company:airbus group

  • Loi ELAN : des handicapés en colère bloquent un convoi de l’A380 dans le Gers
    https://www.lemonde.fr/logement/article/2018/08/22/loi-elan-des-handicapes-en-colere-bloquent-un-convoi-de-l-a380-dans-le-gers_

    Malgré l’intervention des gendarmes, et notamment la présence du chef du groupement de la gendarmerie du Gers, les manifestants ont refusé de quitter la chaussée, où certains s’étaient même couchés, a indiqué Odile Maurin, la présidente de l’association Handi-social.

    Le convoi, qui comporte les deux ailes, l’empennage vertical, et des tronçons de fuselage, n’a pu respecter ses horaires de circulation et a dû rester sur place mercredi.

    Les manifestants avaient prévu de mener une seconde action similaire dans la soirée. Ils sont arrivés vers 20 heures, selon Mme Maurin. « On était six », a-t-elle ajouté. Vers 22 heures, « on a décidé de partir et ils ont commencé à passer ».

    L’itinéraire routier « à grand gabarit » permet l’acheminement entre Bordeaux et les usines de Toulouse des pièces de l’A380, le mastodonte du constructeur Airbus, dont les immenses éléments ne peuvent être transportés dans les avions-cargos Beluga ST.

    « On avait dit qu’on s’attaquerait à un symbole économique, et en Haute-Garonne il n’y a pas plus gros », a souligné Odile Maurin, qui a demandé au président d’Airbus Group, Tom Enders, de faire pression sur le gouvernement pour retirer une disposition du projet de loi sur l’accessibilité des logements neufs.

    Lire aussi : HLM, accès aux handicapés, littoral... La grande déréglementation de la loi ELAN
    Une loi « insupportable »

    Le projet de loi ELAN (Evolution du logement, de l’aménagement et du numérique) prévoit notamment le passage de 100 % à 10 % de logements accessibles aux personnes handicapées dans la construction neuve. Les 90 % restants sont destinés à être « évolutifs », c’est-à-dire rendus accessibles à l’issue de travaux simples.

    Le projet de loi a été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le 12 juin. Selon Handi-social, le Sénat a limité le 19 juillet la diminution à 70 %. « La loi ELAN est insupportable, on s’attaque aux logements accessibles aux personnes handicapées alors qu’il n’y en a déjà pas assez », avait expliqué Mme Maurin mercredi matin.

    Fin juillet, ces militants avaient déjà mené une opération péage gratuit pendant quelques dizaines de minutes au niveau de la gare de péage de Toulouse-Sud, sur l’autoroute A61. « On va continuer des actions et on invite toutes les personnes à se mobilier à nos côtés pour faire reculer le gouvernement » sur ce texte, a prévenu la présidente d’Handi-social.

  • Les dessous de l’opération mains propres en cours chez Airbus

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/10/13/les-dessous-de-l-operation-mains-propres-en-cours-chez-airbus_5200278_3234.h

    Sous le coup de plusieurs enquêtes anticorruption, l’avionneur européen apparaît fragilisé comme jamais. Pour expliquer ces turbulences, les regards se tournent vers les Etats-Unis.

    Un petit dessin, juste un petit dessin, mais qui en dit tant… Une main anonyme a eu le courage de l’afficher dans un couloir des locaux d’Airbus à Suresnes (Hauts-de-Seine), le dernier bastion parisien du groupe, dont les équipes seront bientôt transférées à Toulouse. Il met en scène un chien aux vagues airs de Snoopy. Assis à son bureau, l’animal à la grosse truffe noire s’apprête à prendre un café. Il sourit béatement, inconscient du danger qui menace : des flammes dévorent la pièce et vont bientôt le consumer.

    Airbus en feu ? Qui pourrait le croire ? Comment imaginer que le joyau européen de l’aéronautique et de la défense, cité en modèle par tous les présidents de la République française depuis sa création en 2000 sous le nom d’EADS, puisse être en danger ? En janvier 2011, délaissant les salons de l’Elysée, Nicolas Sarkozy avait même choisi de présenter ses vœux aux forces économiques du pays depuis l’usine d’assemblage de l’A380, à Blagnac (Haute-Garonne), dans la banlieue toulousaine. « Vous faites les meilleurs avions du monde, je l’ai encore dit à Barack Obama il y a quelques jours », avait-il lancé, menton en l’air, défiant Boeing, donc les Etats-Unis.

    L’heure n’est plus aux rodomontades. Certes, en cet automne 2017, les chaînes du constructeur tournent à plein, fortes de huit années de commandes. Et l’action Airbus flirte avec les 80 euros, alors qu’elle n’en valait que 54 il y a un an. Ces chiffres rassurent les fonds d’investissement et les petits porteurs, qui auraient mauvais jeu de se plaindre. Mais combien de temps cela va-t-il durer ? Derrière une vitrine flatteuse, Airbus affronte une sacrée « shit storm », selon le terme choisi par l’un des propres avocats du groupe. En français : une « tempête d’emmerdements ».

    Le groupe « s’autodénonce »

    Plantons le décor : des enquêtes anticorruption, anciennes comme récentes, lancées dans plusieurs pays, qui fragilisent le géant aéronautique (67 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 134 000 salariés en 2016) ; des révélations dans la presse, notamment dans les colonnes de Mediapart et d’Intelligence Online ; des équipes commerciales démotivées et en ordre dispersé ; des pouvoirs de plus en plus concentrés entre les mains du PDG allemand, Tom Enders, qui se livre à une interminable guerre des chefs. L’homme, considéré en interne comme un autocrate, a éliminé de son état-major plusieurs figures historiques françaises, comme Marwan Lahoud, l’ancien responsable de la stratégie du groupe, et dilué les responsabilités de son numéro 2, Fabrice Brégier. Et puis, aux aguets, il y a les Etats-Unis, qui ne se contentent pas d’observer les déboires du groupe européen. Comme Le Monde a pu l’établir, ils sont l’un des protagonistes majeurs de la « shit storm ».

    « Nous sommes face à une affaire d’Etat qui touche aux questions de souveraineté nationale de plusieurs Etats européens. N’oubliez pas qu’Airbus est aussi un acteur de la défense », évalue en connaisseur, Alain Juillet, l’ancien directeur du renseignement de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Une affaire d’Etat ? Les précautions prises par nombre de nos interlocuteurs le laissent penser : rencontres dans des squares, informateurs qui s’assoient sur leur téléphone pour « être sûr [s] de ne pas être écouté [s] »… En tout cas, « la crise est durable, confie un membre du conseil d’administration. Il faut mettre un casque lourd et s’armer de patience. » Afin d’éviter une mauvaise chute en Bourse, où 74 % du capital d’Airbus est coté, l’urgence, on l’a compris à Toulouse, est de régler le dossier corruption, de loin le plus épineux. Jusqu’à maintenant, l’industriel a échappé à une condamnation, en dépit de plusieurs enquêtes ouvertes. Mais l’étau se resserre depuis un an avec le lancement de nouvelles procédures.

    Concernant ces faits, rappelons la version officielle, dont l’avionneur ne démord pas. Au printemps 2016, à l’issue d’un audit interne lancé deux ans plus tôt, Tom Enders et John Harrison, le directeur juridique du groupe, sont allés se confesser – « spontanément », insiste le groupe – à l’UK Export Finance (UKEF), l’agence britannique de crédits à l’exportation. Ils avouent ne pas avoir mentionné la présence d’intermédiaires lors de la négociation de contrats à l’étranger. Pudiquement appelés, dans le jargon des affaires, des « business partners » ou des « consultants tiers », les intermédiaires ne sont pas tous des porteurs de valises. « Certains sont traducteurs ou vendent leurs réseaux locaux », précise un ancien manageur. Avoir recours à leurs services est autorisé à condition qu’ils soient identifiés et que leur rémunération soit traçable. Ne pas les déclarer est une faute au regard du droit britannique. Pourtant, rien ne dit qu’il ne s’agit pas, en l’occurence, d’une simple négligence. Après consultation et accord du conseil d’administration, la direction d’Airbus se dénonce également auprès du Serious Fraud Office (SFO), l’agence britannique de lutte contre la corruption.

    Des pratiques commerciales passées au crible

    D’après les informations du Monde, le caractère spontané de cette opération mains propres est sujet à interrogations. Une première question tombe sous le sens : pourquoi avoir attendu près de vingt-quatre mois entre l’audit et l’autodénonciation ? Qu’est-ce qui déclenche, en 2016, cet accès de vertu ? En matière de guerre économique, comme dans tout bon roman d’espionnage, il faut toujours se demander à qui profite le crime. Qui avait intérêt à ce qu’Airbus perde ainsi de son lustre en admettant d’avoir omis de mentionner des intermédiaires ? Qui, si ce n’est Boeing, son grand rival ?

    En réalité, le tournant de l’histoire a lieu en juin 2015, quand l’aile droite du Congrès américain interrompt la mission de l’Export-Import Bank of the United States (Ex-Im), une agence fédérale qui soutient financièrement les entreprises exportatrices américaines. La majorité républicaine lui reproche d’être une entrave au libre marché et de favoriser un capitalisme de copinage. Surnommée « la banque de Boeing », Ex-Im se porte garant sur environ 15 % des ventes d’avions du constructeur. « Si les Etats-Unis n’ont pas d’agence de crédit à l’export, (…) nous ne pourrons plus concurrencer les pays qui en ont une. (…) Cela veut dire des suppressions d’emplois, de la perte de compétitivité », s’enflamme, en octobre 2015, le nouveau patron de Boeing, Dennis Muilenburg, lors de sa première apparition à la télévision, sur CBS News.

    Impensable pour Washington de voir Airbus distancer son champion de Seattle. Le gel des aides d’Ex-Im déséquilibre la compétition. Le groupe européen, l’éternel concurrent, doit être freiné. Selon une source proche de l’enquête, les services américains procèdent alors à un examen minutieux des pratiques commerciales d’Airbus afin d’y dénicher des faits litigieux, puis transmettent au ministère américain de la justice (DoJ) un dossier à charge. Le DoJ aurait ensuite averti Airbus qu’il avait en sa possession des éléments susceptibles de déclencher l’ouverture d’une enquête préliminaire.

    « Scénario catastrophe »

    De quelles affaires s’agissait-il ? « Les services américains sont bien au courant du business qui se fait avec les pays du Golfe, avance cette source. C’est là qu’ils ont dû chercher. » L’hypothèse selon laquelle Airbus s’est dénoncé aux Britanniques sous la pression des Etats-Unis – et non par brusque besoin de se « confesser » – est étayée par une note officielle des services du ministère français des finances, à laquelle Le Monde a eu accès. Daté du 2 février 2017 et intitulé « Risque de procédure judiciaire américaine à l’encontre du groupe Airbus », ce document résume les événements passés et en cours à l’attention du ministre de l’époque, Michel Sapin. Pour Bercy, l’affaire dont se serait emparé le DoJ concernerait « la cession au fonds d’investissement américain KKR de l’activité électronique de défense d’Airbus Group », en mars 2016. La justice américaine se sent donc en droit d’intervenir au titre du Foreign Corrupt Practices Act (FCPA), sa législation anticorruption.

    FCPA… Ces quatre lettres sont le pire cauchemar des multinationales. Une « bombe atomique économique », pour les spécialistes de l’éthique et des règles de conformité. Au nom de cette loi extraterritoriale, le DoJ a déjà sanctionné plusieurs groupes français : 285 millions d’euros d’amende pour Technip en 2010, 630 millions pour Alstom en 2014. « Les entreprises européennes sont victimes d’un véritable impérialisme juridique. Les Américains utilisent le droit pour détruire leurs concurrents », tempête Pierre Lellouche, ancien député (LR) de Paris et auteur d’un rapport d’information sur l’extraterritorialité de la loi américaine publié en 2016 avec la socialiste Karine Berger. Le mode opératoire est chaque fois identique. Le DoJ envoie un courrier au PDG de la société soupçonnée de corruption et lui donne le choix : soit l’entreprise plaide coupable au pénal, ce qui l’expose à l’exclusion des marchés publics, soit elle s’engage, via une transaction (baptisée « deferred prosecution agreement »), à lancer un audit interne des procédures et des contrats signés depuis dix ans. A la remise du rapport, le procureur fixe le montant de l’amende à payer pour éviter les poursuites pénales.

    « Voulant éviter ce scénario catastrophe, Airbus a pesé les risques. Quitte à faire l’objet d’une enquête, le constructeur a jugé moins dangereux de se dénoncer auprès des Britanniques que des Américains », reprend notre source. Un pari risqué, mais pas impossible. Risqué, car la règle de droit selon laquelle nul ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits, ne s’applique pas systématiquement à l’international. Sur ce point, les spécialistes ne sont pas d’accord. Dans leur rapport, Pierre Lellouche et Karine Berger précisent que les autorités américaines peuvent, dans le cadre d’une coopération internationale, renoncer à poursuivre quand une autre juridiction l’a fait, en l’occurrence en Grande-Bretagne. Mais c’est du cas par cas. Cette hypothèse est ici plausible puisque, selon nos informations, le DoJ dispose d’un officier de liaison au sein de l’agence britannique. Avec Londres, Washington se sent en confiance.

    Réactions en chaîne

    La démarche « vertueuse » d’Airbus censée circonscrire les dégâts a provoqué une série de réactions en chaîne que le fabricant n’avait certainement pas anticipée. Début mai 2016, une conférence téléphonique est organisée par l’UKEF pour informer les deux partenaires européens qui assurent avec lui – et solidairement– les contrats à l’exportation du groupe aéronautique, la Coface pour la France et Euler Hermes pour l’Allemagne. Lors de cette réunion-clé, UKEF mentionne les deux contrats litigieux présentés par Airbus, dont l’un implique Turkish Airlines. Les organismes d’assurance-crédit évoquent la possibilité de suspendre les aides accordées au constructeur, une décision lourde qui sera annoncée quatre mois plus tard, en septembre. Airbus, le joyau Airbus, est ainsi placé pour la première fois de son histoire « en vigilance renforcée », donc en situation de faiblesse. Boeing commence à respirer.

    Au cours de la même conférence téléphonique, les échanges portent aussi sur les éventuelles suites judiciaires à donner à l’affaire. Aux yeux de l’UKEF, c’est réglé : le Serious Fraud Office est sur le dossier. De leur côté, la Coface et Euler Hermes débattent avec leurs tutelles – la direction générale du Trésor (DGT) pour la première et le BMWI, le ministère allemand de l’économie, pour le second – qui participent aux entretiens. Faut-il aller en justice ? Il y a un hic : contrairement à l’UKEF, ni la Coface ni Euler Hermes ne demandent à Airbus de déclarer leurs intermédiaires. Difficile, dans ces conditions, de poursuivre le groupe pour avoir omis de le faire.

    Les Allemands tranchent. Selon nos informations, un procureur fédéral a été saisi du dossier outre-Rhin. A Paris, on s’interroge : faut-il ou non faire jouer l’article 40 du code de procédure pénal, qui impose à un fonctionnaire d’avertir le procureur de la République de tout crime ou délit dont il a connaissance ? Certains plaident pour l’inaction, de peur de gêner davantage le champion aéronautique. D’autres, fidèles à l’adage selon lequel « Le bruit sec d’un parapluie qui s’ouvre est préférable au bruit sourd d’une carrière qui se brise », incitent à agir.

    « On se croirait dans “La Firme” »

    Le calendrier va jouer en faveur de ces derniers. Nous sommes alors début juin 2016, et la loi Sapin 2, qui renforce les mesures anticorruption en France, arrive en débat à l’Assemblée nationale : « Il était hors de question, en ce qui me concerne, de ne pas donner suite au dossier Airbus. J’ai donc demandé la plus grande fermeté », assure aujourd’hui l’ancien ministre de l’économie, Michel Sapin. Des instructions sont données. En juin 2016, le parquet national financier (PNF) est saisi. Signe de la gravité de l’affaire : pour la première fois depuis la création du PNF, en 2013, la lettre qu’il reçoit est signée par la directrice générale du Trésor, Odile Renaud-Basso elle-même, et non, comme c’est d’ordinaire le cas, par un membre de son équipe. Dans la foulée, le PNF ouvre une enquête préliminaire pour « corruption d’agents publics à l’étranger, blanchiment, abus de biens sociaux, faux et usage de faux ».

    Les investigations remontent jusqu’en 2005 et s’intéressent aux montages financiers de dizaines de contrats. Elles sont menées conjointement avec le SFO britannique, qui dispose d’une quinzaine d’enquêteurs contre un seul au PNF – et encore, pas à plein temps. Les échanges de documents passent par une plate-forme cryptée. Ultime précaution : l’enquête est inscrite sous un nom de code dans Cassiopée, le fichier interne des magistrats du PNF qui répertorie les procédures en cours.

    Chez Airbus, les avocats et les auditeurs associés aux investigations ont pris leurs quartiers. « Ils sont la boîte », soupire un cadre. A Toulouse comme à Suresnes, ils ont leurs propres bureaux, stores fermés, quand ils n’occupent pas un plateau entier. « On a l’impression de ne plus être chez nous. Tous ces costumes-cravates qui épluchent nos contrats et dressent les profils de nos intermédiaires… On se croirait dans La Firme [le film de Sydney Pollack]. » Les rôles sont répartis : les cabinets Clifford Chance et Dechert œuvrent pour le SFO et le PNF. Hughes Hubbard & Reed et Forensic Risk Alliance travaillent pour Airbus. Les consultants de PriceWaterHouseCoopers (PWC), eux, finalisent leur rapport destiné aux trois agences d’assurance-crédit, afin d’évaluer si les nouvelles procédures mises en place respectent les règles du jeu. Il en va du rétablissement des garanties à l’exportation.

    Risques d’ingérence

    Pour faciliter la collecte des données, les salariés doivent remettre leurs ordinateurs, leurs téléphones, leurs clés USB et certains de leurs dossiers. Plus d’un milliard de pages seraient ainsi en cours d’analyse. « Un jour, témoigne un employé, ils sont venus dans mon bureau en mon absence, et ont pris mon PC. D’habitude, ils préviennent avant. Ils me soupçonnaient de vouloir faire disparaître des documents. Il y a une menace diffuse. On est à la limite du harcèlement moral. » Quelques-uns arrivent à en plaisanter, se moquent de « Babel et Bobard », surnom donné en interne à Hughes Hubbard & Reed. Mais la plupart vivent dans la peur. Du blâme, du licenciement, de l’entretien à venir. « Certains collègues ont été entendus dix fois. Ces interrogatoires sont flippants. Sans parler des problèmes de sécurité : des cabinets anglo-saxons ont accès à nos secrets commerciaux, à notre réseau international et à notre stratégie », s’alarme un cadre.

    Les services du ministère français de l’économie partagent ces inquiétudes. La note que Le Monde s’est procurée indique qu’une partie des informations collectées par les avocats et les consultants a été transmise aux agences de crédit à l’export et à PWC « sans système de cryptage ou de protection ». Les risques d’ingérence sont en tout cas assez sérieux pour que la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) se soit emparée du sujet.

    Outre les failles de sécurité, c’est le statut même des avocats dans le droit américain qui pose problème. « Aux Etats-Unis, ce sont des officers of the court. Ils ne peuvent pas mentir à un juge ni à un procureur. Dans le cadre d’un audit en entreprise, ils sont tenus, s’ils sont interrogés, de révéler les infractions mises au jour, explique le bâtonnier Paul-Albert Iweins, avocat associé au cabinet Taylor Wessing. L’avocat français ou allemand, lui, est tenu au secret professionnel. »

    Interrogé sur de possibles fuites outre-Atlantique dont Boeing pourrait profiter, Airbus brandit la loi de blocage de 1968, qui interdit aux entreprises basées en France de communiquer des renseignements économiques stratégiques à des autorités étrangères. « C’est la défense classique des cabinets américains, sourit Me Iweins. La loi de blocage, je ne l’ai jamais vue fonctionner efficacement sur ce type de dossiers. Elle n’a pas empêché les investigations chez Alstom ou dans l’affaire BNP Paribas. » Cette thèse d’une possible emprise américaine alimente d’autant plus la paranoïa que Tom Enders a placé, en 2016, à la tête de la recherche d’Airbus Paul Eremenko, un ancien de Google et de Motorola, mais aussi de la Darpa, l’agence de recherche du Pentagone.

    Une addition en milliards d’euros

    Une chose est sûre : le coût de l’opération mains propres va se chiffrer en milliards. Faisons l’addition : l’amende à venir (entre 1 et 3 milliards d’euros, selon un connaisseur du dossier), les honoraires des avocats (au moins 60 millions rien qu’en 2016) et des consultants (1 million par mois pour PWC), les « golden parachutes » des managers écartés, sans oublier la suppression temporaire des garanties publiques à l’exportation, qui oblige Airbus à piocher dans sa trésorerie.

    Surtout, l’avionneur a mis à mal l’un de ses actifs les plus stratégiques : son réseau d’intermédiaires. Chez Airbus, les intermédiaires étaient la chasse gardée de Jean-Paul Gut, puis de Marwan Lahoud, au sein du Strategy and Marketing Organisation (SMO). Il était fréquent, témoigne un ancien, d’y entendre ce proverbe libanais : « Le vrai commerce, c’est vendre quelque chose que vous n’avez pas à quelqu’un qui n’en veut pas ». Surnommé le « bullshit castle » (le « château des conneries ») par Tom Enders, qui le rend responsable des turbulences actuelles, le SMO a été démantelé en 2016. L’ensemble des « business partners » – les intermédiaires, une centaine environ – ne sont plus payés depuis le lancement de l’audit interne, il y a trois ans. Remerciés sans ménagement, plusieurs ont saisi la justice.

    La tension monte. Dans un mail daté du 1er juillet 2017, que Le Monde a pu consulter, John Harrison, le directeur juridique, demande aux salariés d’Airbus en poste à l’étranger d’être prudents, car certains intermédiaires, furieux d’avoir été lésés, représentent désormais pour eux « une menace directe ». « Tout ce bordel pénalise la recherche de nouveaux contrats. Aujourd’hui, le carnet de commandes est plein, mais dans cinq ans ? », fulmine un commercial. La DGSE non plus n’y trouve pas son compte, car parmi les intermédiaires malmenés figurent plusieurs de ses agents.

    A Paris et à Berlin, les Etats brillent par leur silence. Depuis que Tom Enders a réorganisé le groupe, en 2013, pour renforcer son pouvoir, l’Allemagne et la France, pourtant actionnaires à hauteur de 11 % chacune du capital du constructeur, n’ont plus de représentant au conseil d’administration. « Demander des informations ? Convoquer Tom Enders ? Vous plaisantez ! Ce monsieur répond quand il le souhaite », témoigne un ancien membre d’un cabinet ministériel. Sollicité, l’Elysée n’a pas souhaité répondre à nos questions. Pour le moment, le PDG allemand, qui a le soutien de son conseil d’administration, tient bon. Dans une lettre du 6 octobre, adressée aux 134 000 salariés du groupe, il prévient que « le processus en cours sera long » et que « de sérieuses conséquences ne sont pas à exclure », avant de conclure par un royal « Keep calm and carry on » (« Restez calmes et continuez »).

    Les Américains peuvent sourire. Airbus est affaibli. Et Boeing bientôt réconforté : la banque Ex-Im devrait de nouveau l’épauler d’ici à la fin octobre.

    • J’ai eu une discussion par mp avec un des journalistes impliqués via un journaliste à la rédac’ web qui est un de mes amis (William Audureau, rubrique jeux vidéo)

      Il a compris que la formulation sur l’embargo était mauvaise. Du coup, il va modifier le texte.

      Je lui ai dit que c’était pas suffisant, que d’autres points importants méritaient d’être revus (pour rester soft). J’espère que c’est l’ensemble qui va être remanié mais je ne me fais pas de grosses illusions.

    • En plus d’être fausse cette vidéo est aussi vraiment obscène avec leur « banzaï » et les déclarations triomphantes sur cette merveilleuse réussite française, avec la voix réjouie de la narratrice... ce n’est pas seulement l’approche du fond qui est problématique, c’est aussi la forme et le mode narratif.

      Et Le Monde essaye de nous faire croire que c’est du vrai journalisme, chaque jour un peu plus bas.

    • Pour la modification du fond, la considération du CV de l’auteure, membre distinguée du #complexe_militaro_industriel, pardon !, de la #base_industrielle_et_technologique_de_défense (#BITD) laisse peu de place à une évolution sensible…

      À propos de CMI, et de comment on en est arrivé là, on peut réécouter le discours de fin de mandat de Dwight D. Eisenhower (17/01/61) (à partir de 7:45) rappelant le rôle crucial du politique (et du secteur public) dans le pilotage de la politique de défense mais aussi, c’est moins souvent rappelé que le CMI, dans le pilotage de la recherche scientifique et technique.

      https://www.youtube.com/watch?v=OyBNmecVtdU

      À l’entendre, on a un peu de mal à imaginer qu’il appartient au même parti politique que son lointain (onzième !) successeur.

    • En même temps, Eisenhower a comme tu le dis été l’architecte de ces partenariats public/privé. J’ose espérer que les journalistes reprendront la main mais je n’y crois guère. Par contre, nous, assos, militants, on a clairement perdu en influence pour que les journalistes s’autorisent à écrire de telles choses... Impensable il y a 20 ans.

    • Commentaire …

      Ah ah ah
      Présenté comme un secteur « pas comme les autres » mais traité comme « d’habitude ».

      http://dessinemoileco.com/lindustrie-de-defense-francaise-secteur-autres

      Bonjour Philippe et merci pour votre commentaire.

      Nous avons retranscrit les informations récupérées auprès de notre experte de manière fidèle, l’idée étant d’expliquer le fonctionnement de la vente des armes au grand public et non de prendre parti sur cette question, comme d’habitude.
      Nous allons néanmoins modifier un point qui paraissait effectivement imprécis (raison pour laquelle la vidéo a été temporairement enlevée de la section des décodeurs).

      Pour le reste, nous avons suivi la ligne éditoriale qui est la nôtre depuis le début de la série Dessine-moi l’éco : les représentations graphiques ont le même style que d’habitude, la voix de la comédienne n’est ni plus ni moins enjouée que dans toutes les autres vidéos DME et la réalisation globale a pour objectif de capter l’attention des spectateurs et de vulgariser le message.

      Cordialement,

      L’équipe Dessine-moi l’éco.

      je note l’argument

      expliquer le fonctionnement de la vente des armes au #grand_public

      Donc il serait préjudiciable que le grand public apprenne la vérité ? le grand public veut de la fable, remercions les journalistes qui savent comprendre le vulgus, cet être infantile à qui il faut servir la bonne sous soupe de leur maître.

    • texte du pdf
      http://dessinemoileco.com/wp-content/uploads/2017/07/DMETexte_armements.docx.pdf

      L’industrie de défense française : un secteur pas comme les autres

      La France se situe aujourd’hui au 4e rang mondial des Etats producteurs et exportateurs d’armement, derrière les EU, la Russie et la Chine.


      L’industrie de défense française, aussi appelée Base industrielle et technologique de défense (BITD), emploie environ 165 000 personnes au sein de 4 000 entreprises dont les principales sont Dassault Aviation, Thales, Airbus Group, Safran ou encore Naval group (ex DCNS).

      La BITD française produit des armements de haut niveau technologique, notamment :
      des sous-marins ;
      des avions de combat comme le Rafale ;
      des hélicoptères ;
      des véhicules blindés ;
      des systèmes électroniques (radars ou systèmes de communication par exemple).


      L’industrie de défense n’est pas une industrie ordinaire car ses clients sont des Etats : l’Etat français tout d’abord, qui commande à sa BITD des équipements pour sa propre défense, et qui finance par ailleurs la recherche et développement.


      Les ventes d’armes à des pays étrangers sont soumises à autorisation de l’Etat français : la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG) délivre des licences d’exportation en fonction des relations stratégiques entre les pays notamment.


      Par exemple, la France ne vend pas d’armes aux pays qui font l’objet d’un embargo décrété par l’ONU et l’UE, comme la Syrie.


      L’Arabie Saoudite est son principal client ces 10 dernières années.


      La France a par ailleurs récemment vendu des Rafales à l’Inde, au Qatar et à l’Egypte et des sous-marins à l’Australie.


      Les Etats qui commandent des armements à la France souhaitent la plupart du temps que la production, voire la conception et l’entretien, se déroulent sur leur propre territoire, grâce à des transferts de compétences et de technologies.


      On parle d’offsets directs.


      Pour répondre à ces exigences, les entreprises françaises installent des filiales ou encore établissent des coentreprises (ou Joint Ventures – JV) avec des entreprises locales.


      A terme, ces Etats aspirent ainsi à se constituer une BITD nationale afin de devenir à leur tour indépendants en matière d’armement.


      Le défi pour l’Etat français et ses entreprises est donc d’éviter de favoriser l’émergence de nouveaux concurrents et de conserver une certaine avance technologique.


      Pour soutenir son industrie, l’Etat doit continuer à passer des commandes à ses propres industries et à financer leur R&D


      Cela ne l’empêche pas d’acheter des équipements à l’étranger, par exemple des drones aux Etats-Unis et des fusils d’assaut à l’Allemagne.


      Avec plus de 14 milliards d’euros de prises de commandes en 2016, la France est devenue un acteur majeur sur le marché mondial de l’armement.
      –---------


      0 Plus d’informations ici : http://dessinemoileco.com/conditions-dutilisation
      Pour nous contacter : Sydo – 13 rue Burdeau 69001 Lyon – contact@sydo.fr


      fr – +33 (0)4 26 78 32 77

    • bio d’Hélène Masson, chercheuse qui a « validé le contenu »
      Fondation pour la recherche stratégique
      https://www.frstrategie.org/frs/chercheurs/helene-masson

      Expérience professionnelle

      Maître de recherche, en charge du pôle Défense&Industries
      Rédacteur en chef de la revue Défense&Industries
      Responsable du séminaire « Stratégies industrielles et économie de la défense », Master 2 Droit Stratégies industrielles et politiques publiques de défense, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
      Intervenante à Polytechnique Palaiseau (FAMIA : Formation des ingénieurs de l’armement)
      Membre du Conseil scientifique de l’IHEDN
      Membre du Conseil scientifique de la Chaire Economie de défense, IHEDN
      Auditeur de la 47ème session IHEDN/Armement et Economie de défense

    • La vidéo a été remise en ligne en douce hier (pas d’annonce sur les fils twitter des @décodeurs ni de @lemondefr).

      Il semble que la différence tienne dans une phrase : on passe de “La france ne vend pas” à “La France n’a pas le droit de vendre” (aux pays sous embargo).

      L’ancienne version est toujours en ligne sur dessinemoileco.

  • L’Europe en retard d’une guerre industrielle
    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/06/QUATREPOINT/57557

    (…) Prise en tenaille entre la doxa anglo-saxonne et l’#ordolibéralisme allemand, l’#industrie française explose, et, avec elle, des millions d’emplois.

    Ces nouveaux rapports de forces se retrouvent dans #Airbus Group (nouveau nom d’#EADS), mais aussi dans Arianespace, où l’influence des Français diminue. Comme le constatent en privé certains hauts cadres, le nouveau patron d’Airbus Group, l’Allemand Thomas Enders, « s’américanise de plus en plus ». En 2016, il a ainsi placé un Américain au poste de directeur de la recherche et de la technologie : M. Paul Eremenko, ancien cadre dirigeant de la Defense Advanced Research Projects Agency (#Darpa), l’organisme d’État qui, aux États-Unis, oriente tous les crédits en matière de recherche et développement, notamment dans la défense. Un peu comme si Boeing recrutait un ancien patron de la direction générale de l’armement française. Airbus Group, faut-il le rappeler, fabrique les missiles de la force de frappe française.

    Même évolution chez Arianespace. Pour la mise en orbite des #satellites européens, ses lanceurs se trouvent systématiquement en compétition avec ceux des Russes et des Américains. Or ceux-ci, avec le soutien de leurs gouvernements, cassent les prix. L’Allemagne a choisi l’américain #SpaceX pour trois de ses satellites. Certes, les Européens ont finalement mené à bien le programme #Galileo, un service de géolocalisation par satellites concurrent du GPS américain. Mais dix-huit ans se sont écoulés entre le lancement du projet et son achèvement, en décembre 2016. Bilan : au moins six ans de retard, un doublement du budget et d’innombrables psychodrames entre les pays participants, certains ne restant pas insensibles aux pressions américaines.

    Dans les industries de défense, les coopérations ont bien souvent tourné court (c’est le cas du char franco-allemand). Dans les avions de combat, la France a fait cavalier seul avec son #Rafale, tandis que les Allemands et les Britanniques fabriquaient leur Eurofighter. Les deux avions se concurrencent à l’exportation, certains pays européens, dont le Royaume-Uni, l’Italie et les Pays-Bas, préférant même acheter le F-35 américain, jet militaire le plus cher de l’histoire de l’aéronautique.

    Mais c’est dans le numérique que l’échec se révèle le plus cuisant. Depuis trente ans, avec la complicité tacite de la plupart des États, Bruxelles a systématiquement bloqué tout projet visant à créer des champions européens. Un tel laisser-faire contraste avec les initiatives prises par les Chinois et même par les Russes. Pourquoi développer une offre européenne puisque les #Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) le font pour nous ?…

    Des monopoles échappant à tout contrôle dans le secteur des données sensibles : face à ce danger, une prise de conscience semble toutefois émerger à Bruxelles. D’où la mise en accusation de Google pour atteinte à la concurrence par la Commission européenne, en juillet 2016. Installé en Irlande, le groupe américain bénéficiait d’une fiscalité très avantageuse. Mais cette réprimande — très médiatisée — n’est qu’un acte isolé que Dublin, attaché à un régime qui lui permet d’attirer les entreprises, a vivement déploré. La tentation de se soumettre aux géants américains demeure grande. Fin janvier 2017, le ministre des affaires étrangères danois, M. Anders Samuelsen, a ainsi annoncé la nomination d’« ambassadeurs » de son pays auprès des Gafam : « Ces entreprises sont devenues de nouvelles nations. À l’avenir, nos relations bilatérales avec Google seront aussi importantes que celles que nous entretenons avec la Grèce. » Si cette attitude — semblable à celle de l’Irlande, qui se voit plus que jamais en porte-avions des #multinationales américaines — se confirme, c’est le sens même du projet européen qui est atteint.

    -- Jean-Michel Quatrepoint, @mdiplo, juin 2017.

    On l’avait noté quelque part ici cette décision de la Suède, mais je ne retrouve pas.

    cc @xporte

  • Alexandre Djouhri, le petit caïd devenu l’encombrant ami de Sarkozy

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/11/05/alexandre-djouhri-un-petit-caid-devenu-l-encombrant-ami-de-sarkozy_5025847_3

    10 avril 1986, 16 h 10. Ahmed Djouhri ne desserre pas les dents devant les enquêteurs de la brigade criminelle venus l’entendre à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. Non, il ne sait pas pourquoi son ami David Tordjman, proche du milieu franco-tunisien, gérant en sous-main de plusieurs discothèques parisiennes, a été victime un an plus tôt d’une tentative d’assassinat.

    Non, il ne sait pas non plus pourquoi il a lui même été la cible d’une tentative de règlement de comptes à Paris quelques jours plus tôt. Il s’est défendu en faisant « largement usage d’une arme à feu de calibre 9 mm », notent les policiers. « Je ne me connais pas d’ennemi », leur dit M. Djouhri, qui nie avoir fait feu.

    Ce n’est pas l’avis des policiers, habitués à la loi du silence dans le milieu. « Les événements violents qui sont intervenus par la suite semblent indiquer qu’un contentieux important oppose le clan Tordjman-Djouhri à une autre bande », indique un rapport de synthèse de la brigade criminelle. Faute d’éléments probants, aucune enquête n’aboutit. Les fonctionnaires noteront toutefois : « Djouhri Ahmed, plus communément appelé “Monsieur Alexandre”, individu de moralité douteuse et dont les activités paraissent aussi lucratives qu’obscures, ne pouvait ignorer qu’il était la cible de tueurs. »

    20 janvier 2015. Ahmed Djouhri s’appelle désormais officiellement Alexandre – en hommage, dit-on, à Alexandre le Grand. Il ne tutoie plus les calibres, mais un ancien président de la République. Au téléphone, il presse Nicolas Sarkozy de lui organiser un rendez-vous avec le président russe Vladimir Poutine pour « éventuellement le voir un peu plus rapidement ? Au lieu qu’on poireaute ?
    – On en parle demain, hein ? », répond prudemment l’ancien chef de l’Etat, qui craint d’être sur écoutes.

    Alexandre Djouhri est aujourd’hui au cœur de l’enquête démarrée en 2013 sur un possible financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

    Trente ans séparent les deux scènes. Trente ans durant lesquels le flamboyant M. Djouhri n’a cessé de gagner en influence, au point de devenir sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy l’un des hommes les plus introduits et les plus craints de la république des affaires. Celle où se nouent, dans l’atmosphère feutrée des grands hôtels, des contrats de plusieurs dizaines de millions d’euros. Celle où il faut savoir se rendre incontournable, surtout si l’on est fils d’immigrés kabyles – un père soudeur, une mère au foyer –, si l’on est né à Saint-Denis dans une fratrie de dix et que l’on a grandi à Sarcelles. La meilleure manière est encore de se trouver des parrains ; Alexandre Djouhri l’a compris très tôt.

    « Valeur montante du milieu »

    Au milieu des années 1980, las de traîner au café La Javanaise à Sarcelles, de jouer les caïds avec son frère Boulam et sa petite bande du Val-d’Oise, Alexandre Djouhri commence à fréquenter l’univers des nuits parisiennes, où il ne sort jamais sans son culot. L’Eclipse d’abord, une discothèque du quartier Beaugrenelle où se retrouve tout ce que Paris compte de malfrats. L’Apocalypse, Le Palace ou Chez Régine, ensuite. Plus chic et plus utile pour cultiver son entregent.

    Il y fait la connaissance d’Antony Delon, fils turbulent de l’acteur, avec qui il tentera sans succès de lancer une marque de vêtements. Entendu par la police dans l’enquête sur la tentative d’homicide de David Tordjman, Anthony Delon dira de Djouhri « qu’il donne des coups de main pour la société [de prêt-à-porter], principalement de la manutention ». Les enquêteurs, qui le gardent dans leur radar, le voient circuler en Jaguar. Ils notent que « cette valeur montante du milieu », sans activité professionnelle connue, « dispose de revenus occultes ».

    C’est la rencontre avec le jeune Farah M’Bow, fils du Sénégalais Amadou-Mahtar M’Bow, ancien directeur général de l’Unesco, qui lui ouvre les portes des réseaux de la Françafrique. A Paris, « Monsieur Alexandre » fréquente désormais des fils de diplomates africains. A Brazzaville, à Malabo ou à Libreville, il s’élève au rang d’intermédiaire, maniant à merveille les mots « baril », « brut » et « commissions ».

    Confident des puissants

    Il est à la bonne école des réseaux africains de Charles Pasqua et de son « Monsieur Afrique », l’ancien policier Daniel Léandri. « Djouhri était un bonimenteur qui promettait des financements et voulait des mandats pour négocier des contrats pétroliers au nom du Congo », se souvient Claudine Munari, alors directrice de cabinet du président congolais Pascal Lissouba (1992-1997). A Brazzaville, il peut compter sur le tradeur pétrolier Dominique Ngouabi Ossere, fils de l’ancien président Marien Ngouabi, assassiné en 1977.
    En 1995, Jacques Chirac accède à la présidence et ce sera sa chance. Il bluffe les uns et les autres, utilise la séduction ou la menace, sait se revendiquer d’illustres aînés et passe de table en table pour finir à celle des décideurs.

    Son talent impressionne des politiques et des grands patrons qui retrouvent en lui leur ambitieuse jeunesse. Il se lie ainsi avec Michel Roussin, l’un des « Monsieur Afrique » de Jacques Chirac, avec Alfred Sirven et André Tarallo, dirigeants d’Elf qui se retrouveront quelques années plus tard au cœur du scandale éponyme. Il se rapproche aussi de l’ancien juge Alain Marsaud, aujourd’hui député Les Républicains, ainsi que de l’avocat pénaliste Francis Szpiner, qui l’aurait introduit auprès de Dominique de Villepin, avec qui se noue une amitié qui dure encore.

    Alexandre Djouhri poursuit son chemin. « A l’attaque », comme il dit parfois. Au milieu des années 1990, il fonde une petite agence de presse euro-arabe et euro-africaine. Une carte de visite plus qu’une réelle activité. Elle lui permet, dit-il, de rencontrer celui qui deviendra un proche, Bechir Saleh, directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi.
    Le voilà confident des puissants. Il commence, comme il le dit alors, « à voir tout en grand ». A Alger, au début des années 2000, il reçoit au Sheraton. Il représente alors, en Algérie, la société Tag Aeronautics Ltd, liée à la famille du milliardaire saoudien Akram Ojjeh, homme d’affaires, notamment dans l’armement, longtemps très en cour en France.

    Avec sa peau hâlée hiver comme été, sa faconde et ses manières de parrain au langage fleuri, « Monsieur Alexandre » navigue en jet privé de Paris à Genève, de Dubaï à Riyad, de Djibouti à Moscou, maniant affaires, politique et espionnage dans les palais présidentiels ou les salons d’armement avec simplement écrit, sur son badge, « Iskandar » (Alexandre en turc ou en persan).

    Les règlements de comptes dans les faubourgs parisiens des années 1980 sont bien loin. Cajolé par les réseaux chiraquiens, Alexandre Djouhri s’impose avec de grands contrats comme la vente de douze Airbus et de missiles Milan à la Libye en 2004 – un marché évalué à près de 2 milliards d’euros.

    « A l’époque, tout ce petit monde, Djouhri compris, se moquait de Sarkozy qu’ils surnommaient “Zébulon” », se souvient un proche. C’est pourtant le quinquennat de l’actuel candidat à la primaire de la droite qui sera son acmé.

    Toujours dans l’ombre

    Alexandre Djouhri tient salon au Bristol, à deux pas de l’Elysée où il s’invite régulièrement, sans prévenir. Son emprise la plus manifeste s’exerce sur Claude Guéant, alors secrétaire général de Nicolas Sarkozy. « Il est très séduisant », a reconnu M. Guéant, qui dit avoir fait sa connaissance en 2006, un an avant que son patron soit élu président.

    « Je le connais assez bien, mais je ne sais pas exactement ce qu’il fait. Je crois que c’est un apporteur d’affaires », a déclaré M. Guéant aux enquêteurs. Tout juste reconnaîtra-t-il avoir « travaillé sur certains dossiers politiques afin de mettre du liant entre le ministre [Sarkozy] et certains des amis de M. Djouhri ».

    Des amis, « Monsieur Alexandre » en a beaucoup. Mais une amitié n’a jamais fait une association de malfaiteurs, pourrait-il dire. De grands industriels, comme Serge Dassault, qu’il appelle « Sergio Bin Marcel », Patrick Kron (Alstom), François Roussely (EDF), Henri Proglio (Veolia puis EDF) ou Antoine Frérot (Veolia). Il travaille pour eux, toujours dans l’ombre. Mais l’aventurier du commerce international n’oublie jamais de réclamer son « dû ».

    Mandaté en 2006 et en 2007 par Jean-Paul Gut, chargé notamment des affaires internationales d’EADS (aujourd’hui Airbus Group) pour négocier des contrats en Libye et au Qatar, M. Djouhri n’apprécie guère que son successeur, Marwan Lahoud, refuse de lui verser des commissions.

    « Il avait demandé à me voir, car il réclamait le versement de sommes qu’il pensait dues par EADS en lien à la vente d’Airbus à deux compagnies aériennes libyennes », a expliqué M. Lahoud aux magistrats. « Il me dit : “Ok. Avec ton prédécesseur, on s’était entendu, tu me dois 12-13 millions. Donc, maintenant, il faut payer.” Je lui ai répondu : “Si j’ai un contrat, je paye. Si j’ai pas de contrat, je ne paye pas.” Il a commencé à s’agiter, à dire que ça n’allait pas se passer comme ça. Il commence à me balancer des noms censés m’impressionner, il me parle de Jacques et Nicolas en faisant clairement référence à messieurs Chirac et Sarkozy. »

    « Maintenant, il faut payer »

    M. Lahoud indique que Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, est intervenu. « De mémoire, c’était en 2009. (…) Il m’a très poliment indiqué qu’Alexandre Djouhri prétendait qu’on lui devait de l’argent. Claude Guéant me demandait de regarder. Je lui ai répondu que s’il y avait un contrat, il serait payé. Cela s’est arrêté là. » Depuis, EADS a toujours assuré qu’aucune commission n’avait été payée à l’intermédiaire.

    L’ancien conseiller justice de Nicolas Sarkozy, Patrick Ouart, a aussi subi la colère de Djouhri pour s’être opposé à ce que l’Elysée protège Pierre Falcone, homme d’affaires alors empêtré dans le procès de l’Angolagate. « Avec son format [en parlant de M. Ouart], une balle ne peut pas le rater », aurait dit Alexandre Djouhri, qui travaillait alors pour le régime angolais soucieux d’éviter la prison à M. Falcone. Des menaces parvenues à M. Ouart, qui les a aussitôt rapportées au président de la République.

    Pas de quoi écorner l’amitié entre « Monsieur Alexandre » et Nicolas Sarkozy. Ils continuent de déjeuner parfois ensemble et ils s’appellent régulièrement au téléphone. « Gourdault-Montagne me l’avait présenté, se souvient un ancien ministre de Sarkozy. Je n’ai jamais compris sa fascination pour ce personnage dangereux car pas contrôlable ». L’ancien chef de l’Etat ne s’est pour sa part jamais exprimé publiquement sur ses relations avec Alexandre Djouhri.
    Bernard Squarcini est un autre de ses amis. En 2005, alors préfet de police de Marseille, il lui rédige une attestation de bonne moralité. Une carte de visite de plus pour « Monsieur Alexandre ». Puis, à la tête de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), il lui sous-traite des missions sensibles en Libye, comme l’exfiltration de Bechir Saleh et sa famille au lendemain de la révolution libyenne, en 2012, à quelques jours de la victoire de François Hollande.

    Flambeur en société, Alexandre Djouhri fait preuve d’une grande discrétion pour gérer ses millions dans un lacis de circuits financiers complexes. L’argent liquide est de mise et très peu de comptes bancaires portent son nom. Il préfère recourir à des hommes de paille ou à des société-écrans. La famille saoudienne des Bugshan, ses principaux partenaires en affaires en Arabie saoudite, est ainsi soupçonnée par les enquêteurs d’avoir mis à disposition de M. Djouhri certains de ses comptes en banque, qui auraient accueilli de l’argent libyen.

    L’alternance a toutefois fait pâlir l’étoile Djouhri. Il le reconnaît lui-même. « Le pouvoir de gauche, je le connais pas. Si c’était le pouvoir de droite, oui », répond-il en mars 2013 à une ancienne conseillère de Mouammar Kadhafi qui sollicite son aide.

    « Valls est dans le coup »

    Les affaires continuent néanmoins, en mode mineur. Le 4 décembre 2013, il demande à son ami Alain Marsaud s’il peut lui fournir 10 000 euros en billets de 100. Le député accepte volontiers, en précisant : « Faut que j’aille chercher le pognon à la banque quand même ! Dans ma banque à l’Assemblée. » Et un autre ancien magistrat antiterroriste, Jean-Louis Bruguière, l’appelle pour discuter de « très grosses opérations dans un pays du Golfe ».

    Lorsque Bernard Squarcini, qui l’appelle affectueusement « bandit », se reconvertit dans le privé, ils vont ensemble à Alger, maudissent ces « socialos pourris jusqu’à la moelle », qui, selon Alexandre Djouhri essayent d’obtenir des confidences de Bechir Saleh sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

    « Ces enculés du Quai d’Orsay ont envoyé des mecs et Valls est dans le coup, hein, euh, pour demander… pour dire à Bechir qu’ils peuvent enlever le mandat d’Interpol [de M. Saleh] s’il dit qu’il y a eu, euh, évidemment un financement et que… », lâche, en mai 2013 M. Djouhri. « Je te raconterai, c’est des “trous de baise” », dit-il dans le langage fleuri qu’il affectionne.

    Lorsqu’un article de presse lui déplaît, il s’emporte et fustige là encore la gauche. Comme le 13 mai 2013 lors d’une conversation téléphonique toujours avec Bernard Squarcini. « Moi, je vais aller voir Valls avec une kalachnikov et de la coke qui vient des quartiers nord de Marseille et puis je vais lui dire que j’arrive avec arme et bagage ». Et de poursuivre : « T’inquiètes pas, Bernard, je vais mettre ma bite en double page, euh (…) et sans trucage ».

    Les orages arrivent en 2015

    De plus en plus, il se tourne vers la Russie. Son fils, Germain, a épousé la fille du maire de la ville de Nijni Taguil (Oural), Serguei Nosov, lui-même proche de Serguei Tchemezov, un influent industriel russe. Il n’est pas rare qu’avec Claude Guéant, ils se rendent chez les « Popov », pour affaires.

    Les orages arrivent en 2015. Sa villa de Chênes-Bougeries, commune huppée qui jouxte Genève, est perquisitionnée. Claude Guéant et Khaled Bugshan sont mis en examen pour blanchiment dans l’enquête sur l’argent libyen. Dés mars 2015, il ne met plus les pieds en France ou seulement le week-end, comme il le confie à Alain Marsaud « pour éviter une garde à vue ».

    S’il assure avoir rencontré François Hollande et Laurent Fabius, « un truc classe de chez classe de chez ben classe » (sic) – ce qu’a démenti l’Elysée –, ses protections au sommet de l’Etat se font rares. Mi-octobre, Alexandre Djouhri a été vu à l’hôtel Kempinski de Djibouti, le pays natal de son « ami » l’avocat Mohamed Aref, un proche du président Ismaïl Omar Guelleh. « [C’était] sans moi, et je ne peux pas vous dire ce qu’il y fait », se défend M. Aref. Selon d’autres sources, il y aurait rencontré Ahmed Osman, gouverneur de la banque centrale.

    On le dit aujourd’hui à Alger avec Ali Haddad, le puissant patron des patrons algériens. « Non je ne suis pas avec lui mais je le connais bien, c’est un ressortissant algérien et un ami », répond ce dernier au Monde. Cela ressemble de plus en plus à une cavale. M. Djouhri redoute qu’un mandat d’arrêt soit délivré contre lui depuis qu’il a refusé d’honorer sa convocation devant les juges qui enquêtent sur l’argent libyen. Contacté à de multiples reprises, il n’a pas souhaité répondre à nos questions.

  • La justice enquête sur une mystérieuse #mine_d'or d’Airbus au #Mali
    https://www.mediapart.fr/journal/france/020616/la-justice-enquete-sur-une-mysterieuse-mine-dor-dairbus-au-mali

    Airbus Group est cité dans une enquête judiciaire pour #escroquerie sur une mine d’or malienne en dépôt de bilan, dont les actionnaires ont été ruinés. Le projet d’investissement du géant de l’aéronautique dans cette mine, dirigée par un proche du pouvoir malien, semblait destiné à dégager des fonds occultes pour faciliter l’obtention de marchés militaires dans le pays.

    #France #Airbus_Group #Aliou_Diallo #commissions #EADS #entreprises #exportations #Olivier_Couriol #Pearl_Gold #SMO #Wassoul'or

  • Le groupe Airbus rattrapé par une nouvelle affaire de #corruption au Kazkhstan
    http://multinationales.org/Le-groupe-Airbus-rattrape-par-une-nouvelle-affaire-de-corruption-au

    Des poursuites judiciaires pour corruption ont été engagées en #France contre le groupe Airbus, dans le cadre d’un contrat de vente d’hélicoptères au #Kazakhstan. Une commission occulte de 12 millions d’euros destinée au premier ministre kazakh est évoquée. Une affaire qui s’ajoute à de nombreuses autres, comme le rappelle #Mediapart. Contacté par Mediapart, Airbus Group n’a pas souhaité réagir. En septembre 2014, un porte-parole de sa filiale Airbus Helicopters avait indiqué à l’AFP que le contrat kazakh « a (...)

    Actualités

    / Mediapart, Défense et sécurité, France, Kazakhstan, Airbus (ex EADS), corruption, #crimes_et_délits_économiques, (...)

    #Défense_et_sécurité #Airbus_ex_EADS_ #armement
    « https://www.mediapart.fr/journal/france/310516/les-12-millions-d-euros-d-airbus-pour-le-premier-ministre-kazakh »

  • Les 12 millions d’euros d’Airbus Group pour le premier ministre kazakh
    https://www.mediapart.fr/journal/france/310516/les-12-millions-d-euros-d-airbus-group-pour-le-premier-ministre-kazakh

    Le président #Nicolas_Sarkozy et son homologue kazakh Noursoultan Nazarbaïev à l’Élysée le 27 octobre 2010, suite à la signature du premier accord sur la vente des #Hélicoptères d’Airbus Group. © Reuters Mediapart révèle que le géant de l’aéronautique était « prêt à s’engager » à verser en 2010 une commission occulte de 12 millions d’euros destinée au premier ministre kazakh, afin de faciliter la vente de 45 hélicoptères.

    #France #Airbus_Group #Airbus_Helicopters #Corruption #EADS #Eurocopter #Jean-Pierre_Talamoni #Justice #Kazakhgate #Lutz_Bertling #Marwan_Lahoud #Patokh_Chodiev #satellite

  • Les 12 millions d’euros d’Airbus Group pour le premier ministre kazakh
    https://www.mediapart.fr/journal/france/310516/les-12-millions-deuros-dairbus-group-pour-le-premier-ministre-kazakh

    Le président #Nicolas_Sarkozy et son homologue kazakh Noursoultan Nazarbaïev à l’Élysée le 27 octobre 2010, suite à la signature du premier accord sur la vente des #Hélicoptères d’Airbus Group. © Reuters Mediapart révèle que le géant de l’aéronautique était « prêt à s’engager » à verser en 2010 une commission occulte de 12 millions d’euros destinée au premier ministre kazakh, afin de faciliter la vente de 45 hélicoptères.

    #France #Airbus_Group #Airbus_Helicopters #Corruption #EADS #Eurocopter #Jean-Pierre_Talamoni #Justice #Kazakhgate #Lutz_Bertling #Marwan_Lahoud #Patokh_Chodiev #satellite

  • La géographie du vote extrême - Prospective urbaine
    http://prosurbaine.fr/geographie-vote-extreme

    Il y a incontestablement une géographie du vote frontiste dans laquelle ressorte les régions du grand nord-est et du sud est d’un côté, les espaces périurbains et ruraux de l’autre. Pour autant faire du spatial le facteur déterminant de ce vote serait autant réducteur que dangereu : avec un taux de vote pour l’extrême droite populiste qui croit dans tous les territoires, il s’agit avant tout d’un phénomène politique et social national, lequel n’est pas sans écho à l’échelle européenne et internationale

  • Les Entreprises face au défi de l’Open Innovation
    http://www.presse-citron.net/les-entreprises-face-au-defi-de-lopen-innovation

    "Dans les cas de figure présentés, ce sont systématiquement les grandes entreprises qui immergent les acteurs extérieurs (startups, universitaires, etc.) dans leur univers. Pourtant l’ouverture c’est aussi et avant tout se rendre dans de nouveaux espaces pour s’imprégner de leur atmosphère. C’est ce qu’expérimente NUMA, espace de co-working parisien avec son programme « Start » adopté par la SNCF, RCI Banque ou encore Airbus. Depuis le mois de mars, une centaine de jeunes managers d’Airbus participent à ce programme de développement commun, animé par les équipes RH d’Airbus Group et Numa."

    #actu_web

  • Impact moins fort que prévu de l’A350 sur EADS, l’action monte
    http://www.boursorama.com/actualites/impact-moins-fort-que-prevu-de-l-a350-sur-eads-l-action-monte-ae319f8643

    PARIS (Reuters) - La maison mère d’Airbus EADS a déclaré mercredi que son programme A350 aurait un impact moins lourd que prévu sur sa rentabilité en 2015, ce qui a fait grimper l’action du groupe européen qui veut se recentrer sur un marché civil florissant.

    Le groupe d’aéronautique et de défense, qui prendra l’an prochain le nom d’Airbus Group, a réactualisé ses prévisions pour 2015 à l’occasion d’une réunion investisseurs afin de prendre en compte les premières livraisons de son futur avion long-courrier.

    Son président exécutif, Tom Enders, a déclaré que l’A350, qui a pour vocation de faire concurrence aux Boeing 787 et 777, « progressait bien » en vue d’une première livraison au second semestre 2014, conformément au calendrier prévu.

    EADS avait jusque-là exclu l’A350 de son principal objectif financier, qui prévoit un doublement de la marge opérationnelle pour atteindre 10% d’ici 2015 sur une hypothèse de change de 1,30 dollar par euro.

    Le groupe a précisé qu’il maintenait son objectif et ajouté qu’une fois prise en compte la première année complète de livraisons d’A350 en 2015, il se traduirait par une marge de 7 à 8%, un chiffre supérieur aux attentes du marché qui tournaient autour de 6%.

    « Nous pensons que les estimations concernant la dilution de l’A350 étaient prudentes et donc c’est à juste titre interprété comme une surprise positive », commente dans une note Rob Stallard, analyste à RBC Capital Markets.

    L’action d’EADS a clôturé sur un gain proche de 7,5% dans des volumes trois fois supérieurs à la normale, affichant la plus forte hausse du hausse CAC 40, après avoir essuyé une baisse de 7,4% sur les six jours précédents.....

    #EADS
    #actions
    #dividendes
    #cash-flow
    #marges