• Ovni, Extraterrestre et la ZAD Intergalactique : Dossier Secret
    https://www.youtube.com/watch?v=tZcbBZENCR0

    Comment durer par-delà les victoires ? Comment un mouvement se recompose-t-il une fois ses objectifs atteints ? Un territoire en lutte peut-il disparaître ? Telles sont les questions auxquelles nous avons à faire face ces derniers mois, et force est de reconnaître que les réponses manquent de clarté. Peut-être vivons-nous une situation inédite, ou peut-être encore que c’est en ouvrant nos perspectives au-delà des frontières et des époques que l’on peut entrevoir des pistes. Quand on ne sait pas, on demande aux autres ! Ou plutôt, on se demande avec les autres.

    Ces autres, ce seront les invités de la semaine intergalactique qui se déroulera à la zad du 27 août au 2 septembre programme ici. Pour la seconde année, en effet, les vertes pâtures sauvées de l’aéroport verront converger la foule internationale des artisans de la résistance. Nous pourrons y croiser entre autres les habitants des quartiers de Christiania à Copenhague, d’Errekaleor à Gasteiz, des Lentillères à Dijon, les camarades allemandes du Wentland ou les Italiens du Val Susa... Nous avons donc proposé à ces territoires en bataille - d’une taille relativement similaire à celle de la zad – de réfléchir ensemble à ces questions qui nous habitent.

    Ces rencontres se dérouleront à l’Ambazada, près du carrefour de la Saulce. Ce sera l’occasion d’inaugurer cette « base des luttes et des peuples insoumis du monde entier ». En effet, durant tout le mois d’août, la majeure partie des finitions des bâtiments devrait être réalisée : enduits et dalle en terre, pose des huisseries et installation électrique. Comme depuis l’origine du projet, des « brigades » du Pays basque viendront mettre la main à la pâte. Ce sera un véritable accomplissement pour la superbe solidarité qui lie désormais l’Euskal Herria à la zad. Une solidarité qui ne se paie pas de mots, puisqu’aussi vrai qu’ils étaient à nos côtés lors des expulsions du printemps, nous serons aux leurs lors du G7 prévu à Biarritz l’an prochain.

    https://zad.nadir.org/spip.php?article5975

    #ZAD #NDDL #autonomie #communs #extraterrestre

  • L’Atelier Paysan : un bilan impressionnant, une croissance exponentielle, et toujours autant de projets - P2P Foundation France
    http://blogfr.p2pfoundation.net/2018/07/22/latelier-paysan-un-bilan-impressionnant-une-croissance-exponen

    Depuis 2009, ce collectif de paysan⋅ne⋅s, de salarié⋅e⋅s et de structures citoyennes et du développement agricole développe une démarche innovante de réappropriation de savoirs paysans et d’autonomisation dans le domaine des agroéquipements adaptés à l’agriculture biologique.
    Fabrice CLERC est co-gérant de l’Atelier Paysan. Il a bien voulu répondre aux questions de Michel Bauwens pour faire le point sur le développement du collectif et sur ses projets.

    Un des nombreux thèmes que nous avons abordé via ce projet est celui de la transformation alimentaire. Celle-ci est aujourd’hui massivement industrialisée. Notre agro-industrie, basée sur une agriculture de flux, a centralisé la transformation alimentaire dans des usines. Progressivement, les technologies ont été adaptées à la transformation industrielle. Cela a entraîné un assèchement de la diversité des technologies de transformation à la ferme. Or cette transformation à la ferme est un enjeu important : celui de contribuer à un rapatriement de la valeur ajoutée sur les fermes, quand une partie significative des paysans en France vit sous le seuil de pauvreté. Une grande part de la richesse y compris gustative, organoleptique a disparu au profit de ces usines qui ont concentré les outils de production. De plus, les normes de production, d’hygiène ont été conçues et mises en place pour et par le monde industriel. Il y a un vaste enjeu à faire en sorte que les paysans puissent disposer à nouveau d’une gamme technologique simple, accessible d’un point de vue conception, et dont l’utilisation fait appel à un haut niveau de savoir-faire, au sensible, à l’expérience. Mieux vaut des cerveaux que des serveurs.

    Plus d’un millier de bâtiments/technologies/machines sont recensés et partagés sur notre site internet et dans notre forum. Sur cet aspect documentaire, encyclopédique, la stratégie logique est d’aller de plus en plus vers une complétude sur le plan technologique de l’ensemble des systèmes de production. Exemple : brasserie paysanne, boulange paysanne (avec des documents complets pour accompagner le cheminement des projets de A à Z). L’idée est de développer une cohérence et une autonomie des communautés paysannes sur l’ensemble des processus techniques, technologiques. Il est dommage par exemple de produire du blé de qualité puis de l’envoyer dans une minoterie où il sera mélangé avec d’autres grains industriels.

    Nous voulons aussi participer à faire émerger une véritable contre-expertise paysanne, critique des technologies agricoles. C’est un des enjeux du programme de recherche qui sera lancé à l’automne prochain autour de la vaste question de l’Économie de la machine agricole en France. Ce travail passera par la mise en place de travaux d’enquête de paysans citoyens pour comprendre les déterminismes des choix en matière d’agro-équipements.

    Dans les prochains mois, nous développerons une méthodologie d’accompagnement à la restructuration des friches agro-industrielles. Il y a un gros phénomène de renouvellement des populations paysannes, avec de nombreuses personnes qui ont envie de s’investir, et partant de l’existant, reprennent les grandes infrastructures agricoles désormais anachroniques pour en faire autre chose.

    #Communs #Atelier_Paysan

  • ’Flint Is the Urban Crisis of the Century’: A Conversation With Anna Clark - Pacific Standard
    https://psmag.com/environment/flint-is-the-urban-crisis-of-the-century

    By now, Americans are generally familiar with the long-term disaster in Flint, Michigan, where lead in the drinking water highlights our nation’s failing infrastructure and the inadequacies of government’s current response to public-health crises. But to see Flint’s crisis fully, one must understand what Michigan resident and journalist Anna Clark calls “the American urban tragedy”—the history of segregation that has been built into the architecture of America’s cities for centuries. In her new book, The Poisoned City: Flint’s Water and the American Urban Tragedy, Clark digs deep into our nation’s industrial past to tell the story of Flint’s water alongside the story of our collective urban tragedy.

    From Flint’s genesis as a functionally segregated auto manufacturing center, to the “white flight” inspired by desegregation in the 1960s, to the near vacancy of the city after General Motors auto plant closures in the 1990s, Clark details Flint’s rise and fall, and how its story is embodied in the lead that turned up in the water in 2014. When Michigan brought in an emergency manager to oversee the disastrous switch from treated water piped in via Lake Huron, to poorly treated water pumped from the notorious Flint River (all through pipes that hadn’t been used for decades), corrosive waterborne material came to poison the city’s citizens. But it was the poorer communities and communities of color that were disproportionately affected, and it’s these same communities where justice has taken the longest to prevail.

    When we talk about cities, we are talking about people. For all the high-pitched coverage of Flint, sometimes the human stories—in all their range and contradictions and depth and beauty—have been lost in the noise. For decades this city has been made invisible and its voices dismissed. Nonetheless, the residents have continually shown up, worked together, shared knowledge, and advocated in every way they could imagine. They weren’t victims waiting to be rescued by someone else; they were agents of their own lives. I wanted not just to tell that story, but to show it.

    Flint has a lot to teach the nation about the value of community organizing. No one single person has all the answers, nor should he have all the power. This is why transparency laws, strong independent journalism, clear environmental regulations, robust public institutions, and empowered community engagement are meaningful checks against corruption.

    #Flint #Environnement #Eau_potable #Communs_urbains

  • Au-delà du numérique, un avenir en commun | Solidarum
    http://www.solidarum.org/au-dela-du-numerique-avenir-en-commun

    Le big data, c’est-à-dire l’analyse et le traitement de données massives en quasi temps réel, les réseaux sociaux, les plateformes collaboratives et plus largement les outils et applications numériques seraient-ils plutôt un problème ou une chance pour les enjeux de solidarité de nos sociétés mondialisées ? Les citoyens ont-ils les moyens, en s’appropriant les nouvelles technologies, d’être acteurs de la ville de demain ? Et de la rendre plus solidaire ? Les éclairages prospectifs de Valérie Peugeot, chercheuse aux Orange Labs, commissaire à la CNIL (Commission nationale informatique et libertés) et Présidente de l’association Vecam, qui travaille depuis une vingtaine d’années sur les enjeux de citoyenneté et de solidarité liés au numérique.

    #Communs #Culture_numérique

  • ARCH+: Inhalt » Projekte » An Atlas of Commoning » An Atlas of Commoning: English
    https://www.archplus.net/home/commoning/en/327,0,1,0.html

    Context

    Facebook, Airbnb and other companies, whose business models are based on the commer­cialization of social relationships, have transformed words like “community,” “sharing” or “us” into empty concepts­ that no longer represent solidarity or a progressive social agenda, but rather form the basis for an emerging platform capitalism. This economic development is accompanied by a global political shift fueled by traditional community notions of identity and affiliation, exclusion and discrimination.

    Against this background, the exhibition and publication project An Atlas of Commoning aims to recapture and redefine the open and emancipatory space of “us” as a concept. The project focuses on urban commons—here commons are to be understood as a set of practices dealing with the production and management of (material and immaterial) collective resources and spaces in gene­ral, rather than with the resources themselves, hence “commoning”, the verb, takes center stage.

    #Communs #Communs_urbains

  • Le Commun : la nouvelle alternative - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=I8ojfBD1diA

    Très riche présentation en une heure de la question des communs (et du commun). Des pratiques aux revendications instituantes.

    Le Commun est désormais le terme central de l’alternative au néolibéralisme. Les revendications autour du commun sont apparues dans le mouvement altermondialiste et écologique à la fin des années 90. Elles ont pris pour référence l’ancien terme de “commons ”, en cherchant à s’opposer à ce qui était perçu comme une “nouvelle vague d’enclosures ”. Commun est aussi le terme de référence d’une intense réflexion théorique et de nombreux travaux empiriques, à l’initiative d’Elinor Ostrom, portant sur la gestion des ressources collectives. Com- mun est en ce sens le nom d’une résistance à l’appropriation capitaliste et étatique et d’une recherche pratique de nouvelles formes d’autogouvernement. C’est cette donne nouvelle, ce moment singulier, que Christian Laval, professeur de sociologie à l’université Paris Ouest Nanterre la Défense, nous propose d’analyser.

    #Communs #Christian_Laval #Conférence

  • Notion à la une : les communs — Géoconfluences
    http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une/notion-a-la-une/communs

    En Italie, l’un des foyers les plus actifs autour de l’élaboration sur les communs, la notion de biens communs (beni comuni) élaborée par la Commissione Rodotà[7], met en évidence qu’au-delà du sujet, public ou privé, titulaire d’un bien, l’important reste la fonction sociale qu’il peut réaliser et le lien d’affectation de certaines ressources à la réalisation des droits fondamentaux. Les biens communs sont ainsi définis comme les choses dont dépendent l’exercice des droits fondamentaux et le libre développement de la personne. Leur mise à l’écart du marché est préconisée en parallèle de leur ouverture à des formes de participation visant à favoriser d’une part l’accès et d’autre part le contrôle démocratique sur leur modèle de gestion en vue de leur préservation pour les générations futures.

    À partir de la définition de cette commission, de nombreux mouvements dénoncent alors les politiques néolibérales du gouvernement italien et promeuvent un référendum contre la privatisation des services publiques et des services de distribution d’eau. Près de 26 millions d’Italiens se prononcent en juin 2011 contre la privatisation et les années suivantes voient émerger des expériences de mise en commun partout dans la péninsule (Festa, 2017). Nous pouvons signaler : les Chartes municipales pour les biens communs urbains approuvées par beaucoup de municipalités afin de favoriser la collaboration des citoyens à la gestion de l’espace urbain ; certaines expériences locales telles qu’ABC (Acqua Bene Comune), organisme public à vocation participative pour la distribution de l’Eau à Naples ou le centre de production culturelle Ex Asilo Filangieri géré directement par la Communauté des travailleuses et travailleurs de l’immatériel (groupement informel de professionnels de l’art, de la culture et de la connaissance) dans un immeuble classé monument historique au cœur de la ville.

    Les communs se caractérisent ainsi par le lien étroit avec les fonctions collectivement reconnues à certaines choses et avec ces pratiques sociales capables d’agencer leur accès, leur partage et leur préservation pour les générations futures. Dans ce sens, le commun (au singulier) constituerait alors une praxis instituante en tant que processus politique qui engendre, organise et institue les différents communs (Dardot, Laval, 2014).

    Une fois dépassée une approche fondée sur la titularité d’un bien pour apprécier plutôt les fonctions et les institutions sociales, il faudra constater alors que même des lieux destinés à l’usage privé peuvent relever du commun car ils peuvent être gérés de manière auto-organisée et inclusive. Nous devrons alors distinguer des communs du point de vue purement interne pour leur attitude à favoriser le partage et la collaboration entre copropriétaires plutôt que la propriété individuelle (Ostrom, 1990), ce que peut également déterminer des effets d’injustice spatiale et de ségrégation à une échelle plus large (comme par exemple dans le cas des gated community par rapport à l’échelle urbaine) et des communs du point de vue aussi bien interne qu’externe. Dans ce dernier cas, des lieux de vie privée gérés collectivement participeraient à des finalités urbaines, écologiques et solidaires plus vastes comme certaines expériences d’habitats participatifs (Carriou, 2014 ; Denèfle, 2016), de Community Land Trust (typiquement aux États-Unis et en Angleterre et plus récemment en Belgique, Chatterton, 2015 ; Huron 2015) ou, des organismes de foncier solidaire (OFS, Loi ALUR, 2014, France) peuvent témoigner (voir encadré 3).

    Encadré 3. Communs urbains

    La géographie est de plus en plus concernée par la question des communs (Blomley, 2008, Chatterton, 2010 ; Soja, 2010 ; Harvey, 2012 ; Huron, 2015) car ces formes de vie et de production ont souvent un caractère territorial très fort ou au moins influencent la façon d’une communauté de concevoir ses propres processus de territorialisation (Di Méo, 1998 ; Turco, 2010). De plus, les théories des communs, en prenant en considération aussi bien la reproduction d’une communauté que la préservation d’une ressource pour des générations futures, ont l’ambition de s’inscrire dans la temporalité longue des relations entre une communauté et son milieu (Magnaghi, 2014, 2016).

    Espaces urbains, paysages et territoires sont en effet considérés comme des biens communs territoriaux (Blomley, 2008 ; Borch, Kornberger, 2015 ; Magnaghi, 2014, 2016 ; Turco, 2014). Choses inclassables à l’intérieur de la dichotomie public-privé, ils sont résolument inappropriables par leur destination à la jouissance collective et par leur constitution – à la fois matérielle et immatérielle – résultat du long processus d’adaptation et de co-production sociale (Di Méo, 1998, Turco, 2014).

    Les communs urbains en particulier peuvent être des biens ou des services, publics ou privés, leur caractère commun dépendant essentiellement des fonctions qu’ils peuvent remplir socialement et de l’action collective qui les investit en revendiquant leur prise en charge directe et leur mise en commun. Plusieurs types de communs urbains sont actuellement au centre des investigations théoriques : d’abord l’espace urbain dans sa généralité (Salzano, 2009 ; Susser, Tonnelat, 2013 ; Foster, Iaione, 2015, Marella, 2016) aussi bien que dans ses configurations intra-urbaines notamment les quartiers où la relation de réciprocité entre une communauté et la qualité de leurs espaces de proximité apparait plus étroite.

    Si les politiques d’aménagement prévoient traditionnellement la conformation de la propriété privée afin d’organiser l’espace dans l’intérêt collectif, cette capacité de médiation politique est souvent sacrifiée à une vision purement économique du foncier urbain. Envisager l’espace urbain en tant que commun signifie, dans le prolongement de luttes pour le droit à la ville, protéger la ville de toutes opérations publiques, privées ou plus souvent menées en partenariat publique-privé, qui détermine sa croissante marchandisation pour revendiquer sa destination collective.

    Des nombreuses recherches et expériences récentes considèrent comme des communs urbains les parcs, les jardins, les lieux en friche mais aussi les lieux de production culturelle (tels que les théâtres, les cinémas ainsi que les lieux informels de production culturelle) et sociale (les places, les lieux de rassemblement), les bibliothèques, le patrimoine culturel, artistique, scientifique, certaines infrastructures matérielles et immatérielles et certains services urbains, les données numériques, les logements sociaux. Même les déchets sont considérés comme des communs car résultant des interactions urbaines et, délaissés de tous intérêts propriétaires, ils peuvent néanmoins constituer des ressources cruciales pour les populations urbaines marginalisées.

    #Communs #Communs_urbains

  • La tragédie des communs était un mythe
    https://lejournal.cnrs.fr/billets/la-tragedie-des-communs-etait-un-mythe

    La propriété commune d’une ressource conduit nécessairement à la ruine de celle-ci, concluait en 1968 un biologiste dans la revue Science. Son article, « La tragédie des communs », a façonné les raisonnements économiques et politiques de ces dernières décennies. L’historien Fabien Locher nous expose les enjeux de ce débat et en souligne les limites dans le cadre d’une pensée de l’environnement.

    #communs #propriété_privée #économie #néolibéralisme

  • Engagement_atypique
    https://framablog.org/2018/06/30/engagement-atypique

    Une trajectoire hors du commun au bénéfice du bien commun : on aimerait bien qu’il y en ait beaucoup comme elle pour s’engager de façon aussi déterminée et compétente. Son parcours méritait bien une interview. Nous espérons entamer une série d’interviews … Lire la suite­­

    #Communs #Contributopia #Droits_numériques #Internet_et_société #Libertés_Numériques #Non_classé #ARCEP #Asso #Association #Bayart #FAI #Fédération #FFDN #Illyse #LGBT #Quadrature #Régulation #Télécoms

  • La tragédie des communs | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/tragedie-communs/00085162

    Un petit article de Denis Clerc et Orianne Lassus qui, malgré la candeur de la phrase de conclusion (les auteur·es semblent avoir oublié les dérives mercantiles de l’économie collaborative-solidaire-coopérative), a le mérite de faire connaître les thèses de Garrett Hardin(un biologiste) et la controverse que lui porte Elinor Ostrom, « la seule femme nobélisée en économie à ce jour ». Heureusement, la petite illustration est là pour nous rappeler qu’il ne faut pas confondre coopération et solidarité avec la marchandisation des #communs ...

    Parlez-vous l’éco ? La tragédie des communs
    Denis Clerc et Oriane Lassus
    22/06/2018

    Inutile d’aller chercher chez Racine. Les tragédies qu’il a écrites mettaient en scène des aristocrates ou des puissants plutôt que des gens du peuple, souvent dédaigneusement appelés alors (par la haute société) « le commun ». Les gens quelconques, pauvres et sans culture, dont il ne valait guère la peine de se soucier. Ces hommes « sans qualité » ont effectivement vécu une tragédie. Paysans sans terre, ils survivaient grâce à quelques animaux qui pouvaient brouter l’herbe des « communaux », ces terres seigneuriales mises en jachère une année sur trois.
    Surexploitation

    Bienfait ? Selon Garrett Hardin - un biologiste américain (1915-2003) -, ce libre accès incitait chaque paysan « à augmenter les effectifs de son troupeau de manière illimitée dans un monde qui est limité », en sorte que la pâture profite à ses bêtes plutôt qu’à celles du voisin. Le surpâturage finit par ruiner tout le monde, usagers et propriétaire. D’où les clôtures (enclosures) par la noblesse anglaise entre 1650 et 1800, qui y mit ses moutons à la place de ceux des sans-terre, priés d’aller se vendre à vil prix aux manufactures naissantes.

    Les économistes goûtaient avec délectation l’angélique musique « propriété privée et restriction d’usage = saine gestion » Twitter

    Toute ressource « commune » tend à être surexploitée, car nul n’a le pouvoir d’en limiter l’usage et chacun s’efforce d’en bénéficier le plus possible, concluait Hardin, dont l’article de cinq pages, publié en 1968, est devenu l’un des plus cités... pas par les biologistes, mais par les économistes, qui goûtaient avec délectation l’angélique musique « propriété privée et restriction d’usage = saine gestion ». Quand une ressource est limitée, elle est dilapidée si chacun peut se servir sans limite. On tente de refiler aux autres l’effort à fournir pour la sauvegarder : regardez la pêche en haute mer ou la réduction des émissions de gaz à effet de serre. C’est humain, non ?
    Une régulation spontanée

    Eh bien non ! Elinor Ostrom (1933-2012), la seule femme « nobélisée » en économie à ce jour, a contesté l’analyse d’Hardin, cette vision « d’individus impuissants pris dans un inexorable processus de destruction de leurs propres ressources ». Elle cite nombre de cas où la gestion de ressources limitées s’effectue avec la participation active (et dans l’intérêt) de chacun et contribue à faire accepter par tous des règles rarement transgressées, dès lors que des sanctions sont prévues. Prendre conscience d’un intérêt commun conduit à des comportements sociables et à un effort collectif. Pas contre les intérêts des parties prenantes, mais à leur bénéfice commun. L’économie peut ainsi parfois prendre des aspects sympathiques, lorsqu’elle privilégie la coopération plutôt que la loi du marché.

    • chaque paysan « à augmenter les effectifs de son troupeau de manière illimitée dans un monde qui est limité », en sorte que la pâture profite à ses bêtes plutôt qu’à celles du voisin. Le surpâturage finit par ruiner tout le monde, usagers et propriétaire.

      C’est la première fois que je lis une chose pareille à propos des enclosures, toujours lu qu’il s’agissait tout simplement de la privatisation des terres décidée par le parlement sous la pressions des bourgeois qui faisaient commerce juteux de la laine.

    • la pâture profite à ses bêtes plutôt qu’à celles du voisin. Le surpâturage finit par ruiner tout le monde etc et le cadastre ? moyen orient Rwanda afghanistan rajastan : profite au groupe assez fort pour affirmer son droit de pature , quitte à précipiter la désertification en attaquant les arbres pour la multiplication des bouffeurs de chèvres etc

  • Daniela Festa : « En Italie, un mouvement social a émergé autour des communs urbains »
    https://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2018/06/21/daniela-festa-en-italie-un-mouvement-social-a-emerge-autour-des-comm

    Quel a été le rôle de la commission Rodota dans l’émergence de cette question ?

    Elle a été centrale. Stefano Rodota [1933-2017] était un grand personnage de la culture juridique et politique italienne. En 2007, le gouvernement Prodi décida de lui confier la présidence d’une commission ministérielle chargée de rédiger un projet de loi pour la réforme des régimes des biens. Pour les juristes de cette commission, la question était la suivante : comment faire en sorte que les biens voués à satisfaire les besoins de la collectivité ne soient pas captés par le patrimoine privé, sans aucun retour pour la communauté ?

    La commission a décidé d’introduire, pour la première fois, la notion juridique de communs : des « biens qui comportent une utilité fonctionnelle pour l’exercice des droits fondamentaux et le libre développement de la personne ». Parmi eux figurent plusieurs ressources naturelles, des zones naturelles protégées, mais également des biens culturels. Ce projet n’a finalement pas eu de suite législative, mais il a fortement alimenté les débats et les actions citoyennes dans le pays.

    Autre rendez-vous politique important : le référendum de 2011 contre la privatisation de l’eau. Quelles forces ce succès a-t-il libérées ?

    Après cette victoire éclatante (57 % d’Italiens ont voté, et 95 % des votants se sont exprimés pour que l’eau reste publique), la question des communs a explosé en Italie. Tout le monde s’est mis à en débattre, dans les grandes villes comme dans les petites. Depuis, le pays est passé à autre chose, avec d’autres problèmes à régler.

    Mais ce moment n’en a pas moins donné naissance à plusieurs expériences importantes. A commencer par la charte de Bologne, un pacte élaboré en 2014 par un laboratoire de juristes et la municipalité, portant sur « la collaboration entre les citoyens et l’administration pour l’entretien et la régénération des biens communs urbains ».

    Quels sont les biens concernés par ce pacte ?

    Il s’agit en priorité de biens publics, matériels ou culturels, mais aussi éventuellement de biens privés s’il y a une volonté du propriétaire de les mettre à la disposition de la ville. Les citoyens peuvent se proposer eux-mêmes pour les prendre en charge, l’administration gardant un rôle de sélection et de régie. Ce pacte de collaboration entre la municipalité et les citoyens a progressivement été adopté par de nombreuses villes italiennes (environ 120 à ce jour), mais peu d’entre elles ont témoigné d’une volonté politique suffisante pour le rendre aussi effectif qu’à Bologne.

    Certaines villes n’en ont pas moins fait preuve d’originalité et ont réadapté cette charte à leur propre territoire. A Orvieto, par exemple, ville d’art et de culture, l’attention a été portée sur le patrimoine culturel. A Chieri (métropole de Turin), la charte a été rediscutée de manière à rendre plus égalitaire le rapport entre les institutions et les citoyens.

    A quelle critique ces chartes peuvent-elles donner lieu ?

    En promouvant l’engagement direct des citoyens autour des communs, ces initiatives peuvent être le symptôme d’une déresponsabilisation des institutions publiques. Celles-ci ne parvenant pas à assurer le maintien de patrimoines collectifs, elles s’appuieraient alors sur les citoyens, non pour promouvoir l’espace démocratique, mais pour s’en dégager.

    C’est un risque réel, dont il faut tenir compte. Car, dès lors qu’on parle de communs ayant une importance culturelle et sociale forte, il est illusoire de penser que les citoyens peuvent les préserver sans ressources économiques. Si les biens communs se transformaient en outil de démantèlement de l’Etat social, cela deviendrait très dangereux.

    #Communs #Daniela_Festa

  • Biens communs : jouir sans posséder
    https://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2018/06/21/biens-communs-jouir-sans-posseder_5318960_3232.html

    Débats citoyens

    « Dans les interactions entre habitants “historiques”, paysans, squatteurs, voisins (…) s’est construit un territoire commun, au-delà de la propriété, des habitudes et des appartenances », constate ainsi un collectif d’intellectuels, parmi lesquels la philosophe Isabelle Stengers et l’anthropologue au Collège de France Philippe Descola (Mediapart, 6 avril). Une démarche « collective, construite comme un “commun”, au sein de laquelle les individualités trouvent leur propre énergie », appuient l’ingénieur des Ponts et Chaussées Olivier Frérot et le géographe Luc Gwiazdzinski (Libération, 20 avril).

    « Pourquoi ne pas reconnaître aux ­zadistes un droit à l’expérimentation ? Ils pourraient ainsi promouvoir une autre approche de la propriété qui est celle des “commons”, c’est-à-dire un dispositif fondé sur un collectif identifié et porteur d’un territoire », insiste l’économiste Bernard Paranque (Le Monde, 18 mai).

    Lire aussi : Daniela Festa : « En Italie, un mouvement social a émergé autour des communs urbains »

    La question des communs ne s’invite pas seulement dans le bocage nantais. Une Université du bien commun a été lancée à Paris en octobre 2017, dont le premier cycle de conférences et de débats citoyens a rencontré un franc succès. « Nous pensons que ce succès est lié, non seulement à la qualité des intervenants, mais également au fait que nous essayons d’articuler l’analyse et la recherche avec des pratiques de terrain et des initiatives en cours sur les biens communs (semences, eau, agriculture urbaine, logiciels libres, logement, etc.) », précise Cristina Bertelli, cofondatrice de l’université.

    Pour son film Nul homme n’est une île, sorti en avril, le documentariste Dominique Marchais a parcouru l’Italie, l’Autriche et la Suisse, en quête d’initiatives d’entraide et de sauvegarde des territoires allant à contre-courant des modèles économiques dominants. Et il ne se passe pas un mois sans que sorte un nouvel ouvrage consacré à l’économie ou à la gouvernance des biens communs. Ces derniers font donc un retour en force dans le monde des idées. Mais de quoi parle-t-on précisément ?

    #Communs

  • (20+) A l’Assemblée, une alliance atypique pour les « biens communs » dans la Constitution - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/06/19/a-l-assemblee-une-alliance-atypique-pour-les-biens-communs-dans-la-consti

    Dans le sillage d’un appel de 50 personnalités du monde intellectuel, des députés de l’opposition mais aussi de la majorité proposent de modifier la loi fondamentale pour protéger l’environnement du pouvoir des multinationales.

    A l’Assemblée, une alliance atypique pour les « biens communs » dans la Constitution

    Le casting a de l’allure : trois députés de l’opposition et deux de la majorité. Mardi midi, au micro de la salle de presse de l’Assemblée nationale, cinq parlementaires issus de groupes différents – de La France insoumise à La République en marche en passant par le PCF, le PS et le Modem – se succèdent pour soutenir l’initiative du socialiste Dominique Potier d’amender le projet de loi constitutionnelle pour insérer une référence aux « biens communs » dans la loi fondamentale française. « Les démarches transpartisanes sont assez rares. Elles sont souvent transgressives », se réjouit d’emblée le député de Meurthe-et-Moselle connu pour avoir fait voter à l’unanimité sous le précédent quinquennat une proposition de loi sur le « devoir de vigilance des sociétés-mères » après le scandale de l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh.

    Potier propose aujourd’hui de modifier la loi fondamentale pour en finir avec certaines censures du Conseil constitutionnel. Depuis plusieurs années, les sages de la rue de Montpensier retoquent ainsi de nombreux articles de projets de loi environnementaux ou sociaux sous prétexte d’atteinte à la liberté d’entreprendre ou individuelle. Un exemple : lorsque les députés socialistes ont voulu rendre obligatoire pour les entreprises la publication de leur « déclaration fiscale d’activité » (reporting) pays par pays afin de pouvoir dénicher leurs pratiques d’optimisation fiscale – voire de fraude – le Conseil constitutionnel leur avait opposé une « atteinte disproportionnée à la liberté d’entreprendre ».

    « Pas de procès d’intention » au gouvernement

    Dominique Potier milite donc pour faire sauter ce « verrou constitutionnel qui est une déformation de l’esprit des révolutionnaires qui ont écrit la déclaration des droits de l’homme ». Pour cela, il proposera, avec d’autres députés, de modifier l’article 1 de la Constitution. Mais aussi l’article 34 relatif au rôle du Parlement, reprenant la proposition de 50 intellectuels – dont certains accompagnaient Potier ce mardi à l’Assemblée – dans une tribune publiée fin mai dans le Monde : « La loi détermine les mesures propres à assurer que l’exercice du droit de propriété et de la liberté d’entreprendre respecte le bien commun. Elle détermine les conditions dans lesquelles les exigences constitutionnelles ou d’intérêt général justifient des limitations à la liberté d’entreprendre et au droit de propriété. » « Il faut aujourd’hui s’affranchir d’un éventuel despotisme économique, revendique le député socialiste. On va passer aux travaux pratiques. »

    Disons-le tout de suite : ils sont a priori voué à l’échec. « Je ne sais pas du tout la position du gouvernement. Je ne fais pas de procès d’intention. Je fais le pari que c’est ouvert », répond Potier. Sauf que le président du groupe LREM, Richard Ferrand, et son homologue Modem, Marc Fesneau, ont déjà fait savoir qu’il était hors de question de modifier la Constitution pour y intégrer une telle référence pouvant gêner, selon eux, l’activité économique. La présence de Matthieu Orphelin, député LREM proche de Nicolas Hulot, et du centriste Richard Ramos aux côtés de Potier est un signal envoyé à la majorité. « Il y a une vitesse, une mondialisation. […] Certains veulent piller ce que sont nos biens communs, souligne le député Modem du Loiret. On voudrait faire croire que ceux qui défendraient le "bien commun" sont contre les entreprises… Non, non. »

    « Pas de dogmes sur ce sujet »

    Orphelin souligne ensuite qu’avec une telle modification constitutionnelle, Hulot « aurait pu aller plus loin » dans sa loi sur les hydrocarbures. Pour l’élu du Maine-et-Loire, ce sujet est si important qu’il « mérite la concorde ». Mais, preuve que son initiative n’est pas bien vue par son président de groupe, l’ancien d’Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) précise dans la foulée qu’il ne « représente personne ici » puis qu’il ne déposera pas d’amendements même s’il « soutient » l’initiative. A sa droite, François Ruffin (La France insoumise) et Pierre Dharréville (Parti communiste français) ont compris le message : les marcheurs n’ont aucun bon de sortie sur une modification constitutionnelle qui doit rester avant tout celle du président de la République. La scène ne trompe pas : lorsque les cinq députés sont ensemble sur l’estrade, Ruffin est tout à gauche, presque caché derrière une télé éteinte quand Orphelin s’est positionné tout à droite. Pour une photo de famille, il faut un cadre très large.

    Déjà remarqué pour avoir porté des amendements contre la souffrance animale dans le projet de loi alimentation ou avoir voté contre la transposition en droit français du secret des affaires, c’est finalement le Modem Richard Ramos, « prêt à faire évoluer [son] groupe », qui se montre le plus unitaire des députés invités : « Il n’est pas possible de dire qu’on est prêt à faire de la politique autrement et ensuite rester le doigt sur la couture du pantalon, dit-il. Sur ce sujet-là, il n’y a pas de dogmes de groupes. On a tous à la fin un vote de conscience. » S’invitant une dernière fois au micro, le communiste Pierre Dharréville s’autorise une – légère – interpellation de ses homologues de la majorité : « Est-ce que l’initiative proposée aujourd’hui va dans le sens de ce qui se fait depuis un an ? » interroge faussement l’élu des Bouches-du-Rhône pour qui les lois adoptées depuis le début du quinquennat sont en contradiction avec la protection des « biens communs » souhaitée par cette initiative parlementaire. A voir si, en commission des lois la semaine prochaine, les « travaux pratiques » annoncés par Potier ce mardi trouveront d’autres oreilles marcheuses attentives. Pas sûr.

    #Communs #Constitution

  • Trouble #8 : Hack the System
    https://lundi.am/Trouble-8-Hack-the-System

    Chaque jour, de plus en plus de nos activités et communications ont lieu en ligne. Nous sommes devenus accros à la connectivité..... à l’accès constant à un catalogue sans fin d’informations, de divertissements et d’engagements, tous disponibles en un seul clic de souris. L’Internet est devenu profondément ancré dans toutes les facettes de notre vie, au point qu’il semble souvent être un appendice neutre à la réalité elle-même - un « patrimoine numérique commun » où des milliards de citoyens du monde détiennent les clés d’une vaste bibliothèque décentralisée de connaissances humaines. Mais en réalité, Internet est loin d’être neutre.... et ce n’est certainement pas un bien commun.

    Les fermes de serveurs et les câbles à fibres optiques qui constituent l’infrastructure physique de l’Internet sont de plus en plus la propriété, l’exploitation et le contrôle d’une petite poignée de sociétés incroyablement puissantes. Les plateformes de médias sociaux sont devenues des sites d’endoctrinement de masse et des points d’ancrage du contrôle social. Les sociétés démocratiques libérales sont attaquées par les trolls russes. Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère de l’histoire, dans laquelle les États se livrent une guerre secrète et une guerre cybernétique perpétuelle qui ont des conséquences dans le monde réel, cachées et inconnues.

    Beaucoup d’entre nous choisissent d’éluder ces faits en prétendant le plus souvent ignorer le fonctionnement de la technologie et en s’immergeant volontiers dans le spectacle qu’elle crée. Mais il y a aussi ceux qui sont inexorablement attirés par la recherche d’une meilleure compréhension du fonctionnement de la mécanique complexe du pouvoir à l’ère numérique... et de la façon dont ce pouvoir pourrait être exploité à nos propres fins. Dans cet épisode de Trouble, sub.Media parle à un certain nombre de pirates et d’experts en sécurité numérique puisqu’ils partagent leurs expériences et offrent des conseils sur la meilleure façon de naviguer sur le champ de bataille qu’est l’Internet.

    https://vimeo.com/244383308

    _Chaque mois, Trouble propose un nouveau documentaire sur le web. Vous pouvez visionner les précédents tels que “Tuer le serpent noir” à propos des luttes indigènes de Standing Rock, “Combattre le fascisme”, “Accueillir les réfugiés - construire la solidarité à travers les frontières”, “Il n’y a pas de justice” ou encore “Vous êtes observés”._

    #Internet #Hack #hackers #communs #résistance #Trouble

  • Éloges des mauvaises herbes - Ce que nous devons à la ZAD
    https://bibliothequefahrenheit.blogspot.com/2018/06/eloges-des-mauvaises-herbes-ce-que-nous.html#more

    Par Ernest London

    Écrit dans l’urgence de l’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, ce livre regroupe les textes de seize personnalités intellectuelles, littéraires et artistiques cherchant à penser l’importance de ce qui se joue là.

    La puissance publique dévoile sa faiblesse en affirmant, menaces et destructions à l’appui, qu’elle ne peut tolérer sur son territoire un espace qui fabrique d’autres mondes, explique Jade Lindgaard, coordinatrice de l’ouvrage et journaliste à Mediapart. « La loi protège la propriété privée et l’agriculture polluante. »

    David Graeber, auteur de la préface, prévient que ce livre est « une des nombreuses armes dont nous avons besoin pour défendre la pérennité sur le long terme de cette expérience si singulière » tant ceux qui remettent en cause l’équilibre actuel ne doivent jamais être perçus comme victorieux. « Des alternatives aussi visibles font voler en éclat l’idée que, en dépit de la répétition des crises, le système actuel doit absolument être rafistolé afin de conserver le statu quo. »

    Il présente la ZAD comme expérience de « politique préfigurative », à beaucoup plus petite échelle mais comparable à celle des zapatistes du Chiapas et des kurdes du Rojava. Convaincu que le système s’effondre et que dans cinquante ans le capitalisme n’existera plus, peut-être remplacé par quelque chose de pire, il affirme qu’il est de notre devoir d’empêcher la machine militaire et bureaucratique de broyer ceux qui essayent de penser à ce à quoi un monde meilleur pourrait ressembler.

    La préfiguration c’est « relever avec constance le défi de se comporter les uns vis-à-vis des autres comme nous le ferions dans une société véritablement libre », ce qui est l’exact contraire de l’idée que la fin justifie les moyens !

    La contribution de Virginie Despentes pourra dérouter. Si elle comprend bien en quoi la ZAD est un grain de sable qui enraye la propagande affirmant qu’ « il n’y pas d’alternative », elle imagine une multiplication de tels lieux qui serviraient de refuge aux précaires, aux « manants », d’aujourd’hui et de demain ! Elle semble, pour sa part, admettre le statu quo comme irrémédiable.

    John Jordan, artiste-activiste résidant sur la ZAD met en avant la « culture de la résistance » particulière qui y a pris forme et rappelle que tout ce que nous avons obtenu l’a été grâce à la désobéissance. Il insiste sur l’importance de produire nos propres récits des luttes que nous vivons. Il a vu se mêler ici la résistance et la création, le combat et la construction. À Nicolas Hulot qui prétend que « l’écologie ce n’est pas l’anarchie », il rappelle que les premiers théoriciens de l’écologie furent précisément des anarchistes : Élisée Reclus pour qui l’être humain est la nature prenant conscience d’elle-même, Pierre Kropotkine qui promut l’évolution comme coopération et non seulement comme compétition, et plus tard Murray Bookchin qui développa le concept d’écologie sociale pour éviter l’effondrement écologique en nous débarrassant de toutes formes de domination.

    Il explique pourquoi « la séparation opérée entre l’individu et le tout est une fiction » et que « seuls les comportements qui font place sur le long terme à la fertilité et à la diversité de l’écosystème tout entier pourront se perpétuer ». La défense de la ZAD est une lutte pour les communs contre la propriété privée. « C’est un combat pour l’avenir, un combat que nous ne pouvons pas perdre. »

    « Cette action militaire, la pire [en France] depuis au moins 1968, est évidemment une violation du droit des citoyens qui ouvrent les chemins d’une transition écologique et économique pour nous sortir de cette voie sans issue faite de cupidité, de violence, d’inégalité et de non-durabilité vers laquelle les puissances économiques et politiques poussent l’humanité et la Terre. » L’activiste indienne Vandana Shiva est catégorique : « Cette violence revient à effacer l’avenir. »

    Les collectifs qui s’expriment sur la ZAD ont pris conscience de leur pouvoir à être « le changement que nous voulons voir dans le monde » selon la formule de Gandhi. Leurs actes sont criminalisés tandis que les crimes contre la nature et les personnes sont protégés par la force armée. Le gouvernement français devrait y envoyer ses jeunes pour leur apprendre à vivre dignement, en paix avec la terre, plutôt que ses Robocops.

    La ZAD est un mouvement de « réappropriation de nos communs » qui sont des « formes démocratiques de gouvernance ».

    Olivier Abel, professeur de philosophie, avoue ne s’être pas intéressé à Notre-Dame-des-Landes avant l’intervention du 9 avril. La disproportion des moyens mis en oeuvre lui fait alors comprendre que nous ne sommes plus dans une société politique où les lois peuvent être contestées voire transgressées au moins symboliquement et marginalement, mais dans une « société bétaillère », une « société technologique ». 

    De la même façon, Geneviève Pruvost, sociologue du travail… et de la police, interprète ces opérations policières massives à caractère militaire comme une mise à nue des priorités politiques du gouvernement car cette « résistance au progrès et au confort moderne », cette « forme de lutte d’une sidérante simplicité, à la portée de tout le monde peut se répandre comme une trainée de poudre, sans coup férir ».

    Bruno Latour, professeur à Sciences Po, surprendra pas sa naïve injonction à l’État d’accepter les enseignements des zadistes en matière de développement des territoires.

    Christophe Bonneuil, directeur de recherche en histoire au CNRS, remet en perspective ce conflit comme « la radicalisation d’une guerre des mondes » entre les « modernisateurs » qui se conçoivent comme séparés de la nature, et les « terrestres » qui assument leur appartenance à la terre et expérimentent des formes avancées d’émancipation et d’autogestion démocratique.

    Starhawk, activiste et écoféministe américaine qui se présente comme sorcière, résume en un texte bref et incisif l’enjeu : « Maintenant les communs veulent reconquérir cette terre. » « Les paysans traditionnels et les anarchistes ont uni leurs forces pour revitaliser la terre, pour faire pousser de la nourriture, pour construire des structures sauvages et créatives, et pour offrir l’hospitalité à tous. Un tel rêve représente une menace existentielle pour un ordre mondial qui exige que tout soit objectivé, quantifié, monétisé. Mais ce monde-là est en train de tous nous tuer. »

    Kristin Ross qui connait bien la ZAD pour s’y être rendue de nombreuses fois analyse cette « accumulation d’expériences, de solidarités et de partages » qui constitue une telle menace pour le néolibéralisme qu’Emmanuel Macron n’a pas hésité à déchaîner autant de violence. « La ZAD n’est pas une utopie mais une communauté qui fonctionne depuis 10 ans. » Elle contredit « le récit classique selon lequel 68 aurait épuisé et enterré les dernières illusions révolutionnaires et que désormais, faute d’alternative, il faut renoncer à changer le monde. »

    Pablo Servigne, « chercheur in-Terre-dépendant » trouve lui aussi des mots justes : « Notre-Dame-des-Landes est un point clé pour la compréhension de notre époque, c’est le lieux de friction entre l’imaginaire de continuité et l’imaginaire de rupture. »

    Wilfrid Lupano, scénariste de la série BD des Vieux Fourneaux dans laquelle il a imaginé une ZAD, raconte sa visite à la bibliothèque du Taslu et explique qu’à l’heure de la désertification des campagnes, il n’y a pas d’autre territoire rural en France qui attire autant de jeunes désireux d’y construire une vie remplie de sens.

    L’intervention qui tranche le plus dans ce concert d’appels à résister et qui est d’autant plus important, est signée Amandine Gay, cinéaste, universitaire et afroféministe. Elle ne manque en effet aucune occasion de poser frontalement la question raciale et reproche l’attitude qu’Aimé Césaire appelait le « fraternalisme » et qui pollue toujours les milieux alternatifs de la gauche française : les zadistes n’ont pas cherché à nouer des contacts avec les agriculteurs de la Caraïbe ou avec les Amérindiens de Guyane qui se font violemment et illégalement expulser de leur propre terre par exemple, pour inscrire leur lutte au niveau international, pour proposer « une perspective écologique et décoloniale ». La survie de la ZAD pendant neuf ans est l’expression même d’un « privilège blanc ». Il a fallu la mort de Rémi Fraisse pour que les militants anticapitalistes, écolos et alternatifs blancs se mobilisent massivement contre les violences policières. Loin de critiquer la lutte des zadistes et de leurs nombreux soutiens, elle leur montre la fracture invisible entre les différentes luttes puisqu’ils appellent tant à la « convergence des luttes ».

    Le regard de l’architecte Patrick Bouchain est également fort intéressant. Il rappelle qu’un bail emphytéotique est envisageable pour confier ces terres à ceux qui en réclament l’usage mais pas la propriété, et que leur acte est une désobéissance à la « stupidité républicaine » plutôt qu’à l’ordre républicain qui n’a d’ailleurs pas eu besoin de beaucoup de courage pour s’attaquer à 250 personnes pacifiques. « Avec les cabanes de la ZAD, on a l’exemple d’un habitat contextuel par manque de moyens. Il est rudimentaire, mais il est aussi préparatoire à ce qu’il faudrait faire désormais. C’est une glorification de la liberté de construire. »

    Enfin, l’écrivain d’anticipation Alain Damasio imagine dans une longue nouvelle, notre monde en 2041 alors que les grandes villes, après les stades, ont été rachetées par des marques et que les ZAD se sont multipliées (87 en France et 364 en Europe). Notre-Dame-des-Landes a été vendue aux enchères par morceaux. Attachés aux arbres, six mille personnes ont sauvé la forêt. « L’usage fonde le droit, il n’en dépend pas. L’usage c’est ce qui fait que le portenaouak et le tout-à-l’égo ne viennent pas remplacer le diptyque argent+propriété qui fonde l’ordre dégueu du capitalisme qu’on a dégagé de nos vies. » « Ils pacifient, nous opacifions. Nous sommes l’ombre de leurs nombres, le zéro de leur réseau ; la friche de leurs chiffres. » La grande vertu de ce genre littéraire est de donner à voir le futur, même proche, d’inviter à réfléchir autrement, à se projeter un peu plus loin. C’est réussi.

    Étrange sensation que de sauter ainsi d’un point de vue à l’autre. L’exercice permet finalement de les confronter tour à tour à son propre avis, d’approfondir ses réflexions, de les porter à ébullition, et donnerait presque envie de jeter quelques notes personnelles sur les pages blanches finales. Malgré quelques bénéfiques divergences, le constat est unanime : c’est bel et bien un épisode de la guerre civile en cours qui se joue là, l’écrasement d’une preuve bien vivante qu’un autre monde est possible. C’est pourquoi, même si cet ouvrage ne le dit pas, il faut rejoindre les Comités de soutien de la ZAD, aller y faire un tour, apporter sa pierre à l’édifice, reconstruire ce qui a été détruit, écouter aussi la parole de ceux qui y vivent.

    Éloges des mauvaises herbes - Ce que nous devons à la ZAD
    Alain Damasio, Virginie Despentes, David Graeber, Bruno Latour, Pablo Servigne, Vandana Shiva, Kristin Ross, Olivier Abel, Christophe Bonneuil, Patrick Bouchain, Amandine Gay, John Jordan, Wilfried Lupano, Geneviève Pruvost, Nathalie Quintane, Starhawk
    Coordonné par Jade Lindgaard
    210 pages – 15 euros
    Éditions Les Liens qui libèrent – Paris – Juin 2018
    http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-%C3%89loge_des_mauvaises_herbes-9791020906427-1-1-
    Les recettes des ventes de ce livre iront aux activités développées sur la ZAD

    #ZAD #NDDL #vivre_la_commune #communs #territoires

  • Mastodon, la riposte à Twitter
    https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/06/17/mastodon-la-riposte-a-twitter_5316651_4497916.html

    Un mammouth comme logo et des « pouets » au lieu des Tweet. Mastodon est le nouveau réseau social qui veut concurrencer Twitter et Facebook. Avec 1,2 million d’inscrits et 134 millions de messages échangés, le système créé en 2016 en est encore à ses balbutiements, mais il progresse vite grâce au travail de milliers de passionnés issus de tous les continents.

    A première vue, le logiciel propose des services et une interface proches de ceux des grands réseaux américains, dont il s’est inspiré, et ses utilisateurs s’y comportent d’ailleurs un peu de la même façon. Mais en coulisses, tout est différent. Car Mastodon est un réseau horizontal composé de serveurs autonomes, sans point central ni poste de commandement. Le message de la page d’accueil est clair : « Pas de publicités, pas de surveillance privée, design éthique et décentralisation ! Vous êtes propriétaire de vos données ! »

    Le projet est né dans la tête d’un informaticien allemand aujourd’hui âgé de 25 ans : Eugen Rochko. « Je l’ai monté seul, à partir de logiciels libres et de protocoles existants. » Il a été ensuite rejoint par plusieurs équipes de codeurs, qui ont modifié son système – « au moins 175 personnes ont contribué à améliorer le système, je suis devenu coordonnateur d’un projet collectif. » Né en ­Russie, fils d’une linguiste et d’un économiste, Eugen Rochko est arrivé en Allemagne à l’âge de 11 ans. Sans surprise, ses motivations sont celles de la majorité des militants du logiciel libre : « J’ai voulu réagir contre la concentration des réseaux sociaux au sein de quelques méga-sociétés privées. Pour les citoyens de tous les pays, la communication mondiale instantanée offerte par les réseaux sociaux est devenue très importante, à tous égards. Elle devrait être gérée collectivement, comme un service public démocratique. »

    Article en accès libre

    #Framasoft #Réinventer_l'Internet #Fediverse #Mastodon #Dégooglisons_l’Internet #communs #logiciel_libre #open_source

  • Messageries, moteurs de recherche... comment se passer de Google, Facebook ou Twitter
    https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2018/06/17/moteurs-de-recherche-messageries-comment-se-passer-de-google-facebook-ou-twi

    En quatre ans, Framasoft s’est rendue célèbre sur le Net grâce à son programme « Dégooglisons l’Internet » : plutôt que de se lamenter face à la toute-puissance des géants américains (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft et les autres), elle a décidé d’agir concrètement, en fabriquant des alternatives à leurs principaux services : des clones, à ceci près qu’ils ne pistent pas les utilisateurs et n’exploitent pas leurs données.

    Framasoft, qui compte huit salariés et près de 700 bénévoles, a mis en ligne à ce jour 34 services libres et gratuits, couvrant les besoins des particuliers, des associations et des PME : stockage de fichiers, travail collaboratif, publication, forums, agendas, carnets d’adresses, calculs, sondages, cartes géographiques, dessins, jeux… Son moteur de recherche, Tonton Roger, est un « métamoteur » : il retransmet la requête simultanément à plusieurs grands moteurs comme Google ou Bing, tout en brouillant les pistes afin que Google et les autres ne voient pas l’utilisateur final. Framasoft a aussi créé des branches françaises des réseaux sociaux alternatifs diaspora* (Frama­sphère) et Mastodon (Framapiaf), censés concurrencer Facebook et Twitter.

    […]

    Son directeur, Pierre-Yves ­Gosset, rappelle les principes fondateurs de son action : « Nous luttons contre ­l’hypercentralisation du Net, nous n’allons pas nous mettre à construire un système centralisé. Ce serait fou si nous devenions le “Google du libre”. Nous voulons faire tout le contraire : partager notre savoir-faire et former une fédération décentralisée d’associations autonomes, fournissant des services semblables aux nôtres. Nous aimons nous comparer aux AMAP [associations pour le maintien d’une agriculture paysanne], qui privilégient la qualité artisanale, les liens de proximité et les circuits courts. »

    Version intégrale de l’article réservée aux abonnés...

    #Framasoft #Réinventer_l'Internet #Fediverse #Diaspora #Mastodon #Dégooglisons_l’Internet #communs #logiciel_libre #open_source

  • Sauvons le partage de code !
    https://www.april.org/sauvons-le-partage-de-code-appel-signature-de-la-lettre-ouverte-save-code-sha

    En septembre 2017 la FSFE (Free Software Foundation Europe) et l’OFE (Open Forum Europe) ont lancé la campagne « Save Code Share » pour sensibiliser sur les risques que l’actuel projet de réforme du droit d’auteur de l’Union européenne fait peser sur le logiciel libre et les communautés de développeurs et développeuses. Au cœur de cette campagne un appel à signer une lettre ouverte pour demander la réécriture ou la suppression de l’article 13 du projet de réforme qui imposerait aux hébergeurs de contenus, comme les forges logicielles, de mettre en place un filtrage automatique des contenus, par exemple du code, mis en ligne par leurs utilisateurs et utilisatrices.

    Le texte initial de la réforme a évolué, notamment par l’action des communautés du Libre, mais les rustines proposées par le rapporteur ne règlent en rien les problèmes comme le démontre l’eurodéputée Julia Reda. Le vote en commission des affaires légales, JURI, a été décalé au 20 ou 21 juin 2018. Un énième report révélateur d’une position de faiblesse des défenseurs de l’article 13. Nous devons intensifier ce rapport de force ! Signons et diffusons cette lettre ouverte traduite en français par l’April : Sauvons le partage de code !

    #logiciel_libre #droit_d'auteur #Europe #partage #communs

  • #PeerTube : vers la version 1, et au-delà !
    https://framablog.org/2018/05/31/peertube-vers-la-version-1-et-au-dela

    PeerTube est un logiciel libre permettant d’héberger et de partager des vidéos. Ses principales différences avec YouTube, Dailymotion, Vimeo & co ? PeerTube est libre : son code est un « commun » numérique, partagé avec tous et toutes, et non une recette secrète … Lire la suite­­

    #Communs #Contributopia #Dégooglisons_Internet #Fédération #Framasoft #Libres_Services #Crowdfunding #Developpement #Donation #financement_participatif #Planet #RezoTIC #Video

  • Klinamen 15 ans plus tard, un au revoir
    http://jefklak.org/klinamen-15-ans-plus-tard-revoir

    Quand les collectifs meurent, il ne reste souvent que leurs archives poussiéreuses, leurs traces laissées au hasard des luttes, des rencontres et des productions. C’est pourquoi le récit qui suit est précieux : après quinze ans d’existence, le collectif de lutte et d’édition Klinamen, basé à Madrid, a décidé de se dissoudre fin 2017. Et de partager leur aventure, avec ses questions, ses joies et ses impasses. Comment mêler le politique et le personnel ? Comment se renouveler collectivement sans violences internes ; et accompagner les mouvements sociaux sans oublier le sens critique ? Comment se lancer à fond dans un projet militant qui ne recherche pas le profit, tout en rentrant assez d’argent pour perdurer ? Plein de panache et de lucidité, ce témoignage pourra servir à tou·tes celles et ceux qui fabriquent du commun.

    Un texte pour mettre un point final à une expérience politique, éditoriale et militante collective, qui est tout autant un témoignage et une réflexion politique. Tu texte pour mémoire, mais pas seulement : fragments de subjectivité d’un parcours révolutionnaire.

    #communs #parcours_collectif #expérience_militante #Espagne #Klinamen

  • [S E M I N A I R E] : Participation et biens communs
    http://seminaire.samizdat.net/spip.php?article271

    Au sein de la Constitution et au-delà de la Constitution
    Participation et biens communs
    A la recherche de nouvelles dimensions de droit public

    samedi 6 octobre 2012 par Alberto Lucarelli

    On constate aujourd’hui la montée en puissance de deux phénomènes : la fragmentation de l’intérêt public et la privatisation des biens appartenant autrefois aux collectivités publiques et il convient de réfléchir à la construction de systèmes de droit public susceptibles d’encadrer de nouvelles catégories juridiques, économiques et sociales.

    L’un de ces systèmes se propose de revisiter le droit de propriété tel qu’il s’exprime aujourd’hui ,droit qui repose sur le concept de dominium dans les rapports du propriétaire avec son bien. Il s’agit de réagir à un processus de dégénérescence, des valeurs traditionnelles et de proposer un parcours qui conduise du public au commun.

    Il est nécessaire d’imaginer une nouvelle forme de droit public qui protège et valorise certains biens publics liés à des droits fondamentaux, en tant que biens collectifs et sociaux . Il faut aller au-delà des dichotomies public-privé d’une part et propriété-gestion d’autre part.

    C’est dans cette optique que se situent certaines expériences participatives de base, par lesquelles on tente de conduire les orientations des pouvoirs publics vers des formes de conservation de biens publics considérés comme essentiels à la satisfaction des besoins fondamentaux des hommes en les soustrayant au détournement vers des fonctions étrangères leur finalité d’origine. Il s’agit d’expériences de « base » partant « de la base », expression de conflits, de propositions et de contrôles , signes avant-coureurs enregistrés sur le front de la mobilisation sociale exprimant une demande de la part de citoyens actifs alertés par des tentatives répétées d’enlever au secteur public et donc aux citoyens eux-mêmes, des biens différents des biens marchands et dont la disponibilité , liée à l’exercice effectif des droits fondamentaux, doit être préservée.

    #Alberto_Lucarelli #Communs #Droit

  • De l’Antiquité à la ZAD, des idées en commun
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/27/de-l-antiquite-a-la-zad-des-idees-en-commun_5305272_3232.html

    Par Claire Judde de Larivière (Historienne)

    L’air que nous respirons appartient à tout le monde. Le savoir scientifique sur lequel se fondent la médecine ou l’exploration spatiale tout autant. Matérielles ou immatérielles, les ressources naturelles comme les connaissances forment un bien commun que l’humanité a en partage et qu’elle se doit de protéger. C’est l’idée qui porte aujourd’hui de nombreux projets collectifs dans des espaces sociaux très variés.

    Une idée sans étiquette

    La ZAD de Notre-Dame-des-Landes en est un bon exemple, où la défense du commun sert de justification à une occupation des lieux et à leur mise en valeur collective. Les habitats partagés qui se multiplient promeuvent quant à eux la nécessaire articulation entre des espaces privés et des espaces de vie commune. Et l’encyclopédie en ligne collaborative Wikipédia, créée en 2001, trouve son origine dans ce désir de faire de la connaissance une ressource libre de droit (les commons).

    Utopique ou alternatif, porté par une colère révolutionnaire ou une aspiration familiale au confort collectif, par des zadistes ou des ingénieurs de la Silicon Valley, le commun est aujourd’hui une idée sans étiquette, qui permet des formes d’engagement d’une immense variété, dans leurs objectifs comme dans leurs modalités. Cela explique sans doute le succès sans limite d’une telle notion. Les sciences sociales ne s’y sont pas trompées et s’en sont emparées pour tenter d’en dénouer les strates sémantiques comme les innombrables champs d’application (Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle, de Pierre Dardot et Christian Laval, La Découverte, 2014).

    L’histoire n’est pas en reste, car si le commun irrigue aujourd’hui de multiples projets politiques, il ne faut pas oublier sa dimension historique. L’idée de bien commun fonde la culture européenne, de l’invention du politique dans la Grèce ancienne (ta politika, au temps de Périclès, désigne les affaires communes dont les citoyens peuvent et doivent se soucier) à l’émergence des communismes au XIXe siècle. Dans la longue durée, on retrouve, mutatis mutandis, cette aspiration à protéger ou atteindre des biens, des valeurs, des principes, relevant du commun.

    Espaces politiques autonomes

    Dans les villes et les campagnes médiévales, on voit ainsi se déployer des actions et des discours, par les princes comme par les gens ordinaires, qui affirment leur souhait de construire ensemble et de préserver le bien commun. A partir du XIe siècle, c’est par exemple le cas des célèbres « communes », ces villes au statut nouveau qui négocient avec les seigneurs locaux des libertés et des privilèges pour créer des espaces politiques autonomes. Le destin de cités comme Florence ou Venise suffit à rappeler le succès de telles initiatives. Dans les îles Britanniques, à la même époque, se mettent en place des structures qui fondent encore aujourd’hui le droit et l’organisation institutionnelle, la Common Law et la House of Commons.

    Dans les campagnes de toute l’Europe, les communautés rurales défendent l’usage coutumier des biens communaux : ces forêts, prés et landes où faire paître les bêtes et récupérer du bois sont l’objet de luttes entre paysans et seigneurs, ces derniers cherchant constamment à en limiter l’accès et à les privatiser. Enfin, dans une chronologie étirée de Thomas d’Aquin aux Lumières, la pensée politique est irriguée par le « bien commun », un idéal que le pouvoir doit viser et garantir. La notion constitue donc un socle essentiel des idées politiques, qui articule dès l’origine deux dimensions : le commun, un modèle théorique qui garantit le vivre-ensemble ; les communs, des biens et des ressources qui appartiennent à tous et dont la conservation oblige à travailler de concert.

    Encore aujourd’hui, ces deux niveaux inspirent des actions de nature fort différente. On retrouve finalement ce qui faisait déjà la force du concept au Moyen Age. Le commun est un motif de politisation revendiqué par des acteurs si variés que leurs aspirations en apparaissent presque contradictoires. Il en est de même des formes et moyens d’action, qui semblent parfois irréconciliables. C’est sans doute en cela que le commun demeure si fascinant, lui qui appartient à tous : aux détenteurs du pouvoir, qui continuent d’en faire un horizon d’attente rhétorique, comme aux zadistes ou aux chercheurs en sciences sociales.

    #zad #nddl #Notre_Dame_des_Landes #communs #commune

  • Un centre commercial sur un lieu public... cette fois, c’est à Athènes Academy Gardens .org – Please sign this petition! Plato’s Academy and its neighborhood are at risk!
    http://academygardens.org

    The public park and the neighborhood
    The archaeological site at Plato’s Academy forms part of a public garden and is the reference point to the whole surrounding area.
    Plato’s Academy is a dynamic neighborhood of contemporary Athens where new cultural values are shaped and an area where urban commons are produced and cultivated in these years of crisis and many efforts related to social, political and economic positive innovation have been created and developed. New ways of cultural production and cooperative, social and solidarity economy processes emerge from the daily life of the neighborhood.

    The public park is a precious ‘green island’ of local and city-wide importance for Athens, where the percentage of green areas is very low (7%, vs. the 24% European cities average). As such, it is an essential point of reference for the local residents: A space that allows the development of relationships among the local community, where many leisure, sports, and cultural activities take place.
    Together all these characteristics make up a polymorphic urban fabric and a unique place where the ancient past is intermeshed with the more recent one and with the vibrant present, a palimpsest of its archaeological, cultural, natural, industrial and social landscapes.

    #Communs_urbains #Mouvement_des_places

  • From (urban) commons to commoning: political practices and horizons in the Mediterranean context

    Dai Commons al Commoning (urbano): Pratiche e Orizzonti Politici Nel Contesto Mediterraneo. Introduzione al numero speciale
    Cesare Di Feliciantonio, Silvia Aru
    258-268

    Lottare Per La Casa Nel Quartiere Che Cambia Volto. Il Potenziale Politico Dei Commons Urbani
    Nico Bazzoli
    269-291
    #quartiers #communs_urbains

    Cultura bene comune? Strategie di resistenza e riappropriazione dal basso in una città mediterranea
    Luca Ruggiero, Teresa Graziano
    292-324
    #culture #Méditerranée

    Undoing Commons. Diritto Alla Città, Attivismo Culturale e Pratiche di (Un-)Commoning nel Sud d’Italia
    Chiara Giubilaro
    325-347
    #droit_à_la_ville #Italie #Italie_du_Sud

    Spazi comuni nell’Atene della crisi: il commoning urbano come processo creativo
    Marco Volpini, Emanuele Frixa
    348-375
    #Athènes #création #créativité

    The Newcomers’ Right to the Common Space: The case of Athens during the refugee crisis
    Charalampos Tsavdaroglou
    376-401
    #réfugiés #migrations #asile

    Da vuoto urbano a verde pubblico: un caso di commoning a #Partinico (Palermo)
    Giulia de Spuches, Marco Picone, Noemi Granà
    402-426
    #Palerme #Sicile

    “Essere Nel Giusto”: Orizzonti Di Lotta E Pratiche Di Commoning In Due Esperienze Di Occupazione A Cagliari
    Silvia Aru
    427-453
    #Cagliari #Sardaigne

    L’amore alla guida degli spazi di messa in comune?
    Cesare Di Feliciantonio
    454-479

    Estrattivismo contro il comune. Venezia e l’economia turistica
    Giacomo-Maria Salerno
    480-505
    #extractivisme #Venise #tourisme

    Tessere il Comune. Autogestione del lavoro e pratiche socio-spaziali nelle economie popolari urbane a #Buenos_Aires
    Alioscia Castronovo

    #autogestion #économie_populaire


    https://www.acme-journal.org/index.php/acme/issue/view/109
    #commons #les_communs #communs #urban_matter #villes #géographie_urbaine #revue