company:assad

  • Ces blagues politiques qui pouvaient vous coûter la vie sous Staline - Russia Beyond FR

    https://fr.rbth.com/histoire/83065-urss-blagues-staline

    Les fantômes d’Alexandre le Grand, de Jules César et de Napoléon regardent le défilé sur la place Rouge dans les années 1940.

    « Si j’avais eu des chars soviétiques, j’aurais été invincible ! », s’exclame Alexandre.

    « Si j’avais eu des avions soviétiques, j’aurais conquis le monde entier ! », déclare César.

    « Si j’avais eu la Pravda [le principal journal soviétique], le monde n’aurait jamais entendu parler de Waterloo ! », assure Napoléon.

    #soviétisme #blagues_soviétiques #staline

    • «Cher Leonid Ilitch»: Brejnev, superstar des blagues soviétiques - Russia Beyond FR
      https://fr.rbth.com/ps/2016/12/19/cher-leonid-ilitch-brejnev-superstar-des-blagues-sovietiques_661588

      Leonid Brejnev, dirigeant de facto de l’Union soviétique pendant 18 ans, est entré dans l’histoire comme un homme politique, mais également comme le personnage central de nombreuses blagues.

    • Dans le même genre #Humour #arabe glané dans la presse, et traduit par moi
      #Entre_Les_Oreilles, le 4 septembre 2013
      https://entrelesoreilles.blogspot.com/2013/09/elo156-humour-arabe.html

      #Egypte (sous Moubarak) :

      Quand Nasser est devenu président, il voulait une vice-président plus bête que lui-même, pour éviter un challenger, il a donc choisi Sadate. Quand Sadate est devenu président, il a choisi Moubarak pour la même raison. Moubarak n’a pas de vice-président, car il n’y a pas un Egyptien plus stupide que lui.

      Quand Moubarak a consolidé sa puissance, qu’il a commencé à gagner les élections avec plus de 90 pour cent des voix, et à purger ses rivaux dans l’armée, il envoya ses conseillers politiques à Washington, pour aider à la campagne pour la réélection de Bill Clinton en 1996, après que le président américain ait déclaré admirer la popularité de Moubarak. Lorsque les résultats sont arrivés, c’est Moubarak qui était élu président des Etats-Unis.

      Dieu convoque Azrael, l’archange de la mort, et lui dit : « Il est temps d’aller chercher Hosni Moubarak. »
      "Etes-vous sûr ?" Azrael demande timidement.
      Dieu insiste : « Oui, son heure est venue ; va et apporte moi son âme. »
      Alors Azrael descend du ciel et se dirige droit vers le palais présidentiel. Une fois là, il essaie d’entrer, mais il est capturé par la Sécurité d’Etat. Ils le jettent dans une cellule, le tabassent et le torturent. Après plusieurs mois, il est finalement libéré.
      De retour au ciel, Dieu le voit tout meurtri et brisé et demande : « Qu’est-il arrivé ? »
      "La Sûreté de l’Etat m’a battu et torturé," dit Azrael à Dieu. « Ils viennent juste de me renvoyer. »
      Dieu pâlit et d’une voix effrayée dit : « Tu leur as dit que c’est moi qui t’ai envoyé ? »

      Dans une autre scène de lit de mort, Azrael revient à Moubarak et lui dit : « Vous devez dire au revoir au peuple égyptien. » Moubarak demande : « Pourquoi, où vont-ils ? »

      Moubarak, sur son lit de mort, se lamente : « Que feront les Egyptiens sans moi ? » Son conseiller tente de le réconforter : « Monsieur le Président, ne vous inquiétez pas, les Egyptiens sont un peuple résilient qui pourraient survivre en mangeant des pierres ». Moubarak fait une pause pour réfléchir et dit à son conseiller : « Accorde à mon fils Alaa le monopole pour le commerce des pierres ».

      Hosni Moubarak, Barack Obama et Vladimir Poutine, lors d’une réunion, sont ensemble quand soudain, Dieu apparaît devant eux.
      « Je suis venu pour vous dire que la fin du monde sera dans deux jours », dit Dieu. « Prévenez votre peuple. »
      Ainsi, chaque dirigeant remonte à sa capitale et prépare une allocution télévisée.
      A Washington, M. Obama dit : « Mes chers compatriotes, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle est que je peux vous confirmer que Dieu existe. La mauvaise nouvelle est qu’il m’a dit que la fin du monde était dans deux jours ».
      A Moscou, M. Poutine dit : « Gens de Russie, je regrette de devoir vous informer de deux mauvaises nouvelles. Premièrement, Dieu existe, ce qui signifie que tout ce que notre pays a cru pendant la plupart du siècle dernier était faux. Deuxièmement, le monde se termine dans deux jours ».
      Au Caire, Moubarak dit : « O Egyptiens, je viens à vous aujourd’hui avec deux bonnes nouvelles ! Tout d’abord, Dieu et moi venons de tenir un important sommet. Ensuite, il m’a dit que je serai votre président jusqu’à la fin des temps. »
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      #Syrie (pendant la guerre civile) :

      Deux Syriens font la mendicité dans la rue Hamra, à Beyrouth. Après un moment, ils se rencontrent et comparent leurs revenus. L’un d’eux a gagné beaucoup, l’autre presque rien. L’homme qui n’a pas beaucoup gagné demande : « Qu’est-ce que tu leur dis ? Moi je dis toujours que je suis un pauvre syrien qui a dix enfants à nourrir... ». L’autre homme répond : « Moi, je leur dis que je suis un Syrien pauvre aussi, et que je n’ai pas assez d’argent pour mon voyage de retour. »

      Un Américain, un Français et un Syrien arrivent en enfer. Le diable les accueille, leur montre un téléphone et leur donne l’occasion de parler à leurs familles. Tout d’abord, l’américain parle pendant un certain temps à ses proches. Après avoir fini, le diable exige de lui mille dollars pour l’appel. L’américain se plaint - mais en vain. Il doit payer. Le Français pense être plus sage, et parle à sa famille pendant seulement une minute. Mais le diable exige de lui mille euros. Le Français est furieux - mais il doit payer. En fin de compte, c’est au tour du Syrien. Il parle pendant longtemps parce qu’il doit saluer tous les membres de sa grande famille. Après sa conversation, le diable ne lui fait payer qu’une livre syrienne. L’Américain et le Français sont scandalisés et demandent au diable : « Pourquoi ? ». Il répond : « C’était un appel local. »
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      #Liban (pendant l’occupation syrienne) :

      Question : Pourquoi Emile Lahoud (le président libanais 1998-2007) utilise seulement du papier hygiénique à deux épaisseurs ?
      Réponse : Parce qu’il doit envoyer une copie de chaque document à Damas.
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      #Moyen-Orient (en août 2013) :

      L’Iran soutient Assad. Les Etats du Golfe sont contre Assad.
      Assad est contre les Frères musulmans. Les Frères musulmans et Obama sont contre le général Sisi. Mais les pays du Golfe sont pro-Sisi ! Ce qui veut dire qu’ils sont contre les Frères musulmans.
      L’Iran est pro-Hamas. Mais le Hamas est derrière les Frères musulmans.
      Obama soutient les Frères musulmans, mais le Hamas est contre les Etats-Unis.
      Les Etats du Golfe sont pro-US. Mais la Turquie est avec les Etats du Golfe contre Assad, pourtant la Turquie est pro-Frères musulman contre le général Sisi. Et le général Sisi est soutenu par les pays du Golfe !
      Bienvenue au Moyen-Orient et passez une bonne journée.
      Mr. Al-Sabah, London EC4, UK, Financial Times...

      #blagues

    • Un médecin cubain part vivre aux États-Unis. Comme il ne peut pas exercer, il monte un business dans Manhattan et pose un écriteau à l’entrée de sa boutique :

      « Nous soignons n’importe quelle maladie pour 20$, c’est garanti. Dans le cas contraire, nous vous offrons 100 $."

      Trump, qui passe par là, lit l’écriteau et y voit une occasion facile de gagner 100$. Il entre et il dit au médecin :

      Trump : j’ai perdu le sens du goût.

      Le médecin cubain : infirmière, prenez la petite fiole dans la boîte 22 et administrez trois gouttes sur la langue de monsieur.

      Trump : Hey ! Mais c’est dégueulasse, c’est de la merde !

      Le médecin cubain : Félicitations, vous avez récupéré le goût. Vous me devez 20$.

      Trump s’en va, vexé, et revient une semaine plus tard, décidé à récupérer son argent.

      Trump : j’ai perdu la mémoire, je n’ai plus aucun souvenir.

      Le médecin cubain : infirmière, apportez-moi la petite fiole de la boîte 22.

      Trump : Hey man, come on ! C’est de la merde ça, tu me l’as déjà donnée la semaine dernière !.

      Le médecin cubain : Félicitations, vous avez récupéré la mémoire. Vous me devez 20$.

      Trump repart, humilié, et revient de nouveau une semaine plus tard, plus déterminé que jamais à récupérer son argent américain.

      Trump : Ma vue a terriblement baissé. Je vois tout flou, je ne distingue plus les détails et les lunettes ne me sont d’aucune aide.

      Le médecin cubain : Oh ! Vous m’en voyez sincèrement désolé, pour cela nous n’avons aucune médecine. Voici pour vous un billet de 100$.

      Trump : Hey ! Are you kidding me ? C’est seulement un billet de 10$. Tu as cru pouvoir me berner ?

      Le médecin cubain : Félicitations, vous avez récupéré la vue. Vous me devez 20$ !

      #Cuba #USA

  • La vérité sanglante du goulag syrien
    Anne Barnard, The New-York Times, le 11 mai 2019
    https://blogs.mediapart.fr/saintupery/blog/010619/la-verite-sanglante-du-goulag-syrien

    Pendant sept ans, les journalistes du New York Times ont interviewé des dizaines de survivants des prisons syriennes et de parents des détenus et des disparus. Ils ont analysé les documents officiels du régime et examiné des centaines de pages de témoignages judiciaires ou provenant d’autres sources. Un portrait glaçant de la thanatocratie de Bashar al-Assad et de son univers de terreur.

    Traduction de :

    Inside Syria’s Secret Torture Prisons : How Bashar al-Assad Crushed Dissent
    Anne Barnard, The New-York Times, le 11 mai 2019
    https://www.nytimes.com/2019/05/11/world/middleeast/syria-torture-prisons.html

    #Syrie #Prisons #Torture #Bachar_el-Assad

  • TRIBUNE. Les Émirats, maîtres de la contre-révolution arabe - Le Point
    https://www.lepoint.fr/monde/tribune-les-emirats-maitres-de-la-contre-revolution-arabe-23-05-2019-2314718

    Larges extraits d’une bonne tribune.

    La perception que l’on a des Émirats arabes unis (EAU) comme un îlot libéral au milieu de l’archipel de monarchies conservatrices du Golfe est un mythe. Dans l’ombre des gratte-ciel clinquants et d’une image soigneusement travaillée, les EAU se sont transformés ces dernières années en un État policier – un État autoritaire qui ne cherche pas seulement à renverser les acquis des révolutions arabes, mais encore plus d’imposer son idéologie en réalité plus intransigeante et machiavélique que celle du royaume saoudien sur laquelle on a tendance à se focaliser. Les Émirats ne font pas que préparer le lancement d’une sonde sur Mars : ils s’acharnent également à étendre leur influence dans le monde et à mener une campagne contre-révolutionnaire de plus en plus active et radicale. C’est le plan mis en place par Mohamed Ben Zayed, prince héritier d’Abu Dhabi, pour externaliser et « glocaliser » sa doctrine sécuritaire dans tous les pays qui ont espéré la démocratisation. Cette « doctrine MBZ » a déjà transformé en partie le pays en « petite Sparte » du Golfe, certes puissante sous l’Antiquité, mais bien peu réputée pour son pacifisme.
    Soutien ou ingérence ?

    Abu Dhabi est omniprésente dans la vie politique de l’ensemble des pays en crise de la région, de sorte que chacun des pays du Printemps arabe a quasi réglé la situation de déstabilisation qu’il a pu connaître en 2011. La Tunisie s’est stabilisée et a entamé sa transition démocratique par une nouvelle Constitution, une vie politique active et des élections fin 2019. Mais dans ce pays, Abu Dhabi soutient clairement la présidence actuelle bien mal en point et largement critiquée à l’intérieur, contre le premier parti du pays, la formation islamiste Ennahda. Quant à la Syrie, après des années de guerre, elle est revenue à l’autoritarisme stable avec le maintien de Bachar el-Assad au pouvoir et la défaite de Daech : l’accord du 15 mars 2019 entre la Russie et les Émirats ouvre les portes de ce pays détruit à Abu Dhabi, qui est désormais son premier partenaire. L’Égypte, elle, après une révolution du 25 janvier 2011 pleine d’espoir a tout perdu avec le putsch contre le président Mohamed Morsi en 2013 et l’installation du nouveau raïs, le maréchal Abdelfattah Sissi, jusqu’à au moins… 2030. Le pays doit son retour à la dictature au soutien des Émirats arabes unis.

    En Algérie, pays qui a enfin entamé son nouveau printemps algérien, après celui de 1988, elle voit son chef d’état-major Gaïd Salah – un général qui effraie les Algériens en quête de démocratie – être en contact permanente avec le puissant Mohammed Ben Zayed. Et le militaire algérien ne cache même plus ses nombreux allers-retours à Abu Dhabi. Quid du Yémen et de la politique « humaniste » qu’Abu Dhabi prétend mener sur place depuis cinq ans avec le concours de Riyad ? Cette guerre a provoqué la pire catastrophe humanitaire du monde avec près de 100 000 enfants morts et des millions de déplacés : tout cela pour venir à bout de la « rébellion » houthiste, soutenue par l’Iran.

    Et nous arrivons enfin à la Libye, pour laquelle les Émirats arabes unis prétendent détenir la solution. Ce pays, dans lequel le renversement de Muammar Khadafi a provoqué un chaos quasi régional, n’est arrivé à rien en huit ans de conflit. À la décharge des Émirats, personne d’autre n’a trouvé de solution à ce jour. La guerre comme la lutte de clans et de gouvernements entre Tripoli et Benghazi n’en finit pas et la communauté internationale gère l’ingérable : l’intrusion de tous dans une histoire politique qui devrait être réglée par les Libyens en premier et en dernier ressort. Les dernières révélations de la BBC sur les crimes de guerre pratiqués par Abu Dhabi en Libye, après celles il y a deux ans des prisons émiriennes au Yémen où seraient pratiquées la torture, n’ont pas fini de faire des remous.

  • Pourquoi la Russie, gavée de pétrole, n’aide-t-elle pas son allié syrien qui subit une grave crise énergétique ? – Le Saker Francophone
    https://lesakerfrancophone.fr/pourquoi-la-russie-gavee-de-petrole-naide-t-elle-pas-son-allie-sy

    L’ensemble de la population syrienne souffre beaucoup de la crise énergétique qui fait rage ; les causes en remontent aux sanctions étasuniennes, mais les effets pourraient facilement en être évités avec l’aide de l’« allié » russe, riche en pétrole. Moscou bloque en ce moment toute aide à Damas, tant que celle-ci n’aura pas souscrit à ses exigences politiques, au premier plan desquelles la mise en œuvre du « brouillon de constitution » rédigé par les Russes et le lancement d’un « retrait programmé » des forces iraniennes présentes sur son territoire. L’aggravation de la crise en cours complique considérablement le retour des réfugiés dans leur pays depuis le Liban voisin, et pourrait déboucher sur une Révolution de Couleur contre le président Assad. La Russie ne craint pas un tel scénario, elle dispose déjà de plans de secours, qui lui permettraient de préserver ses intérêts stratégiques. Après tout, le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov en personne avait proclamé haut et fort en 2016 qu’« Assad n’est pas notre allié » : aux yeux de Moscou, il importe peu que l’homme reste en place. Les médias alternatifs refusent pour l’instant de l’admettre, mais on dirait bien que le président Poutine ne craint plus l’incantation maudite « Assad doit partir ».

    #syrie #russie #iran : une analyse intéressante.

  • Des nouvelles de #Syrie... de la part d’un ami, réfugié syrien en Suisse (reçu aujourd’hui, 05.05.2019) :

    #Idlib est complètement oubliée, La région où on a rassemblé des million des syriens déplacés par la force du régime d’Assad et russes, est en train de se massacrée par des #bombardements_aériens syriens et russes, des milliers des camions qui transportent des des familles avec ce qu’ils leur restent de leur déplacement, plusieurs fois, d’une région à l’autre.
    Pas un seul mot sur le média, la cause Syrienne est complètement oubliée, ...
    Ce qu’il se passe à Idlib, pour la première fois, notre village entier cherche un abri pour se protéger du bombardement aérien syro-russe, la stratégie de la terre brûlée. Un offensif Inédit, sur Idlib , sous silence absolu de la communauté internationale, tous les habitants des villages de #Jabal_Alzawi, sont tous vidés, ils sont maintenant à 11 km de mon village #Orim_AlJoz, donc mon projet du stage pour la zone de désescalade n’a plus de sens, le dernier #espoir est tombé à l’eau. Je ne sais qu’il faut que je cherche un autre stage, ... c’est vraiment triste ☹

    #déplacés_internes #IDPs #réfugiés #guerre #conflit #migrerrance #géographie_du_vide
    ping @reka

  • L’Australie exporte ses réfugiés

    Au nom de la lutte contre les passeurs, Canberra sous-traite une partie de sa gestion des demandeurs d’asile à des pays tiers. Cette politique d’externalisation inspire les gouvernements européens et indigne les défenseurs des droits humains, tant les réfugiés s’y réduisent à une monnaie d’échange.

    C’est un petit restaurant dans une ruelle du sud de Phnom Penh, un comptoir, quelques tables et une odeur de falafels. Mideast Feast propose des spécialités syriennes et libanaises. Une rareté dans une capitale certes cosmopolite mais où les ressortissants du Proche-Orient ne sont pas légion. Du Cambodge M. Abdullah Zalghanah, le propriétaire, ne connaissait rien, jusqu’à ce qu’il y soit parachuté.

    M. Zalghanah est syrien. Il y a huit ans, il était encore boulanger et restaurateur à Deraa, où il vivait avec son épouse et leurs quatre enfants. Puis, comme tant d’autres, il a fui sa ville, devenue un champ de bataille, jusqu’au Liban. Il y a laissé sa famille pour se mettre en quête d’un pays d’accueil. « Je ne voyais pas d’avenir pour mes enfants au Liban, avec les milices de Bachar Al-Assad traquant les réfugiés, la situation économique et les conséquences de la guerre », raconte-t-il. En 2012 débute un long périple qui le mènera de l’autre côté du monde, porté par l’espoir de rejoindre l’Australie, un pays « paisible » où, lui a-t-on dit, « on peut se reconstruire une vie en six mois ». « Dans la communauté syrienne, il se disait que l’Australie était une meilleure option que l’Europe. Et j’avais un frère là-bas, qui y était parti avant la guerre », explique-t-il. On le met en contact avec des passeurs, qui l’expédient en Indonésie. Là, il doit prendre un bateau avec soixante et onze autres personnes. Une simple barque à moteur, pour une traversée de plus de quatre cents kilomètres jusqu’à l’île Christmas, territoire australien perdu au milieu de l’océan Indien. « Le voyage a été terrible. Au bout d’une journée, l’un des deux moteurs a cessé de fonctionner. Plus d’une fois, j’ai cru que nous allions mourir. » Quatre jours et une nuit d’angoisse, jusqu’à ce que les passeurs indonésiens les abandonnent sur une plage. Là, ils sont cueillis par des gardes australiens et menés dans un centre de rétention. En cet été 2013, plus de deux mille personnes s’y entassent : des demandeurs d’asile, en attente de transfert dans l’un des camps de détention sur l’île-État de Nauru ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Aucun ne pourra jamais rejoindre l’Australie. Car, quelques mois plus tôt, Canberra a réactivé et durci sa politique radicale de refoulement des boat people — ce qu’on appelle la « solution du Pacifique ».

    Lancée au début des années 2000, cette politique repose sur des accords passés avec ses deux voisins pauvres. En échange d’une compensation financière, ces États acceptent de recevoir les demandeurs d’asile arrivés clandestinement. Le temps que leur dossier soit examiné, ils sont détenus dans des camps extraterritoriaux construits aux frais de Canberra et gérés par des sociétés privées sous contrat avec le gouvernement. Officiellement, il s’agit de lutter contre les réseaux de passeurs en décourageant toute tentative de rejoindre les côtes par bateau.

    Selon les organisations de défense des droits humains, l’Australie s’arrange avec le droit international, notamment avec le principe de non-refoulement figurant dans la convention de Genève sur les réfugiés, dont elle est signataire (1). Et sa méthode a fait école au sein de l’Union européenne, qui a mis au point des politiques d’« externalisation des frontières », tel l’accord avec la Turquie.

    En Australie, les conservateurs qui ont conçu cette stratégie de sous-traitance notent une nette diminution des arrivées clandestines : moins de 150 par an entre 2002 et 2008, contre 3 000 à 5 500 par an entre 1999 et 2001 (2). Toutefois, en 2007, un rapport d’Oxfam estime son coût total — des interceptions de bateaux aux frais de gestion des camps — à plus de 1 milliard de dollars australiens (625 millions d’euros) en six ans (3), pour la prise en charge de moins de 1 700 personnes. Sous le feu des critiques, la « solution du Pacifique » a été suspendue en 2008 par le gouvernement travailliste qui arrivait au pouvoir. Les camps de Nauru et de l’île de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée) ont été vidés… pour être rouverts quatre ans plus tard.

    En réponse à un nouveau pic d’arrivées clandestines et de naufrages meurtriers (4), le gouvernement réactive les accords de coopération avec les deux États et durcit sa politique. Si l’Australie continue d’accueillir plusieurs milliers de demandeurs d’asile arrivés légalement sur son sol (5), elle affiche désormais une tolérance zéro vis-à-vis des clandestins. « Nul demandeur d’asile arrivé en Australie par bateau ne sera jamais autorisé à s’installer sur le territoire en tant que réfugié », assène le premier ministre Kevin Rudd (British Broadcasting Corporation, 19 juillet 2013). Peu importe la légitimité de sa demande de protection et les difficultés rencontrées pour la formuler. Un Syrien qui dépose une demande d’asile pour l’Europe ou l’Australie à partir d’un pays voisin où il a pu fuir, comme la Turquie ou le Liban, s’expose à un refus sous prétexte que la requête est émise d’un pays « sûr ». Obtenir un visa temporaire n’est pas moins ardu. Quant aux clandestins pris dans les filets de cette politique, ils auront le choix entre un vol retour vers leur pays d’origine et un transfert dans les camps extraterritoriaux — pour une durée indéterminée.
    Improbable accord avec le Cambodge

    Si l’accord passé avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée prévoit, en théorie, une installation permanente des réfugiés sur le territoire, dans les faits « les autorités ne leur octroient pas de statut légal », dénonce un rapport d’Amnesty International (6). Celles de Nauru refusent officiellement toute installation permanente. Les réfugiés reçoivent au mieux un visa de cinq ans, puis de dix ans, payé par les autorités australiennes. « Les camps extraterritoriaux, qui étaient à l’origine des lieux de transfert, sont ainsi devenus des centres de détention permanente, sans autre issue que le retour au pays », nous explique M. Ian Rintoul, porte-parole de la Refugee Action Coalition, une organisation non gouvernementale (ONG) australienne.

    Quand M. Zalghanah est transféré à Nauru, en avril 2014, environ 1 200 personnes y vivent. « Nous dormions à quarante dans de grandes tentes sales, sans aucune intimité. Il n’y avait que dix toilettes et dix douches sans porte. Nous n’étions pas des criminels, mais ce camp, c’était une prison. » Au-delà de ces conditions de vie insupportables, c’est sa situation, floue et sans issue, qui le détruit. « Nous étions tous sous antidépresseurs et sous somnifères pour pouvoir dormir. L’atmosphère n’a cessé de se dégrader, avec des rixes qui éclataient, mais surtout des suicides. Je me souviens d’un homme qui a avalé une boîte de pilules, d’un autre qui s’est immolé par le feu… » M. Zalghanah perd le compte, mais les disparus peuplent toujours ses cauchemars. En dépit des restrictions d’accès imposées par les autorités, plusieurs enquêtes successives dénoncent les conditions de vie des détenus. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), dont une délégation s’est rendue à Nauru fin 2013, évoque une « détention systématique et arbitraire » contraire au droit international, et critique l’absence de solution à long terme pour des personnes maintenues dans l’incertitude (7).

    À partir de 2013, la campagne « Frontières souveraines », opération militaire de refoulement des navires clandestins vers leur point de départ, limite les arrivées. Mais il devient urgent de trouver une solution pour les quelque trois mille réfugiés entassés à Manus et Nauru. La Nouvelle-Zélande a bien proposé d’en accueillir cent cinquante chaque année, mais l’Australie a décliné l’offre, estimant qu’une telle perspective, trop alléchante, ne ferait que soutenir le commerce des passeurs. Canberra pense trouver son salut dans l’externalisation.

    Le 26 septembre 2014, M. Scott Morrison, alors ministre de l’immigration, annonce la signature d’un accord inédit avec le Cambodge. Négocié en secret, il prévoit l’installation sur le territoire cambodgien d’une partie des réfugiés parqués à Nauru, Phnom Penh recevant en échange 40 millions de dollars australiens (25 millions d’euros) sous forme d’aide au développement. Le voyage, l’accueil et l’installation des réfugiés sont également à la charge de l’Australie, laquelle prévoit d’y consacrer un budget global de 15 millions de dollars (9,4 millions d’euros), sans plus de précision.

    « L’un des pays les plus riches du monde a convaincu l’un des plus pauvres d’accueillir les réfugiés dont il ne veut pas », résume le magazine américain Foreign Policy (8), tandis que M. António Guterres, l’actuel secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, alors haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, critique une « inquiétante dérogation aux normes internationales (9) ». S’il ne viole pas explicitement le droit international, l’accord n’en constitue pas moins « un dangereux précédent qui porte atteinte à l’intégrité du système de partage des responsabilités à l’égard des réfugiés », analyse Madeline Gleeson, avocate et chercheuse à l’université de Nouvelle-Galles du Sud (10).

    « Avec cet accord, l’Australie espère avoir enfin trouvé la pièce manquante de sa politique d’asile extraterritorial : une solution de long terme », souligne la chercheuse. L’entente est au moins claire sur un point : les réfugiés doivent se porter volontaires. Or les prisonniers de Nauru n’accueillent pas la nouvelle avec enthousiasme. Alors que les ministres de l’intérieur australien et cambodgien sablent le champagne, une nouvelle vague de protestations agite les camps entre fin septembre et début octobre 2014. Quand les premières délégations cambodgiennes s’y rendent, début 2015, aucun volontaire ne se présente. « Dans les mois qui ont suivi, on nous a rapporté des pressions exercées sur les réfugiés, du chantage, de fausses promesses », dit M. Rintoul. En vain : seuls sept d’entre eux acceptent d’être envoyés au Cambodge.

    M. Zalghanah est du nombre. En 2016, il consent à sa relocalisation à Phnom Penh, à condition que l’Australie y rapatrie également sa famille restée au Liban. « Au début, ils disaient que le rapprochement familial était impossible. Mais, après un an, ils ont fini par me dire que ma famille me rejoindrait au bout de trois ou quatre mois », raconte-t-il. Débarquant dans la capitale cambodgienne en novembre 2016, il est pris en charge par l’antenne locale de l’Organisation internationale pour les migrations. Celle-ci le guide et l’héberge pendant trois mois, à l’issue desquels il lance un projet de restaurant grâce à une allocation de l’Australie. Mais, plus d’un an après son arrivée, le rapprochement familial est au point mort. M. Zalghanah craint d’être oublié, évacué dans les vieux papiers d’un accord raté. Car l’entente entre le Cambodge et l’Australie prenait officiellement fin à l’automne 2018. Son échec est si cuisant qu’elle ne sera pas reconduite. Sur les sept réfugiés transférés, quatre ont déjà quitté le pays.

    « Depuis le début, cet accord n’était qu’une vaste blague, dénonce M. Rintoul. Le gouvernement désespérait de trouver une issue à sa politique d’asile extraterritorial. En définitive, il a payé plus de 40 millions de dollars pour délocaliser sept personnes. On atteint des sommets d’absurdité. » Des tentatives de négociations similaires avec d’autres pays, dont le Kirghizstan, n’ont jamais abouti.

    Reste une issue possible : l’entente conclue avec les États-Unis lors des derniers mois de la présidence de M. Barack Obama selon laquelle Washington prendrait en charge jusqu’à 1 200 réfugiés des camps extraterritoriaux. Les clauses de l’accord de septembre 2016 n’ont pas été rendues publiques. Mais, le même mois, Canberra annonçait son intention d’accueillir un nombre non défini de demandeurs d’asile sud-américains actuellement dans des camps gérés par les États-Unis. De quoi alimenter les rumeurs d’« échange de réfugiés », malgré les dénégations du gouvernement australien (11). Contre toute attente, M. Donald Trump n’a pas mis un terme à l’arrangement. Si le président américain a jugé l’accord « stupide », il s’est engagé à l’honorer. Depuis l’automne 2016, 445 réfugiés relégués à Nauru et Manus ont obtenu l’asile aux États-Unis. Washington aurait refusé près de 200 autres personnes, parmi lesquelles de nombreux Iraniens. Et aucune nouvelle procédure de transfert n’a été annoncée.
    « Une population au-delà du désespoir »

    Selon un rapport du Parlement d’Australie, entre 2012 et 2017, la politique de détention extraterritoriale des demandeurs d’asile aurait coûté près de 5 milliards de dollars (plus de 3 milliards d’euros) à l’État, sans compter le budget de l’« aide au développement » prévue dans les accords régionaux. Une somme coquette pour la détention de 3 127 réfugiés et demandeurs d’asile, au total, depuis 2012. Mille quatre cents d’entre eux seraient toujours bloqués à Manus et Nauru. Si les camps sont désormais ouverts, les îles n’en restent pas moins des prisons pour ces hommes, femmes et enfants qui disposent dans les faits d’une liberté de circulation relative. Expulsée en octobre dernier par les autorités nauruanes après avoir passé onze mois auprès des réfugiés, l’ONG Médecins sans frontières décrit une population « au-delà du désespoir » et recense « un nombre alarmant de tentatives de suicide et de cas d’automutilation » (12). En décembre 2018, 1 200 réfugiés et demandeurs d’asile, soutenus par l’association National Justice Project, ont lancé une procédure judiciaire à l’encontre de l’État australien, accusé devant la Haute Cour d’emprisonnement arbitraire, de persécution, de torture et de crimes contre l’humanité.

    M. Zalghanah, lui, se considère comme un rescapé. En janvier dernier, après deux ans d’attente, sa famille est enfin arrivée au Cambodge.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/BJURSTROM/59709
    #asile #migrations #réfugiés #Cambodge #Australie #externalisation #réfugiés_syriens

    ping @albertocampiphoto

    v. aussi cette compilation qui parle du deal entre l’Australie et le Cambodge :
    https://seenthis.net/messages/476197

  • #Eden

    Quand la crise des migrants bouleverse les destins d’une galerie de personnages, entre la #Grèce, l’#Allemagne et la #France. Réalisé par #Dominik_Moll, une fresque lucide et humaniste en six épisodes, ancrée dans la réalité, avec notamment Sylvie Testud.

    Une frêle embarcation de migrants accoste sur une plage grecque. C’est le point de départ de plusieurs histoires qui s’entremêlent à travers l’Europe : à #Athènes, Amare et son frère Daniel sont accueillis dans un camp dirigé par Hélène, une femme d’affaires qui défend un projet de gestion privée des flux de réfugiés ; à #Mannheim, en Allemagne, Silke et Jürgen décident d’héberger un jeune Syrien, Bassam, ce qui contrarie leur fils Florian ; à #Paris, Hamid et Maryam demandent l’asile politique, aidés par un journaliste qui enquête sur les exactions du régime de Bachar el-Assad. Bientôt, Daniel et Amare tentent de s’évader pour gagner l’Angleterre…

    Exigence de véracité
    Fruit d’une collaboration entre les pôles français et allemand d’ARTE et le groupe ARD, Eden aborde la problématique de l’#accueil des réfugiés à travers cinq histoires et une douzaine de protagonistes répartis dans trois pays d’Europe. Cette diversité d’ambiances et de situations donne à la série une ampleur à la hauteur de son sujet. Comment accueillir ? Comment s’intégrer ? La fluidité du récit, soutenue par un intérêt égal pour tous les personnages, permet d’appréhender ces questions dans toute leur complexité. #Dominik_Moll, habitué des histoires inquiétantes à la limite du fantastique (Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming…), change de registre pour composer une fresque ancrée dans la réalité, qui s’autorise des envolées romanesques et quelques pointes d’humour grinçant. Le choix des comédiens, des décors, et la diversité des langues parlées témoignent d’une exigence de véracité exempte de tout moralisme, dans le sillage de personnages fragiles, courageux, émouvants, qui donnent vie à un constat lucide et plein d’humanité.

    https://www.arte.tv/fr/videos/070738-001-A/eden-1-6
    #film #série #asile #migrations #réfugiés #intégration
    ping @reka

  • Oubliée, la guerre de l’ombre en Syrie
    http://www.dedefensa.org/article/oubliee-la-guerre-de-lombre-en-syrie

    Oubliée, la guerre de l’ombre en Syrie

    Du jihad afghan au takfir levantin, schizophrénie de nos dirigeants

    En Occident, les attaques du 11-Septembre, la malnommée « guerre contre le terrorisme », et la montée en puissance de l’« État Islamique » dans le contexte de la guerre en Syrie ont amené la nébuleuse al-Qaïda au centre du débat public. En effet, depuis bientôt deux décennies, de nombreux spécialistes se sont emparés de cette question, mais en décrivant le plus souvent cette mouvance terroriste comme un obscur réseau uniquement considéré comme un ennemi par les puissances occidentales. Or, s’il est vrai que les armées et les services spéciaux américains et européens combattent différents groupes jihadistes à travers le monde, des composantes majeures de cette nébuleuse furent appuyées et utilisées comme (...)

    • Le « printemps syrien » a démarré il y a huit ans, et la militarisation de cette révolte fut observée à partir de l’été 2011. Dès lors, après avoir décrété qu’Assad devait partir, les puissances occidentales ont consciemment appuyé leurs alliés sunnites et israéliens dans la déstabilisation de ce pays, à travers leur soutien croissant et massif des forces jihadistes qui gangrénaient la rébellion – la CIA et ses financeurs saoudiens jouant un rôle central dans ce processus. En Europe comme aux États-Unis, ces faits dérangeants sont en train de tomber dans l’oubli, et les gouvernements occidentaux ayant mené cette guerre secrète sont décrits par une majorité d’experts et de journalistes comme des directions politiques immobilistes, en ce qu’elles n’auraient « rien fait » pour renverser Bachar el-Assad. Dans le but de clarifier ce sombre épisode de notre Histoire commune, j’ai tenté de démontrer le contraire dans mon livre, en accumulant des centaines de preuves du caractère délibéré, coordonné et prémédité de cette opération des malnommés « Amis de la Syrie », parmi lesquels la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne jouaient un rôle moteur. De ce fait, sachant que cette opération vient d’être complètement occultée dans les médias occidentaux à l’occasion des huit ans du « printemps syrien », je vous encourage à diffuser cet article le plus largement possible. En effet, nos autorités doivent prendre leurs responsabilités et ne plus nous cacher cette vaste guerre de l’ombre en Syrie, qui a eu des conséquences désastreuses pour le peuple de ce pays.

  • Huit ans après le début de la révolution, Deraa manifeste contre les Assad - Caroline HAYEK - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1161420/huit-ans-apres-le-debut-de-la-revolution-deraa-manifeste-contre-les-a

    La réinstallation d’une statue en bronze à l’effigie de Hafez a fait descendre des centaines de personnes dans les rues.

    Quelques jours avant ils étaient des dizaines selon la même source !
    https://www.lorientlejour.com/article/1160999/syrie-manifestations-contre-la-reinstallation-dune-statue-de-lex-pres

    Des dizaines de personnes ont protesté dimanche contre la réinstallation d’une statue de Hafez al-Assad, ancien président syrien et père de l’actuel, huit ans après sa destruction par des manifestants à Deraa (sud), berceau du soulèvement en 2011 contre le régime de Damas.

    On peut donc penser qu’ils seront bientôt des milliers... #syrie #manipulation

  • مصادر استخباراتيّةٍ إسرائيليّةٍ وغربيّةٍ : رجل الأعمال سامر فوز هو المُرشّح الأوفر حظًا لخلافة الرئيس السوريّ الأسد و"بدأ يُعّد العُدّة لتسلّم المنصب" - رأي اليوم
    https://www.raialyoum.com/index.php/%d9%85%d8%b5%d8%a7%d8%af%d8%b1-%d8%a7%d8%b3%d8%aa%d8%ae%d8%a8%d8%a7%d8%b1

    D’après les Israéliens, Samer Foz est le prochain homme clé en Syrie, celui qui serait destiné à succéder à succéder à Bachar El-Assad...

    Trouvé sur Légifrance : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2019/1/22/ECOT1902145A/jo/texte/fr

    "Samer Foz
    Alias : a) Samir Foz ; b) Samir Fawz ; c) Samer Zuhair Foz
    Date de naissance : mai 1973
    Lieu de naissance : Lattaquié, Syrie
    Nationalité : a) syrienne ; b) turque
    Renseignements complémentaires : a) sexe : masculin ; b) PDG d’Aman Group, président exécutif d’Aman Group, filiales : Foz for Trading, Al-Mohaimen for Transportation & Contracting. Aman Group est le partenaire privé de la coentreprise entre Aman Damascus JSC et Damascus Cham Holding, dans laquelle Foz est un actionnaire individuel. Emmar Industries est une coentreprise entre Aman Group et Hamisho Group, dans laquelle Foz détient une participation majoritaire et dont il est le président ; c) homme d’affaires influent exerçant ses activités en Syrie, ayant des intérêts et des activités dans de multiples secteurs de l’économie syrienne, y compris une coentreprise appuyée par le régime et active dans la construction de Marota City, un projet immobilier et commercial haut de gamme. Samer Foz fournit un soutien d’ordre financier et autre au régime, y compris en finançant le groupe paramilitaire appelé “Forces militaires de bouclier de sécurité” en Syrie et en offrant des services de courtage sur le marché des céréales. Il tire aussi des profits financiers de son accès à des débouchés commerciaux, ayant la haute main sur le marché du blé, et à des projets de reconstruction, grâce à ses liens avec le régime."

    #syrie

  • • Les éditions Les petits matins sous le coup d’une « procédure bâillon » ! Audiences les 14 et 15 mars 2019

    Le 17 mars 2016, notre maison d’édition a publié un essai intitulé Les Réseaux du Kremlin en France. Quelques mois après la sortie de cet ouvrage, six plaintes ont été déposées contre la directrice de la publication, Marie-Édith Alouf, et l’auteure du livre, Cécile Vaissié, professeure en études russes, soviétiques et post-soviétiques à l’université Rennes-2. Chef d’accusation : « diffamation publique envers un particulier ».

    Les audiences se tiendront les 14 et 15 mars 2019 devant la 17e chambre correctionnelle du nouveau palais de justice, à Paris.

    Que dit ce livre ?
    Depuis quelques années, le Kremlin mène des campagnes de « séduction » très offensives dans l’Union européenne pour tenter d’influer sur les affaires intérieures de plusieurs pays membres. Pour ce faire, le pouvoir incarné par Vladimir Poutine finance, à l’étranger, des associations et des think tanks, des médias de propagande, des « usines à trolls » et des réseaux d’influence, voire des partis.

    Qu’en est-il en France ?
    C’est ce que révèle cet ouvrage à travers une enquête très fouillée où l’on croise des descendants de la diaspora russe, des politiciens de divers bords, des journalistes, des hommes d’affaires et tous ceux que fascine, pour diverses raisons, la personnalité de Vladimir Poutine.

    Qui sont les plaignants ?
    • DJORDJE KUZMANOVIC est un ancien officier de l’armée française. Il était en charge des questions de défense et de stratégie à La France insoumise jusqu’à son départ de cette formation (à la suite d’une contestation interne) fin 2018.

    • VÉRA NIKOLSKI, épouse de Djordje Kuzmanovic, est la secrétaire administrative du groupe d’amitié France-Russie à l’Assemblée nationale.

    • OLIVIER BERRUYER, actuaire de profession, anime le blog « Les Crises », spécialisé dans l’économie et la géopolitique, et accordant une large place à l’espace post-soviétique.

    • PIERRE LAMBLÉ, enseignant, gère le site « Europe, Russie comprise » et anime la page Facebook « Europe et Russie ».
    HÉLÈNE RICHARD-FAVRE se présente comme écrivaine et tient un blog sur le site Tribune de Genève.

    • GUÉORGUI CHEPELEV est enseignant en langue russe et président du Conseil des compatriotes, qui dépend directement de l’ambassade de Russie.

    Une attaque coordonnée
    À l’exception de M. Guéorgui Chepelev, les plaignants sont tous défendus par le même avocat, Me Jérémie Assous (également conseil de la chaîne Russia Today), et leurs plaintes ont toutes été déposées le même jour. Il s’agit manifestement d’une attaque coordonnée, visant à mettre en difficulté financière une petite maison d’édition indépendante, bien obligée de se défendre.

    « Poursuite-bâillon »
    Nous dénonçons cette tentative d’intimidation – l’ironie de l’histoire étant qu’elle ne provient pas d’acteurs d’extrême droite (largement évoqués dans le livre), comme nous aurions pu le craindre, mais de protagonistes classés pour certains à gauche de la gauche, donc présumés proches des valeurs progressistes, humanistes et écologistes défendues par notre maison depuis quinze ans.

    Plus largement, nous dénonçons un « vent mauvais » de volonté de censure. Car cette attaque qui frappe aujourd’hui Les petits matins s’inscrit dans un mouvement plus vaste : l’inquiétante multiplication en France des « poursuites-bâillon ». Voir les affaires Bolloré contre France 2, Vinci contre l’association Sherpa, Chimirec contre l’universitaire Laurent Neyret et la revue Environnement et développement durable, etc.

    Cécile Vaissié est enseignante-chercheuse et l’ouvrage Les Réseaux du Kremlin en France est le fruit de plusieurs années de travaux universitaires précurseurs et unanimement salués comme tels.

    C’est la liberté d’expression et de communication, dans l’enseignement et la recherche notamment, qui est mise à mal par de telles actions ; c’est la liberté d’expression et le droit à l’information, protégés par la Constitution et les traités internationaux, qu’il faut défendre aujourd’hui.

    Lors des audiences qui se tiendront les 14 et 15 mars, l’occasion nous sera donnée à nous et à nos conseils, Maîtres Patrick Klugman et Ivan Terel, de réfuter des poursuites que nous estimons abusives, de mettre en lumière la rigueur de notre enquête et de réaffirmer notre volonté d’informer et de publier librement.

    Les Réseaux du Kremlin en France : ce qu’en a dit la presse
    • TV5 Monde
    Un livre passionnant [...] pour découvrir le « soft power » à la russe.

    • France Inter, Nicolas Demorand
    Un livre [qui] se lit comme un roman policier, c’est du pur John le Carré ! [...] Un très gros travail sur l’information et la manipulation de l’information.

    • France Culture, « L’esprit public », Michaela Wiegel
    Pour ceux qui veulent aller plus loin dans la connaissance des réseaux russophiles en France, je recommande le livre [de Cécile Vaissié]. C’est une recherche très fouillée [...] notamment du côté russe.

    • Libération
    Quelques articles de presse ont déjà tenté de mettre en évidence l’existence, en France, d’une nébuleuse pro-Poutine. Mais le livre de Cécile Vaissié va beaucoup plus loin.

    • Philosophie magazine
    [L’ouvrage] démonte, de manière très précise et documentée, les puissants réseaux d’influence du poutinisme dans un pays encore souvent fasciné par les clichés de la Sainte Russie.

    CONTACT :
    Marie-Édith Alouf, lespetitsmatins@wanadoo.fr – 01 46 59 11 73 – 06 08 77 65 53
    http://www.lespetitsmatins.fr

    http://www.lespetitsmatins.fr/collections/les-reseaux-du-kremlin-en-france

    #russie #poutine #liberté #censure

  • Le Drian : « Si le Président Bachar el-Assad est candidat, il sera candidat » - Sputnik France
    https://fr.sputniknews.com/international/201901131039624456-syrie-france-ledrian-reglement

    Presque un cas d’école. Un même discours de Le Drian sur la #syrie, quatre titres...

    "Si le Président Bachar el-Assad est candidat,il sera candidat." Paris ne s’oppose pas à la participation de Bachar el-Assad aux élections en Syrie, peut-on déduire de la déclaration faite lors d’une conférence de presse par le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian. (Sputnik New : )

    Syrie : la guerre contre Daech n’est pas achevée. Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a réaffirmé ce dimanche à Amman que la guerre contre le groupe Etat islamique (EI) n’était pas achevée en Syrie ajoutant que ceux qui pensent que les jihadistes ont été vaincus "se trompent". (Le Figaor : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2019/01/13/97001-20190113FILWWW00153-syrie-la-guerre-contre-daech-n-est-pas-achevee-le)

    La France ne quittera la Syrie qu’après "l’éradication de Daech"
    Contrairement aux États-Unis, la France va poursuivre "inlassablement" son engagement, a averti Jean-Yves Le Drian. (HuffPost : https://www.huffingtonpost.fr/2019/01/13/la-france-ne-quittera-la-syrie-quapres-leradication-de-daech_a_236415)

    C’est mois qui GRAISSE ;-)

    Mais aucun des trois ne reprend la chose la plus importante pour une partie de la presse arabe (Abdelbari Atouane dans Rai al-yom en l’occurrence, qui en fait même le titre de son édito : https://www.raialyoum.com/index.php/%d9%88%d8%b2%d9%8a%d8%b1-%d8%a7%d9%84%d8%ae%d8%a7%d8%b1%d8%ac%d9%8a%d8%a9) ; "Le deal du siècle [le possible accord US/Israël/Saoudiens] n’est plus d’actualité."

  • EXCLUSIF : Le plan secret entre les États du Golfe et Israël pour réhabiliter Assad | Middle East Eye
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/exclusif-le-plan-secret-entre-les-tats-du-golfe-et-isra-l-pour-r-habi

    EXCLUSIF : Le plan secret entre les États du Golfe et Israël pour réhabiliter Assad

    Le chef du Mossad, Yossi Cohen, a rencontré des responsables saoudiens, émiratis et égyptiens le mois dernier pour discuter des moyens de contrer l’influence régionale turque, selon des informations recueillies par MEE

    L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte ont manigancé un plan avec Israël pour accueillir de nouveau le président syrien Bachar al-Assad au sein de la Ligue arabe afin de marginaliser l’influence régionale de la Turquie et de l’Iran, révèle en exclusivité Middle East Eye.

    Cette initiative diplomatique a été approuvée lors d’une réunion secrète, tenue dans une capitale du Golfe le mois dernier, à laquelle ont assisté de hauts responsables des services de renseignement des quatre pays, dont Yossi Cohen, directeur du Mossad, ont indiqué à MEE des sources au fait de cette réunion.

    La réunion a également été organisée en réaction au « refroidissement » notable des relations entre le président américain Donald Trump et Riyad depuis l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul en octobre.

    Trump a publiquement pris le parti du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, que la CIA et des membres du Congrès américain tiennent pour responsable du meurtre de Khashoggi.

    Cependant, selon un responsable au courant de la réunion, il aurait été dit aux responsables des services de renseignement : « Trump a fait ce qu’il pouvait et ne fera rien de plus. »

    Les responsables ont également convenu lors de la réunion qu’ils considéraient la Turquie, et non l’Iran, comme leur principal rival militaire dans la région, et ils ont discuté de plans pour parer l’influence d’Ankara.

    Les Israéliens ont déclaré à cette occasion que l’Iran pouvait être maîtrisé militairement, mais que la Turquie avait des capacités beaucoup plus grandes. Lors de la réunion, Cohen aurait déclaré : « Le pouvoir iranien est fragile. La vraie menace vient de la Turquie. »

    Quatre mesures selon l’article :
    – Négociations avec les talibans
    – « contrôler la carte sunnite » en Irak
    – retour à la Ligue arabe pour Assad
    – soutenir les Kurdes de Syrie contre les tentatives de la Turquie d’expulser les YPG et leur homologue politique, le PYD

    #grand_jeu

  • La France de nouveau hors-jeu face aux autres puissances en Syrie ? - Sputnik France
    https://fr.sputniknews.com/international/201812191039364304-france-hors-jeu-accord-russie-iran-turquie-kurdes

    De plus et pour conclure, notons que la France semble être la dernière grande puissance, du moins officiellement, à refuser que Bachar el-Assad puisse rester à la tête de son pays, comme l’a indiqué en point presse ce mardi 18 décembre la porte-parole du ministère des Affaires étrangères :

    « Comme l’a indiqué à plusieurs reprises Jean-Yves Le Drian, il n’est pas réaliste d’envisager le maintien au pouvoir de Bachar el-Assad dans une Syrie réconciliée. »

    Si pour la Russie et pour l’Iran, en tant qu’allié de Damas, la question el-Assad n’est pas une priorité, elle semble même être mise de côté par les autorités turques et américaines. En effet, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré récemment que son pays pourrait coopérer avec Bachar el-Assad si ce dernier gagne des futures « élections démocratiques et transparentes », tandis que James Jeffrey, le représentant spécial de la diplomatie américaine pour la Syrie, a lui affirmé que les États-Unis ne cherchaient pas à « se débarrasser » d’el-Assad.

    Si les intentions des uns et des autres sont bien évidemment d’une autre nature, la France maintient maintenant seule sa position.

    Des dispositions qui pourraient être un frein important pour la France. En effet, Damas commence à normaliser ses relations diplomatiques. Le Président du Soudan, proche de l’Arabie saoudite, a rencontré tout récemment Bachar el-Assad. Et ce dernier devrait accueillir dans les prochains jours son homologue irakien.

    #syrie pathétique diplomatie française

  • وزير خارجية تركيا يلمح إلى احتمال تعامل بلاده مع الرئيس الأسد إذا فاز في انتخابات ديمقراطية ويؤكد : هناك أفراد كان لديهم قرار مسبق بالأمر بمقتل خاشقجي واستعانوا بخبير تحقيقات جنائية لتقطيع جثته والتسجيلات الصوتية تظهر أنه كان يستمتع بتقطيعها وترامب أبلغنا بأنهم يعملون على تسليم غولن - رأي اليوم
    https://www.raialyoum.com/index.php/%d9%88%d8%b2%d9%8a%d8%b1-%d8%ae%d8%a7%d8%b1%d8%ac%d9%8a%d8%a9-%d8%aa%d8%b

    Visite officielle du président soudanais à Damas le jour où le ministre turc des AE annonce au Qatar que son pays serait prêt à coopérer avec Assad au cas où celui-ci serait « élu démocratiquement » : la #normalisation en #syrie se précise...

  • Paris, hier.
    https://www.mediapart.fr/journal/france/011218/les-gilets-jaunes-debordent-dans-les-rues-de-paris

    « La mobilisation parisienne a tourné en manifestation sauvage, se mêlant parfois au défilé syndical de la CGT, mais elle fut surtout rejointe par des militants de tous horizons, pour finir dans un nuage de lacrymogènes au centre de la capitale.

    Cette fois, c’était promis, les choses se passeraient dans le calme. Ce samedi 1er décembre à Paris, le dispositif policier serait à la hauteur, et la capitale ne connaîtrait pas les scènes d’émeutes qui ont marqué les Champs-Élysées samedi 24 novembre. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, avait évoqué des points d’entrée rigoureusement contrôlés par les policiers, qui devaient fouiller les sacs et ne laisser passer que des manifestants pacifiques, pour garantir sérénité et sécurité aux « gilets jaunes », appelés à manifester sur les Champs-Élysées pour le troisième samedi consécutif, à 14 heures.

    Rien de tout cela ne s’est produit. La situation a dégénéré dès 10 h 30, quand les forces de l’ordre utilisaient déjà à plein gaz lacrymogènes et canons à eau, dans des situations guère éloignées de la guérilla urbaines (lire notre reportage près de la place de l’Étoile). Vers 11 heures du matin, Christophe Castaner en était déjà réduit à donner le chiffre ubuesque de « 200 manifestants pacifiques et 1 500 perturbateurs », alors que les personnes qui s’en prenaient au même instant aux forces de l’ordre ne pouvaient pas, loin de là, êtres rangées dans la classique catégorie des casseurs, qu’ils soient issus des Blacks blocs ou de l’extrême droite (même si certaines de ses figures étaient présentes).

    À 18 heures, le gouvernement annonçait 75 000 manifestants dans toute la France, mais aucun dispositif cohérent n’aura été en mesure de compter le nombre de « gilets jaunes » ou de syndicalistes parcourant Paris. Au fil des heures, des milliers de manifestants se sont retrouvés en de nombreux points de la capitale, un peu partout dans une bonne moitié de la rive droite. La préfecture de police de Paris dénombrait en fin de journée une centaine de blessés, dont 14 parmi les forces de l’ordre, un fusil d’assaut volé dans une voiture de police et 263 interpellations.

    En conséquence des sérieux affrontements qui ont opposé manifestants et forces de l’ordre du début de la matinée à la fin de l’après-midi sur les Champs-Élysées, des centaines et des centaines de « gilets jaunes » ont été refoulés lorsqu’ils ont voulu rejoindre le point de rendez-vous prévu. L’après-midi qui a suivi a donné lieu à de très inhabituelles séances de déambulations collectives dans les rues de Paris, traversées de brusques accès de tension, de scènes de panique, de débordements divers, mais aussi de quelques rencontres improvisées avec les manifestants plus aguerris qui avaient prévu de mener leurs cortèges dans l’après-midi, soit avec, soit à côté des « gilets jaunes ».

    À 13 heures, devant le parvis de la gare Saint-Lazare, un soutien est déjà en train de taguer « Justice pour Adama » sur des bâches de plastique jaunes. Autour de lui, des membres du désormais célèbre collectif contre les violences policières, des syndicalistes, des « gilets jaunes » de la région parisienne ou des militants de la première heure du mouvement social, qui se sont donné rendez-vous là en début de semaine, mais sont déjà un peu perdus.

    « Les “Nuit debout”, ils sont où ? interroge une vieille dame. C’était dur de choisir où aller ce matin… » « De toute façon, c’est le bordel partout, lui répond son compagnon. Sur les Champs-Élysées, ils sont au régime “canons à eaux” depuis trois heures… » Janos, un Franco-Hongrois, peste contre la scission du mouvement anti-raciste entre Nation (où défile le mouvement Rosa Parks) et Saint-Lazare. Julien peste lui contre la scission du mouvement social entre la CGT à Bastille et les « gilets jaunes » partout ailleurs. « Il y a une fenêtre qui s’ouvre là, faut y aller ! »

    Comme cela a été régulièrement constaté ces trois semaines dans cette mobilisation, des primo-manifestantes sont également présentes, hôtesses d’accueil, aides-soignantes, profs… « Je peux pas faire grève. J’élève seule mes trois enfants. Mon travail, c’est tout ce qu’il me reste, explique Rahma. Venir le samedi, c’est la seule manière pour moi de montrer ma colère. » Les banderoles des unes et des autres se déploient, celles des étudiants de Tolbiac, celle rose potache du CLAQ (Comité de libération et d’autonomie queer) et bien sûr celle du comité Adama. Le plan jusque-là est toujours de se diriger le plus possible vers les Champs-Élysées, pour rejoindre le gros des « gilets jaunes ».

    De fait, rien ne se passera comme prévu. Car ce sont les « gilets jaunes » qui viennent chercher Saint-Lazare. Des centaines d’entre eux déboulent du boulevard Haussman au son de « Macron démission ». L’objectif, saisi à la volée, semble être le Louvre, mais le cortège se forme et se reforme, au fil des rues commerçantes du centre de Paris. « On va se faire un petit “Black Friday” » lance en criant un participant, pour rire, en passant tout près des grands magasins tout illuminés.

    « On s’est fait gazer ce matin, et depuis, on suit le mouvement, expliquent des amis « gilets jaunes » venus de Dordogne. Aucun ne connaît Paris et ils marchent presque en touristes. « Il paraît même qu’on peut visiter », dit l’un d’entre eux, en arrivant devant l’Opéra. L’avenue est noire de monde jusqu’au Louvre. Il est 14 heures et la mobilisation des « gilets jaunes » à Paris s’est déjà transformée en une grande manifestation sauvage dans les rues de la capitale. « Les flics doivent être débordés, on en voit pas un seul… Personne ne nous arrête ! » s’étonne un cheminot de la CGT. Les clients du très chic Café de la paix sont sidérés, alors que les voitures s’arrêtent, pour laisser passer la foule.

    Des rues s’échappent des « grève générale ! », des « anti, anti-capitalistes ! » et autres « tous ensemble ! », slogans connus des cortèges de tête syndicaux de ces dernières années. Sauf que les « gilets jaunes » sont partout et font la masse. Comme cet ingénieur automobile, « très, très en colère », de la région parisienne, qui défile seul, ayant perdu ses compagnons en route. « Le diesel, ça fait 20 ans que l’on sait que c’est dangereux. Qui nous a poussés à en bouffer à toutes les sauces ? On crache du CO2, mais on coupe les arbres à tour de bras, de qui se moque-t-on ? Moi je veux aller à l’Élysée, pour lui dire, droit dans les yeux, à Macron, que ce n’est plus possible de continuer comme ça. »

    Sauf que la déambulation dans les rues de Paris se complique, une partie des forces de l’ordre désertant manifestement les Champs-Élysées pour tenter de remettre de l’ordre dans le centre de Paris. Car les manifestants marchent au milieu des cars de touristes, des passants des paquets plein les mains, des familles, qui regardent (et filment) le cortège, certains derrière les grilles du marché de Noël, installé dans le jardin des Tuileries.

    Les « gilets jaunes », souvent non familiers de la capitale, virent des bords, ne sachant guère ou aller, et la plupart des accès pour sortir du quartier sont désormais bloqués par les gendarmes mobiles. « Faut pas partir à Bastille, il n’y a personne là-bas ! » crie un jeune homme, très équipé, avec masque à gaz, sweat-shirt noir et gilet jaune. Il essaie de dévier le flux vers la cour du Louvre, sans grand succès. Une partie des manifestants décide néanmoins de tenter de rejoindre l’autre mouvement du jour, le défilé CGT.

    Le syndicat avait en effet annoncé sa traditionnelle manifestation des précaires et des privés d’emploi depuis des semaines, entre la place de la République et celle de la Bastille, et a finalement attiré bien au-delà des militants qui participent classiquement à ce défilé. Dans le métro arrivant place de la République, des dizaines de « gilets jaunes » peuplent les rames qui arrivent régulièrement. Certains sortent à l’air libre, vers un espace libéré des gaz lacrymos, d’autres repartent, direction les Champs-Élysées, tous chantent « Macron, démission ! » Au départ du cortège, on trouve aux côtés des gilets rouges syndicalistes, de très nombreux gilets jaunes, pas seulement frappés du logo CGT.

    « Ici, c’est les pas-contents organisés, on se fera moins casser la gueule ! » rigole Franck, qui a entamé la conversation avec Marité, René et Magali, qui ne se connaissaient pas dix minutes plus tôt, mais qui ont vécu la même séquence d’événements et font les mêmes récits que leurs homologues ayant fui vers les grands boulevards.

    « On est venus ce matin aux Champs-Élysées et, lorsqu’on a voulu approcher des points d’entrée, on a immédiatement été inondés de lacrymogènes, déjà 300 mètres avant les checkpoints », raconte Franck, venu de Seine-et-Marne. La colère à peine contenue, il lâche que « Macron, il laisse gazer son peuple, comme Bachar el-Assad ! »

    Marité, retraitée venue de Rosny-sous-Bois, répète encore et encore : « Je demande pardon d’avoir voté Macron, je me dénonce devant la CGT ! » Elle a travaillé 42 ans, son mari 44, ils touchent à deux 2 900 euros de retraite et ne décolèrent pas. Elle détaille la pancarte qu’elle porte sur le dos : « En 2018, la hausse de la CSG nous a fait perdre 460 euros, et l’abattement de 30 % de la taxe d’habitation nous a rapporté 410 euros, c’est une perte nette de 50 euros ! »

    Longtemps après que les manifestants de la CGT, accompagnés de cortèges de Sud et de la FSU, ont quitté la place, des « gilets jaunes » arrivent à République, y restent quelque temps, puis repartent. Stéphane, Morgane et Marion viennent eux aussi de Seine-et-Marne. « On est venus, mais on ne savait pas où se poser. Aujourd’hui, c’est un peu partout dans Paris », glisse Stéphane. « On voulait être présents, mais sans être assimilés aux casseurs des Champs-Élysées », indique Morgane.

    En quelques minutes de conversation, les trois amis dénoncent les travaux pour la piscine au fort de Brégançon, la rénovation de la salle des fêtes de l’Élysée, la taxe carbone, « qui ne sert presque pas à la transition écologique », « les efforts qu’on demande toujours aux mêmes, aux petits », et dénoncent même les allocations obsèques offertes aux députés, « alors que toi, tu dois prendre un crédit pour payer le cercueil de ta grand-mère ». Les dents serrées, Morgane lance une phrase dont on entend des déclinaisons depuis le début du mouvement, un peu partout en France : « Marie-Antoinette s’est gavée elle aussi juste avant la Révolution. Et on lui a coupé la tête. »

    Dans le cortège de la manifestation CGT, on retrouve les marqueurs habituels de ce type de défilé. La sono envoie du Bernard Lavilliers, les slogans dénoncent la réforme de l’ISF et appellent à « éradiquer la pauvreté, [car] il n’y a pas de fatalité ! » Mais le speaker au micro du petit carré de la CGT Seine-et Marne répète aussi, dans un français fautif mais terriblement explicite, « Convergeons la colère ! »

    Pour converger, au milieu des militants syndicaux, Laurent, salarié d’Air France, a décidé de poser un jour de grève. « Je suis pour que les luttes se mettent ensemble et pour une fois, on voit que pas mal de gens, de colères, s’agrègent, s’enthousiasme-t-il. Alors, je me suis dit que suivre la CGT était pas mal, elle qui connaît bien la lutte sociale. »

    À ses côtés, une jeune femme décidée et tout de noir vêtu ne veut pas donner son prénom mais se revendique « anonyme parmi les anonymes » : « Je suis salariée d’un grand groupe français, je rejoins le mouvement de ceux qui en ont marre de tout, je veux qu’on me respecte, qu’on m’écoute. Avec le même salaire, il y a dix ans, je vivais beaucoup mieux, aujourd’hui, je m’en sors tout juste. »

    Au hasard des rues, entre République et Nation, des « gilets jaunes » auront aussi pu croiser le cortège du collectif Rosa Parks, qui avait choisi de longue date ce samedi pour manifester contre « le racisme et le néolibéralisme ». Fort de seulement quelques dizaines de personnes à Nation à 14 heures, le défilé a atteint un millier de participants une heure plus tard en arrivant place Léon Blum, devant la mairie du XXIe arrondissement. On y trouve quelques figures connues, l’organisateur Omar Slaouti, la militante antiraciste Sihame Assbague, la figure des Indigènes de la République Houria Bouteldja, l’historienne Ludivine Bantigny.

    Les slogans, explicites, dessinent les combats de ces hérauts de l’antiracisme opposés à « l’universalisme » défendu par de nombreux intellectuels français : « La loi contre le voile, contre la burqa, on n’en veut pas ! Les “Je suis Charlie”, on n’en veut pas ! Les Badinter, les Fourest, les Finkielkraut, on n’en veut pas ! L’islamophobie, ça suffit ! »

    Une belle place est faite à l’association Droit au logement, aux adversaires de la Françafrique, à la coordination des sans-papiers, dont les slogans sont acclamés. Éric Beynel, le co-porte parole du syndicat Solidaires, est dans les rangs pour démarrer son après-midi, avant de se rendre ailleurs dans les rues de Paris. « On sent une vraie révolte, constate-t-il. Et l’absence de réponses concrètes du gouvernement et du président ne peut qu’entretenir cette révolte. »

    Retour vers Concorde, où des médias télé se font huer. « Usurpateurs », crient les manifestants, furieux d’être assimilés, selon eux, à des casseurs, alors que les premiers chiffres circulent sur la mobilisation du jour à Paris. « On voulait aller calmement manifester. Je suis venu en train, j’avais ma carte d’identité dans la poche. On s’est pris tellement de lacrymos qu’on a détalé comme des lapins », raconte un « gilet jaune » d’une cinquantaine d’années. Il sort une cartouche en caoutchouc de sa poche : « Voilà ce qu’on s’est pris, des tirs de Flash-Ball ! C’est qui les casseurs ? » Deux femmes, qui cherchent encore dans quel sens aller, opinent du chef.

    Et alors que le ciel au-dessus de la grande roue se noircit de la fumée des voitures incendiées, au point de friction entre les plus remontés et les forces de l’ordre, et que l’air sature à force de gaz lacrymogènes, certains poursuivent leurs discussions, imperturbables : « Si on lance un processus de destitution, ça peut faire avoir un effet », assure l’un, quand une autre se lamente : « Notre problème, c’est que nous ne sommes manifestement pas d’accord sur tout. Je ne vous connais pas mais j’imagine qu’on n’a pas voté pareil… Mais ce qui nous rassemble, c’est quand même que tous ici on trouve anormal de ne pas pouvoir vivre correctement avec un Smic, non ? » Un homme et sa belle-sœur, venus de l’Oise par le train de l’après-midi, laissent filtrer leur amertume et leurs idées politiques : « Il n’y a pas beaucoup de migrants avec nous ici, pourtant, avec tout l’argent qu’ils touchent ! »

    La réponse des forces de l’ordre finit par porter ses fruits et les « gilets jaunes » côté Concorde se dispersent à nouveau dans les rues adjacentes, vers 17 heures. Les gens courent dans tous les sens. Une passante demande, innocemment, rue Caumartin, qu’on lui indique où se trouve l’hôtel du Ritz, des paquets dans les mains. « Alors là, madame, pour le Ritz, ça va être compliqué… », répond le seul non-« gilet jaune » du trottoir. Sur Haussmann, que l’on avait quitté deux heures plus tôt, la situation s’est considérablement tendue. Des camions de CRS barrent le boulevard et les consignes sont donnés par mégaphone : « Dispersez-vous. Les personnes repérées en train de jeter des projectiles s’exposent à des tirs de gaz lacrymogènes. »

    Vers 16 h 30, alors que le crépuscule arrive déjà, l’ambiance devient à contrario étrangement calme place de la Bastille. Les bataillons syndicaux du cortège CGT ont disparu depuis une bonne heure. Mais des grappes de « gilets jaunes », une petite centaine peut-être, sont répartis sur toute la place, avec un attroupement prononcé au milieu du rond-point, sous la colonne de Juillet. Pas un policier en vue pendant de longues minutes, alors qu’au croisement avec le boulevard Henri IV, certains manifestants ont profité d’une rue en travaux pour monter une barricade très étendue.

    Soudainement, plusieurs cars de police arrivent et la tension monte d’un cran. À peine débarqués et sans ménagement, les policiers chassent les « gilets jaunes » de leur position sous la colonne, dans un grand nuage de lacrymos. Ils se tournent ensuite vers ceux qui tiennent la barricade. L’incompréhension est totale de la part des manifestants qui observent la scène : « Nous, on est pacifiques, et ils viennent pour nous dégager… Comme ça, ça fait des images pour BFM, voilà », glisse l’un d’eux, avant de tourner les talons, à la recherche d’un autre lieu de rassemblement.

    Et la journée n’est pas finie : plusieurs magasins, dont les Galeries Lafayette et le Printemps, ont été évacués en fin d’après-midi. Selon Le Monde, des personnes s’en sont pris en début de soirée au palais Brongniart, qui accueillait autrefois la Bourse de Paris, dans le IIe arrondissement parisien. Selon les constatations de journalistes sur place, des vitrines sont brisées et des boutiques pillées rue de Rivoli. En début de soirée, les policiers semblaient reprendre le contrôle de la place de l’Étoile, où des centaines de manifestants étaient encore présents. Les barricades montées au nord de la place de la Concorde étaient en cours de démontage. La maire de Paris a fait part de sa « profonde indignation » face aux violences dans la capitale.

    Repoussée et bloquée sur toutes les avenues menant à l’Étoile, la foule des manifestants est redescendue vers Saint-Lazare par le boulevard Haussman, où les barricades ont été nombreuses. Aux abords de la gare, les forces de l’ordre ont chargé à cheval. « Ce sont des chevaux qui n’ont peur de rien, ils sont éduqués pour », témoigne une « gilet jaune » venue avec sa fille d’une vingtaine d’années. « Les femmes descendent dans la rue, et même toutes seules, ça devrait interpeller les gens non ? Un peuple heureux ne se soulève pas. » Vers 18 h 30, des groupes de deux à trois cents personnes continuaient de renverser des voitures et d’ériger des barricades à proximité des Champs-Élysées, poursuivis par la police.

    Sous terre, c’est à peine mieux. Les agents de la RATP égrènent la longue liste des stations de métro fermées au public, sur une large partie de la rive droite. Les gens vont et viennent dans les couloirs, de plus en plus fâchés. Sur la ligne 8, un « gilet jaune » brandit un bout de carton, sur lequel il a écrit « Initiative législative citoyenne », et tente de lancer la discussion avec les passagers. Une femme décline son offre : « Non, merci, mais si vous voulez bien me dire comment rentrer chez moi, je ne suis pas contre. » »

  • La fragmentation du #Genre dans l’Irak post-invasion
    https://www.cetri.be/La-fragmentation-du-genre-dans-l

    Recension de Didier Epsztajn à propos de l’article de Zahra Ali consacré à la « fragmentation du genre dans l’Irak post-invasion », dans la revue Nouvelles questions féministes, consacrée aux Solidarités familiales ?. Loin du campisme (l’ennemi de mon ennemi serait mon ami) ou de l’anti-impérialisme de pacotille (Saddam Hussein ou Bachar el Assad comme figures de l’anti-impérialisme), refusant l’essentialisation des phénomènes religieux ou la culturalisation des pratiques sociales, Zahra Ali prend en (...)

    #Le_Sud_en_mouvement

    / #Le_Sud_en_mouvement, #Irak, Genre, #Minorités_ethniques, #Religion, #Répression, #Terrorisme, #Autoritarisme, #Impérialisme, Entre les lignes entre les (...)

    #Entre_les_lignes_entre_les_mots

  • De la difficulté d’être “la pute de l’Arabie...”
    http://www.dedefensa.org/article/de-la-difficulte-detre-la-pute-de-larabie

    De la difficulté d’être “la pute de l’Arabie...”

    Effectivement si l’on veut traduire le tweetd’hier à l’adresse du président, de la part de la députée d’Hawaii à la Chambre des Représentants du Congrès, notre chère et fameuse Tulsi Gabbard, on est bien obligé de parler à propos de ce président de “pute de l’Arabie Saoudite” : « Hey @realdonaldtrump : being Saudi Arabia’s bitch is not “America First.” »

    RT-USA en faisait même un de ses gros titres dans la matinée, ce matin, rapportant que ce tweet de Gabbard avait suscité bien des réactions à Washington. Il y a bien entendu l’habituelle cohorte des zombies-Système qui en sont restées à la narrativefaçon Fabius-2012 sur Assad et al-Nosra (qui fait “du bon boulot”), et qui reprochent à Gabbard, qui a visité la Syrie et en a rapporté quelques vérités-de-situation assez mal (...)

  • Une histoire à cœur ouvert - Vacarme

    https://vacarme.org/article3187.html

    Un jardin, puis chacun derrière un écran, et enfin à l’aéroport : trois lieux pour trois moments de rencontre. Il ne pouvait sans doute en être autrement pour discuter avec une historienne qui a fait des circulations des idées et donc des hommes et des femmes, ses sujets depuis près de vingt ans. Jérusalem, Damas, Beyrouth, Tunis, Le Caire ne sont plus ici des points, mais des lignes auxquelles on s’accroche et qui s’entrelacent, là et là-bas, avant et maintenant, le fil toujours tendu pour que la connaissance ne perde jamais de vue la chair qui la constitue.

    Une histoire à cœur ouvert - Vacarme

    Entretien avec Leyla Dakhli

    "Je peux dire les choses aussi simplement que cela : produire un travail sérieux sur la Syrie, c’est prendre position pour les Syriens qui se sont soulevés contre le régime. Il est tellement facile de dire quand on est savant que tout était déjà là, que cette révolution n’en a jamais été une. L’engagement consiste de manière obstinée à laisser ouvert ce qui l’était, à démontrer sans cesse que cette ouverture était là, et à essayer de comprendre ce qui a fait que cela s’est fermé. Cela ne veut pas dire qu’il faut être béatement optimiste, mais cela relève d’une forme d’espoir : si cela est advenu une fois, cela peut se produire de nouveau. Le surgissement des révolutions reste un objet historique presque miraculeux. Évidemment il n’en est rien, mais cette impression de miracle est intéressante à comprendre et à décrypter. Il faut surtout résister aux discours qui replient tout. C’est vrai que sur la Syrie, la force de la prophétie autoréalisatrice du régime a été puissante. Si on reprend les discours de Bachar el-Assad dès le début du soulèvement, on voit bien comment il a construit une lecture des événements qui a fini par s’imposer grâce à un certain nombre de tonnes d’explosifs et d’alliances diverses et variées. C’est important à garder en mémoire afin de résister à cette logique et à ce rabattement idéologique. Il importe aussi de rendre justice à ceux qui se sont battus, qui sont morts, qui sont partis et pour cela continuer à écrire l’histoire de cet épisode, dont la mémoire et l’histoire ne doivent pas être seulement celle d’un échec. L’échec n’est peut-être pas même la question. Même si c’en est un, il ne faut pas en faire quelque chose d’inutile, une micro-parenthèse dans un Moyen-Orient gouverné par les intérêts et la violence extrême. Il convient de raconter d’autres manières d’habiter ce territoire et d’autres manières de les vivre. Il convient de redonner aux soulèvements leur rationalité, leur raison d’être. Je ne vois pas là d’incompatibilité avec la démarche historienne : il n’y a pas de raison d’aller chercher une autre dénomination, sous prétexte que celle-ci serait militante. Je crois que quand on fait de l’histoire aujourd’hui, la notion d’engagement n’est en rien un repoussoir, elle est un aiguillon pour produire une recherche et un récit qui puisse rompre avec les réductionnismes de toutes sortes, qu’ils soient idéologiques, géopolitiques, économiques. C’est ce que m’ont appris des historiens comme Edward. P. Thompson ou Michelle Perrot. Et cela va bien au-delà de l’histoire : sans le cadre des recherches contemporaines sur des sujets comme la migration, sans les militants, on ne saurait rien ou presque ! Enfin, je n’ai jamais aimé écrire l’histoire en fermant le raisonnement et en le considérant comme clos. Ce temps présent m’a permis de comprendre ce que je cherchais lorsque j’avais travaillé sur la révolution de 1908 dans l’Empire ottoman. On a toujours des périodisations et des catégorisations qui sont des réponses érudites à des ignorances absolues, à savoir tout ce qui se joue dans la fragilité de ces instants. Quand je suis partie de Tunis le 4 janvier 2011, mon père disait « il ne va plus rien se passer, la rentrée universitaire a eu lieu et personne n’a bougé ». Selon lui, c’était fini. Or, cela s’est nourri d’autres choses ; c’est passé par d’autres canaux. Les universités n’étaient plus le bon lieu d’observation. Il fallait regarder sur les smartphones, lire les post. Et ce sont ces images et ces commentaires qui ont gagné les quartiers populaires, puis les universités. Ce type de micro-observations m’a fait penser qu’il fallait refaire de l’histoire en étant très attentive à ces toutes petites dynamiques, à tous les chemins qui ne mènent pas forcément quelque part, mais qui restent inscrits dans l’histoire des mouvements sociaux et des révoltes en particulier. Fondamentalement, tout ceci me remue. Je ne fais pas exprès. Et je suis en permanence en lutte avec l’idée de « devenir une professionnelle » : il me faudrait alors me mettre à écrire froidement, à me tenir en retrait. Je revendique la distance telle que l’historien italien Carlo Ginzburg a pu la définir, une distance qui rend justice, qui aide à trouver des mots pour dire ce qui est juste, au plus juste des choses qui doivent nous faire bouger parce qu’ils produisent ce que Ginzburg appelle estrangement, ici une forme de décalage qui passe par l’écriture de l’histoire, qui introduit toujours une traduction, un déplacement, une interrogation."

    • « Je peux dire les choses aussi simplement que cela : produire un travail sérieux sur la Syrie, c’est prendre position pour les Syriens qui se sont soulevés contre le régime. »
      J’avoue rester sans voix devant cet énième témoignage d’une inexplicable fascination pour la « révolution syrienne »... La suite offre quelques nuances mais tout de même !

  • Le gendre de Trump fait tout pour sauver Ben Salman, par Gilbert Achcar dans Al-Quds Al-Arabi - Actuarabe
    http://actuarabe.com/le-gendre-de-trump-fait-tout-pour-sauver-ben-salman

    L’ensemble des médias internationaux ont mis en avant les échecs de Ben Salman à la suite de ses actions inconsidérées et l’assassinat de Khashoggi n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Mais le Prince héritier n’a pas pris en compte le fait que les actes que peut se permettre un dirigeant autoritaire comme Vladimir Poutine ne peuvent pas être commis aussi facilement par un dirigeant otage des Etats-Unis. Personne ne doute de la responsabilité directe de Poutine dans la tentative d’assassinat de l’ancien espion russe en Grande-Bretagne il y a huit mois, mais cette action n’a pas fait trembler le trône du nouvel empereur de Russie. Ce dernier ne dépend de personne et possède tous les éléments constitutifs du pouvoir. Il a même entre ses mains les éléments constitutifs de la puissance internationale, dont il se sert pour soutenir par exemple la famille Assad en Syrie.

    • Il n’est pas impossible que nous soyons arrivés à l’intant T et que des rumeurs plus qu’insistantes sur la vente du pétrole saoudien à la Chine en yuans soient parvenues aux grandes oreilles de l’empire. Ce n’est encore qu’une hypothèse mais elle permettrait de mieux comprendre l’inhabituel barrage de critiques - méritées, faut-il préciser - que le système impérial assène pour une fois à son cher allié, qui ne l’est peut-être plus tout à fait...

  • Pourquoi la France cache-t-elle le nombre de ses soldats capturés en Syrie ? – Site de la chaîne AlManar-Liban
    http://french.almanar.com.lb/1091488

    Depuis que la France s’est impliquée militairement en Syrie, envoyant sur l’ordre US ses militaires dans le nord-est et l’est de ce pays, et qu’un certain nombre de ses soldats se sont fait arrêter par les forces syriennes, une question revient sans cesse : à quand la fin du tabou des « militaires français » capturés en Syrie ?

    Des sources bien informées avancent le nombre de 300 militaires français détenus par l’armée syrienne et qui pourraient servir de monnaie d’échange au cours de futures négociations.

    Une première information sur la capture de militaires français en Syrie date de la fin de l’année 2012. Et pourtant ni les sources syriennes ni les sources françaises n’ont abordé le sujet explicitement. De plus, Damas n’a jamais diffusé d’images de captifs français emprisonnés sur son territoire.

    En France, un black-out total est maintenu sur le sujet, les médias ne l’évoquant jamais et le plaçant sous l’étiquette « secret défense ». En effet, le pouvoir n’ose pas informer l’opinion publique du « sort des prisonniers de guerre » qui se sont fait arrêter dans le cadre d’une guerre menée à l’insu même des Français !

    Cependant, il aura fallu le travail effectué par des journalistes syriens, qui sont parvenus à retrouver la trace de près de 300 militaires français retenus par le renseignement syrien.

    Pour ce dernier, « ces militaires envoyés combattre l’État syrien » sont classés aux côtés de ces autres « brebis égarées » que les services secrets français ont recrutées, formées puis envoyées en Syrie sous label « takfiriste ».

    Selon des sources syriennes, le sort de ces « prisonniers de guerre » européens aurait même été évoqué au cours d’entretiens Assad/Poutine, Assad ayant confirmé à son homologue que son pays détenait secrètement des centaines d’agents et de militaires britanniques, français, émirats, israéliens, saoudiens et turcs et qu’il était hors de question de les libérer.

    Un premier deal franco-syrien conclu au terme des négociations secrètes menées en 2013 et 2014 entre Damas et Paris aura été marqué par la trahison de Paris. Assad, floué, s’est ravisé.

    Al-Manar n’a pas trop l’habitude de raconter n’importe quoi et ses publications répondent toujours à un agenda politique précis...

    #syrie #france #mercenaires

  • “MbS Must Go !”
    http://www.dedefensa.org/article/mbsmust-go

    “[Assad] MbS Must Go !”

    Il faut parvenir à imaginer comment on serait parvenu à imaginer ceci, disons en 2013 lorsque tout le monde s’époumonerait “Assad Must Go !”, qu’on en viendrait à entendre dans les mêmes cénacles, de la même voix, “MbS Must Go !” (MbS, Mohamed ben Salman, le Jeune Prince brillant et réformiste d’Arabie Saoudite, chanté par tous les organes-Système il y a encore trois mois) ; et il faut imaginer encore plus, qu’on serait parvenu à imaginer cette imprécation de la bouche d’un Lindsay Graham qui faisait la paire avec McCain pour étendre partout l’incendie de la politiqueSystèmedont l’Arabie fut toujours fermement partie prenante et tant acclamée pour cela... Bref, et pour répéter le constat de cette extraordinaire situation, imaginer qu’on aurait pu imaginer qu’en 2018 le susdit Graham en (...)