Et là, le Nouvel Obs te présente : « le salafiste nouveau ». C’est comme l’ancien, mais en mieux.
►http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20111114.OBS4493/nous-pronons-un-salafisme-nouveau.html
- Nous prônons un « salafisme nouveau » tolérant et qui respecterait le droit des nombreuses confessions de Syrie. Il est vrai que j’ai combattu en Afghanistan et en Bosnie et qu’on me présente donc comme un radical. Mais au cours des 6 années que j’ai purgé dans les geôles de Bachar, j’ai changé. J’ai réinterprété certains versets du Coran. Je ne vous considère plus aujourd’hui comme une infidèle. D’ailleurs regardez je ne vous oblige pas à porter le voile, je m’abstiens juste de vous regarder comme me l’a ordonné mon Dieu…
Le salafiste nouveau a plein d’avantages sur l’ancien : il respecte Israël et ses principaux ennemis sont l’Iran et le Hezbollah.
Même Israël que je ne porte pas dans mon cœur n’a pas tué autant de musulmans que Assad en 1982 à Hama. Et puis le régime est associé avec notre principal ennemi : l’ayatollah Khamenei et avec leurs sbires du Hezbollah.
Et tu sais le plus beau ? Tu n’as même pas besoin de traquer l’opposant syrien en exil menacé par les services secrets au Liban pour le rencontrer. Il te suffit de t’adresser au bureau de presse de Saad Hariri (Qoreitem, Beyrouth), qui t’organisera l’entrevue rapidement, en te fournissant la liste des questions pour lesquelles le salafiste nouveau a été entraîné à répondre sans se tromper.
Et tu obtiendras une « interview » dans le Nouvel Obs signée Sara Daniel qui sera, presque mot pour mot, la traduction de cette interview du Christian Science Monitor par Nicholas Blanford :
►http://www.csmonitor.com/World/2011/0929/Q-A-with-Syrian-jihadist-Minorities-have-nothing-to-fear-in-post-Assad-Sy
En réalité, le salafiste nouveau apparaît dans les médias pour appeler à l’intervention étrangère (please, bomb my country). Comme ici :
A Salafi preacher calls for arming the uprising | Syria Revolts
►http://syriarevolts.wordpress.com/2011/10/02/a-salafi-preacher-calls-for-arming-the-uprising
For the first time an identifiable, though not prominent, Salafi preacher (Loay az-Zoabi) has expressed the necessity of arming the uprising. Claiming the leadership of an unknown group calling itself ‘Believers participate’, Loay az-Zoabi states he has always advised activists, until now, not to take up arms for themselves but would advise defecting soldiers to use their arms to defends protesters.
ou plus explicitement dans le CSM :
CSM: But the international community has all but ruled out a Libya-style intervention.
ZOUABI: A lack of an international intervention will cause a lot of bloodshed. There will be massacres in Syria.
Curieusement, à ce moment, Zoabi ne se demande pas si les bombardements humanitaires américains et de l’OTAN destinés à apporter la démocratie en Irak, en Afghanistan et en Libye, ont tué plus, ou moins, de musulmans que Hafez As‘ad et Israël réunis.
Et ça tombe bien, puisque l’autre « reportage » que publie le Nouvel Obs aujourd’hui, c’est la promo de l’« Armée libre » de Syrie.
►http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20111114.OBS4425/syrie-dans-le-maquis-de-l-armee-libre.html
Classiquement :
– c’est bourré d’affirmations à caractère confessionnel reprises sans guillemets par la journaliste :
Très vite, il constate sur le terrain que ses collègues alaouites exécutent les consignes, tandis que les sunnites tirent le plus souvent en l’air.
même si l’article tente de minorer ensuite :
Avant tout, Driss aspire à la liberté de culte : « Avec les Alaouites, lorsqu’on prie dans l’armée, on va en prison. » "Ne t’en prends pas aux Alaouites, mais au régime de Bachar. Ne tombons pas dans le piège d’une guerre confessionnelle", corrige Abou Brahim, d’un ton docte. Mais ces précautions de langage ne dureront pas longtemps.
– et le Hezbollah en cible constante (tiens donc !) :
Depuis que le Hezbollah a pris le contrôle du gouvernement libanais, les deux forces agissent en commun pour arrêter les opposants syriens qui tentent de fuir leur pays.
et donc :
Dans cette région sunnite du Liban, l’ennemi commun, c’est le chiisme sous toutes ses formes, qu’il revête le visage de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, ou celui de Bachar al-Assad. Et au cours du dîner, la conversation dérivera vite sur le dessein caché de l’Iran, le pays du mal qui veut convertir le monde musulman au chiisme.