• Francesca Albanese, UN Special Rapporteur oPt sur X : “2/ The EU Foreign Affairs Council is legally bound to suspend the EU-Israel Association Agreement. Debating whether Israel is violating human rights under Article 2 is not only superfluous - it is grotesque. The matter has already been settled by the ICJ and multiple UN bodies.” / X
    https://x.com/FranceskAlbs/status/1945096522678313143

    Le Conseil des affaires étrangères de l’UE est juridiquement tenu de suspendre l’accord d’association UE-Israël. Débattre de la question de savoir si Israël viole les droits de l’homme au titre de l’article 2 est non seulement superflu, mais aussi #grotesque. La question a déjà été tranchée par la CIJ et plusieurs organes de l’ONU, et ce depuis des décennies.

    […]

    Maintenir des échanges commerciaux avec une économie inextricablement liée à l’occupation, à l’apartheid et au #génocide c’est de la #complicité. Cela revient à cautionner l’effondrement de l’ordre juridique international. Cela revient pour l’UE à avoir sur la conscience chacun des plus de 17 000 enfants tués par Israël au cours des 21 derniers mois, des centaines de Palestiniens massacrés alors qu’ils tentaient de recevoir un sac de farine pour nourrir leurs familles affamées, et plus encore.

    Entre 2023 et 2024, les exportations de biens de l’UE vers Israël ont augmenté de 1,2 milliard de € . Cela doit cesser.

  • Le monde des revues scientifiques au bord de l’#asphyxie

    Plus de trois millions d’articles sont publiés chaque année dans les revues scientifiques, les chercheurs étant incités à les multiplier pour se distinguer. Une logique économique perverse s’est installée, qui profite d’abord aux grands éditeurs et encourage les #fraudes les plus inattendues. Des propositions alternatives émergent pour sauver le partage des connaissances.

    Alerte. L’un des piliers de la recherche scientifique est en train de trembler, de se fissurer, voire menace de s’effondrer. Ce pilier, c’est l’article de recherche, sélectionné et évalué par des journaux ou des revues scientifiques. C’est par ce biais qu’Albert Einstein explique sa théorie de la relativité restreinte en 1905 (dans les Annalen der Physik). Ou qu’Alexander Fleming, en 1929, décrit l’action de la pénicilline (dans le British Journal of Experimental Pathology). Ou encore que James Watson et Francis Crick décrivent la structure de l’ADN en 1953 (dans les colonnes de la revue Nature).

    Ce qui est remis en question n’est pas l’article lui-même, quoiqu’il se transforme aussi, mais la place qu’il occupe dans le paysage savant, la manière dont il est distribué, évalué ou « consommé ». L’article de recherche a en effet changé de nature. « Il n’est plus une unité de #connaissance, mais est devenu une unité d’#évaluation », a rappelé Philippe Huneman, chercheur à l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques au CNRS, lors de l’Agora sciences université recherche. Réunie les 16 et 17 juin à Paris pour « refonder l’université et la recherche », elle a consacré une session à ce sujet. « C’est une machine à transformer de la connaissance en gains symboliques et financiers. L’article est donc au cœur du système de recherche et la source de nombreux problèmes », a-t-il précisé.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/07/07/le-monde-des-revues-scientifiques-au-bord-de-l-asphyxie_6619660_1650684.html

    #revues_scientifiques #édition_scientifiques #compétition #revues_prédatrices #alternative #ESR #science #recherche_scientifique #recherche #université

  • #Racisme : « Depuis les premières découvertes, rien n’a changé » - Entretien avec #Mireille_Fanon-Mendès-France - #Le_Poing
    https://lepoing.net/racisme-depuis-les-premieres-decouvertes-rien-na-change-entretien-avec-mire

    Mireille Fanon-Mendès-France a rappelé quelques fondamentaux lors de la Plateforme des Peuples d’Europe, mi-février à Vienne, s’inspirant du travail mené par son père, #Frantz_Fanon, figure majeure de l’anticolonialisme. Délaissant les statistiques et les cartes pour se concentrer sur les paradigmes fondateurs de notre monde, elle perçoit les violences internationales de notre temps comme la continuation d’une longue histoire raciste de conquêtes coloniales

    Article initialement paru dans le numéro 46 du Poing, imprimé en mars 2025 et toujours disponible sur notre boutique en ligne

    « Vous êtes des centaines face à moi, venus de toute l’Europe, et je ne vois aucun noir. C’est saisissant. » Le constat dressé par la juriste Mireille Fanon-Mendès-France, face aux participants de la Plateforme des Peuples d’Europe, est implacable et en dit long sur les tares de l’extrême-gauche pour assumer son combat antiraciste et décolonial. En tribune comme en coulisse, face à un journaliste du Poing, la septuagénaire ne se contente pas de l’écume des choses. Quand on lui demande si l’on n’assiste pas à une récente radicalisation de l’ordre international, elle nous fait remonter à la Bulle de 1452 par laquelle le pape Nicolas V autorise le roi du Portugal Alphonse V à « envahir, rechercher, capturer et soumettre les Sarrasins et les païens et tous les autres incroyants et ennemis du Christ où qu’ils puissent être […] et de réduire leurs personnes en servitude perpétuelle ». Selon elle, les événements internationaux de notre époque ne sont pas le fait de rapports de forces, mais « la continuation de ce qui a été mis en place dès les premières colonisations des territoires découverts : l’appropriation illégitime et le règlement des différends par les armes ».

    Pour l’ancien collaboratrice d’un député communiste, quand Donald Trump revendique vouloir vider Gaza de son peuple et transformer sa terre en riviera pour les dominants, il s’inscrit pleinement dans cette longue histoire raciste et coloniale reposant sur le vol et les crimes de génocide. « De la doctrine des découvertes de 1492 à celle de la lutte contre le terrorisme ou pour défendre la sécurité, au nom de la loi et de l’ordre, il n’y a aucune différence puisque l’objectif reste celui d’Alphonse V » tranche-t-elle. « À cette doctrine des découvertes a été ajoutée celle de la plantation, d’où est né le système économique actuel. Il s’est enrichi de la vente des corps noirs considérés comme biens meubles, […] au point que la conceptualisation de l’universalisme s’est construite par opposition aux corps noirs et non par adhésion à la dignité et l’identité humaine. » Un racisme antinoir déshumanisant qu’elle prolonge au discours d’Emmanuel Macron du 6 janvier 2025, selon lequel ses pairs africains auraient « oublié de nous dire merci » alors qu’« aucun d’entre eux ne serait aujourd’hui avec un pays souverain si l’armée française ne s[y] était pas déployée ».

    Un #droit_international « #néocolonial »
    Présidente du Groupe de travail des Nations-Unies sur les personnes d’ascendance noir de 2014 à 2016, Mireille Fanon-Mendès-France ne se fait guère d’illusion sur le droit international, certes « déstructuré » voire « déchiré », mais de toute façon fondamentalement « #occidental et néocolonial » car « réservé aux seuls #États_dits_civilisés, face à des peuples “non civilisés” ne pouvant bénéficier de la protection du #droit en général et du droit international en particulier ».

    Elle regorge d’exemples montrant comment le droit cristallise ces rapports de force. L’ordonnance de 1825 du roi de France Charles X reconnaissant l’indépendance d’Haïti est conditionnée au versement de 150 millions de francs au titre de dédommagement, une dette imposée après quinze jours de siège militaire qui sera remboursée jusqu’en 1952. Dans le même esprit, le député Victor Schœlcher a pris le soin de prévoir une #compensation financière aux propriétaires d’esclaves dans la loi d’abolition de 1848. Mireille Fanon-Mendès-France considère aussi que le tribunal de Nuremberg s’est sciemment concentré sur les crimes des nazis, sans possibilité d’étudier les génocides passés, pour ne pas ouvrir une boîte de Pandore qui aurait éclaboussé les Alliés. « Et n’est-ce pas précurseur que la construction de l’État d’Israël se soit faite en violation du droit par une communauté internationale qui venait d’affirmer, la main sur le cœur, le fameux “plus jamais ça” ? » s’indigne la membre de l’Union juive française pour la paix.

    Autre exemple : dans les années 1970, la France a mis en place le Bureau pour le développement des migrations intéressant les départements d’outre-mer, reconnaissant ainsi, par le terme de migrants, que les Martiniquais, Guadeloupéens, Réunionnais ou bien encore les Guyanais n’étaient pas des citoyens à part entière, alors que dans le même temps, l’État français qualifiait les populations venant d’Europe par leur pays d’origine : les Italiens, les Espagnols, les Polonais, etc. Notre interlocutrice constate que le droit international, même humanitaire, s’est laissé imposé le règne de la marchandise : « N’existe plus que le droit commercial, où la production des biens est soumise à la loi du marché et fait l’objet d’appropriation légale par les firmes privées et par les grandes corporations transnationales. […] Dans cet ordre, les maîtres ne cherchent pas seulement à exploiter les esclaves, mais, comme le remarque Frantz Fanon, les maîtres les considèrent comme “inessentiels” ».

    Malgré son sombre tableau, un brin désespérant, elle plaide pour que le damné fasse preuve d’une « attitude positive, sans laisser de côté sa rage, comme une forme de négation, inspirée et orientée par l’attitude positive de l’amour […] Il s’agit pour nous tous de ne pas attendre d’être adoubé par les agents de la colonialité et à être attentifs à ne pas devenir, occasionnellement ou plus moins occasionnellement, des agents de la #colonialité. »

  • Projet Aurora : un cabinet américain chiffre la “relocalisation” des Palestiniens hors de la bande de Gaza
    7 juillet 2025 - Agence Media Palestine
    https://agencemediapalestine.fr/blog/2025/07/07/projet-aurora-un-cabinet-americain-chiffre-la-relocalisation-de

    (...) C’est un nouveau scandale qui pourrait entacher la réputation déjà bien affaiblie du Boston Consulting Group. Ce cabinet de conseil mondialement connu aurait, d’après des révélations du Financial Times, modélisé financièrement le coût d’un plan de “déplacement volontaire” des Palestiniens de la bande de Gaza.

    La modélisation financière du déplacement des Palestiniens

    Ils seraient une douzaine de collaborateurs du BCG à avoir travaillé sur ce projet, nom de code “Aurora”, entre octobre 2024 et la fin du mois de mai. Le montant des travaux réalisés par le cabinet équivaut à quatre millions de dollars. Parmi ces travaux, une modélisation financière a été réalisée pour estimer les coûts liés à la “relocalisation” de centaines de milliers de Palestiniens de la bande de Gaza et à l’impact économique d’un tel déplacement de population.

    L’idée de ce modèle de “réinstallation volontaire” était d’offrir une forme de compensation financière aux Palestiniens de Gaza en échange de l’abandon de leur terre d’origine. Cette compensation a été désignée par le BCG comme un “package de relocalisation” pour chaque Palestinien qui quitterait l’enclave. Le cabinet a considéré qu’un quart des Gazaouis (environ 500.000 personnes) accepteraient de partir et que 75% de ces derniers ne reviendraient plus sur leurs terres. Prix du package ? 9000 dollars par personne, soit un coût d’environ cinq milliards de dollars pour encourager les Gazaouis à partir. (...)

    #Aurora

  • #Gaza : « Le #génocide est une source de #profits », dénonce Francesca Albanese devant l’ONU
    https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250703-gaza-le-g%C3%A9nocide-est-une-source-de-profits-d%C3%A9nonce-francesca-

    Une économie entière au service d’un génocide. C’est ce que dénonce la rapporteure spéciale de l’ONU sur les Territoires occupés. Dans un nouveau rapport, Francesca Albanese décrit la façon dont l’économie israélienne utilise le massacre à Gaza pour faire des profits. Profits réalisés aussi par bon nombre d’entreprises étrangères, accusées de #complicité.

    #sionisme

    • Get out of my website! Cloudflare, one of the world’s largest Internet infrastructure providers, has begun blocking AI web crawlers by default.

      Written by Steven Vaughan-Nichols, Senior Contributing Editor

      July 1, 2025 at 1:11 p.m. PT

      The major Internet Content Delivery Network (CDN), Cloudflare, has declared war on AI companies. Starting July 1, Cloudflare now blocks by default AI web crawlers accessing content from your websites without permission or compensation.

      The change addresses a real problem. My own small site, where I track all my stories, Practical Technology, has been slowed dramatically at times by AI crawlers. It’s not just me. Numerous website owners have reported that AI crawlers, such as OpenAI’s GPTBot and Anthropic’s ClaudeBot, generate massive volumes of automated requests that clog up websites so they’re as slow as sludge. GoogleBot alone reports that the cloud-hosting service Vercel bombards the sites it hosts with over 4.5 billion requests a month.

      These AI bots often crawl sites far more aggressively than traditional search engine crawlers. They sometimes revisit the same pages every few hours or even hit sites with hundreds of requests per second. While the AI companies deny that their bots are to blame, the evidence tells a different story.

      Thus, on behalf of its two million-plus customers, 20% of the web, Cloudflare now blocks #AI_crawlers. For any new website signing up for its services, AI crawlers will be automatically blocked from accessing its content unless the site owner grants explicit permission. Additionally, Cloudflare promises to detect “shadow” #scrapers — bots that attempt to evade detection — by using behavioral analysis and machine learning. What’s good for the AI goose is good for the gander.

      This move reverses the previous status quo, where website owners had to opt out of AI crawling. Now, blocking is the default, and AI vendors must request access and clarify their intentions, whether for model training, search, or other uses, before they’re allowed in.

      This change arises not only because of frustrated website owners. Numerous publishing companies, such as The Associated Press, Condé Nast, and ZDNET’s own parent company, Ziff Davis, are frustrated that #AI companies have been “strip mining” the web for content. All too often, this has been done without compensation or consent, and sometimes, ignoring standard protocols like robots.txt that are meant to block #crawlers.

      (Disclosure: Ziff Davis, ZDNET’s parent company, filed an April 2025 lawsuit against OpenAI, alleging it infringed Ziff Davis copyrights in training and operating its AI systems.)

      Moreover, recent court cases have ruled in favor of Meta and Anthropic, finding that their use of copyrighted works was legal under the doctrine of fair use. Needless to say, writers, artists, and publishers don’t like this one bit. Publishers are still worried that the federal government will give AI free rein to do as it wants with their content. AI powerhouses such as #OpenAI and Google are continuing to lobby the government to classify AI training on copyrighted data as fair use.

      It’s also worth noting that after the Copyright Office released a pre-publication version of its 108-page #copyright and #AI report, which struck a middle ground by supporting both of these world-class industries that contribute so much to our economic and cultural advancement. However, it added that while some generative AI probably constitutes a “transformative” use, the mass scraping of all data did not qualify as fair use. The next day, the Trump administration fired the head of the Copyright Office and replaced her with an attorney with no prior experience in #copyright_law.

      Given all this, it’s no wonder that publishers sought an ally in technology.

      As Cloudflare CEO Matthew Prince said in a statement, its new policy is meant to “give publishers the control they deserve and build a new economic model that works for everyone—creators, consumers, tomorrow’s AI founders, and the future of the web itself.”

      To complement the move to block AI crawlers, Cloudflare has also launched its “Pay Per Crawl” program. This enables publishers to set their own rates for AI companies that want to scrape their content.

      This system is currently in private beta and aims to create a framework where AI firms can pay for access, or be denied if they refuse. Technically, this will be done by dusting off an old, mostly unused web server response, HTTP 402, which responds with a “Payment Required” error message. This means it should be simple to implement and compatible with existing websites and their infrastructure.

      Overall, this is a big deal. Thanks to Cloudflare powering such a large portion of the internet, a significant amount of web content could become inaccessible to AI companies unless they negotiate access or pay licensing fees. As Nicholas Thompson, CEO of The Atlantic, noted, “Until now, AI companies have not needed to pay for content licenses because they could simply take it without repercussions. Now they will need to negotiate.”

      To this point, most AI companies have been actively against paying for content. As Sir Nick Clegg, former deputy UK Prime Minister and Meta executive, said recently, merely asking artists’ permission before they scrape copyrighted content will “basically kill the AI industry.”

      Cloudflare’s new policy is a direct response to this approach and the increasing volume and intrusiveness of AI crawlers that have come with it. It’s also an attempt to stop the siphoning of traffic that would otherwise go to publishers.

      Since the rise of AI, traffic to news sites has plunged. For example, Business Insider’s traffic dropped by over half, 55% from April 2022 to April 2025. Left unchecked, Thompson recently predicted that, thanks to AI, the Atlantic staff should expect traffic from Google to drop to zero.

      [...]

  • La région #Paca finance les #refoulements d’exilés au nom des #JO d’hiver

    La région Provence-Alpes-Côte d’Azur subventionne à hauteur de 1 million d’euros par an les forces de police exerçant en montagne, au prétexte des JO 2030. La #sécurité est pourtant censée être une prérogative réservée à l’État.

    « La Région Sud [Provence-Alpes-Côte d’Azur] s’engage pour ceux qui gardent nos frontières et nous protègent ! » En février 2024, cette volonté affichée sur Facebook, par le président de la région, #Renaud_Muselier (Renaissance), est passée inaperçue. Elle signait pourtant un engagement inattendu de la part d’une collectivité : le contrôle de la frontière franco-italienne afin de refouler les personnes exilées.

    « 4x4, quads, vêtements adaptés, jumelles thermiques, la Région Sud se tient aux côtés du ministère de l’Intérieur pour le #financement des prochains équipements de la #police_aux_frontières ! » annonçait alors l’élu, membre des Républicains (LR) jusqu’en 2021. Et ce, alors que la #sécurité ne fait en théorie pas partie des #compétences des régions.

    Après ces paroles, prononcées depuis le poste de la police aux frontières de Montgenèvre (Hautes-Alpes), à 1 800 mètres d’altitude, les actes ont rapidement suivi. Cette montée en puissance est justifiée par le dossier prioritaire du moment de Renaud Muselier : les Jeux olympiques d’hiver 2030, que sa région accueillera avec Auvergne-Rhône-Alpes. Un comité interministériel dédié à la question, présidé par #François_Bayrou, se tient vendredi 27 juin à Briançon (Hautes-Alpes).

    Dispositif « Région Sud, la région sûre »

    Ainsi, le 29 mars 2024, le conseil régional a voté une délibération accordant une #subvention de 1 million d’euros par an jusqu’en 2030 aux « forces de l’ordre intervenant dans les départements alpins » (#Hautes-Alpes, #Alpes-de-Haute-Provence, #Alpes-Maritimes), pour les « soutenir, dans la perspective des Jeux olympiques d’hiver », notamment en adaptant leurs « #équipements aux conditions spécifiques de la #montagne ». La démarche s’inscrit dans le cadre d’un dispositif intitulé « Région Sud, la région sûre ».

    Un engagement acté à l’unanimité dans une assemblée qui ne compte que l’extrême droite comme opposition, la coalition de gauche et des écologistes s’étant désistée au second tour des élections régionales de 2021 pour empêcher une victoire du Rassemblement national et de ses alliés.

    Ce million d’euros annuel est mis à disposition des directions départementales de la #sécurité_publique, qui décident, en accord avec la région, du #matériel à acheter. Pour l’heure, l’essentiel du soutien a été dirigé vers #Montgenèvre, ainsi que nous en a informé l’entourage de Renaud Muselier.

    Notre source nous confirmait fin janvier que l’enveloppe prévue est destinée principalement à « soutenir les #contrôles en montagne », pratiqués sur les migrants présumés par les forces de police et de gendarmerie. Les touristes ou locaux présumés, circulant sur les pistes de ski et les chemins de randonnée transfrontaliers, ne sont pas ciblés.

    À l’image de Tous migrants, des associations de défense des droits des étrangers dénoncent depuis des années les « #contrôles_au_faciès », ainsi que la négation des droits, notamment le refus de prise en charge des mineurs isolés et de considérer les demandes d’asile.

    Un #4x4 « mis à disposition à titre gracieux »

    Des observations analogues à celles des ONG ont été formulées par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) et la Défenseure des droits. Depuis novembre 2015, après les attentats de Paris, le gouvernement a rétabli les contrôles à ses frontières en dérogation des accords de Schengen, sous couvert d’antiterrorisme.

    Voisine de Montgenèvre, la ville de #Briançon, dirigée par l’ex-LR et proche de Renaud Muselier #Arnaud_Murgia, participe également au plan de la région. Elle s’est portée acquéreuse d’un véhicule 4x4, « mis à disposition à titre gracieux à la police aux frontières », précise la décision du conseil municipal de février 2024. L’engin, d’une valeur de 21 500 euros, a été subventionné à 80 % par la région. Contactée, la mairie n’a pas donné suite à notre demande d’entretien avec le maire.

    Arnaud Murgia a pourtant plutôt l’habitude d’affirmer que les municipalités n’ont pas de responsabilités en matière de frontière, afin d’exhorter l’État à envoyer davantage de forces de police. « Je rappelle qu’un maire n’a pas la charge de la protection des frontières et qu’il se sent parfois bien seul », déclarait-il par exemple au Journal du dimanche en juin 2024.

    Depuis 2017, des dizaines de milliers de personnes sont entrées en France par les sentiers montagneux de cette frontière dite « haute », en tentant de contourner la présence policière. « Nous avons déjà financé des vêtements chauds pour les gendarmes, des quads et une caméra intelligente », détaille-t-on dans l’entourage de Renaud Muselier, sans toutefois être en mesure de nous donner de détails sur cette dernière. La délibération du conseil régional mentionne « l’#expérimentation […] de #dispositifs_de_sécurité innovants faisant appel […] à de nouvelles technologies et à l’#intelligence_artificielle ».

    « On utilise les JO pour expérimenter, se satisfaisait notre interlocuteur. Si c’est concluant à Montgenèvre, on proposera de le déployer à Menton », à la frontière dite « basse », dans les Alpes-Maritimes. Contactées, ni les préfectures des départements alpins, ni la préfecture de région n’ont répondu à nos demandes de précisions. À nouveau sollicitée avant la publication de cet article, la région n’a pas donné suite.

    Du ministère de l’Intérieur à la ville de Briançon, en passant par la région, « c’est une chaîne aux maillons très solides qui place une rhétorique sécuritaire avant le respect des droits des personnes », affirme Brune Béal, chargée de plaidoyer à l’association briançonnaise Tous migrants.

    « Tout ce qui participe au renforcement de la militarisation de la frontière participe à une #mise_en_danger directe et indirecte », dénonce-t-elle. Directe par les actions physiques et verbales des agents ; indirecte, en poussant les personnes exilées à emprunter des chemins dangereux en haute montagne. Dans son avis de 2018, la CNCDH s’alarmait du fait que « la République bafoue les droits fondamentaux, renonce au principe d’humanité et se rend même complice de parcours mortels ». Dix corps de personnes en migration ont été retrouvés dans les environs de Montgenèvre depuis 2018.

    « Alors qu’elles n’ont pas de compétence en matière de sécurité, les régions investissent ce champ au nom de leurs compétences sur les transports, les lycées, ou encore le tourisme », analyse Olivier Renaudie, professeur de droit public à l’École de droit de la Sorbonne-Paris 1, joint par Reporterre. « Pour les élus, il s’agit d’incarner l’action, de répondre à ce qu’ils pensent que la population attend d’eux », poursuit-il.

    « Un mouvement un peu audacieux »

    En général, les régions se cantonnent à la mise en place de moyens de sûreté et de surveillance dans les TER et les gares, dans les lycées, ou encore au soutien des communes pour leur police municipale et leur vidéosurveillance. Alors, l’action de la région Paca à la frontière apparaît à l’universitaire comme « un mouvement un peu audacieux. Ce qui me paraît novateur, c’est qu’il s’agit d’une compétence régalienne, qui est normalement strictement l’affaire de l’État », observe-t-il.

    En 2019, le tribunal administratif de Marseille avait annulé un précédent plan sécurité de la région Paca, contesté alors par le préfet. Pour la juridiction, la mesure ne se rattachait « que de façon très indirecte au développement touristique de la région ». La compétence #tourisme est aussi celle mise en avant pour justifier le dispositif « Région Sud, la région sûre ». Cette fois-ci, aucun recours n’a été déposé dans le délai réglementaire de deux mois.

    Questionné par nos soins lors de ses vœux à la presse, fin janvier, Renaud Muselier assumait des « moyens complémentaires, qui sont des moyens de sécurité supplémentaires pour les concitoyens. Et pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt ? feignait-il d’interroger. Parce que j’ai demandé, je voulais, mais je n’avais pas le droit. Et c’est monsieur Darmanin [alors ministre de l’Intérieur] qui nous a donné la possibilité de le faire. Donc, merci à Darmanin. Et oui, c’est notre mission ! » insistait-il. Sur Facebook, Renaud Muselier affirme que « depuis le 1er janvier 2024, l’organisation territoriale des services de police a été modifiée, la région Sud peut désormais aider la police aux frontières ».

    À 900 kilomètres de Montgenèvre, à une autre frontière et avec une même enveloppe annuelle d’un million d’euros par an, une autre collectivité propose une tout autre politique, tournée vers l’accueil. À Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), la Communauté d’agglomération du Pays basque, dirigée par Jean-René Etchegaray, lui aussi membre du parti présidentiel, utilise cette somme pour financer un centre d’hébergement.

    https://reporterre.net/La-region-Paca-pour-financer-les-refoulements-d-exiles
    #JO_2030 #JO2030 #jeux_olympiques #migrations #militarisation_des_frontières #frontières #France #forces_de_l'ordre #Région_Sud_la_région_sûre

  • Marc Botenga MEP sur X : "Le discours de la honte de kajakallas. Les gouvernements européens constatent qu’Israël viole les droits humains et le droit international humanitaire et décident de... « en parler avec Israël ». Zéro sanctions. Zéro mesures. Juste de la #complicité pure. #FAC " /
    https://x.com/BotengaM/status/1937207590447886716

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1937207488224387072/pu/vid/avc1/1080x602/CkCPIZHfsIJW4bnZ.mp4?tag=12

    #génocidaires

  • La profession d’enseignant-chercheur aux prises avec le #nouveau_management_public

    Ce texte se propose d’analyser différents impacts de la #néolibéralisation de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) sur le contenu et les #conditions_de_travail des enseignants-chercheurs (EC). L’analyse s’appuie sur les résultats d’une enquête menée entre 2020 et 2022 sur la nature, les causes et les effets des mutations du #travail des EC. Cette recherche visait dans un premier temps à objectiver les évolutions et à saisir les représentations des acteurs à leur sujet. Le second temps entendait analyser les raisons et les vecteurs de ces évolutions. Outre la mobilisation de sources bibliographiques, trois outils ont servi à recueillir des données. Un questionnaire adressé en ligne aux membres des différentes sections du CNU et aux EC en poste dans cinq établissements (aux tailles, localisations et statuts variés), à l’exception de ceux du domaine de la santé [1] a permis de travailler sur 684 réponses complètes reçues. Des entretiens semi-directifs (de 30 à 90 minutes) ont ensuite été menés avec 108 répondants au questionnaire, avec 5 présidents ou vice-présidents d’université (en poste au moment de l’échange) et avec des représentants de 6 syndicats (SNESup, SNESup école émancipée, CFDT, CGT, FO et Sud) [2]. Des résultats provisoires ont enfin été discutés au cours de 7 séminaires réunissant des EC dans le but d’alimenter la réflexion et l’analyse finale. Le livre Enseignants-chercheurs. Un grand corps malade (Bord de l’eau, 2025) rend compte de façon détaillée des résultats de cette recherche.

    On montrera d’abord comment la mise en œuvre des principes du nouveau management public (#NMP) dans l’ESR a entraîné simultanément un alourdissement et un appauvrissement des tâches d’enseignement, de recherche et d’administration incombant aux EC. On abordera ensuite les effets de #surcharge et de #débordements du travail que produisent ces transformations du travail des EC ainsi que les impacts que cela engendre sur leur #moral, leur #engagement et leur #santé.

    Le travail des EC alourdi et appauvri sous l’effet de la #néo-libéralisation et du NMP

    La #néo-managérialisation de l’ESR a démarré dans les années 1990, sans qu’il s’agisse d’une #rupture absolue avec une #université qui aurait jusque-là échappé aux logiques capitalistes dominantes. Parlons plutôt d’une évolution marquée par l’adoption et l’adaptation des principes du néolibéralisme. Promus par la Société du Mont Pèlerin fondée en 1947, puis mis en œuvre à partir des années 1980 (par Thatcher et Reagan), ces principes prônent une réduction des missions et des coûts des services publics s’appuyant sur une gestion comparable à celle des entreprises privées. Il s’agit de rationaliser leur organisation et de réduire leurs budgets, d’instaurer une mise en concurrence interne (entre établissements, départements, équipes et collègues) et externe (avec des organisations privées fournissant des services de même nature), de viser leur rentabilité et de mesurer leur performance. Cela a conduit à favoriser le fonctionnement en mode projet, la diversification des financements en valorisant les #PPP (partenariats public/privé), l’évaluation sur #indicateurs_quantitatifs, les #regroupements… Les objectifs fixés étant l’#efficacité plutôt que l’#équité, l’#efficience plus que l’#utilité_sociale, la #rentabilité avant la qualité de service.

    Ce programme s’applique donc dans l’ESR français à partir des années 1990. En 1998, le #rapport_Attali « Pour un système européen d’enseignement supérieur » répond à une commande de #Claude_Allègre (ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie de 1997 à 2000) qui entend « instiller l’#esprit_d’entreprise dans le système éducatif » (Les Échos, 3 février 1998), une #orientation qui constitue une injonction à visée performative. Dans les établissements, et notamment les #universités_publiques, cette orientation va être conduite par des équipes comptant de plus en plus de technocrates et de managers formés et rompus à l’exercice du NMP qui entendent faire fonctionner une logique inscrite dans la droite ligne du « processus de production, de diffusion et de légitimation des idées néo-managériales en France depuis les années 1970 [3] »

    Le rapport Attali propose un cadre européen inspiré d’orientations de l’OCDE. Lors de la célébration du 800e anniversaire de la Sorbonne, toujours en 1998, les dirigeants français, allemand, britannique et italien lancent un appel pour « un cadre commun de référence visant à améliorer la lisibilité des diplômes, à faciliter la mobilité des étudiants ainsi que leur employabilité ». Dès 1999, 25 autres pays européens signent cet appel et donnent naissance au « #processus_de_Bologne » destiné à créer un Espace européen de l’enseignement supérieur avant 2010. En mars 2000, l’Union européenne rejoint ce projet, qui débouche sur la #stratégie_de_Lisbonne proposant de créer un « #marché_de_la_recherche ». C’est dans ce contexte qu’intervient la #bureaucratisation_néolibérale de l’ESR français qui va transformer la « #gouvernance » de l’ESR, ainsi que le travail et les conditions de travail de ses salariés, dont celles des EC.

    Parallèlement à la dégradation des #taux_d’encadrement (notamment en licence [4], avec des variations entre disciplines et établissements) et aux baisses d’effectifs et de qualification des personnels d’appui, les EC assument des tâches liées à l’enseignement de plus en plus nombreuses, diverses et complexes. Il s’agit notamment d’un travail d’#ingénierie_pédagogique de plus en plus prenant, d’une coordination de plus en plus fréquente d’équipes pédagogiques comprenant des précaires en nombre croissant (dont ils doivent aussi assurer le recrutement et le suivi), de réponses aux injonctions à la « #professionnalisation » (impliquant de faire évoluer les contenus de formation, en réécrivant les maquettes de diplôme en « compétences » [5], en multipliant le nombre de #stages à encadrer et en travaillant sur les #projets_professionnels des étudiants), d’une #complexification de l’#évaluation des étudiants due à la #semestrialisation, à des délais de correction raccourcis, à la « #concurrence » du web et désormais de l’IA et d’une prise en charge d’activités de #marketing et de #communication destinées à vanter, voire à « vendre », les diplômes, les parcours, l’établissement.

    - « On subit une accumulation de #micro-tâches, qui devient chronophage même si c’est souvent des bonnes idées. Par exemple, l’université nous demande de présenter les masters en faisant venir d’anciens étudiants, ce qu’on fait déjà deux fois pour les étudiants de L3 et aux journées portes ouvertes. Ils nous demandent de faire une présentation de plus pour diffuser plus largement sur des plateformes et toucher un public plus large. […] Autre exemple, on nous demande de refaire un point sur les capacités d’accueil de nos masters, et il faut refaire le travail. […] En fait, toute l’année on nous demande des #petits_trucs comme ça. » (PU en sciences de l’éducation et de la formation, en université).

    Une même dynamique opère du côté de la recherche, les activités sont aussi accrues et diversifiées dans un contexte de raréfaction des personnels d’appui, notamment en lien avec la #concurrence aiguisée entre chercheurs, entre labos, entre UFR, entre établissements. Cette évolution c’est aussi la baisse des #budgets_récurrents et la chasse aux #financements, en répondant à des #appels_à_projets émanant de institutions publiques (ANR, ministères, UE) ou d’acteurs privés, la course aux #publications dans les revues classées, en anglais pour certaines disciplines, la multiplication des #évaluations par les établissements, les agences (AÉRES puis #HCÉRES…), les tutelles, le ministère, l’œil rivé sur les classements, notamment celui de Shanghai.

    - « Une partie du temps, on est plus en train de chercher des budgets et de faire du #reporting que de faire la recherche elle-même. Sans compter qu’il faut publier pour être valorisé. Il y a des collègues dont on se demande ce qu’ils publient, parce que leur temps de recherche en fait, c’est du temps d’écriture, mais on ne sait pas sur quoi. » (PU en civilisation américaine en université).
    - « Si on regarde les laboratoires, il y a beaucoup de chercheurs et peu de personnels associés. Nécessairement, les EC doivent faire face à plus de tâches administratives. Et d’autre part, il y a des choses qui ont été formatées, il faut remplir des fichiers, des indicateurs, cela fait beaucoup de tâches administratives à réaliser. » (PU en électronique en IUT).

    À cela s’ajoutent les activités de sélection, de recrutement et de management des étudiants et des doctorants sur des plateformes aux performances discutables (#ParcoursPlus, #Mon_master, Adum), des ATER, des postdocs et des enseignants vacataires et contractuels, ainsi que de titulaires lorsqu’il faut siéger en comité de sélection quand des postes de MCF et PU (Professeur d’Université) sont ouverts. Il faut ici souligner la #surcharge spécifique pesant sur les #femmes, notamment PU, compte tenu des règles de parité (un COS doit compter au moins de 40% de membres de chacun des deux genres) et des inégalités de #genre dans les carrières [ 7].

    Les EC doivent aussi prendre en charge des activités d’information, d’évaluation et de valorisation à destination de divers instances et organismes, dans des délais souvent courts, au moyen d’outils numériques plus ou moins fiables et compatibles. Ces comptes à rendre portent en particulier sur la qualité des cursus, les débouchés professionnels et les taux d’insertion des diplômés, les coûts en heures et en masse salariale des cours, des TD et des TP, les résultats en termes de présence aux examens, de notes, de diplômés, d’abandons en cours de cursus…

    – « Je me sens être très gestionnaire, animatrice, gentille organisatrice une grande partie de mon temps. C’est quelque chose que je n’avais pas du tout anticipé en entrant dans ce métier, parce que je ne pensais pas avoir autant de #charges_administratives. […] Dès la 3è année après mon recrutement, j’étais directrice des études, à faire des emplois du temps, recruter des vacataires, travailler un petit peu le contenu de leurs interventions, mais je devais surtout faire des RH, essayer que ça convienne à chacun, récupérer les papiers qu’on lui demandait pour qu’il soit payé, etc. » (MCF en sociologie en IUT).

    On a ainsi assisté à un double mouvement d’alourdissement er d’appauvrissement du travail des EC sous les effets combinés des injonctions à la professionnalisation (la #loi-LRU de 2007 a ajouté « l’orientation et l’insertion » aux missions de l’ESR) et aux attentes des tutelles en la matière ainsi que des normes budgétaires strictes et des critères « d’#excellence » qui concrétisent l’essor des logiques et des modes de gestion du NMP et la #managérialisation de l’ESR (comparable à ce qu’a connu l’Hôpital,). Il en découle un ressenti fréquent de #perte_de_sens et un #malaise profond.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du #sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. »(MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).
    - « Quand j’ai démarré au début des années 2000, j’avais l’impression d’être en phase avec mon travail et peut-être plusieurs de mes collègues aussi. J’ai l’impression qu’il y avait une sorte de vision collective partagée. Cette vision collective partagée, je la sens moins parce que je sens des #découragements, je sens des #lassitudes. Le partage de la mission de chercheur, c’est plus compliqué et le partage de la vision de la mission d’enseignement pour moi, elle est galvaudée. » (MCF HDR en chimie en université).

    Le #moral et la santé des EC pâtissent des #surcharges et débordements vécus par les EC.

    La détérioration des situations de travail vécue par les EC produit des effets à la fois sur leur état moral, leur #engagement_professionnel et leur état de santé. Les surcharges combinées au sentiment de ne plus pouvoir faire leur travail correctement sont à l’origine de nombreuses #souffrances. Leur travail a été peu à peu alourdi par une accumulation de tâches dont une partie tient à la #procédurisation qui concrétise « la #bureaucratisation_néolibérale ». Cela nourrit un important « #travail_caché », invisibilisé et non rémunéré, qui conduit à la fois à accroître et à hacher l’activité.

    Il en découle des #surcharges_temporelles (extension de la durée du travail professionnel), des #surcharges_mentales (dues à l’accumulation de sujets et de préoccupations) et des #surcharges_cognitives (liées aux changements récurrents de registres d’activité).

    - « L’université française s’écroulerait si nous ne consentions pas à faire un travail parfois considérable gratuitement ou presque. » (PU en langue et civilisation)

    L’#intensification_du_travail qui passe par un accroissement du travail invisible, ou plus justement invisibilisé, des EC, implique des débordements fréquents de leur vie professionnelle sur leur #vie_personnelle (aussi bien du point de vue du temps que de celui des lieux). Ce phénomène a été aggravé par l’usage d’outils (téléphone mobile, micro-ordinateur, tablette) et de dispositifs techniques (mails, réunions et cours à distance, remontées de datas, recherches sur le web) qui favorise le travail en tout lieu et à tout moment, et donc le brouillage des frontières entre travail et hors-travail.

    - « Je pense que tous les collègues font un peu comme moi, le temps d’écriture des articles est pris surtout sur le samedi et le dimanche, donc sur le temps personnel, en fait. Parfois, les conjoints ont du mal à s’y faire, mais moi non, mon conjoint est un chercheur. Globalement, on travaille tous les jours. Sinon, ça ne passe pas. Ou alors, on ne fait que de l’enseignement et on écrit un article par an. » (PU en histoire du droit en université).

    Le débordement temporel et spatial est un fait massif difficile à mesurer pour les EC car ceux-ci, comme tous les enseignants, ont toujours travaillé à la fois sur leur lieu de travail et à leur domicile ou en vacances (pour préparer des cours, corriger des copies et des mémoires, lire et écrire des travaux scientifiques, tenir des RV et réunions à distance).

    La porosité des frontières entre lieux de travail et de vie, entre temps de travail et hors-travail est ambivalente. D’un côté, elle permet aux EC de choisir où et quand ils travaillent, à l’inverse de la plupart des salariés. Cette souplesse d’organisation procure un sentiment de liberté, et une liberté réelle, qui facilite la conciliation entre obligations professionnelles et activités personnelles, domestiques, familiales. Mais, c’est aussi un piège qui met en péril la vie personnelle et familiale en impliquant une absence de limite aux temps et aux espaces consacrés au travail. Ce risque est d’autant plus grand que ce sont souvent les activités de recherche (à la fois les plus appréciées et les plus empêchées au quotidien) qui trouvent place en dehors des lieux et temps de travail. Beaucoup d’EC en viennent alors à accepter, voire à rechercher, ces débordements du travail pour retrouver le plaisir de faire ce qu’ils aiment dans un contexte plus favorable qu’au bureau (environnement calme et agréable) et à l’abri de sollicitations multiples (passages, appels téléphoniques, mails urgents, etc.). Ne peut-on évoquer ici une forme d’#aliénation, voire de « #servitude_volontaire » ? Cela rappelle ce que différentes enquêtes ont montré chez des cadres du secteur privé qui, en travaillant chez eux, y compris le soir, le week-end ou en congé, retrouvent comme ils le disent une « certaine continuité temporelle » et un « cadre spatial favorable à la #concentration ».

    - « Il faut avoir le #temps de faire sa recherche, on est dans une espèce de course à l’échalote permanente. Moi, j’ai eu beaucoup de chance, je ne veux pas cracher dans la soupe, j’ai pu travailler sur ce que je veux, et après à moi de trouver de l’argent. Mais, c’est un métier où ça peut être très dangereux si on ne trouve pas son équilibre. Moi, ça m’a coûté certaines choses au niveau personnel [un divorce !] parce qu’il est arrivé un moment donné où je ne dormais plus la nuit parce que je voyais tout ce que je n’avais pas eu le temps de faire. J’ai eu besoin de faire un travail sur moi pour me ressaisir et me dire que si je n’avais pas fait ça ou ça, ce n’était pas si grave, personne n’est mort à cause de ça, on se détend. J’ai eu de la chance, j’ai refait ma vie avec quelqu’un qui est professeure des écoles donc avec un rythme peu différent ». (MCF en chimie en université).

    Les inégalités de prise en charge des tâches domestiques, familiales et éducatives entre femmes et hommes, auxquelles n’échappent pas les EC, conduisent à exposer de nombreuses EC à des difficultés spécifiques (contribuant aux inégalités de déroulement de carrière à leur détriment), d’autant que la façon d’exercer le métier, de gérer les relations avec les étudiants et de prendre des responsabilités est aussi marquée par des différences de genre.

    – « Cette intensification du temps de travail s’est encore accrue au moment de mon passage PU, avec certains moments de l’année où pour pouvoir conduire mon activité et honorer mes engagements professionnels, je dois sacrifier tous mes week-ends sur une longue période. […] Il me semble que cette intensification tient aussi à une division sexuée du travail présente dans nos composantes : nombre de mes collègues hommes ayant longtemps refusé de prendre des responsabilités, en tous les cas les responsabilités chronophages et peu qualifiantes dans les CV ». (MCF en communication).
    – « Les femmes sont plus touchées que les hommes car elles assument les responsabilités de care pour les étudiants mais aussi pour leurs proches descendants ou ascendants de manière très déséquilibrée par rapport aux hommes. La charge mentale des femmes EC est très lourde. Concilier maternité et ESR (et donc espérer voir évoluer sa carrière) est mission impossible sauf pour celles qui ont un conjoint ou un réseau personnel sur lesquels s’appuyer. L’explosion des publications émanant d’EC masculins pendant la pandémie en est un bon exemple ». (MCF en anglais).

    Ces débordements s’inscrivant dans un contexte de dégradation de la qualité du travail et des conditions de sa réalisation contribuent à nourrir un sentiment d’#insatisfaction. C’est aussi de la #désillusion et diverses #souffrances_morales mais aussi physiques qui découlent de cette combinaison mortifère entre surcharges, débordements et insatisfaction.

    - « Moi, j’ai beaucoup de désillusions sur mon métier. Beaucoup d’#amertume, en fait. […] Quand on est enseignant-chercheur, on démarre, on est à fond, on en veut, etc. On a plein d’envies, on a plein d’ambition, puis on arrive dans la réalité et on prend un gros coup dans la figure et ça t’arrête net. Parce qu’on te colle tout de suite une responsabilité. […] Et tout ça pour un salaire de m… ! […] Moi je trouve que former des gens comme on les forme pour faire ça, c’est du gâchis franchement. » (Vice-présidente d’une université en poste).

    Ce qui mine et fait mal, comme l’évoquent de nombreux EC quand ils décrivent l’évolution de leur métier, c’est en particulier l’impression de devoir travailler toujours plus avec toujours moins de moyens disponibles, et donc pour un résultat dégradé ; ils ont le sentiment d’un « #travail_empêché » (comme le nomme Yves Clot) parce qu’ils se sentent empêchés de faire un travail de qualité comme ils savent et voudraient le faire ; ils ont des doutes sur la réalité de ce qu’ils font par rapport à ce qu’ils attendent de leur travail et ce qu’ils pensent que doit être le #service_public.

    Beaucoup des EC interrogés durant l’enquête se demandent ce qu’est devenu leur travail, quel sens ils peuvent encore lui donner et quel avenir attend l’université (et plus largement l’ESR). Si la plupart acceptent que le cœur de leur métier dépasse largement les seules activités de base d’enseignement et de recherche, ils doutent de plus en plus de pouvoir faire ce métier, auquel ils sont attachés, dans les règles de l’art telles qu’ils les conçoivent, et en particulier avec l’attention requise et les résultats voulus.

    - « Je pense que le métier d’enseignant-chercheur au-delà des 35 heures, ce n’est pas trop quelque chose de nouveau. Un chercheur, je pense qu’il a toujours beaucoup travaillé le soir. Mais peut-être que maintenant, on n’arrive plus à trouver le temps de tout faire ce qu’on nous demande. Et peut-être que ça, c’est nouveau ». (PU en biologie en IUT).
    – « J’ai vraiment du mal à croire qu’on puisse faire les trois choses ensemble. C’est-à-dire à la fois avoir une activité de recherche de haut niveau, avoir un investissement dans l’enseignement qui permet, enfin selon le critère qui est le mien, de renouveler ses cours extrêmement régulièrement pour ne pas se répéter, et en plus avoir des fonctions administratives ». (MCF en histoire en université).

    Cela fait émerger des questions majeures : à quoi et à qui sert aujourd’hui le travail des EC ? Sont-ils en mesure de réaliser des enseignements et des recherches de qualité ? Que devient le service public de l’ESR ? Ces questionnements rejoignent les trois dimensions majeures du sens du travail énoncées : son utilité vis-à-vis de ses destinataires, le respect de leurs valeurs éthiques et professionnelles, et le développement de leurs capacités.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. » (MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).

    Les différentes évolutions que nous venons de décrire peuvent s’interpréter comme les signes d’un risque de #déprofessionnalisation, un processus à la fois lent et peu visible prenant la forme d’une remise en cause ce qui fonde leurs « gestes professionnels » et de leur #identité_professionnelle ». Ce dont on parle ici ne concerne pas seulement tel ou tel individu, mais le groupe professionnel des EC à travers trois aspects.

    Le premier élément est une déqualification liée au fait que les EC sont de plus en plus souvent chargés de tâches ne correspondant ni au contenu, ni au niveau de leurs savoirs et de leurs objectifs. La deuxième dimension concerne la perte d’#autonomie à rebours de la #liberté_académique et de l’autonomie affirmées dans les textes. Le troisième aspect est le sentiment massivement exprimé durant l’enquête de l’#inutilité d’une part croissante du travail réalisé par rapport à ce que les EC voudraient apporter à leurs étudiants, et plus largement à la société qui finance leurs salaires, ce qui touche au cœur de l’identité fondant leur profession.

    La managérialisation de l’ESR alimente ce risque de déprofessionnalisation en enrôlant les EC dans les évolutions de leur travail et de leurs conditions de travail qui leur déplaisent, en les conduisant à faire - et pour ceux qui ont des responsabilités à faire faire à leurs collègues - ce qui les fait souffrir et que, pour partie, ils désapprouvent. C’est sans doute une des réussites du NMP que d’obtenir cette mobilisation subjective, comme la nomme la sociologue Danièle Linhart.

    La question de la déprofessionnalisation des EC mérite sans aucun doute d’être approfondie en termes de causes, de manifestations et d’effets. En l’état actuel de l’analyse, c’est une hypothèse à creuser dans le cadre d’un questionnement sur les impacts - et l’efficience - des modes de gestion impulsés par le nouveau management public et la bureaucratisation néolibérale.

    Si cette enquête ne suffit évidemment pas à établir un diagnostic global sur la santé des EC, elle permet néanmoins de mettre à jour des réalités peu connues et alarmantes. Ainsi, le terme épuisement est souvent revenu : il est employé spontanément par 45 répondants au questionnaire (dont 31 femmes). Il est évoqué 10 fois en réponse à la question : « Rencontrez-vous ou avez-vous rencontré des difficultés pour concilier vos différents activités professionnelles (enseignement, recherche, tâches administratives) ? Si oui, lesquelles ? ». Le stress, lui, est explicitement abordé dans 35 réponses (29 femmes) sans compter celles qui parlent du stress des étudiants et des Biatss. 17 répondants (dont 13 femmes) parlent de burn-out. Dans 7 de ces 17 cas, les répondants témoignent de burn-out subi par eux-mêmes ou par un membre de leur équipe au cours des dernières années. Les autres évoquent le risque ou la peur d’en arriver là. Les deux verbatims suivants illustrent l’importance de cette question.

    – « Il y a 20 ans, les réunions pouvaient durer 1 heure, 1 heure et demie. Aujourd’hui, il n’y a pas une réunion du CHSCT qui dure moins de 3 ou 4 heures. Parce qu’il y a un nombre incroyable de remontées au niveau des enseignants-chercheurs. […] Dans notre département, il y a eu pas moins de trois burn-out cette année, avec des arrêts maladie, des demandes de collègues de se mettre à mi-temps. » (PU, élu CGT).
    – « Je pense qu’il faut faire très, très attention. On est sur un fil raide. Ça peut basculer d’un côté comme de l’autre. Et je pense qu’on doit arrêter un peu le rythme, les gens sont fatigués, épuisés, donc il faut qu’on trouve un moyen de minimiser un peu les appels à projets. C’est sur ça qu’on se bat. Les garder, mais en faire moins. […] Bien sûr qu’on manque de moyens et bien sûr qu’il faut qu’on fasse comprendre à notre fichu pays que l’enseignement supérieur et la recherche, c’est un investissement. Je crois à ça profondément. » (Présidente d’une université en poste au moment de l’entretien).

    Pour conclure

    La profession des EC ressent assez largement un #malaise mettant en cause leur activité, voire leur carrière. Face à cela, la plupart des réponses sont aujourd’hui individuelles, elles passent pour certains par différentes formes de #surengagement (débouchant parfois sur du #stress, des #dépressions ou du #burn-out), pour d’autres (et parfois les mêmes à d’autres moments de leur carrière) à des variantes de désengagement (vis-à-vis de certaines tâches) pouvant aller jusqu’à diverses voies d’Exit (mises en disponibilité, départs en retraite avant l’âge limite, démissions très difficiles à quantifier). Les solutions collectives ont été assez décrédibilisées, notamment après l’échec du mouvement anti-LRU. De nouvelles pistes restent à imaginer et à construire pour ne pas continuer à subir les méfaits de la néo-libéralisation de l’ESR et trouver des alternatives aux dégradations en cours.

    [1] La situation des MCF-PH et des PU-PH à la fois EC à l’université et praticiens en milieu hospitalier étant très particulière.

    [2] Les verbatims présentés dans cette communication sont extraits des réponses au questionnaire ou des entretiens.

    [3] Bezès P. (2012). « État, experts et savoirs néo-managériaux, les producteurs et diffuseur du New Public Management en France depuis les années 1970 », Actes de la recherche en Sciences Sociales, n° 3, p. 18.

    [4] La massification de l’accès au bac s’est traduite par une très forte hausse du nombre d’élèves et étudiants inscrits dans l’ESR. Sur les 4 dernière décennies, ce nombre a plus que doublé en passant d’un peu moins de 1,2 million (à la rentrée 1980) à près de 2,8 millions (à la rentrée 2020). Le nombre d’EC n’a pas suivi !

    [5] Les diplômes universitaires doivent désormais figurer dans le Répertoire national des certifications professionnelles (le RNCP) conçu dans la logique des compétences.

    [6] Bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels sociaux et de santé de l’enseignement supérieur.

    [7] En dépit des principes d’égalité professionnelle, les femmes sont infériorisées dans l’ESR. Parmi les MCF, seul le domaine droit, science politique, économie et gestion (DSPEG) est à parité avec 51% de femmes et 49% d’hommes. Les femmes sont sur-représentées (58%) en Lettres, Langues et Sciences humaines (LLSH) et sous-représentées (34%) en Sciences et Techniques (ST). Du côté des PU, les femmes sont 29% (contre 45% parmi les MCF) même si ce pourcentage a augmenté ces dernières années. Les femmes sont minoritaires parmi les PU dans les trois domaines, y compris là où elles sont majoritaires parmi les MCF : elles sont 36% en DSPEG, 45% en LLSH et 21% en ST. Et les écarts de statut ne sont pas les seules inégalités de genre entre EC.

    https://blogs.alternatives-economiques.fr/les-economistes-atterres/2025/06/17/crise-de-l-esr-contribution-2-la-profession-d-enseign
    #ESR #enseignement #recherche #new_public_management

  • Marche pour #Gaza. Samedi 21 juin 15H place Mangin #Nantes
    https://nantes.indymedia.org/events/148358/marche-pour-gaza-samedi-21-juin-15h-place-mangin-nantes

    La marche citoyenne vers Bruxelles, soutenue par plusieurs organisations afin de peser enfin sur les gouvernements et l’UE pour imposer la fin du massacre, se décline localement à Nantes ce samedi. Etape de Nantes samedi 21 juin Départ : 15 h place Victor Mangin 44 Nantes, rejoignez nous ! Arrivée : 18h place…

    #Antisionisme #complicité_de_génocide #Europe #Free_Palestine #Internationalisme #Musique

  • #DXOmark

    Leader international de l’évaluation de #qualité.

    Chez DXOMARK nous pensons qu’une bonne technologie n’est pas seulement innovante et performante, mais qu’elle doit correspondre aux besoins et anticiper les attentes de ceux qui l’utilisent.

    L’ambition de DXOMARK est de permettre aux utilisateurs de faire des choix éclairés en toute autonomie sur la base d’éléments de comparaison, de données et de classements objectifs.

    La mission de DXOMARK : encourager les fabricants à développer des produits électroniques grand public et professionnel toujours plus performants pour le bénéfice de l’utilisateur.

    https://www.dxomark.fr
    #smartphones #smartphone #téléphone_portable #tests #comparatif #comparaisons #classement #caméra #photographie

  • a beau n’être que fort peu encline à l’idolâtrie elle reconnaît un certain cran à mesdames Hassan et Thunberg ; elle n’est certes pas très sûre que leur périple aboutisse à l’obtention de quelque résultat — il y a peu de chances que la seule présence de leur coquille de noix en plein Bassin Levantin infléchisse les positions du gouvernement naziste occupé à mettre ce coin de planète à feu et à sang — mais bon, « elles auront essayé », leur cause est juste et au-delà du très réel risque physique qu’elles prennent pour la défendre elles doivent en plus essuyer les vagissements de toustes les fachos de France et de Navarre qui sans bouger leurs culs de leurs canapés leur crachent à la figure à peu près toutes les insultes du dictionnaire. Chapeau bas, mesdames, et respect éternel.

    Toutes proportions gardées cela rappelle à la vieille Garreau quelque épisode de sa propre vie, qu’elle ne croit pas avoir jamais pris la peine de conter ici. Il s’avère qu’il y a plusieurs décennies de cela elle avait été pressentie pour participer à une mission humanitaire au Kurdistan (lol, oui, « Nicole Garreau » et « humanitaire » dans la même phrase ça ressemble à un gag, mais elle n’a pas toujours eu l’extrême lucidité misanthropique et désabusée qu’on lui connaît aujourd’hui). Par suite d’un imbroglio qu’il serait trop long et fastidieux de développer ici, elle s’était en effet acoquinée avec un petit groupe d’Allemand·e·s qui projetait de convoyer là-bas vivres et médicaments par camions. Évidemment la Garreau n’avait rien d’une Indianette Jones ni la moindre notion de quoi que ce soit, elle ne savait pas conduire un camion, ne connaissait rien aux médocs (hormis ceux qui font planer) et était même incapable de faire un pansement correct ; en revanche elle savait tenir un stylo et même une caméra, elle était donc « embauchée » pour documenter l’expédition. Elle avait tout préparé, hein : elle avait son passeport à jour, les visas, les vaccins, il ne lui manquait rien. Rien sauf... le cran.

    À quelques jours du départ elle avait renoncé. La peur de se retrouver coincée dans un Unimog® durant des jours et des jours entourée presque exclusivement de phallocrates peu déconstruits et dont elle doutait des réelles motivations (il y avait bien quelques autres femmes de prévues mais toutes seraient dispersées dans les différents véhicules), la peur parce que sa maîtrise de la langue allemande demeurait trop approximative et celle du kurde inexistante, la peur parce qu’elle pressentait que rapidement elle ne saurait plus trop ce qu’elle ficherait là, la peur parce que le syndrome de l’impostrice faisait qu’elle savait qu’elle serait inefficace, la peur parce que lors de l’épopée elle n’aurait pas forcément accès aux substances psychotropes qui à l’époque la maintenaient en vie. Bref : qu’est-ce qui aurait pu mal se passer pour elle ? À peu près tout. Alors au dernier moment elle s’était déballonnée et avait préféré rester en France toute seule à cultiver ses névroses — tant pis ou tant mieux pour les Kurdes qui avaient déjà suffisamment de problèmes comme ça.

    Voilà. C’est aussi pour cette raison qu’elle est vaguement admirative devant Hassan et Thunberg.

    • C’est ch***t, hein, la vieillesse ? Tout nous rappelle toujours quelque chose, où que l’on regarde il n’est plus rien que l’on ne puisse ramener à soi et qui ne nous remette le nez dans le c**a que fut notre trop longue vie.

      Vivement que ça se termine.

    • Moi je pense que ce qu’elle préfère c’est qu’on s’adresse à elle à la troisième personne du singulier comme les médecins dans les hôpitaux. « Alors la Garreau, elle a bien dormi ? Elle est allée à la selle ? Elle a bien pris ses médicaments ? Elle a encore pondu un dazibao ? » Mais bon. J’en sais rien. On n’a jamais été présenté.es.

    • à la question : "C’est ch***t, hein, la vieillesse ?" Tout nous rappelle toujours quelque chose, où que l’on regarde il n’est plus rien que l’on ne puisse ramener à soi et qui ne nous remette le nez dans le c**a que fut notre trop longue vie.
      Voici un image https://seenthis.net/messages/644112 qui illustre bien le sablier de ma vie qui s’est renversé. C’est une de mes hantises, finir mes jours en me chiant dessus.
      #compte_à_rebours

  • La scène post-punk française (et par association new wave, cold wave et tous les sous-courants plus ou moins synth-pop, indus ou expérimentaux qui ont gravité autour) a forcément regardé vers les grands centres urbains anglais (Londres, Manchester) et leur scènes, groupes et labels mirifiques. Elle a aussi contribué même en restant longtemps dans l’ombre à sortir de l’ennui et le conservatisme ambiant certaines villes (Rennes, Nancy…) et semer un terreaux propice au seuil des années 80 qui a engendré une multitude de groupes, d’artistes et d’activistes portés par quelques figures tutélaires comme le groupe KaS Product et le label DSA/les Disques Du Soleil et de l’Acier de Gérard Nguyen.
    Otomo De Manuel – So Young But So Cold
    https://icidailleurs.fr/otomo-de-manuel-so-young-but-so-cold
    https://icidailleurs.bandcamp.com

    https://www.youtube.com/watch?v=q9g-aJ0Cdr0

    #post_punk #documentaire #compilation #label #cold_wave #icidailleurs #musique

  • Pour la première fois, le Parquet antiterroriste se saisit d’une plainte pour complicité de génocide à Gaza
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/06/06/pour-la-premiere-fois-le-parquet-antiterroriste-se-saisit-d-une-plainte-pour


    De l’aide humanitaire sur le point d’être acheminée dans la bande de Gaza, au point de passage de Kerem Shalom (Israël), le 29 mai 2025. SHAFIEK TASSIEM/REUTERS

    Il a fallu attendre près de huit mois, mais Marion Lafouge et Damia Taharraoui sont aujourd’hui satisfaites. Ces deux jeunes avocates parisiennes avaient déposé, en septembre 2024, une plainte contre X avec constitution de partie civile pour « complicité de génocide » et « incitation au génocide » à Gaza, visant plusieurs personnalités franco-israéliennes accusées de mener des actions d’entrave à l’acheminement de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien. Après un réquisitoire introductif favorable, une information judiciaire a été ouverte le 22 mai 2025 et confiée à deux juges d’instruction du pôle crimes contre l’humanité du tribunal judiciaire de Paris. La plainte a été déposée au nom de l’Union juive française pour la paix et d’une citoyenne franco-palestinienne, Mme S. E., affiliée à Urgence Palestine.

    Le réquisitoire introductif du Parquet national antiterroriste, qui est également chargé des faits de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides, estime qu’il existe « des indices graves et concordants d’avoir, sur le territoire d’Israël, d’Egypte et de Gaza, notamment aux postes-frontières de Nitzana et de Kerem Shalom, entre le 1er janvier 2024 et mai 2024, commis des faits de complicité de génocide, de provocation publique et directe au génocide suivie d’effet et de complicité de crimes de guerre ».

    L’ouverture de cette information judiciaire est la première en France − et, semble-t-il, en Europe, voire dans le monde dans le cadre de procédures nationales − à se référer à la qualification de génocide concernant #Israël. Autre fait notable, la période de prévention débute dès janvier 2024.

    ... La plainte ne se fonde pas sur la compétence universelle, mais sur la nationalité des auteurs présumés des infractions, qui sont tous franco-israéliens. ...

    #PNAT #complicité_de_génocide

    https://archive.ph/uUbzH

  • Israël : "Nous ne livrons pas de matériel militaire utilisé à Gaza", assure Jean-Noël Barrot sur RTL
    https://www.rtl.fr/actu/politique/israel-nous-ne-livrons-pas-de-materiel-militaire-utilise-a-gaza-assure-jean-noel

    À Fos-sur-Mer, les 4 et 5 juin derniers, des dockers ont bloqué trois conteneurs remplis de composants militaires à destination d’Israël. « Il faut raison garder, réagit le ministre. Rien n’a changé, si je puis dire. Nous ne livrons pas de matériel militaire utilisé à Gaza. Il y a deux exceptions : ce sont les composantes qui permettent à Israël de se défendre, notamment avec le dôme de fer. Nous reconnaissons le droit d’Israël à se défendre. Et puis par ailleurs, du matériel qui peut être assemblé en Israël, mais qui a vocation à être réexporté. C’est dans ce cadre-là que se situent ces exportations ».

    Les pièces concernées, des éléments métalliques qui permettent aux fusils mitrailleurs de tirer en rafales, « n’ont pas vocation à être utilisées à Gaza ou nulle part en Palestine et ils ne le sont pas, affirme le ministre. Si elles l’étaient, alors l’entreprise qui les exporte se placerait en contravention vis-à-vis du droit ».

    Un fabricant d’armes israélien qui risquerait de « se placer en contravention vis-à-vis du droit » ? Pfiou, rien qu’à cette idée, ces gens doivent déjà avoir perdu le sommeil…

    Par ailleurs, établir une différence entre les armes « pour se défendre » et les armes pour attaquer est une foutaise. Encore la nuit dernière, Israël a massivement bombardé la capitale libanaise, et c’est bien l’existence de ce « dôme de fer » qui autorise ce régime terroriste à le faire, parce que les risques face à des représailles libanaises sont extrêmement limités. C’est l’immense déséquilibre des forces en présence qui permet à Israël de se livrer à un génocide à Gaza, et les « armes de défense » en sont un des principaux outils.

  • « “Mon soutien psy” ne répond pas à une exigence de qualité des soins, mais à une logique économique »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/05/mon-soutien-psy-ne-repond-pas-a-une-exigence-de-qualite-des-soins-mais-a-une

    ... Mon soutien psy reste perçu comme un levier de retrait progressif de l’Etat dans la prise en charge du soin psychique, au profit d’une ubérisation du secteur.

    Mais il y a plus préoccupant encore : plus d’un tiers des patients pris en charge dans ce cadre y ont recours « hors indications ». Loin des troubles légers à modérés pour lesquels il a été prévu, ce dispositif accueille donc des patients avec des pathologies psychiatriques sévères. Ce glissement est révélateur du système mis en place : faute d’accès à des soins adaptés en structure dédiée, les patients les plus en souffrance se tournent vers une offre libérale inadaptée, conçue pour des cas moins complexes, alors qu’ils requièrent à l’évidence un suivi pluridisciplinaire que seule l’offre conventionnelle de secteur peut garantir.

    Comment expliquer une telle dérive ? La raison est simple. Mon soutien psy ne répond pas à une exigence de qualité des soins, mais à une logique économique. Une consultation chez un psychologue conventionné coûte 50 euros (assumés à 60 % par l’Assurance-maladie et 40 % par les complémentaires), contre près du double pour un acte en CMP, en raison de la prise en charge globale coordonnée. Cette raison budgétaire explique pourquoi la grande majorité des psychologues refuse un conventionnement qui les contraint à accompagner des patients en grande souffrance, selon une tarification inférieure à l’offre libérale, tout en se privant de la qualité de l’offre multidisciplinaire d’un CMP.

    En dépit de ces premiers résultats insatisfaisants, le renforcement du dispositif souhaité par le ministre de la santé, travaillant au remboursement de « modules de psychothérapies spécialisées », pourrait en outre conduire à promouvoir une forme inédite de psychothérapie d’Etat. Persistant dans son orientation, le ministère de la santé a en effet appelé de ses vœux, par la voix de son délégué à la santé mentale, Frank Bellivier, la mise au point d’une nomenclature des actes psychothérapeutiques limitant les approches remboursées à certaines méthodes comme la remédiation cognitive, la psychoéducation, l’EMDR [désensibilisation et reprogrammation par mouvement des yeux] ou les thérapies comportementales et cognitives.

    https://archive.ph/nQ3nc

    #psychiatrie #comportementalisme #TCC

  • #Libye : « L’ensemble de l’appareil sécuritaire a compris que l’immigration rapporte beaucoup d’argent », rappelle un chercheur libyen

    Les ONG estiment que 20 000 migrants sont aujourd’hui détenus dans des prisons en #Libye. Ces exilés y subissent toutes sortes d’#abus : #traite, #torture, #travail_forcé, #extorsion et conditions de détention intolérables. Malgré ces faits, le gouvernement libyen reçoit toujours l’#aide de l’#Union_européenne pour retenir les migrants et les empêcher de rallier l’Europe. Après avoir accumulés les preuves depuis des années, un militant et chercheur libyen brise le silence.

    #Tarek_Lamloum a recueilli les témoignages de migrants interceptés en mer et dans le désert par les gardes-frontières. Il visite régulièrement les #centres_de_détention.

    Ce chercheur qui préside le Centre d’études de Benghazi sur les migrants et les réfugiés dénonce une #corruption généralisée au sein des services sécuritaires : « L’ensemble des appareils sécuritaires a compris que l’immigration leur rapporte beaucoup d’argent. Ces appareils sont en concurrence entre eux. Qui, parmi eux, devrait gérer les migrants ? Et il y a au moins six appareils sécuritaires qui interviennent sur ce dossier. »

    Tout le monde ferme les yeux

    Tarek Lamloum raconte les confiscations des téléphones portables, les vols d’argent des migrants, parfois même le vol de leurs habits et chaussures dès qu’ils sont interceptés en mer par les gardes-côtes.

    Les #exactions et les #vols des migrants sont devenus la norme, explique le chercheur, et les autorités libyennes et européennes ferment les yeux : « Le ministre de l’Intérieur à Tripoli est lui-même impliqué dans cette affaire, il sait très bien ce qui se passe dans les centres de détention qu’il est censé gérer. C’est lui le premier responsable des #gardes-côtes_libyens et des #gardes-frontières. C’est une première inédite : un ministère de l’intérieur qui intervient pour garder les frontières. Normalement, c’est du ressort de l’armée. »

    Malgré ces exactions, le nombre de migrants en Libye a augmenté de 4% depuis le début de l’année, estime l’Organisation internationale des migrations (OIM). En 2024, 200 000 migrants avaient franchi la Méditerranée depuis les rivages d’Afrique du Nord.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64932/libye--lensemble-de-lappareil-securitaire-a-compris-que-limmigration-r
    #business #complexe_militaro-industriel

  • À l’Assemblée, une atmosphère de « #chasse_aux_sorcières » contre les collaborateurs insoumis

    La #commission_d’enquête de #Laurent_Wauquiez sur les « liens » entre La France insoumise et les « réseaux propageant l’idéologie islamiste » a été jugée irrecevable après un vote très serré. Mais les collaborateurs parlementaires ciblés, tous racisés, dénoncent le fantasme d’un « #complot_musulman » dont ils font les frais.

    La commission d’enquête parlementaire contre #La_France_insoumise (#LFI) voulue par Laurent Wauquiez n’aura pas lieu. Le président du groupe Droite républicaine (DR) à l’Assemblée nationale l’avait annoncée en grande pompe à la mi-mai sur Europe 1, radio du groupe Bolloré, suscitant la joie de la fachosphère. Elle ciblait explicitement le mouvement de Jean-Luc Mélenchon et était censée mettre au jour ses « liens » avec « des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’#idéologie_islamiste », selon son intitulé.

    Mais elle a été jugée irrecevable lors d’un vote très serré en commission des lois mardi 3 juin (lire encadré). « C’était le va-tout de Laurent Wauquiez avant le congrès du parti Les Républicains », rappelle la députée communiste Elsa Faucillon, membre de la commission des lois. « Au-delà même du contenu crasse de son exposé des motifs, la forme n’était pas recevable : non seulement les éléments sont très opaques, mais cela revenait à utiliser les moyens de l’Assemblée pour un agenda politique personnel », explique-t-elle.

    La nouvelle a provoqué un « ouf » de soulagement dans les rangs de LFI, où le vote était guetté avec inquiétude. Depuis plusieurs mois, des tentatives de proscription de plus en plus officielles se multiplient et marquent de simples militant·es au fer rouge. « Je suis abasourdie, je me demande si un jour un ministre de l’intérieur ne va pas appeler à notre dissolution, alors que jusqu’à présent cela relevait de la fiction », témoigne Manon Monmirel, collaboratrice parlementaire du député insoumis Éric Coquerel.

    Le texte de Laurent Wauquiez ciblait sans les nommer – mais explicitement – certains collaborateurs et collaboratrices parlementaires du groupe présidé par Mathilde Panot. Sans aller aussi loin que le dossier du magazine d’extrême droite Frontières, qui avait jeté en pâture une dizaine de noms au mois d’avril en leur imputant le plus souvent des informations partielles – voire fausses – ou de simples messages politiques, il reprenait à son compte le même soupçon « d’#entrisme par des organisations ou militants islamistes dans la perspective des futures échéances électorales », notamment les municipales de 2026.

    La difficulté à se défendre

    Celles et ceux dont les noms avaient été diffusés dans le magazine s’attendaient donc à être auditionné·es, avec tout ce que cela comporte de risques en matière d’exposition à la vindicte sur les réseaux sociaux. « C’était à nouveau le risque de subir du cyberharcèlement, d’avoir des problèmes d’employabilité, sans moyen de se défendre juridiquement », commente Louise Brody, membre du bureau de la CGT collaborateurs et collaboratrices parlementaires, invoquant le coût financier des poursuites pour diffamation.

    –-

    La #commission_Wauquiez échoue de peu

    Le coup est passé tout près. À l’issue d’une heure de réunion, la commission des lois a finalement jugé irrecevable la proposition de résolution de Laurent Wauquiez visant à créer une commission d’enquête sur « les représentants de mouvements politiques […] soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste ».

    Vingt-trois députés se sont prononcés contre, autant pour, l’égalité étant insuffisante à valider le processus. L’ensemble de la gauche, qui a tout fait pour enterrer cette commission « indigne », a aussi pu compter in extremis sur l’abstention de quelques députés macronistes, à commencer par le président de la commission des lois Florent Boudié.

    Ils ont pourtant été nombreux à défendre l’initiative. Le député Droite républicaine Vincent Jeanbrun, qui prenait la parole pour son chef de groupe – lequel a brillé par son absence –, a ainsi dénoncé, à l’instar de l’extrême droite, les acteurs politiques qui seraient les « relais » de « l’idéologie islamiste qui s’infiltre dans nos institutions ».

    Loin de s’opposer à la criminalisation manifeste d’un adversaire politique, le camp présidentiel – qui a laissé liberté de vote à ses commissaires – est même allé encore un cran au-dessus, Sébastien Huygue s’indignant d’une prétendue « complaisance entre élus et réseaux islamistes, voire terroristes ». Feignant d’imaginer que cette commission d’enquête pourrait être autre chose qu’un « règlement de comptes politiques », le MoDem ne s’est pas opposé non plus. De même que les députés Horizons, le parti d’Édouard Philippe, qui ont voté en faveur de la #recevabilité.

    La gauche s’est finalement retrouvée bien seule à dénoncer un « procès politique », une entaille grave dans la séparation des pouvoirs, et l’« agenda islamophobe » de Laurent Wauquiez. Ancien macroniste, le député Paul Molac, aujourd’hui membre du petit groupe centriste Liberté, indépendants, outre-mer et territoires (Liot), a résumé cette « cabale politicienne » d’une saillie : « Ça me rappelle le maccarthysme ou la révolution culturelle. Je proposerais bien [à Laurent Wauquiez] de se mettre au vert à Saint-Pierre-et-Miquelon. »

    –-

    Après la parution du numéro Frontières sur le « parti de l’étranger » – expression maurrassienne utilisée pour qualifier LFI –, certain·es ont fermé leurs comptes sur les réseaux sociaux et ont pris pour habitude de créer des boucles Telegram pour signaler la présence de ces journalistes qui militent activement pour l’« union des droites ».

    « Certains d’entre nous étaient tétanisés, et on avait tous remarqué que 90 % des collabs cités étaient racisés », se souvient Manon Monmirel. « Dans leur matrice, parce qu’on est arabe ou noir, on a une proximité avec le terrorisme islamiste », résume Aziza Nouioua, collaboratrice parlementaire de Thomas Portes, ciblée par Frontières pour avoir relayé des posts d’Urgence Palestine – que le ministère de l’intérieur veut dissoudre –, de l’Association France Palestine solidarité (AFPS) ou encore de la campagne BDS.

    Ismaël El Hajri, collaborateur parlementaire de Louis Boyard, a fait l’expérience de cet amalgame raciste avant même la parution de Frontières. Après un portrait dans Le Journal du dimanche (Le JDD) en septembre 2024 signé Alexis Bergeron – un pseudonyme selon toute vraisemblance –, s’appuyant sur un thread du compte X « Les Corsaires » – un collectif « pro-liberté d’expression » marqué à l’extrême droite –, son nom a été mentionné par Le Figaro Magazine dans un article qui posait cette question : « Si LFI profite de la communauté musulmane pour obtenir des votes, ce parti est-il devenu un cheval de Troie pour les islamistes afin d’exercer une influence politique et sociale ? »

    Sans avoir été contacté, il y était décrit comme « proche » de l’imam Iquioussen et « ancien militant engagé pour la défense de Baraka City et du CCIF [Collectif contre l’islamophobie en France – ndlr] ». « Sous mes yeux, un mensonge devient vérité journalistique », écrivait-il alors sur X, ajoutant : « Si l’on m’attaque aujourd’hui, c’est pour ce que je suis : un enfant de l’immigration maghrébine, militant antiraciste qui travaille à l’Assemblée nationale. »

    Le Figaro Magazine n’avait pas publié son droit de réponse mais avait supprimé le passage contesté en ligne, « dans un souci d’apaisement », selon un courrier du directeur général du groupe Marc Feuillée, consulté par Mediapart. « C’est la preuve absolue que c’était répréhensible du point de vue du droit de la presse », affirme Simon Peteytas, avocat d’Ismaël El Hajri. Celui-ci en était resté là, faute de moyens. « La diffamation est une procédure coûteuse, et ce sont des infractions difficiles à caractériser », convient l’avocat.
    Un cas emblématique

    Le mal est en tout cas fait pour le militant de Villeneuve-Saint-George (Val-de-Marne). « Si on tape mon nom sur Google, on tombe sur des dizaines d’articles qui me disent “islamiste” sans aucune preuve factuelle, dit-il. On a essayé d’alerter sur cette dérive : comment un mensonge a pu devenir une vérité dans un magazine mainstream ? Nous sommes victimes des jeux d’influence et de surenchère entre les macronistes, LR et le Rassemblement national. Et cela n’avait jamais pris une forme aussi sérieuse que la possibilité d’une commission d’enquête. »

    Pour le député insoumis Antoine Léaument, membre de la commission des lois, il y a en effet « un franchissement de seuil ». Le cas le plus emblématique de cette dérive est celui de Mohamed Awad, collaborateur parlementaire de Paul Vannier. Quand il a lu l’exposé des motifs de la commission d’enquête, celui-ci s’est immédiatement reconnu – il était lui aussi parmi les personnalités ciblées par Frontières pour avoir été responsable de la section locale des Jeunes musulmans de France à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

    Le trentenaire, petites lunettes sur le nez et crâne déjà dégarni, a été investi par LFI en 2024 dans la quatrième circonscription du département francilien, fief de Marie-George Buffet, pour croiser le fer avec la sortante communiste, Soumya Bourouaha, qui a été élue. Depuis son joli score de 40 % à La Courneuve, son nom circule pour les municipales de 2026. Et cette percée coïncide aussi avec le début d’un harcèlement médiatique intense.

    Deux jours avant le second tour, Le JDD avait lancé les hostilités : « LFI a-t-elle investi un ancien responsable d’une organisation islamique cofondée par Hassan Iquioussen ? » Le magazine de Vincent Bolloré se basait sur les propos du militant d’extrême droite Damien Rieu, qui en voulait pour preuve un journal municipal daté de 2016. Page 11, on aperçoit Mohamed Awad, présenté comme un « président de l’association JMF de La Courneuve ».

    « Jeune Musulman de France » : cette association de quartier, de loi 1901, avait alors pignon sur rue, bénéficiant de plus de 50 000 euros de subventions publiques émanant de l’État, de la région, du département et de la ville. Mohamed Awad, originaire de la commune, l’a rejointe après avoir suivi sa scolarité à Paris, à l’école des enfants du spectacle, où il a été envoyé pour ses talents de pianiste.

    Au programme : soutien scolaire, actions culturelles ou organisation de forums de l’orientation… « C’était un peu l’esprit de la JOC [Jeunesse ouvrière chrétienne – ndlr] par où sont passées Sophie Binet ou Marie-George Buffet. Je m’y suis investi pleinement », raconte celui qui est devenu trésorier de l’association.
    Monde parallèle

    Mais avec les attentats de janvier 2015, les choses changent. Toutes les subventions de l’État sont coupées brutalement, au motif que l’association serait un « terreau de radicalisation ». Le jeune homme de 22 ans obtient alors un rendez-vous avec le préfet de l’égalité des chances de l’époque, Didier Leschi. « Autour de la table, il y avait une personne chargée de la radicalisation : j’ai compris que c’était fini », se rappelle Mohamed Awad, qui dit avoir découvert ce jour-là ce qu’est « l’islamophobie d’État ».

    Diplômé de droit, il s’engage ensuite au sein de LFI dans le XVIIIe arrondissement de Paris, où il milite avec Paul Vannier, qui lui fait rapidement gravir les échelons. En 2020, il est propulsé sur la liste des municipales, puis devient secrétaire général du groupe insoumis à la région Île-de-France. Il est ensuite recruté en janvier 2023 comme assistant parlementaire du député du Val-d’Oise.

    Il déplore aujourd’hui qu’on le ramène « à une appartenance religieuse supposée ». « Je suis tout le contraire : ma vie militante repose sur l’idée de dire que les musulmans sont des citoyens français à part entière. Je sais que je cristallise un truc d’intégration que l’extrême droite déteste. On me refuse le droit d’avoir des aspirations politiques et de les mettre en œuvre », dit-il à Mediapart.

    « Ils veulent qu’on ait peur, qu’on ne puisse plus s’engager. Ils ne supportent pas qu’au cœur d’une institution qui représente le pouvoir, des gens défendent des positions antiracistes et anticolonialistes », abonde Aziza Nouioua.

    Cette ambiance de « chasse aux sorcières » n’étonne guère les Insoumis·es : l’enchaînement du rapport sur l’influence des Frères musulmans en France et de la commission d’enquête demandée par Laurent Wauquiez, ou encore la sortie de Bruno Retailleau sur les « barbares », voilà qui indique, à leurs yeux, le cap bien sombre du moment.

    « Tout cela participe à accréditer l’idée qu’il existe un complot musulman. Une réalité alternative est en train de passer pour une réalité tout court. Et dans ce cadre, LFI, conseillée dans l’ombre par des Noirs et des Arabes, ne peut être que le parti de l’étranger », décrypte Ismaël El Hajri, qui espère, comme ses collègues, sortir bientôt de ce monde parallèle.

    https://www.mediapart.fr/journal/politique/030625/l-assemblee-une-atmosphere-de-chasse-aux-sorcieres-contre-les-collaborateu
    #FI #France_insoumise #islamophobie #racisme #irrecevabilité