• ★ Emma Goldman : La révolution sociale est porteuse d’un changement radical de valeurs (1923) - Socialisme libertaire

    Les critiques socialistes, mais non bolcheviks, de l’échec de la Russie affirment que la révolution a échoué parce que l’industrie n’avait pas atteint un niveau de développement suffisant dans ce pays. Ils se réfèrent à Marx, pour qui la révolution sociale était possible uniquement dans les pays dotés d’un système industriel hautement développé, avec les antagonismes sociaux qui en découlent. Ces critiques en déduisent que la révolution russe ne pouvait être une révolution sociale et que, historiquement, elle était condamnée à passer par une étape constitutionnelle, démocratique, complétée par le développement d’une industrie avant que le pays ne devienne économiquement mûr pour un changement fondamental.

    Ce marxisme orthodoxe ignore un facteur plus important, et peut-être même plus essentiel, pour la possibilité et le succès d’une révolution sociale que le facteur industriel. Je veux parler de la conscience des masses à un moment donné. Pourquoi la révolution sociale n’a-t-elle pas éclaté, par exemple, aux États-Unis, en France ou même en Allemagne ? Ces pays ont certainement atteint le niveau de développement industriel fixé par Marx comme le stade culminant. En vérité, le développement industriel et les puissantes contradictions sociales ne sont en aucun cas suffisants pour donner naissance à une nouvelle société ou déclencher une révolution sociale. La conscience sociale et la psychologie nécessaires aux masses manquent dans des pays comme les États-Unis et ceux que je viens de mentionner. C’est pourquoi aucune révolution sociale n’a eu lieu dans ces régions (...)

    #EmmaGoldman #anarchisme #communisme #prolétariat #Révolution #soviet #Russie #bolchevisme #marxisme #Marx #Lénine #Trotsky #pouvoir #étatisme #autoritarisme...

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  • ★ LA DICTATURE DE CLASSE - Socialisme libertaire

    Mais c’est si bien un gouvernement, avec tous ses pouvoirs, tous ses attributs, qu’ils veulent établir que, pour le justifier à l’avance, les socialistes autoritaires proclament bien haut : qu’il faudra établir la « dictature de classe ». 
    Qu’entend-on par « dictature de classe » ? Voilà, par exemple, ce que l’on oublie d’expliquer. Ne serait-ce pas là encore un de ces mots pompeux, bien ronflants, bien sonores et tout à fait vides de sens, ne signifiant absolument rien ; mots creux que l’on jette, de temps à autre, en pâture à la foule, pour éviter de lui donner des explications que l’on serait bien en peine de fournir. Mots semblant contenir tout un monde de promesses, dont s’emparent les naïfs pour s’en faire un drapeau, et à l’aide desquels on les berne et on les bafoue. « Dictature de classe » ! Voyons donc ce que cela veut dire.
    « Ce serait l’arme des travailleurs contre la bourgeoisie », nous répond-on. — Très bien ; mais comment exercera-t-on cette « dictature de classe » au lendemain d’une révolution qui, pour avoir réussi, aura dû avoir, pour effet, justement, de faire disparaître toutes les inégalités sociales ?…

    #JeanGrave #émancipation #anarchisme #CommunismeLibertaire
    #étatisme #dictature #pouvoir #soumission #prolétariat #DictatureduProlétariat #bolchevisme #communisme #Communismeétatique #CapitalismedEtat #CommunismeAutoritaire

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  • Une version mise à jour de la brochure « L’oppression des femmes... » - La Hutte des Classes
    http://www.lahuttedesclasses.net/2023/07/une-version-mise-jour-de-la-brochure.html

    Le texte de ma brochure « L’#oppression_des_femmes... » n’avait pas été révisé depuis 2016. Je viens de procéder à un petit toilettage, avec quelques modifications cosmétiques mais surtout l’ajout d’une partie qui lui faisait défaut, sur la manière dont on peut reconstituer le passé à partir des indices disponibles. La brochure a ainsi grossi de deux ou trois pages, mais elle reste un moyen rapide de prendre connaissance du raisonnement que je défends, et qui est exposé avec beaucoup plus de détails dans mon #Communisme_primitif.

    Et tant que j’y étais, j’en ai profité pour donner un petit coups de peps à la maquette. #marxisme

    C’est donc cette version 2023 qui est dorénavant téléchargeable sur ce blog en version pdf ou en version epub (avec une mise en page aléatoire), au moins dans sa version française - la mise à jour des traductions se fera peu à peu.

    Et, pour information, je recopie ici la partie qui a été rajoutée (en omettant les quelques références en notes de bas de page) :

    Remonter le temps…

    Les faits qui viennent d’être présentés concernent uniquement des sociétés sur lesquelles nous disposons d’observations directes, et qui étaient donc encore vivantes dans les derniers siècles. Dans quelle mesure peut-on considérer qu’ils donnent une image fidèle du passé, comme si ces sociétés étaient en quelque sorte restées figées à un stade antérieur ? C’est précisément cette démarche qu’appliquaient #Morgan et Engels, en supposant de surcroît que le cas iroquois était généralisable et qu’il représentait le modèle universel de « l’économie communiste domestique » typique de la « Barbarie inférieure ». Mais il est clair que les choses ne sont pas aussi simples, d’autant plus que l’ethnologie a montré que sur une même base technique et économique, certains #rapports_sociaux sont susceptibles de varier considérablement – c’est le cas de ceux qui prévalent entre les sexes. Inversement, il serait absurde de rejeter par principe tout raisonnement par analogie entre les sociétés observées en ethnologie et celles qui ont pu exister dans le passé. On ne peut donc qu’adopter une attitude prudente, en s’efforçant de cerner au plus près quels sont les éléments que l’on peut extrapoler, et avec quelle confiance.

    En ce qui concerne la domination masculine, répétons-le, sa présence, à des degrés divers, dans une très grande majorité de ces sociétés remet clairement en cause l’idée selon laquelle elle serait incompatible avec l’égalitarisme économique et qu’elle serait nécessairement apparue tardivement, avec l’émergence des classes sociales. Mais si l’on peut donc affirmer que cette domination pouvait fort bien exister dans le passé néolithique ou paléolithique, il est beaucoup plus difficile de démontrer formellement que tel était bien le cas. Trois arguments plaident néanmoins en ce sens.

    Le premier est que si l’on rejette l’idée que la domination masculine plonge ses racines loin dans le passé, il faut expliquer quand et pourquoi elle serait apparue dans ces sociétés un peu partout sur la planète, à une époque nécessairement récente et par conséquent de manière indépendante. Pour ne parler que des chasseurs-cueilleurs, à quelle période et pour quelles raisons les hommes se seraient-ils mis à dominer les femmes chez les Inuits, en Terre de Feu, en Australie, etc. alors qu’ils ne le faisaient pas il y a quelques millénaires ? Personne ne s’est aventuré à répondre à cette question, et pour cause : une telle réponse, quelle qu’elle soit, nécessiterait des hypothèses très lourdes et hasardeuses – bien plus, en tout cas, que d’admettre tout simplement que les mêmes causes produisant les mêmes effets, la domination masculine, dans ses mille nuances, existait déjà dans la plupart des sociétés préhistoriques depuis des temps très reculés.

    Le second argument concerne la division sexuée du travail qui, comme on le verra dans la partie suivante, constitue une dimension fondamentale de l’inégalité des rapports entre les sexes. Sous certaines conditions, cette division sexuée du travail peut imprimer sa marque sur les corps des individus et être identifiée par les traces archéologiques. Pour le #Néolithique, toutes les études confirment son existence et sa conformité avec les observations ethnologiques – en particulier, l’association étroite entre les hommes et les armes. Le #Paléolithique, malheureusement, est beaucoup plus avare en vestiges. Les sépultures sont très rares et les squelettes souvent en mauvais état, ce qui fait qu’il est très difficile d’avoir des certitudes. Le seul indice disponible, récemment découvert, révèle une marque sur certains coudes droits d’individus masculins – et d’eux seuls – qui serait compatible avec la répétition du geste du lancer et dont la plus ancienne remonte à 25 000 ans. Ajoutons sur ce point que même si ces dernières années, les annonces tonitruantes à propos de femmes chasseuses se sont multipliées, l’écho donné à ces travaux est inversement proportionnel à leur solidité ; c’est notamment le cas d’une étude emblématique publiée en 2020 à propos d’un squelette péruvien en particulier et de l’Amérique paléolithique en général. En fait, au-delà de tel ou tel cas archéologique, c’est aujourd’hui l’idée d’une absence de division sexuée du travail au Paléolithique qui fascine les milieux progressistes, comme si cette idée constituait en quoi que ce soit un appui pour les aspirations féministes actuelles.

    Enfin, ces dernières années, une troisième catégorie d’indices a été apportée par le renouveau des approches dans l’étude des mythes. Certains chercheurs ont en effet appliqué à leurs éléments constitutifs (les « mythèmes ») les méthodes forgées pour reconstituer l’arbre généalogique des espèces vivantes à partir de leur ADN. Les arbres que l’on peut bâtir ainsi pour les mythes s’avèrent remarquablement cohérents avec ce que l’on sait des migrations humaines. Ils permettent de situer l’époque et le lieu de la naissance de certains récits ; par exemple, celui selon lequel l’humanité est apparue sur Terre en émergeant d’un monde souterrain, ou celui qui raconte comment elle fut jadis presque entièrement exterminée par un déluge. En ce qui concerne les rapports hommes-femmes, un ensemble de mythes font état d’un matriarcat primitif qui mena au chaos et qui fut renversé, instaurant et justifiant ainsi l’ordre actuel du monde, dirigé par les hommes. Si de tels récits ne permettent nullement de conclure à la réalité de ces matriarcats révolus dont ils font état, ils sont en revanche les indicateurs fiables d’une domination masculine dans les sociétés qui les racontent et qui les transmettent. Or la reconstitution opérée par les chercheurs montre que de tels narratifs remontent probablement au moins à l’époque où sapiens est sorti d’Afrique, il y a plus de 60 000 ans.

    La domination masculine – avec toutes ses variations locales – constitue donc probablement un phénomène extrêmement ancien, bien qu’il soit très difficile de se prononcer de manière plus précise sur cette ancienneté. Au demeurant, rien ne permet d’exclure la possibilité qu’elle plonge ses racines dans la biologie et que l’humanité en ait hérité de la branche des primates de laquelle elle descend : nos cousins chimpanzés robustes, à la différence de nos autres cousins chimpanzés bonobo, sont marqués par une domination des mâles très prononcée. Est-il besoin de préciser que même si cette hypothèse était avérée, le programme féministe n’en serait nullement affaibli ? #Homo_sapiens se caractérise par son évolution culturelle, c’est-à-dire par sa capacité à produire des formes d’#organisation_sociale (et des valeurs morales) indépendantes de son héritage biologique. Dans un autre ordre d’idées, si les marxistes œuvrent pour la réorganisation de la société humaine sur une base collectiviste et internationaliste, c’est parce qu’ils la considèrent comme une nécessité eu égard au développement économique et social, et non parce qu’elle correspondrait à on ne sait quelle nature humaine. Il en va exactement de même pour les rapports entre les sexes.

    Quoi qu’il en soit, et de manière symétrique, l’idée avancée par #Bachofen et reprise par #Engels d’une « défaite historique du sexe féminin » qui serait intervenue à l’aube de la formation des classes sociales et de l’Etat apparaît très discutable, pour au moins deux raisons. La première est que la #domination_masculine, comme on l’a vu, a été observée dans des sociétés encore très éloignées de ce stade, et qu’elle était donc manifestement d’ores et déjà présente bien avant lui. La seconde est qu’il n’est pas si certain que la situation des femmes se soit systématiquement dégradée avec l’apparition de la richesse, puis des classes sociales. Une telle dégradation, en tout cas, est loin de se dégager clairement de l’examen des données disponibles. Dans certains cas, comme en Nouvelle-Guinée, le mouvement semble même inverse : c’est dans les sociétés les plus égalitaires sur le plan économique (comme celle des Baruya) que les #femmes sont les plus directement et les plus cruellement opprimées par les hommes. Quant aux évolutions défavorables aux femmes qui seraient intervenues avec l’émergence de la « civilisation », elles sont probablement moins dues à l’approfondissement des inégalités économiques en général qu’à un ensemble de facteurs dont, par exemple, l’introduction de la culture attelée. Dans l’Antiquité, les rapports entre les sexes variaient ainsi significativement d’un État à l’autre et, pour autant qu’on puisse le savoir, la situation des femmes égyptiennes paraît avoir été beaucoup moins défavorable que celles des Grecques, des Romaines ou des Chinoises.

  • Paul Lafargue, retour à coup d’archives sur une figure révolutionnaire de Bordeaux pendant la Commune - La Grappe
    https://lagrappe.info/spip.php?article82

    Concernant Bordeaux, on ne peut malheureusement pas parler de la Commune de Bordeaux puisque ses partisan.e.s n’ont pas réussi à la décréter, mais nous pouvons parler de Bordeaux au moment de la Commune car il serait faux de penser qu’il ne s’est rien passé durant cette période de soulèvements. Pourtant, tout commençait mal : l’Assemblée Nationale, après avoir fui Paris et avant de se réfugier à Versailles, s’installe au Grand-Théâtre de Bordeaux. Face à elle, les masses populaires et en colère choisissent majoritairement la voie des républicain.e.s modéré.e.s. Le combat est alors bien plus institutionnel qu’insurrectionnel. Face aux évènements de la Capitale, les républicain.e.s se divisent en deux. D’un côté, plus nombreux.ses, celles et ceux qui souhaitent pacifier la situation et qui agitent pour cela une méfiance à l’égard de Paris, symbole à la fois de la centralisation politique, de l’oppression économique et de l’agitation révolutionnaire. De l’autre côté, les #internationalistes, les membres de l’AIT, l’Association Internationale des Travailleurs, qui soutiennent la Commune de Paris, espèrent l’importer à Bordeaux et cherchent à l’incarner aux élections municipales d’avril-mai 1871. Dans ces désirs bordelais de bouillonnement révolutionnaire, une figure ressort tout particulièrement de cette époque. Elle est connue pour ses liens de parenté avec Karl Marx et pour son ouvrage critiquant le travail, Le Droit à la Paresse. Elle est pourtant née à plus de 7 000 km de Bordeaux et Lénine dira à sa mort que ce fut l’un des plus grands propagateurs du marxisme de son époque. Cette figure, c’est Paul Lafargue, et c’est sa vie, qu’à l’aide d’archives inédites, nous allons raconter aujourd’hui.

    #Commune #communisme

    • Il est en septembre à Madrid, mandaté avec les pleins pouvoirs par le Conseil Général de l’A.I.T. afin de réorganiser le fonctionnement de l’Internationale en Espagne et au Portugal. Il traduit les œuvres de Marx en espagnol et s’oppose constamment aux influences de Bakounine dans l’organisation.

      Il ne faut pas sous-estimer le rôle qu’ont pu jouer Lafargue et Engels (sans le vouloir) dans le développement de l’anarcho-syndicalisme en Espagne.

      D’après le récit qu’en fait James Guillaume, les portes-parole du « socialisme scientifiques » ne mégotèrent pas sur les moyens pour essayer de contrer l’influence « allianciste » en Espagne au moment de la première internationale. Ce qui donna lieu a d’épiques luttes de pouvoir.

      https://fr.wikisource.org/wiki/Page:James_Guillaume_-_L%27Internationale,_I_et_II.djvu/640

      Non seulement on eu recours à l’intrigue – procédé classique des luttes sectaires - mais aussi à la délation ; ce qui provoqua, probablement, un effet repoussoir du « marxisme » chez nombres d’internationalistes et de révolutionnaires, pendant quelques années...

      https://fr.wikisource.org/wiki/Page:James_Guillaume_-_L%27Internationale,_I_et_II.djvu/643

      Il n’en reste pas moins que Lafargue était un militant révolutionnaire sincère dont la mémoire mérite d’être évoquée, ne serait-ce que pour son célèbre pamphlet « Le droit à la paresse » qui, bien de très daté, par ses références au progrès technologique, permettant de se libérer du travail, n’en reste pas moins un repère essentiel aujourd’hui pour en venir à l’indispensable critique du travail.

      #AIT #Première_internationale #James_Guillaume #Lafargue

  • Bruno GUIGUE chercheur en philosophie politique nous parle de son livre « Communisme »

    Le Jeudi 22 Juin 2023, en visioconférence, Espaces Marx Aquitaine a organisée une soirée avec la participation de Bruno GUIGUE, ancien haut fonctionnaire, chercheur en philosophie politique et analyste politique français, autour du livre qu’il vient de publiè aux éditions Delga en 2022, intitulé « Communisme ».

    https://www.youtube.com/watch?v=0FgdgQFkISQ&t=13s


    #communisme

  • Ray Brassier - « Politique de l’écart : à propos de Théorie Communiste »
    https://dndf.org/?p=21007

    Cette critique est historique et non métaphysique. Elle ne prétend pas que le programmatisme est une illusion que nous parvenons maintenant à percer, mais que s’il a été historiquement légitime, il ne l’est plus. Les conditions sociales qui l’ont rendu viable n’existent plus. Sur la base du diagnostic de l’obsolescence historique du programmatisme, TC avance l’idée de “communisation”, non pas pour soutenir qu’il s’agit là de la vérité ou de l’essence jusqu’ici occultée du communisme, mais plutôt pour dire qu’il s’agit de sa seule forme actuelle historiquement viable. C’est l’abolition de l’État, des classes et de la division du travail, mais aussi de la marchandisation et de l’échange – une abolition qui ne découle plus de la dictature du prolétariat et dont le résultat n’est plus envisageable en termes de “libre association des producteurs”. C’est une abolition en procès, mais une abolition qui n’est plus subordonnée à la reconstitution des rapports de production. Dans sa version la plus provocatrice, TC suggère que le communisme n’est pas la reconfiguration des forces et des rapports de production, mais l’abolition de l’objectivation sociale qui génère et est régénérée par ces forces et ces rapports. Nous examinerons cet aspect de leur pensée de manière plus critique ci-dessous. Pour l’instant, il convient de souligner que ce que TC appelle “#communisation” découle de la saisie du caractère contradictoire de l’être prolétarien dans sa dépendance envers la force qui s’étend en l’annulant.

    #communisme

  • Qui a peur d’Angela Davis ? | Les grandes traversées
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-qui-a-peur-d-angela-davis

    Philosophe afro-américaine née en 1944, militante communiste, Angela Davis a dédié sa vie aux combats qui ont traversé la seconde moitié du XXe siècle. Quatre épisodes tournés en France, en Alabama, Los Angeles et San Francisco pour enfin répondre à cette question : qui a peur d’Angela Davis ? Durée : 4 fois 56 min. Source : France Culture

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/14373-30.06.2023-ITEMA_23428911-2023C49904E0171-21.mp3

  • Quand la montagne est politique


    –-> À propos de : Catherine Roth, Naturaliser la montagne ? Le Club carpatique transylvain, XIXe-XXIe siècle, PUR

    L’étude du #Club_carpatique_transylvain, du XIXe siècle à nos jours, permet de comprendre comment la chaîne montagneuse a rejoint le mouvement d’appropriation nationale de la nature, qui a mis aux prises Allemands, Hongrois et Roumains.

    https://laviedesidees.fr/Catherine-Roth-Naturaliser-la-montagne
    #montagne #politique #nationalisme #nature #Carpates #Balkans #guides #Siebenbürgischer_Karpatenverein (#SKV) #communisme #Kulturnation #Naturenation #Transylvanie

    • Naturaliser la montagne ? Le Club Carpatique Transylvain, XIXe - XXIe siècles

      Le projet de cette étude est double : 1) retracer la passionnante histoire de la montagne dans les Carpates, des premiers alpinistes aux mutations sportives et identitaires du Club Carpatique Transylvain ou de ses avatars, jusqu’à l’immédiat contemporain ; 2) montrer comment la création du club en 1880, par la minorité allemande des Saxons de Transylvanie, s’adosse secrètement à un processus de naturalisation sociale. Par d’habiles métaphores et sous-entendus, il s’agit de faire passer les institutions humaines pour des phénomènes naturels aussi incontestables qu’une chaîne de montagne. C’est au décryptage de cette illusion qu’est consacré Naturaliser la montagne ? Sous ce titre étonnant et paradoxal, l’ouvrage s’inscrit dans l’entreprise d’élucidation critique que l’auteur a commencée dans La Nation entre les lignes (PUR, 2022). D’un livre à l’autre, par-delà leur objet propre, s’éclairent et se démystifient ainsi les processus souterrains par lesquels se forge une identité collective.

      https://pur-editions.fr/product/9096/naturaliser-la-montagne
      #livre

  • Angela Davis : eine Amerikanerin in der DDR
    https://www.mdr.de/geschichte/ddr/kalter-krieg/angela-davis-amerikanerin-solidaritaet-briefe-100.html

    La solidarité internationale était une des raisons d’être de l’état est-allemand. C’était un sujet où ses dirigeants étaient entièrement d’acord avec la majorité des citoyens ordinaires. Ma famille de la DDR m’a étonné quand ils continuaient après 1989 à collecter des dons et les envoyer au Vietnam par cargaison de conteneur EVP et par coli postal pour les dons individuels. Chez nous à l’Ouest la solidarité internationale se limitait (et c’est toujours comme ça) aux cartes postales de noël pour Amnesty.

    Angela Davis était alors considérée comme symbole de la lutte contre l’oppression et la ségrégation raciste de l’impérialisme américain. Ce mouvement prenait une ampleur que les historiens et journalistes de droite n’ont jamais compris. Ils essayent toujours de le dénoncer comme campagne organisée sous des contraintes généralisées alors que c’est faux. Va savoir pourquoi. Depuis les raisons pour les réactionnaires de l’acabit de Pécresse de haïr Angela n’ont fait qu’augmenter. La célèbre professeure d’université s’est muée du personnage du parti communiste des États Unis le mieux connu en militante de la cause féministe et gay.

    Aujourd’hui au contraire de ses camarades communistes qui ont perdu leur influence avec la disparition du bloc de l’Est Angela Davis ne cesse de représenter les causes actuelles de la lutte contre l’oppression par les élites capitalistes . C’est la raison pour l’acharnement de la droite contre elle.

    Angela Davis ist eine schwarze Bürgerrechtlerin, die von 1970 bis 1972 unschuldig hinter Gittern sitzt. Sie ist des Mordes, Menschenraubes und der Verschwörung angeklagt. Aus der DDR erreichen sie in dieser Zeit mehr als eine Millionen Briefe und Postkarten. 1972 wird sie in allen Punkten freigesprochen und sagt: „Diese Briefe haben meine Gefängniszelle aufgeschlossen“. Als Angela nach ihrem Freispruch die DDR bereist, um sich bei ihren Unterstützern zu bedanken, warten sehnsüchtig Tausende in Berlin, Magdeburg und Leipzig auf die Ankunft der jungen Frau.
    Angela Davis’ Kampf

    Bereits im jungen Alter ist Angela Davis politisch aktiv. Nach ihrem Erststudium der französischen Literatur in Massachusetts und Paris zieht sie nach Frankfurt am Main, um Philosophie und Soziologie zu studieren. Dort wird sie Mitglied im Hochschulverband der Sozialdemokratischen Partei Deutschlands und nimmt an ersten Protestaktionen teil. Nach ihrer Rückkehr in die USA verstärkt sich Angelas politisches Engagement. Vordergründig setzt sie sich nun für die schwarze Bürgerrechtsbewegung ein und wird Mitglied der „Black Panther Party“. Angela engagiert sich für die Freilassung von schwarzen Gefangenen. Einer der Haftinsassen ist George Jackson. Jonathan Jackson, Georges Bruder, versucht ihn im August 1970 aus einem Gerichtssaal zu befreien. Doch der Versuch missglückt. Es kommt zu einer Schießerei und vier Toten. Eine der verwendeten Waffen ist auf Angela Davis zugelassen. Das FBI setzt die untergetauchte Angela Davis auf die Liste der zehn meistgesuchten Verbrecher der USA. Einige Wochen später, am 13. Oktober, wird sie verhaftet.
    Solidaritätskampagne für Angela

    Bis zu ihrem Prozess im Jahr 1972 entwickeln sich weltweit Kampagnen und Proteste für Davis. Viele Menschen glauben, dass die Vorwürfe konstruiert sind, um die Stimme der jungen Frau und Black Power-Aktivistin mundtot zu machen. Die Ungerechtigkeit stößt besonders in der DDR auf Gegenwehr. Die Solidarität, die Bürgerrechtlerin Davis dort erhält, ist beispiellos. Mit Briefen, Postkarten, gemalten Rosen und Buttons mit dem Aufdruck „Free Angela“ stehen sie Davis bei.

    Diese Eigendynamik führte dazu, dass wirklich aus dem letzten Dorf und aus der letzten kleinen Dorfschule die Post abgeschickt worden ist. Ich hab das in den USA selbst gesehen. Ich bin in einer LKW-Kolonne durch San Francisco gefahren. Auf den LKWs waren Säcke über Säcke mit Solidaritätspost für Angela Davis.
    (Klaus Steiniger Ehemaliger Korrespondent „Neues Deutschland“)

    Nach zweijähriger Prozessdauer wird Davis am 4. Juni 1972 in allen Punkten der Anklage freigesprochen. Nach ihrer Freilassung reist sie in die DDR, um ihre Unterstützer persönlich zu treffen. Die DDR-Presse betitelt die Reise als „Triumphtour“. In Berlin, Magdeburg und Leipzig macht Angela Halt, um sich zu bedanken. Allein in Leipzig kommen 200.000 sehnsüchtige Besucher, die gemeinsam mit ihr feiern und jubeln wollen. Auch in Berlin sammeln sich am 10. September 1972 50.000 Bürger am Flughafen Berlin Schönefeld. Auf die Frage einer Reporterin, was der Empfang von Davis für die Unterstützer bedeutet, antwortet eine junge Frau:

    Wir haben gerade gesagt, dass der heutige Empfang von Angela Davis vielleicht ein Stück Geschichte für uns ist. Wir haben diesen Kampf alle gemeinsam geführt und es ist für uns praktisch ein Triumph, dass wir Angela Davis empfangen können.
    Junge DDR-Bürgerin kurz vor der Ankunft von Angela Davis

    Zum Beginn der Solidaritätskampagne wird eine Broschüre mit dem Titel „Freiheit für Angela Davis“ verteilt. Das Heft wird über 500.000 Mal gedruckt und für den Betrag von Zwei Mark in der ganzen DDR verkauft. Der Erlös fließt dem zentralen „Solidaritätskonto“ der DDR zu.

    Diese halbe Millionen Exemplare gelangten in alle Betriebe, in alle Ecken des Landes. Schon zu diesem Zeitpunkt hat Angela Davis viel Post bekommen. Aber jetzt wurde voll aufgedreht.
    (Klaus Steiniger Ehemaliger Korrespondent „Neues Deutschland“)

    Die Broschüre wird auch ins Englische übersetzt und in Amerika verlegt. Als Herausgeber der Heften wird das DDR-Komitee für Menschenrechte sowie der Friedensrat der DDR genannt. Historiker Dr. Stefan Wolle schaut kritisch auf die Solidaritätskampagne, die die DDR für Davis inszenierte.

    Das war organisiert bis ins Letzte. Also wenn die DDR etwas verstanden hat, dann die Organisation von Kampagnen. Und das wurde sehr, sehr gründlich gemacht. Da blieb kein Auge trocken.
    (Dr. Stefan Wolle Historiker)

    Historiker Prof. Wolle ist der Meinung, dass sich die DDR mit Davis als eine der wenigen westlichen Ikonen schmückte. Seine Erklärung für Menschenmassen, die sich beim Empfang von Davis in Leipzig, Magdeburg oder Berlin sammelten, liegt in dem „freiwilligen Zwang“, den die DDR-Bürger verspürten.

    In der DDR war jeder an den freiwilligen Zwang gewöhnt. Es war alles formal freiwillig. [...] Das heißt wer sich dem verweigert, der hatte mehr oder weniger schon große Schwierigkeiten. Und so ähnlich war das auch mit den ständigen Solidaritätskampagnen.
    Dr. Stefan Wolle Historiker

    Durch ihre Verhaftung und den späteren Freispruch wurde Angela Davis weltweit zu einer Symbolfigur der Bewegung für die Rechte von politischen Gefangenen in den USA. Seit September 1972 trägt sie die Ehrendoktorwürde, die ihr von der Karl-Marx-Universität, jetzt Universität Leipzig, verliehen wurde. Noch heute ist Angela Davis eine der bekanntesten Gesichter der Black-Power-Bewegung.

    https://commons.m.wikimedia.org/wiki/File:Angela_Yvonne_Davis_Wanted_Poster.jpg


    ADN-ZB-Franke-26.11.71-ku-Berlin : Solidarität - Prof. Werner Klemke signierte am 26.11.71 in der Ausstellung des Friedensrates der DDR « Freiheit für Angela » Reproduktionen seiner Davis-Porträtzeichnung zur Aktion « Eine Million Rosen für Angela »."


    Berlin 1972, Erich Honecker empfängt Angela Davis

    Way : Lycée Angela Davis (522038422)
    https://www.openstreetmap.org/way/522038422#map=16/48.9139/2.3643

    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Angela_Davis

    #DDR #Allemagne #solidarité_internationale #USA #gauche #communisme #racisme #histoire

  • ★ KARL MARX : LE TÉNIA DU SOCIALISME - Socialisme libertaire

    Maurice Joyeux : Karl Marx, le ténia du socialisme  ! (1983) 

    Il y a cent ans, Karl Marx disparaissait. Les sociétés communistes vont commémorer l’événement en jouant de la cymbale, plus ostensiblement en Russie et dans les démocraties populaires, et avec moins de fastes de la part des partis communistes occidentaux où on a plus de difficultés à faire coïncider les prophéties du « Grand Sachem » avec les impératifs imposés par les évolutions économiques et sociales de l’humanité. Parmi les citoyens qui ont rejeté le marxisme, on en parlera avec cette ignorance et ce détachement inévitables que l’on porte aux personnages qui ont joué un rôle, mais que le temps estompe sans les effacer complètement.

    En dehors d’une œuvre idéologique discutable, et par la place qu’il occupe dans l’histoire, Marx mérite mieux que les propos dithyrambiques des uns ou l’indifférence des autres. Sa destinée, à la fois complexe et passionnante, épouse son époque. Il est né au début d’un siècle qui va accoucher d’une transformation prodigieuse de l’économie qui prendra la place qu’occupait autrefois la philosophie dans la préoccupation intellectuelle des hommes, et cela en un temps où les mutations s’accomplissent à une cadence inconnue depuis les origines. Il appartiendra à un poignée d’idéologues qui, comme lui, prirent conscience de l’avenir qui attend la société, de l’accompagner intellectuellement au cours de la première partie de son existence. Le destin de ces hommes passionnés de comprendre, de savoir, d’expliquer, et finalement de penser l’évolution qui se dessinait, ce sera de donner une forme première à ce qu’on peut appeler, au large sens du terme, le socialisme, et ils revendiqueront hautement le mot avant que leurs apports personnels différents ne conduisent les élites à les singulariser par une formule particulière qui cerne mieux leur propos, et qu’ils relèveront car elle délimitera leurs acquis théoriques et soulignera leurs ambitions particulières (...)

    #Marx #marxisme #communisme #socialisme...
    #anarchisme #Maurice_Joyeux

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    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2023/05/karl-marx-le-tenia-du-socialisme.html

  • Marxisme noir, une plongée passionnante dans la tradition radicale noire
    https://www.revolutionpermanente.fr/Marxisme-noir-une-plongee-passionnante-dans-la-tradition-radica

    Il ne suffit pas d’utiliser les mêmes termes pour que le concept soit le même. Robinson, lui, concède également qu’il y a un caractère racial au capitalisme. Toutefois, selon lui le rapport entre racisme et capitalisme découle d’un « racialisme » antérieur au capitalisme. Ainsi, selon Robinson, au début du capitalisme, le racisme était déjà assez largement présent. Pour reprendre ce que j’écris dans la préface « Le racialisme, en tant que force matérielle présente dans les sociétés européennes précapitalistes, aurait donc donné dès le départ une orientation raciale au capitalisme. » (p. 17) Le caractère racial du capitalisme ne découlerait donc pas uniquement des rapports entre l’Europe et « son dehors », mais serait à trouver au sein même de cette Europe – dans les rapports entre l’Europe et ses « parias ». Cette approche permet à Robinson d’éviter de sombrer dans une approche trop mécaniste du développement capitaliste et du racisme (où les étapes historiques se succéderais de manière linéaire et simpliste).

    #livres #édition #communisme

  • La #propriété_foncière, une fiction occidentale

    Dans la région de la #Volta, la #propriété du #sol n’existe pas, la terre n’est pas l’objet de transactions marchandes mais de #partages. D’où vient alors que, dans nos sociétés, nous considérions comme parfaitement légitime ce droit à s’approprier une partie du territoire ?

    #Danouta_Liberski-Bagnoud propose ici un ouvrage d’anthropologie qui entend produire une réflexion générale sur ce que l’on a pris l’habitude d’appeler en sciences sociales, que ce soit en géographie, en anthropologie générale ou en sociologie, « l’#habiter », notion qui renvoie à la façon dont les sociétés se rapportent à l’espace et y composent un monde. Cette notion permet d’éviter toute forme de caractérisation trop précise du rapport des êtres humains à leur lieu de vie.

    On comprend assez vite que ce qui intéresse l’auteure est de mettre en question la centralité et l’universalité de l’#appropriation_privative et des fonctionnements de #marché qui se sont imposées au monde entier à partir des pays industrialisés façonnés par les pratiques commerçantes. Bien qu’elle s’appuie sur les données ethnologiques recueillies sur son terrain, la #région_de_la_Volta (fleuve qui traverse le Burkina-Faso, le Ghana, le Mali, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo), l’auteure propose une réflexion large sur la propriété foncière et, plus généralement, sur le rapport que les sociétés humaines entretiennent avec la terre.

    L’essentiel de sa thèse consiste à contester à la fois les institutions internationales dans leur effort pour imposer la #propriétarisation des #terres au nom d’une conception occidentalo-centrée du #développement, et ceux qui parmi les anthropologues ont pu chercher des formes de propriété dans des communautés humaines où ce concept n’a, en réalité, aucune signification. Elle nous invite ainsi, par la comparaison des pratiques, à une réflexion sur nos tendances ethnocentriques et à penser d’autres types de rapport avec la terre que le rapport propriétaire.

    L’ordre dévastateur du marché

    L’auteure montre que les perspectives de #développement_économique par la propriétarisation et la #marchandisation du #foncier telles qu’elles ont pu être portées par les institutions internationales comme la #Banque_mondiale, loin d’aboutir aux perspectives d’amélioration souhaitées, ont conduit plutôt à une forme de « #deshabitation du monde » :

    "Le forçage en terre africaine de la #propriété_privée (autrefois dans les pas de la colonisation, aujourd’hui dans ceux de l’#accaparement_des_terres, de l’#agro-business et de la #spéculation) emporte avec lui toute la violence du rapport déterritorialisé au sol qu’édicte le concept même de propriété privée." (p. 144)

    On peut faire remonter les racines de l’idéologie qui justifie ces politiques à la période moderne en Europe avec #John_Locke qui développa une nouvelle conception de la propriété, les physiocrates qui firent de la terre la source de la richesse et enfin avec le développement de l’#économie_capitaliste qui achève de constituer la terre en une « simple marchandise » (p. 49).

    Dans ce cadre, la thèse de l’anthropologue Alain Testart fait notamment l’objet d’une longue discussion. Celui-ci entendait montrer, contre la croyance défendue par Morgan, par exemple, dans l’existence d’un #communisme_originel, que la plupart des sociétés traditionnelles connaissaient des formes d’appropriation privative et d’aliénation des terres. L’auteure montre, au contraire, que le concept même de propriété est absent des terrains qui sont les siens et qu’interpréter l’habiter des populations de l’aire voltaïque sous le prisme de la propriété privée revient à trahir et à travestir la façon dont elles vivent et parlent de leur rapport à l’espace et à la terre. En réalité, « il ne fait aucun doute que le rapport au sol d’une communauté villageoise [de cette région] est fondé sur le #partage (et le don) de la terre et l’interdit de la vendre » (p. 189). Aussi, face au « forçage du concept moderne de propriété privée » (p. 111), qui est largement le fait d’une approche occidentalo-centrée, l’auteure propose de faire entendre la voix alternative des sociétés voltaïques.

    Le conflit des fictions fondatrices

    Plus généralement, l’auteure reproche à bien des anthropologues d’avoir tendance à projeter des représentations qui leur appartiennent sur les sociétés qu’ils étudient. Pensons aux notions d’animisme ou de perspectivisme qui sont appliquées aux sociétés non européennes, alors même que ces notions ne sont pas endogènes. Y compris les anthropologues qui discutent et relativisent les catégories occidentales comme l’opposition nature-culture continuent de leur accorder un rôle structurant, quand ils cherchent, dans les sociétés non européennes, la façon dont celles-ci se dessinent d’une tout autre manière.

    Au contraire, une approche comparatiste qui englobe nos représentations « conduit au ras des mots et des gestes, dans le détail des pratiques rituelles et ordinaires […] permet le décentrement épistémologique à l’encontre de la métaphysique occidentale » (p. 94). Il s’agit de revenir aux modes d’habiter pour ce qu’ils sont en les comparant aux nôtres, mais sans jamais les confondre, afin de ne pas en biaiser l’analyse par l’usage de concepts qui leur seraient extérieurs et les feraient voir à partir de fictions fondatrices qui ne sont pas les leurs.

    Dans ce cadre méthodologique, le droit de propriété privée foncière relève, selon l’auteure, des fictions juridiques fondatrices proprement occidentales qui ont été importées dans les pays africains avec la colonisation. Or ceux qui voient la terre comme quelque chose qui serait disponible à l’appropriation privative n’ont pas conscience « qu’il s’agit d’une fiction, bien étrange en réalité, car de toute évidence, un terrain n’est pas un objet qui circule, mais un espace indéménageable » (p. 153). Une telle fiction permet de faire comme s’il était possible de séparer un pan de territoire de l’ensemble auquel il appartient, et de le faire circuler par l’échange marchand. Or « la #fiction_économique de la terre marchandise, source de profits financiers, ainsi que la #fiction_juridique d’une terre comme bien privatisable qui est venue la renforcer et la relayer, font assurément figure d’étrangeté hors de la matrice symbolique qui les a engendrées » (p. 260).

    L’existence des fictions juridiques fondatrices manifeste le fait que dans toutes les sociétés « la réalité succombe pour être reconstruite de façon légale » (p. 142). Ainsi « l’agir rituel façonne la réalité, il la (re)construit d’une façon légale, bref, il l’institue » (p. 142). Le monde du rite, comme le monde légal fait « comme si » la réalité était le décalque fidèle de la représentation que l’on s’en fait, alors qu’elle n’en est que l’ombre projetée. Or, comme Polanyi l’a déjà montré, la propriété privée de la terre est une fiction fondatrice des sociétés de marché, mais n’a rien d’universel. À l’inverse, les sociétés de l’aire voltaïque disposent de leurs propres fictions pour déterminer leur rapport à la terre ; or « rares sont les études sur le foncier qui ne recourent pas à des modèles, des théories et des concepts forgés dans l’histoire sédimentée des sociétés occidentales pour analyser les ‘pratiques’ du Sud, en les détachant des systèmes de pensée qui les pénètrent » (p. 210).

    La souveraineté d’une terre inappropriable

    Aussi l’auteure reproche-t-elle à beaucoup d’anthropologues qui ont travaillé sur les sociétés africaines d’avoir projeté des représentations fabriquées en occident sur les sociétés qu’ils étudiaient et aux institutions internationales d’imposer comme une vérité universelle ce qui n’est qu’une fabrication particulière.

    Pour contrer ces tendances théoriques et politiques, l’auteure se concentre sur la figure des « #gardiens_de_la_Terre » qui sont des dignitaires dont le rôle est de délimiter et d’attribuer des terrains aux familles. Du fait du pouvoir qui est le leur, certains ont voulu décrire cette institution dans le cadre des fictions juridiques européo-centrées en les présentant comme des souverains modernes ou des propriétaires éminents à l’image des seigneurs médiévaux. Face à cela, Danouta Liberski-Bagnoud montre que ces « gardiens de la Terre » n’en sont ni les propriétaires ni les souverains, ils sont, en réalité, garants de son #inappropriabilité et, ce faisant, sont au service de sa #souveraineté propre :

    "Dans les sociétés voltaïques […], les hommes n’exercent aucune souveraineté sur la Terre, mais ils sont les sujets de la souveraineté que la Terre exerce sur eux. La Terre n’appartient à personne d’autre qu’à elle-même, nul organe supérieur ne la commande, sa souveraineté ni ne se délègue ni ne se partage entièrement. Cette fiction que construisent les rites et les mythes fonde le régime de partage de la terre. Partage éphémère, non inscrit dans la durée d’un rapport de force, qui tient la durée d’une vie humaine, et répond ainsi à un principe d’#équité, car il empêche toute entreprise qui viserait à l’accumulation de portions de terre, au détriment du reste de la collectivité." (p. 321)

    Cependant, il faut se garder de faire de la Terre une souveraine au sens occidental d’une personnalité juridique qui pourrait imposer sa volonté en dernière instance, parce que ce n’est pas une personne.

    La Terre n’est ni une personne ni un bien (p. 285). Dans les sociétés voltaïques, la Terre est la source intarissable de la vie dans laquelle toute vie doit trouver sa place, et c’est en ce sens qu’elle exerce son pouvoir sur les hommes. La Terre apparaît comme l’instance qui anime le rapport aux espaces qu’elle contient : le village, la brousse, les lieux sacrés, la délimitation de nouveaux espaces voués à la culture sont autant de lieux qui ne peuvent exister qu’avec l’accord de la terre. Le rôle des « gardiens de la Terre » est alors d’assurer l’#harmonie entre l’ordre de la Terre et ceux qui veulent y trouver place. La Terre, dans ce cadre, ne saurait être un bien, elle « n’appartient qu’à elle-même » et son inappropriabilité apparaît comme « la condition d’un mode de l’habiter en commun » (p. 374-375).

    Cette #représentation éloignée de la fiction juridique d’une terre envisagée comme un bien séparable du territoire auquel elle appartient dépend de « la fiction rituelle qui construit la terre comme si elle était la figure de l’autorité suprême, garante du noyau des interdits fondamentaux qui permettent aux sociétés de tenir ensemble » (p. 327-328). En ce sens, la Terre, conçue comme une instance, supporte, ordonne et fait vivre le corps commun de la société et doit être distinguée de la terre conçue comme un simple fonds ; la deuxième est incluse, dépend et ne peut être comprise sans la première. Cette distinction permet ainsi d’opérer un retour critique sur notre civilisation qui aurait ainsi oublié le souci de la Terre dans des fictions qui poussent au contraire à des processus qui favorisent la #déshabitation.

    Le geste théorique comparatiste qu’opère Danouta Liberski-Bagnoud permet de prendre un peu de distance à l’égard de nos représentations en nous montrant qu’il peut exister des rapports à la terre sans propriété privée. Ces autres formes de l’habiter produisent d’autres manières de s’approprier la terre non captatrices et ouvertes sur le #commun. Ce faisant, le geste théorique opéré dans l’ouvrage permet de réfléchir, sous un angle anthropologique, à la notion de fiction juridique beaucoup travaillée en droit, en exhibant ce que nos institutions contiennent d’artifices à la fois factices et producteurs de réalité sociale. Il met ainsi en évidence ce que Castoriadis avait nommé l’institution imaginaire des sociétés. Sur ce plan l’ouvrage, dont bien des formulations sont très évocatrices, revêt toute sa pertinence. Il permet d’ouvrir les horizons d’un autre rapport possible à la Terre sans pour autant laisser croire que les sociétés voltaïques seraient plus authentiques ou plus proches de la nature. Elles entretiennent seulement un rapport autre à la nature qui n’a pas besoin du mythe de la #domination du monde et des choses et qui ne la réduit pas à un ensemble de ressources utiles à exploiter. Le grand intérêt de l’ouvrage réside dans l’usage spéculatif qui est fait de la comparaison étroitement menée entre le rapport occidental à une terre de plus en plus déshabitée avec les formes de l’habiter des peuples de la Volta. Il y a, certes, un risque d’idéalisation, mais, à l’issue de la lecture, on se dit qu’à l’aune des résultats spéculatifs qu’il permet d’obtenir, il mérite d’être couru.

    https://laviedesidees.fr/Liberski-Bagnoud-souverainete-terre
    #livre

    • La Souveraineté de la Terre. Une leçon africaine sur l’habiter

      Les sociétés industrielles ne peuvent plus aujourd’hui s’ériger en modèle de développement. Avant même de détruire, pour l’ensemble des peuples, les équilibres environnementaux, elles se sont engagées dans une forme de déshabitation du monde qui compromet le maintien des formes humanisées de la vie. Sur cette question fondamentale, les systèmes de pensée qui ont fleuri au Sud du Sahara nous apportent un éclairage indispensable – et des pistes de réflexion. Ils nous offrent une leçon précieuse sur une notion marginalisée dans le Droit occidental, mais centrale dans ces systèmes  : l’inappropriable.
      La Terre y est en effet placée hors de tout commerce. Envisagée comme une instance tierce, libre et souveraine, garante des interdits fondamentaux, elle n’appartient qu’à elle-même. Forgée au creuset du rite, cette conception organise toute la vie de la communauté et le partage du sol. Elle est par là même contraire à nos fictions juridiques et économiques qui permettent d’agir comme si la terre était une marchandise circulant entre propriétaires privés, et qui ont pour effet de nous déterritorialiser. Aussi, elle permet un autre mode d’habiter le monde. Cet ouvrage entend montrer quelques voies offertes par des sociétés africaines pour repenser le rapport à la Terre et redonner dès lors un futur aux générations à venir.

      https://www.seuil.com/ouvrage/la-souverainete-de-la-terre-danouta-liberski-bagnoud/9782021515572

  • ★ LA FAILLITE DU COMUNISME D’ETAT RUSSE - Socialisme libertaire

    ★ Rudolf Rocker, extrait de Les Soviets trahis par les bolcheviks (1921). 

    La Russie présente depuis quelques mois les signes d’une crise intérieure, dont les inévitables conséquences pourraient avoir une importance sans doute plus décisive pour son proche avenir que toutes les secousses qui l’ont ébranlée jusqu’ici au cours de la révolution. Les compromis économiques du gouvernement russe avec le capitalisme étranger, la révolte de Cronstadt, la déclaration de guerre ouverte aux anarchistes et aux syndicalistes faite par LÉNINE au Xe Congrès du parti communiste, la féroce persécution de tous les partis et tendances socialistes non bolcheviques et, last but not least, l’indéniable processus de décomposition à l’intérieur du parti communiste lui-même sont autant de phénomènes dont on ne peut méconnaître l’importance ni mesurer aujourd’hui les effets sur le mouvement ouvrier international. C’est précisément l’extraordinaire importance de la crise actuelle pour l’ensemble du mouvement socialiste qui nous pousse à prendre publiquement position (...)

    #RudolfRocker #anarchisme #Cronstadt #soviet #Makhno #Lénine #Tchéka #despotisme #bolchevisme #étatisme #communisme #Russie #URSS #Révolution

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2023/05/la-faillite-du-comunismed-etat-russe.html

  • Défense des terroristes (Barta, Lutte de classe, nº25 (23 février 1944)
    https://www.marxists.org/francais/barta/1944/02/ldc25_022344.htm

    24 « terroristes » sélectionnés viennent d’être livrés à la publicité par la #Gestapo, pour dégoûter de l’armée clandestine qui lutte contre l’impérialisme allemand, la « bonne société » et les petits-bourgeois conformistes. Regardez-les, disent les scribes de la Gestapo, ces faces « rusées et cruelles » de Juifs, de Polonais, d’Italiens, d’Espagnols communistes : ces gens prétendent juger du destin de la France !

    Certes, d’après les prostitués de la presse bourgeoise ce sont les #Doriot et les Goering aux faces bouffies, et tous les engraissés du régime de terreur bourgeois qui doivent décider du sort de la France...

    Regardons-les bien, travailleurs : ces visages que le photographe et les commentaires des affiches veulent nous empêcher de voir sont des visages d’opprimés, des visages de travailleurs : ils sont notre propre visage. Comment ces têtes d’opprimés et d’exploités de plusieurs pays qui luttent à mort contre le régime capitaliste d’exploitation et de misère, ne feraient-elles pas écumer de rage les bourgeois gavés au marché noir et vautrés dans les bras de prostituées qu’ils entretiennent avec le sang et la sueur des ouvriers ?

    Regardons-les bien, camarades, ces têtes énergiques de jeunes qui bravent à leur « procès » les canailles galonnées chargées de les faire fusiller : leur courage doit servir d’exemple à tous les jeunes, à notre époque de guerres impérialistes et de guerres civiles.

    « Ils ont des dizaines de crimes sur la conscience », profèrent leurs bourreaux, experts dans l’assassinat de milliers d’hommes en un seul jour, en une seule bataille...

    « Ils ont suivi l’école du crime », clament les professeurs qui enseignent l’"art" de la tuerie à des milliers de jeunes de 16 ans arrachés à leurs familles contre leur gré...

    « Ils ne sont pas la France », affirment les tortionnaires du peuple français qui n’ont pas assez de leur milice, de leur police, de leur garde-mobile, des bandes fascistes et des troupes d’occupation spéciales pour venir à bout des dizaines de milliers de réfractaires à la déportation et au travail pour la guerre impérialiste, et qui se gardent bien de publier les listes des jeunes gens qu’ils abattent par dizaines tous les jours.

    « Ce sont des bandits », écrivent les journaux à solde, en exposant certains cas particulièrement suspects. Mais si l’activité de véritables bandits, parmi lesquels il ne faut pas oublier des bandits de la milice, de Doriot et de Déat, se poursuit impunément, n’est-ce pas là le résultat de l’anarchie croissante dans laquelle le capitalisme et la guerre ont jeté la société ?

    LA CLASSE OUVRIERE EST RESOLUMENT POUR CEUX QUI ONT PRIS LES ARMES CONTRE LES BOURREAUX FRANCAIS ET ALLEMANDS QUI MARTYRISENT LES PEUPLES ; ELLE ACCUEILLE AVEC MEPRIS LES MANŒUVRES DE DIVERSION DE LA BOURGEOISIE.

    Mais la classe ouvrière est inquiète ; elle ne comprend pas pourquoi des militants qui autrefois combattaient sans compromis la bourgeoisie de tous les pays, mènent actuellement leur lutte sous le drapeau tricolore et au bénéfice des armées de Washington, de Londres et d’Alger. Les ouvriers savent qu’ils n’ont rien à attendre d’une victoire d’armées capitalistes qui ne feraient que relever les armées allemandes dans leur rôle de gardes-chiourme pour maintenir le capitalisme. Ils savent que Roosevelt en Amérique et Churchill en Angleterre prennent contre la classe ouvrière les mêmes mesures que Hitler en Allemagne.

    LE PROLETARIAT CHERCHE DES MILITANTS ET UN PARTI QUI LUTTENT DIRECTEMENT POUR SES INTERETS, pour son relèvement économique et culturel, pour ses conquêtes de juin 1936, conquêtes qui sont également odieuses et qui rencontreraient la même résistance de la part de tout gouvernement capitaliste, totalitaire ou parlementaire.

    Servir la classe ouvrière, c’est lutter pour les Etats-Unis socialistes d’Europe, pour la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile pour le socialisme. Lutter pour le triomphe de soi-disant démocraties sur le fascisme, c’est renouveler la trahison de 1914 quand les partis socialistes de l’Entente se mirent du côté de leur bourgeoisie sous prétexte de vaincre le militarisme.

    De même que la grande majorité des ouvriers socialistes comprirent la trahison de leurs chefs et passèrent à la IIIème Internationale de Lénine et de #Trotsky pour accomplir leur devoir de classe, de même la grande majorité des ouvriers communistes doit cesser de s’accrocher aux restes pourris de ce qui fut autrefois la IIIème Internationale pour lutter avec les militants de la IVème Internationale, PARTI MONDIAL DE LA REVOLUTION SOCIALISTE.

    Les militants combattants du PC restés fidèles à leur classe doivent se convaincre que le réveil de la classe ouvrière, par l’activité croissante de ses éléments les plus avancés et l’assaut de celle-ci contre le régime capitaliste, n’ont rien de commun avec la lutte sous le commandement des officiers réactionnaires de De Gaulle.

    La IVème Internationale appelle les meilleurs militants de la classe ouvrière à serrer leurs rangs autour du drapeau rouge communiste, qui triomphera envers et contre tous de la barbarie capitaliste et de la guerre !

    #Missak_Manouchian #Manouchian #PCF #résistance

    • Manouchian au Panthéon : morts d’hier et combines politiques d’aujourd’hui
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/06/21/manouchian-au-pantheon-morts-dhier-et-combines-politiques-da

      Le 18 juin, lors du traditionnel et obligatoire discours présidentiel sur la #Résistance, #de_Gaulle, l’#unité_nationale et l’habituel fatras tricolore, Macron a annoncé l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au #Panthéon.

      Ainsi, au milieu d’une campagne permanente contre les immigrés, les sans-papiers, les étrangers, après l’envoi de la police contre les travailleurs qui se battent pour leurs droits, après les litanies injurieuses contre « l’ultra gauche », le geste de Macron se voudrait dirigé vers sa gauche, en offrant à deux ouvriers communistes, arméniens arrivés clandestinement en France, une place aux côtés des grands hommes méritant la « reconnaissance de la patrie ». Cela ne concerne évidemment pas leur engagement communiste dans la lutte de classe des années 1930, mais le fait d’avoir été sous l’#Occupation les organisateurs des #FTP-MOI, les groupes armés issus du secteur Main-d’œuvre immigrée du PCF d’avant-guerre. Missak Manouchian et 23 de ses camarades, espagnols, italiens, juifs, arméniens, furent pour cela arrêtés et fusillés au mont Valérien en février 1944.

      Après la tragédie de 1944 vient la comédie politique d’aujourd’hui, soigneusement calibrée, du petit intérêt immédiat jusqu’à la préparation de sombres lendemains. Ce geste en direction de la gauche, et singulièrement du PCF, qui milite depuis longtemps pour la panthéonisation de Manouchian, veut démontrer la largeur d’esprit de Macron, son attachement au roman national, version de Gaulle-Jean Moulin-Résistance. Il lui fallait bien cela pour faire pendant à la quasi-réhabilitation du maréchal Pétain opérée en 2018. Cette célébration participe aussi du constant effort étatique et politique pour installer l’idée de l’unité nationale. Il s’agit, comme en toute circonstance, de persuader les travailleurs que, nés ici ou ailleurs, ils doivent être prêts à mourir pour la mère patrie, c’est-à-dire pour ses banquiers et ses industriels.

      L’opération politique n’est pas nouvelle et toute l’histoire de Missak Manouchian et des militants communistes entrés dans le combat contre le nazisme et l’État de Pétain en fut une tragique illustration. Leur courage et, pour beaucoup, le sacrifice de leur vie furent mis au service d’une bien mauvaise cause. Le PCF suivait depuis juin 1941 une politique d’union sacrée derrière de Gaulle, Roosevelt et Staline. Il s’agissait de vaincre l’Allemagne sans risquer de provoquer de crise révolutionnaire, comme celle commencée lors de la Première Guerre mondiale ou comme celle qui s’annonçait dès 1943, en Italie. Toute idée de lutte de classe devait donc être abandonnée au profit de l’unité nationale derrière la bourgeoisie. Personne ne peut savoir ce que Manouchian et ses camarades pensaient de l’abandon par le PC de tout internationalisme, de toute perspective révolutionnaire et de son alignement derrière un général réactionnaire. Quoi qu’il en soit, la direction stalinienne les envoya à la mort pour se faire admettre par les autres partis de la Résistance comme un parti « combattant pour la France ». Cette politique purement nationaliste allait contribuer à réinstaller après la guerre la république en tant que régime « démocratique » de la bourgeoisie capitaliste. C’est cette politique qui est aujourd’hui honorée par Macron, les médias unanimes et les héritiers revendiqués, à tort ou à raison, du #PCF de l’époque.

      Missak et Mélinée #Manouchian et leurs camarades, militants ouvriers abusés par les staliniens, combattants assassinés par les fascistes, internationalistes transformés malgré eux en icones nationales, avaient eu suffisamment de courage et de foi dans l’avenir pour offrir leur vie dans la lutte contre l’oppression. Cela les place hors d’atteinte des combinaisons minables d’un Macron et de l’exploitation de leur image par un PCF qui ne sait plus depuis longtemps ce que le mot #communisme signifie.

  • Il y a 120 ans, quand la CGT était révolutionnaire
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/il-y-a-120-ans-quand-la-cgt-etait #archiveLO (19 juin 2015) #mouvement_ouvrier #socialisme #communisme #CGT #syndicalisme

    – Le mouvement ouvrier à la veille de la fondation de la CGT
    – Du congrès de Limoges (1895) à celui de Montpellier (1902)
    – Le 1er mai 1906 et la #charte_d'Amiens
    – La montée de la combativité ouvrière et la lutte contre les réformistes
    – De l’antimilitarisme à la faillite d’août 1914
    – Après 1917, la lutte pour un parti communiste révolutionnaire
    – Un syndicat intégré à l’Etat, mais pas tout à fait comme les autres

  • ✨ Il y a 70 ans...

    Le 17 juin 1953 en RDA - Socialisme libertaire

    Le 17 juin 1965, c’était jour de vacances en Allemagne de l’Ouest ; comme chaque année depuis onze ans, on profite du soleil (quand il y en a) pour aller saucissonner à la campagne. A peine écoute-t-on au transistor les discours officiels tant il est bon de se promener sous les arbres, et le soir on rentre à la maison. Sur les routes de l’Ouest, on aura laissé beaucoup plus de morts dans les voitures calcinées qu’il n’y en eut en tout, au cours du soulèvement de l’Allemagne de l’Est, le 17 juin 1953, jour, que cette fête nationale est censée commémorer. Selon l’auteur de ce récent petit livre, ce chiffre est estimé à vingt et un morts connus pour les 16 et 17 juin 1953. 

    Arnulf Baring a voulu dissiper certaines légendes sur cet événement. En effet, en Allemagne de l’Ouest, les discours officiels proclament rituellement que le soulèvement fut une levée en masse de tout un peuple, avide de liberté, de démocratie et de réunification allemande. C’est faux, et les documents le montrent bien. Les cadres, les petits-bourgeois (commerçants, artisans) et les paysans restèrent à l’écart du mouvement (en tout cas à l’échelle de masse). Le soulèvement eut un caractère strictement ouvrier et limité à certaines villes et branches professionnelles. Selon les sources, on estime le nombre des participants à la grève du 17 juin 1953 à 5 % ou 7 % du total des salariés. Certes, il est possible que la proportion réelle fût supérieure ; mais en tout, cas, ce pourcentage exprime un ordre de grandeur très vraisemblable (...)

    #RDA #communismeautoritaire #dictature #stalinisme #révolte

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2019/02/le-17-juin-1953-en-rda.html

  • – 3 juin 1990. Arlette Laguiller : "L’économie capitaliste, c’est l’aggravation des inégalités et des injustices"

    – 4 juin 1990. Arlette Laguiller : "Les idées communistes sont les idées de l’avenir"

    #archiveLO (8 juin 1990) #communisme #capitalisme #internationalisme

  • “Marxisme noir” de Cedric Robinson, ou la généalogie de la conscience révolutionnaire africaine
    https://www.philomag.com/articles/marxisme-noir-de-cedric-robinson-ou-la-genealogie-de-la-conscience-revolut

    #Marxisme noir, du théoricien politique afro-américain Cedric Robinson (1940-2016), est disponible en français. Paru pour la première fois il y a une quarantaine d’années, ce livre-somme est un classique de la théorie critique de la fin du XXe siècle. Démesurément ambitieux, il offre à la fois une histoire longue de l’éveil du racisme européen moderne et, comme en vis-à-vis, une genèse de l’activisme et de la pensée révolutionnaires noires.

    Si l’ouvrage, épais et dense, au style allusif et labyrinthique, fascine depuis longtemps étudiants et jeunes chercheurs aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, c’est en partie du fait des malentendus et des querelles d’interprétation qu’il rend possible. Son titre lui-même n’est pas sans embarras. Le marxisme noir dont il sera question n’est en effet pas à proprement parler l’objet du livre, mais plutôt l’annonce d’un paradoxe.

    #communisme #livres #édition

  • Marxisme noir - extraits de l’introduction :
    https://qgdecolonial.fr/2023/05/27/marxisme-noir

    Néanmoins, il reste juste de dire qu’à l’origine, c’est-à-dire dans son substrat épistémologique, le #marxisme est une construction occidentale – une conceptualisation des affaires humaines et du développement histo­rique émergeant des expériences historiques des peuples européens, mé­diées à leur tour par leur civilisation, leurs ordres sociaux et leurs cultures. Ses origines philosophiques sont sans aucun doute occidentales. Mais on peut en dire autant de ses présupposés analytiques, de ses perspectives his­toriques, de ses points de vue. Cette conséquence des plus naturelles a pris une ampleur pour le moins inquiétante, puisque les marxistes européens ont le plus souvent présumé que leur projet coïncidait avec le développement historique mondial. Désorientés, semble-t-il, par l’ardeur culturelle des civilisations dominantes, ils ont pris pour des vérités universelles les struc­tures et dynamiques sociales issues de leur propre passé, lointain comme plus proche. Plus important encore, les structures les plus profondes du « matérialisme historique », la connaissance préalable à sa compréhension des mouvements historiques, ont tendu à exonérer les marxistes européens de leur devoir de recherche sur les effets considérables qu’ont eus sur leur science la culture et l’expérience historique. L’existence des idées directrices qui ont persisté dans la civilisation occidentale (et Marx lui-même, comme nous le verrons, a été amené à admettre de tels phénomènes), réappa­raissant à des « stades » successifs de son développement jusqu’à dominer l’arène de l’idéologie sociale, ne trouve que peu voire pas de justification théorique dans le marxisme. L’une de ces idées récurrentes est le racialisme : la légitimation et la corroboration de l’organisation sociale comme étant naturelle par rapport aux éléments « raciaux » qui la composent. Bien que n’étant pas spécifiques aux peuples européens, son apparition et sa codifi­cation au cours de la période féodale, au sein des conceptions occidentales de la société, allaient avoir des conséquences considérables et persistantes.

    #livres #édition #communisme #racisme

  • Sortie en librairie aujourd’hui :
    https://entremonde.net/marxisme-noir

    Dans ce clas­si­que de la pensée radi­cale noire enfin tra­duit en fran­çais, Cedric Robinson entre­prend d’écrire une his­toire intel­lec­tuelle du radi­ca­lisme noir. Bien que ce livre soit sur­tout resté dans la pos­té­rité pour la thèse du « capi­ta­lisme racial » qu’il y déve­loppe, Robinson revient, avec une érudition impres­sion­nante, sur les ori­gi­nes intra-euro­péen­nes du racia­lisme, ainsi que sur les ori­gi­nes euro­péen­nes du #marxisme avant de s’attar­der sur le déve­lop­pe­ment de l’his­toire afri­caine et les débuts de l’escla­vage trans­at­lan­ti­que. Enfin, il étudie minu­tieu­se­ment trois figu­res majeu­res de la tra­di­tion radi­cale noire : W.E.B. Du Bois, C.L.R. James et le roman­cier Richard Wright.

    #livres #édition #communisme #racisme

  • La fête de LO 2023, c’est un programme d’une richesse vertigineuse. La preuve dans ce pdf :
    https://fete.lutte-ouvriere.org/static/pdf/2023.pdf

    Spectacles | p. 2
    Forums politiques | p. 4
    Expositions | p. 7
    Débats | p. 8
    Animations | p. 11
    Préhisto-Parc | p. 12
    Arboretum | p. 15
    Village médiéval | p. 16
    Index des invités | p. 17
    Plan de la Fête | p. 18
    Tous les stands | p. 20
    Parcours dans les arbres | p. 21
    Cité des sciences | p. 22
    Cité des arts | p. 32
    Informations pratiques | p. 36

    #feteLO2023 #communisme_révolutionnaire #communisme #marxisme