Film nicht machen können.

    Auch die Musik ist bemerkenswert. Mit den üblichen Afrika-Klängen Hollywoods hatte Wilde nichts im Sinn. Zu hören sind - ganz gegen die Konvention - Afrikaner, die auf afrikanischen Instrumenten afrikanische Musik spielen. Wilde nahm vor Ort authentische Stammesgesänge auf und engagierte später, während der Postproduktion, den Musikwissenschaftler Andrew Tracey, einen weißen Südafrikaner. Tracey ist der Sohn von Hugh Tracey, einem Pionier auf dem Gebiet der Erforschung und Bewahrung traditioneller afrikanischer Musik (Andrew folgte seinem Vater 1977 als Direktor der International Library of African Music nach). Als Co-Autor und musikalischer Leiter des Bühnenprogramms Wait a Minim! gastierte er gerade in London, als Wilde sich bei ihm vorstellte (Wait a Minim! tourte sieben Jahre lang durch die Welt und leistete einen bleibenden Beitrag zur Verbreitung ethnischer Musik aus Afrika und afrikanischer Instrumente). Beim Einspielen der Musik wurde Tracey und seiner Band viel abverlangt. Wilde nahm die Musiker mit in ein Studio, wo live aufgenommen wurde, was sie synchron zum ihnen vorgeführten Film spielten.

    Das war typisch Cornel Wilde. Im Zweifel wählte er die Form des kreativen Prozesses, die seinen Filmen eine Lebendigkeit und Unmittelbarkeit gab, wie man sie in anderen Produktionen selten findet. Die Musik orientiert sich überwiegend an jener der Zulu, was aber nicht automatisch heißt, dass der gezeigte Stamm zur Zulu-Kultur gehört. Wilde vermied solche Zuordnungen - nicht, weil für ihn ein Schwarzafrikaner wie der andere war, wie in den meisten Western Indianer eben Indianer sind, sondern weil der Film eine auf Allgemeingültigkeit abzielende Parabel ist.
    Blumen im Visier

    The Naked Prey beginnt mit einer Löwin, die ihre Beute wegschleppt. Das ist die erste von vielen Einstellungen, in denen Wilde das Töten und Getötetwerden in der Wildnis zeigt, als Kontrapunkt zur Schönheit einer Landschaft, die H. A. R. Thomson in eindrucksvollen Bildern eingefangen hat. Thomsons beste Arbeiten als Kameramann sind die beiden Filme, die er mit Wilde gemacht hat (der zweite ist No Blade of Grass), ein Beleg für dessen auteur-Qualitäten. Auf die Löwin folgt eine weiße Trutzburg, die Festung der Kolonialisten. Da weiß man gleich, dass es hier um Unterdrückung geht. Aus der Festung kommt eine Jagdgesellschaft. Die von Wilde gespielte Figur ist wie alle anderen ohne Namen und wird im Vorspann als „Man“ (Mann oder Mensch) eingeführt. Deshalb wurde ihm vorgeworfen, er habe eine Geschichte von der Überlegenheit der weißen Rasse erzählen wollen. Wildes „Mann“ (eine weitere Betonung des Parabelcharakters) ist aber mitnichten der aus vielen anderen Afrika-Filmen bekannte Kulturträger mit einer daraus abgeleiteten moralischen Überlegenheit, und die Weißen insgesamt sind das erst recht nicht.

    The Naked Prey ist einer der großen Breitwandfilme der 1960er. Im Unterschied zu vielen seiner Kollegen, die sich dem Diktat des Fernsehens beugten und Filme mit Blick auf spätere TV-Ausstrahlungen im Vollbild-Format so in Szene setzten, dass sich das Wesentliche in der Mitte abspielte, nützte Wilde die gesamte Breite der Leinwand aus. Manche seiner Einstellungen sind komponiert wie jene Gemälde aus dem 18. und 19. Jahrhundert, von denen sich Besitzverhältnisse und soziale Hierarchien ablesen lassen. In der ersten Dialogszene macht die Jagdgesellschaft Rast. Die weißen Jäger und die schwarzen Träger sind in einem Breitwandbild versammelt, die Einstellung enthält eine Fülle von Informationen. Wilde hat am linken Bildrand Platz genommen und überprüft sein Gewehr mit der Sorgfalt eines Profis, der das Töten zum Beruf gemacht hat wie vor ihm Lancelot (der eine bringt Tiere um, der andere feindliche Ritter). Neben ihm sitzt der Bure (Gert Van den Bergh), der die Safari finanziert und eine Flasche in der Hand hält, weil er ein Trinker ist. Hinter diesen beiden sieht man noch einen Weißen, die Nummer 3 in der Hierarchie. Die Nummer 4, auch weiß, ist rechts im Hintergrund auszumachen, aber bereits nicht mehr als Individuum präsent. Dazu kommen die anonymen schwarzen Träger, die in der Hierarchie ganz unten angesiedelt sind und deshalb gesichtslos bleiben. Alles, was wir im Bild sehen, hält der Bure für sein Eigentum, weil er das Geld hat und durch die Gewehre auch die Macht. In der Bildmitte sieht man einen pyramidenartigen Erdhügel, der signalisiert, dass hier das hierarchische Prinzip greift.

    Wilde und Van den Bergh unterhalten sich. Die meisten anderen Regisseure würden nun näher herangehen, sich durch die Wahl der Einstellungsgröße auf die Gesprächspartner konzentrieren. Sie würden nur diese beiden zeigen, halbnah oder nah, dann eine Schuss-Gegenschuss-Konstruktion anschließen. Wilde behält seine Totale bei, verzichtet auf Schnitte und gibt uns durch den langen take die Zeit, die wir brauchen, um das Bild zu studieren und auf uns wirken zu lassen. Nach der Safari, sagt der Bure, will er in den Sklavenhandel einsteigen, außer auf Elefanten auch Jagd auf Menschen machen. Für ihn sind Schwarze Handelsobjekte wie Elfenbein. Das ist der Grund, warum Wilde nicht schneidet und auf die zu erwartenden Großaufnahmen verzichtet. Eine Konzentration auf die Gesichter der beiden Weißen würde bedeuten, dass man die schwarzen Träger nicht mehr sieht. Wilde lässt den Buren reden und zeigt uns den Kontext, in dem seine Worte zu verstehen sind. Wir sehen die schwarzen Menschen, die der Bure zu Objekten degradiert und die in seinen Augen kaum mehr sind als die farbige Kiste, auf der er sitzt. So wird aus dieser zunächst friedlich wirkenden Szene (eine Jagdgesellschaft bei der Rast) eine Aussage über den Kolonialismus und die von ihm ausgehende Gewalt.

    Im Western gibt es die Figur des Armee-Scouts oder des Trappers, der vom Leben auf der eigenen Ranch träumt. Der von Wilde verkörperte Jäger will sich nach dieser, seiner letzten Safari auf die eigene Farm zurückziehen. Das ist auch schon alles, was wir über den Mann erfahren. Mehr Informationen über die Hauptfigur hält Wilde nicht für erforderlich, darum lässt er sie weg. The Naked Prey zeichnet sich durch einen auf das Nötigste beschränkten Minimalismus aus. Andere Filme würden Dialogszenen folgen lassen, in denen der Mann von seiner Vorgeschichte berichtet, vielleicht von seiner Frau, einer unglücklichen Liebe oder von einem Schicksalsschlag, der ihn zwingt, ein letztes Mal auf die Jagd zu gehen. So gestaltet man das, was man in Lehrbüchern einen „rounded character“ nennt. Wilde ist an dieser althergebrachten, von Hollywood zur Norm erklärten Form des psychologischen Erzählens nicht interessiert. Für diese Normabweichung wurde er regelmäßig mit schlechten Kritiken bestraft.

    Das Angebot des Buren, beim Sklavenhandel sein Partner zu werden, lehnt der Mann ab. Er ist bereit, Jagd auf Elefanten zu machen, um an ihr Elfenbein zu kommen, aber da zieht er die Grenze. Das wird nie so deutlich ausgesprochen, weil es nicht nötig ist. Der erfahrene Jäger, der sich von einem eitlen Schnösel oder einem Rassisten anheuern lässt und andere Positionen vertritt als dieser ist ein vertrautes Versatzstück des Safarifilms. Der Minimalist Wilde macht sich die dem Publikum bekannten Genreregeln zunutze und deutet nur an, was man ohnehin schon weiß. Das reicht voll aus. Der von ihm gespielte Mann sitzt am Rand, als sei er kurz vor dem Absprung und gehöre schon nicht mehr richtig zu den Kolonialisten. Allerdings ist da noch sein Gewehr. Am rechten unteren Bildrand sind rote Blüten zu erkennen. Der Mann hält sein Gewehr so, dass es aussieht, als wolle er auf das Symbol des Schönen feuern. So kennzeichnet Wilde den Jäger (und sich selbst als dessen Darsteller) als Komplizen des Buren, den er in die Wildnis führt und der nun von seiner Ahnung spricht, dass in Kürze getötet werden wird. Bald wird rotes Blut fließen in diesem Film, und der Mann wird mit dabei sein. Unbeteiligte Zuschauer kann es in einem kolonialen Herrschaftssystem nicht geben, jeder Weiße trägt seinen Teil der Schuld und der Verantwortung.

    Die in einer Einstellung erzählte Rast-Szene dauert 45 Sekunden. Sie steckt voller Informationen, die überwiegend visuell vermittelt werden und für die man sonst lange Dialoge bräuchte. Wilde war von Anfang an entschlossen, großes Kino zu bieten, keine bebilderten Gespräche. Das Drehbuch, das er zusammen mit Clint Johnston und Don Peters schrieb (wie hinterher das zu Beach Red), hat neun Seiten. Der üblichen Faustregel nach (eine Seite = eine Leinwandminute) müssten es 96 sein. The Naked Prey war der fünfte Spielfilm, den er inszenierte. In ihm erweist er sich als ein Regisseur, der sich der gestalterischen Mittel, über die er verfügt, sehr sicher ist. Wenn man außerdem berücksichtigt, dass er mit ein bis zwei professionellen Schauspielern und ansonsten mit vielen Laien drehte, und nicht unter kontrollierbaren Studiobedingungen mit der dort zur Verfügung stehenden Infrastruktur, sondern an Originalschauplätzen im afrikanischen Busch, wo noch nie zuvor eine Filmcrew gewesen war, ist das, was ihm mit The Naked Prey gelang, wahrlich keine schlechte Leistung.
    Nguni statt Afrikaans

    Bleibt das Problem mit den anonymen schwarzen Trägern. Sie gehören zum standardisierten Personal des Safarifilms und vertragen sich schlecht mit der anti-kolonialen Grundhaltung, die ich Cornel Wilde hier attestiere. Dieses Problem geht er sofort an. Nach der Rast treffen die Weißen auf eine Gruppe schwarzer Krieger. Damit erhalten die Schwarzafrikaner ein Gesicht. Angeführt wird die Gruppe von Ken Gampu, dem ersten schwarzen Filmstar Südafrikas, den man hierzulande vielleicht aus The Gods Must Be Crazy und der Version von King Solomon’s Mines mit Sharon Stone und Richard Chamberlain kennt. In Südafrika war Gampu Vorbild und Inspiration für eine nachfolgende Generation von Schauspielern, obwohl er selten mehr angeboten bekam als das Stereotyp vom edlen Wilden oder vom wilden Zulukrieger, der eher ins Tierreich passt als in die menschliche Gesellschaft (in Zulu Dawn kämpft er gegen Burt Lancaster). 1975 schrieb Gampu Theatergeschichte, als er gemeinsam mit weißen Kollegen auf der Bühne stand, als Lennie in John Steinbecks Of Mice and Men. Im Apartheid-Staat Südafrika war das nur mit einer behördlichen Sondergenehmigung möglich. „Zum ersten Mal“, sagte er danach in einem Interview, „war der schwarze Mann gleichberechtigt mit dem weißen Mann. Und wissen Sie was? Der Himmel stürzte deshalb nicht ein.“

    Wilde wurde durch seine Hauptrolle in Dingaka (1964) auf ihn aufmerksam, den leider völlig vergessenen Regie-Erstling von Jamie Uys über einen Zusammenprall der schwarzen mit der weißen Kultur Südafrikas, sowie der Gegenwart mit der Vergangenheit. Gampu spielt einen Stammesangehörigen, dessen Tochter im Rahmen eines uralten Rituals getötet wird. Die Verfolgung des Täters führt ihn in die Welt der Weißen, wo er sich als Minenarbeiter verdingen muss. Als er den Mörder seiner Tochter aufspürt und versucht, ihn nach den Gesetzen seines Stammes zur Rechenschaft zu ziehen, gerät er in die Fänge eines Justizsystems, in dem er keine Chance hat, weil seine Kultur in einer rassistischen Gesellschaft nicht als solche akzeptiert wird. Den Verteidiger spielt Stanley Baker, was der deutsche Verleih als Aufforderung verstand, dem Film einen Titel zu geben, der den weißen Helden in den Mittelpunkt rückt: Ein Fall für Tom Baker.

    In The Naked Prey ist Gampu nur vordergründig einer der stereotypen Krieger, mit deren Darstellung er meistens seinen Lebensunterhalt verdienen musste. Wenn man sich einen Moment lang vom üblichen Vorurteil befreit, dass Leute blutrünstige Wilde sind, weil sie eine schwarze Hautfarbe haben, sich mit Fellen kleiden und einen Speer mit sich tragen stellt man fest, dass Gampu als ein freundlicher Mensch eingeführt wird, der Geschenke für seinen Häuptling erwartet, weil es so Sitte ist. Wilde akzeptiert das sofort und erläutert dem Buren, dass die Schwarzen seit Generationen in diesem Land leben und damit lang genug, um es für das ihre zu halten. Für den Rassisten sind Schwarze, die einen Besitzanspruch auf etwas anmelden und einen Wegezoll für das Betreten ihres Gebiets verlangen (als symbolische Respektsbezeugung vor ihrem Häuptling und ihrem Stamm) undenkbar. Er erklärt die stolzen Krieger zu gierigen Bettlern und weigert sich, ihnen etwas von dem zu geben, wofür er Geld bezahlen musste. Das ist der klassische Fall vom Sparen an der falschen Stelle. Gierig ist nur der Bure. Er schiebt Gampu beiseite und stößt ihn dabei um, wodurch er ihn demütigt und verletzt (wir werden noch weiteren Schwarzen begegnen, die Gefühle haben und verletzlich sind und damit über menschliche Eigenschaften verfügen, die ihnen in anderen Afrika-Filmen nicht zugeschrieben werden). Das respektlose Verhalten des Buren ist der Auslöser für die bald folgende Gewalt. Gezeigt wird nicht zuletzt das Scheitern der Kommunikation zwischen zwei Kulturen, und das, obwohl The Naked Prey der amerikanische Tonfilm mit den wenigsten Dialogsätzen seit Chaplins Modern Times ist, wie Michael Atkinson in einem Aufsatz schreibt. Das ist nur scheinbar paradox, weil Wilde, wie schon bemerkt, keine Worte braucht, um seine Botschaft zu vermitteln.

    Übrigens werden die Schwarzen weder zu den genreüblichen Sätzen auf Tarzan-Niveau gezwungen ("Ich Gampu. Du großer Bwana.") noch zu stark akzentgefärbtem Gebrabbel. Sie sprechen ihre Sprache so wie die Weißen die ihre (Andrew Tracey zufolge ist es Nguni, der Oberbegriff für vier miteinander verwandte Sprachen und Dialekte in Südafrika und Zimbabwe). Wildes „Mann“, der ihren Dialekt kennt, macht ein einziges Mal den Dolmetscher, was ungehört verpufft, weil der Finanzier der Safari wegen seines Rassismus nichts begreift, nicht wegen der Linguistik. Fortan müssen wir ohne Übersetzung auskommen. Man versteht trotzdem, was verstanden werden soll, weil Wilde ein guter Regisseur ist. Indem er die kulturelle Identität der Dorfbewohner respektiert, macht er durch den Kontrast zudem deutlich, dass die Lastenträger nicht deshalb sprach- und gesichtslos sind, weil für ihn ein Schwarzer wie der andere ist, sondern weil sie, als Arbeitssklaven missbraucht, von einer rassistischen Gesellschaft zu Objekten reduziert werden, die aus Sicht der Weißen nur unwesentlich über Nutztieren und Jagdtrophäen stehen. Wie immer kommt es bei der Bewertung rassistischer Stereotype auf den Kontext an. Seit Mitte der 1960er gab es in Südafrika Bestrebungen, Afrikaans zur allgemeinen Unterrichtssprache zu machen. Vor diesem Hintergrund war auch Wildes Bekenntnis zur Nguni-Sprachfamilie und damit zu einer vom Apartheid-Regime unterdrückten und marginalisierten Kultur ein explizit politischer Akt.
    Großes Kino

    Die Jagd wird ein voller Erfolg für den Investor. Aus Lust am Töten knallt er alles ab, was ihm vor die Flinte kommt, während Wilde nur Elefanten mit starken Stoßzähnen (das Elfenbein) schießt. Pate stand da wohl Richard Brooks’ Western The Last Hunt, wo sich mit den Büffeljägern Robert Taylor und Stewart Granger eine ähnliche Konstellation ergibt. Wilde zeigt klaffende Wunden im Körper eines erlegten Tieres, weil so eine zünftige Jagd eine brutale Sache ist. Um böse Kommentare der Tierschützer abzuwenden: Keiner von den Elefanten wurde für den Film erschossen. So etwas hätte Wilde nie gemacht. No Blade of Grass, sein Film über die Apokalypse, endet mit der (ehrlichen) Versicherung, dass bei den Dreharbeiten kein Tier zu Schaden kam. Wilde war seiner Zeit auch da voraus. In The Naked Prey gibt es einen Kampf zwischen einem Leguan und einer Python. Als Wilde bemerkte, dass der Leguan dabei war, zu unterliegen und getötet zu werden, warf er sich dazwischen (für die Schlange hätte er das auch getan). Der Leguan biss ihm ins Bein und fügte ihm eine schmerzhafte Verletzung zu.

    Berüchtigt ist die (von Zensoren oft verstümmelte) Szene, in der einer von den Schwarzen aus dem Bauch eines toten Elefanten tritt und eine Ladung Innereien zum Feuer trägt, um sie zu braten. Sind das also doch Barbaren? Ich will keineswegs behaupten, dass The Naked Prey völlig frei von Vorurteilen ist und ganz ohne Phantasien des weißen Mannes und seiner Unterhaltungsindustrie vom schwarzen Eingeborenen auskommt, glaube auch nicht, dass das überhaupt möglich wäre. Was ethnologisch richtig ist und was nicht kann ich nicht beurteilen, und ich weiß nicht, ob Wilde Anspruch auf diese Art von Authentizität erheben wollte (angesichts seiner allegorischen Erzählweise ist das eher unwahrscheinlich). Wichtig finde ich, dass er uns regelmäßig dazu auffordert, die Handlungen der Schwarzen mit denen der Weißen zu vergleichen und unsere Schlüsse daraus zu ziehen. Jenseits des Ekelfaktors teilt uns die Eingeweide-Szene mit, dass die Schwarzen gelernt haben, ein totes Tier komplett zu verwerten (wie die Indianer die Büffel). Die Weißen schießen Elefanten tot, weil sie das Elfenbein wollen, oder einfach nur aus Freude an der Jagd, um es möglichst positiv zu formulieren; die toten Körper würden sie liegen lassen. Wie wir das beurteilen (die Schwarzen sind schlimmer als die Weißen, die Weißen sind schlimmer als die Schwarzen, alle sind gleich schlimm, man kann sie nicht vergleichen), bleibt uns überlassen, weil Wilde nicht didaktisch ist. Er will ein Publikum, das eine eigene Meinung hat, statt sich per Dialog vom Helden sagen zu lassen, was es zu denken hat und was die Moral von der Geschichte ist.

    Als das US-Fernsehen vermehrt zum Abnehmer von Spielfilmen wurde verlangte es Großaufnahmen, damit der an die Werbeindustrie verkaufte Zuschauer in seiner Flimmerkiste etwas erkennen konnte. Der Kunst der Kinematographie hat das insgesamt nicht gut getan, weil sich eine Art von Film entwickelte, die, obwohl eigentlich für das Kino produziert, auf dem Bildschirm besser funktioniert als auf der Leinwand. Wilde dagegen demonstriert, wie man echtes Kino mit Großaufnahmen macht, die für das Vollbild-Fernsehen im Briefmarkenformat total ungeeignet sind. Nach dem Massaker an den Elefanten sitzen die Weißen in ihrem Lager. Van den Bergh, beglückt ob seiner Schießsport-Erfolge (er hat mehr Tiere getötet als Wilde), ist schon etwas angetrunken. Im Hintergrund reinigen die Träger die erbeuteten Stoßzähne vom Blut. Wilde hat die geschärften Sinne des erfahrenen Jägers und merkt, dass etwas nicht stimmt. Affen laufen unruhig hin und her, Vögel fliegen auf.

    In einer Weitwinkeleinstellung sehen wir Wildes Gesicht. Die Kamera fährt auf ihn zu, als er den Kopf zur Seite bewegt. Ein Teil des Kopfes - ein Ohr, ein Auge, ein Stück von der Nase - füllt die Leinwand aus (wie einflussreich das war kann man in David Lynchs Blue Velvet besichtigen). Von da schneidet Wilde, wieder in extremer Großaufnahme, auf die Augenpartie des im Gebüsch versteckten Gampu, der aus seinem Dorf Verstärkung geholt hat, um sich für die erlittene Demütigung zu rächen. Wilde ist da auf dem neuesten Stand der Technik. Das CinemaScope-Verfahren der 20th Century Fox erbrachte unscharfe und verwaschene Großaufnahmen. In der Qualität wie in The Naked Prey wurden sie erst durch eine Ende der 1950er entwickelte Panavision-Linse möglich. Die Kamera fährt jetzt zurück, bis wir das ganze Gesicht von Gampu sehen, mit der Nase im Zentrum des Bildes. Das wirkt, als würde er die Witterung der Weißen aufnehmen wie ein Raubtier.

    Der auf seine Sinnesorgane reduzierte Wilde, mehr Tier als Mensch, taucht in Filmen und in Büchern häufig auf. Hier ist das anders als gewohnt. Wilde betont durch die Wahl der Einstellungsgrößen, die Kamerabewegungen und die Montage die spiegelbildliche Beziehung zwischen dem weißen Jäger und dem schwarzen Krieger, mit den Augen als gedachter Symmetrieachse (in einem primär visuellen Medium wie dem Film sollte das so sein). Wir sehen nicht die übliche Opposition zwischen dem tierischen Schwarzen und dem menschlichen Weißen, sondern zwei sich ergänzende Hälften der Gattung Mensch. Die relative Freiheit von den Zwängen Hollywoods bezahlte Wilde mit sehr knapp kalkulierten Budgets. Das bedeutet nicht, dass er ein Billigfilmer war, der gedankenlos Gewaltverherrlichungsdramen herunterkurbelte, um durch das Appellieren an die niederen Instinkte eines imaginären Publikums Kasse zu machen. Durch die extreme Stilisierung der Großaufnahmen-Sequenz setzt er ein ästhetisches und durch die sorgfältige Einbettung in einen Gesamtzusammenhang auch ein inhaltliches Ausrufezeichen. In einem Film wie The Naked Prey, der dem Minimalismus verpflichtet ist und seinen Stilwillen lieber hintergründig hält, statt ihn stolz hervorzukehren, ist das besonders eindrucksvoll.

    Bevor Gampu das Zeichen zum Angriff gibt, sehen wir einen in der Sonne leuchtenden Speer, der sich wie ein erigiertes Glied nach oben reckt. Man kann die freudianische Interpretation auch übertreiben. Hier ist sie angebracht, weil Van den Bergh soeben von seiner Lust am Töten gesprochen hat. Das wendet sich nun gegen ihn. Auch die schwarzen Krieger sind fähig, sich in einen Blutrausch zu steigern, mit Weißen als den Opfern statt der Elefanten. Wer ein pastorales Afrika mit edlen Wilden haben will, sei an Onkel Toms Nachfahren in den Schmonzetten deutscher Fernsehanstalten verwiesen. Wildes Filme fragen danach, warum der Mensch anderen Menschen gegenüber so brutal ist, wie es zur Gewalt kommt und was aus ihr wird. Darum ist die Wildnis bei ihm wild und nicht mit Streicheltieren bevölkert, weder auf vier Beinen noch auf zweien.

    Bei dieser Gelegenheit sei noch angemerkt, dass die Frauen in The Naked Prey keine wesentliche Rolle spielen. Das mag politisch nicht korrekt sein, macht Wilde aber so wenig zum Chauvi wie Herman Melville (Moby-Dick) oder Robert Louis Stevenson (Treasure Island), deren Schiffe ganz ohne Dame in See stechen, weil eine solche für die Handlung nicht erforderlich ist oder unglaubwürdig wäre und die Erzähler ihrer Geschichte verpflichtet sind, nicht einem antrainierten Publikumsgeschmack. Hätte Wilde eine überzeugende Möglichkeit gefunden, dem weißen Mann eine blonde Gefährtin zu geben, oder Gampu eine schwarze Venus, hätte er es garantiert getan. Es siegte aber, wie meistens bei ihm, der Künstler über den Jean-Wallace-Verehrer.

    Am Ende des Überfalls reckt Gampu triumphierend ein erbeutetes Gewehr in die Höhe. Das machen die Indianer im Western auch oft so. Hier ist das Gewehr eines von zwei phallischen Tötungsinstrumenten (der Speer ist das andere), die eine Verbindung zwischen den Weißen und den Schwarzen herstellen und das Gemetzel einrahmen. Die Gewalt in diesem Film ist vorwiegend männlich konnotiert. Das könnte den Frauen gut gefallen, wenn es nicht eine Szene gäbe, in der sich auch das weibliche Geschlecht als wenig zimperlich erweist. Dazu gleich mehr. Die Mitglieder der Jagdgesellschaft, die das Gemetzel überlebt haben, werden von den Kriegern in ihr Dorf gebracht, um den Martertod zu sterben. Sie sind Trophäen wie die von den Siegern erbeuteten Kisten und Stoßzähne. Die Weißen werden von den Schwarzen genauso als Objekte behandelt wie sie es umgekehrt mit ihnen tun.
    Der Mensch ist des Menschen Wolf

    Im Dorf residiert ein Häuptling. Oder sollte er gar ein König sein wie Artus, der Chef der Tafelrunde? Jedenfalls präsidiert er über die zehn Minuten, die den Film berüchtigt machten. Ob die Folterszenen reine Phantasieprodukte sind oder auf authentischen Ritualen fußen weiß ich wieder nicht, weil ich kein Ethnologe bin. Da das für die überwiegende Mehrheit der Zuschauer gilt ist es legitim, The Naked Prey unter anderen Gesichtspunkten zu betrachten. Zuerst sterben die schwarzen Träger, die nicht zu den Weißen gehören und nicht mehr zu den Dorfbewohnern. Zwischen zwei Kulturen stehend, werden sie zerrieben wie im echten Leben häufig auch. Innerhalb eines Wertesystems, das Gewalt grundsätzlich akzeptiert, werden sie trotzdem privilegiert behandelt, denn ihnen wird ein schneller Tod zuteil (mit einer Ausnahme). Ein Mann wird mit einem Keulenhieb erschlagen, ein anderer wird geköpft. Den eigentlichen Vorgang sieht man nicht, wohl aber eine von den Folgen: durch den Bildausschnitt schießt ein Blutstrahl.

    Das kann man ablehnen und als schlimme Geschmacksverirrung geißeln wie manch ein schockierter Kritiker nach dem Kinostart, als es weder Bonnie and Clyde noch The Wild Bunch gab. Man gerät dann aber in argumentative Not, wenn man The Naked Prey andererseits einen mangelnden Realismus vorwirft wie auch passiert. Beim Durchtrennen der Aorta ist meines Wissens mit einem Blutstrahl zu rechnen. 1966 hatte man so etwas (glaube ich) nur noch nie in einem Film gesehen. Dieser Strahl, eine Ejakulation in Rot, schließt sich, der inneren Logik des Films folgend, an die phallischen Mordinstrumente an, die beim Gemetzel zum Einsatz kamen. Die sexualisierte Form von Gewalt - in diesem Fall als atavistisch anmutender Blutrausch - ist einer von den beiden Polen, zwischen denen sich bei Wilde abspielt, was der Mensch dem Menschen antut. Der andere Pol ist die ritualisierte, vorher festgelegten Regeln folgende Gewalt, mit der wir uns arrangiert haben. Es gibt nur keine Gewähr dafür, dass die eine, die zivilisierte Variante der Gewalt, nicht jederzeit in die andere umschlagen kann, die überwunden werden soll. Vom guten Geschmack lässt Wilde sich dabei nicht immer leiten. Sein Thema ist die Gewalt, nicht deren geschmackvolle Darstellung.

    Die wichtigste Information über das Töten der Safarimitglieder erhalten wir in Einstellungen, durch die kein Blut fließt. Gampu steht beim Häuptling und berichtet, was ihm widerfahren ist, als der Tribut verweigert wurde. Jeder Gefangene wird einzeln vorgeführt und abgeurteilt. Der Häuptling legt das Strafmaß fest. Van den Bergh wird so fixiert, dass er eine Giftschlange anstarren muss. Für die Schlange ist das ein Zeichen der Aggression (auch eine Form von gescheiterter Kommunikation), weshalb sie umso sicherer zubeißt. Einer von den Trägern wird mit einer Lehmkruste überzogen, an einen Spieß gehängt und bei lebendigem Leib gegart. Sind diese Dorfbewohner also sadistische Kannibalen? Oder könnte es sein, dass das Braten der Elefanteninnereien ein Tabubruch war, der auf diese Weise geahndet wird? Ich weiß es nicht.

    Entscheidend sind zwei Dinge: 1. Ohne erklärende (und übersetzte) Dialoge ist man permanent gezwungen, über eine fremde Welt nachzusinnen, die einem in anderen Afrika-Filmen in leicht konsumierbaren Klischee-Portionen serviert wird. Wilde unterläuft die Stereotypen, indem er sie ins Groteske übersteigert und fördert das Nachdenken, indem er das Fremde (Mensch am Spieß) mit weniger fremden Analogien (Tier am Spieß) versieht und so zum Vergleich ermuntert. 2. Die Bestrafungsaktionen im Dorf der Eingeborenen sind ritualisiert und finden, so abstoßend sie auch erscheinen mögen, in einem Kontext von Recht und Ordnung statt. Das rückt den „dunklen Kontinent“ ganz nah an Camelot heran. Oder unterscheidet sich König Artus, einer unserer Kulturhelden, doch fundamental von diesem Häuptling, wenn er Guinevere auf den Scheiterhaufen schickt, weil es so in einem Gesetz steht, das er mal erlassen hat - zum Beispiel, weil bei ihm kein Medizinmann zur Feier des Tages eine Ziege schlachtet, sondern die Kirchenglocken läuten, wenn der Henker das Feuer entzündet? -

    Wilde durchzieht den Film mit Bildern vom täglichen Überlebenskampf der Tiere in der Wildnis. Damit redet er nicht dem Sozialdarwinismus das Wort. Es geht nicht, wie oft unterstellt, um das Recht des Stärkeren und das Übertragen biologischer Erklärungsmodelle auf die menschliche Gesellschaft. Wilde gelangt vielmehr zu dem Befund, dass sich der Mensch nicht durch Gewaltlosigkeit vom wilden Tier unterscheidet, sondern dadurch, dass er sich bewusst für eine Gewalt entscheidet, die er zu kanalisieren sucht, indem er sie in ein von moralischen Abwägungen bestimmtes System von Regeln steckt, die selbst dann, wenn er sie einhält, nur wieder zu weiterer, dann nicht mehr ritualisierter und regelkonformer Gewalt führen. Gleichzeitig halten Wildes Protagonisten verzweifelt an der Überzeugung fest, dass es einen fundamentalen Unterschied zwischen Recht und Rechtlosigkeit gibt, zwischen Zivilisation und Barbarei. Das ist das traurige Paradoxon, das alle seine Filme charakterisiert.

    Wilde selbst scheint dieser Glaube bei seinen filmischen Erkundungsgängen in das menschliche Herz der Finsternis immer mehr abhanden gekommen zu sein. Das lässt sich nachvollziehen, wenn man berücksichtigt, dass er - als rechtzeitig emigrierter Jude und aus der Distanz, aber sozusagen „live“ und nicht als jemand, der in eine Welt hineingeboren wurde, in der Auschwitz schon Geschichte war - die Shoah miterlebte, den Zweiten Weltkrieg, die Atombombenabwürfe über Hiroshima und Nagasaki, den Koreakrieg, den Kalten Krieg und den Vietnamkrieg, um nur einige der markantesten Ereignisse zu nennen. In einem Interview formulierte er es 1970 so:

    Mich treibt dauernd um, was die Menschheit der Menschheit angetan hat. Die ganze Geschichte hindurch. Und ich denke mir, wie schrecklich es ist, dass sich in so vielen Jahren seiner Existenz die ursprünglichen Verhaltensweisen des Menschen nicht groß verändert haben. Vielleicht sind sie ausgeklügelter geworden, aber grundsätzlich sind die Dinge, die der Mensch dem Menschen antut, heute genauso schrecklich wie vor 6000 Jahren. Was in der Geschäftswelt vor sich geht ist genauso grausam wie das, was auf dem Schlachtfeld passiert. Die Prinzipien einer humanen Welt, die von Generationen von Philosophen und Heiligen hervorgebracht wurden, all die Jahrhunderte und Epochen hindurch, sind noch vorhanden, und doch werden sie nicht beachtet. Viele Staaten sind nach diesen Maximen gegründet worden, und die höchsten Regierungsstellen ignorieren sie. Ich glaube, dass die Vereinigten Staaten im Großen und Ganzen ein sehr gutes Land sind. Aber im Großen und Ganzen nur im Vergleich zu anderen Ländern. Das ist keine grundsätzliche Einschätzung. Es gibt sehr sehr viele Dinge in den USA, die nicht in Ordnung sind und förmlich danach schreien, korrigiert zu werden - Dinge, die obszön sind verglichen mit den Prinzipien, auf denen dieses Land gegründet wurde. Es gibt keine echte Gleichheit. Nirgendwo auf der Welt gibt es sie. Sogar Großzügigkeit gegenüber unseren Mitmenschen ist etwas, an dem es uns sehr mangelt, bei einzelnen Personen genauso wie bei Ländern und Nationen.

    Cornel Wilde, würde ich sagen, war ein empfindsamer und völlig unzynischer Mensch. Das merkt man auch seinen Filmen an, die so robust wirken, immer sofort zur Sache kommen und dann nicht mehr nachlassen bis zum Schluss. Man muss nur genau hinschauen.
    Im Foltergarten

    „Vor hundert Jahren war Afrika ein riesiges dunkles Unbekanntes“, sagt Cornel Wildes Stimme am Anfang von The Naked Prey aus dem Off, bevor die Jagdgesellschaft das weiße Fort verlässt. „Nur einige wenige Entdecker und Missionare, die Elfenbeinjäger und die berüchtigten Sklavenräuber riskierten auf seinen Pfaden ihr Leben. Glänzende Stoßzähne waren der Preis, und schwitzende Sklaven, die von ihren eigenen Königen und Häuptlingen in den nicht enden wollenden Stammeskriegen verkauft oder von den Sklavenhändlern verschleppt wurden. Der Löwe und der Leopard machten gnadenlos Beute in den gewaltigen Tierherden. Und der Mensch, dem der Wille fehlte, andere Menschen zu verstehen, wurde wie die wilden Tiere, und ihre Lebensweise war die seine.“

    Das klingt schlimm, nach dem Kampf aller gegen alle und nach den Phantasien von Afrika als einem „dunklen Kontinent“, mit denen der Kolonialismus seine Verbrechen an den Bewohnern und die Ausbeutung der Ressourcen rechtfertigte. Wir haben bereits festgestellt, dass es so einfach doch nicht ist. Wilde beschreibt nicht den Film, den wir gleich sehen werden, sondern die Erwartungshaltung, mit der wir an seinen Film herangehen. Das heißt nun aber nicht, dass mit einem philoafrikanischen Idyll zu rechnen ist, mit edlen Wilden, die in philosophisch anmutender Einfalt und stiller Größe vor ihrer Hütte sitzen und geduldig des Moments harren, in dem sie dem weißen Mann (oder der weißen Frau, wenn ARD oder ZDF Onkel Tom seinen Kral gebaut haben) ihre Gastfreundschaft erweisen dürfen. Wilde lehnt solche Domestizierungen schon deshalb ab, weil auch sie für die Betroffenen schlecht ausgehen, wenn sie nicht das ihnen zugeschriebene Wohlverhalten an den Tag legen. Der letzte Satz des Kommentars ist der entscheidende. Die Welt ist nicht, wie sie ist, weil der Mensch von Natur aus böse ist, oder weil der Sozialdarwinismus gesiegt hat und nur das Recht des Stärkeren gilt, sondern weil es kein echtes Bemühen gibt, andere Leute - besonders dann, wenn sie sehr fremd und verschieden sind - zu verstehen. Letztlich läuft das auf fehlenden Respekt hinaus.

    Der Überfall auf die Weißen kommt nicht so unmotiviert und wie ein Naturereignis daher wie in vielen anderen Afrika-Filmen, wo die Eingeborenen mehr Teil der Landschaft als Menschen sind, sondern nach einem sehr konkreten Anlass. Der Finanzier der Safari stößt den Anführer der Krieger zu Boden (ein Bild, das auch gut in einen Film über den Kampf der Afroamerikaner um ihre Bürgerrechte passen würde), weil er diesen weder als Mitmenschen akzeptiert (oder gar als Eigentümer des Landes, das die Weißen ausbeuten wollen) noch sich für dessen kulturelle Gepflogenheiten interessiert. Das setzt die Spirale der Gewalt in Gang. Die aus dieser ersten Begegnung der weißen Jäger mit den Dorfbewohnern resultierende Rache- und Bestrafungsaktion mag dem schockierten Betrachter barbarisch erscheinen. Wilde unternimmt auch nichts, um diesen Eindruck abzuschwächen, ganz im Gegenteil. Zwischen der Demütigung des von Ken Gampu gespielten Kriegers und den Folterungen besteht ein ursächlicher Zusammenhang. Die Schwarzen sind wilder und brutaler als in den anderen Afrika-Filmen, die Hollywood bis dahin produziert hatte. Doch sie sind keine Wilden, weil sie Wilde sind - oder gute Menschen, weil der Schwarze als edler Wilder gut zu sein hat (und wehe, wenn nicht!).

    Weil der Krieger gedemütigt wurde, wird einer von den weißen Jägern ebenfalls gedemütigt. Der Häuptling gibt Anweisung, ihn wie einen Vogel auszustaffieren. Gejagt von den Frauen des Stammes, muss er durch das Dorf hüpfen. Das ist wie eine Szene aus einem Comic oder aus einer der in den 1950ern vom US-Fernsehen eingeführten Shows (Beat the Clock), wo Leute blöde Aufgaben lösen und sich zum Deppen machen, um einen Preis zu kriegen (1960 nach Deutschland importiert, wo Joachim Fuchsberger Nur nicht nervös werden moderierte, die Sendung mit „verzwickten Spielen für geschickte Leute“). Auch dort tat sich ein dunkler Kontinent auf. Im wilden Afrika von The Naked Prey gibt es keinen Fernseher zu gewinnen, sondern gleich den Tod. Der Kandidat hat auch seine Aufgabe nicht erfüllt, denn er wird eingeholt. Die Frauen haben ihren Spaß und stechen auf ihn ein wie ein außer Rand und Band geratenes Schunkelpublikum vom ZDF-Fernsehgarten oder vom ARD-Musikantenstadl. Das ist eine nette Abwechslung im täglichen Einerlei des Hausfrauendaseins.

    Der Musikantenstadl war auch schon mal in Südafrika, worauf in Österreich eine Debatte darüber entbrannte, ob man sich den nun Anzüge oder Nelson-Mandela-Hemden tragenden Schwarzen unbedingt als jodelndes Bergvolk mit Lederhosen und konfektioniertem Volksgedudel präsentieren musste (die Deutschen hatten das damals bereits so verinnerlicht, dass ihnen nichts mehr peinlich war). Falls einigen der geneigten Leser der Kommentatorenfinger zuckt, weil ich mich zu weit vom Thema entfernt habe: Stimmt nicht. Wir sprechen hier über die stereotype Darstellung bestimmter Gruppen. Man kann die Klischees perpetuieren wie im Musikantenstadl und in zahllosen Heimatfilmen, oder man zerbröselt sie durch parodistische Zuspitzung wie etwa Walter Bockmeyer in seiner Version der Geierwally, was nicht immer einfach ist, weil viele von den Klischees ohnehin schon hart an der Parodie vorbeischrammen.

    Das gilt auch für die Afrikaner im Safarifilm. Wilde bürdet dem Klischee vom schwarzen Barbaren einiges an grotesker Übertreibung auf, dies aber nur in dem Maße, dass es nicht unter der Last zusammenbricht, weil er keine Parodie gedreht hat, sondern ein ernstes Thema mit der gebotenen Ernsthaftigkeit behandelt. Das schließt die ironische Distanzierung nicht aus. Man denke sich das Quäl-Segment von The Naked Prey als große Samstagabendshow im Fernsehen. Wilde wäre dann der Zuschauer, der von zwei Aufpassern gezwungen wird, sich die exotischen, vom Showmaster (der Häuptling) angeordneten Folterrituale anzusehen. So gewinnt man eine ganz gute Vorstellung davon, was gemeint ist. Wenn meine Interpretation richtig ist, wird bei den Quälereien ein ethnologisch-dokumentarischer Anspruch nur insofern erhoben, als es um die Beziehung zwischen der genormten Unterhaltungsindustrie (nebst den von ihr zur Schau gestellten Opfern und Exhibitionisten) und ihrem Publikum geht. Angesichts des aktuellen TV-Programms und Blockbuster-Kinos kann ich nur sagen: Wilde war ein Visionär.
    Blut und Blumen

    Der Tod des „Vogels“ wird indirekt gezeigt. Die Frauen verdecken den am Boden liegenden Mann, während sie auf ihn einstechen. Wir sehen das von oben, durch die Zweige eines blühenden Baumes hindurch. Rote Blüten anstelle des roten Bluts: In einem Film, der kein Problem damit hat, durchbohrte Körper und klaffende Wunden zu zeigen, ist das eine überraschend poetische Darstellung von Gewalt. Furchtbar traurig ist es auch, weil die Blumen bei Wilde bisher für das Schöne in der Welt standen. Jetzt sind sie in Blut getaucht. Für Anhänger der „auteur-Theorie“, die nach der persönlichen Handschrift eines Regisseurs suchen, also nach wiederkehrenden Elementen in seinem Werk, wäre Cornel Wilde ein lohnendes Studienobjekt. An seinen Filmen lässt sich gut demonstrieren, wie die Bedeutung einer Szene von der Perspektive abhängig ist, aus der man sie betrachtet, und vom Kontext.

    Ein Beispiel: In einer der von den Kriegern erbeuteten Kisten entdecken die Frauen des Dorfes bunte Tücher. Der Fund löst große Freude aus, die Frauen tollen herum und werfen die Tücher in die Luft. Das kennt man. Die Wilden sind, wenn sie nicht gerade wild und blutrünstig sind, wie die Kinder, sei es im dunklen Afrika oder im Wilden Westen. In The Naked Prey ist es komplizierter, weil die Schwarzen ein Motiv für ihr Handeln haben. Das zwischen Massaker und freudiger Ausgelassenheit angesiedelte Tohuwabohu erinnert den Finanzier der Safari (und uns) daran, dass nichts passiert wäre, wenn er den Kriegern beim Betreten ihres Landes ein paar von den Tüchern abgegeben hätte, als Tribut und Respektsbezeugung. Im zuvor gedrehten Sword of Lancelot schmücken die bunten Tücher - als Textil gewordene Blüten - das Schlafgemach von Guinevere, der Geliebten Lancelots (in Beach Red wird Jean Wallace ein mit diesen Tüchern korrespondierendes Kostüm tragen). Blühende Blumen findet man bei Wilde an der Schnittstelle zwischen Tod und Leben, Liebe und Gewalt, Kommunikation und Nicht-Kommunikation. Sie signalisieren, dass von hier aus der Weg in die eine oder die andere Richtung gehen kann, abhängig vom Verhalten der Protagonisten. Meistens endet es mit Blutvergießen und man fragt sich als Zuschauer, warum das sein musste. Daher auch die traurige Grundstimmung in Wildes Filmen, deren Botschaft mit einem jüdischen Sprichwort recht gut beschrieben ist: „Man könnte leben, aber man lässt nicht.“

    Menschenjagd

    In The Naked Prey nimmt sich Wilde die Freiheit, aus einer streng chronologisch erzählten Geschichte auszubrechen und bestimmte Informationen vorwegzunehmen. Im Vorspann, in einem der Bilder von T. A. Motjuoadi, wird die rituelle Schlachtung einer Ziege gezeigt. Im Folterteil der Filmhandlung trinkt die Dorfgemeinschaft das Blut des Opfertieres. Gampu bietet auch dem von Wilde gespielten Safariführer einen Schluck an. Das ist sein Zeichen des Respekts dem Mann gegenüber, der ihn bei der ersten Begegnung ebenfalls respektvoll behandelt hat und der nun erneut beweist, dass er die andere Kultur achtet, indem er von dem Blut trinkt. Darum töten ihn die Krieger nicht wie die anderen Safarimitglieder, sondern geben ihm eine Chance, sein Leben zu retten, indem er um dieses rennt wie ein gejagtes Tier. Inspirationsquellen waren neben John Colters Begegnung mit den Blackfeet zwei sehr sehenswerte Filme: der Menschenjagds-Klassiker The Most Dangerous Game (1932) und ein die üblichen Stereotypen untergrabender Western von Sam Fuller, Run of the Arrow (1957).

    Wilde wird nackt ausgezogen (bis auf eine fleischfarbene Unterhose, weil ein völlig nackt durch die Wildnis rennender Mann nicht durch die Zensur gekommen wäre - später trägt er etwas, das er einem der Schwarzen abgenommen hat und das man sich als Lendenschurz vorstellen sollte) und erhält einen kleinen Vorsprung, ehe die Verfolgung beginnt. Die Grundidee - ein Weißer wird von bewaffneten Kriegern durch den Busch gejagt und überlebt, weil er schneller und abgehärteter ist als sie - wurde ihm von den Kritikern als koloniale Phantasie von der immerwährenden Überlegenheit des weißen Mannes ausgelegt. Ich wäre da gnädiger und würde von dem sprechen, was der Dichter Samuel Taylor Coleridge als „willing suspension of disbelief“ bezeichnet hat, also die Bereitschaft des Lesers oder Zuschauers, im Interesse der Fiktion das Unglaubwürdige zu akzeptieren, weil es sonst keine Geschichte gäbe. Würde gleich der erste von den Kriegern das menschliche Wild mit dem Speer durchbohren, wäre das vielleicht realistisch, aber der Film wäre abrupt vorbei. Deshalb wirft der Jäger den Speer daneben, und Wilde tötet ihn, wodurch er seine Überlebenschancen erhöht, weil er jetzt auch bewaffnet ist. (Das Remake von The Naked Prey drehte später Mel Gibson, mit Apocalypto.)

    Als Wilde einen zuvor abgeschossenen Pfeil erreicht, rennen die Jäger hinterher. Sie tun das zeitlich versetzt (auch diese Menschenjagd ist einem Regelwerk unterworfen wie der Zweikampf der Ritter in Camelot), und darum dauert es eine Weile, bis der zweite Krieger den ersten erreicht hat, der tot im Gras liegt. Dann geschieht das Unerhörte. Der Mann beugt sich über seinen toten Freund, umarmt ihn und stößt einen Schrei des Schmerzes und der Trauer aus. Wenn man das gesehen hat, vergisst man es nicht mehr, weil es so ungewöhnlich ist. Als der dritte Krieger hinzukommt, tauscht er einen Blick des Einverständnisses mit dem zweiten aus, um die Verfolgung dann fortzusetzen. Der Trauernde trägt den Toten zurück ins Dorf. Das mag einem ganz normal erscheinen, war es 1966 aber nicht im Film. Schwarze Afrikaner (oder Indianer im Western) wurden entmenschlicht und als unberechenbare, entindividualisierte Gruppe dargestellt. Nicht in The Naked Prey.

    In Cy Endfields Zulu (1964), einem Meilenstein des Afrika-Films, werden die Zulus als tapfere, taktisch geschulte Kämpfer präsentiert, nicht als ein Haufen blutrünstiger Wilder. Cornel Wilde geht einen Schritt weiter und stattet die Schwarzen seines Films mit der vollen Palette menschlicher Emotionen aus. Sie lachen und weinen, freuen sich und trauern, sind Individuen, und es ist sogar so, dass wir mehr über einige der Dorfbewohner und ihr Seelenleben erfahren als über den weißen Helden. Am Abend des ersten Tages sehen wir die Krieger, die nachdenklich bei der Leiche eines anderen ihrer Kameraden sitzen und diesem in einem Trauerritual die letzte Ehre erweisen. In seinem Audiokommentar zur Criterion-DVD weist Stephen Prince darauf hin, dass Wilde in doppelter Weise subversiv ist. Die sonst - in Filmen wie auch im Apartheid-Staat Südafrika - anonymisierten und entmenschlichten Schwarzen sind bei ihm menschliche Individuen und Mitglieder einer Gemeinschaft, und er dreht die herkömmlichen Machtstrukturen um, indem er die Schwarzen als Teil einer bewaffneten, durch soziale Bindungen verknüpften Gruppe zeigt, die Jagd auf einen einzelnen, nicht zu einer Gemeinschaft gehörenden Weißen macht.

    Entscheidend ist dabei, dass der (weiße) Held kein wirklicher Held ist und die (schwarzen) Bösewichte keine wirklichen Bösewichte sind. Beim Messerkampf mit einem der schwarzen Krieger wirft Wilde dem Gegner Sand in die Augen, um ihn dann zu töten. Das machen sonst nur die Schurken, die zu unfairen Mitteln greifen müssen, weil sie dem Helden sonst unterlegen wären. In Genrefilmen, die mit der durch dauernde Wiederholung eingeübten Erwartungshaltung des Publikums operieren, sind solche Regelverstöße sehr wirkungsvoll. Den Zuschauer zwingt das Abweichen von den tradierten Mustern, sich neu zu orientieren. An Einteilungen in Gut und Böse ist Wilde nicht interessiert, was ihn davor bewahrt hat, aus den Schwarzen edle Wilde zu machen oder bessere Menschen als die Weißen, weil sie schwarz sind. Einmal betrauern die Krieger den Verlust zweier Stammesangehöriger. Dann setzen sie die Jagd fort, um ihr Wild zu töten, den Weißen. Auch für sie ist das Leben eines Menschen nur etwas wert, wenn er zur eigenen Gemeinschaft gehört. Beim Weiterlaufen zertrampeln sie einige von den roten Blüten, mit denen Wilde geschickt Akzente setzt.

    Das fehlende Verständnis zwischen den Kulturen, sagt Wilde im einführenden Kommentar, erzeugt Gewalt, und weil diese sich in der Unterdrückung einer Gruppe durch eine andere äußert, sind die gefolterten und von Speeren durchbohrten Körper in seinem Film ein Kommentar zur strukturellen und institutionalisierten Gewalt in den Südstaaten der USA, wo die Weißen in den 1960ern noch das Prinzip „separate but equal“ ("getrennt aber gleich", offiziell 1954 abgeschafft, in der Praxis aber nicht) propagierten, oder in Südafrika, das den Film durch seine finanzielle Unterstützung erst möglich machte (so wie der weiße Rassist die Safari finanziert, die ihm den Untergang beschert und uns einige unerwartete Erkenntnisse). Subversiver konnte Wilde kaum sein. Und weil es ihm um ein Unrechtssystem geht, nicht um einzelne Täter, ist dadurch nichts gewonnen, dass der Rassist, der nach der Elefantenjagd in den Sklavenhandel einsteigen will, auf Anordnung des Häuptlings getötet wird.

    Im dritten Akt des Films erreicht Wilde ein friedliches Dorf, das von Sklavenhändlern überfallen und niedergebrannt wird. Er versteckt sich in einem Gebüsch, in dem auch ein kleines schwarzes Mädchen Zuflucht gefunden hat. Als die Sklavenräuber näher kommen, rennt Wilde los, um sie von dem Mädchen abzulenken. Er läuft durch das Dorf, tötet einige der Angreifer und am Schluss auch den arabischen Anführer. Trotzdem endet die Szene mit den nun versklavten Dorfbewohnern, die als Ware abgeführt und auf einer der Sklavenhandelsrouten verschifft werden. Die heroische Tat eines Einzelnen, heißt das, ist gut und richtig. Das System ändert sich dadurch nicht. In konventionellen Hollywood-Filmen ist das anders. Da wird auf der individuellen Ebene ein Problem gelöst und so getan, als gelte das auch für das große Ganze.

    Das ist ein guter Moment für eine Pause. Demnächst dann, im zweiten Teil, ein blutiger Albtraum auf einer Insel im Pazifik und der düsterste aller postapokalyptischen Öko-Thriller.

    ...

    Kurz vor dem Ende von The Naked Prey gönnt Wilde sich (und uns) einen Augenblick der Utopie. Der von ihm gespielte Mann setzt seinen Weg an der Seite des kleinen Mädchens fort, das er vor den Sklavenhändlern gerettet hat. Zwischen den beiden gibt es echte Momente der Empathie und der Gemeinsamkeit, als sie ihr Essen teilen und sich Lieder aus ihrer jeweiligen Kultur vorsingen. Das wird nie kitschig, weil Wilde keine vorab kalkulierten Gefühle anstrebt. Statt die Laiendarsteller Dialoge auswendig lernen zu lassen, beschrieb er ihnen, worum es in einer Szene gehen sollte und gab ihnen einige Anhaltspunkte. Der Rest wurde improvisiert. Die dadurch erreichte Unmittelbarkeit und Authentizität war die beste Versicherung gegen industriell hergestellten Gefühlskitsch. Für die Botschaft des Films sind die utopischen Momente wichtig, weil wir bisher eine grausame Welt gesehen haben, in der der Stärkere den Schwächeren frisst und Menschen Jagd auf andere Menschen machen. Wilde will das nicht so verstanden wissen, dass er einer sozialdarwinistischen Weltanschauung das Wort redet. Darum baut er kurz vor Schluss einige Szenen ein, in denen das harmonische Miteinander der Kulturen als ein positiver Wert beschrieben wird. Weil der Weiße nun aber in eine rassistische Sklavenhaltergesellschaft zurückkehren wird, trennt sich seine schwarze Begleiterin von ihm, als die Grenze ihres Stammesgebiets erreicht ist. Alles andere wäre eine Lüge. Die Einstellung, in der Wilde dem Mädchen hinterher schaut, wie es zurück zum zerstörten Dorf geht, ist die vielleicht emotionalste des Films.

    Nach der Wildnis in Spielfilmlänge (genau 90 Minuten) gibt es auch noch die Pastorale. Sie dauert eine Einstellung lang. Zwei nackte schwarze Kinder stehen in einer grünen Landschaft, im Hintergrund weiden friedlich Tiere. Wilde geht an den Kindern vorbei, tätschelt ihnen den Kopf, verschwindet aus dem Bild. Das ist das große Rätsel, mit dem er uns aus dem Kino schickt. Was, soll sich das Publikum fragen, hat das zu bedeuten? Hat Wilde sich aus einem Film voller Blut und Gewalt in einen anderen verirrt, in dem die Welt so ist, wie sie sein sollte, in dem der Mensch, sei er auch nackt und schutzlos, keine Beute ist wie im Titel The Naked Prey? Sehen wir Afrika als Wiege der Menschheit, mit einer Generation, die weiß ist und einer anderen, die schwarz ist, ohne dass sich daraus eine Rangordnung ergibt? Am wichtigsten ist wahrscheinlich, was es nicht bedeuten kann. Der weiße Mann steht auf der evolutionären Leiter nicht über den schwarzen Kindern. Diese Interpretation lassen die vorangegangenen 90 Minuten nicht zu.

    Dann geht die Jagd auch schon weiter. Das Fort ist bereits in Sicht, als es scheint, als würden die vier verbliebenen Krieger ihr Wild doch noch einholen und erlegen können. Der Jäger, der seine Trauer über den Verlust der Kameraden am lautesten hinausgeschrien hat, hebt den Speer zum tödlichen Stoß, als er von den Soldaten des Forts erschossen wird. Wilde wird nun gleich in die weiße Festung zurückkehren, die er am Anfang verlassen hat. Vorher trifft sich sein Blick mit dem von Ken Gampu, dem Anführer der Krieger. Die beiden schauen sich an und heben dann den Arm, um sich gegenseitig ihren Respekt zu zollen, ehe Gampu im Busch verschwindet. Das ist einer der absurdesten Filmmomente, die ich kenne, und zugleich einer der tröstlichsten, weil ganz am Schluss so etwas wie ein gegenseitiges Einverständnis zweier Kulturen erzielt wird. Allerdings mussten zuvor viele Menschen dafür sterben. Darum ist dieser Film - einer der originellsten und interessantesten der 1960er - so traurig.

    http://www.sahistory.org.za/archive/polly-street-era

    http://books.google.de/books?id=dGaIQULgPloC&pg=PP1&lpg=PR20&ots=g78dVdCM23&dq=Sharpeville+Nam

    http://www.hausderkunst.de/index.php?id=83&no_cache=1&tx_ttnews[tt_news]=3590&cHash=1df0a2c4417a3b

    #film #colonialisme

  • Guadeloupe Mai 67. Massacrer et laisser mourir
    https://lundi.am/Guadeloupe-Mai-67-Massacrer-et-laisser-mourir

    En Guadeloupe on dit Mé 67 [1]

    En Guadeloupe on dit Mé 67 [1]

    [1] C’était le titre d’un colloque tenu à l’université...
    . En France métropolitaine, mai nous fait plutôt penser à 1968… C’est bien sur ce décalage, qui n’est pas seulement de l’ordre de la perception, mais bien de la gestion de l’ordre colonial, que revient l’ouvrage qui paraît aujourd’hui, compte-rendu de la recherche historienne et politique sur cet « événement » qui, à coup sûr, s’apparente plus à ce que l’on avait nommé pudiquement les « événements d’Algérie » (qui n’étaient pas la guerre, comme chacun sait), lesquels dataient d’à peine cinq ans auparavant, qu’aux « événements », comme on disait alors, de Mai 68 [2]

    [2] À propos de la notion d’événement, je recommande (même...
    . On compta (bien heureusement) peu de morts lors de ces derniers – même s’il faut toujours se méfier des statistiques officielles. Ce fut loin d’être le cas dans ce « confetti de l’Empire » qu’est la Guadeloupe, « département français » (comme l’Algérie avant l’indépendance).

    Les 26 et 27 mai 1967, les soi-disant « forces de l’ordre » ouvrirent le feu avec leurs armes de guerre sur des foules désarmées qui manifestaient dans les rues de Pointe-à-Pitre. Aujourd’hui, on ne connaît toujours pas précisément le nombre de personnes que tuèrent les gendarmes mobiles durant ces deux journées (à coup de fusils mais aussi à la suite de tabassages extrêmement violents, s’apparentant à des lynchages, commis par ces mêmes détenteurs de la violence légitime). Les chiffres officiels annoncent sept victimes. Des années plus tard, en 1985, un sous-ministre aux DOM-TOM laissera tomber le chiffre de quatre-vingt-sept, dont personne ne semble savoir d’où il le sortait… Comme le dit Jean-Pierre Sainton, « il est fort probable que le chiffre précis des morts de 1967 ne sera jamais connu avec certitude [mais] il serait indécent de vouloir retenir une fourchette approximative de sept à quatre-vingt-sept ».

    #colonialisme #luttes_d'émancipation #Guadeloupe #Elsa_Dorlin

  • 🛑 8 Mai 1945 : Massacre de Sétif ! - Rebellyon.info

    Le jour même où la France est libérée, elle réaffirme dans le sang sa domination coloniale en Algérie : 45.000 morts à Sétif, Guelma, Kherrata et dans tout le Constantinois. Cet évènement tragique nous touche particulièrement à Lyon, car il y a un grand nombre de personnes originaires de Sétif parmi les habitants de Lyon.
    La négation des massacres d’hier font le racisme d’aujourd’hui !

    Jour de liesse ? Fête de la libération ? Pas pour tout le monde...

    #8Mai #Algérie #Sétif #massacre #colonialisme...

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://rebellyon.info/8-Mai-1945-Massacre-de-Setif

  • Comment justifier l’injustifiable ? Le cas de la famine irlandaise

    Cette contribution vient après d’autres dont le fil directeur est cette question : comment légitimer l’existence de « surnuméraires », pauvres ou chômeurs ? Le cas de la famine irlandaise est de ce point de vue exemplaire, parce qu’il combine toutes les justifications, depuis la providence divine jusqu’à une forme d’eugénisme larvé. Les résonances contemporaines sont évidentes : la résurgence du conflit irlandais renvoie à ces racines historiques, et on retrouve aujourd’hui le même hymne à l’effort individuel (1).

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2019/05/22/comment-justifier-linjustifiable-le-cas-de-la-

    #histoire #irlande #colonialisme

  • À Mayotte, la chasse aux sans-papiers n’a pas de limite
    https://afriquexxi.info/A-Mayotte-la-chasse-aux-sans-papiers-n-a-pas-de-limite

    Par Patricia Rrapi - Mayotte est une terre d’exceptions en matière de droits et de libertés. Depuis 2018, un régime dérogatoire permet aux forces de l’ordre d’y effectuer des contrôles d’identité partout et tout le temps. Une pratique incompatible avec la Constitution, mais qui a été validée par le Conseil constitutionnel au nom de la « spécificité géographique » du territoire – un argument venu tout droit de l’époque coloniale.

    #Mayotte #Migrants #Colonialisme #Comores #Droits_humains #Politique_migratoire

  • Cisjordanie : des milliers de colons israéliens marchent jusqu’à l’avant-poste d’Eviatar
    Publié le : 10/04/2023 - Avec notre envoyée spéciale à Beita, Alice Froussard
    https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20230410-cisjordanie-des-milliers-de-colons-isra%C3%A9liens-marchent-jusqu-%C3%A

    Les colons israéliens ont marché ce lundi 10 avril par milliers au cœur de la Cisjordanie occupée, jusqu’à l’avant-poste israélien d’Eviatar, à proximité de la ville de Naplouse, où 53 familles israéliennes qui s’y étaient installées illégalement avaient été évacuées il y a deux ans.

    Dans le cortège, il y a des drapeaux israéliens, des soldats tous les dix mètres, des familles avec des poussettes, des étudiants des yeshivas. Tous sont venus en bus des quatre coins du pays ou des colonies alentours. Beaucoup sont armés, lourdement, pistolets à la ceinture, fusil d’assaut en bandoulière. On trouve aussi parmi les marcheurs sept ministre du gouvernement, ainsi qu’une vingtaine de membres de la Knesset, le Parlement israélien.

    Deux ans après l’évacuation des familles qui s’étaient installées à l’avant-poste d’Eviatar, les colons demandent le droit de revenir y vivre et poussent pour la légalisation du lieu, construit sur les terres palestiniennes des villages voisins de Beita et Qabalan. « Nous sommes ici pour renforcer Israël, pour renforcer les colonies, et pour dire à ceux qui ne nous aiment pas que nous sommes là pour rester, explique Elad Lepkifker, 40 ans, qui a fait le déplacement de Jérusalem. C’est notre seul pays. Et ici, nous sommes entourés de nombreux villages arabes, c’est possiblement plus dangereux. Alors, c’est très important d’avoir nos armes avec nous. » (...)

    #colonialisme_de_peuplement

  • « Pour devenir meilleur, un pays doit perdre sa dernière guerre coloniale »

    Un long entretien avec l’historien étatsunien Timothy Snyder à propos des perspectives ouvertes par la résistance ukrainienne à l’invasion russe. Au travers de cette situation contemporaine il évoque de nombreux points abordés en cours à propos du colonialisme et de l’impérialisme (voir les passages soulignés en gras).

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/04/07/timothy-snyder-pour-devenir-meilleur-un-pays-doit-perdre-sa-derniere-guerre-

    Timothy Snyder : « Pour devenir meilleur, un pays doit perdre sa dernière guerre coloniale »

    Selon l’historien américain, seule une victoire de l’Ukraine peut mener à la paix. Dans un entretien au « Monde », il plaide pour un soutien décisif à Kiev, contre un projet impérial russe qu’il qualifie de « génocidaire ».

    Propos recueillis par Rémy Ourdan, Publié le 07 avril 2023

    Rencontré à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, Timothy Snyder est un historien américain, spécialiste de l’histoire de l’Europe centrale et orientale et de la Shoah. Professeur à l’université Yale, il a notamment publié Terres de sang et Terre noire (Gallimard, 2012 et 2016). Egalement essayiste, il est l’auteur de De la tyrannie (Gallimard, 2017) et de The Road to Unfreedom (Penguin, 2018), à paraître prochainement en français chez Gallimard, avec une nouvelle introduction écrite à l’aune de la guerre en Ukraine.

    Quel est votre sentiment après plus d’un an de guerre russo-ukrainienne ?

    Je crains que l’Occident ne soit passé de l’idée que les Ukrainiens ne peuvent rien faire, comme beaucoup le pensaient au début de la guerre, à la croyance que les Ukrainiens peuvent tout faire, ce qui n’est bien sûr pas vrai. Je pense que les Ukrainiens peuvent gagner cette guerre, mais qu’ils ont besoin de beaucoup plus d’aide qu’ils n’en obtiennent. Il faudrait se concentrer sur le fait de leur en accorder autant que possible.

    Que cette guerre vous a-t-elle révélé de la Russie ?

    Ceux d’entre nous qui avaient décrit la Russie comme un pays fasciste, ceux qui avaient pris les idées du président Vladimir Poutine au sérieux ont eu raison. Les autres – la majorité –, qui ne parlaient que de technocratie et d’intérêts économiques, ont eu tort. La Russie n’a pas changé, mais davantage d’Européens la voient aujourd’hui pour ce qu’elle est vraiment.

    Et que cette guerre vous a-t-elle révélé de l’Ukraine ?

    Là aussi, c’est l’Ukraine que je connais. Mes amis [ukrainiens] font ce que je m’attendais à les voir faire. C’est le pays qui a progressivement émergé ces trente dernières années, de l’indépendance de 1991 à aujourd’hui, et particulièrement depuis la révolution de Maïdan, en 2014, avec une consolidation de la société civile et un renouvellement des générations. Les dirigeants du pays sont jeunes.
    Il s’agit là d’une différence très importante entre l’Ukraine et la Russie. Au début de la guerre, le monde était perplexe face à des questions telles que l’ethnicité et la langue, qui n’ont en fait guère d’importance. Ce qui compte réellement, c’est la politique, l’expérience. En Russie, l’expression politique n’a pas été autorisée, il n’y a pas eu de moment où la population a pu s’affirmer par le vote, et le renouvellement des générations n’a pas été permis. Poutine fait la guerre à l’Ukraine, mais aussi à la jeunesse russe. Il l’enferme dans une prison générationnelle pour l’envoyer combattre dans cette guerre insensée.

    On évoque une volonté impériale, ou coloniale, de la Russie. Comment qualifieriez-vous le projet russe ?

    L’Europe d’aujourd’hui est une Europe postcoloniale. Le projet qui la sous-tend – l’intégration européenne – est né après la guerre, mais il s’inscrit surtout dans une période postcoloniale. La seconde guerre mondiale fut une guerre coloniale allemande, qui a échoué et qui a été suivie par d’autres guerres coloniales, hollandaises, françaises, etc., qui ont échoué. L’Europe est une collection d’Etats postimpériaux.
    Or, le projet de la Russie consiste à réaffirmer le principe de l’empire, contre l’Ukraine mais aussi contre l’Europe. Car, si le principe de l’empire était victorieux, alors l’intégration échouerait. La Russie traite l’Ukraine comme une sorte de colonie. Les affirmations de Poutine selon lesquelles il n’existe pas de nation ukrainienne, pas d’Etat ukrainien, sont des classiques de la rhétorique de la supériorité coloniale. C’est la raison pour laquelle Moscou a besoin de perdre cette guerre : pour devenir meilleur, un pays doit perdre sa dernière guerre coloniale. Ceux qui aiment la Russie devraient lui souhaiter une défaite aussi rapide et décisive que possible. La défaite est la seule solution pour que la Russie y gagne.

    Dans sa diplomatie et ses relations internationales, la Russie ne cesse de mettre en avant le concept de « souveraineté ». Or, on voit qu’elle n’accorde aucune importance à la souveraineté de la Géorgie ou de l’Ukraine, telle qu’on l’entend communément, avec un respect des Etats et des frontières. Qu’est-ce que la « souveraineté », selon Moscou ?

    C ’est là une question essentielle. Quand on parle de souveraineté en Occident, on parle de droit et de frontières. Quand on parle de souveraineté dans le « Sud global », on parle de sortie des empires. Mais quand la Russie parle de souveraineté, il s’agit de s’affranchir de toutes les règles. Un bon exemple est fourni par le discours de Poutine [le 30 septembre 2022] quand la Russie a proclamé avoir annexé des régions ukrainiennes [Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia]. Poutine a expliqué que, parce que la Russie est une civilisation millénaire, les règles contemporaines ne s’appliquent pas à elle.
    Cette idée russe est proche de l’idée fasciste. C’est aussi ce que disaient les nazis quand ils affirmaient que, parce qu’ils étaient « spéciaux », les règles étaient artificielles et ne s’appliquaient pas à eux. C’est l’idée fasciste d’être investi d’une « mission spéciale ».

    Les juristes internationaux s’accordent sur le fait qu’il y a un crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine et que des crimes de guerre sont commis, mais ils débattent de la nature génocidaire du crime. Pourquoi affirmez-vous que cette guerre est génocidaire ?

    La Russie commet en Ukraine toutes les catégories de crimes, jusqu’à la déportation forcée d’enfants, explicitement mentionnée dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948. Elle commet des actes génocidaires. Tel qu’on l’entend communément, il y a génocide si tout le monde est tué, jusqu’au dernier. Or, le génocide est aussi un crime fondé sur l’intention de détruire une nation, une communauté.
    La difficulté, selon beaucoup d’observateurs, est de prouver l’intention génocidaire. Or, nous sommes dans une situation historiquement inhabituelle, où la Russie, au lieu de cacher ses intentions, les banalise. Elle dit clairement qu’elle tuera suffisamment d’Ukrainiens pour que les survivants se rangent de son côté. Les déclarations russes sur cette guerre sont génocidaires. Presque chaque jour à la télévision d’Etat, quelqu’un fait une déclaration génocidaire. La notion même de « désukrainisation » montre une intention génocidaire.
    Dmitri Medvedev, ex-président de la Fédération de Russie [2008-2012] et vice-président du Conseil de sécurité de Russie, poste régulièrement des déclarations génocidaires sur sa chaîne Telegram. Le président Poutine lui-même, lorsqu’il nie l’existence d’une nation ukrainienne, utilise un langage prégénocidaire. Nous sommes inondés de ces déclarations. Mon avis est donc que nous avons des preuves de l’intention génocidaire, mais que la tactique russe consiste à donner le sentiment que la situation est normale.

    L’Ukraine discute beaucoup, ces dernières années, de son histoire, de son identité. Comment comprenez-vous l’évolution de l’identité nationale ukrainienne ?

    L’historien français Ernest Renan disait [en 1882] que « l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours ». Une nation se détermine par ce qu’il s’y passe chaque jour, pas par des événements advenus il y a mille ans. C’est ce que l’Ukraine vient nous rappeler. Nous sommes distraits par une question de langue, qui compte en fait peu – je parle anglais, mais je ne suis pas anglais –, et de mythes. Les Européens et les Américains sont séduits par l’idée qu’en Europe de l’Est les choses anciennes se prolongent à travers l’histoire et restent vraies. Quand Poutine dit que tout doit rester à l’identique, il est étrange que cela nous séduise.
    Les Ukrainiens nous donnent une leçon sur la construction d’une nation, par de petites actions, par les risques pris par chacun. Quand je pense à la nation ukrainienne, je pense surtout à la société civile. Les habitants mènent des actions ensemble. Quelqu’un conduit une camionnette, de l’ouest à l’est de l’Ukraine, pour acheminer quelque chose à une personne qu’il ne connaît pas, mais il connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît cette personne. Cela établit un réseau horizontal, une confiance. C’est ainsi que les Ukrainiens combattent dans cette guerre, et cela définit ce qu’est la nation ukrainienne.
    L’autre aspect de cette question est d’ordre moral. Quand se produit un événement important dans une histoire nationale, il doit y avoir une prise de risque. La Révolution française était un risque, la révolution américaine était un risque. La décision du président Volodymyr Zelensky de rester en Ukraine était un risque, et cela a à voir avec l’idée de nation. La nation est aussi une entité morale.
    Par ailleurs, les Ukrainiens construisent une nation européenne afin de rejoindre l’Europe. Ils ne se font aucune illusion sur leurs chances de réussir seuls. C’est là une leçon importante.
    Dans cette guerre, la question de l’identité nationale russe m’interroge davantage. La Russie se définit elle-même comme une anti-Ukraine. Si votre existence se résume à la négation d’autre chose, alors qu’êtes-vous ? La Russie a choisi son ennemi, et maintenant, l’identité russe est basée sur ce choix de vouloir détruire l’Ukraine.

    Quel est le projet politique ukrainien, et a-t-il changé avec la guerre ?

    L’Ukraine a une longue histoire, qui ne commence pas avec l’indépendance de 1991. Quand certains disent que « Poutine a inventé l’Ukraine en l’envahissant », cela me rend un peu malade, car, alors, qui est ce peuple qui s’est levé au premier jour de la guerre pour résister ? D’où vient-il ? Il y avait un débat, avant 1991, sur ce qu’est l’Ukraine, sur le fait qu’elle soit une nation parce qu’elle avait une langue et une culture, ou qu’elle soit une nation du fait de l’engagement civique de ses habitants. Or, ce débat a été clos en 1991 : l’Ukraine était une entité politique et civique. Dans un pays où la langue russe est très importante, vous pouvez vous sentir ukrainien, quelles que soient votre langue natale et votre appartenance ethnique. Le premier des Ukrainiens aujourd’hui [Volodymyr Zelensky] est un Ukrainien juif russophone. Et cela est possible parce qu’il y a trente ans les Ukrainiens ont eu cette compréhension de ce qu’est la nation, et parce que cette période a été riche en actions démocratiques, destinées à construire une société.
    L’Ukraine et la Russie sont, en ce moment, deux pays très différents. Le projet de Poutine est tourné vers le passé, voire un passé imaginaire, tandis que le projet ukrainien est tourné vers l’avenir, vers la construction d’une entité politique qui s’améliore.

    Il y a actuellement en Ukraine un fort rejet de la culture russe, avec des appels au boycott de la Russie dans tous les domaines. Pensez-vous que ce phénomène se prolongera après la guerre ?

    D’abord, nous devrions nous souvenir à quel point l’Ukraine a été tolérante et favorable à la culture russe, jusqu’au 24 février 2022 [date de l’invasion militaire russe]. Il existait une presse russophone, la langue russe était parlée à la télévision comme dans la rue. On oublie que l’Ukraine est le pays du monde où le plus de gens peuvent parler le plus librement le russe. Cela reste vrai aujourd’hui, même si quelques personnes tentent désormais de ne parler que l’ukrainien.
    Nous sous-estimons à quel point l’Ukraine est moderne avec, par exemple, une capitale bilingue. Berne n’est pas vraiment une capitale bilingue, Bruxelles n’est pas vraiment une capitale bilingue non plus, l’Europe n’a pas vraiment de capitales bilingues, alors que Kiev l’est.
    Ensuite, je ne suis pas surpris que les Ukrainiens aient une réaction négative à l’égard de la culture russe, car ils l’associent à l’idée de l’empire.

    La paix doit-elle nécessairement passer par une victoire militaire et la défaite de l’ennemi, comme cela est envisagé aujourd’hui tant par Moscou que par Kiev, ou peut-elle être une paix négociée ?

    Je pense que ni les Russes ni les Ukrainiens ne veulent de paix négociée. Tous deux sont déterminés à vaincre. On parle de la négociation comme d’une alternative à la guerre, mais la négociation n’est possible que lorsque les deux belligérants ont décidé de ne plus combattre. Au début de la guerre, Moscou et Kiev se sont parlé, mais actuellement il est clair qu’aucun camp ne veut négocier. Et cela, parce que la Russie pense toujours – à mon avis à tort – qu’elle peut encore vaincre l’Ukraine, et parce que l’Ukraine pense – à mon avis à raison – qu’elle devrait et qu’elle peut reconquérir ses territoires occupés.
    La paix interviendra avec la victoire des Ukrainiens. Le seul moyen de terminer la guerre est que la Russie ne puisse plus combattre. Il y a deux scénarios possibles. Le premier est que Poutine déclare que la Russie a gagné, que l’OTAN s’apprêtait à envahir la Russie via l’Ukraine et que, grâce à son brillant commandement, il l’a stoppée en Ukraine, sans qu’un seul soldat de l’OTAN atteigne la Russie. Son discours pourrait ressembler à ça, et il est possible que les Russes y croient, ou fassent semblant d’y croire. Dans le second scénario, quelqu’un en Russie renverse Poutine.
    Je n’imagine pas que la Russie puisse admettre sa défaite. Dans les deux cas, le pays passera à autre chose : les propagandistes russes cesseront soudain de parler de l’Ukraine, et tout le monde comprendra qu’il ne faut plus y penser. C’est ainsi que la politique russe fonctionne. Soit Poutine changera de sujet, soit le sujet changera de lui-même, car ce sera l’après-Poutine.

    Craignez-vous une escalade militaire, soit parce que le conflit s’étendrait au-delà des frontières de l’Ukraine, soit parce que la Russie utiliserait des armes de destruction massive ?

    Je suis embarrassé par le débat sur le nucléaire. Je pense que les Russes ont très consciencieusement et soigneusement conçu leurs déclarations sur le nucléaire pour faire peur à l’Occident. Stratégiquement, ils n’ont aucune raison d’utiliser l’arme nucléaire et de nombreuses raisons de ne pas l’utiliser. La plus importante est que, pour eux, le prestige nucléaire est ce qui fait de la Russie une superpuissance. Si Moscou utilisait l’arme nucléaire, il perdrait immédiatement ce prestige et deviendrait paria, et les pays voisins chercheraient à se doter d’armes nucléaires. Par ailleurs, le risque de voir le conflit s’étendre n’existe que si on laisse la Russie gagner la guerre. Les Ukrainiens sont en train de contenir l’agression russe à l’intérieur de leurs frontières.

    Malgré la guerre, Vladimir Poutine reste une figure acceptable pour certains mouvements politiques européens, ainsi que pour une frange de l’opinion publique. Pourquoi, dans des pays démocratiques, certains sont-ils attirés par des tyrans ou des figures autoritaires ?

    Dans l’histoire des démocraties, il y a toujours eu des personnes fascinées par les tyrans. Dans les années 1930, en Europe comme aux Etats-Unis, beaucoup ont été séduits par Staline ou Hitler. Il y a des gens qui souscrivent au mythe d’un homme qui résout tous les problèmes. C’est une vision fantaisiste et infantile de la politique. La démocratie nécessite des citoyens matures, capables de compromis, patients, et qui acceptent que des idées différentes des leurs puissent s’exprimer. Mais il faut bien reconnaître que certains n’aiment pas la liberté. Ils veulent qu’on leur mente, ou qu’on leur dise quoi faire. C’est aussi le cas actuellement dans mon pays [aux Etats-Unis].

    Les relations internationales et le droit international connaissent parfois des tournants, comme, après la seconde guerre mondiale, la création de l’ONU, la Déclaration universelle des droits de l’homme et les conventions de Genève – ou, dans une moindre mesure, après la guerre froide. La guerre russo-ukrainienne pourrait-elle marquer un tournant ?

    Les Ukrainiens sont en train de sauver le système international actuel. En termes purement stratégiques, la résistance ukrainienne a rendu le monde beaucoup plus sûr qu’il y a un an, pour trois raisons. Cela rend une confrontation américano-chinoise dans le Pacifique moins probable, parce que cela force Pékin à réfléchir à deux fois à une intervention à Taïwan ; cela rend une confrontation entre la Russie et l’OTAN moins probable, car la Russie n’a plus l’armée nécessaire pour menacer des pays membres de l’OTAN ; et cela rend une guerre nucléaire beaucoup moins probable, car l’Ukraine résiste au chantage nucléaire et démontre qu’il n’y a pas besoin de posséder des armes nucléaires pour résister à une puissance nucléaire.
    On n’est pas obligé de voir cette guerre comme une crise de l’ordre contemporain. On peut aussi la considérer comme son salut. Evidemment, tout dépend d’une victoire de l’Ukraine.

    #Empire #colonialisme #impérialisme #génocide #Ukraine #Russie

  • Françoise Vergès. « Le musée occidental a été tragique pour les peuples »
    Afrique XXI > Michael Pauron > 3 avril 2023
    https://afriquexxi.info/Francoise-Verges-Le-musee-occidental-a-ete-tragique-pour-les-peuples

    Entretien · Françoise Vergès, militante féministe et anticoloniale, publie Programme de désordre absolu. Décoloniser le musée. Un essai dans lequel elle remet en cause le musée occidental, modèle qui s’est imposé au monde, et appelle à l’exploration d’une autre voie – ce qu’elle nomme un « post-musée » (...)

  • Deserts Are Not Empty

    Colonial and imperial powers have often portrayed arid lands as “empty” spaces ready to be occupied, exploited, extracted, and polluted. Despite the undeniable presence of human and nonhuman lives and forces in desert territories, the “#regime_of_emptiness” has inhabited, and is still inhabiting, many imaginaries. Deserts Are Not Empty challenges this colonial tendency, questions its roots and ramifications, and remaps the representations, theories, histories, and stories of arid lands—which comprise approximately one-third of the Earth’s land surface. The volume brings together poems in original languages, conversations with collectives, and essays by scholars and professionals from the fields of architecture, architectural history and theory, curatorial studies, comparative literature, film studies, landscape architecture, and photography. These different approaches and diverse voices draw on a framework of decoloniality to unsettle and unlearn the desert, opening up possibilities to see, think, imagine it otherwise.

    https://cup.columbia.edu/book/deserts-are-not-empty/9781941332740

    #livre #géographie_du_plein #géographie_du_vide #ressources_pédagogiques #désert #colonialisme #vide #exploitation #occupation #extractivisme #pollution

    ping @reka

    • Ça m’intéresse beaucoup  : mon oncle y avait participé et il a refusé d’en parler. Et ça avait clairement participé à faire de lui un invalide au décès prématuré.

      Plus tard, pendant que je bossais sur mon mémoire sur l’antisémitisme, je tombe sur le pote d’un pote qui est malgache et qui me dit que la France est un État génocidaire qui se cache, mais que je devrais trouver des trucs au centre d’études juives où je bossais… et effectivement, il y avait des trucs…

  • Un pur chef d’oeuvre : Ténèbre, de Paul Kawczak
    (La Peuplade, 2020 ; J’ai lu, 2021)

    Un grand livre passé inaperçu en France, malgré un prix des lecteurs L’express/BFMTV 2020 et une critique de François Angelier le 28 août 2021.

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    Le roman raconte le parcours de Pierre Claes, géomètre belge mandaté par le roi qui mène une expédition en Afrique pour matérialiser les limites des terres civilisées. Il remonte le fleuve Congo en compagnie de travailleurs bantous et de Xi Xiao, maître tatoueur chinois et bourreau spécialisé dans l’art de la découpe humaine. Ce dernier devine les horreurs de la colonisation à venir.

    « Dans ce premier roman, Paul Kawczak revisite et dynamite le récit de voyage à la façon du XIXe siècle, pour en faire un livre baroque, oppressant, violemment érotique, d’une beauté barbare, servi par un style superbe »

    estime Jean-Claude Perrier dans son avant-critique du roman paru dans le Livres Hebdo du 17 janvier.

    Paul Kawczak est un éditeur, né en 1986 à Besançon, en France. Ses études doctorales en littérature l’ont mené en Suède puis au Québec. Avec le goût de l’exil lui est venu celui de l’écriture, comme forme de retour. Ténèbre sortira en format poche chez J’ai lu en 2021.

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    L’extraordinaire Ténèbre dans laquelle Paul Kawczak immerge ses personnages, celle de l’énorme et impénétrée forêt congolaise des années 1890, tient moins de la lice héroïque que d’un salon de torture fin de siècle. Imprégné par le Mirbeau du Jardin des supplices (1899) et le Conrad d’Au cœur des ténèbres (1899) – Conrad qui fait une apparition, « Polonais aux yeux polaires » –, le roman de Kawczak offre une peinture au rasoir, d’une part d’une Afrique coloniale hagarde, en sang et en larmes, que l’Europe franco-belge dilacère avec cupidité, confiant ses basses œuvres tant à des nervis soûls de sadisme qu’à des aventuriers à la mysticité délirante, et, d’autre part, du « charnier divin » d’une Belgique à la Ensor d’où vient le héros, le géomètre Pierre Claes, ethnie bourgeoise et délirante. A lire cul sec.

    https://www.lemonde.fr/livres/article/2021/08/28/james-fenimore-cooper-paul-kawczak-william-seabrook-la-chronique-poches-de-f

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    Les libraires conseillent (février 2020)

    En 1890, au cœur d’une Afrique que les grands pays colonisateurs se disputent âprement, Pierre Claes, géomètre de son état, se voit confier par son Roi la tâche d’aller délimiter la #frontière nord du Congo. Mais le jeune Claes, qui n’a rien de l’aventurier viril requis pour une telle charge, sombre peu à peu dans l’horreur coloniale, dont les extrémités semblent sans limites. Formée d’une horde de personnages aussi denses qu’énigmatiques, du bourreau chinois Xi Xiao au danois Mads Madsen, capitaine du Fleur de Bruges, sans oublier Mpanzu le Bantou, Vanderdorpe au cœur brisé ou encore Léopold, un chimpanzé apprivoisé, l’expédition Claes progresse péniblement sur le fleuve Congo, ponctuant son périple de rencontres inusitées et de péripéties abracadabrantes, pénétrant toujours plus avant la noirceur terrifiante des jungles antédiluviennes d’où toute morale s’est depuis longtemps évanouie. Servi par l’élégance d’une prose véritablement géniale et doté d’un art narratif empruntant aussi bien à Jules Verne qu’à Hemingway ou même à Poe, ce roman immense au romantisme sombre devrait vous hanter longtemps après avoir tourné la dernière page.

    Attention : chef-d’œuvre !

    Philippe Fortin, librairie Marie-Laura (Jonquière)

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    « L’histoire qui suit n’est pas celle des victimes africaines de la colonisation. Celle-ci revient à leurs survivants. L’histoire qui suit est celle d’un suicide blanc dans un monde sans Christ ; celle d’un jeune homme oublié dans un labyrinthe de haine et d’aveuglement : l’histoire du démantèlement et de la mutilation de Pierre Claes. » (page 12)
    Ce chant de la mutilation, — pour reprendre le titre du livre de Jason Hrivnak [1] ­—, relate l’histoire de Pierre Claes, géomètre belge, mandaté par le roi Léopold II pour délimiter les frontières du Congo. Le jeune homme se lance en 1890 dans une première expédition à bord du Fleur de Bruges, glissant sur le fleuve Congo, en compagnie de travailleurs bantous et de Xi Xiao, un ancien bourreau spécialisé dans l’art de la découpe humaine, maître tatoueur et devin.

    Paul Kawczak ne fait pas ici le pari de la #reconstitution mais plutôt celui d’écrire un roman comme s’il avait été écrit au XIXème siècle, sans pour autant tomber dans les travers du pastiche ou de la parodie.
    L’ironie est présente dans Ténèbre, mais il s’agit d’une ironie subtile, de celle à l’œuvre dans le Dracula (1897) de Bram Stoker, roman épistolaire brillant dans lequel l’auteur raille subtilement l’héroïsme des personnages qui pourchassent le vampire. L’atmosphère et le style flamboyant de Ténèbre ne sont pas non plus sans rappeler le génial roman gothique Melmoth ou l’Homme errant (Melmoth the Wanderer, 1820) de Charles Robert Maturin.

    « Des mains dont les ongles avaient continué de pousser et dont les corps avaient disparu, emportant avec eux le jour et la nuit, les arbres géants et les cris animaux, le temps des regrets et la parole humaine. Ces mains hurleraient et perceraient le monde jusqu’à le déformer, l’étirant hors de toute mesure suivant l’attraction de leur cri ; elles se rendraient au berceau de chaque nouveau-né, au chevet de chaque vieillard, au seuil de chaque foyer pour porter l’horrible nouvelle, la portant à la barbe de Léopold II même, qu’elles finiraient par arracher, comme elles arracheraient chaque Christ de sa croix pour le gifler, le fesser et lui annoncer, rieuses, piailleuses et chantantes, comme les mésanges nègres du fleuve Congo, l’avènement de la Peur, de la Mort et de l’Apocalypse. » (p. 147)

    Ténèbre n’a rien d’un pastiche, disions-nous. Il suffit pour s’en convaincre de prêter attention aux premières citations en exergue, celle de l’artiste taïwanais Chen Chieh-Jen, tout d’abord, qui rappelle que si « nous ne voyons pas la violence de l’histoire […] nous avons besoin de méditer les images de l’horreur et de nous en pénétrer » (p. 7). Puis celle de l’historien congolais Isidore Ndaywel è Nziem : « de 1880 à 1930, environ 10 millions de Congolais […] auraient disparu, victimes de l’introduction de ‘‘la civilisation’’. » (ibid.)

    La troisième épigraphe est de #Marx :

    « Le #capital naît dégouttant de sang et de boue des pieds à la tête », écrit l’auteur du Capital (p. 11).

    L’intention du romancier est claire : Ténèbre se veut une généalogie du Mal, ce Mal qui ronge l’Europe dans les derniers feux d’un romantisme à l’agonie : le capitalisme et son corollaire, le colonialisme, avec son abominable litanie de crimes contre l’humanité commis au nom de « la civilisation », — une civilisation blanche, mâle, chrétienne.

    Dieu est mort. L’argent est roi

    C’est le Mal qui ronge Pierre Claes, le géomètre dont le lecteur suit l’errance dans ce dédale tracé par Paul Kawczak. Les références à l’Enfer et au Paradis sont nombreuses dans le roman. Le Congo, en premier lieu, comparé à un nouvel Éden :

    « Le jardin d’Éden n’avait dû être qu’un simple brouillon comparé à la jungle africaine. À plusieurs reprises, [Pierre Claes] se dit que son enfance eût été plus facile s’il avait eu connaissance de l’existence des fleurs qu’il voyait alors, s’il avait su qu’il y avait, quelque part sur la Terre, un Paradis plus mystérieux que celui de la catéchèse, un lieu d’où pas une couleur n’était absente, où la mort même était extraordinaire, un lieu dont le calvaire quotidien de l’extrême chaleur et des insectes consacrait la beauté en vérité au lever du soleil. » (p. 106)

    Claes est chargé de cartographier ce Paradis [2], une mission qu’il accomplit en scrutant le ciel pour abaisser sur Terre les étoiles :

    « À cette époque, un géomètre marquait la terre mais scrutait le ciel. Les frontières idéales se matérialisaient à partir des étoiles dont l’apparente fixité était encore l’aune de l’absolu pour les hommes. Pierre Claes, par de savants calculs, abaisserait sur Terre les étoiles, au sol, et de leur majesté ne resterait que le tracé invisible d’un pouvoir arbitraire : là passerait la frontière. Claes réduirait l’infini en politique. » (p. 32)

    Autre motif lié au Paradis terrestre et à l’Enfer, celui du serpent, présent sur la couverture du livre et dont nous trouvons de nombreuses occurrences dans le texte [3]. Le serpent est un motif polysémique dans Ténèbre, mais la référence au texte de la Genèse (3, 1-24) est évidente. Dans la scène d’agonie de Baudelaire (pp. 127-128), Paul Kawczak décrit les yeux de l’auteur des #Fleurs_du_Mal comme ceux d’un serpent, faisant du poète le témoin et la victime de ce Mal qui dévore l’ancien monde.

    La question du mot ténèbre, si rare au singulier, a été éludée par les exégètes [4]. Plus fréquent au pluriel, notamment lorsqu’il fait référence à l’absence de Dieu et à l’Enfer, le mot a perdu sur la couverture du livre son S qui s’y trouve, par magie, incarné sous la forme d’un serpent [5]. Contrairement à la doctrine de la théologie chrétienne du péché originel, Paul Kawczak distingue la ténèbre, qui est intérieure, du Mal (représenté par le serpent) extérieur à l’homme : ici l’homme ne naît pas pécheur, il devient mauvais, corrompu par le capitalisme dont l’un des symboles est celui du dollar américain, un S doublement barré.

    L’errance géographique de Claes, se double d’une errance d’ordre psychique, un labyrinthe mental [6] tracé par le Mal à l’œuvre sur Terre : l’Enfer n’est pas un lieu, il est le socle brut de notre condition humaine, planté au cœur des hommes broyés par le capitalisme triomphant.

    « Chaque nuit un peu plus, Claes prenait la mesure de la progression de l’ombre en lui, de sa catabase africaine vers la Ténèbre intérieure. Pierre Claes pleurait alors comme un enfant, inconsolable de sombrer et effrayé par la violence à venir et les promesses tristes de la mort. » (p. 107)

    Ces leitmotive font signe au-dessus de la jungle du texte, la phrase Kawczakienne étant elle-même à l’image de cette jungle : sa syntaxe est prolifération, luxuriance, toute bruissante de ses rumeurs. La riche prose de Ténèbre passerait aisément l’épreuve du « gueuloir » chère à Flaubert, et l’on devine d’ailleurs que Paul Kawczak partage envers l’auteur de L’Éducation sentimentale l’admiration qu’il prête à l’un de ses personnages (Polonais) pour « son style, non pas prosodique, mais ironique, toujours double, comme chaque chose » (p. 87).

    Les pages sublimes sont nombreuses dans le livre. Citons notamment celle-ci, sidérante de sa noire beauté :

    « Repassait incessamment dans son esprit l’image claire et brutale de la vulve coulante de Camille Claes, ouverte comme le désir précipité et précipitant, en fleur de chair, intolérable ou, plutôt, qui ne le tolérait pas, lui, le raidissait à mourir dans la trahison de son père qui ne l’avait jamais peint, et la lune, ouverte comme la plaie du Christ, comme le bec de certaines pieuvres qu’on avait amenées de la côte, du port d’Ostende, une fois, et que l’on avait montrées à la boucherie, monstrueux miracles roses et gris de gélatine, comme les récits de son grand-père, rejetant, vomissant le lait et le sang, il l’avait vue, écartée et baveuse et jamais, jamais, il n’avait eu aussi peur qu’au réveil ce matin-là, il devait s’excuser auprès de ses chiens avant qu’ils ne l’accusent trop violemment des mots que lui avait murmurés Camille Claes, de ce qu’elle lui offrait comme on offre à un homme, de ce tout petit secret de fourche, pas plus grand que le quart de la paume d’une main, plus petit même peut-être, comme la vérité et le monde qui l’avaient toujours tué. » (p. 182)

    Une des plus belles idées du livre tient dans la métaphore filée de l’écriture tout au long du roman : les tatouages et la découpe des chairs. L’écriture de Paul Kawczak est double, ainsi que celle de Flaubert. Elle est le Mal qui dit le Mal. Le poison et son antidote. La Fleur du Mal.

    « Un soir, Xi Xiao n’eut plus de nouveau récit à raconter. Pierre Claes lui demanda à être la prochaine histoire. Pierre Claes demanda à Xi Xiao de lui tatouer sur le corps le tracé d’une découpe et de le lingchéifier au cœur de l’#Afrique. Pierre Claes voulait être ouvert aux étoiles pour quitter l’horreur de sa vie. » (p. 151)

    Riche de ses références, tant aux romans populaires d’aventures et gothiques, qu’au symbolisme, au #décadentisme et au #romantisme crépusculaire, Ténèbre est un premier roman brillant et résolument postmoderne, porté de bout en bout par une écriture puissante et superbe.

    https://chroniquesdesimposteurs.wordpress.com/2020/05/22/tenebre-de-paul-kawczak

    [1] À lire ici notre recension du roman de Jason Hrivnak : https://LesImposteurs/le-chant-de-la-mutilation-de-jason-hrivnak

    [2] Nous pourrions également évoquer le Paradis qu’est pour Vanderdorpe « le giron tiède » de Manon Blanche, « terre où il eût dû mourir et où il n’avait pu naître », dont il « était déchu et banni sans possibilité de rachat » (p. 134).

    [3] La couleuvre pp. 96, 127-128 ; la vipère p. 209 ; le python pp. 227-228 ; ou encore pages 292 et 299.
    [4] Pour étayer notre analyse de cet ouvrage que nous disions écrit à la manière d’un roman du XIXème, notons que le rare ténèbre, au singulier, est attesté chez Huysmans en 1887.

    [5] L’illustration de première de couverture est l’œuvre de Stéphane Poirier.

    [6] Notons quelques occurrences du motif du labyrinthe dans le texte : « Cela, que les hommes ignorent, / ou dont ils n’ont pas idée,
 / à travers le labyrinthe du cœur,/ chemine dans la nuit. » (p. 239) ; « Congo-Minotaure » (p. 86) et « le Minotaure jaune » (p. 247) à propos de Xia Xiao.

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    Plus son bateau remonte le fleuve et plus Claes réalise à quel point l’entreprise dans laquelle il s’est embarqué est folle. Pour dompter un continent, il convient de le découper, de tailler à même sa chair géographique. Instrument et victime de ce projet, Claes en fait les frais. Entre un Chinois maître-tatoueur, un père désespéré, un singe doté d’émotions, Verlaine saoul, Baudelaire agonisant et une foule de colons détestables, Ténèbre navigue dans les eaux troubles de la fin de siècle et impressionne par son réalisme foisonnant.

    Entrecroisant les destins et les lieux, Kawczak emporte son lecteur de la #jungle africaine aux trottoirs parisiens, en passant par une boucherie bruxelloise et l’université britannique de St Andrews. À l’image de ses personnages, Ténèbre est un livre charnel, désespéré, exalté, qui suinte d’humeurs et de transpiration. C’est le tableau grouillant d’un XIXe siècle malade, halluciné, en état d’ébriété, de délire mystique et poétique permanent.

    C’est aussi un hommage décalé au Coeur des ténèbres de Joseph Conrad, mais bien plus qu’une variation sur le thème, ce pastiche, au sens noble, trouve sa propre force dans une galerie de portraits splendides et misérables, dans l’évocation de tous ces pauvres êtres meurtris par l’amour et qui courent à leur perte avec panache.

    Ténèbre est un livre total, parfaitement maîtrisé, et dont la plus belle réussite, peut-être, est de nous faire ressentir physiquement les fièvres qu’endurent les personnages. Un livre malade, en somme, et hautement contagieux.

    Grégoire Courtois, Libraire Obliques (Auxerre)

    https://actualitte.com/article/5206/chroniques/tenebre-de-paul-kawczak-impitoyable-et-hautement-contagieux

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    "Ténèbre" : Paul Kawczak, détonnant voyageur
    https://www.ledevoir.com/lire/571423/fiction-quebecoise-paul-kawczak-detonnant-voyageur

    Le 23 février 1885, de triste mémoire, à l’issue de la Conférence de Berlin, une poignée de pays européens se sont partagé l’Afrique sans états d’âme. Une charcuterie géopolitique qui a notamment inspiré Congo au romancier français #Éric_Vuillard en 2012.

    D’un coup de baguette magique, un territoire de 2,3 millions de kilomètres carrés couvrant une bonne partie du bassin du fleuve Congo est ainsi devenu un État indépendant et la propriété privée de Léopold Louis-Philippe Marie Victor de Saxe-Cobourg-Gotha, dit Léopold II, qui a dirigé le Royaume de Belgique entre 1865 et 1909.

    Le temps de l’#exploration est fini. Livingstone est mort de la dysenterie en 1873 dans un coin reculé de l’actuelle Zambie en cherchant les sources du Nil. Pierre Savorgnan de Brazza, nommé commissaire général du Congo français en 1885, a la main trop douce aux yeux de certains. L’heure est venue de passer aux choses sérieuses.

    Une alliance inédite

    Au nom de l’exploitation effrénée du #caoutchouc et de l’#ivoire, « dans l’intérêt de la civilisation et pour le bien de la Belgique », sur un territoire 80 fois plus grand que le petit royaume belge, vont se répandre l’appât du gain, la terreur et les crimes contre l’humanité. Une alliance inédite entre le colonialisme et le capitalisme dans sa forme la plus sauvage.

    Au menu : mauvais traitements, #esclavage, #torture, #mutilations et dilatation des profits. Une aventure quasi génocidaire sans précédent, trop mal connue, alors que certains historiens estiment que l’aventure coloniale au Congo — qui ne deviendra une #colonie_belge qu’en 1908 — aurait fait 10 millions de morts. Le monarque « philanthrope » belge, lui, n’y mettra jamais les pieds.

    C’est la matière sombre, l’espèce de trou noir où convergent et qu’aspire tout le mal dont l’homme semble être capable, qui est au cœur de Ténèbre, le premier roman magistral et « détonnant » de Paul Kawczak.

    En donnant à son livre une puissance qui est à la hauteur de son sujet, le romancier sort de l’ombre avec éclat.

    Une plongée dans l’horreur

    Mandaté par #Léopold_II pour y « découper un territoire volé », Pierre Claes, un jeune géomètre belge originaire de Bruges, débarque en mars 1890 dans un port du Congo.

    Sur place, le géomètre va s’assurer les services de Xi Xiao, un ancien bourreau chinois adepte du lingchi — appelé aussi supplice des « cent morceaux » — venu tenter l’aventure africaine et qui y survit comme maître tatoueur et homme à tout faire.

    Cette méthode de torture raffinée qu’il pratiquait consistait à prélever par tranches fines les muscles et les organes du supplicié, engourdi d’opium, jusqu’au coup de grâce. Un art du dépeçage qui fait ici écho, à l’évidence, au saccage méticuleux de l’Afrique.

    « Jamais n’avait-on vu encore, à une telle échelle, d’organisation si rationnelle et si intéressée de la mort. En chaque coin du pays, des subordonnés de cet État mortifère et raciste, amorçant ce qui reviendrait, en dernier lieu, au suicide de leur propre civilisation, assassinaient par centaines de milliers des vies africaines qu’ils eurent voulu oublier dans les brumes de leur délire. Le sang et la boue se mêlaient au sol comme ces insectes qui s’aiment d’une étreinte mécanique et furieuse, se dévorant le cou, les yeux ouverts sur la mort, le fond impossible de la vie. »

    -- Ténèbre, de Paul Kawczak, page 246

    Fasciné par les photographies d’un de ces supplices, l’écrivain français Georges Bataille a voulu, lui, y voir une forme d’érotisme.

    À sa manière, l’auteur prend la balle au bond. Xi Xiao va tomber amoureux de Pierre Claes, qui deviendra la victime consentante de ce Chinois de la douleur et de son art de la « découpe humaine divinatoire ».

    « Jamais la mort n’avait tenté de s’emparer de manière aussi vivante et imaginative d’un corps. » Un destin que Paul Kawczak semble lier, si on s’autorise à lire entre les lignes — ce que la richesse du roman permet —, au « suicide » de la civilisation européenne.

    Père manquant, fils vengé

    Au même moment, dans un coin reculé du Congo, avant de croiser un couple de missionnaires anglais exaltés, des porteurs bantous, un serpent baptisé Léopold et #Paul_Verlaine lui-même, Pierre Vanderdorpe, un médecin belge au service d’un puissant de la Société belge du Haut-Congo, traîne une peine immense.

    Un temps amoureux de la mère de Pierre Claes, enfant qu’il avait adopté avant de disparaître sans se retourner et de faire de sa vie une peine d’amour, Vanderdorpe traîne ses regrets au milieu des fièvres et de la pourriture équatoriale.

    Pour ce médecin sans remèdes, « l’existence est une aberration » et l’homme avoue rechercher en Afrique la meilleure façon de mourir. Il va la trouver.

    Né en 1986 à Besançon, dans l’est de la France, après un détour par la Suède, Paul Kawczak vit à Chicoutimi depuis 2011, où il a soutenu en 2016 à l’UQAC une thèse de doctorat intitulée Le roman d’aventures littéraire de l’entre-deux-guerres français : le jeu du rêve et de l’action. Auteur de deux livres, L’extincteur adoptif (Moult éditions, 2015) et Un long soir (La Peuplade, 2017), il est depuis juin 2017 éditeur à La Peuplade.

    En fait de roman d’aventures, il ne fait aucun doute que Paul Kawczak connaît ses classiques. Ténèbre en fait la preuve, et l’écrivain lance un clin d’œil appuyé à #Joseph_Conrad, qui y fait une discrète apparition. Ce dernier fut marin polonais sur le vapeur Roi des Belges sillonnant le #fleuve_Congo, avant de devenir un écrivain anglais et de dénoncer lui-même en 1899 le régime d’exactions au #Congo dans Au cœur des ténèbres, sa nouvelle la plus célèbre. Récit de passions mortifères, d’amour sublimé, de catastrophes intimes et collectives, Ténèbre déploie avec force sa magie noire. Une grande part de la réussite du roman tient à ce que tous les fils du récit finissent par converger en une finale, disons, explosive.

    Aux commandes de ce roman sombre à l’écriture impeccable, dosant avec justesse l’action et la profondeur, les injustices et les vengeances, #Paul_Kawczak nous tient en haleine du début à la fin. Du grand art.

    #littérature #massacre #colonialisme #impérialisme

  • Aux origines, lointaines et proches, de la révolte des peuples arabes https://lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/aux-origines-lointaines-et-proches-14843

    #archiveLO #conférenceLO | #CLT du 1er avril 2011

    https://videos.lutte-ouvriere.org/download/video/20110401_CLT_PaysArabes_part1.mp4

    Sommaire :

    Introduction

    Le déclin de l’Empire Ottoman
    – La perte de l’Algérie et de la Tunisie
    – L’Égypte : tentative de développement national
    – Premier sentiment national
    – Les rivalités impérialistes et la Première Guerre mondiale

    Les rivalités franco-britanniques
    – La fin de la Première Guerre mondiale
    – La révolution russe
    – Révolte en Égypte en 1919
    – Révolte à Damas
    – L’Irak en insurrection
    – Bilan d’après guerre

    La crise des années 1930, nouvelle vague de contestation dans le monde arabe
    Bilan

    Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

    La révolte coloniale
    – La France réprime en Algérie
    – ... et est chassée de Syrie
    – 1945-1947, révoltes ouvrières en Irak
    – ... et en Égypte
    – A propos d’Israël
    – La guerre israélo-arabe
    – Les « officiers libres »
    – Nasser et la guerre froide
    – L’expédition de Suez
    – Le panarabisme
    – Usure du nassérisme

    La lutte du peuple palestinien

    La révolte actuelle des peuples arabes

    La classe ouvrière porte l’avenir

    https://videos.lutte-ouvriere.org/download/video/20110401_CLT_PaysArabes_part2.mp4

    #Empire_Ottoman #Tunisie #Egypte #Algérie #impérialisme #nasser #nassérisme #Guerre_Mondiale #colonialisme #Palestine #Israël #Suez #panarabisme #peuple_palestinien #Israël #Égypte #lutte_de_classe #irak #révolution_russe

  • #Shepenaset plonge la #Suisse dans un vif débat

    Les #biens_culturels forgent l’#identité des peuples. Le #vol de ces biens est donc un sujet qui agite la société, surtout dans les pays qui possédaient autrefois des colonies. Mais la Suisse aussi abrite des trésors culturels qui posent problème. Le débat est vif, comme le montre le cas d’une #momie à Saint-Gall.

    Elle est couchée dans la somptueuse salle baroque de la bibliothèque de l’abbaye de #Saint-Gall, l’une des plus anciennes bibliothèques historiques du monde : il s’agit de la momie égyptienne de Shepenaset, fille d’un prêtre du VIIe siècle avant J.-C., croit-on aujourd’hui savoir, décédée à un peu plus de 30 ans. Saint-Gall et le cercueil de verre où elle est exposée sont-ils une dernière demeure convenable pour Shepenaset voire, comme l’écrit même la bibliothèque, « le plus beau mausolée qu’on puisse imaginer » ? La question suscite actuellement un vif débat. Lorsque le metteur en scène saint-gallois #Milo_Rau reçoit le prix culturel de sa ville, en novembre 2022, il informe les Saint-Gallois qu’il dépensera les 30 000 francs du prix pour faire rapatrier la momie en #Égypte. Il organise une « action artistique » afin de sensibiliser le public à la cause, promenant une fausse momie à travers la ville et vilipendant l’exhibition de la vraie « source de gêne morale permanente ». Dans une « #déclaration_de_Saint-Gall », rédigée avec le concours d’un comité, il dénonce « un #pillage, un manque de respect ou du moins de scrupules », indigne selon lui d’une métropole culturelle comme Saint-Gall.

    Autrefois enterrée à Louxor

    Que s’est-il passé ? Shepenaset était autrefois enterrée en Égypte, sans doute dans la nécropole située non loin de #Louxor. A-t-elle été « arrachée à son tombeau par des pilleurs », comme l’écrit le comité ? D’après les responsables de la bibliothèque de l’abbaye, ce faits ne peuvent pas être prouvés. Dans un commentaire sur la « déclaration de Saint-Gall », ils notent qu’il n’est pas correct de parler d’un pillage de l’Égypte au XVIIIe siècle et soulignent que, depuis la campagne d’Égypte de Napoléon en 1798, les scientifiques français, anglais et, plus tard, allemands, ont prêté beaucoup d’attention au #patrimoine_culturel de l’Égypte ancienne, contrairement aux Égyptiens eux-mêmes, qui ont témoigné peu de considération pour ce #patrimoine qui est le leur. La bibliothèque illustre cette affirmation par l’exemple du vice-roi égyptien Méhémet Ali, qui, en 1830, avait traité l’une des pyramides de Gizeh aujourd’hui mondialement connues, de « pauvre montagne », et qui voulait construire des canaux en Égypte avec ses « gravats ». La destruction de la pyramide fut alors empêchée par le consul français à Alexandrie, indique le commentaire.

    Une question de #dignité

    Shepenaset est arrivée à Saint-Gall il y a près de 200 ans. C’est un homme d’affaires allemand, #Philipp_Roux, qui en aurait fait l’acquisition à Alexandrie avec deux cercueils en bois, et qui l’aurait envoyée à l’un de ses amis, l’homme politique #Karl_Müller-Friedberg, père fondateur du canton de Saint-Gall. Müller-Friedberg a-t-il reçu la momie en cadeau ou l’a-t-il payée à son tour, la question n’a pas été définitivement tranchée. À son arrivée à Saint-Gall, relatent des savants de l’époque conviés pour l’occasion, Shepenaset fut démaillotée jusqu’aux épaules et, à l’issue d’une cérémonie festive, chaque invité reçut un morceau de tissu de la momie en souvenir. Est-ce là le manque de respect que Milo Rau dénonce ? Il y a peu, l’ethnologue allemande Wiebke Ahrndt relatait qu’au XIXe siècle, les démonstrations de démaillotage de momies n’étaient pas rares et ce, non seulement en Europe, mais aussi en Égypte. On ne refait pas le passé, notait-elle. Autrice d’un guide pour la prise en charge des dépouilles humaines dans les musées et les collections, Wiebke Ahrndt est d’avis qu’on peut exposer des momies tant que cela est fait avec dignité et que le pays d’origine n’est pas contre. Les musées égyptiens exhibent eux aussi des momies ; jusqu’en 1983, souligne l’ethnologue, leur exportation était même légale. Les responsables de la bibliothèque insistent de leur côté sur le fait que Shepenaset n’est pas jetée en pâture aux curieux. Ils affirment que sa présentation est conforme aux pratiques muséales usuelles. Même les photos mises à la disposition des médias montrent la momie à distance, le visage de profil.

    Ces explications sont-elles suffisantes pour conserver Shepenaset à Saint-Gall ? Le conseil catholique du canton de Saint-Gall, un organe de droit ecclésiastique à qui appartiennent tous les objets de la bibliothèque de l’abbaye, semble réagir à la critique de Milo Rau et réviser sa position. Trois semaines après l’« action artistique », la direction du conseil a décidé d’« examiner sérieusement » un possible retour de Shepenaset dans son pays d’origine, et ce en collaboration avec les autorités égyptiennes compétentes.

    Des trésors culturels de la période nazie

    Des débats sur la recherche de l’origine de biens artistiques et culturels étrangers, ou « #recherche_de_provenance », la Suisse en connaît, surtout dans le contexte de l’or et de l’art volés pendant la Deuxième Guerre mondiale. En 2002, un groupe d’experts dirigés par Jean-François Bergier a soumis au Conseil fédéral un rapport détaillé montrant que le secteur économique suisse avait étroitement collaboré avec le régime national-socialiste. Des œuvres d’art vendues pendant la période nazie en Allemagne (1933-1945) se sont retrouvées dans des collections publiques et privées. Aujourd’hui, on estime qu’il est nécessaire de savoir s’il s’agit d’art confisqué par les nazis. Cet engagement moral, le Kunstmuseum de Berne – qui a accepté en 2014 l’héritage du collectionneur d’art #Cornelius_Gurlitt, contenant des œuvres de cette période – l’a rendu visible dans son exposition.

    Le #cas_Gurlitt a représenté un tournant. Dans son sillage, le Conseil fédéral a décidé d’accorder chaque année 500 000 francs aux musées suisses pour la recherche de la provenance des oeuvres. Une somme qui ne permet pas d’aller très loin, souligne Joachim Sieber, président de l’Association suisse de recherche en provenance (ARP), mais qui constitue tout de même un début.

    L’époque coloniale dans le viseur des politiques

    Les biens culturels acquis à l’époque coloniale sont un autre « gros morceau » auquel la recherche suisse en provenance doit à présent s’attaquer. Cela peut sembler paradoxal, puisque la Suisse n’a jamais possédé de colonies. Cependant, pour Joachim Sieber, il est évident que « la Suisse a fait et fait partie de l’entreprise (post)coloniale européenne ». Et c’est précisément parce qu’elle n’était pas une puissance coloniale, affirme-t-il, que la Suisse et les entreprises suisses ont pu, après l’effondrement des empires coloniaux ou après 1945, se présenter aux nations nouvellement formées comme une partenaire au-dessus de tout soupçon face aux anciennes colonies. En effet, même dans la politique, les mentalités évoluent. En témoignent, d’après le président de l’ARP, les innombrables débats, motions et interpellations au Parlement fédéral, « même si cela secoue l’identité de la Suisse en tant que pays neutre et remet en question l’image de la nation égalitaire, solidaire et humanitaire qu’elle se fait d’elle-même ».

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/shepenaset-plonge-la-suisse-dans-un-vif-debat
    #restitution #colonisation #colonialisme #Egypte

    ping @reka @cede

  • Senegal herders demand return of grazing grounds controlled by U.S. firm
    https://news.mongabay.com/2023/03/senegal-herders-demand-return-of-grazing-grounds-controlled-by-u-s-fi

    African Agriculture (AAGR), a U.S. company planning to grow alfalfa for livestock feed in Senegal, is set to launch an initial public offering on the Nasdaq exchange.
    But the land concession it holds used to be part of the Ndiaël nature reserve, a wetland that’s home to many threatened species and a key grazing ground for local herders.
    The land was declassified by presidential decrees without the consultation or agreement of the local population, who are considering suing AAGR in the U.S.
    Hydrologists warn the use of pesticides during the cultivation of alfalfa will contaminate the nearby Lake Guiers, which provides 65% of the capital Dakar’s drinking water.

    #Sénégal #colonialisme #accaparements