• L’héritage de la Lutte pour la Vie « Enlace Zapatista
    https://enlacezapatista.ezln.org.mx/2025/05/08/lheritage-de-la-lutte-pour-la-vie
    https://vimeo.com/1075540268

    Nous présentons ici un résumé où les jeunes femmes et les jeunes hommes zapatistes montrent certaines des connaissances dont elles et eux ont hérité de leurs parents, grands-parents, arrière-grands-parents et ainsi de suite depuis des générations. Dans leur langue maternelle, d’origine maya, elles et eux expliquent comment sont fabriqués les paniers à partir de matériaux de la terre-mère ; comment sont fabriquées les peintures à base de terres et de différentes sortes de plantes qui permettent d’obtenir les couleurs. Leurs dessins représentent leur passé, leur présent et le futur qui se profile et pour lequel nous luttons. Elles et eux nous expliquent comment sont aussi fabriquées des briques avec des plantes et de la terre ainsi que des poteries, des assiettes et des plats ; la fabrication de la calhidra ; la fabrication d’instruments de musique comme le tambour et la flûte utilisés dans les fêtes de leurs communautés ; la fabrication de cordes qui permettent de tisser des filets pour transporter le maïs, des morraletas et des sacs ; comment faire le feu ; et comment faire des peintures sur peau avec des encres naturelles. Elles et eux parlent dans leur langue tzeltal, tzotzil, tojolabal et cho’ol. Le fil conducteur est le rejet du capitalisme, se préparer pour survivre à la tempête et, le jour d’après, tenter de construire un monde nouveau. Toutes et tous ont moins de 20 ans. L’enfant a 12 ans. L’école où elles et eux ont appris ces connaissances, c’est le cœur même de leurs pères, de leurs mères et de leurs ancêtres.

    Les vidéos complètes de chaque tâche, dans leurs langues originelles, seront publiées plus tard sur la page électronique d’Enlace zapatista.

    #autonomie #zapatistes #EZLN #communs

  • L’eau en commun - La Vie des idées
    https://laviedesidees.fr/L-eau-en-commun

    En quoi l’eau peut-elle être conçue comme un bien commun ? En partant de la faculté de l’eau à mettre en rapport des individus et des territoires, cet essai caractérise différentes formes de communalité formées par et autour de l’eau.
    Introduction

    Le concept de bien commun est omniprésent dans le discours contemporain sur l’eau. Il est mobilisé aussi bien dans des appels consensuels à la préservation d’une ressource vitale que pour penser des alternatives au modèle gestionnaire libéral dominant (Cangelosi, 2012). Pour mieux comprendre ce qui se joue autour de ce concept très « malléable » (Broca, 2016), on propose ici de partir de la faculté générale de l’eau à interconnecter des individus, des groupes sociaux et des territoires (Molle, 2012), réunis dans ce qu’on peut qualifier d’agencements ou de collectifs hydrosociaux [1].

    Pour désigner cette faculté d’interconnexion et le type de collectif qui en résulte, nous proposons de recourir au terme de communalité, qui est utilisé aujourd’hui dans le discours juridique pour envisager la part de commun d’un bien [2]. Comme nous le verrons, cette communalité peut être d’origine matérielle (car l’eau s’écoule), fonctionnelle (car elle est une ressource aux multiples usages) et normative (car elle est l’objet d’investissements juridiques ou politiques). Nous pensons que ce détour peut permettre à « l’eau bien commun » de ne pas rester à un slogan passe-partout, mais de contribuer à des transformations plus effectives des relations que nous entretenons avec l’eau.

    Le cas français étudié ici montre que la situation de communalité précède les mobilisations actuelles autour du thème de l’eau bien commun, qu’elle contient des dimensions coopératives mais également conflictuelles et qu’elle est autant une affaire d’État que de mobilisations sociales. Enfin, l’exemple de l’eau peut contribuer efficacement à forger un imaginaire post-individualiste adapté aux défis écologiques actuels.

    #Communs #Eau

  • Chiapas : Rencontres internationales de Résistances et Rébellion
    https://lundi.am/Chiapas-Rencontres-internationales-de-Resistances-et-Rebellion

    Alors que le Mexique et les familles de disparu·es font face à une nouvelle vague d’horreur et de mensonges dépassant les pires scénarios avec la découverte d’un centre d’extermination et plusieurs fosses communes clandestines liées au narcotrafic et impliquant vraisemblablement l’appareil d’État à tous les niveaux, les collectifs poursuivent l’organisation de leurs résistances et leur volonté de lutter, corps et âmes, pour un autre monde. Il y a quelques mois, à l’appel de l’EZLN, se tenait au Chiapas, la première session des « Rencontres internationales de Résistances et Rébellions – la Tempête et le jour d’Après ». Retour sur cet événement qui a pris la forme d’un partage d’analyses puis d’un festival culturel et qui s’est annoncé comme étant la première étape d’une série de rencontres auxquelles les communautés zapatistes nous invitent afin de faire face ensemble à la tempête, de préparer le jour d’après et de développer le Commun.

    #EZLN #zapatistes #tempête #communs #anticapitalisme #Mexique #Chiapas #internationalisme

  • Framamèmes : vos mèmes préférés en versions libres et accessibles !
    https://framablog.org/2025/04/01/framamemes-vos-memes-preferes-en-versions-libres-et-accessibles

    Vous voulez produire du mème libre, artisanal et remixé ? Framasoft sort (vraiment) le service Framamèmes. Vraiment. Promis. Un générateur de mèmes libres ? C’est une blague ? Noyons le poisson dans le bocal : Framamèmes est une blague… mais une blague durable, qu’on … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Services_en_ligne

  • En #Algérie, la France coloniale a aussi détruit la #nature

    L’accaparement colonial de la terre en Algérie a détruit des modes d’organisation et de gestion de la terre en commun. Le développement des monocultures et d’une agriculture d’exportation a aussi bouleversé l’environnement.

    Après avoir été suspendu de RTL début mars pour avoir évoqué les massacres français en Algérie au XIXe siècle, Jean-Michel Apathie a décidé de quitter la station. En pleine surenchère du ministre Bruno Retailleau avec l’Algérie et face à une extrême droite qui clame les bienfaits de la colonisation, le flot de réactions hostiles aux propos de l’éditorialiste rappelle que nombre de Français ne connaissent pas l’ampleur des crimes coloniaux commis par la France en Algérie.

    Face aux tentatives de révisionnisme historique, Reporterre s’est intéressé à un pan méconnu de la colonisation française en Algérie : ses dégâts sur la nature. À l’aube de la colonisation, le socle de la société algérienne reposait sur la paysannerie, l’agriculture était la principale source de richesse et rythmait la vie des populations qui alternait entre le travail de la terre et les transhumances saisonnières. Mais de 1830 jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, l’accaparement des terres par les colons a complètement bouleversé cet équilibre.

    « L’arrivée des colons en Algérie signe l’accaparement des ressources environnementales et celle du foncier. C’était une pratique d’expropriation sans explication, sans excuse et avec une grande brutalité. Pour les Algériens, c’est un monde qui s’effondre littéralement », relate Antonin Plarier, maître de conférence à l’université Lyon 3 et spécialiste de l’histoire environnementale des sociétés coloniales.

    Au total, d’après ses calculs, plus d’1,2 million d’hectares ont été transférés aux Européens entre 1830 et 1917 : soit l’équivalent de 1 000 fois la superficie de Paris, et trois fois celle de la Belgique.

    Pour réquisitionner des terres algériennes, la France a développé un arsenal juridique légalisant un paradoxe : celui d’une société qui défendait le droit à la propriété et d’une colonisation qui foulait au pied celle des Algériens. L’administration coloniale pouvait ainsi s’emparer de n’importe quelle propriété algérienne, qu’elle soit celle d’un individu comme d’une tribu entière.
    Détruire la paysannerie pour « soumettre le pays »

    La doctrine coloniale et militaire se lit à travers les écrits du maréchal Bugeaud, le militaire qui a permis d’étendre la conquête de l’Algérie. Voici notamment ce que précise cette violente figure de la colonisation, spécialiste des enfumades (pratique consistant à asphyxier des personnes réfugiées ou enfermées dans une grotte en allumant devant l’entrée des feux) : « J’y ai réfléchi bien longtemps, en me levant, en me couchant ; eh bien ! Je n’ai pu découvrir d’autre moyen de soumettre le pays que de saisir l’intérêt agricole ». Il faut donc empêcher les populations « de semer, de récolter, de pâturer », pour les priver des moyens d’existence, souligne l’historien Hosni Kitouni, chercheur en histoire à l’université d’Exeter.

    En filigrane, il s’agissait de punir tous ceux qui tentaient de se révolter, et de dissuader ceux qui en avaient l’intention. En 1838, l’ordonnance royale du maréchal Bugeaud indiquait que toute tribu s’insurgeant contre la domination française pouvait voir ses terres séquestrées. Cette politique monta encore d’un cran en 1871 à la suite d’une insurrection initiée contre la puissance coloniale.

    Cette « tempête des spoliations », selon l’expression d’Hosni Kitouni, a non seulement dispersé les populations, contraintes d’abandonner leurs maisons, leurs cultures, leur bétail, mais a également entraîné leur paupérisation, voire pire, leur famine, puis leur mort. En parallèle, la violence des razzias, ces opérations militaires menées dans des campements, a détruit les habitations et les récoltes. Les arbres fruitiers étaient rasés dans les zones de guerre.
    Spoliation de l’eau et des forêts

    « Devenus des paysans sans terre, sans bétail, sans abris, n’ayant que la force de leurs bras à vendre, ils vont alimenter la masse des candidats à toutes les servitudes », écrit Hosni Kitouni. D’anciens propriétaires algériens sont alors parfois revenus sur leurs terres louer leur force de travail aux colons français. « Des paysans algériens vont revenir cultiver la terre, fournir les semences, et les instruments agraires, en échange de quoi ils vont pouvoir récupérer un ou deux cinquièmes de la récolte, le reste revenant au propriétaire », raconte à Reporterre Antonin Plarier.

    Au-delà des terres, la colonisation s’est emparée des communs que sont les forêts et l’eau. Au XIXe siècle, plusieurs opérations de maîtrise des cours d’eau ont fleuri, toujours dans le but d’irriguer les terres des colons. Dans les années 1860, un projet de barrage a vu le jour dans le département d’Oran. Antonin Plarier pointe ainsi ce qui tient de l’évidence : « Lorsqu’une source en eau est maîtrisée, elle l’est uniquement au bénéfice des colons, et donc au détriment des agriculteurs algériens qui en sont de fait dépossédés. »

    La question de l’eau a entraîné plusieurs conflits, tout comme celle des forêts. Dès les années 1830, l’imposition du Code forestier par les colons a restreint peu à peu aux Algériens l’artisanat, le passage du bétail, le ramassage du bois de chauffe, et la coupe de bois pour les diverses constructions.

    Résultat : entre un tiers et la moitié des ressources économiques de la paysannerie algérienne a été menacée par ce nouveau cadre légal, estime Antonin Plarier. Il faut dire que l’administration coloniale y a très vite vu un filon : l’exploitation des forêts en vue de leur commercialisation.

    Dans la montagne de Beni Khalfoun, dans la vallée de l’Isser, l’administration octroya par exemple une concession d’environ 1 000 hectares de chênes-lièges, un bois cher et prisé pour la fabrication de bouchons, à un exploitant français. Difficile de donner un chiffre précis, mais cet accaparement de ressources essentielles n’a pas été sans conséquences sur l’écosystème algérien.

    « C’est toute une série d’éléments liés à la colonisation qui vont contribuer à dégrader l’environnement algérien. En asséchant les sols via la déforestation, l’État colonial a par exemple favorisé l’érosion des sols », dit l’historienne Hélène Blais, professeure d’histoire contemporaine à l’ENS et autrice de L’empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux.
    Monocultures et rentabilité

    En Algérie, comme ailleurs, la colonisation s’est accompagnée de l’introduction de nouvelles espèces jugées plus rentables, et d’un bouleversement dans les pratiques agricoles tournées vers une pratique intensive et exportatrice correspondant davantage aux besoins de la métropole.

    Ce qui fait dire à Alain Ruscio, historien spécialiste de la période coloniale, que « la totalité de l’écosystème algérien a été affectée par la colonisation » : « Au fur et à mesure que l’armée française considérait qu’une région était complètement contrôlée, des monocultures étaient rapidement mises en place. D’où aussi la construction de routes servant à acheminer ces marchandises vers la France », nous explique-t-il.

    C’est l’exemple de la vigne et de sa vinification, qui priva une partie de la population d’un accès à la culture de céréales, et entraîna la disparition de terres en jachères — qui fournissaient des pâturages jusqu’ici essentiels pour le bétail des paysans algériens. Mais aussi de l’introduction massive de l’eucalyptus, cette plante endémique d’Australie, dès les années 1860 pour tenter d’assainir les zones humides dans lesquelles le paludisme décimait des colons.

    « Des millions d’arbres ont ainsi été plantés. Dans certains endroits, cela a asséché plus qu’il était nécessaire, au détriment d’autres espèces endémiques qui ont été abattues ou abandonnées dans ce cadre », analyse Hélène Blais. L’historienne a également observé des tentatives d’introduction de moutons mérinos, apporté pour sa laine prisée en Europe.
    Chasses coloniales

    Sans oublier les chasses coloniales qui attiraient des Français originaires de tout l’Hexagone venus traquer hyènes, panthères, lions et autres animaux sauvages. Considérés comme des animaux nuisibles, leurs têtes furent mises à prix via une circulaire du général Bugeaud de 1844 offrant une récompense pour tout animal tué « proportionné à la puissance de chaque bête ». D’après les recherches d’Hosni Kitouni, rien qu’en 1860, ce ne furent pas moins de 61 panthères et 38 lions qui avaient été abattus. Si bien qu’à la fin du XIXe siècle, le plus gros de la faune sauvage avait disparu. Le dernier lion fut abattu en 1958.

    « L’ordre colonial s’accommode peu avec la différence biologique, écologique, humaine qui résiste à sa domination, conclut l’historien auprès de Reporterre. D’où la politique de mise en ordre à force de violence et de juridictions d’exception, empêchant la société autochtone de se développer à son rythme selon ses lois naturelles. »

    Au-delà des crimes commis sur les Algériens, peu d’historiens se sont jusqu’ici emparés des destructions des écosystèmes. L’ampleur d’un éventuel écocide lié à la colonisation française reste à quantifier et est un angle de mort de la recherche.

    https://reporterre.net/En-Algerie-la-France-coloniale-a-aussi-detruit-la-nature
    #destruction #paysage #colonisation #France #France_coloniale #histoire #terres #accaparement_des_terres #communs #agriculture #exportation #monoculture #paysannerie #foncier #expropriation #brutalité #violence #réquisition #droit_à_la_propriété #lois #maréchal_Bugeaud #enfumades #moyens_d’existence #insurrection #paupérisation #famine #razzias #arbres_fruitiers #eau #forêts #forêt #barrage #conflits #Code_forestier #érosion_des_sols #ressources #montagne #déforestation #environnement #érosion_des_sols #rentabilité #routes #vigne #jachères #terres_en_jachères #céréales #pâturages #eucalyptus #zones_humides #paludisme #arbres #laine #chasse #chasses_coloniales #ordre_colonial #animaux_sauvages #écocide
    #géographie_culturelle #géographie_du_droit #legal_geography

  • Un nouvel ouvrage sur les communs de proximité
    https://framablog.org/2025/02/19/un-nouvel-ouvrage-sur-les-communs-de-proximite

    Voici près d’un an, une douzaine d’auteurices, réunis par la Coop des communs, ont donné naissance à « Les communs de proximité. Origines, caractérisation, perspectives ». Plusieurs d’entre eux ont accepté de répondre à quelques-unes de nos questions. Bonjour, vous avez sorti, … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Enjeux_du_numérique #Lecture

  • De Wikipédia à OpenAI, les communs numériques font de la résistance
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/05/de-wikipedia-a-openai-les-communs-numeriques-font-de-la-resistance_6482863_3

    Logiciels open source, données, réseaux, Internet… A l’instar de l’encyclopédie numérique mondialement connue, les « communs » fonctionnent dans une logique de collaboration non marchande à rebours des stratégies capitalistiques des géants d’Internet.

    Par Sophy Caulier
    Publié hier à 16h30

    Jimmy Wales, cofondateur de l’encyclopédie en ligne Wikipédia, à Londres, le 13 janvier 2021.
    Jimmy Wales, cofondateur de l’encyclopédie en ligne Wikipédia, à Londres, le 13 janvier 2021. DANIEL LEAL/AFP

    Membres de la grande famille des « communs », les communs numériques en partagent l’essence même : ce sont des ressources ni privées ni publiques et non couvertes par la loi, comme pourraient l’être une forêt ou une rivière. Pionnière de la réflexion sur leur cadre théorique, Valérie Peugeot, professeure à Sciences Po après avoir été prospectiviste puis sociologue pour Orange, précise la définition : « Ce sont des ressources partagées, gérées par une communauté. L’idée consistait à se défaire du propriétarisme dans lequel l’économie était enfermée depuis le XVIIe siècle. »

    Cette définition s’applique parfaitement aux communs numériques. Immatériels, non exclusifs, non rivaux, c’est-à-dire qu’ils peuvent être utilisés par plusieurs personnes sans priver les autres de leur usage, qui plus est sans épuiser la ressource, ils bénéficient d’une diffusion très large et facilitent la collaboration entre de nombreuses personnes. Entrent dans cette catégorie les logiciels open source, mais aussi les données, les connaissances, les réseaux, Internet…

    Les exemples les plus aboutis et les plus connus de communs numériques sont l’encyclopédie coopérative Wikipédia, rédigée et actualisée par des centaines de millions de collaborateurs bénévoles, et accessible à tous gratuitement, ou la carte du monde OpenStreetMap, que plus de 1 million de contributeurs enrichissent chaque jour. Les services publics s’y intéressent également de plus en plus afin de mutualiser les efforts de développement, voire de remédier aux déficiences de la puissance publique, et de regagner un tant soit peu de souveraineté, que ce soit l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) pour construire le jumeau numérique de la France et de ses territoires, ou le projet de nouveaux communs dans le cadre de l’appel « Sobriété et résilience des territoires », qui associe l’Agence de la transition écologique, l’IGN et l’Agence nationale de la cohésion des territoires.
    « Les grandes entreprises pillent »

    Les atouts des communs numériques en général et des logiciels open source en particulier sont évidents. Lentement mais sûrement, ils font leur chemin et progressent. « Les choses avancent, des univers très différents me sollicitent pour que je leur en parle, témoigne Valérie Peugeot. Des batailles ont été gagnées. Par exemple, les logiciels open source sont présents partout y compris dans les services de l’Etat. Des nouvelles solidarités se mettent en place. »

    En revanche, puisqu’il s’agit de biens non rivaux et que tout le monde peut en profiter, « comment inciter tout un chacun à contribuer à la production d’une telle ressource ? », interroge Serge Abiteboul, chercheur en informatique à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique, membre de l’Académie des sciences. « Les grandes entreprises pillent ces ressources sans assez y contribuer et en font des silos qu’elles referment. C’est le cas des applications d’Android ou d’Apple. C’est surtout le cas de l’intelligence artificielle générative, qui utilise massivement les communs partageables, les logiciels, les données d’entraînement et les modèles de langage, les fameux LLM, mais qui ne contribue pas en retour », déplore-t-il.

    Mais les communautés résistent, car elles sont enthousiastes et soutenues par le public, les Etats et la loi. « Et elles ne s’inscrivent pas dans une logique capitalistique, ce n’est pas avec les communs numériques que l’on peut faire fortune ! », ajoute Valérie Peugeot. En témoigne OpenAI, qui a lancé ChatGPT sur un modèle ouvert et non lucratif, que l’homme d’affaires Sam Altman a ensuite transformé en société à profit. Ce qui fait dire à Serge Abiteboul que, « dans l’entreprise, le client est roi, dans les communs, la communauté est reine ! »

    Sophy Caulier

    #Communs_numériques #Valérie_Peugeot #Serge_Abiteboul

  • L’amour en commun : essai subversif
    https://framablog.org/2024/10/11/lamour-en-commun-essai-subversif

    À l’occasion de la parution de L’amour en commun, essai de la collection #Des_Livres_en_Communs (Framasoft), nous avons questionné les auteurs. Leur cheminement peut se mesure à l’aune du premier point d’étape que nous avions publié en avril … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Amour #des_livres_en_communs #Publication

  • Parution : L’amour en commun
    https://framablog.org/2024/10/08/parution-lamour-en-commun

    C’est avec grand plaisir que nous annonçons la parution du premier ouvrage de la collection #Des_Livres_en_Communs ! Premiers lauréats de l’appel à projet #des_livres_en_communs (Framasoft) en 2022, accompagnés par l’équipe éditoriale, Margaux Lallemant et Timothé … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Debat #Publication

  • #Fontanelle

    Lìbere - liberi di bere! è una mappa interattiva delle fontanelle, utile per visualizzarne la collocazione in città e fuori, attraverso googlemaps. Per individuare facilmente quella più vicina da raggiungere, basta muoversi nello street view e affidarsi agli scatti fotografici in preview (Google warranty).


    È una piattaforma per la condivisione di contenuti sull’acqua del rubinetto, un invito a partecipare (inteso come prendere parte) per segnalare le fontanelle non ancora inserite, aggiungerle, e interpretarle!

    https://www.fontanelle.org

    Et il y a une app pour smartphone pour ajouter des points d’eau :
    https://www.fontanelle.org/mobile
    ou alors pour signaler de nouveaux points d’eau à partir du site web :
    https://www.fontanelle.org/login.aspx?ref=https://www.fontanelle.org/Segnala-Fontanella.aspx

    #points_d'eau #eau_potable #fontanelle #fontaines_à_eau #crowdsourcing #visualisation #cartographie #monde #cartographie_participative #eau_potable#espace_public #communs #commons

    Dommage qu’iels utilisent google maps, mais bon... voilà...
    Je l’utilise notamment quand je suis en vadrouille pour trouver des endroits pour remplir ma gourde d’eau...

  • Academic journals are a lucrative scam – and we’re determined to change that | Peer review and scientific publishing | The Guardian
    https://amp-theguardian-com.cdn.ampproject.org/c/s/amp.theguardian.com/commentisfree/article/2024/jul/16/academic-journal-publishers-universities-price-s

    Cet article est très bien car il fait un résumé de la situation actuelle de l’édition de revues scientifiques.
    Le problème est que j’ai écrit grosso modo la même chose il y a plus de 20 ans, qu’avant moi Stevan Harnad, Jean-Claude Guédon ou Peter Suber ont écrit déjà la même chose.
    Et si peu change en ce domaine...
    Il y a un paragraphe dans cet article qui dit peut être le pourquoi. Je le remets ici. Mais ça vaut le coup de lire tout l’article.

    academics still face a massive collective action problem: we want a new arrangement but each of us, individually, is strongly incentivised to stick with the status quo. Career advancement depends heavily on publishing in journals with established name recognition and prestige, and these journals are often owned by commercial publishers. Many academics – particularly early-career researchers trying to secure long-term employment in an extremely difficult job market – cannot afford to take a chance on new, untested journals on their own.

    On en est là :
    Restriction des crédits à l’embauche = déversement des crédits à des entreprises prédatrices de la recherche.
    Insécurité des chercheurs et chercheuses = moindre innovation scientifique.

    Giant publishers are bleeding universities dry, with profit margins that rival Google’s. So we decided to start our own

    Arash Abizadeh is a philosopher and the Angus professor of political science at McGill University, Canada

    Tue 16 Jul 2024 08.00 EDT

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    If you’ve ever read an academic article, the chances are that you were unwittingly paying tribute to a vast profit-generating machine that exploits the free labour of researchers and siphons off public funds.

    The annual revenues of the “big five” commercial publishers – Elsevier, Wiley, Taylor & Francis, Springer Nature, and SAGE – are each in the billions, and some have staggering profit margins approaching 40%, surpassing even the likes of Google. Meanwhile, academics do almost all of the substantive work to produce these articles free of charge: we do the research, write the articles, vet them for quality and edit the journals.

    Not only do these publishers not pay us for our work; they then sell access to these journals to the very same universities and institutions that fund the research and editorial labour in the first place. Universities need access to journals because these are where most cutting-edge research is disseminated. But the cost of subscribing to these journals has become so exorbitantly expensive that some universities are struggling to afford them. Consequently, many researchers (not to mention the general public) remain blocked by paywalls, unable to access the information they need. If your university or library doesn’t subscribe to the main journals, downloading a single paywalled article on philosophy or politics can cost between £30 and £40.

    The commercial stranglehold on academic publishing is doing considerable damage to our intellectual and scientific culture. As disinformation and propaganda spread freely online, genuine research and scholarship remains gated and prohibitively expensive. For the past couple of years, I worked as an editor of Philosophy & Public Affairs, one of the leading journals in political philosophy. It was founded in 1972, and it has published research from renowned philosophers such as John Rawls, Judith Jarvis Thomson and Peter Singer. Many of the most influential ideas in our field, on topics from abortion and democracy to famine and colonialism, started out in the pages of this journal. But earlier this year, my co-editors and I and our editorial board decided we’d had enough, and resigned en masse.
    Is it the beginning of the end for scientific publishing? – podcast

    We were sick of the academic publishing racket and had decided to try something different. We wanted to launch a journal that would be truly open access, ensuring anyone could read our articles. This will be published by the Open Library of Humanities, a not-for-profit publisher funded by a consortium of libraries and other institutions. When academic publishing is run on a not-for-profit basis, it works reasonably well. These publishers provide a real service and typically sell the final product at a reasonable price to their own community. So why aren’t there more of them?

    To answer this, we have to go back a few decades, when commercial publishers began buying up journals from university presses. Exploiting their monopoly position, they then sharply raised prices. Today, a library subscription to a single journal in the humanities or social sciences typically costs more than £1,000 a year. Worse still, publishers often “bundle” journals together, forcing libraries to buy ones they don’t want in order to have access to ones they do. Between 2010 and 2019, UK universities paid more than £1bn in journal subscriptions and other publishing charges. More than 90% of these fees went to the big five commercial publishers (UCL and Manchester shelled out over £4m each). It’s worth remembering that the universities funded this research, paid the salaries of the academics who produced it and then had to pay millions of pounds to commercial publishers in order to access the end product.

    Even more astonishing is the fact these publishers often charge authors for the privilege of publishing in their journals. In recent years, large publishers have begun offering so-called “open access” articles that are free to read. On the surface, this might sound like a welcome improvement. But for-profit publishers provide open access to readers only by charging authors, often thousands of pounds, to publish their own articles. Who ends up paying these substantial author fees? Once again, universities. In 2022 alone, UK institutions of higher education paid more than £112m to the big five to secure open-access publication for their authors.

    This trend is having an insidious impact on knowledge production. Commercial publishers are incentivised to try to publish as many articles and journals as possible, because each additional article brings in more profit. This has led to a proliferation of junk journals that publish fake research, and has increased the pressure on rigorous journals to weaken their quality controls. It’s never been more evident that for-profit publishing simply does not align with the aims of scholarly inquiry.

    There is an obvious alternative: universities, libraries, and academic funding agencies can cut out the intermediary and directly fund journals themselves, at a far lower cost. This would remove commercial pressures from the editorial process, preserve editorial integrity and make research accessible to all. The term for this is “diamond” open access, which means the publishers charge neither authors, editors, nor readers (this is how our new journal will operate). Librarians have been urging this for years. So why haven’t academics already migrated to diamond journals?
    ‘Too greedy’: mass walkout at global science journal over ‘unethical’ fees

    The reason is that such journals require alternative funding sources, and even if such funding were in place, academics still face a massive collective action problem: we want a new arrangement but each of us, individually, is strongly incentivised to stick with the status quo. Career advancement depends heavily on publishing in journals with established name recognition and prestige, and these journals are often owned by commercial publishers. Many academics – particularly early-career researchers trying to secure long-term employment in an extremely difficult job market – cannot afford to take a chance on new, untested journals on their own.

    This is why, as editors of one of our field’s leading journals, we feel a strong responsibility to help build collective momentum towards a better arrangement: a publishing model that no longer wastes massive amounts of public resources feeding profits to private corporations, secures editorial independence against the pressures of profit-making and makes research available to everyone, free of charge. This isn’t just an academic problem. A revolution in the publishing landscape could also help stem the tide of disinformation and propaganda in the public sphere. Such an alternative is available, but it’s hard to get there. We want to change that.

    Arash Abizadeh is a philosopher and the Angus Professor of Political Science at McGill University, Canada

    #Open_access #Revues_scientifiques #Edition_scientifique #Accès_libre #Communs_connaissance

  • Résidence de cartographie dans la Vallée de la Roya

    En début d’année 2024 j’ai été contacté par l’association Prévention MAIF pour les accompagner sur une démarche de cartographie sensible dans la Vallée de la Roya. Après plusieurs échanges avec Aveline Carmoi et Angello Smaniotto, j’ai proposé de faire une résidence de cartographie sensible et participative afin de ; 1/ rencontrer les acteurs locaux, m’imprégner des enjeux et des dynamiques locales, 2/ sensibiliser à l’approche de cartographie sensible et participative du territoire et 3/ esquisser une carte participative de la vallée de la Roya avec des acteurs locaux.

    J’ai ainsi résidé la semaine du 23 au 27 avril 2024 au Monastère de Saorge – Centre des monuments nationaux, un magnifique ancien monastère et haut lieu culturel de la vallée.

    Mercredi 24 avril, nous avons organisé une conférence à la salle des fêtes de la Mairie de Saorge intitulée La cartographie sensible/participative, un outil de résilience territoriale ?. Une trentaine de personnes aux profils variés étaient présentes avec lesquels nous avons eu de riches échanges. J’ai conclu ma présentation en expliquant pourquoi, selon moi, la cartographie sensible et participative peut contribuer à la résilience d’un territoire ;

    → Les projets participatifs/communautaires renforcent la résilience territoriale.
    → La connaissance des perceptions des habitant.e.s est un levier d’action publique territoriale.
    → La conscience de son milieu est un levier d’action bénéfiques pour le territoire.
    → Valorisation et émergence de “communs territoriaux”, matériels et immatériels.

    Bilan de la semaine

    Je ressors de cette semaine avec des apprentissages personnels sur les spécificités ce territoire, telles que je les ai perçues. Ainsi, je me suis demandé si la Vallée de la Roya ; ça ne serait pas le monde de demain ?

    Tout d’abord, il m’a semblé que les relations sont parfois fortement conflictuelles avec le Vivant. C’est par exemple le cas avec l’eau ou avec le loup.
    C’est d’ailleurs suite aux immenses dégâts causés par l’inondation créée par tempête Alex (oct 2020) que l’association Prévention MAIF intervient dans ce territoire.

    Ensuite, j’ai été marqué le potentiel de rétro-innovation* agriculturelle (cultures en terrasses, valorisation de la châtaigne…), par la forte solidarité entre les gens et par le fait que les habitant.e.s sont souvent en multi-activité professionnelle.
    * notion développée par Alberto Magnaghi, fondateur de l’École des territorialistes italiens, que j’ai eu l’honneur de croiser à l’institut d’urbanisme de Bordeaux quand j’y étais étudiant. Voir plus ICI ou LA.

    Enfin la vallée m’a aussi paru un lieu caractérisé des rapports humains assez polarisés, une action publique hyper centrée sur les infrastructures et peu d’innovation démocratique institutionnelle. En s’intéressant à la vallée on se rend aussi rapidement compte qu’elle de fait considérée comme un “territoire servant”, c’est à dire que l’état s’y intéresse car la région urbaine de Nice en dépend pour son alimentation en énergie (via les barrages hydro-électriques créés après guerre). C’est aussi le cas concernant l’alimentation et peut-être aussi le tourisme.

    Les ateliers de cartographie

    Le jeudi après-midi et le vendredi après-midi, nous avons organisé des ateliers de cartographie participative de la vallée, en proposant à des expert.e.s des sujets concernés de se mettre autour d’un fond de plan et d’élaborer une carte collectivement.
    Le premier atelier a porté sur l’agriculture dans la vallée.
    Le second a porté sur sur le patrimoine de la vallée, dans les deux dimensions de patrimoine matériel et immatériel.

    Enfin le samedi matin nous avons terminé la semaine par un atelier de cartographie sensible de la vallée, ouvert au public et organisé dans la Librairie du Caïros, un lieu important de convivialité et de culture à Saorge. Pendant ce dernier atelier, nous avons demandé aux participant.e.s, quels étaient selon elles/eux les REPÈRES du territoire, les lieux qu’ils/elles AIMENT, les lieux qu’ils/elles N’AIMENT PAS et ce qui constitue le PATRIMOINE de la vallée.

    Les cartes produites ;

    Une fois les ateliers réalisés, j’ai mis au propre les données récoltées et réalisé les cartes suivantes. Ces cartes peuvent être considérées comme des « communs cartographiques« , c’est à dire des ressources appropriables par tout un chacun.e. De tels document sont à mon sens stratégiques pour qu’un territoire puisse se montrer à lui-même et aux acteurs extérieurs à celui-ci. Ils contribuent à l’identité du territoire, et permettent de mieux comprendre et respecter les spécificités de la vallée.

    Nous avons donc réalisé 4 cartes ;

    → une carte de l’#agriculture dans la vallée

    → une carte du #patrimoine_matériel de la vallée

    → une carte du #patrimoine_immatériel de la vallée

    → une carte subjective de la vallée

    https://quentinlefevre.com/residence-de-cartographie-dans-la-vallee-de-la-roya

    #cartographie #Roya #Vallée_de_la_Roya #cartographie_sensible #Alpes_Maritimes #visualisation #cartographie_subjective #résidence #cartographie_participative #résilience_territoriale #communs_territoriaux #communs #commons #Alberto_Magnaghi #atelier

    via @reka

    cc @_kg_

  • La nouvelle #solarpunk du jour : « 100 Papier »
    https://framablog.org/2024/07/09/la-nouvelle-solarpunk-du-jour-100-papier

    Pour la deuxième fois, Framasoft participe, au sein de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), à une semaine de cours sur le thème des lowtechs et du #Solarpunk. Les étudiant⋅es ont pour mission d’écrire (sans se faire aider par l’I.A. !) … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Enjeux_du_numérique #UPLOAD #UTC

  • La nouvelle #solarpunk du jour : « Les Lozacs, réinvention d’un mode de vie »
    https://framablog.org/2024/07/08/la-nouvelle-solarpunk-du-jour-les-lozacs-reinvention-dun-mode-de-vie

    Pour la deuxième fois, Framasoft participe, au sein de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), à une semaine de cours sur le thème des lowtechs et du #Solarpunk. Les étudiant⋅es ont pour mission d’écrire (sans se faire aider par l’I.A. !) … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Enjeux_du_numérique #UPLOAD #UTC

  • La nouvelle #solarpunk du jour : « Archipel »
    https://framablog.org/2024/07/07/la-nouvelle-solarpunk-du-jour-archipel

    Pour la deuxième fois, Framasoft participe, au sein de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), à une semaine de cours sur le thème des lowtechs et du #Solarpunk. Les étudiant⋅es ont pour mission d’écrire (sans se faire aider par l’I.A. !) … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Enjeux_du_numérique #UPLOAD #UTC

  • La nouvelle #solarpunk du jour : « Le Compromis »
    https://framablog.org/2024/07/06/la-nouvelle-solarpunk-du-jour-le-compromis

    Pour la deuxième fois, Framasoft participe, au sein de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), à une semaine de cours sur le thème des lowtechs et du #Solarpunk. Les étudiant⋅es ont pour mission d’écrire (sans se faire aider par l’I.A. !) … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Enjeux_du_numérique #UPLOAD #UTC

  • La nouvelle #solarpunk du jour : « Bunkertech »
    https://framablog.org/2024/07/05/la-nouvelle-solarpunk-du-jour-bunkertech

    Pour la deuxième fois, Framasoft participe, au sein de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), à une semaine de cours sur le thème des lowtechs et du #Solarpunk. Les étudiant⋅es ont pour mission d’écrire (sans se faire aider par l’I.A. !) … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Enjeux_du_numérique #UPLOAD #UTC

  • La nouvelle #solarpunk du jour : « Qu’ai-je fait ? »
    https://framablog.org/2024/07/04/la-nouvelle-solarpunk-du-jour-quai-je-fait

    Pour la deuxième fois, Framasoft participe, au sein de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), à une semaine de cours sur le thème des lowtechs et du #Solarpunk. Les étudiant⋅es ont pour mission d’écrire (sans se faire aider par l’I.A. !) … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Enjeux_du_numérique #UPLOAD #UTC

  • Communs numériques et souveraineté : sauver les logiciels libres - La Vie des idées
    https://laviedesidees.fr/Communs-numeriques-et-souverainete-sauver-les-logiciels-libres

    Un long article des plus intéressant sur l’usage des communs par les Etats et l’enjeu de la maintenance, donc des partenariats Etats-communs qui respectent les pratiques auto-organisées et leur capacités à durer pour maintenir les logiciels produits. A l’inverse de la logique d’exploitation néo-libérale des communs.

    par Christophe Masutti , le 25 juin

    numérique , souveraineté , commun

    Alors que la souveraineté numérique est de plus en plus associée au potentiel du logiciel libre ou open source, les multinationales et leurs plateformes ont réussi à marginaliser les alternatives communautaires, voire à en épuiser les ressources, avec la complaisance de l’État.

    #Christophe_Masutti #Communs_numériques #Etat_communs

  • #Wikipédia, #démocratie_rhétorique

    Depuis quelques années, des discussions ont lieu dans la version francophone de Wikipédia pour essayer d’aboutir à des conventions de styles relatives à la #transidentité, comme dans la version anglophone. Début 2024, un #sondage interne à Wikipédia a été ouvert à propos de la mention du nom de naissance pour les personnes trans. Ce sondage a suscité presque immédiatement la #polémique. L’affaire a été beaucoup discutée sur Mastodon et s’est retrouvée dans la presse.

    Jusque-là, mon rapport à Wikipédia était assez banal : consultation fréquente (plusieurs fois par semaines, voire par jour) mais pas de contribution. Il faut dire que j’avais retenu la leçon vécue par Marc Jahjah : il vaut mieux s’être bien renseigné sur le fonctionnement de Wikipédia avant de contribuer, car c’est rempli de patrouilleurs indélicats. Et pour présenter rapidement Wikipédia en cours, une compréhension de surface suffit.

    Arrive cette controverse sur le nom des personnes trans. Parce que je connais quelques universitaires impliqués dans les débats, j’ai commencé à parcourir les pages de discussion, par curiosité. Et parce qu’il est indispensable de se renseigner sur le fonctionnement de Wikipédia pour décoder ces discussions, notamment tous les sigles employés, je me suis mis à parcourir toutes les pages qui décrivent le projet Wikipédia, notamment sa hiérarchie des #normes (#principes_fondateurs, #règles et #recommandations).

    Dans la foulée, quelques personnes ont publié des analyses : « contradiction entre volonté de #transparence et d’#entre-soi »  ; « désillusion de l’#intelligence_collective »… c’est là que les roues se sont mises à tourner à toute vitesse dans ma tête.

    Attention : ce qui suit, ce sont mes élucubrations personnelles. Si je les partage, c’est parce qu’elle ne recoupent pas ce que j’ai pu lire ailleurs. Coïncidence, ces jours-ci sort un livre de Sana Boussetat intitulé La formule Wikipédia . Je vois dans la table des matières que quelques pages portent sur le débat participatif et la gestion des conflits, il va en être question dans ce billet… En m’exprimant sur un sujet qui n’est pas ma spécialité, je risque un peu la sortie de piste, donc je préfère le signaler dès ici. Si besoin, je mettrai mon billet à jour.

    #Communs

    Wikipédia fait partie des #biens_communs, plus spécifiquement de la catégorie des #biens_communs_informationnels, ou #communs_de_la_connaissance. Quand on parle de « #communs » tout court, on entend généralement des espaces « collectivement construits et administrés ».

    Wikipédia fait le pari de l’intelligence collective. Or Tam Kien Duong résume justement la controverse actuelle comme une « désillusion de l’intelligence collective ». Pour qu’il y ait #désillusion, il faut qu’il y ait illusion. Alors voici une hypothèse : on a pensé que les communs de la connaissance seraient vertueux par essence.

    #Utopie :

    « Le fruit des rencontres entre les biens et les personnes peut être aussi bien positif que négatif ou quelque part entre les deux. Dans l’arène intellectuelle, le concept des biens communs est souvent brandi comme un étendard synonyme de liberté d’expression, d’accès libre et universel, et d’autogestion […] Cela peut être constructif, d’ailleurs cela donne souvent de l’élan aux actions collectives autour des communs. Mais un commun n’est pas chargé de valeurs. Son impact peut être bon ou mauvais, durable ou non ».

    Les effets produits par les communs de la connaissance dépendent donc de la manière dont ils sont collectivement construits et administrés.

    Comme pour chaque autre catégorie de biens communs, concevoir des communs de la connaissance implique des difficultés spécifiques. Et dans le cas de Wikipédia, il y en a une qui s’est avérée particulièrement aiguë : la tension entre l’idée d’une encyclopédie qui doit être une source de savoir contrôlé, et le principe d’une encyclopédie ouverte, dont tout le monde peut parler, que tout le monde peut rejoindre.
    Démocratie

    Quand on utilise le nom « Wikipédia », on peut désigner l’encyclopédie mais aussi l’organisation qui produit cette encyclopédie. La nature de l’encyclopédie est clairement expliquée sur la page Wikipédia est une encyclopédie : c’est une collection d’articles qui présentent chacun une synthèse des connaissances sur un sujet. En revanche, la nature de l’organisation est un peu moins simple à appréhender.

    La page Principes fondateurs définit dans les grandes lignes « Wikipédia et les conditions de son élaboration ». Elle parle aussi d’un « projet collaboratif ». La page Ce que Wikipédia n’est pas mentionne une « communauté ». Pour mieux cerner cette organisation, il faut donc creuser. On découvrira progressivement que le fonctionnement de Wikipédia est organisé suivant une hiérarchie des normes :

    - principes fondateurs (fondement intangible)  ;
    - règles (issues d’une prise de décision, c’est-à-dire d’un vote)  ;
    - recommandations (élaborées par consensus)  ;
    - essais (propositions relatives au fonctionnement de l’encyclopédie).

    Comment qualifier ce fonctionnement  ? Démocratique  ? Bureaucratique  ? Si on en croit Wikipédia, ni l’un ni l’autre. D’abord, ce ne serait pas « un projet politique » :

    « La communauté s’est dotée de certaines règles, mais il ne faut pas perdre de vue qu’elles n’existent que pour le but auquel la communauté aspire : construire une encyclopédie de qualité. Par extension, Wikipédia n’est ni une démocratie, ni une dictature, ni une anarchie, ou toute autre tentative de réalisation d’un projet politique quelconque. »

    Ce passage a de quoi étonner. Le terme « démocratie » est ramené à une définition historique – « tentative de réalisation d’un projet politique » –, ce qui permet d’affirmer ensuite que Wikipédia ne correspond pas à la définition. Or cette dernière est contestable. On peut arguer du fait que la démocratie n’est pas un processus historique mais sociologique : Raymond Aron par exemple définit la démocratie comme l’organisation pacifique de la compétition pour le pouvoir, et cela s’applique très bien à Wikipédia.

    #Consensus

    Wikipédia a donc un fonctionnement démocratique, que Dominique Cardon résume ainsi : « Wikipédia possède une sorte de Constitution, dont les principes, les règles et les recommandations permettent de trancher en cas de litige ». Concrètement, il y a du vote à certains niveaux mais pas partout : le mécanisme central est en fait le consensus. Celui-ci repose sur les règles suivantes :

    - il y a toujours un consensus pré-établi, qu’il soit tacite ou manifeste  ;
    – si vous voulez modifier quelque chose, « cherchez une modification judicieuse mariant les idées de chacun »  ;
    – si vous êtes en désaccord, « trouvez un compromis »  ;
    – si le désaccord persiste, on revient au consensus précédent.

    Le consensus est un processus dialectique : on exprime des avis  ; on interprète l’ensemble de ces avis  ; on exprime des accords ou désaccords à propos de cette interprétation. Or ce processus n’a qu’un ensemble limité de règles, qui se concentrent sur la mise en forme, la politesse et la traçabilité. Il n’y a pas de règlement politique du consensus. Et pour moi, une dialectique sans règles politiques dégénère immédiatement en rhétorique.
    Bureaucratie

    Wikipédia est parfois qualifiée de bureaucratie. L’encyclopédie elle-même affirme ressembler à une bureaucratie mais ne pas en être une :

    « Bien que Wikipédia rassemble de nombreux éléments d’une bureaucratie, elle n’est pas régie par les lois : ce n’est pas un organisme quasi-judiciaire, et les règles ne sont pas le but final de la communauté. Bien que certaines règles puissent être appliquées, les règles écrites ne fixent pas l’usage accepté. Elles se contentent plutôt de documenter les consensus communautaires existants concernant ce qui doit être accepté et ce qui doit être rejeté. »

    On retrouve le même problème qu’avec « démocratie » : le terme est défini de manière très spécifique pour pouvoir dire ensuite que Wikipédia ne correspond pas à la définition. Pour moi, l’affirmation ci-dessus ne permet pas de dire que Wikipédia n’est pas une bureaucratie, circulez, y’a rien à voir. Tout ce qu’elle fait, c’est déplacer le centre de gravité du fonctionnement bureaucratique vers le consensus, qui est un processus tout à fait formalisé – il est même représenté sous la forme d’un schéma décisionnel.

    Sachant qu’on revient toujours au consensus précédent si un nouveau consensus ne peut pas être trouvé, le système tend au statu quo, en raison d’un paradoxe empirique : un consensus peut s’obtenir très facilement (soit parce qu’il est tacite, soit parce qu’il est produit par une toute petite poignée de contributeurs) mais un nouveau consensus peut être très difficile à obtenir, parce qu’il implique un dilemme social (la remise en question d’un consensus) et que le dépassement de ce dilemme génère une friction énorme.

    En effet, et contrairement à l’un des principes essentiels de conception des communs – créer des mécanismes de résolution des conflits dont le coût soit peu élevé –, l’élaboration du consensus sur Wikipédia contient plusieurs sources de frictions majeures.

    Il y a d’abord ce parasitage de la dialectique par la rhétorique, que j’ai évoqué un peu plus tôt. Certaines personnes le dénoncent parfois, en accusant des contributeurs favorables au statu quo d’étirer les discussions à dessein pour épuiser leurs contradicteurs, qui finissent par jeter l’éponge. Selon moi, Wikipédia souffre ici d’un déficit de régulation. Dans l’espace public politique, il n’y a pas que les suffrages qui soient réglementés : la parole l’est aussi. Ce n’est pas pour rien que l’Assemblée nationale fonctionne avec des temps de parole et un agenda. Une discussion sans limite de temps ou de signes, sans contrainte basée sur la représentativité des interlocuteurs, c’est une discussion qui favorise naturellement les esprits procéduriers et vétilleux.

    Il y a ensuite l’effet « aiguille dans une botte de foin » : un sujet passe facilement sous les radars, du fait de l’immensité de l’encyclopédie. Les personnes qui pourraient y contribuer utilement ne sont donc pas forcément au courant, malgré des mécanismes comme le Bistro – la page d’actualités quotidienne de Wikipédia en français.

    Autre source de frictions, la prime à l’ancienneté : considérer que ceux qui contribuent suffisamment et régulièrement à Wikipédia sont plus légitimes que les autres pour décider de son fonctionnement. Cette idée a un versant positif, aligné avec la notion de biens communs en général : les communs doivent être administrés par la communauté concernée. Mais elle a aussi un versant négatif, quand on conçoit cette communauté comme structurée en cercles concentriques hermétiques. Pour réduire la tension entre l’envie d’ouvrir l’encyclopédie et la nécessité de protéger son fonctionnement interne, les contributeurs utilisent par exemple des critères de participation aux sondages (nombre de contributions total, nombre de contributions récentes). Ceci permet de se protéger de manœuvres visant à détourner le projet encyclopédique en faveur d’intérêts particuliers. Mais cela empêche aussi des groupes de voir leurs intérêts représentés dans le processus, ce qui les repousse vers des mécanismes externes de résolution des conflits, comme les systèmes médiatique et judiciaire.

    Certaines recommandations de Wikipédia comme Ne mordez pas les nouveaux visent à éviter la discrimination envers les novices  ; j’ai mentionné en introduction le cas de Marc Jahjah, eh bien le contributeur qui l’avait si mal accueilli a été sanctionné. La prime à l’ancienneté est une forme plus subtile de cette même logique, qui permet paradoxalement de reconstituer des enclosures à l’intérieur du bien commun.

    Ces différents phénomènes compliquent la résolution des conflits les plus difficiles. Et à cela viennent s’ajouter deux notions qui m’ont l’air de causer beaucoup de problèmes : la neutralité et la bonne foi.

    #Neutralité

    L’un des #Principes_fondateurs de Wikipédia est la Neutralité de point de vue. Il ne s’agit pas de faire émerger un « point de vue neutre » mais de restituer la pluralité des points de vue de manière neutre, c’est-à-dire de manière équitable, en contextualisant les différents points de vue, et en citant des sources.

    La neutralité pose des difficultés car son sens dérive vite. Sur la page de discussion du fameux sondage, on peut lire plusieurs commentaires qui opposent « la communauté Wikipédia » à des « communautés militantes », qui ne seraient pas « neutres ». C’est oublier que la neutralité de Wikipédia n’est pas la recherche d’un point de vue neutre mais d’une pluralité de points de vue. C’est surtout croire qu’il existerait une séparation magique entre une communauté Wikipédia qui serait non militante et des communautés extérieures militantes.

    Militer consiste à « agir pour faire reconnaître et triompher ses idées » (source : TLF). Sachant que la frontière qui séparerait Wikipédia du reste de la société n’existe en fait pas, il est inévitable que des personnes militantes s’impliquent sur Wikipédia. Si une personne militante agit en opposition au principe de neutralité, par exemple en effaçant les idées contraires aux siennes, ses modifications (qui peuvent s’apparenter à du vandalisme) seront retoquées. Mais si elle respecte les règles de Wikipédia, par exemple en faisant représenter ses idées aux côtés d’idées antagonistes, alors son militantisme n’est pas un danger pour Wikipédia. De fait, nombre de contributeurs sur Wikipédia sont « militants » de quelque chose et l’encyclopédie s’en porte très bien.

    Qualifier les militants de « non neutres », c’est donc confondre les actions concrètes de personnes militantes et leurs objectifs supposés, c’est-à-dire leur faire un procès d’intention. Et c’est ici qu’intervient l’hypocrisie de la « bonne foi ».

    #Bonne_foi

    Supposez la bonne foi est une recommandation importante dans Wikipédia. Elle implique deux choses :

    « Quand vous pouvez supposer raisonnablement qu’une erreur faite par quelqu’un est née d’une bonne intention pour atteindre les objectifs du projet, corrigez-la sans la critiquer. »

    « Quand vous n’êtes pas d’accord avec quelqu’un, rappelez-vous qu’il est probable qu’il souhaite et croit sincèrement contribuer à Wikipédia. »

    La bonne foi est ainsi définie comme le souhait sincère de faire progresser l’encyclopédie, de ne pas la dégrader ni lui nuire. En d’autres termes, cela consiste à respecter les principes fondateurs, et notamment le deuxième – la neutralité de point de vue.

    Que la bonne foi existe chez certains, c’est une certitude. En revanche, la présomption systématique de bonne foi me semble constituer un principe naïf, ce que Frédéric Lordon appellerait une « anthropologie enchantée ». Présumer la bonne foi n’implique pas que les gens soient réellement de bonne foi. Et au risque d’enfoncer des portes ouvertes, rien ne permet de présumer que la communauté Wikipédia est constituée exclusivement de gens parfaitement informés et toujours bienveillants : tout indique au contraire qu’elle peut être un haut lieu d’ignorance et d’intolérance, et qu’en cela elle s’inscrit malheureusement assez bien dans l’histoire de l’encyclopédisme et de l’organisation des connaissances.

    Dans la discussion à propos du fameux sondage, il y a quelques personnes qui me semblent d’une mauvaise foi crasse, évidente, assumée  ; des personnes dont tout le monde peut voir qu’elles utilisent sciemment les règles pour orienter le cours des choses dans le sens qu’elles veulent. « Mais non, pensez-vous, je ne fais que m’en tenir aux principes de notre encyclopédie. » Il suffit de lire leur page utilisateur pour découvrir une adhésion revendiquée à des écoles de pensée et des familles idéologiques. L’hypocrisie dont je parlais est là : dire qu’il faut présumer de la bonne foi, se récrier face à toute accusation de parti pris idéologique, et faire des procès d’intention à ceux qui s’opposent à nous.

    Cela va donc sembler un peu violent, surtout pour les personnes attachées à ce principe, mais je crois que la présomption de bonne foi est à la fois une friction et une fiction. C’est un piètre paravent, qui empêche de forcer tout un chacun à jouer cartes sur table dans la résolution des conflits. Elle grippe l’élaboration du consensus. Elle aiguise la duplicité de ceux qui masquent leurs intentions tout en dénonçant celles des autres. Elle permet à certains de jouir d’un pouvoir légitimé par des règles qu’il est très difficile de faire évoluer, par inertie ou effet de majorité  ; des gens qui feront tout pour écœurer les personnes opposées à la reconduction de l’existant, et qui n’hésiteront pas à affirmer ensuite que ce sont ces opposants qui ont déserté (comme on peut le lire dans le Bistro du 6 mars).

    À ce stade de l’écriture, je fais une pause pour boire un verre d’eau et me calmer un peu afin de finir sur une note un peu plus maîtrisée. Pas simple car en lisant des pages de discussion Wikipédia, on attrape vite un syndrôme d’exaspération par procuration.

    #Information

    Suite au sondage, la controverse a fait tache d’huile et atteint désormais de nombreuses pages de discussion, comme celle d’Elliot Page, Chelsea Manning ou encore Laverne Cox. Certaines personnes questionnent le choix des informations données, leur forme, leur place. D’autres résistent, avec plus ou moins de… bonne foi.

    Le désaccord porte sur la tension entre la volonté d’informer et celle de « ne pas nuire », cette dernière faisant partie des recommandations de Wikipédia concernant les Biographies de personnes vivantes. J’ai dit que Wikipédia est une encyclopédie et une organisation, il manquait donc un troisème élément : le lectorat. C’est essentiel car la controverse porte sur l’acte d’informer, qui est la fonction de l’encyclopédie. La neutralité de point de vue, par exemple, est pensée non pas pour elle-même mais pour le bénéfice des lecteurs.

    Or, et c’est une autre difficulté intrinsèque à l’usage du mot « neutralité », certains sur Wikipédia croient qu’il est possible d’informer de manière neutre. Il y aurait une équivalence entre respecter la pluralité des points de vue et informer le lectorat de façon neutre. Voilà qui sonne à mes oreilles comme une résurgence du modèle de la communication chez Shannon : un tuyau qu’on optimise jusqu’à ce que le bruit disparaisse. C’est impossible : informer/s’informer, c’est un processus communicationnel qui implique réception et feedback. C’est toujours situé, toujours soumis à diverses subjectivités, toujours parasité – jamais neutre.

    Si je devais le dire avec d’autres concepts d’info-com, je dirais qu’il y a une poussée ces jours-ci sur Wikipédia pour tenir compte de l’expérience informationnelle des personnes documentées dans l’encyclopédie. C’est un rejet de la tyrannie de la majorité, version encyclopédique. Et je dirais aussi que cela relève d’une chose plus générale : la volonté de tenir compte des valeurs portées par les processus/systèmes d’organisation des connaissances et des effets qu’ils produisent – ce que Birger Hjørland appelle une épistémologie « pragmatique » de l’organisation des connaissances. C’est ce courant de pensée qui produit aujourd’hui des recherches sur l’invisibilisation de certains groupes sociaux dans les archives et les encyclopédies, par exemple.

    #Universalisme

    Dans le fonctionnement de Wikipédia, les dilemmes sociaux qui ne peuvent être tranchés débouchent sur des compromis. Il n’y a pas d’autre issue au dissensus que le consensus. Pourquoi  ? Parce que Wikipédia est conçu pour afficher toujours le même contenu pour chaque lecteur.

    Dans un article de Wikipédia, on peut lire deux sections qui présentent des idées contradictoires. Mais on ne peut pas lire deux articles différents sur le même sujet, qui développent chacun leur lecture de ces contradictions. C’est le principal grief envers Wikipédia de mon co-directeur de thèse, l’historien Bertrand Müller, qui travaille sur le développement d’encyclopédies documentaires numériques capables de représenter le dissensus d’une autre manière. C’est en discutant de ce genre de chose que je me suis mis à faire des fiches de la forme « Concept (Auteur) » pour documenter des variantes de concepts par auteurs, et qu’à la fin on s’est retrouvés avec Cosma.

    Dans un article de Wikipédia, on peut lire qu’une personne stylise son nom d’une certaine manière, tout en minuscules par exemple. Mais on ne peut pas cocher une option qui permette d’afficher l’article dans cette convention de style. Il en résulte des bizarreries : on a un article « bell hooks » mais un article « Danah Boyd ».

    Dans un article de Wikipédia, on peut lire qu’une personne souffre de voir certaines informations divulguées, comme un nom de naissance. Mais on ne peut pas lire une version de cet article où ce nom est caché par défaut. Cela ne concerne pas que des personnes ayant fait une transition mais aussi des artistes dont le nom d’origine fuite et se retrouve relayé par Wikipédia (j’ai un exemple en tête mais par politesse je ne le citerai pas).

    Bref, Wikipédia est à la fois très innovante et pas innovante du tout. En tant qu’organisation éditoriale, c’est une nouveauté (et une réussite) indéniable. Le modèle encyclopédique, lui, est beaucoup plus classique, surtout au regard de ce qu’on pourrait faire avec le Web, les ontologies, le balisage sémantique… À quand Wikipédia multiformats  ?

    –-

    Pour clore ce billet bien trop long, je tiens à exprimer un petit message de soutien (sans les nommer) aux collègues qui s’investissent dans Wikipédia. Ils et elles se reconnaîtront. J’admire leur courage et leur patience. Si j’ai qualifié Wikipédia de démocratie rhétorique, disserté sur l’illusion de la présomption de bonne foi et les confusions autour de la neutralité, imaginé des rebonds parmi les concepts de ma discipline, eh bien c’est d’abord parce qu’il y a des collègues qui travaillent dur en première ligne et qui font connaître leurs efforts. Alors on s’y intéresse, on découvre de nouvelles choses, on élabore ses propres idées. Mais surtout l’enjeu c’est de propager l’idée centrale des communs : l’auto-organisation des personnes concernées. Au-delà des éléments précis abordés dans ce billet, c’est surtout cette idée-là qui me semble importante et intéressante.
    Bibliographie
    Bruce, Davis, Hughes, Partridge et Stoodley (dir.). Information experience : approaches to theory and practice. Emerald, 2014. 978-1-78350-815-0.
    Buckland, Michael. « Information as thing ». Journal of the American Society for Information Science. 1991, Vol. 42, n° 5, p. 351‑360. https://doi.org/10.1002/(SICI)1097-4571(199106)42:5<351::AID-ASI5>3.0.CO;2-3.
    Cardon, Dominique. Culture numérique. Presses de Sciences Po, 2019. Les petites humanités. 978-2-7246-2365-9.
    Gorichanaz, Tim. « Information and experience, a dialogue ». Journal of Documentation. 2017, Vol. 73, n° 3, p. 500‑508. https://doi.org/10.1108/JD-09-2016-0114.
    Hess et Ostrom (dir.). Understanding knowledge as a commons : from theory to practice. MIT Press, 2007. 978-0-262-08357-7.
    Hjørland, Birger. « Classification ». Knowledge Organization. 2017, Vol. 44, n° 2, p. 97‑128. https://doi.org/10.5771/0943-7444-2017-2-97.
    Lévy, Pierre. L’intelligence collective : pour une anthropologie du cyberspace. La Découverte, 1997. 978-2-7071-2693-1.
    Merzeau, Louise. « De la communication aux communs ». InterCDI. 2016, n° 261, p. 29‑30. http://www.intercdi.org/de-la-communication-aux-communs.
    Shannon, Claude E. « A Mathematical Theory of Communication ». Bell System Technical Journal. 1948, Vol. 27, n° 3, p. 379‑423. https://doi.org/10.1002/j.1538-7305.1948.tb01338.x.
    Wiener, Norbert. Cybernétique et société : l’usage humain des êtres humains. Trad. par Ronan Le Roux et Pierre Yves Mistoulon. Seuil, 2014 [1954]. 978-2-7578-4278-2.
    Wiener, Norbert. La cybernétique : information et régulation dans le vivant et la machine. Trad. par Ronan Le Roux, Robert Vallée et Nicole Vallée-Levi. Éditions du Seuil, 2014 [1948]. 978-2-02-109420-6.

    https://www.arthurperret.fr/blog/2024-03-08-wikipedia-democratie-rhetorique.html

    • #Sana_Boussetat, La Formule Wikipédia

      À l’heure où Wikipédia est entrée dans sa deuxième décennie et où les générations nées après les années 2000 n’auront pas connu d’avant Wikipédia, cet ouvrage propose de revenir sur l’œuvre qui est parvenue à dépoussiérer la norme et les usages bien pensés d’une tradition séculaire. Désormais, il est indéniable que l’avènement de Wikipédia a permis de franchir un cap vers une ère nouvelle où la connaissance et l’information ne s’écrivent plus exclusivement entre experts mais par le concours de rédacteurs bénévoles. Bouleversante, Wikipédia a osé modifier notre façon de rechercher la connaissance et, plus généralement, notre rapport au savoir. Mais sait-on vraiment ce qui se cache derrière un principe en apparence simple, celui d’une encyclopédie publiée sous licence libre et gratuite ? D’où nous vient ce concept hors norme ? Quels sont les fondements qui le régissent ? Comment s’organisent ses activités ? À quels rôles et quels moyens peut-on prétendre en rejoignant la communauté des wikipédiens ?

      Pensé comme un guide, cet ouvrage propose de revenir sur cette formule pionnière pour en offrir une description détaillée et un décryptage précis. Une entreprise indépendante dont l’unique but est d’aider le lecteur à appréhender un outil déjà bien installé dans les habitudes d’un grand nombre d’entre nous et qui façonne au quotidien notre information et notre connaissance du monde.

      https://www.fabula.org/actualites/119359/sana-boussetat-la-formule-wikipedia.html
      #livre

  • Ivan Illich, Le silence comme bien commun, 1981 – Et vous n’avez encore rien vu…
    https://sniadecki.wordpress.com/2024/02/18/illich-silence-fr

    La gestion électronique d’un problème politique peut être envisagée de multiples façons. Je propose, comme introduction à cette consultation publique, d’approcher cette question sous l’angle de l’écologie politique. L’écologie, au cours des dix dernières années, a acquis une nouvelle signification. Il s’agit encore du nom d’une branche particulière de la biologie professionnelle, mais le terme sert à présent de plus en plus de label au nom duquel un large public politiquement organisé analyse et influence les décisions techniques. Je veux me concentrer sur les nouveaux appareils électroniques comme représentant un changement technique dans l’environnement humain qui, même encore bénin, doit rester sous contrôle politique (et pas uniquement celui des experts).

    […]

    Au cours des treize minutes qu’il me reste à cette tribune, je vais m’attacher à clarifier une distinction que je crois fondamentale pour l’écologie politique. Je vais distinguer l’environnement comme bien commun de l’environnement comme ressource.

    […]

    Leur première réaction est de penser à l’apparition d’un nouvel ordre capitaliste. Confrontés à cette douloureuse nouveauté, ils oublient que le mouvement des enclosures signifie également quelque chose de plus simple. L’enclosure des communaux instaure un nouvel ordre écologique : l’enclosure n’a pas seulement pour effet de transférer physiquement aux riches propriétaires le contrôle des pâturages. L’enclosure marque un changement radical dans les attitudes de la société face à l’environnement. Auparavant, dans n’importe quel système juridique, une grande partie de l’environnement était considérée comme faisant partie des communaux desquels une majorité de gens tiraient une large part de leur subsistance sans devoir recourir au marché. Après l’avènement de l’enclosure, l’environnement devint en première instance une ressource au service des « entreprises » lesquelles, en développant une main-d’œuvre salariée, ont transformé la nature en biens et services dont dépendent la satisfaction des besoins essentiels des consommateurs. Cette transformation est l’angle mort de l’économie politique.

    #communs #commons #bien_commun #Ivan_Illich #subsistance

  • #Des_Livres_en_Communs lance son appel à publication 2024
    https://framablog.org/2024/02/09/des-livres-en-communs-lance-son-appel-a-publication-2024

    Rappelez-vous, il y a deux ans (déjà !) nous vous avions annoncé le lancement de notre maison d’édition version 2 qui succède à Framabook. #des_livres_en_communs avait alors lancé deux propositions : un modèle alternatif radical (et anticapitaliste) à l’édition, … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Commun #DLeC #édition #licence_libre #Livre #Projet

  • Les nouvelles du samedi 20:42
    https://framablog.org/2024/01/27/les-nouvelles-du-samedi-2042

    Pour achever cette semaine, deux nouvelles de 2042 concoctées avec amour par les participant⋅es des ateliers #solarpunk #UPLOAD de l’Université Technologique de #Compiègne (UTC). En 2042, on rénove et on en profite pour faire autrement, que ce soit à la … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Enjeux_du_numérique #UPLOAD #Agriculture #amiante #atelier #bâtiment_passif #briques #désamiantage #durabilité #écriture #empreinte_carbone #éolien #ferme #fromage #hangar #high-tech #LowTech #nouvelle #PMR #rénovation #solaire #Solarpunk #urbanisme_durable #UTC

  • La #nouvelle du jeudi 20:42
    https://framablog.org/2024/01/25/la-nouvelle-du-jeudi-2042

    Chaque jour de cette semaine, à 20:42, une nouvelle de 2042 concoctée avec amour par les participant⋅es des ateliers #solarpunk #UPLOAD de l’Université Technologique de #Compiègne (UTC). Aujourd’hui, sous le regard étonné des enfants de 2042, une exposition sur Compiègne … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Enjeux_du_numérique #UPLOAD #atelier #Democratie #écriture #indices #LowTech #oligarchie #PIB #Politique #représentation #RIP #Sante #soin #Solarpunk #UTC #Voitures