• La première pierre d’une autre université : penser, refonder, bâtir

    Dans un manifeste, des lycéens, étudiants, universitaires, économistes, politiques et syndicalistes appellent à venir à Vincennes, samedi 2 juin à 17 heures, pour « bâtir ensemble ces universités qui seront les biens communs de la société que nous ambitionnons de construire ». « Cinq universités manquent, l’État se refuse à les créer ? Construisons-les ! », écrivent-ils.

    A celles et ceux qui se préoccupent de rendre de la conscience à leur vie, qui n’en peuvent plus depuis 30 ans des réformes mortifères, de la #compétition à outrance comme idéologie, seule créatrice de richesse, de la destruction de la culture, du rabougrissement des savoirs, nous lançons un appel à bâtir les nouvelles universités que l’État refuse de créer ! C’est à Vincennes, ce samedi 2 juin 2018 à 17h (Lac Daumesnil), que nous poserons la première pierre de l’Université en refondation et appellerons à lancer autant de chantiers que nécessaire partout en France.

    Dans le débat public sur l’Université, les questions les plus urgentes masquent des problèmes plus profonds. Ainsi, la comparaison entre l’algorithme APB et la mise en concurrence des étudiants et des universités par Parcoursup fait écran à des réformes plus souterraines : obsolescence programmée du baccalauréat, professionnalisation de la licence, réduction ou assujettissement des humanités, augmentation drastique des frais d’inscription, séparation de l’enseignement supérieur entre collèges universitaires paupérisés, dits « de proximité », et établissements « de recherche intensive visibles internationalement », dérégulation des formations diplômantes et transformations des statuts des universitaires.

    Toutes ces réformes pallient de faux problèmes créés de toutes pièces par la haute fonction publique pour masquer le sous-investissement chronique de l’État dans l’enseignement supérieur et la recherche. Alors que l’augmentation démographique de l’an 2000 et le désir grandissant des bacheliers de poursuivre leurs études conduit à un afflux de 150 000 étudiants en dix ans, l’État n’est plus à la hauteur de ce formidable élan : les budgets de l’Université stagnent et l’ouverture de postes d’enseignant-chercheurs diminue – 7000 postes de titulaires en moins depuis 2009. Le programme d’Emmanuel Macron avait pourtant raisonnablement chiffré les besoins à 2 milliards d’euros pour la recherche et à 2 milliards d’euros pour l’Université, mais l’arbitrage fait au nom du réalisme est sans appel : alors que nous sommes l’un des pays les plus riches du monde, il n’y aura pas un centime !

    Le problème des moyens masque lui-même d’autres questions, plus fondamentales, qui touchent à l’essence même de l’Université comme institution de diffusion et de mise en partage gratuit des savoirs produits par celles et ceux qui les créent. Force est de constater que les personnes qui président depuis quelques temps à la dénaturation du métier d’universitaire sont souvent les mêmes qui ne l’exercent pas ou plus et qui ne créent rien non plus. Comment expliquer que l’évolution des carrières universitaires consiste à toujours plus s’éloigner de l’enseignement et des premières années de Licence au fur et à mesure que l’on monte en grade, quand ces étudiants constituent précisément la future richesse de l’Université ?

    Nous entendons affirmer ici que le savoir n’est ni affaire de managers, ni affaire de bureaucrates et appelons à la refondation de l’Université. Retournons à ses sources, faites de liberté, de collégialité, d’exigence et d’émancipation. Plutôt que de fermer les universités aux classes populaires par le jeu de la sélection de Parcoursup, ouvrons-les ! Ce qui est en œuvre aujourd’hui, c’est une offensive généralisée contre toute possibilité de dire le vrai sur le monde et sur la société. Par le fléchage des crédits des laboratoires et l’imposition de réorientations thématiques, la recherche est de plus en plus soumise à des impératifs de rentabilité. L’instrumentalisation et la professionnalisation des disciplines visent à affaiblir les savoirs critiques en les soumettant au marché de l’emploi.

    Pour retrouver prise sur notre monde et le ré-inventer, il est nécessaire de ré-instituer l’Université comme lieu de pensée ouvert, en savoirs comme en actes. Pour engager ce chantier, nous entendons renouer avec l’idée d’Université expérimentale, telle qu’elle a pu émerger à Vincennes, il y a 50 ans, et mettre en œuvre une alternative au modèle aliénant de la concurrence généralisée. Nous aspirons au meilleur de la formation Universitaire, en nous réappropriant nos pratiques, débarrassées de l’emprise de la bureaucratie gestionnaire. Il s’agit, enfin, de faire pression sur l’État pour renouer avec les principes fondateurs de l’Université, conformes aux aspirations émancipatrices, et pour en obtenir les moyens.

    Cinq universités manquent, l’État se refuse à les créer ? Construisons-les !

    Nous appelons celles et ceux qui le souhaitent – architectes, maçons, charpentiers, ouvriers, universitaires (précaires ou non), lycéens, étudiants, parents ou simples citoyens – à bâtir ensemble ces universités qui seront les biens communs de la société que nous ambitionnons de construire. Retrouvons-nous à Vincennes pour poser symboliquement la première pierre d’une université renouvelée et en asseoir les fondations. Nous profiterons de ce moment pour débattre et affirmer que nous préemptons notre droit au savoir et que nous sommes déterminés à nous mettre en chantier, c’est-à-dire, avant tout, à faire. « Faire » est une qualité ; « faire » c’est envisager l’autre comme acteur, actrice, de son propre dépassement ; « faire », c’est juguler la fragmentation, l’isolement, l’individualisme et l’anomie qui dévitalisent notre société tout entière ; « faire », c’est mettre en chantier en engageant sa vie de la première pierre jusqu’à la fête inaugurale, dans un débordement permanent.

    Tant il est vrai que « créer, c’est résister, et résister, créer ».

    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/310518/la-premiere-pierre-d-une-autre-universite-penser-refonder-batir
    #université #alternative #fac #résistance #manifeste #bien_commun

  • Parcours complexe de supériorité - Le Monolecte
    https://blog.monolecte.fr/2018/05/29/parcours-complexe-de-superiorite

    La neutralité de la machine n’est que celle que l’on veut bien lui accorder. La machine ne fait que le boulot pour laquelle elle a été programmée et le fait suivant les critères et les barèmes qu’on lui a assignés. De ce point de vue là, la machine n’est pas si neutre que cela, elle agit en fonction des intentions de ceux qui se cachent derrière.

    En résumé, une machine qui trie en fonction des aptitudes à faire du vélo ne pourra en aucun cas être bienveillante pour les poissons. Sa seule neutralité, en fait, c’est de servir de paravent à l’humain ou au groupe d’humain qui a décidé délibérément d’exclure les poissons de la compétition.

    #parcoursup #éducation #école #domination #inégalité #surnuméraires

  • Miroir Social - Les méthodes managériales confrontées au droit du travail français
    http://www.miroirsocial.com/actualite/15930/les-methodes-manageriales-confrontees-au-droit-du-travail-fran-ais

    la mise en œuvre d’un mode d’évaluation reposant sur la création de groupes affectés de quotas préétablis que les évaluateurs sont tenus de respecter est illicite.

    Le contrat de #travail est un acte juridique reposant sur une fourniture de travail en échange d’une rémunération. Le contrat doit être exécuté de bonne foi. Il s’agit de la fourniture d’un travail et non d’une #compétition. Rompre un #contrat de travail pour un tel motif n’est donc pas valable.

    Chaque méthode présentée part de constats de bons sens : chaque personne a ses limites, que ce soit un plafond indépassable ou un plancher trop bas. Le principe de Peter décrit que lorsqu’un salarié a atteint son plafond, il devient un total incompétent dont l’employeur ne peut ou ne veut se débarrasser. Le ranking incite tout employeur à licencier tout salarié dont le niveau de performances est plus bas que celui de ses collègues.

    Les Américains ont toujours été friands de nouvelles théories. Les deux citées ci-dessus ne résistent pas à l’observation, et laissent leurs défauts paraître.

    Toute entreprise gagne à lutter contre les dérives individualistes que ses méthodes favorisent et doit privilégier l’intégration collective des salariés et la formation.

    #management de merde

  • #Concurrence ou entraide ?

    Si l’on invoque souvent à tort #Hobbes ou #Darwin pour faire de la loi du plus fort une prétendue loi naturelle, l’ingénieur agronome #Pablo_Servigne, spécialiste de la transition écologique, souligne que la coopération et l’entraide sont elles aussi au cœur de l’évolution. Face à lui, l’économiste #Christian_Cordes souligne l’importance de la #compétitivité et de ses règles dans un monde globalisé.

    https://www.arte.tv/fr/videos/058227-057-A/square-idee
    #vidéo #ressources_pédagogiques #entraide #darwinisme #sélection_naturelle #altruisme #égoïsme #coopération #individualisme #groupes #compétition #Thomas_Hobbes

    Pablo Servigne :

    « La culture de l’individualisme on l’a développée depuis des décennies, celle qui nous fait dire ’si il n’y a plus rien dans les magasins, je vais vite aller stocker de la nourriture pour survivre’. C’est la culture de l’égoïsme qui nous fait faire cela. A court terme, ça marche, mais à très court terme, après il faut coopérer, il faut apprendre à s’entraider avec ses voisins si on veut survivre, sinon on est mort quand les stockent finissent. La clé c’est de comprendre que ce ne sont pas les #pénuries le plus dangereux. L’être humain sait gérer les pénuries depuis des centaines de milliers d’années. Ce qui est dangereux c’est d’arriver dans les pénuries avec une culture de l’égoïsme. C’est pour cela qu’on a besoin de mettre les lunettes de la coopération et de l’entraide pour désamorcer cette bombe sociale, pour arriver dans les pénuries ou dans les catastrophes mieux armés humainement ».

    • L’Entraide. L’autre loi de la jungle

      Dans cette arène impitoyable qu’est la vie, nous sommes tous soumis à la « loi du plus fort », la loi de la jungle. Cette mythologie a fait émerger une société devenue toxique pour notre génération et pour notre planète.

      Aujourd’hui, les lignes bougent. Un nombre croissant de nouveaux mouvements, auteurs ou modes d’organisation battent en brèche cette vision biaisée du monde et font revivre des mots jugés désuets comme « altruisme », « coopération », « solidarité » ou « bonté ». Notre époque redécouvre avec émerveillement que dans cette fameuse jungle il flotte aussi un entêtant parfum d’entraide…

      Un examen attentif de l’éventail du vivant révèle que, de tout temps, les humains, les animaux, les plantes, les champignons et les micro-organismes – et même les économistes ! – ont pratiqué l’entraide. Qui plus est, ceux qui survivent le mieux aux conditions difficiles ne sont pas forcément les plus forts, mais ceux qui s’entraident le plus.

      Pourquoi avons-nous du mal à y croire ? Qu’en est-il de notre ten­dance spontanée à l’entraide ? Comment cela se passe-t-il chez les autres espèces ? Par quels mécanismes les personnes d’un groupe peuvent-elles se mettre à collaborer ? Est-il possible de coopérer à l’échelle internatio­nale pour ralentir le réchauffement climatique ?

      À travers un état des lieux transdisciplinaire, de l’éthologie à l’anthro­pologie en passant par l’économie, la psychologie et les neurosciences, Pablo Servigne et Gauthier Chapelle nous proposent d’explorer un im­mense continent oublié, à la découverte des mécanismes de cette « autre loi de la jungle ».


      http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-L_Entraide-9791020904409-1-1-0-1.html
      #livre

    • Lire ou relire « L’entraide facteur d’évolution » de Pierre Kropotkine. Un grand siècle de distance mais peu de rides. Lire ou relire aussi « l’évolution, la révolution et l’idéal anarchique » de Reclus. Peut-être qu’un jour on arrêtera de tourner en rond !

  • Immigrants Haven’t Hurt Pay for Americans - Bloomberg

    https://www.bloomberg.com/view/articles/2018-02-14/immigrants-haven-t-hurt-pay-for-americans

    As President Donald Trump’s push for immigration restriction continues, his supporters among the pundit class continue to make economic arguments for closing the country’s gates. That’s only understandable — it’s easy to blame immigrant competition for economic woes. But very often, it’s wrong.

    On a recent appearance on Fox News, classicist and historian Victor Davis Hanson started off with some good and important points about the need for a shared culture to bind together the U.S.’s multiracial society. But he then continued to make some very dodgy economic arguments. Hanson asserted that “the Trump miracle [is] giving empowerment to the working … classes,” and that this empowerment was also being driven by “a radical curtailment [of] illegal immigration.” Hanson credits reduced illegal immigration with lower unemployment and increasing competition for workers.

    #états-unis #migrations #emploi

  • Can research quality be measured quantitatively?

    In this article I reflect on ways in which the neoliberal university and its administrative counterpart, #new_public_management (NPM), affect academic publishing activity. One characteristic feature of NPM is the urge to use simple numerical indicators of research output as a tool to allocate funding and, in practice if not in theory, as a means of assessing research quality. This ranges from the use of journal impact factors (IF) and ranking of journals to publication points to determine what types of work in publishing is counted as meritorious for funding allocation. I argue that it is a fallacy to attempt to assess quality of scholarship through quantitative measures of publication output. I base my arguments on my experiences of editing a Norwegian geographical journal over a period of 16 years, along with my experiences as a scholar working for many years within the Norwegian university system.

    https://fennia.journal.fi/forthcoming/article/66602/27160
    https://fennia.journal.fi/forthcoming/view/index
    #qualité #recherche #quantitativisme #université #édition_scientifique #publications_scientifiques #indicateurs #indicateurs_numériques #impact_factor #impact-factor #ranking

    • How global university rankings are changing higher education

      EARLIER this month Peking University played host to perhaps the grandest global gathering ever of the higher-education business. Senior figures from the world’s most famous universities—Harvard and Yale, Oxford and Cambridge among them—enjoyed or endured a two-hour opening ceremony followed by a packed programme of mandatory cultural events interspersed with speeches lauding “Xi Jinping thought”. The party was thrown to celebrate Peking University’s 120th birthday—and, less explicitly, China’s success in a race that started 20 years ago.

      In May 1998 Jiang Zemin, China’s president at the time, announced Project 985, named for the year and the month. Its purpose was to create world-class universities. Nian Cai Liu, a professor of polymeric materials science and engineering at Shanghai Jiao Tong University, got swept up in this initiative. “I asked myself many questions, including: what is the definition of and criteria for a world-class university? What are the positions of top Chinese universities?” Once he started benchmarking them against foreign ones, he found that “governments, universities and stakeholders from all around the world” were interested. So, in 2003, he produced the first ranking of 500 leading global institutions. Nobody, least of all the modest Professor Liu, expected the Shanghai rankings to be so popular. “Indeed, it was a real surprise.”

      People are suckers for league tables, be they of wealth, beauty, fame—or institutions of higher education. University rankings do not just feed humanity’s competitive urges. They are also an important source of consumer intelligence about a good on which people spend huge amounts of time and money, and about which precious little other information is available. Hence the existence of national league tables, such as US News & World Report’s ranking of American universities. But the creation of global league tables—there are now around 20, with Shanghai, the Times Higher Education (THE) and QS the most important—took the competition to a new level. It set not just universities, but governments, against each other.

      When the Shanghai rankings were first published, the “knowledge economy” was emerging into the global consciousness. Governments realised that great universities were no longer just sources of cultural pride and finishing schools for the children of the well-off, but the engines of future prosperity—generators of human capital, of ideas and of innovative companies.

      The rankings focused the minds of governments, particularly in countries that did badly. Every government needed a few higher-educational stars; any government that failed to create them had failed its people and lost an important global race. Europe’s poor performance was particularly galling for Germany, home of the modern research university. The government responded swiftly, announcing in 2005 an Exzellenzinitiative to channel money to institutions that might become world-class universities, and has so far spent over €4.6bn ($5.5bn) on it.

      Propelled by a combination of national pride and economic pragmatism, the idea spread swiftly that this was a global competition in which all self-respecting countries should take part. Thirty-one rich and middle-income countries have announced an excellence initiative of some sort. India, where world rankings were once regarded with post-colonial disdain, is the latest to join the race: in 2016 the finance minister announced that 20 institutions would aim to become world-class universities. The most generously funded initiatives are in France, China, Singapore, South Korea and Taiwan. The most unrealistic targets are Nigeria’s, to get at least two universities in the world’s top 200, and Russia’s, to get five in the world’s top 100, both by 2020.

      The competition to rise up the rankings has had several effects. Below the very highest rankings, still dominated by America and western Europe—America has three of the THE’s top five slots and Britain two this year—the balance of power is shifting (see chart). The rise of China is the most obvious manifestation. It has 45 universities in the Shanghai top 500 and is now the only country other than Britain or America to have two universities in the THE’s top 30. Japan is doing poorly: its highest-ranked institution, the University of Tokyo, comes in at 48 in the THE’s table. Elsewhere, Latin America and eastern Europe have lagged behind.

      The rankings race has also increased the emphasis on research. Highly cited papers provide an easily available measure of success, and, lacking any other reliable metric, that is what the league tables are based on. None of the rankings includes teaching quality, which is hard to measure and compare. Shanghai’s is purely about research; THE and QS incorporate other measures, such as “reputation”. But since the league tables themselves are one of its main determinants, reputation is not an obviously independent variable.

      Hard times

      The research boom is excellent news for humanity, which will eventually reap the benefits, and for scientific researchers. But the social sciences and humanities are not faring so well. They tend to be at a disadvantage in rankings because there are fewer soft-science or humanities journals, so hard-science papers get more citations. Shanghai makes no allowance for that, and Professor Liu admits that his ranking tends to reinforce the dominance of hard science. Phil Baty, who edits the THE’s rankings, says they do take the hard sciences’ higher citation rates into account, scoring papers by the standards of the relevant discipline.

      The hard sciences have benefited from the bounty flowing from the “excellence initiatives”. According to a study of these programmes by Jamil Salmi, author of “The Challenge of Establishing World-Class Universities”, all the programmes except Taiwan’s focused on research rather than teaching, and most of them favoured STEM subjects (science, technology, engineering and mathematics). This is no doubt one of the reasons why the numbers of scientific papers produced globally nearly doubled between 2003 and 2016.

      The rankings may be contributing to a deterioration in teaching. The quality of the research academics produce has little bearing on the quality of their teaching. Indeed, academics who are passionate about their research may be less inclined to spend their energies on students, and so there may be an inverse relationship. Since students suffer when teaching quality declines, they might be expected to push back against this. But Ellen Hazelkorn, author of “Rankings and the Reshaping of Higher Education”, argues that students “are buying prestige in the labour market”. This means “they want to go to the highest-status university possible”—and the league tables are the only available measure of status. So students, too, in effect encourage universities to spend their money on research rather than teaching.

      The result, says Simon Marginson, Oxford University’s incoming professor of higher education, is “the distribution of teaching further down the academic hierarchy”, which fosters the growth of an “academic precariat”. These PhD students and non-tenured academics do the teaching that the star professors, hired for their research abilities, shun as a chore. The British government is trying to press universities to improve teaching, by creating a “teaching-excellence framework”; but the rating is made up of a student-satisfaction survey, dropout rates and alumni earnings—interesting, but not really a measure of teaching quality. Nevertheless, says Professor Marginson, “everybody recognises this as a problem, and everybody is watching what Britain is doing.”

      A third concern is that competition for rankings encourages stratification within university systems, which in turn exacerbates social inequality. “Excellence initiatives” funnel money to top universities, whose students, even if admission is highly competitive, tend to be the children of the well-off. “Those at the top get more government resources and those at the bottom get least,” points out Ms Hazelkorn. That’s true even in Britain, which, despite not having an excellence initiative, favours top universities through the allocation of research money. According to a study of over 120 universities by Alison Wolf of King’s College London and Andrew Jenkins of University College London, the Russell Group, a self-selected elite of 24 universities, get nearly half of the funding for the entire sector, and increased their share from 44.7% in 2001-02 to 49.1% in 2013-14.

      The rankings race draws other complaints. Some universities have hired “rankings managers”, which critics argue is not a good use of resources. Saudi Arabian universities have been accused of giving highly cited academics lucrative part-time contracts and requiring them to use their Saudi affiliation when publishing.

      Intellectual citizens of nowhere

      Notwithstanding its downsides, the rankings race has encouraged a benign trend with far-reaching implications: internationalisation. The top level of academia, particularly in the sciences, is perhaps the world’s most international community, as Professor Marginson’s work shows. Whereas around 4% of first-degree students in the OECD study abroad, a quarter of PhD students do. Research is getting more global: 22% of science and engineering papers were internationally co-authored in 2016, up from 16% in 2003. The rankings, which give marks for international co-authorship, encourage this trend. That is one reason why Japan, whose universities are as insular as its culture, lags. As research grows—in 2000-14 the annual number of PhDs awarded rose by half in America, doubled in Britain and quintupled in China—so does the size and importance of this multinational network.

      Researchers work together across borders on borderless problems—from climate change to artificial intelligence. They gather at conferences, spend time in each other’s universities and spread knowledge and scholarship across the world. Forced to publish in English, they share at least one language. They befriend each other, marry each other and support each other, politically as well as intellectually. Last year, for instance, when Cambridge University Press blocked online access to hundreds of articles on sensitive subjects, including the Tiananmen Square massacre, at the request of the Chinese government, it faced international protests, and an American academic launched a petition which was signed by over 1,500 academics around the world. CUP backed down.

      The rankings race is thus marked by a happy irony. Driven in part by nationalistic urges, it has fostered the growth of a community that knows no borders. Critics are right that governments and universities obsess too much about rankings. Yet the world benefits from the growth of this productive, international body of scholars.


      https://www.economist.com/international/2018/05/19/how-global-university-rankings-are-changing-higher-education?frsc=dg%7Ce

      #Chine #classement_de_Shanghai #compétition #classement #ranking #QS #Times_Higher_Education #THE #excellence #Exzellenzinitiative #Allemagne #Inde #France #Singapour #Taïwan #Corée_du_Sud #Nigeria #Russie #USA #Etats-Unis #Angleterre #UK #recherche #publications #publications_scientifiques #enseignement #réputation #sciences_sociales #sciences_dures #précarité #précarisation #travail #inégalités #anglais #langue #internationalisation #globalisation #mondialisation

      La fin est très en phase avec le journal qui a publié cet article, hélas :

      Critics are right that governments and universities obsess too much about rankings. Yet the world benefits from the growth of this productive, international body of scholars.

      La première version de cet article a été apparemment corrigée :

      Correction (May 22nd, 2018): An earlier version of this piece suggested that non-English data and books are not included in the rankings. This is incorrect. The article has been amended to remove that assertion.

      –-> mais en fait, en réalité, il n’aurait pas dû l’être. Pour avoir expérimenté moi-même une fois le #H-index sur ma liste de publications, je peux vous dire qu’aucun article en d’autres langues que l’anglais avait été retenu dans l’index. Et même pas tous les articles en anglais que j’ai publiés...

  • La #loi_de_la_jungle n’existe pas

    Longtemps, on a présenté la #compétition comme un phénomène inhérent au vivant. Désormais, explique le biologiste #Pablo_Servigne, la science montre au contraire l’importance de l’#entraide chez les plantes, les animaux… et les hommes.

    https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20171130.OBS8029/la-loi-de-la-jungle-n-existe-pas.html
    #biologie #concurrence #Darwinisme #darwin

    C’est ce que disait déjà #Kropotkine, non ?
    https://www.youtube.com/watch?v=Ss4kNrxCllM

  • De la belle théorie à une pratique effective - Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/De-la-belle-theorie-a-une-pratique

    La question est : combien de vos privilèges êtes-vous prêts à perdre, messieurs, pour un monde plus égalitaire, au-delà de vos vœux pieux ?

    Je dois avouer que ça coince sérieusement quand j’aborde la question de l’abandon du #privilège_mâle. Le fait que l’#égalité réelle ne peut se faire sans que les dominants acceptent de perdre des avantages que leur apportent concrètement leur statut de dominant, qu’ils le souhaitent ou non. Et ça ne s’arrête pas au fait que tout homme, dans une #compétition comme un #recrutement, par exemple, peut s’attendre à être favorisé de facto sur 50% des postulants. C’est aussi le fait que tout homme, qu’il le veuille ou non, a été conditionné à penser qu’il a naturellement des droits supérieurs et implicites, comme le droit à un service hôtelier gratuit à vie. C’est marrant comme ça clive quand j’aborde cet avantage précis.

    Je reconnais que si j’y avais droit de naissance, ça me serait effectivement très difficile d’y renoncer.

  • « Un système plus élitiste et méritocratique s’impose à l’université » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/311017/un-systeme-plus-elitiste-et-meritocratique-s-impose-l-universite?onglet=fu

    Annabelle Allouch est maître de conférences à l’université de Picardie Jules-Verne et auteure de La Société du concours, l’empire des classements scolaires (éditions du Seuil), où elle interroge « l’habillage méritocratique » de notre société et sa capacité à exacerber la concurrence sur la base des concours. Elle analyse pour Mediapart les conséquences possibles de cette réforme « aux intentions louables ».

    Ue interview très intéressante, qui au delà de l’analyse des réformes actuelles, dessine une tendance générale des évolutions de l’université. Entre autonomie et pression des classements, ce sont toujours les moins favorisés qui seront exclus et à qui on va retirer leurs capacités à se révéler après le bac, au fil de leur parcours.

    #Université #réforme #méritocratie #inégalités #Education

  • Théorie du genre humain | ARTE Radio
    https://www.arteradio.com/son/61657888/theorie_du_genre_humain

    Une création de Carla Green

    Pour la grammaire française, on le sait, « le masculin l’emporte ». Et même dans les podcasts de France Culture, on dit encore « homme » pour dire « humain ». Carla, ça la rend folle que les Français oublient comme ça la moitié de l’humanité. Un délicieux podcast féministe avec l’accent californien.

    #homme #langage #sexisme #invisibilisation #femmes #education #domination_masculine

  • Les tricheurs de la science La Presse CA - Marie-Claude Malboeuf - 12 Septembre 2017
    http://www.lapresse.ca/actualites/enquetes/201709/12/01-5132442-les-tricheurs-de-la-science.php

    Ils devraient être des modèles de rigueur. Ils ont plutôt truqué leurs résultats, détourné des fonds, menti ou volé des écrits. Depuis cinq ans, près d’une centaine de scientifiques canadiens ont été punis pour malhonnêteté, révèlent des données obtenues par La Presse. Et ils sont de plus en plus nombreux à se faire prendre.

    De plus en plus de tricheurs démasqués
    Dans chaque bureau de l’hôpital d’Ottawa, les révélations du Dr Paul Hébert déclenchaient un séisme. Le spécialiste des soins intensifs était lui-même sidéré. Et enragé par ce que la responsable de son programme de recherche venait de découvrir.
    « Une professionnelle de la santé fraudait, elle fabriquait des données de recherche ! », confie le chercheur, aujourd’hui chef du département de médecine au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et auteur de travaux qui ont transformé la pratique de la transfusion sanguine.

    Dans le cadre de l’étude qu’il faisait à l’époque, l’employée tricheuse devait absolument prélever le sang de patients à des moments précis pour qu’on mesure l’effet d’un traitement. Mais au lieu de remplir sa mission le samedi, comme il le fallait, elle ne s’est jamais présentée à l’hôpital. De retour le lundi, elle a recueilli le sang en douce et écrit la mauvaise date sur les fioles, en espérant brouiller les pistes. Mais ses collègues surveillaient le réfrigérateur.

    « On l’a congédiée, mais à l’hôpital, la crise a duré des semaines. Elle a failli ruiner l’étude », explique le Dr Hébert.
    Quinze ans plus tard, il se souvient de tout. Entre deux nuits d’insomnie, il a alerté les organisations concernées et repris la collecte de données auprès de 40 patients. Une somme de travail colossale, qui s’est étendue sur un an et lui a coûté 100 000 $.
    L’étude a ainsi pu être publiée dans une revue prestigieuse. Mais cela n’empêche pas le spécialiste de frémir en pensant à ce qui aurait pu se produire. « Découvrir la fraude seulement après la publication, ç’aurait été un désastre... »

    Il n’en avait encore jamais parlé publiquement.
    Des désastres, le médecin sait bien que d’autres universités en connaissent, y compris au Canada, où est survenu l’un des pires scandales.

    Du fond de l’Université Memorial, à Terre-Neuve-et-Labrador, le chercheur Ranjit Chandra est devenu une vedette mondiale en publiant des études sur des multivitamines miracles et d’autres au sujet de 700 bébés n’ayant finalement jamais existé. Il les inventait et recopiait des séries de chiffres d’une étude à l’autre.

    L’université a enterré l’affaire pendant 12 ans, ignorant de nombreux dénonciateurs et laissant son professeur empocher une fortune - jusqu’à ce qu’il quitte le Canada en douce, en 2002.
    À la même époque, le chercheur James Xu est entré dans un laboratoire albertain en pleine nuit pour ajouter une substance dans les éprouvettes, afin que les expériences de son équipe semblent concluantes.

    Plus de fraudeurs démasqués
    Combien de délinquants sévissent encore au Canada ? Ces cinq dernières années, les universités du pays ont transmis aux autorités fédérales des rapports d’enquête concernant 192 chercheurs, dont 83 ont été jugés malhonnêtes, révèlent de nouvelles données obtenues par La Presse. Leur analyse montre que le nombre de chercheurs sanctionnés annuellement a augmenté de 54 % au cours de cette période.

    Treize d’entre eux avaient fabriqué, falsifié ou détruit des données. Les autres avaient menti dans leurs demandes de subvention, détourné des fonds publics, plagié ou bâclé leur travail (détails ci-contre).

    Peu de cas rendus publics
    À Toronto, Sophie Jamal a berné une très prestigieuse revue médicale. L’endocrinologue avait altéré sa base de données pour faire croire que le fait d’appliquer un onguent avait fait augmenter la densité osseuse de ses patientes à risque d’ostéoporose. Elle a donc perdu son emploi l’an dernier, et perdu à jamais le droit de demander des subventions fédérales.

    En 2013, les Américains ont révélé qu’un pathologiste prometteur de l’Université Western Ontario (Hao Wang) avait faussement rapporté avoir réussi une greffe de rein sur deux singes.
    La même année, l’Université McGill a obtenu gain de cause contre l’un de ses chercheurs les plus connus - et les plus subventionnés -, Avi Chaudhuri. Le professeur de psychologie avait menti au sujet de 14 voyages en Inde, prétendant s’y rendre pour faire ses recherches, alors qu’il y faisait plutôt rouler une entreprise lui appartenant. Il a été congédié.

    De leurs propres aveux, plusieurs scientifiques ne se font jamais prendre. Environ 2% des chercheurs sondés lors d’enquêtes scientifiques admettent avoir déjà falsifié ou fabriqué des données. Et 9% avouent avoir déjà adopté d’autres pratiques discutables.
    Les scientifiques détestent parler de ces dérives en public, par crainte que la population n’oublie que 90 % d’entre eux sont rigoureux et honnêtes, et ne condamne injustement la science dans son ensemble.
    En privé, par contre, « il y a un besoin criant de se défouler, vous n’avez pas idée ! », constate le professeur Bryn Williams-Jones, qui dirige les programmes de bioéthique à l’UdeM et collabore à une enquête internationale lancée par son ancienne étudiante, Élise Smith.
    Le sondage portait sur la signature des études savantes, mais les participants en avaient long à dénoncer. « Ils nous parlent d’abus, de manipulations de données, de harcèlement, de conflit d’intérêts... énumère le bioéthicien. Leurs témoignages font déjà 300 pages ! »

    Influence mortelle
    « Le manque d’intégrité, c’est hyper dangereux ; les décideurs se basent sur des données scientifiques de toutes sortes dans leur travail », prévient le professeur Williams-Jones.
    En santé, il suffit d’un seul délinquant pour causer « d’immenses dégâts », car des millions de médecins se fient aux études pour traiter leurs patients, précise le Dr Hébert.

    « La recherche clinique frauduleuse ou mal menée peut tuer. »
    Des chercheurs ont accusé deux scientifiques européens d’avoir eu ce genre d’influence mortelle. Le premier (l’anesthésiste Joachim Boldt) prônait l’emploi d’un soluté controversé pour réanimer les patients en insuffisance circulatoire. Le second (le cardiologue Don Poldermans), celui de bêtabloquants lors d’opérations à haut risque. Ces deux pratiques tuaient probablement beaucoup plus de gens qu’elles n’en sauvaient, a-t-on compris trop tard - après avoir découvert, il y a quelques années, que chacun des deux hommes avait publié des données fictives ayant brouillé les cartes.

    Des jeunes sont également morts après avoir attrapé la rougeole, parce que leurs parents avaient lu que les faire vacciner risquait de les rendre autistes. Dans sa pseudo-étude portant sur 12 enfants, l’ex-médecin britannique Andrew Wafefield avait pourtant déformé le contenu de chaque dossier médical, sans exception. Et caché le fait qu’un avocat lui avait versé plus de 700 000 $ après lui avoir commandé l’étude pour justifier le dépôt de poursuites judiciaires contre les fabricants de vaccins.

    Des millions gaspillés
    Chaque année, les scientifiques malhonnêtes privent la société de millions de dollars. « En fraudant, tu gaspilles tes propres fonds de recherche et tu amènes plein d’autres scientifiques à suivre de fausses pistes avec les leurs, dénonce le Dr Hébert. Ça mobilise des ressources rares en pure perte, alors qu’elles auraient pu permettre de vrais progrès. »

    Les agences canadiennes tentent de réduire les dégâts en exigeant que les délinquants remboursent les fonds mal utilisés. En cinq ans et demi, elles ont ainsi récupéré près de 0,9 million, soit 80 % des sommes réclamées (et l’équivalent de 0,038 % de leur budget annuel de 2,38 milliards).

    Quarante-deux chercheurs se sont par ailleurs retrouvés sur une « liste noire » qui les empêchent de recevoir des subventions - dont sept pour toujours.

    D’année en année, le nombre de délinquants sanctionnés augmente. « On accepte maintenant de recevoir les allégations anonymes, précise Susan Zimmerman, directrice du Secrétariat pour la conduite responsable de la recherche, qui assiste les agences subventionnaires. On essaie de faciliter les choses pour encourager les gens à parler. »

    Cas de plagiat, de falsification ou de fabrication sanctionnés de 2012 à 2017
    • 39 par le Secrétariat pour le conduite responsable de la recherche (Canada) :
    • 92 par la National Science Foundation (EU)
    • 54 par l’Office for Research Intergrity (EU)

    Un premier bilan détaillé
    Dès qu’un scientifique soutenu par des fonds fédéraux est soupçonné d’inconduite, les universités sont tenues d’alerter le Groupe et le Secrétariat pour la conduite responsable de la recherche. Elles doivent ensuite leur transmettre leurs rapports d’enquête. C’est la règle depuis décembre 2011, les trois agences subventionnaires fédérales s’étant alors dotées d’une politique commune - une innovation notamment motivée par le scandale survenu à l’Université Memorial. Le Secrétariat aide les agences à faire appliquer les règles et compile les statistiques rapportées dans ce reportage. C’est la toute première fois qu’il livre un bilan détaillé des manquements et des sanctions enregistrées depuis sa création. L’an dernier, les trois agences fédérales ont soutenu 36 000 chercheurs.

    Pourquoi frauder ?
    Qu’est-ce qui pousse des scientifiques - censés chercher la vérité - à frauder ? Voici ce qu’ont répondu les principaux intéressés.
    La compétition féroce

    « Dans la position académique que j’occupais, ton estime de toi dépend des subventions obtenues. [...] J’étais sur un tapis roulant et je ne pouvais pas descendre », a déclaré le chercheur en obésité Eric Poehlman lors de son procès criminel couvert par le New York Times.
    Sans fonds, un chercheur ne peut ni faire rouler son labo, ni publier, ni être promu. « Et comme les athlètes qui se dopent, certains pensent qu’ils ne peuvent pas réussir sans tricher », analyse l’éthicien Bryn Williams-Jones, de l’Université de Montréal.

    « Trop de structures encouragent les comportements nocifs. Des taux de réussite de 12 % lors des demandes de subvention, ça crée une compétition hallucinante, qui favorise les manquements. »

    La vanité
    « Ce sont la vanité et l’autoglorification qui l’ont motivé. C’était un expert mondial, qui voyageait en première classe pour donner des conférences à travers le monde. » L’éditeur scientifique Steven Shafer a expliqué de cette façon pourquoi l’anesthésiste allemand Joachim Boldt, a pu publier 94 études frauduleuses.

    Besoin de pouvoir, d’admiration, arrogance... Dans les sphères hautement compétitives, ces traits narcissiques sont fréquents, d’après la diplômée en psychologie légale Cristy McGoff, que le site RetractionWatch a interrogée au sujet des cas gérés dans son université américaine. « Se percevoir comme étant respecté et omniscient peut amener quelqu’un à pousser le bouchon. »

    La maladie
    « Certains de ses comportements étaient si illogiques et outrageux qu’il est évident qu’il n’était pas capable de penser rationnellement à l’époque. »

    D’après son avocat, c’est la maladie qui a poussé Scott Reuben à frauder. Des épisodes de manie lui ont permis d’abattre un travail insensé, jusqu’à ce qu’il ne parvienne plus à remplir ses engagements et commence à avoir recours à son imagination.
    Avide d’attention et devenu inconscient des risques, l’anesthésiste a prétendu avoir enrôlé 200 patients ayant subi un remplacement du genou, alors que son hôpital effectuait très peu d’opérations du genre.
    À l’époque du procès, il avait tout perdu - sa femme, son permis de médecin, sa fortune - et emménagé chez ses parents.

    La pente glissante
    « Il a commencé à tricher un peu, et la tromperie est devenue totalement incontrôlée. » Voici comment le chercheur norvégien Jon Sudbø a fini par inventer 908 patients, selon ce qu’a déclaré son avocat à l’époque.

    « Le premier pas sur le chemin de la fraude est probablement franchi en raison d’une peur égoïste », explique la psychologue Jennifer Crocker dans la revue Nature. Tout commence par la crainte d’être mal vu ou « de ne pas obtenir le poste, la subvention ou le prix convoités ». Mais le chercheur se sent mal d’avoir triché et rationalise son geste pour se revaloriser, ce qui rend le prochain pas facile à franchir.

    L’obsession des résultats
    « Il vaut mieux publier des résultats positifs pour [sa] carrière. C’est de ça qu’il s’agit : gravir les échelons. » Le lanceur d’alarme Peter Wilmshurst a raconté au quotidien Der Spiegel que ses confrères peu scrupuleux ne se font pas prier pour faire des cachettes. 

    « De nos jours, les journaux et les organismes subventionnaires veulent des résultats positifs », observe le professeur Vincent Larivière, qui détient la Chaire sur les transformations de la communication savante.

    « Certains chercheurs vont donc prendre quelques libertés pour obtenir des résultats plus frappants, afin de publier plus facilement dans des journaux mieux cotés et d’être plus cités. C’est bien plus répandu que la fraude. »

    L’insécurité extrême
    Le professeur de psychologie néerlandais Diederik Stapel, doyen de sa faculté, a inventé les résultats d’innombrables expériences jamais faites. Dans le récit autobiographique de sa chute, publié en 2012, il raconte combien la difficulté d’être publié l’angoissait et évoque son insécurité extrême. « Marquer des points te fait applaudir et un pointage élevé te fait applaudir très fort. Et les forts applaudissements sont formidables, parce qu’ils noient tes doutes au sujet de la valeur de ce que tu fais et de qui tu es. » « Comme un alcoolique ou un héroïnomane, j’ai commencé à utiliser ma dépendance pour tout régler : mauvais résultats, longue périodes sans trouver un effet ou sans publier. »

    L’argent
    « L’argent est un incitatif très fort, c’est la nature humaine... » Selon l’éthicien Bryn Williams-Jones, l’appât du gain a vraisemblablement motivé plusieurs fraudes scientifiques.

    Au Canada, Ranjit Chandra a inventé ses travaux au sujet de vitamines de sa fabrication, censées repousser la démence. D’après la preuve déposée lors de sa poursuite en diffamation contre CBC, il espérait réaliser des ventes de 125 millions.

    Après avoir fui en Inde en 2002, l’allergologue est revenu pratiquer la médecine dans la grande région de Toronto. La police a affirmé l’an dernier qu’il en a profité pour frauder la régie de l’assurance maladie ontarienne, avant de repartir en Inde.

    Les justiciers de la science
    Excédés de voir leur réputation ternie, des scientifiques s’efforcent de démasquer leurs confrères malhonnêtes et de nettoyer la littérature savante. Voici leurs méthodes - si efficaces qu’elles font exploser le nombre d’études discréditées et rayées de la carte.

    Mauvais menteurs
    Des invraisemblances grossières provoquent parfois la chute de stars de la recherche. Le Norvégien Jon Sudbø avait attribué la même date de naissance à 250 des 908 cancéreux qu’il avait inventés. Et il a prétendu les avoir trouvés dans une base de données qui n’existait pas encore.
    Le Canadien Ranjit Chandra a, quant à lui, attribué des scores cognitifs si faibles à ses sujets (censément normaux, mais fictifs) qu’ils semblaient atteints d’un retard mental.

    D’autres ont recyclé des séries de chiffres d’une étude à l’autre (dont Chandra et le professeur de psychologie néerlandais Diederik Stapel). Ou rapporté avoir réalisé un sondage en science politique si complexe (l’étudiant américain Michael LaCour) qu’un autre étudiant désireux de reproduire l’expérience a découvert que cela nécessitait un budget insensé.

    Anonymat
    L’union fait apparemment la force. Depuis 2012, les scientifiques dénoncent les lacunes d’études suspectes sur le site PubPeer, qui leur permet d’échanger avec des confrères du monde entier et, surtout, de le faire de façon anonyme. Cette révolution a délié les langues et généré des commentaires au sujet de 22 000 études.
    Après avoir perdu son emploi, un chercheur du Michigan s’est vainement adressé aux tribunaux pour savoir qui avait attaqué ses travaux, disant avoir été diffamé.

    L’anonymat est essentiel, affirme en entrevue le fondateur de PubPeer, Brandon Stell, chercheur au CNRS à Paris. « Bien des scientifiques craignent de s’attirer des représailles s’ils critiquent [ouvertement leurs collègues]. »

    Fausses images
    La popularité de logiciels comme PhotoShop facilite la manipulation d’images - une supercherie qui fausse 4 % des études, d’après les évaluations les plus récentes.

    « Des chercheurs réutilisent par exemple la photo d’une expérience faite sur un type de cellules, afin de prétendre qu’elle a fonctionné aussi sur un autre type de cellules », explique au téléphone le journaliste scientifique Ivan Oransky, fondateur site RetractionWatch.
    L’ex-étoile montante Anil Potti a même recyclé de vieux scans de poumons pour illustrer les supposés effets de son traitement expérimental contre le cancer.

    « Certaines personnes utilisent des logiciels, mais d’autres le font à l’oeil. Elles ont le genre de cerveau qui n’oublie pas les images », constate le fondateur de PubPeer, où les images truquées sont activement dénoncées.

    Robots policiers
    Comment repérer les leurres subtils au milieu d’un déluge de données ? Un nouveau logiciel identifie les distributions statistiques qui avaient des chances infimes de se produire sans tricher. Après l’avoir mis au point, l’anesthésiste John Carlisle a écrit cet été que des douzaines d’études cliniques publiées dans des revues prestigieuses étaient douteuses.

    Depuis un an, un robot informatique baptisé « StatCheck » permet par ailleurs de déceler les erreurs de calcul. Il a ainsi remis en question 50 000 études en psychologie sur PubPeer. Mais ses réprimandes publiques ont été dénoncées, car elles humilient aussi les responsables d’erreurs de bonne foi.

    Poids des mots
    D’autres chercheurs se sont demandé si leurs confrères malhonnêtes écrivaient différemment lorsqu’ils mentaient. D’après leur analyse, la lecture des études biomédicales frauduleuses est plus ardue, car elles sont plus vagues, plus techniques et contiennent plus de références, mais moins de quantitatifs.

    Dans ses études fictives, le professeur de psychologie Diederik Stapel utilisait pour sa part moins d’adjectifs, mais plus de superlatifs et d’amplificateurs (comme « profondément » ou « extrêmement ») que dans ses études authentiques.

    Justiciers solitaires
    En Europe, le cardiologue britannique Peter Wilmshurst a dénoncé une vingtaine de scientifiques malhonnêtes et survécu aux poursuites engagées pour le faire taire. Avant lui, plusieurs personnes avaient fermé les yeux.

    En Chine, le diplômé en biochimie Shimin Fang a attaqué des centaines de délinquants sur son site News Threads. Ce qui lui a valu 10 poursuites, une agression au marteau et un prix de l’organisme Sense about Science. Le gouvernement chinois a censuré son site en 2014.

    Aux États-Unis, le chercheur Paul Brookes a dû fermer science-fraud.org en 2013, après six mois d’activités, durant lesquels il avait dénoncé 275 études - convaincu que le faire en privé ne donnerait guère de résultats.

    Déluge d’études discréditées
    Tous ces efforts ont eu un remarquable effet, provoquant le retrait de milliers d’études discréditées. L’an dernier, 972 articles erronés ou frauduleux ont été rétractés après publication. « En 2000, 30 fois moins d’études avaient connu le même sort », indique en entrevue le journaliste scientifique Ivan Oransky.

    Depuis 2010, son site RetractionWatch fait la lumière sur ces événements en insistant sur les cas de fraude et de plagiat, qui sont trois fois plus nombreux que les cas d’erreurs et semblent augmenter.
    À lui seul, l’anesthésiste japonais Yoshitaka Fujii a vu 183 de ses études être rétractées : un record. Le rapport d’enquête qui le concerne conclut qu’il fonctionnait « comme s’il rédigeait un roman »

    #Etudes (fictives) #Experts #recherche #medecine (non limitatif) #Triche #résultat (culture du) #Publications scientifiques #fraude #compétition

  • http://www.acrimed.org/local/cache-gd2/ae/620fc50137cf60d3672978f369f031.jpg?1505069819
    Petit retour donc sur une #compétition qui a occupé tous les #médias dominants pendant le début de l’année 2017 et une bonne partie de l’année 2016. La Coupe du monde de football ? Pas la saison. Les Jeux Olympiques ? C’était l’année dernière, souvenez-vous. Non, il s’agit de l’élection présidentielle. Car c’est bien sous l’angle de la compétition que la plupart des rédactions se sont penchées sur cette élection. Et comme celle-ci est devenue un sport comme un autre, les commentateurs ne se privent pas de jouer les sélectionneurs, triant les mauvais des bons candidats. En se basant sur leur projet politique ? Pas du tout. C’est à la tête du (bon) client.
    http://www.acrimed.org/Retour-sur-le-traitement-mediatique-de-l-election
    http://www.acrimed.org/Un-exemple-de-journalisme-sportif-les
    #présidentielles_2017 #bon_client

  • BALLAST | Gaëtan Flocco : « Tous les sujets ont intériorisé les catégories capitalistes »
    https://www.revue-ballast.fr/gaetan-flocco

    Entièrement. Évidemment, l’opposition travail/capital est structurante et il ne s’agit nullement de l’évacuer de l’analyse. D’ailleurs, dans son livre d’où est extraite cette citation, Frédéric Lordon le rappelle bien2 : pour lui, le rapport salarial, c’est-à-dire cette asymétrie objective entre des travailleurs dénués de tout, qui ne peuvent faire autrement pour vivre que d’échanger leur force de travail contre de l’argent, et des capitalistes qui, eux, possèdent tout, demeure le cadre structurant de l’enrôlement capitaliste. Toutefois, il est fondamental de montrer aussi combien ce cadre structurant ne se résume pas à une opposition manichéenne, les cadres illustrant bien une intrication ou un entremêlement entre le travail et le capital. D’un côté, on a en effet un statut qui les range du côté des salariés, leur faisant dire parfois qu’ils seraient des travailleurs comme les autres, les « grouillots de base » ou les « OS de l’an 2000 ». De l’autre, on a aussi des individus qui adhèrent à des valeurs, des modes de vie, des attentes, des conceptions du travail et de l’entreprise qui les rapprochent des classes dirigeantes.

    Les cadres se font enfler par l’illusion d’être du côté des #dominants.
    Ils collaborent activement à l’exploitation des employés parce qu’ils s’imaginent ne pas être des #prolétaires eux-mêmes. Et les employeurs se frottent les mains et entretiennent soigneusement cette #confusion : elle leur permet d’avoir des relais serviles et zélés pour mieux presser le travailleur tout en en faisant porter la responsabilité à des sous-fifres clairement identifiables par les exploités.
    J’avais déjà écrit sur ce marché de dupes : https://blog.monolecte.fr/2006/01/11/les-kapos-aussi-ont-fini-dans-les-chambres-a-gaz

    S’il a un petit pécule et pas mal d’avantages immédiats, le cadre oublie un peu trop facilement que son aisance vient tout de même du #salaire et non pas de la rente (même s’il tente de s’en constituer une dans le temps !) et qu’il suffit que le capitaliste lui retire son poste de #travail pour que tous ses avantages disparaissent. Il est en fait aussi dépendant que le petit employé des systèmes de #solidarité sociale qu’il conchie pourtant abondamment tant il croit être au-dessus de cela, voire en #compétition avec des dispositifs qui lui coûtent (et entament son #rêve de rente), alors qu’en fait, même s’il mettra un peu plus de temps à consommer ses éconocrocs, le #chômage, ce grand égalisateur par le bas, le remettra forcément à sa place de simple variable d’ajustement.

    • La même arnaque est à l’œuvre avec la figure de l’auto-entrepreneur, qui s’imagine petit #patron et donc #pré-capitaliste, alors qu’en fait, il n’est qu’un #auto-exploité et surtout la nouvelle chair à canon de l’économie néolibérale : le #sous-traitant isolé, sans aucune espèce d’assise ou de défense, livré tout ficelé aux appétits sans fin des grosses entreprises qui fixent unilatéralement les règles d’un jeu qui ne profite plus qu’à une toute petite poignée d’individus.

      Il s’imagine un aigle, alors qu’il n’est que le gros pigeon dune autofiction, celle qui consiste à faire passer le pire des #lupemprolétaires, le travailleur à façon pour le prototype du nouveau #capitaliste postindustriel.

      La figure de l’entrepreneur acquiert un rôle majeur dans la sphère publique depuis que la crise économique de 2008 a mis en évidence la difficulté d’intégrer socialement la population par le mécanisme du travail salarié. Comme il est désormais plus difficile de garantir un volume de travail suffisant et ininterrompu pour la majorité de la population, on voit apparaître cette injonction à entreprendre, couplée à une rhétorique de type « poursuis tes rêves, pars à la conquête du succès. Car quand on veut, on peut ».

      C’est une manière de contourner les problèmes économiques structurels de nos sociétés occidentales, marquées par la crise des compromis sociaux de l’après-guerre. Pour moi, c’est une véritable crise de régime qui frappe une société dont la colonne vertébrale est l’emploi, en tant que voie d’accès à la citoyenneté, aux droits sociaux, à la consommation. Tout cela est en passe de s’effondrer.

      http://lvsl.fr/entretien-avec-jorge-moruno

    • Envisager l’économie de cette façon mais aussi la société dans son ensemble en entretenant la confusion sur les intérêts de classes. Mais ça marche ...

      L’auto-entrepreneur ou comment aller tous les matins sur le chantier pour vendre sa force de travail.

  • Data : la SNCF, la RATP, Transdev et Blablacar s’allient pour contrer Google - Tourisme - Transport
    https://www.lesechos.fr/amp/46/2110546.php

    Face au péril représenté par les géants américains du numérique, plusieurs grands noms du transport français ont décidé de mettre de côté leurs rivalités pour travailler à une mise en commun de leurs données. Selon nos informations, la SNCF, la RATP, Transdev (le groupe de transport public contrôlé par la Caisse des dépôts) et BlaBlacar ont signé juste avant l’été un protocole d’accord portant sur la création d’un « data warehouse », littéralement un « entrepôt de données » qui centraliserait les informations des quatre opérateurs sur leur activité, et notamment les horaires théoriques mais aussi en temps réel.

    Les quatre acteurs ont choisi cette démarche de « coopétition » (coopération dans la création du socle de données commun, compétition pour en tirer le meilleur) afin d’assurer l’ouverture de leurs données transport dans des conditions qui ne constituent pas une aubaine pour Google et consorts.

    #Open_data #Données_transport

  • Winning a competition predicts dishonest behavior | Amos Schurra and Ilana Ritovb, 2015

    Edited by Susan T. Fiske, Princeton University, Princeton, NJ, and approved December 30, 2015 (received for review July 30, 2015)

    http://www.pnas.org/content/113/7/1754.full

    ||

    Significance

    Competition is prevalent. People often resort to unethical means to win (e.g., the recent Volkswagen scandal). Not surprisingly, competition is central to the study of economics, psychology, sociology, political science, and more. Although we know much about contestants’ behavior before and during competitions, we know little about contestants’ behavior after the competition has ended. Connecting postcompetition behaviors with preceding competition experience, we find that after a competition is over winners behave more dishonestly than losers in an unrelated subsequent task. Furthermore, the subsequent unethical behavior effect seems to depend on winning, rather than on mere success. Providing insight into the issue is important in gaining understanding of how unethical behavior may cascade from exposure to competitive settings.

    Abstract

    Winning a competition engenders subsequent unrelated unethical behavior. Five studies reveal that after a competition has taken place winners behave more dishonestly than competition losers. Studies 1 and 2 demonstrate that winning a competition increases the likelihood of winners to steal money from their counterparts in a subsequent unrelated task. Studies 3a and 3b demonstrate that the effect holds only when winning means performing better than others (i.e., determined in reference to others) but not when success is determined by chance or in reference to a personal goal. Finally, study 4 demonstrates that a possible mechanism underlying the effect is an enhanced sense of entitlement among competition winners.

    #competition #behavioral_ethics #behavioral_economics #decision_making #corruption

    Life, both personal and professional, is beset with challenges and rivalries. Success is often determined by one’s ability to outstrip the competition. Although competition motivates individuals to work harder to obtain better outcomes it may also lead to deleterious effects, such as increasing dishonesty in pursuit of competitive advantage and decreasing prosocial behavior. Indeed, the literature offers important insights regarding the propensity of contestants to behave in prosocial or asocial manners before and during competitions (1, 2). We know only little about contestants’ behavior after the competition has ended. The current research aims at filling this gap. In particular, we ask: Who is more likely to subsequently engage in unrelated unethical behaviors—winners or losers?

    Competition outcomes are by definition relative. The results are determined by the ranking of the competitor relative to other contestants. Because performance outcome is determined relative to others, competition evinces social comparisons (3, 4). Enhanced social comparison can in turn result in two contrasting effects. On one hand, because losers have access to fewer resources than winners, they may be more motivated to use asocial behaviors to enhance their resources. Indeed, several laboratory studies show that losing tends to provoke subsequent dishonest behavior (5⇓–7), suggesting increased motivation to behave unethically when in a position of disadvantage (8). On the other hand, one may expect that the increased prominence of social comparison in competition will evince a sense of entitlement among winners (9, 10). The sense of entitlement, in turn, facilitates dishonest behavior among winners (6, 11). This reasoning points to the opposite prediction, namely that winners are more inclined to behave dishonestly than losers.

    [...]

    #behavior #competition #dishonest #ethics #honesty #psychology #success

    via https://diasp.eu/posts/5970396

    • Alors quoi ? Alors, sans doute, faut-il accepter une bonne fois pour toutes que l’on s’en moque, qu’un jeu n’est fait et ne peut être fait ni pour enseigner la compétition, ni pour apprendre la collaboration, mais simplement pour divertir les joueurs, et que l’on peut se divertir très innocemment l’un contre l’autre ou l’un avec l’autre tant que, justement, on ne pense pas être là pour apprendre quoi que ce soit.

      Sauf que c’est en partie faux : quasiment tous les animaux apprennent par le jeu et par l’exemple, et les humains n’en sont pas exemptes. Donc déjà on ne peut pas comparer des jeux pour enfants et des jeux pour des adultes « entièrement » déjà formés (ce qui là aussi est faux, les humains apprennent tout au long de la vie et on ne peut pas prétendre qu’à un moment donné « on est comme ça » et qu’on ne bouge plus du tout).

      Ces questions valent pour les jeux vidéos aussi, évidemment. Et pour les sports (cf les nombreuses et parfaitement recevables critiques du sport).

  • Les enfants chlorés du Rhône - Le blog de Bernard Gensane
    http://bernard-gensane.over-blog.com/2017/05/les-enfants-chlores-du-rhone.html

    Le lendemain, en discutant avec plusieurs parents, je m’aperçus que de nombreux enfants avaient eu des problèmes de toux, de vomissement et de respiration dans la soirée et au cours de la nuit. Ce jour-là (la #compétition durait deux jours), conscients ou pas de leur bévue, les organisateurs de Chassieu ouvrirent deux portes vitrées, ce qui aéra les lieux.

    Dans un courriel que j’adressai le 13 février au président du Comité du Rhône, je suggérai que la piscine de Chassieu ne fût plus jamais requise à des fins de compétition. Le président me répondit que « le comité manque cruellement de bassins mis à sa disposition de façon gratuite ou payante, pour pouvoir se passer de l’aide d’une municipalité bienveillante ». Il ajouta : « Je transmets toutefois votre courriel à tous les membres du conseil d’administration du comité car il soulève des questions qui méritent d’être débattues lors de notre prochaine réunion le 9 mars et vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes meilleurs sentiments ». Je n’ai eu aucun suivi à ce jour.

    #intoxication #chlore

    • Je me souviens de l’entraineur de ma fille qui n’arrivait pas à me sortir un seul argument solide pour étayer le fait que le sport est non mixte à partir de 12 ou 13 ans, chez nous. Il était convaincu que c’était pour protéger les filles, parce qu’elles seraient moins bonnes que les garçons.
      Je lui avait déjà dit qu’à mon sens, c’était plutôt le contraire : c’était pour protéger tous les hommes de la découverte que non, ils ne sont pas par défaut meilleurs que 50% de l’humanité.

    • Ca me fait pensé à la fille d’une amie qui a 8 ans et qui adore joué au foot et y joue parait il très bien, trop bien même au yeux de la plus part des garçons. Les garçons ne lui autorisent que rarement de jouer à la récré et ne lui passent que rarement le ballon à son club de foot, et cela même si ca pénalise leur propre « équipe ».

      Dire que les garçons « se protègent » ca implique qu’ils subissent un agression ou des attaques de la part des filles. Je comprend que tu dit ca @monolecte dans le contexte de ce que disait l’entraîneur sexiste de ta fille, mais il me semble que les garçons ne sont pas menacés par le fait que les filles jouent à pousser un ballon avec eux. Ils ne subissent aucune attaque alors ils ne se protègent de rien.

      Le foot est en fait seulement un moyen d’organiser et de construire leur domination sur les filles, les femmes et les personnes féminisées. C’est un « jeu » qui sert à installer la hiérarchie virile. L’équipe de foot, c’est pas 11 personnes contre 11 autres, l’équipe en réalité c’est les mâles dominants contre tout ce qui peu ressemblé de près ou de loin à du féminin. L’enjeu véritable du foot et du sport c’est la construction même de la domination masculine, une fabrique de la fraternité comme expliqué dans ce texte :
      CF : https://seenthis.net/messages/420859

      A l’age adulte le foot est encore plus liée au #male-alphisme puisque le foot c’est le chavinisme (culture de guerre viriliste) , le racisme (les supporters sont capable de soutenir leur équipe tout en proférant de graves insultes racistes contre leurs joueurs de leur propre équipe !), la prostitution, l’augmentation des violences par conjoint les soirs de match, l’alcoolisme, la corruption... En France c’est le foot qui a cette fonction de construction de la virilité, et les garçons le savent très bien à 8 ans et leurs entraîneurs le savent aussi très bien, mais dans d’autres pays ce sont d’autres sports par exemple au Canada le hockey sur glace est le sport populaire chez les hommes et les soirs de match on observe la même augmentation des violences contre les femmes que pour le foot dans les pays-à-foot.

      J’en profite pour rappeler un de tes textes @monolecte sur la compétition qui a sa place ici : https://seenthis.net/messages/497923

      #compétition #domination_masculine #fraternité #virilité #mâle_alphisme

    • Si, si, je maintiens : toute idée qui permettrait de penser que la domination naturelle des garçons, c’est du flan, c’est considéré par les hommes comme une agression contre leur #suprématie qui ne peut et ne doit être non seulement discutée mais même pensée. C’est « l’ordre des choses », une force de la nature, une évidence, ça ne se discute donc pas.
      Je me souviens de la palette d’attitudes par lesquelles est passé l’entraineur de ma fille quand j’ai refusé sa sentence de supériorité physique des garçons. Il a été choqué que je puisse seulement remettre en question l’évidence. Il n’avait pas d’arguments construits, aucune donnée biologique pour appuyer sa pensée, rien à ne me renvoyer. Donc, il a été surpris, amusé, agacé, condescendant puis agressif…
      Schéma classique.

      Heureusement, ce n’était pas l’entraineur habituel de ma fille, celui-là venait filer des coups de main, mais son univers genré était gravé dans le marbre.

    • Well, pour moi les deux positions exprimées ici sont complémentaires.

      – la place du foot dans la construction sociale sexiste
      – le problème que pose la non mixité des sports collectifs à partir d’un certain âge dans la construction des garçons
      – le fait que dans ce contexte les jeunes garçons vivent très mal le fait d’être battus par des filles.
      – je rajouterai une dimension d’agisme. La réaction des garçons (foot, basket etc...)est encore plus forte si les dites femmes sont de la catégorie senior. Tout ce qui est valorisé dans les approches du sport mainstream tournent autour de l’exploit individuel. Expérimenté pour vous sur le terrain de basket du quartier, le fait que les garçons ne voulaient plus jouer avec le groupe de femmes trentenaires (quarantenaires on a arrêté dommage) qui se réunissait sur le même terrain car :
      – on rigolait trop,
      – on jouait trop collectif
      – avec un arbitrage (donc pas street, pas fun, pas basé sur les slam dunk etc.)
      – que c’était trop nul de perdre face à des vieilles, et que leurs mères avaient notre âge et qu’elles faisaient du fitness (et ça ça va).

      Cependant, on avait réussi à trouver un groupe de gars qui apppreciaient :
      – d’autres plus âgés eux aussi,
      – jouant en club, aimant « quand ça joue »,
      – voulant jouer avec leurs amies ou soeur.

      Ce que je dirais au final c’est que le sport collectif m’a apporté beaucoup d’autres choses, notamment le plaisir du jeu, la dimension collective etc. Je ne vois pas pourquoi laisser ça aux garçons. Tout est question de volonté et d’organisation. Le coach de l’équipe espagnole est très clair dans son discours, très soutenant par exemple et il aime le beau jeu.

      On en revient aussi à la question de la cour de récréation, au fait que la dépense physique serait plus nécessaire aux garçons qu’aux filles etc. Sauf que lorsque tu limites les espaces de jeux violents et de course dans une cour et que tu réserves des espaces à la marche, d’autres aux jeux calmes et d’autres à la lecture, de fait tout le monde en bénéficie et peut choisir de se dépenser en courant ou pas.

      Cette question de la dépense physique légitime ça commence très tôt, c’est déprimant. À ça tu ajoutes la dimension classiste ( les sports collectifs de prolos qui puent) et tu as un cocktail merdique. Je distingue vraiment par ailleurs le sport amateur du sport professionnel, le local du global (quel intérêt de supporter des équipes de milliardaires que tu ne peux voir qu’à la télé - mais je m’égare).

    • @monolecte je dit pas qu’ils ne prétendent pas se sentir menacé, je dit que cette rethorique et pensée patriarcale est une gros mensonge ce qu’on appelle une #inversion_patriarcale. Que des filles sachent pousser un ballon n’est une menace pour personne à part les machistes et leurs entraîneurs machistes. Que des mecs se sentent menacé par la réussite des filles est seulement la preuve du sexisme de ces mecs.

      @supergeante en fait ce que tu dit c’est @notallmen
      Ca change pas que la fonction politique du foot ou des sports virils c’est la construiction de la hierarchie entre masculin et féminin. Je ne dit pas qu’il peut y avoir des fonctions positives dans certains sports et certains approches du sport et j’ai rien contre les filles et femmes qui veulent jouer à ca. Mais ce qui me semble assez peu explicité c’est que le foot en cours de récré et en club même amateur c’est un des piliers de la hierarchie de genre et surtout chez les classes populaires dont beaucoup voient dans le sport un moyen d’assertion sociale.

  • La discrimination positive ? Toi-même ! | Page Seauton | Audrey Alwett
    http://www.audreyalwett.com/la-discrimination-positive-toi-meme/#more-576

    On peut mettre le doigt sur n’importe quelle inégalité : la sous-représentation des femmes dans la fiction, des personnes racisées ou handicapées. On s’interroge, et tel un génie sorti de sa lampe, apparaît toujours une personne pour s’exclamer : « On ne va quand même pas faire de la discrimination positive ?! » Et de pousser des cris outragés, tant ce serait injuste. Sauf que…

    la discrimination positive, c’est peut-être cette personne qui en a bénéficié toute sa vie.
    Toi, la personne valide qui occupe le poste d’un handicapé nettement plus compétent que toi, qu’on vient juste de virer parce qu’avec son pépin cardiaque, il risque peut-être d’être hospitalisé à un moment gênant pour l’entreprise. Tu as bénéficié de discrimination positive.

    Toi, le jeune stagiaire qui a moins de diplômes et d’expérience que ta collègue, mais à qui on donnera le CDI tout de même, parce que l’autre peut tomber enceinte, à son âge. Tu as bénéficié de discrimination positive.

    Toi, la personne blanche qui vient de décrocher l’appartement de tes rêves, tu étais en compétition avec un Arabe qui avait un meilleur dossier que toi, mais le propriétaire s’est dit qu’avec toi, au moins, il n’y aurait pas d’ennui et puis l’autre a peut-être des cousins terroristes. Tu as bénéficié de discrimination positive.

    #discrimination #privilège #domination #sexisme #racisme #capacitisme #validisme

  • Les « bons » lycées ne sont pas toujours ceux que l’on croit
    http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Territoires/Articles/Articles&cid=1250278848111

    Le ministère de l’Education a publié, le 22 mars, les indicateurs de valeur ajoutée de chacun des 4.000 lycées publics et privés sous contrat, généraux, technologiques et professionnels. Les Ival 2017 donnent pour chaque établissement le taux de succès au bac en fonction du profil des élèves scolarisés, et de son aptitude à accompagner les jeunes jusqu’au diplôme, quitte à ce qu’ils redoublent, mettant en valeur l’action propre de chaque établissement. Un palmarès qui tente de rivaliser avec ceux classant les lycées selon leur seul taux de réussite au bac.

    #éducation #sélection #compétition

  • Revue Projet » Ordonner une société par le mérite, est-ce juste ?
    http://www.revue-projet.com/articles/2017-02_girardot_ordonner-une-societe-par-le-merite-est-ce-juste
    Ben oui, le problème, c’est la justification de la #hiérarchisation des gens et de la mise en #compétition de tous contre tous qu’elle implique nécessairement !

    « La #méritocratie ne fait que substituer à l’aristocratie de la naissance une #aristocratie du (prétendu) talent. »

  • L’#âgisme : une #discrimination qui dérange ? - autrefutur.net
    http://www.autrefutur.net/L-agisme-une-discrimination-qui-derange
    le problème n’est pas les discriminations, mais bien la #compétition générale qui implique des sélections et donc des #hiérarchies et des exclusions.
    Si on interdit les discriminations actuelles, d’autres les remplaceront, parce que l’idée sous-jacente à toute notre construction sociale est qu’il n’y a pas de places pour tout le monde. Il faut donc é-li-mi-ner et tous les moyens sont bons pour tenter d’éliminer prioritairement ce qui ne nous ressemble pas !

    Mais il existe aussi des versions plus brutes, « tel homme ou telle femme politique, tu as vu l’âge qu’il a ? Faut qu’il arrête, faut laisser la place aux jeunes... ». Ne serait ce que la proposition en 2012 d’Arnaud Montebourg qui voulait interdire la députation aux personnes de plus de 67 ans ! Citons encore martin Hirsch qui en 2010 a déclaré : Il faut refaire le suffrage censitaire et donner deux voix aux jeunes quand les vieux en ont qu’une. Il faut donner autant de voix qu’on a d’années d’espérance de vie. [...] Quelqu’un qui a 40 ans devant lui devrait avoir 40 voix, quand celui qui n’a plus que 5 ans devant lui ne devrait avoir que 5 voix. »
    En fait derrière ces propos il suffirait que l’on remplaça par la couleur de peau, le sexe, l’orientation sexuelle et nous serions tous choqués.
    Rappelons que la discrimination par l’âge, dans les propos et dans les actes, est interdite par la loi, insuffisamment combattue et tolérée par trop de gens voire même prônée par des gens qui se disent très progressistes.
    Derrière ces propos et attitudes, il y a différentes causes qui se croisent. La plus importante est celle de l’infériorité supposée de la personne âgée (préjugés) et l’absence de réflexion dans les mouvements démocrates de la question de l’autonomie fonctionnelle (les notions de dépendance et de dépendance).

  • #Rosetta #legacy winner announced
    http://blogs.esa.int/rosetta/2016/11/10/rosetta-legacy-winner-announced

    Between 6 September and 7 October 2016, we collected 235 contributions to the #rosetta Legacy tumblr. A huge and sincere thank you to all participants who shared experiences, stories and images of how the mission of Rosetta and #Philae to #Comet_67P/Churyumov-Gerasimenko has inspired their lives, including study and career choices, artistic practice and other creative endeavours! The authenticity and ingenuity of the submitted entries was overwhelming, and it has been challenging to pick one top prize winner (apologies for the delay!). One entry in particular caught the attention of the ESA judges for the combination of creative effort and motivation, so we selected Cristina Romero from Spain as the top prize winner. The prize consists in a special visit to #estec, ESA’s technical heart in (...)

    #Fun_stuff #Outreach #competition

  • Latvijas Gāze pays the fine applied by Competition Council | Baltic News Network - News from Latvia, Lithuania, Estonia
    http://bnn-news.com/latvijas-gaze-pays-the-fine-applied-by-competition-council-152929

    In accordance with the ruling of the Supreme Court, which approved the decision made by the Competition Council in relation to the breach of regulations and damage caused to its clients, Latvijas Gāze has transferred the payment of the fine worth EUR 2.2 million applied to the company.

    In 2013, CC made the decision to fine Latvijas Gāze for its abuse of monopoly status in its refusal to sign new gas supply contracts with new clients who did not pay back debts owed to LG by previous clients. Over the course of the investigation CC received complaints about such cases from 500 clients.

    #Latvia #Latvijas_gāze #Competition_council