• Les « atterrés » plaident pour « une grande bifurcation »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/240317/les-atterres-plaident-pour-une-grande-bifurcation

    La vidéo est accessible en page intérieure Sous le titre Changer d’avenir, les Économistes atterrés publient un livre grave, qui évoque une possible « stagnation séculaire du capitalisme ». Pour eux, cela justifie de repenser radicalement les politiques économiques, pour sortir des fausses alternatives entre croissance et décroissance. Mediapart s’entretient à ce propos, en vidéo, avec l’un des auteurs, #Benjamin_Coriat, et publie des bonnes feuilles de l’ouvrage critiquant le revenu de base.

    #France #Economie #Changer_d'avenir #Communs #Les_économistes_atterrés

  • Les câbles sous-marins : un bien commun mondial ? - Les Communs d’Abord
    http://www.les-communs-dabord.org/cables-marins%e2%80%89-bien-commun-mondial%e2%80%89

    Camille Morel, doctorante et chargée d’études au Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM) consacre dans le revue Etudes un article au statut des câbles sous-marins par lesquels transitent aujourd’hui 95% des télécommunications et du trafic internet mondial. Dans le contexte des tensions géopolitiques que le monde connaît, l’auteure demande si leur reconnaître un statut de « bien commun mondial » ne permettrait pas de préserver cette ressource essentielle.

    #communs #numérique #câbles_sous_marins #infrastructure

  • Rapport « Musées Du XXIe siècle » : la culture toujours sans ouverture – SavoirsCom1
    https://www.savoirscom1.info/2017/03/rapport-musees-du-xxieme-siecle-la-culture-toujours-sans-ouverture

    Mais au-delà de cette accumulation de buzzwords, on cherche en vain dans les pages de ce rapport des propositions concrètes en faveur de l’Open Data, de l’Open Content ou de l’Open Source dans les musées. La question de l’ouverture des données culturelles et de la réutilisation des images diffusées par les sites des établissements est complètement escamotée, tout comme celle des pratiques de photographie personnelle lors des visites.

    Par malheur pour ce rapport (et pour le public), l’actualité montre pourtant que ces sujets sont de première importance pour les musées français, s’ils veulent entrer pleinement dans le XXIe siècle.
    Il y a quinze jours, le Metropolitan Museum of Art de New York créait l’événement en annonçant la libération de plus de 375 000 reproductions HD d’œuvres du domaine public numérisées, mises en ligne et entièrement réutilisables – y compris à des fins commerciales – à l’occasion d’une opération menée en partenariat avec Creative Commons et la fondation Wikimedia. Ce genre de démarche, également adopté par le passé par le Rijksmuseum d’Amsterdam, permet aux musées de contribuer à enrichir les Communs de la connaissance. Elles n’ont pourtant pas droit de cité dans le rapport de Jacqueline Eidelman.

    Sur l’autorisation de prendre des photographies pendant les visites, le rapport marque même une régression. En 2013-2014, le Ministère de la Culture, rappelons-le, avait organisé une concertation entre différents acteurs qui avait abouti à la publication de la charte « Tous Photographes » incitant les musées à faire évoluer leurs règlements. Le Collectif SavoirsCom1 avait logiquement salué cette initiative. Ce document reste hélas largement ignoré et il n’en est pas une seule fois fait mention dans le rapport.

    #musées #communs_connaissance #photographie #domaine_public

  • SavoirsCom1 salue la « Déclaration des communs numériques » au Québec – SavoirsCom1
    http://www.savoirscom1.info/2017/03/savoirscom1-salue-la-declaration-des-communs-numeriques-au-quebec

    Le numérique auquel nous aspirons est différent. Il ne menace ni l’économie, ni l’environnement, ni la démocratie, ni la culture. Il permet au contraire de renouveler ces domaines dans leurs fondements par une perspective centrée sur l’humain. Il protège nos libertés tout en nous donnant des moyens puissants d’exercer nos droits. Il ne concentre pas de nouveaux pouvoirs ainsi que les ressources entre les mains d’un petit nombre. Il contribue plutôt à redistribuer équitablement les pouvoirs et les richesses d’une manière durable. Il pose que nous sommes tous égaux et interdépendants, il vise à restaurer notre relation au monde et en prendre soin dans une démocratie inclusive.

    Ce numérique auquel nous aspirons est un commun, une ressource partagée par les communautés qui se mobilisent et s’organisent pour la produire, la créer, la protéger, la valoriser au bénéfice de toutes et de tous. Ce numérique existe et prospère. Pour des communautés engagées dans le partage des savoirs co-créés, ces pratiques issues du modèle des communaux trouvent, par l’entremise du numérique, un territoire qui n’aura jamais été aussi vaste.

    #politique_numérique #communs #Québec

  • « Finding Common Ground » - Nouveau numéro du Green European Journal sur les communs - Fondation de l’Écologie Politique
    http://www.fondationecolo.org/blog/Finding-Common-Ground-Nouveau-numero-du-Green-European-Journal

    Nous vous présentons ici une sélection en français d’articles parus dans le dernier numéro du Green European Journal : « Finding Common Ground ». La totalité des articles en anglais et dans diverses traductions sont disponibles sur le site du Green European Journal.

    Le moment est venu : les biens communs du passé au présent, par Tine DE MOOR
    Diversité institutionnelle pour des sociétés résiliantes, par Dirk HOLEMANS
    Changer de point de vue sur les Communs par la participation citoyenne, par Eric PIOLLE et Rosalie SALAÜN
    Confrontation constructive ou tension constructive - l’Etat et les Communs, par Danijela DOLENEC, Hilary WAINWRIGHT, John CLARKE, Michel BAUWENS, Tomislav TOMASEVIC et Vedran HORVAT
    Nassonia : une forêt en commun, par Jonathan PIRON
    Semer les graines de la résistance, par Vandana Shiva et Benjamin Joyeux
    L’extraction minière dans l’espace, une aubaine cosmique ?, par Liesbeth BENEDER et Richard WOUTERS

    #communs

  • L’alternative du commun (2017)
    http://www.ccic-cerisy.asso.fr/commun17.html

    Colloque Cerisy 2017 organisé par
    Christian LAVAL, Pierre SAUVÊTRE, Ferhat TAYLAN

    Ces dernières années, on observe dans les pratiques comme dans les réflexions théoriques une véritable « explosion » du thème du « commun », devenu une référence centrale pour de multiples foyers de luttes et d’expérimentations politiques et économiques (mouvement altermondialistes et écologistes, défense des services publics, résistances paysannes, coopératives, expérimentations numériques collectives.) Cette profusion a été accompagnée par un ensemble de travaux d’économie, de sociologie politique et de philosophie. Avec une vitesse rare pour une notion nouvelle, le commun s’est mondialement imposé en tant que grand concept politique de ce début de XXIe siècle. Il admet pourtant des acceptions fort différentes, voire parfois contradictoires. Si l’installation du concept est désormais bien avancée, l’on traverse une période de problématisation stratégique, au sens d’un ensemble de questionnements, de difficultés et d’acceptions diverses quant à la manière de mettre en œuvre, face à l’impasse que représente la domination oligarchique néolibérale, l’alternative politique du commun.

    #communs #théorie_politique

  • Linus Torvalds remballe les discours sur l’innovation
    http://www.silicon.fr/linus-torvalds-remballe-les-discours-sur-linnovation-168971.html

    il a expliqué tout le mal qu’il pensait du discours sur l’innovation technologique actuelle. « Les discours sur l’innovation de l’industrie sont des conneries (bullshit) », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter que « n’importe qui peut innover, « penser différemment », c’est vide de sens. 99% de l’innovation provient du travail réalisé. »

    Il n’écarte pas la technologie comme élément important mais, pour lui, le processus est aussi important. « Il s’agit d’un projet social et il s’agit de technologie, celle-ci doit permettre aux gens de s’entendre sur les problèmes ». Des évolutions qui lui ont permis de ne plus revenir personnellement sur chaque changement de code. Il s’appuie sur le réseau des contributeurs, « de confiance et très solide. Il peut y avoir 1000 personnes impliquées dans chaque version ».

    #logiciel_libre #communs

  • A Paris, l’installation de rochers sur un terre-plein où dormaient des migrants suscite l’indignation
    http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2017/02/17/a-paris-l-installation-de-rochers-sur-un-terre-plein-ou-dormaient-des-migran

    Plusieurs bénévoles d’associations et des collectifs de citoyens ont exprimé leur indignation sur les réseaux sociaux après l’arrivée de ces blocs de pierre sur un terre-plein à proximité du centre humanitaire de la Chapelle, qui attire de nombreux exilés.

    #communs_urbains #enclosures

  • Protéger les droits d’auteurs ? « Oh non… » ? Explications – Carnet de notes
    https://n.survol.fr/n/proteger-les-droits-dauteurs-oh-non-explications

    Quelqu’un m’explique pourquoi je lis des « Oh non  ! … » sur le web lorsque quelqu’un parle de protéger les droits d’auteurs  ? C’est plutôt une bonne chose, non  ?

    Comme sur les statuts Facebook, la vraie réponse est « c’est compliqué ». Installez-vous. Je vous raconte mais c’est un peu long.

    Pas encore lu.

    #droit_d'auteur #piratage #communs

  • De Trump à Léophane : d’une débâcle journalistique à une victoire désinformationnelle ? | Sciences communes
    http://scoms.hypotheses.org/775

    On est ainsi face à la création délibérée de fausses informations et le vandalisme de diverses ressources sur l’encyclopédie en ligne. Si l’on y regarde de plus près, une telle démarche est irrespectueuse quant au travail entièrement bénévole des modérateurs, administrateurs et contributeurs de Wikipédia. Ceux-là ont ainsi raison de se sentir dénigrés et pris pour des “rats de laboratoire”. La démarche de P. Barthélémy est d’autant plus incompréhensible qu’elle émane d’un compte utilisateur “jetable” (Pomlk2) et de plusieurs adresses IP : toutes les éditions sont donc faites anonymement, même s’il est très facile d’identifier à quelle institution appartient l’adresse. Si un tel anonymat peut être évoqué pour mimer une prétendue démarche de “fausseur”, on ne comprend pas pourquoi l’équipe de modération Wikipédia n’est pas informée. Par conséquent, l’une des adresses IP utilisées par P. Barthélémy, appartenant aux adresses du Monde, est bloquée pour neuf mois pour vandalisme. Bel exploit.

    Il y a un abus de confiance de la communauté des contributeurs Wikipédia. P. Barthélémy s’est longuement entretenu avec deux des administrateurs de Wikipédia en français et, malgré l’assurance de ses bonnes intentions, les actes en disent autrement. Ainsi, initialement P. Barthélémy parlait d’“une expérience […] sur la vérifiabilité des infos sur Internet à l’heure des fake news” ; lors de son échange avec Jules, admin Wikipédia : “[l]e but (« avoué ») de l’expérience était de mettre en lumière les limites de l’encyclopédie”. Finalement, avec la publication de l’article de P. Barthélémy, on lit un appel de “mise en quarantaine” a priori des contributions.

    Cette transformation pose de nombreux problèmes : il s’agit de création avouée et élaborée de fausses informations et de vandalisme de pages pré-existantes mais aussi de non-prise en compte de l’historique de ce genre de débats. Cette mise en quarantaine a déjà fait débat et ce de nombreuses fois… depuis 2007 : sa mise en œuvre sur la Wikipédia Germanophone débouche sur des délais d’attentes considérables (deux semaines pour approuver une contribution) et a probablement contribué au déclin significatif de la participation depuis son activation en 2008. Un sondage proposant la mise en place d’un système similaire sur la Wikipédia francophone avait été très largement rejeté en 2009 (78% d’opposition), notamment sur la base de ces résultats empiriques. Par ailleurs, les réponses au tweet de P. Barthélémy sur la question sont sans exception en opposition.

    Il n’y a qu’à remonter les tweets outragés de nombreux professionnels de la recherche pour se rendre également compte de l’image qu’une revendication de la part de P. Barthélémy donne de la pratique de la science : il suffit d’avoir une idée dans l’air du temps et d’aller vandaliser quelques pages web pour être chercheur donc ? Dans un pays où les chercheurs sont dévalorisés, leurs moyens financiers inexistants et où la médiation et la communication scientifiques sont en voie de disparition, avons-nous vraiment besoin d’une telle démarche de la part du “Passeur de Sciences” du Monde ?

    Et si l’on transposait cette même démarche ?

    “Vous êtes journaliste au Monde. Avez-vous tenté de faire des erreurs volontaires dans un sujet obscur destiné au journal papier  ? sur le journal en ligne  ? Avez-vous même tenté de faire un faux sur votre blog et voir s’il serait détecté  ?

    Je doute que ce soit bien vu. Il s’en trouvera pour dire que ça montre les failles d’un journal qui se veut sérieux, ou que vous transformez après coup le contenu erroné en fausse expérience, ou qu’à tout le moins ils ne pourront pas se fier au contenu à l’avenir faute de savoir si c’est une nouvelle expérience. Ne parlons même pas du risque d’un mauvais buzz où les gens n’entendent parler que de l’erreur mais pas de l’explication qui suit.”

    #wikipedia #vandalisme #éthique #communs

    • très très intéressante démarche :

      Et puisque notre démarche est de co-construire la connaissance en respectant la véracité des informations et le sérieux de la démarche, nous invitons Pierre Barthélémy et toute personne le souhaitant à nous aider à compléter la page recensant les diverses critiques et études scientifiques traitant de Wikipédia, ses processus et ses communautés. Comme vous l’imaginez sans doute, il y a mille et une façons dignes, respectueuses et productives de renverser le cours du flux de fausses informations qui tente de nous submerger. Soyons-en les acteurs et non pas les pourfendeurs.

    • Histoire similaire en 2012 avec ce prof qui se vantait d’avoir « pourri le Web », en ajoutant des détails biographiques imaginaires dans la fiche d’une poète obscure dans le but assez évident de planter ses élèves :
      https://seenthis.net/messages/62764

      Il en concluait assez réjoui qu’il avait bien planté ses élèves, et je me souviens que j’avais été un peu minoritaire à trouver ça pas malin du tout.

  • Promouvoir les Communs de la connaissance avec Savoirscom1 | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-favier/blog/130217/promouvoir-les-communs-de-la-connaissance-avec-savoirscom1

    Créé en 2012, Savoirscom1 est un collectif engagé pour le développement de politiques et d’initiatives liées aux communs de la connaissance. Il a récemment fait une proposition intéressante autour de l’outil controversé lancé par le journal Le Monde : le Decodex.

    #communs

  • Theses on Trump - P2P Foundation
    https://wiki.p2pfoundation.net/Theses_on_Trump

    More realistically, the Sanders forces represent those sectors of the left focused on recreating a synergy between progressive labor and the cultural left, intent on creating a new coalition. Hence the moderate language used by Sanders so as to maintain the links with the parts of labor who voted Trump. However, this also means maintaining a broad orientation towards restoring the New Deal principles , support for Keynesian politics, but also crucially, the same orientation towards re-industrialization and the restoration of the nation-state.

    8. The p2p/commons approach has a crucial role to play in making the Sanders coalition more realistic, by offering new strategies for re-industrialization which are not based on going back to the old models, but on going forward towards a cosmo-local model of production, which offers solutions not just for the US workers, but for the populations of the world, and through its stress on mutualization and the commons, has solutions for the ecological and climate crisis. This requires that commoners make their own turn towards focusing not on knowledge workers only, but to all workers and the rest of the population, by offering perspectives for sustainable livelihoods. While at the same time, constructing trans-national institutions that can supplement the likely failings of both corporate neo-globalization AND neo-statist restorations.

    #communs #politique_des_communs #Michel_Bauwens

  • par Anne gononEspaces de coworking, #fab_labs, #tiers-lieux… Les « nouveaux territoires de l’art » ont-ils muté ?
    http://www.nectart-revue.fr/nectart-4-anne-gonon

    Il y a plus de quinze ans, en juin 2001, Fabrice Lextrait rendait son rapport intitulé Friches, laboratoires, fabriques, squats, projets pluridisciplinaires : une nouvelle époque de l’action culturelle. Il y décrivait et analysait une trentaine de lieux alternatifs, pour la plupart implantés dans des friches, où s’inventait une nouvelle façon de faire art et culture. Alors que ces « nouveaux territoires de l’art » sont toujours très actifs dans le paysage culturel français, ils cherchent encore pour beaucoup les moyens et la reconnaissance permettant de pérenniser leur action. Parallèlement, on assiste à l’émergence d’une autre galaxie de lieux, dits « tiers-lieux collaboratifs » (espaces de coworking, fab labs, makerspaces, etc.), qui témoignent de l’influence majeure des technologies du numérique dans (...)

    #Nectart_#4 #Transformations_artistiques #espaces_de_coworking #friches_industrielles #lieux_intermédiaires #NTA #rapport_lextrait

  • Le pantalon de Mark Zuckerberg | affordance.info
    http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/01/zuckerberg-president-united-states.html

    (…) Je n’ai pas de boule de cristal. Et je suis même incapable de vous dire, pour autant qu’elle se confirme, si cette entrée en politique est une bonne nouvelle. Ce qui me semble certain en revanche, c’est que le champ social et politique va être profondément bouleversé par le numérique et qu’il n’est donc pas illégitime que ceux qui sont à l’origine de ces bouleversements se piquent de faire de la politique. Comme il me semble certain qu’il nous faudra faire preuve d’une vigilance de chaque instant. Car un projet philantropique ne peut pas tenir lieu de politique publique. Car l’idéologie libertarienne revendiquée par ces entrepreneurs qui ont déjà changé le monde est une idéologie "sans état". Or le modèle économique des #GAFAM va obliger à repenser l’articulation du monde entre une forme clivante et extrême de capitalisme et une forme renouvelée de Marxisme à l’heure du #Digital_Labor, des intelligences artificielles, de la singularité, du transhumanisme, de l’automatisation et des biotechs : 

    « la relation entre les propriétaires de cette machine et les ouvriers qui l’ont construite repose toujours sous une forme d’exploitation sévère. » Les travailleurs que nous sommes ne construisent pas seulement le produit, mais également un automate qui construit des produits. « La tragédie de l’automatisation et de l’IA, la crainte de la « singularité », n’est en réalité que la réalisation d’une caractéristique fondamentale du capitalisme : ceux qui ne contrôlent pas les moyens de production seront toujours exclus des avantages de leur travail. 
    => @iactu http://www.internetactu.net/a-lire-ailleurs/du-but-de-lautomatisation

    (…) Quelle république algorithmique voulons-nous ?

    Pour bâtir une vraie république algorithmique, il nous faut, sans attendre, organiser et préparer sinon une riposte, au moins des réponses à cet ensemble de mutations de la société et de ce qui nous permet de faire société. Ces réponses sont déjà en partie connues. La réponse au capitalisme linguistique passe par une reconnaissance positive en droit du domaine public et une sanctuarisation des communs de la connaissance (ce point figure désormais dans certains programmes politiques dont celui de Benoit Hamon). La réponse aux problématiques de surveillance et de Privacy passe par le développement et le soutien politique affirmé au logiciel libre et aux alternatives fédératrices comme le "dégooglisons internet" de l’association Framasoft. La réponse à l’emprise algorithmique passe par le déploiement d’un index indépendant du web et la convocation d’états généraux. La réponse à l’automatisation, au Digital Labor et à l’éclatement de l’ensemble des repères qui fondaient jusqu’ici le marché de "l’emploi" passe par une réflexion sur le revenu universel. La réponse aux biotechs passe par un moratoire, un moment Asilomar, couplé à un soutien clair et fort à la recherche publique sur ces questions. Et ainsi de suite. Car si la #démocratie est un bien non-rival, ces plateformes offrent un espace "rival" à celui de l’exercice démocratique.

    Contre les futurs #Facebook Digital Labor Party ou le Google Democracy Engine, en réponse à la future candidature probable de Mark Zuckerberg ou d’un autre, il nous faut, sinon un "parti", à tout le moins une vision qui mette les #communs (de l’information, de la connaissance), l’ouverture (de données, du code, des logiciels), et le financement des politiques publiques au centre d’un projet d’émancipation citoyenne.

  • Les Nouvelles Vagues s’intéressent cette semaine aux mondes finissants. Nous commençons par réfléchir aux fins de monde à travers l’#anthropocène, l’#écologie, la justice climatique : un historien et deux juristes nous éclairent sur l’écocide, qui désigne ce fait de détruire la « maison Terre ».

    https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouvelles-vagues/fins-de-monde-15-pour-en-finir-avec-lecocide

    1ère partie : Pour en finir avec l’#écocide
    (#Droit #jurisprudence)
    http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13954-31.10.2016-ITEMA_21120580-1.mp3

    http://www.notreaffaireatous.org/manifeste

    Parmi nos revendications, (...) la formation des magistrats ou encore l’inscription de l’écocide comme 5e crime reconnu par la Cour pénale internationale.

    #crise #communs_planétaires #it_has_begun

  • Subvertir la question des #communs
    http://revueperiode.net/subvertir-la-question-des-communs

    Face à la toute puissance du paradigme orthodoxe en économie, pour lequel les arrangements contractuels privés sont les plus efficients, une réponse théorique hétérodoxe s’est saisie des communs pour contester les fondements du tout-marché. Dans ce texte, David #Harvey montre les limites de ces nouvelles approches. Centrées sur la question des arrangements institutionnels et du droit, elles évacuent le lien indissoluble entre droit de propriété et accumulation du capital. Harvey montre avec brio que le capital reproduit sans cesse un commun bien précis, le travail collectif, pour le reprivatiser. Cette lecture est précieuse, elle permet de mettre les riches observations institutionnalistes sur les communs (problèmes d’échelles, horizontalité, verticalité) au service d’un agenda (...)

    #Uncategorized

  • Entretien avec Christian Laval et David Bollier autour des communs.

    Y a-t-il des parties du monde où les communs sont plus développés ?
    D.B. : Aucun commun n’existe par lui-même, c’est-à-dire sans contexte historique, culturel et politique. Certaines parties du monde sont plus hostiles aux communs que d’autres. Par exemple, dans les pays soi-disant riches, industrialisés et développés, l’État est très jaloux de son autorité et veut avoir le contrôle sur ce qui est fait. Dans de nombreuses communautés rurales plus pauvres, dans les soi-disant pays en voie de développement, l’État est très faible et n’a pas tant d’autorité, de pouvoir ou de ressources. Les gens doivent mettre au point leur propre système pour répondre à leurs besoins. Historiquement, les communs ont plus de durabilité que l’État ou même que le marché. Ces derniers ont des coûts énormes, alors que les communs tendent à une organisation des choses plus légère, plus accessible et plus juste.

    http://lutopik.com/article/les-communs-proposent-nouveau-modele-social-economique
    #lutopik10, #communs

  • Ce que l’on apprend sur les Communs en lisant Frédéric Lordon
    https://scinfolex.com/2016/06/28/ce-que-lon-apprend-sur-les-communs-en-lisant-frederic-lordon

    L’intérêt principal de l’ouvrage consiste à opérer une relecture des théories de Marx à la lumière de la philosophie de Spinoza. Là où le matérialisme historique de Marx s’est focalisé sur les structures sociales comme principe explicatif des comportements, le recours à Spinoza permet à Lordon de réintégrer la question des passions et des désirs des individus dans le schéma d’analyse des principes de fonctionnement du capitalisme – et plus généralement de toutes les entreprises collectives humaines.

    #lordon #communs

  • Michel Bauwens, un activiste en résidence
    https://salle-6.com/2016/06/28/michel-bauwens-un-activiste-en-residence

    Il y a une différence entre la dynamique du pair-à-pair et les vieilles idées de gauche. Au sein de la vieille vision de la gauche, il s’agit d’obtenir des majorités politiques et de conquérir le pouvoir soit par la révolution, soit démocratiquement puis de changer la société par des réformes ou des changements plus radicaux. Ils partent de la politique, c’est un programme idéologique, ils cherchent à rassembler les gens qui pensent comme eux puis ils imposent un changement. La vision du pair-à-pair c’est plutôt le contraire, il s’agit d’abord de changer le régime de valeur, en construisant un mode de production différent, qui s’appuie sur les commonalités entre tous ceux qui sont engagés dans cette production. Et c’est là-dessus qu’on bâtit une politique. C’est ainsi que les changements de système se sont déroulés dans le passé. Il y a d’abord eu des pratiques préfiguratrices en réponse à une crise du système dominant, puis la construction d’une politique et la survenue parfois d’épisodes plus brusques. Tout part d’un vrai changement dans les pratiques et non d’une vision idéologique.

    [...]

    Le capitalisme et le marché vont libérer l’individu de cette économie du don. La capacité d’aller travailler, de gagner son argent, d’échanger, était vue comme une émancipation de l’individu. C’est l’évolution d’une coopération purement coercitive (esclavage, féodalité) vers une coopération neutre (la monnaie d’échange annule la dette du don). Ce que le pair-à-pair apporte à présent, c’est un retour vers les communs, vers la mutualisation, avec par exemple Linux ou Wikipédia, et Internet permet un « renomadisation » de la société. C’est une technologie qui nous libère de l’espace et du temps dans lequel on se trouve. [...] Le pair-à-pair essaie de transcender et d’intégrer l’histoire humaine. Il y a bien un aspect néo-nomadique aujourd’hui qui libère l’être humain de son ancrage géographique et culturel et qui lui permet de voyager librement entre plusieurs communautés. Par exemple, je suis un bouddhiste, végétarien, codeur de Linux et je travaille ici ou là-bas. J’ai des communautés, non pas fixes ou géographiques, mais des communautés d’affinité qui sont organisées de façon ouverte. Il y a ensuite tout un aspect néo-médiéval dans le pair-à-pair : les guildes, la relocalisation, le réveil des villes… Les gens, s’ils se battent contre le marché, ils veulent néanmoins garder son caractère neutre, impersonnel, et donc cette liberté que l’on a de choisir, de changer… Le pair-à-pair n’est pas un retour à un collectivisme fermé, il s’agit vraiment d’un mariage entre un individualisme et une nouvelle forme de collectif. Ce n’est ni de l’individualisme, ni du collectif, c’est du relationnel. Le pair-à-pair se base sur la relation et la relation dynamique.

    [...]

    Les libertariens et les anarchistes prônent également des organisations en pair-à-pair, quelles sont vos divergences avec eux ?

    Avec les anarchistes, c’est le vieux débat de la gauche depuis le 19e siècle. Dans une société qui est déjà inégale, l’Etat est une institution qui modère la violence privée, qui socialise le management de la société. Ce n’est pas un progrès d’abolir un Etat dans une société d’inégalités, c’est une régression, à l’exemple de la Somalie ou de la Colombie. Pour moi, le progrès social est amené par des groupes humains exclus, les femmes, les noirs, les ouvriers, qui se mobilisent pour civiliser l’Etat, pour le démocratiser, mais presque jamais pour l’abolir et je ne vois pas d’exemple où cette abolition a apporté quelque chose de bien, au contraire.

    Concernant les anarcho-capitalistes ou les anarcho-libertariens, en quelque sorte les anarchistes de droite, c’est le totalitarisme du marché qu’ils veulent imposer. Par exemple, si on n’est pas propriétaire de bitcoin, on ne joue pas. Bitcoin est une démocratisation de la rente, c’est-à-dire on y entre quand c’est facile de produire cette monnaie, le design est pensé de sorte à ce que ce soit de plus en plus difficile de les produire, donc la valeur augmente, car la demande s’accroit plus vite que l’offre. Ainsi, on gagne de l’argent sans travail, c’est un système de rente spéculative. Les anarcho-capitalistes cherchent à abolir tous les mécanismes de protection sociale et de solidarité dans la société pour ne retenir que l’armée et la police afin de protéger leur propriété. Ils rêvent d’une société d’individus séparés qui font des contrats libres entre eux. Cependant, ils ne tiennent pas compte du contexte social inégalitaire existant. C’est une idéologie qui est totalement aveugle au collectif. Elle considère une personne indépendamment de son passé, comme si elle flottait comme ça en dehors de tout déterminismes sociaux, comme si elle était tout à fait formée et capable de faire des choix. Pour eux, il n’y a pas de problèmes sociaux, uniquement des problèmes technologiques.

    [...]

    Nous avons déjà eu un espion dans la fondation. Il a fait énormément de tort, il visitait ma boite email tous les deux jours, il a blacklisté une cinquantaine de personnes, il a manipulé la communication à l’intérieur du réseau. Il a causé des dommages substantiels, d’autant que j’étais à ce moment-là très précaire, en bloquant toutes les communications qui auraient pu nous apporter des revenus. Cette personne était clairement là dans un but de sabotage.

    #Communs #Internet #Michel_Bauwens #P2P_Foundation #Pair_à_pair #Politique #Économie #Économie_collaborative

  • Who’s reading millions of stolen research papers on the outlaw website Sci-Hub ? Now we know. - The Washington Post
    https://www.washingtonpost.com/news/local/wp/2016/04/28/whos-reading-millions-of-stolen-research-papers-on-the-outlaw-site-sci-hub-now-we-know/?postshare=5751461867443756&tid=ss_tw

    Très intéressante carte des téléchargements d’articles scientifiques sur le site « pirate » Sci-Hub : les pays en développement sont très présents, mais il y a aussi des téléchargements depuis les pays riches (mais contrairement à ce que dit l’article, qui laisse penser que des universitaires fraudent par flemme, je pense que cela témoigne de l’appétence d’un public plus large qu’on ne croit pour les travaux scientifiques)

    The map at the top of the story shows massive use in India, Iran, Russia and China, supporting Elbakyan’s view that researchers in developing or politically fractured countries — as was hers, growing up in Kazakhstan — are hungry to tap into the world’s knowledge.

    But the map below shows heavy use around the United States, too. Bohannon writes that a “quarter of the Sci-Hub requests for papers came from the 34 members of the Organization for Economic Co-operation and Development, the wealthiest nations with, supposedly, the best journal access. In fact, some of the most intense use of Sci-Hub appears to be happening on the campuses of U.S. and European universities.”


    #cartographie #science #recherche #communs

  • Les biens communs
    http://www.modes-d-emploi.net/spip.php?article536

    L’émission de ce soir est consacrée aux communs, à leur partage et plus particulièrement aux communs numériques, en lien avec l’adoption de la loi république numérique le 26 janvier dernier par l’assemblée. Invités : Pierre-Carl Langlais, membre du collectif Savoirscom1, il publie régulièrement des articles sur les principaux enjeux des communs de la connaissance (libre accès, domaine public, open data, licences réciproques) ; Silvère Mercier, bibliothécaire, est co-fondateur du collectif SavoirsCom1. Il anime le blog Bibliobsession depuis 2005 où il s’intéresse aux impacts du numérique sur les lieux et modes de production, appropriations et diffusion des savoirs et des savoir-faire. Durée : 53 min. Source : Fréquence Paris (...)

    http://www.modes-d-emploi.net/IMG/mp3/mde977c-250316220.mp3

  • Vers une convergence entre Blockchain et les licences Creative Commons ?
    http://scinfolex.com/2016/03/16/vers-une-convergence-entre-blockchain-et-les-licences-creative-commons
    A la fin du mois dernier, Creative Commons France a publié sur son blog un très intéressant billet pour rendre compte des premiers résultats d’un projet pilote conduit avec le service Ascribe.io pour permettre aux créateurs d’enregistrer leurs oeuvres sous licence Creative Commons via le protocole Blockchain. Pour faire simple et sans m’étendre trop longuement, Blockchain (ou « chaîne de blocs » en français) correspond à la technologique utilisée à l’origine pour développer des cryptomonnaies comme le Bitcoin.

  • Machines arrière ! (des chances et des voies d’un soulèvement vital)
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=816

    Une revue universitaire vient de nous poser l’une de ces questions qui remplissent les bibliothèques de livres et les penseurs d’angoisse depuis 1945 : « Quelle forme est-il encore envisageable de donner à la résistance ? Peut-on espérer voir se lever les populations superflues contre le capitalisme technologique et ses soutiens politiques ? » Il faudrait pour répondre à pareilles questions avec une certitude scientifique, maîtriser la théorie du chaos et connaître la situation dans toutes ses conditions initiales et toutes les chaînes de réactions qu’elles peuvent déclencher. Heureusement, ni les big data, ni les logiciels des sociologues et de la Rand Corporation, malgré tous leurs modèles, ne peuvent encore traiter l’avenir comme un mécanisme programmé. Le plus sage serait de dire, oui, on peut (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/machines_arrie_re.pdf

    • Les ennemis du Progrès, comme les Indiens, ont le choix entre deux façons de perdre.

      Soit ils considèrent que la fin est dans les moyens, ils refusent - à la manière des Amish - de vivre avec leur temps. Ils se retirent dans des isolats temporels, à la campagne, au sein de micro- sociétés et de micro-réseaux, dans l’espoir, au mieux, que leur exemple soit contagieux, au pis, d’assurer leur salut individuel. S’ils sortent de leur refuge pour attaquer le système, ils sont vaincus, sauf exception ; comme les Indiens, avec leurs arcs et leurs flèches, furent vaincus, sauf exception. On ne peut pas éternellement se gargariser du Larzac et de la Little Big Horn.

      Soit ils considèrent que la fin justifie les moyens et ils retournent contre l’ennemi, les armes de l’ennemi. C’est la position des communistes, de Lénine, de Trotski, 5 des nationalistes des pays colonisés, des islamistes aujourd’hui. C’est possible parce que ces courants croient à la neutralité des moyens scientifiques, technologiques, industriels, militaires, etc. Le Progrès est neutre, les moyens sont neutres, tout dépend de leur usage, de ce qu’on en fait, de leur fin. Ainsi l’arme nucléaire devient-elle morale, dès qu’elle devient rouge, communiste, ou verte, islamique. Les drones auraient toutes les vertus s’ils attaquaient Israël, les Etats-Unis et l’Europe, etc. Cette souplesse morale s’étend d’ailleurs aux moyens politiques et guerriers. La fin justifie la terreur : les massacres de septembre 1792, l’extermination des anarchistes et des populistes par le Guépéou bolchevique, et les moyens théorisés par l’Etat islamique dans La Gestion de la terreur, afin de purifier le monde de ses mécréants. C’est ainsi que la Révolution perfectionne l’Etat hérité de l’autocratie russe ou de l’absolutisme royal et que la technologie, conçue et développée en Occident, transforme le monde, modernise/américanise/occidentalise tous ceux qui prétendent l’employer contre l’Occident. Et en fin de compte, « nous sommes tous américains » - mais comme les Américains eux-mêmes - moyennant quelques gris-gris culturels et identitaires, que l’on soit afro-américain, sino-américain, juif américain, hispano-américain etc., ou gallo-ricain pour les résidents de l’Hexagone.

    • Si les ennemis du Progrès, au nom de l’efficacité et du pragmatisme, utilisent les moyens du Progrès pour combattre le Progrès, il leur faut devenir de meilleurs progressistes que les progressistes. Il leur faut, pour vaincre les progressistes sur leur terrain, devenir de meilleurs ingénieurs et techniciens, utiliser mieux de meilleures machines, de meilleurs systèmes et réseaux. Les spécialistes et les experts instaurent aussitôt leur domination et prennent le pouvoir chez les ennemis du Progrès comme ils l’ont pris chez les progressistes. Technocratie contre technocratie, l’identité profonde entre les deux adversaires l’emporte sur l’opposition de surface, et le combat cesse faute de combattants.

    • La technologie, comme tous les moyens, n’est pas neutre (Ne-uter : ni l’un, ni l’autre) ; elle est ambivalente (ambi : ceci & cela), voire polyvalente. Elle n’interprète pas le monde comme la philosophie spéculative, elle le transforme ainsi que ceux qui l’utilisent. De moyen en vue d’une fin, elle devient sa propre fin et celle de ses utilisateurs.

    • L’exemple canonique étant la production des « puces » électroniques, ce composant de base, matériel (hardware), emblématique de la société technologique et de l’économie de la connaissance. Or le coût unitaire et le prix de vente des puces ne cesse de s’effondrer, en même temps que diminue leur taille et qu’augmente leur vitesse de calcul - mais - l’investissement dans une fonderie, une fab, est devenu si vertigineux que des entreprises concurrentes doivent s’associer lorsqu’elles se risquent à en construire une. Ainsi l’Alliance qui regroupe Motorola, TSMC et STMicroelectronics, en 2002, à Crolles, près de Grenoble, pour construire une fab à 3 milliards d’euros (dont 543 millions de subventions publiques) : le plus gros investissement industriel en France, depuis dix ans. Malgré les multiples soutiens de la puissance publique à tous les échelons, du municipal à l’européen, l’Alliance, qui pille les eaux des massifs voisins et bouleverse par sa seule présence le paysage et le marché de l’immobilier, ne cesse de changer de partenaires et de licencier des centaines de salariés, au gré des cycles du marché des semi- conducteurs, en voie de concentration, et des luttes à mort entre constructeurs. La superfluité - la prolétarisation - frappe même les ingénieurs et les techniciens. La part des salariés dans les coûts de production devient toujours plus marginale. Les ouvriers – les « opérateurs » des salles blanches - se réduisant depuis longtemps à une minorité quantitative et qualitative, par rapport aux machines et aux strates supérieures de personnel. Une classe ouvrière réduite à des éléments épars, submergée de robots et de bataillons d’ingénieurs, a perdu toute chance d’être le sujet de l’ultime révolution.

    • Les superflus sont aujourd’hui vraiment superflus. Inutiles comme producteurs concurrencés par l’informatique et l’automation. Insolvables comme consommateurs au point d’en être à quémander une allocation d’existence universelle. Ils n’atteignent même pas à la dignité des prolétaires au sens originel, ceux qui n’ont que leurs enfants à offrir à la cité. Les multiples techniques de reproduction artificielle déjà au point et sans cesse améliorées suffisent bientôt aux besoins en ressources humaines des entreprises et des collectivités, ainsi qu’aux projets parentaux des technarques et de la technocratie : les 1 % mentionnés plus haut.

      Cependant les superflus mangent, boivent, respirent, s’habillent, se logent, circulent, consomment. Dans un monde de raréfaction des ressources en eau, en nourriture, en espace, en énergie et minéraux, ils ne sont pas seulement superflus, mais nuisibles. La technocratie n’a que faire d’opprimer les superflus. Elle se soucie comme d’une guigne de leur assurer les conditions d’existence qui leur permettent au moins de vivre dans la servitude. Elle se moque de leur assurer une existence d’esclaves parce que leur existence d’esclave est pur gaspillage.

    • D’où pourraient renaître les hommes et la conscience humaine, capables de penser la déshumanisation du monde et de s’y opposer ? Et surtout de s’y opposer avec la moindre chance de succès, alors que tant de générations et de héros, autrement résolus et armés, intellectuellement et militairement, et qui combattaient dans un rapport de forces moins défavorable, furent écrasés. C’est de leurs défaites, aussi, que nous restons anéantis. Pour mémoire, la dernière insurrection victorieuse en France remonte à février 1848.

    • Certes, cette image du passé est forcément mythifiée, du moins en partie, et nous sommes loin d’en regretter tous les us et coutumes, mais elle est émouvante , ce qui vaut mieux que d’être mobilisatrice.

      C’est ce mirage, ce passé, qui, depuis un demi-siècle, dans les « sociétés avancées », ramènent des hommes à la campagne, en groupes ou en solitaires. Ceux-là sortent de la superfluité. Ils témoignent pour les autres que c’est possible, éveillant du coup la vision d’une sortie en masse. Ils portent en actes la critique du Progrès, née avec le Progrès lui-même, il y a deux siècles. Précisons pour les malentendants : le progrès technoscientifique contre le progrès social et humain.

    • Ainsi le milieu anti-industriel avait remis en circulation, voici des années, l’idée de « Réappropriation des savoirs-faire », déjà présente dans les communautés post-soixante- huitardes. Heureuse idée, destinée à rendre un peu d’autonomie vis-à-vis de la Mégamachine, à ceux qui la mettraient en pratique ; à conserver des vieilles pratiques ; à renouer avec cette expérience directe, avec cette sensibilité qui façonne les réfractaires à la société industrielle. Nombre de textes, parmi les plus intéressants de l’époque, sont issus de cette mouvance, qu’on peut lire notamment à L’Encyclopédie des Nuisances et dans Notes & Morceaux choisis, le bulletin de Bertrand Louart. Cette idée de « réappropriation des savoirs-faire » circule dans les squats, les communautés, les ZAD, les ateliers et les jardins collectifs et chez bien des gens qui vivent à l’écart, seuls ou en famille. Elle est un point d’ancrage et un point de départ. Elle donne du recul et matière à penser à ceux qui la mettent en pratique, sans prétendre un instant s’être affranchis du système, au sein d’on ne sait quelle Utopie enfin trouvée. Il n’y a pas d’ailleurs, mais des idées nées de la pratique et qui suscitent de nouvelles pratiques, en un perpétuel va-et- vient cumulatif entre l’expérience et la théorie. Une fois passé le seuil du mouvement spontané, de la réaction instinctive née de l’existence même des sujets – et il est aussitôt passé-, ce sont la réflexion et la critique qui commandent la pratique.

      avec du @tranbert dedans

    • Nous qui ne savons ni le grec, ni l’hébreu, et à qui les temps qui s’enténèbrent n’ont permis que de mauvaises études, nous avons proposé la méthode de l’enquête critique afin de produire des idées et des producteurs d’idées. Il y a toutes sortes d’enquêtes. Sans détailler ce qui semble un pléonasme - après tout, une enquête devrait toujours être critique - il s’agissait de pousser tout un chacun à se « réapproprier la pensée », à fabriquer du sens par lui-même, en enquêtant sur le monde à partir de son lieu de vie. Ellul : « Penser global, agir local ». Du concret et du particulier, à l’abstrait et au général. C’est l’exemple que nous avons tâché de développer à partir de la technopole grenobloise qui, de fil en aiguille, s’est transformé en critique du capitalisme mondialisé à l’ère technologique.

    • Chaque époque, en effet, présente un caractère particulier, qui l’unifie et qui l’affecte dans tous ses aspects. Ainsi le caractère technologique du capitalisme contemporain depuis la 2 e Guerre mondiale nous serait tôt ou tard apparu, que nous enquêtions sur l’élevage ovin en Lozère, la porcelaine à Limoges, le foot spectacle à Marseille ou plus directement sur l’aviation, les télécoms ou les nanotechnologies dans la technopole grenobloise, à Rennes ou à Toulouse. Dire que la technologie est le front principal ne signifie pas qu’on réduise toute opposition à sa contestation. Ce serait aussi absurde que de se battre « contre la Somme » ou « contre le Rhin » parce qu’à un moment donné la ligne de la Somme ou celle du Rhin matérialise le front principal entre deux armées. Le front principal n’est que le théâtre majeur de l’action, celui qui commande les fronts dits secondaires et où se décide l’issue du conflit. C’est-à-dire que toute percée ou recul sur ce front se répercute en cascade sur les autres et transforme la situation. À aucun moment, il ne s’agit de hiérarchiser les mérites de différentes causes, ni ceux de leurs défenseurs (cause des femmes, des homos, des animaux, etc.). Il s’agit de comprendre, avec le moins de retard possible sur le fait accompli, comment la technologie transforme le monde, villes et campagnes, les hommes et les femmes, leurs corps, les rapports sociaux, le rapport à soi, les idées, etc. Et enfin les rapports de force entre nécessaires et superflus, à l’avantage des premiers, bien sûr. Maintenant, si vous pouvez nous dire quel autre facteur que les technosciences a davantage changé l’homme et le monde depuis la révolution industrielle (circa 1800), ou la révolution cybernétique (circa 1945), nous serons vraiment intéressés.

    • Huhu, @aude_v je dirais : pas spécialement : je relève les passages qui me semblent intéressants ou significatifs, ou encore « à discuter ». Là mes citations en sont à 1/3 du document, et pas vraiment rencontré de trucs anti-féministes, homophobes ou du genre, donc ça reste plutôt lisible intéressant. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y aurait pas des choses à discuter/critiquer quand même hein. :D

      Il y a pas mal de rappels historiques et de choses qui sont intéressantes à rappeler ou avoir en tête.

      Je continuerai ce soir ou demain…

    • « Ce soir ou demain » … 4 ans plus tard

      De même qu’un paléozoologue reconstitue l’anatomie, l’alimentation et le milieu d’un dinosaure à partir d’un os, nous avons pu, à partir de la technopole grenobloise, reconstituer le technocapitalisme mondialisé (le stade Silicon Valley du capitalisme), désigner et décrire au fil d’une quinzaine de livres et de centaines de textes, nombre de concepts et de phénomènes associés : la police totale (gestion et contention), la société de contrainte (implants cérébraux), la technocratie (l’alliage du capital et de l’expertise), la reproduction artificielle de l’humain, etc. Nous avons reçu un accueil mondain, la reconnaissance rechignée d’un étroit milieu d’initiés, et un échec politique ; les enquêteurs, les producteurs d’idées et les idées ne se sont pas multipliés à la vitesse nécessaire. La conscience du désastre traîne loin derrière l’emballement technologique. Nous-mêmes, qui y passons notre temps et nos efforts, nous peinons à saisir « ce qui se passe »,« en temps réel ». Et encore plus à le dire, et à y répondre.
      Certes, nous avons parlé avec beaucoup de gens. Nous avons suscité des écrits et des écriveurs, mais finalement nous n’avons rencontré que ceux qui nous cherchaient.

      […]

      Pardon de notre naïveté, nous avons rencontré tant de diplômés, désireux de « nous aider », de « faire quelque chose », en proie à la panique et à la procrastination dès lors qu’on leur proposait - non pas d’écrire - mais de rédiger sur tel ou tel sujet qui leur tenait à cœur. Ils en étaient simplement incapables ; et aussi humiliés que les illettrés à qui l’on demande soudain de lire ou de remplir un document.

    • La plupart des jeunes radicalistes que nous avons croisés, ne s’intéressaient pas plus au local et aux technologies que les vieux citoyennistes. Ils cherchaient surtout des thèmes d’activisme pour se mettre en valeur, des prétextes à réunions, à hauts cris, conciliabules, opérations d’agit-prop’, voire, dans leur plus cher désir, à une émeute réglementaire, avec cagoules, black bloc et bris de vitrines. Il nous incombait de fournir le discours, les faits, les arguments, les textes, justifiant ces envies d’esclandres. Pour peu qu’on féminise les textes collectifs et qu’on ajoute systématiquement « ...et son monde » après l’objet de notre opposition -Contre Ceci et son monde !... Contre Cela et son monde ! - comme un répons de messe, nous avions l’imprimatur. Peu d’entre eux ont vraiment compris ce qu’étaient les nanotechnologies, les technologies convergentes, ni ce que signifiait l’emballement technologique. Nous étions pour eux, comme pour les gauchistes du NPA, une sorte de commission spécialisée, dans un domaine ésotérique et abscons. On ne s’y investit que lorsqu’on n’a rien de plus urgent ou de plus gratifiant à faire ; et on y fait appel quand on a besoin d’une explication ou d’un intervenant sur le sujet. Gauchistes et post-gauchistes n’ont jamais admis que nous étions des généralistes de la politique et non pas des spécialistes des technologies. Il aurait fallu d’abord comprendre que la technologie était devenue la politique de notre temps – la réelle politique du capital et de la technocratie - et non pas un simple moyen, susceptible de « dérives » et de « dysfonctionnements ».

      Il y a des années de cela, une note étonnante du Centre d’Analyse Stratégique - ou d’une officine similaire - nous était passée sous les yeux. L’auteur y déclarait que les risques de tension majeurs à venir en France, étaient soit les controverses technologiques (nucléaire, OGM, nanos, etc.), soit les controverses identitaires (ethniques, confessionnelles, sexuelles, etc.). En tant qu’humains, à qui rien d’humain n’est étranger, nous nous sommes évertués à faire de la lutte contre l’inhumain (transhumanisme, anomie, fanatisme) le souci premier de nos congénères. Devinez qui a gagné.

    • A-t-on jamais vu, malgré des décennies d’appels et de propagande, laFrance d’en bas défiler en masse contre les nuisances qui frappent davantage les quartiers populaires ? Le bruit, l’air et l’eau empoisonnés, la malbouffe, les pesticides, les engrais qui infectent et abrègent la vie. A-t-on jamais vu la jeunesse des cités ou la vieillesse des cantons se soucier de l’intérêt général et se joindre aux protestations contre le nucléaire, les chimères génétiques et l’artificialisation du territoire ? Pour toutes les critiques qu’on leur adresse, et qu’ils méritent, les petits-bourgeois « écolos » restent les seuls, et les derniers, à ne pas séparer leurs intérêts de l’intérêt commun, à faire preuve d’idéalisme et à se battre pour tous, en même temps que pour eux. Qu’ils gagnent et qu’ils s’y prennent bien pour rallier l’ensemble du peuple à la cause commune est une autre affaire. Mais pour en parler, il faut avoir tenté, une fois, d’éveiller un canton d’éleveurs de porcs ou les banlieusards d’une métropole à la critique radicale.

      Demandez à n’importe quel ancien établi, mao ou marxiste-léniniste. Aux derniers prêtres ouvriers et curés des cités. Cela suppose d’y habiter. De se lier aux habitants. D’enquêter. De ne passuivre les idées et les revendications aliénées, aussi populaires soient-elles. De ne pas émettre un langage et un programme tout faits, aussi justes soient-ils dans l’abstrait, mais étranges et incompréhensibles pour la population. De se plonger dans le milieu sans s’y perdre, mais sans heurter. Cela suppose d’écouter, d’observer, de comprendre – « l’analyse concrète de la situation concrète ». De synthétiser les griefs pour produire des idées radicales (et non pas extrémistes), dont les habitants puissent s’emparer, etc. L’expérience de l’établissement (« aller au peuple ») et de l’enquête de masse, depuis le XIXe siècle, ont accumulé là-dessus de multiples règles et leçons qu’on ne discutera pas ici. Mais si vous connaissez des volontaires, on ne demande qu’à leur en faire part.

    • Il ne suffit pas de protester contre la destruction de l’école, de la langue, de la pensée, de la culture, de la mémoire, ni de se réfugier, chacun pour soi, dans la lecture. Il s’agit de créer un réseau de maisons vouées à la conservation et à la transmission de l’œuvre ancienne de l’humanité. Il faut de la pierre : des bâtiments, des librairies, des salles d’étude. Il faut des programmes, des maîtres, des élèves et de l’argent.
      Il n’a jamais suffit de la réunion mensuelle du « café citoyen » ou du « lieualternatif », avec son film-débat ou son conférencier en tournée.Il faut, partout, des centres de recherches sauvages qui analysent constamment, concrètement, la situation et lâchent des essaims d’enquêteurs dans toutes les situations concrètes.
      Il faut sauver tout ce qui peut l’être. Il faut des jardins, des vergers, des potagers ; des semences paysannes et des arches animales. Il faut des ateliers où réapprendre les techniques vernaculaires et autonomes, par opposition aux systèmes technologiques et autoritaires. Il faut donc tout ce qui se fait déjà, depuis des années, de manière éparse et multiple, et qui nourrit ce fond de conscience humaine et vitale, hostile à la mort machine. Mais il le faut de façon beaucoup mieux pensée, beaucoup plus dense et rayonnante. Beaucoup plus sérieuse.
      Il s’agit en somme d’instituer une véritable éducation populaire, du meilleur niveau et pour le plus grand nombre. D’ouvrir des écoles partout.

      […]

      Ce que les résistants attendent, c’est un tour de magie qui ne leur demande rien de plus que « toutce qu’ils font déjà », un simple vœu ; un acte d’opinion. « ils font partie », « Ils soutiennent »... Beaucoup n’espèrent plus qu’en la Catastrophe pour arrêter la catastrophe, mais avec souvent une sorte de complaisance et d’inconséquence. Ils n’imaginent pas concrètement cette catastrophe ; ou alors sans douleur ; ou du moins, après leur mort. Ils déplorent la catastrophe en cours, mais « jusqu’ici, ça va », et s’ils la nomment « catastrophe », c’est davantage par goût des grands mots et de l’exagération militante que par exactitude. La Catastrophe arrivera « un jour », et ce sera un événement subit, d’une violence planétaire.
      Cependant, cette attente apocalyptique qui se coule dans le moule culturel et religieux de nombreux peuples, façonne une mentalité anxieuse et désespérée. Elle sature l’esprit du temps et tourmente, de façon latente, celui des superflus. Ainsi s’accumule un fond de désespoir et d’abattement, telle une nappe de naphte, prête à nourrir des feux spontanés, lorsqu’elle affleure la surface, ou à s’embraser en incendie gigantesque, suite à un accident de forage. Aussi attendu soit-il, l’événement, sur le vif, surprend et stupéfie. Après coup, assez vite, les commentateurs rappellent qu’on s’y attendait, que « ça ne pouvait pas durer » ; même si, en fait, « ça durait » depuis si longtemps qu’on ne voyait pas pourquoi « ça » ne pourrait pas durer aussi longtemps -et même toujours - quoi qu’on s’interdît de le dire par piété révolutionnaire. Ainsi vont les catastrophes dont la théorie n’est plus à faire. Soit la catastrophe provoque la révolution, soit la révolution prévient la catastrophe.

    • Il faut pour agir un but et des moyens.
      Quant au but, nous reprenons notre bien : l’usage partagé des biens communs (de ce qu’il en reste), qui était l’exigence des vrais socialistes et anarchistes du jeune XIXe siècle.
      L’usage prudent, frugal, des biens communs, qui était celle des vrais « écologistes » du jeune XXe siècle (Ellul, Charbonneau et alii) ; le contrôle des naissances revendiqué par Armand Robin et les anarchistes des années vingt (les « néo-malthusiens ») ; la décroissance qui est, en ce début de XXIe siècle, l’autre nom, le « nom obus », du combat contre la société de consommation engagé par les contestataires des années soixante (situs, beatnicks, hippies, etc.) ; tous ces buts et ces moyens participent de cet épicurisme, de cet art choisi et délicat de la vie sur terre, dont le monde porte depuis longtemps le rêve. N’en déplaise aux pieux natalistes, il ne suffit pas de réduire la consommation ostentatoire de quelques-uns pour préserver notre jardin, il faut aussi réduire le nombre des consommateurs. Aussi viable que serait une fourmilière humaine, elle n’en serait pas pour autant vivable, ni enviable. Nous sommes des animaux politiques et non pas des insectes sociaux.

      #biens_communs #communs

      […]

      Peut-on, au-delà, proposer aux superflus et aux résistants des tactiques de lutte, comme l’ancien mouvement ouvrier en avait inventé durant son histoire ?
      En fait, nous pouvons toutes les transposer - grèves, sabotages, occupations, blocages, boycottages - de l’usine à la vie quotidienne, en sachant qu’aucune ne constitue l’arme absolue (aujourd’hui comme hier), et que toutes peuvent être récupérées et retournées par la technocratie.
      Il est ainsi possible pour les radicaux de se lier aux superflus en faisant une propagande intense et constante aux entrées des grandes surfaces, aux sorties des gares, aux arrêts de bus, etc., partout où ils passent et consomment en masse des produits et des services, afin de les informer concrètement des vices de ces marchandises, les inciter au boycottage, leur proposer des alternatives d’achat, et surtout, des alternatives à la consommation. Ces boycottages peuvent cibler d’abord certains produits particulièrement nocifs, socialement et sanitairement, faciles à éviter, et s’étendre ensuite. Le refus d’achat est beaucoup plus facile que le refus de travail : on ne perd pas d’argent, on en gagne. À moins de restaurer la vente forcée, comme celle du sel sous l’ancien régime (la gabelle), on ne peut obliger les clients à acheter. Les partisans de la décroissance, ennemis de la « consommation patriotique » et saboteurs du « moral des ménages », devraient répandre cette tactique, au lieu de la confiner de manière anecdotique et symbolique à leur seul usage. Mais il faut oser parler et apprendre à parler aux superflus. Leur parler en vrai, de vive voix dans le monde réel, et non pas seulement par le biais d’Internet et de publications internes aux milieux « écolos ». Nous pouvons par ce moyen mettre des entreprises à genoux. Nous pourrions, à titre de mythe radical, lancer l’idée d’une grève générale des achats, réminiscente de la grève générale du travail.

      […]

      C’est une membrane qui sépare les initiatives d’autogestion alternative, de l’exploitation par l’Etat du sentiment de fraternité.
      De même qu’autour de l’usine en grève pouvait se développer une « société autogérée », piquets de grèves, fêtes, approvisionnements, occupation et production « sauvage », préfigurant « le monde à venir », le boycottage peut mener à la grève des achats et celle-ci, à la mise en place d’autres circuits, et de proche en proche à l’instauration d’une économie parallèle gérée par des conseils populaires. Sourdement, c’est à quoi tendent les « amap », les « sel », les « zad » etc., quels que soient leurs défauts par ailleurs.

      […]

      Nous l’avons dit maintes fois, nous n’avons pas de « projet » au sens des programmes et théories des vieilles avant-gardes surplombantes, nous n’avons que des rejets. Nous proposons d’agir par soustraction, d’examiner collectivement, une à une, toutes les activités économiques suivant leur utilité ou leur nocivité, et de décider de leur maintien ou de leur abolition. À titre d’échantillons, nous pourrions examiner le sort de l’industrie publicitaire, de la grande distribution, de l’agrochimie, de l’industrie nucléaire, de la spéculation financière, des médias de masse, etc.. Et ainsi, pièce par pièce, en démanteler des pans entiers. Ce qui resterait de ce passage au crible ne serait nullement la société socialiste ou communiste des traités marxiens, mais un pis-aller. Un capitalisme rabougri, ramené des décennies en arrière, et laissant à la société le loisir de débattre au fond, consciemment, de ses formes d’organisation. Ce serait un peu d’air.