• Le scandale du chlordécone en #Martinique et en #Guadeloupe | Le mensuel
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2023/06/26/le-scandale-du-chlordecone-en-martinique-et-en-guadeloupe_72

    Texte de l’exposé introductif au débat organisé par les militants trotskystes de #Combat_ouvrier à la fête de Lutte ouvrière, à Presles, le 28 mai dernier.

    Sommaire :
    – Les origines du #chlordécone
    – Un #pesticide reconnu comme toxique dès les années soixante
    – Les effets du chlordécone sur les ouvriers de la banane
    – Les effets sur la santé des populations
    – L’État complice des empoisonneurs
    – Scandale dans le #scandale  : le non-lieu
    – La lutte doit continuer

  • #Congrès annuel de #Lutte_Ouvrière (#LO), intervention de Combat ouvrier (#CO, Martinique et Guadeloupe) | 4 décembre 2022

    Poursuite de la mobilisation contre la suspension des soignants
    Après la révolte sociale de novembre 2021, la Martinique et la Guadeloupe n’ont pas connu cette année de nouvelles explosions de colère. Cette révolte était partie des grèves et de la colère des personnels soignants suspendus sans salaire pour ne s’être pas vaccinés contre le Covid. Ils tombaient et tombent encore sous le coup de la loi du 5 août 2021 sur l’obligation vaccinale.

    Pendant toute l’année, le gouvernement s’est concentré minutieusement sur la répression des bandes de jeunes qui avaient organisé des émeutes nocturnes à Pointe-à-Pitre et à Fort-de-France et tiré sur la police à balles réelles. Ils avaient aussi attaqué des casernes de gendarmerie. Plusieurs chefs de bande, ceux que la presse appelle les «  grands frères  », ont été arrêtés à leur domicile et emprisonnés dans l’Hexagone. D’autres purgent des peines de prison aux Antilles mêmes. Régulièrement, on apprend l’interpellation de l’un d’eux par la police. Ce fut le cas encore il y a encore huit jours. Au sein de ces bandes de jeunes, il existe une grande majorité de jeunes chômeurs, déclassés, marginaux qui tombent dans la drogue, la délinquance et les règlements de comptes. Ils n’ont plus peur de rien, ne craignent ni la prison ni la mort, estimant qu’ils n’ont plus rien à perdre dans cette vie pourrie. C’est un phénomène qui s’aggrave aux Antilles et en Guyane comme partout dans le monde. Les noms que se donnent elles-mêmes ces bandes sont révélateurs  : «  chyenlari  », les chiens de rue, «  section criminelle  » ou «  microbes mafia  ».

    En #Guadeloupe, les organisations du collectif contre l’obligation vaccinale, réunissant l’ensemble des syndicats et plusieurs organisations politiques, dont la nôtre, poursuivent leurs actions pour la réintégration des soignants suspendus.

    En #Martinique, le mouvement est moins actif sur ce point, après que l’unité syndicale s’est fissurée.

    En Guadeloupe, le collectif poursuit ses meetings hebdomadaires un peu partout et ses manifestations de rue. Plusieurs manifestations ont eu lieu ces derniers jours sur le site d’arrivée de la Route du rhum. Le 17 novembre, plusieurs centaines de manifestants ont défilé avec des torches et sont montés sur le podium de la Route du rhum. Ce sont toujours les organisations nationalistes de l’UGTG et du LKP qui dirigent ces manifestations. Notre groupe soutient le mouvement et participe le plus souvent possible à ses manifestations.

    Ce sont ces #manifestations incessantes qui ont provoqué le débat houleux il y a quelques jours à l’Assemblée nationale sur la réintégration des soignants suspendus. Le député Olivier Serva, favorable à la réintégration des soignants, qui avait lancé à son collègue opposant, en plein hémicycle, «  Toi tu vas la fermer  », a été acclamé par une foule venue l’accueillir en fanfare à l’aéroport de Pointe-à-Pitre. Depuis cette petite phrase, sa popularité est montée de plusieurs crans.

    Mobilisation contre l’empoisonnement de la population

    En Martinique, ce sont plutôt des mobilisations anti- #chlordécone qui ont eu lieu. Pour rappel, ce #pesticide avait été autorisé entre 1972 et 1993. Il était utilisé surtout par les gros planteurs békés dans les bananeraies des Antilles, empoisonnant ouvriers agricoles et population, #polluant eaux et productions agricoles, alors que sa toxicité et son pouvoir persistant dans l’#environnement étaient connus depuis les années 1960.

    Après une grande manifestation de plusieurs milliers de personnes en février 2021, il y en a eu une seconde le 28 mai 2022, regroupant un millier de personnes aux cris de «  Non à l’#impunité  », «  Condamnez les pollueurs-empoisonneurs, pas les militants  ».

    Dans cette affaire, le réquisitoire du parquet de Paris est tombé le 25 novembre dernier. Il se prononce comme on s’y attendait pour un non-lieu, favorable donc aux empoisonneurs et leurs complices  ! C’est-à-dire favorable à l’État et aux gros planteurs békés.

    Toujours en Martinique, la justice, si clémente avec les empoisonneurs-pollueurs, s’acharne contre les militants anti-chlordécone, ou militants rouge-vert-noir (couleurs du drapeau nationaliste qu’ils arborent). Plusieurs d’entre eux, auteurs ou pas ces dernières années d’actions contre les biens des possédants békés ou des symboles du colonialisme, sont poursuivis. Certains sont déjà condamnés. ##Combat_ouvrier dénonce la justice coloniale et est solidaire des militants lors des procès.

    Empoisonnement de l’eau

    Sur le plan social, la hausse des prix pèse énormément sur les classes populaires. Cette inflation vertigineuse est encore plus forte aux Antilles que dans l’Hexagone. Comme en France, la pauvreté augmente, avec un niveau de salaire et de revenu général encore plus bas aux Antilles.

    La tempête Fiona a fait beaucoup de dégâts matériels et humains. Le réseau d’adduction d’eau a particulièrement souffert, d’autant plus qu’il était déjà pourri. Les coupures d’eau ont redoublé et les interdictions de boire l’eau se multiplient. On savait déjà que l’on trouvait dans l’eau dite potable du chlordécone et des matières fécales, mais maintenant on y trouve de l’aluminium à un taux intolérable. Résultat, il vaut mieux ne pas boire l’eau du robinet du tout. Et le prix des bouteilles d’eau minérale a augmenté, comme tous les produits.

    Pendant la Route du rhum, des voix se sont élevées pour réclamer avec humour une Route de l’eau  !

    Un contre-feu politicien  : décentralisation et autonomie régionale

    Sur le plan politique, ce qui a marqué l’année a été l’Appel de Fort-de-France des élus des outre-mer français, hors océan Pacifique, le 17 mai dernier.

    En quoi consistait cet appel des dirigeants locaux de la Guadeloupe, de la Martinique, de Saint-Martin, de La Réunion, de Mayotte et de la Guyane  ?

    J’en cite un extrait  : «  Face aux situations de mal-développement structurel à l’origine d’inégalités de plus en plus criantes… les présidents ont rappelé l’urgence d’ouvrir une nouvelle étape historique pour nos territoires d’outre-mer.  »

    Ils poursuivent en proposant d’agir sans délai pour  :

    «  1° Refonder la relation entre nos territoires et la République par la définition d’un nouveau cadre permettant la mise en œuvre de politiques publiques conformes aux réalités de chacune de nos régions  ;

    2° Conjuguer la pleine égalité des droits avec la reconnaissance de nos spécificités, notamment par une réelle domiciliation des leviers de décision au plus près de nos territoires.  »

    Ces dirigeants d’outre-mer concluaient en réclamant avec urgence une rencontre avec le chef de l’État.

    Ils s’étaient succédé sur les ondes pour dire qu’ils ne voulaient pas de réunions petits fours. Car ils voulaient une véritable réunion de travail avec Macron.

    Alors ils eurent droit à un dîner à l’Élysée.

    Car, si Paris vaut bien une messe, il faut croire que Fort-de-France vaut bien une bonne table.

    Les élus eurent quand même droit avant ce dîner à une réunion avec Darmanin, qui est aussi ministre des Outre-mer.

    Et voilà nos dirigeants d’outre-mer sortis tous heureux de l’Élysée. «  Nous avons été entendus  », ont-ils déclaré  ! Ou encore  : «  Nous avons été reçus comme nous le voulions.  »

    Jusqu’à présent, personne ne sait exactement où l’État et les élus veulent en venir. Et peut-être ne le savent-ils pas eux-mêmes.

    Alors, nous en sommes réduits à supputer, à partir de ce que disent commentateurs et journalistes. Il serait question de révision de la Constitution pour revoir les différents statuts d’outre-mer, de la Nouvelle-Calédonie à la Guyane. En fait, ces changements vers une décentralisation plus poussée ne seraient pas uniquement destinés à l’outre-mer, mais aussi à la métropole. Déjà la loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration, simplification) votée en février 2022 prévoit d’étendre le pouvoir réglementaire des collectivités à de nouveaux domaines. Cette politique avait été conçue déjà, bien avant, comme une réponse au mouvement des gilets jaunes envers les «  territoires  » métropolitains.

    Les changements iront-ils plus loin pour l’outre-mer  ? Par exemple vers une véritable autonomie, avec ou sans un zeste de pouvoir législatif  ? Certains représentants le demandent clairement. Mais ils sont très divisés sur ces questions. Le gouvernement se dit prêt à répondre «  à la carte  », selon chaque territoire.

    Il veut répondre aux révoltes sociales des outre-mer par des changements juridico-administratifs et constitutionnels. Il n’y parviendra pas, car les raisons des révoltes sont profondément sociales  : ce sont les bas salaires, la pauvreté accrue au sein des couches populaires, les difficultés quotidiennes pour faire face à la hausse des prix, la dégradation des services publics de santé, de la distribution de l’eau, du logement.
    Ce que disent les résultats électoraux

    Ce sont toutes ces raisons qui ont conduit l’électorat populaire et bon nombre de travailleurs d’une part à l’abstention massive, comme d’habitude, et d’autre part au rejet de Macron et de sa politique, aux élections présidentielle et législatives. L’électorat a très largement voté Mélenchon au premier tour et très largement Le Pen au deuxième tour. Le candidat lepéniste de la troisième circonscription de la Guadeloupe à l’élection législative a manqué son élection d’un millier de voix.

    Certes, c’était un vote d’opposition, mais au deuxième tour c’était quand même un vote pour l’extrême droite.

    Aux Antilles aussi, Marine Le Pen a réussi sa dédiabolisation.

    L’argument du racisme contre le RN ne marche plus. Marine Le Pen a maintenant des candidats et des électeurs noirs locaux et de milieu populaire. Ce ne sont plus uniquement des Blancs et de milieu aisé, comme dans le passé.

    En Martinique et en Guadeloupe, l’émigration haïtienne est forte et une bonne partie de la population en fait facilement un bouc émissaire de tous les maux qu’elle subit. Elle est confortée en cela par certains individus et aventuriers locaux qui se font une petite popularité en surfant sur la xénophobie. Et les grands partis de gouvernement laissent faire, quand ils n’en rajoutent pas eux aussi.

    Notre campagne présidentielle et législative s‘est bien déroulée, même si les résultats ne progressent pas. Sur les deux îles, nous avons obtenu 1,98 % à la présidentielle.

    Aux législatives, nous avons obtenu 1,18 % sur huit circonscriptions, c’est-à-dire sur la totalité des circonscriptions. Le fait un peu nouveau, et qui a été remarqué dans le public, c’est que nous avons présenté cinq jeunes sur huit candidatures en position de candidats titulaires. Mais surtout le fait de voir des jeunes à la télé a plu à la population, même si, encore une fois, cela ne s’est pas traduit dans les urnes, mais pas moins que d’habitude. Aux élections, nous brillons en effet par une remarquable stabilité.

    Autre nouveauté  : pour la première fois, le #Parti_communiste_guadeloupéen a appelé à voter Combat ouvrier dans toutes les circonscriptions où il n’avait pas de candidat en Guadeloupe, c’est-à-dire dans trois circonscriptions sur quatre.

    Je vous en parle juste à titre d’information, mais il n’y a absolument rien à en dire de plus.

    Les luttes dans les entreprises

    Certaines ont été longues et sont restées isolées. Ce fut le cas à Carrefour Market en Martinique où la grève a duré six mois, et à ArcelorMittal en Guadeloupe où la grève a duré une année. À Carrefour Market, les travailleurs n’ont pas obtenu tout ce qu’ils demandaient. Mais ils ont quand même gagné 2 % d’augmentation de salaire et l’augmentation de la valeur des tickets-restaurants. Chez ArcelorMittal, il n’y a pas eu de succès matériel, mais un gros succès moral contre un patron raciste et méprisant.

    Une grève vit une forme d’organisation plus poussée des travailleurs, à Datex. C’est une entreprise qui prépare des repas pour les collectivités, les écoles et collèges. Un comité de grève a été élu et a dirigé la grève. Après quinze jours de grève, le 28 octobre, les salariés ont obtenu 150 euros d’augmentation de salaire, le paiement des jours de grève et le bonus Bino. Il s’agit du bonus de vie chère instauré par l’accord Bino à l’issue de la grève générale de 2009. Il permet à certains salariés rémunérés jusqu’à 1,4 smic de bénéficier, sous conditions, d’une prime de 100 € net de la part de l’employeur. Cet accord Bino porte le nom du camarade de la #CGTG Jacques Bino, assassiné on ne sait par qui, pendant les émeutes à Pointe-à-Pitre, dans la nuit du 17 au 18 février 2009.

    Autre sujet de satisfaction  : nos camarades de la banane de l’habitation Bois-Debout à Capesterre ont gagné en Cour de cassation. La direction se trouve donc obligée d’accorder à 62 travailleurs le respect de la loi de mensualisation, de payer les arriérés de salaire, le 13e mois, le bonus Bino. Certes, c’est une victoire juridique, mais c’est aussi le prolongement d’une forte combativité sur le terrain depuis des années. Dans cette plantation, les travailleurs ne se laissent pas faire  : grèves, débrayages y sont fréquents chaque année. Car les conditions de travail sont ignobles. Les morts par accidents de travail y sont nombreuses. Le 22 avril dernier, un travailleur s’est écroulé, mort, avec un régime de 60 kg sur lui. On compte onze morts et plusieurs blessés sur cette plantation en trente ans.

    Avec cette victoire obtenue en cassation, les travailleurs de Bois-Debout se sont sentis vengés.

    Parmi les grèves notables, celle des agents de la CTM dans les collèges et lycées en Martinique. La CTM, collectivité territoriale de Martinique, gère la Martinique sous l’autorité de l’État. Les agents, à l’issue de leur grève en octobre, ont obtenu 12 postes. Ils ont obtenu aussi 22 contractuels et 100 agents sous contrat PEC (parcours emploi compétences). Certes, ces derniers ne sont pas des postes définitifs. Mais c’est déjà bon à prendre et c’est la lutte qui a permis d’obtenir ce résultat.

    Une autre grève a fait l’actualité aussi en Martinique, c’est la grève de chauffeurs de bus de plusieurs entreprises. Elle a permis des améliorations de leurs conditions de travail.