• La France est aujourd’hui dirigée par un comité secret : le Conseil de défense.
    https://www.lejdd.fr/Politique/tribune-covid-19-jean-luc-melenchon-alerte-contre-les-debordements-du-pouvoir-

    Il a des raisons de plaire à ce Président. D’abord, la composition du conseil est à sa discrétion. Traditionnellement, se trouvent autour de la table le chef d’état-major des armées, le Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, le ministre de la Défense, le Premier ministre, les responsables du renseignement, le ministre de l’Intérieur. Mais Macron peut ajouter ou retirer qui il veut. Tout est à sa guise. Le rêve pour la volonté de toute-puissance typique de la monarchie présidentielle macroniste.

    Un observateur attentif notera une autre qualité séduisante du Conseil de défense pour Macron. C’est son caractère secret. Il n’y a pas de compte rendu de ses réunions. Et tout ce qui s’y dit est couvert par le secret défense. Donc les participants s’exposent à des poursuites pénales s’ils révèlent tout ou partie des discussions ou des propos tenus par Macron. C’est cela sans doute au fond, la réelle raison de ces Conseils de défense à répétition. Un moyen pour Macron de se couvrir. Et une manifestation de la décadence paranoïaque du monarque comme en attestent les confidences des couloirs de l’Assemblée nationale. Il ne fait plus confiance à sa propre équipe gouvernementale.

    Le gouvernement, en exécutant les décisions du Conseil de défense, est lui-même placé hors de toutes responsabilités !

    https://twitter.com/d_schneidermann/status/1323657228889526273

    « #Comité_secret » : les mots sont forts, mais la situation décrite par JLM est parfaitement exacte. Peu de mises en cause de ce dispositif, jusqu’ici, dans la presse...

    #conseil_de_défense

    • Covid-19 : il faut dessaisir le Conseil de défense
      https://blogs.mediapart.fr/raquel-garrido-et-pierre-yves-cadalen/blog/041120/covid-19-il-faut-dessaisir-le-conseil-de-defense

      La captation présidentielle du pouvoir, à travers le Conseil de défense et de sécurité nationale, est inconstitutionnelle et inefficace. Ce conseil, en rien responsable ni devant les Français ni devant le Parlement, est devenu la boîte noire de la République. Tout s’y décide sans que nul ne sache ce qui s’y passe et s’y dit. Nous devons ouvrir des perspectives politiques nouvelles. Par Raquel Garrido, avocate au Barreau de Paris, et Pierre-Yves Cadalen, docteur en sciences politiques.

    • « La mort et son régime politique », par Jean-Luc Mélenchon

      Tribune. Comment en est-on arrivé là ? Ou a été établi le plan de confinement ? « En Conseil de défense », a déclaré le porte-parole du gouvernement. On ne saura donc ni pourquoi ni comment ont été prises les décisions que le gouvernement a recopié sans discuter. Car l’ordre du jour et les conclusions de ce conseil sont « secret-défense ». Qui ouvre la bouche à l’extérieur encourt des sanctions pénales. Mais de quel droit la pandémie est-elle traitée là ? Car le code de la défense prévoit de façon bien précise les attributions de ce conseil. Rien que du militaire. D’ailleurs sur huit membres, il y a quatre des plus hauts responsables de l’armée et du renseignement ainsi que la ministre de la Défense. Ce Conseil de défense décide des plans d’action contre l’épidémie. Pourtant il n’y siège aucun expert des questions médicales. Ce conseil a aussi tranché sur les conclusions de la Convention citoyenne pour le climat. Il traitera aussi, a-t-on annoncé, de la loi à propos du prétendu séparatisme musulman.

      La stratégie du choc

      Autant d’abus de pouvoir. Ils couronnent une évolution visible de la macronie. Dorénavant c’est l’extinction méthodique des libertés individuelles et collectives. Le gouvernement vous dit quand vous pouvez sortir de chez vous et quand vous rentrerez. Il décide de l’heure limite de votre repas si vous vous le faites livrer. Il ne vous permet pas de pratiquer votre religion en réunion mais vous autorise le supermarché et le jogging. Il décide aussi du nombre des assistants aux funérailles. « C’est le Covid vous dis-je ! » Non c’est la stratégie du choc décrite par Naomie Klein. Sous l’effet de sidération, l’extension sans fin et sans contrôle des pouvoirs du président a pris l’air d’une évidence. Au point qu’un ministre de la Santé peut trouver normal de hurler aux députés qui lui tiennent tête dans l’hémicycle : « Sortez d’ici. » A-t-il entendu Mirabeau lui répondre ? Sous prétexte de virus, encore des violences contre les salariés. La macronie a déjà supprimé les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail dans les entreprises et a introduit dans l’état d’urgence sanitaire des ordonnances autorisant un piétinement général des droits acquis. Toute restriction au travail du dimanche est levée et l’employeur peut aussi décider du moment de vos vacances et RTT, de diminuer la durée de la pause repas, et celle entre deux jours de travail de douze à neuf heures. Mais il peut aussi rallonger de douze heures le maximum hebdomadaire européen de quarante-huit heures. Qui refuse ces modifications cruciales pour la vie quotidienne de sa famille peut être licencié à ses dépens.

      Le choc contamine tous les domaines. Ainsi quand le ministre de l’Education nationale, reprenant les pires affabulations de l’extrême droite, prétend exercer un contrôle sur les recherches en sociologie à propos du recoupement des discriminations ! La liberté de réunion est anéantie comme celle de manifester. De tous côtés le fichage et les fichiers : sanitaire, comportemental, génétique, et la perspective de leur usage croisé. Pluie d’amendes pour qui désobéit. Matraquage, mutilations, gaz et condamnations à la chaîne pour les récalcitrants : 1 000 gilets jaunes condamnés à de la prison ferme, 32 éborgnés, 90 perquisitions contre les décrocheurs de portrait du Président. Instrumentalisation de la justice dans les règlements de compte politique du parti au pouvoir : la brutalité et l’abus de pouvoir sont devenus la règle. Et voici qu’arrive encore une loi d’initiative macroniste sur « la sécurité globale ». Son but est une surveillance accrue de la vie privée avec les drones et la reconnaissance faciale par caméra. Mais il s’agit aussi d’absoudre par avance les violences policières en les rendant impossibles à prouver par des images. Ce nouveau délire vient après sept lois en trois ans de surenchère. Droit de censure des réseaux sociaux, durcissement du fonctionnement de la justice (avec un record historique de censure du Conseil constitutionnel), entrave des lanceurs d’alerte sous prétexte de secret des affaires. Tout a été bon aussi contre le droit d’asile et les conditions de rétention des réfugiés de l’immigration en Méditerranée. Certes il y a déjà eu une inflation sidérante de lois sur la sécurité depuis trente ans : 16 lois contre le terrorisme, 32 lois sur la lutte contre la délinquance, 21 lois sur l’immigration. Et jamais le moindre bilan d’aucune d’entre elles.

      Préjugé technocratique

      Mais le régime macroniste a fait de ce qui était une compulsion électoraliste une méthode et un projet assumé. En témoigne le projet de réduire le nombre des parlementaires après avoir déjà réduit leurs pouvoirs à force d’ordonnances et de nouveau règlement de l’Assemblée nationale. En témoignent les outrances verbales des porte-parole macronistes. Certes il y a un effet de concurrence pour récupérer les thèmes de Mme Le Pen dans l’espoir de lui prendre aussi des voix.

      Ainsi un régime autoritaire de type nouveau s’est mis en place. Il s’enracine dans le préjugé technocratique pour qui toute discussion est une perte de temps. Il se nourrit du mépris de classe des parvenus à l’égard des gens de « rien ». Il se justifie par une vision aberrante de la France comme start-up dont le génial PDG, enfant prodige, traverserait sans dommage le pont d’Arcole trois fois par jour. Il se traduit par le plus violent recul des libertés depuis l’Occupation. Il a son dogme : maintenir dans la tempête un système économique qui épuise l’homme et la nature. Périsse la civilisation humaine plutôt qu’une fortune immorale. Oui, une nouvelle façon de vivre nous est imposée de force : en dessous d’un certain seuil de revenus et de mètres carrés disponibles, il faut survivre, sans rites humains, sans sorties, sans vie culturelle, sans vie sociale. La mort par Covid permanent et terrorisme épisodique serait installée dans nos foyers. Elle a été rendue maîtresse de nos vies qui en étaient le refus.

      https://www.liberation.fr/debats/2020/11/06/la-mort-et-son-regime-politique-par-jean-luc-melenchon_1804825