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  • Historic German Schooner Sinks After Collision with Containership on Elbe River – gCaptain
    https://gcaptain.com/historic-german-schooner-sinks-after-collision-with-containership-on-elbe-


    Photo credit: Freiwillige Feuerwehr Hansestadt Stade

    Seven people were injured Saturday after a 19th-century wooden schooner collided with a containership on the Elbe River in Germany.

    German fire officials reported that there were 43 people aboard the historic 37-meter Elbe No. 5 when it collided with the 150-meter Cyprus-flagged containership Astrosprinter near Hamburg on Saturday afternoon.

    Luckily, fire fighters were attending a nearby incident and were quick to respond, helping rescue all 43 people on board.

    The ship was eventually moved to a nearby estuary where it partially sank.

    Built in 1883, the Elbe No. 5 is Hamburg’s oldest wooden ship still in operation, according to Hamburg Maritime Foundation, which has owned the ship since 2002. The Elbe No. 5 originally operated as a pilot vessel for more than 30 years, but later used as a private yacht, credited with making 13 transatlantic crossings, according to Hamburg Maritime Foundation’s website.

    To make matters worse, the schooner had only recently completed a major renovation, returning to its home port on May 29th.


    Photo credit: Freiwillige Feuerwehr Hansestadt Stade

  • « Je me lève à midi et je m’entraîne 5 à 6h par jour » : comment on se prépare à un mondial de #Fortnite

    https://www.franceinter.fr/culture/je-me-leve-a-midi-et-je-m-entraine-5-a-6h-par-jour-comment-on-se-prepare

    C’est donc quelque chose de nouveau, et je ne sais plus quoi penser pour ne pas ressembler au dernier des connards qui n’aurait rien compris à l’évolution de la société.

    Mais étant confronté directement à une situation où un de mes enfants est à la frontière (externe pour le moment mais bon) de la dépendance à ces jeux vidéos (et je ne vous dis pas les immenses efforts que nous devons déployer pour limiter l’usage de ces jeux avant que ça ne fasse le même effet que l’héroïne), je me pose des questions sur cet événement et sur le choix que font certains de « tout abandonner pour devenir e-jouer » en pensant qu’ils vont pouvoir gagner leur vie de manière durable de cette manière.

    En vrai, je m’inquiète. Je suis aussi perplexe sur l’article lui-même écrit comme si tout était normal et dans l’ordre des choses. Pas un gramme de questionnement critique. Je me demande si ce n’est pas ça qui est encore plus inquiétant.

    C’est un tournoi à 100 millions de dollars de dotation, et vous n’en avez peut-être jamais entendu parler : la coupe du monde de Fortnite, un e-sport pratiqué par 60 millions de personnes, débute ce samedi. Des centaines de joueurs vont s’affronter en réseau ces dix prochaines semaines, et la France a ses chances !

    Pour s’en rendre compte, il suffit de discuter avec les membres de Bastille Legacy, l’un des clubs tricolores, basé à Lille, qui envoie plusieurs joueurs à la compétition. Parmi eux, Sabri, 19 ans, a lâché ses études d’informatique l’an dernier pour devenir e-sportif professionnel. Il s’entraîne toute l’année à Fortnite, et ses exploits sont visibles sur les réseaux sociaux.

    Depuis quelques jours, il s’astreint à une alimentation plus saine et s’interdit les nuits blanches. « Je reste décontracté », confie-t-il, « je ne me lève pas à 8 heures, je me lève plutôt à midi. Je me réveille, je mange tranquillement, et je m’entraîne cinq à six heures par jour - quand je dis que je m’entraîne, c’est bien évidemment que je joue ».

    • On peut être dépendant au sport comme à n’importe quoi, certes, mais ce n’est pas pour autant qu’on parle des mêmes choses.

      Et je continue à penser, par intuition (donc peut-être de manière irrationnelle, mais pas tant à mon avis), par common decency, que ce n’est pas du tout la même chose de passer des heures avec d’autres gens à courir, faire du tennis de table, de l’escalade, ou que sais-je, et passer des heures à fraguer des gens sur un écran avec un casque, sur un logiciel dont les règles sont écrites par une entreprise commercial (donc sans rapport avec des règles de sport écrites collégialement, et après une longue histoire).

      Donc non, je ne crois pas qu’on puisse mettre ça sur le même plan.

  • De simple jeu à prototype de réseau social, comment « Fortnite » entend durer
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/04/06/de-simple-jeu-a-prototype-de-reseau-social-comment-fortnite-entend-durer_544

    Simple jeu vidéo ou véritable réseau social ? « Fortnite » est en tout cas en train de muer en agora. Une transformation qui ne doit rien au hasard, et tout à la stratégie d’Epic Games. C’était le 20 mars, sur la scène de la Game Developers Conférence (GDC) de San Francisco (Californie) : Tim Sweeney, patron d’Epic Games et depuis peu considéré par Bloomberg comme la première fortune de l’industrie du jeu vidéo, faisait le bilan du succès de Fortnite Battle Royale et alignait des chiffres qui donnaient le (...)

    #game #Epic_Games #jeu #données #BigData #bénéfices #profiling #SocialNetwork

  • Jeux vidéo : comment les marques communiquent sur Fortnite et Apex
    https://www.ladn.eu/mondes-creatifs/jeux-video-marques-fortnite-apex-legends

    Dans l’univers du gaming, l’événement a fait sensation. Fortnite, célèbre jeu Battle royale (un genre mêlant jeu de survie et de tir) développé par Epic Games s’est pris, en quelques heures, une déculottée. Le coupable ? Apex Legends, un jeu multijoueurs du même type édité par le concurrent Electronic Arts. Les audiences Twitch, plateforme sociale dédiée au streaming live de jeux vidéo, parlent d’elles-mêmes : avec plus de 25 millions de joueurs actifs en une semaine, Apex Legends engrange, en une seule journée, 8,28 millions d’heures vues, là où Fortnite en avait enregistré - ce qui n’est déjà pas si mal - 6,6 millions.

    Damien Fouï, Directeur de création chez DareWin, agence de publicité spécialisée dans le divertissement, n’en revient pas lui-même : « Si vous m’aviez posé la question il y a une semaine, je vous aurais répondu "non, personne ne détrônera Fortnite" ».

    Non, mais là, j’y crois pas... pour deux stages !!!! à 400 balles !

    Pour appréhender cet univers chaotique et choper la balle au bond, le mieux reste encore de jouer, et les équipes de DareWin sont bien placées pour le savoir. En 2018, l’agence avait lancé une campagne de recrutement sur Fortnite, à la recherche de deux stagiaires créatifs suffisamment fous pour jouer contre leurs futurs employeurs. Maligne, la campagne avait connu un retentissement mondial et des retombées impressionnantes, dont 50 entretiens réalisés pour plus de 600 demandes d’ajouts au compte PlayStation de l’agence, près de 120 articles internationaux (AdAge, BBC...), 190 millions d’impressions sur les réseaux sociaux et deux stagiaires, tout beaux tout neufs, prêts à bosser d’arrache-pied. Bref, un case study de passionnés dont les marques devraient s’inspirer.

    « Fortnite regorge de possibilités créatives, explique Damien. Le seul problème relève d’enjeux légaux et éthiques. Beaucoup de joueurs sont mineurs, il reste donc compliqué de déployer de grosses opérations marketing car la loi ne va pas dans le sens des marques ».

    Pour autant, beaucoup ont réussi à émerger en utilisant certains leviers du jeu, à commencer par la NFL (National Football League) aux États-Unis qui avait développé de nouveaux « skins » (tenues, équipements et divers objets à trouver sur Fortnite) pour le jeu en 2018.

    #Jeux_vidéo #Publicité #Fortnite

  • Qui sont vraiment les « gilets jaunes » ? Les résultats d’une étude sociologique
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/01/26/qui-sont-vraiment-les-gilets-jaunes-les-resultats-d-une-etude-sociologique_5

    Cinq chercheurs de Sciences Po Grenoble ont mené une #enquête par questionnaire en ligne diffusé sur 300 #groupes_Facebook. Parmi leurs principaux constats : le fait que 60 % des personnes interrogées ne se situent pas sur l’échelle gauche-droite.

    Tribune. Qui sont les « #gilets_jaunes » ? Depuis le lancement du mouvement à l’automne 2018, les commentateurs ont largement souligné son caractère composite. Sur le plan sociologique, les « gilets jaunes » feraient converger les perdants de la mondialisation, sans distinction d’âge, de sexe ou d’origine. Sur le plan politique, ils s’affranchiraient des logiques de mobilisation traditionnelles pour réunir dans une même contestation des élites les citoyens les plus éloignés de la politique, les proches de la gauche et de la droite radicales.

    Si plusieurs sondages ont mesuré le soutien des Français aux « gilets jaunes », peu de données chiffrées sont aujourd’hui disponibles pour apprécier objectivement la diversité du mouvement. Les premières enquêtes sur le terrain ont dessiné un portrait type, mettant notamment en lumière la forte présence des femmes, des revenus modestes et des primo-manifestants (tribune d’un collectif d’universitaires dans Le Monde du 12 décembre 2018).

    Fin novembre 2018, un questionnaire diffusé sur les réseaux sociaux précisait leur profil politique, soulignant le poids des personnes qui refusent de se situer politiquement (tribune du collectif Quantité critique dans L’Humanité du 19 décembre 2018).

    L’enquête quantitative que nous avons lancée le 22 décembre 2018 cible près de 300 groupes Facebook de tous les départements de France (voir encadré méthodologique). Elle offre quatre atouts par rapport aux enquêtes existantes. D’abord, la taille importante de notre échantillon – plus de 1 750 réponses à ce jour, dont 1 455 exploitées – permet d’approfondir la compréhension des ressorts sociologiques du mouvement. Ensuite, pour dépasser l’approche par le revenu ou la profession, nous avons mesuré le degré de précarité des répondants à travers le score « Epices » (Evaluation de la précarité et des inégalités de santé dans les centres d’examens de santé), un indicateur utilisé par les organismes de santé publique.

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    Un échantillon diversifié

    Nous avons tiré parti de la mobilisation des « gilets jaunes » sur les groupes Facebook, où le mouvement est né et où il continue de se structurer. En pratique, un lien vers le questionnaire à remplir en ligne a été distribué sur les principaux groupes Facebook nationaux de « gilets jaunes », mais aussi sur les groupes locaux, afin d’optimiser la couverture géographique. Le questionnaire a été distribué du 22 décembre 2018 au 20 janvier 2019 à environ 300 groupes du réseau social en France métropolitaine.
    L’échantillon analysé ici est celui des « gilets jaunes » présents sur les réseaux sociaux, et qui déclarent participer ou soutenir le mouvement (1 455 réponses exploitées). Cette population étant potentiellement différente de celle mobilisée et active sur le terrain, nous avons distingué deux types de « gilets jaunes ». Les « plus actifs » sont ceux qui déclarent avoir pris part à au moins une manifestation ou blocage (74 %). Les autres répondants (26 %) ont été qualifiés de « moins actifs ». Les deux sous-populations sont très proches sur le plan sociologique, avec une légère surreprésentation des femmes, des plus âgés et des plus précaires chez les moins actifs. Elles se ressemblent aussi beaucoup sur le plan des valeurs politiques et des comportements électoraux, ce qui limite l’intérêt de les distinguer.
    Au final, l’échantillon est bien diversifié géographiquement. Toutes les régions de France métropolitaine sont représentées, avec un effectif d’au minimum 95 répondants. Ainsi, 35 % des « gilets jaunes » interrogés vivent dans un village de campagne, 7 % dans une ferme ou une maison à la campagne, 38 % dans une ville ou une petite ville et 20 % dans une grande ville ou en banlieue. Les femmes (56 %) sont plus nombreuses que les hommes (44 %) : un phénomène plutôt rare dans les grands mouvements sociaux, mais conforme à ce qu’ont mis en évidence les précédentes études et auquel fait écho la visibilité grandissante des femmes dans les manifestations. L’échantillon est aussi diversifié en termes d’âge (avec une dominante de 38 % des 35-49 ans et de 29 % des 50-64 ans), de situation familiale (45 % de couples avec enfant[s], 25 % de célibataires, 18 % de couples sans enfant et 12 % de familles monoparentales). S’agissant du niveau de diplôme, les bac + 2 et plus, les personnes niveau bac et celles au niveau d’études inférieur au bac se répartissent en trois tiers.
    Troisième atout, nous avons intégré des questions qui existent déjà dans les enquêtes d’opinion pour analyser en quoi les interrogés diffèrent de la population française dans leur rapport au politique et dans leurs valeurs. Enfin, grâce à des questions ouvertes dont les répondants se sont largement saisis pour s’exprimer, nous avons identifié les grandes classes de discours utilisées et par quels profils ces discours sont portés (voir encadré sur l’analyse lexicale). Nous complétons ainsi l’étude lexicale menée fin novembre 2018 par une équipe de chercheurs toulousains.
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    Prendre aux riches pour donner aux pauvres

    En termes d’emploi et de profession, les interrogés se distinguent très peu de la population française. Ceux qui exercent une activité professionnelle sont nettement majoritaires (67 %, 4 points de moins que la moyenne nationale), les chômeurs étant 13 % (un peu plus que la moyenne) et les retraités 12 % (deux fois moins que la moyenne). Parmi les actifs occupés, à l’exception des cadres, nettement sous-représentés (10 % de l’échantillon, soit 8 points de moins que dans la population active en emploi), et des artisans et commerçants, surreprésentés (deux fois plus nombreux, avec 14 %), les autres catégories sont à l’image des Français : 29 % occupent des professions intermédiaires, 28 % sont employés, 19 % ouvriers et 1 % agriculteurs.
    Plus de 68 % vivent dans un ménage dont le revenu disponible net est inférieur à 2 480 euros – soit le revenu médian en France
    S’il y a un trait distinctif des « gilets jaunes », c’est plutôt leur situation de forte précarité. Plus de 68 % vivent dans un ménage dont le revenu disponible net est inférieur à 2 480 euros – soit le revenu médian en France. Et 17 % vivent dans un ménage avec moins de 1 136 euros – tranche dans laquelle on trouve les 10 % des Français les plus pauvres. Ce constat est étayé par le score Epices, qui offre une lecture plus fine que la pauvreté monétaire ou la profession. Notre échantillon compte ainsi 74 % de personnes précaires, près du double de la moyenne nationale ! La précarité touche plus largement les femmes (78 %) que les hommes (68 %).

    La précarité explique pourquoi les inégalités (26 %), le pouvoir d’achat (25 %) et la pauvreté (14 %) arrivent en tête des quatorze enjeux importants pour la France proposés dans le questionnaire, suivis par les impôts et les taxes (11 %). Elle explique aussi le fort sentiment de colère vis-à-vis des « différences entre les riches et les pauvres », mesuré par une note moyenne de 7,7 sur une échelle de 0 à 10. On ne sera pas davantage surpris par l’adhésion massive à l’idée que « pour établir la justice sociale, il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres » (87 %, environ 20 points de plus que les Français). L’expérience d’une même situation de travailleur précaire, combinée avec un rejet des inégalités et une demande de redistribution très consensuels, tisse la cohésion du mouvement.

    A distance des partis, sans être apolitiques

    Quel est le rapport à la politique des « gilets jaunes » ? Un premier point commun est leur distance avec Emmanuel Macron. Seulement 4 % d’entre eux ont voté pour lui au premier tour de l’élection présidentielle. Mais l’élément le plus frappant est leur rejet des catégories politiques traditionnelles. Ainsi, 60 % des interrogés ne se situent pas sur l’échelle gauche-droite ! Précisément, 8 % se déclarent « ni à gauche ni à droite », et 52 % indiquent qu’ils « ne se retrouvent pas dans ces catégories ». C’est nettement plus que dans les enquêtes sur la population générale.

    « La part de primo-manifestants – 55 % de l’échantillon – invalide l’idée d’une mobilisation qui serait téléguidée par les extrêmes politiques »
    Cette distance par rapport à la vie politique se lit aussi dans la part importante de primo-manifestants : 55 % de l’échantillon. Un chiffre qui monte à 61 % chez ceux qui ne se positionnent pas sur l’échelle gauche-droite. Ces résultats invalident l’idée d’une mobilisation qui serait téléguidée par les extrêmes politiques. Mais les interrogés ne sont pas pour autant apolitiques, comme l’ont parfois conclu certains analystes : 23 % se disent « beaucoup » intéressés par la politique et 33 % « assez » intéressés. Ce chiffre est peut-être surévalué en contexte de mobilisation, mais il est plus élevé que l’ensemble des Français (généralement 10 et 30 % sur des items semblables).
    Parmi ceux qui se situent sur l’échelle gauche-droite, la gauche domine : 23 % se disent très à gauche, 42 % à gauche, 7 % au centre, 14 % à droite et 14 % très à droite. Ces « gilets jaunes »-là sont plus en phase avec le jeu électoral : 80 % des « très à gauche » indiquent avoir voté Jean-Luc Mélenchon en 2017, tandis que 90 % des « très à droite » disent avoir voté Marine Le Pen. Surtout, ils sont plus intéressés par la politique, notamment ceux qui se situent très à gauche. Les proches de la gauche et de la gauche radicale ont encore davantage participé à d’autres mouvements sociaux et sont (ou ont été) plus souvent syndiqués. Il est possible qu’ils jouent un rôle-clé dans l’acculturation politique du mouvement auquel on assiste au fil des semaines.

    Primauté à la souveraineté populaire

    Notre enquête comprend plusieurs questions sur la préférence pour la souveraineté populaire et l’antiélitisme, deux attitudes souvent associées au populisme. Elles sont très prononcées parmi les « gilets jaunes ». Typiquement, 93 % sont d’accord avec l’opinion selon laquelle « le peuple, et pas les responsables politiques, devrait prendre les décisions les plus importantes ». C’est seulement le cas de 50 à 60 % des Français dans les enquêtes récentes. Il en va de même pour le rejet des élites politiques : 95 % sont d’accord avec l’opinion selon laquelle « les responsables politiques parlent beaucoup et agissent trop peu ». Ces positions, à leur niveau maximal chez ceux qui ont participé à un grand nombre de manifestations, contredisent l’idée que la défiance politique conduirait forcément à l’apathie. Le fait que les deux attitudes soient par ailleurs majoritaires dans la population française explique probablement le socle de soutien dont bénéficie le mouvement dans l’opinion.

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    Du « pouvoir vivre » à la « crise du politique » : analyse lexicale
    Notre questionnaire inclut deux questions ouvertes sur l’image du mouvement et les raisons du soutien. Environ 80 % des personnes interrogées y ont répondu. La thématique du « pouvoir vivre » est celle qui apparaît le plus fréquemment dans les réponses aux deux questions. Elle se décline dans des revendications très ancrées dans le quotidien (perte de pouvoir d’achat, salaires et retraites insuffisants, ras-le-bol fiscal…), qui disent la volonté des « gilets jaunes « de pouvoir vivre de leur travail et de ne plus simplement survivre.
    Le lexique moral est aussi très présent à travers des thèmes comme le salaire décent, le fait de vivre dignement, l’espoir d’un avenir meilleur pour les enfants. Loin de la lecture initiale d’une révolte poujadiste, les « gilets jaunes » expriment un besoin de retrouver de la dignité et de la solidarité. Ces thèmes semblent aussi émerger des premiers cahiers de doléances et des réunions organisées à l’occasion du grand débat national. Si l’ensemble des « gilets jaunes » utilisent les mots du « pouvoir vivre », cette classe de discours est plus saillante parmi les plus précaires, les moins diplômés, les moins intéressés par la politique et les moins actifs dans le mouvement.
    Ressortant de notre analyse lexicale, la deuxième classe de discours la plus employée a trait au mouvement des « gilets jaunes » et aux différents acteurs impliqués. Elle s’articule autour d’une coupure symbolique entre « un mouvement populaire » contre les injustices sociales, et des élites jugées privilégiées et incompétentes, enfermées dans l’indifférence, voire le mépris. La dénonciation des violences policières et de la non-neutralité prêtée aux médias relève aussi de cette classe de discours, moins clivée sociologiquement et politiquement.
    La thématique de la « crise du politique » structure une troisième classe de discours spécifique. Les « gilets jaunes » mettent l’accent sur les nécessaires transformations d’un système vu comme au service des plus riches. Cette classe de discours, coloriée par des émotions fortes comme la colère et l’espoir, est la plus sophistiquée sur le plan lexical. Elle est davantage le fait des « gilets jaunes » les moins précaires, les plus diplômés, les plus intéressés par la politique, les plus actifs dans le mouvement et qui se situent très à gauche. Les thèmes propres à la gauche (anticapitalisme, exploitation économique, lutte des classes…) et à la droite (affirmation de la souveraineté et de l’identité nationales, dénonciation des immigrés…) radicales sont néanmoins assez en retrait. Ce qui confirme la structuration idéologique non conventionnelle des « gilets jaunes ».
    Une dernière classe de discours a trait à la « soif de justice ». Elle est marquée par l’affirmation des valeurs de la République et le rejet des injustices sociales et fiscales. Si sa tonalité est résolument positive, elle est plutôt utilisée par les plus diplômés et les plus intéressés par la politique.
    Les réponses ont été traitées avec un logiciel d’analyse de données qualitatives, Sphinx IQ2. Le site Web www.enquetegiletsjaunes.fr présente de manière interactive le nuage des mots les plus utilisés par les « gilets jaunes », ainsi que la méthodologie employée pour produire les quatre grandes classes de discours présentées ci-dessus.

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    Le thème du renouveau démocratique et citoyen est très saillant : 97 % des « gilets jaunes » estiment que la démocratie ne fonctionne pas très bien (25 %) ou pas bien du tout (72 %). C’est 37 points de plus que l’ensemble des Français. Lorsqu’on leur demande de choisir qui « devrait décider de ce qui est le meilleur pour le pays », les personnes interrogées font majoritairement confiance à des citoyens tirés au sort (53 %, contre 17 % pour les Français). Peu soutiennent une prise de décision par les députés (13 %) ou par le président de la République (2 %). Le recours aux experts est une solution envisagée par 30 % de l’échantillon, autant que l’ensemble des Français.

    Ceux qui souhaitent le plus tirer au sort des citoyens se trouvent parmi les plus précaires et les moins diplômés. Ils sont aussi les plus actifs dans le mouvement et les plus défiants envers les élites politiques. Ils se déclarent peu ou pas intéressés par la politique, ne se retrouvent pas dans les catégories gauche-droite et ont davantage tendance à s’abstenir. Inversement, les « gilets jaunes » qui soutiennent un régime plus parlementaire constituent une fraction moins défavorisée et plus diplômée. Ils sont plus intéressés par la politique, avec un tropisme de gauche. Enfin, l’option d’un gouvernement des experts est portée par des « gilets jaunes » moins défavorisés mais néanmoins peu intéressés par la politique et moins investis dans le mouvement. Beaucoup ont voté pour un parti de gouvernement en 2017, et présentent un léger tropisme de droite.

    Hostilité à la mondialisation

    Le thème de l’immigration est absent des revendications des « gilets jaunes ». Même si près de six sur dix pensent qu’« il y a trop d’immigration en France », cette opinion est tout aussi répandue dans la population française. Les plus opposés à l’immigration sont ceux qui s’intéressent le moins à la politique et, dans une moindre mesure, les plus précaires. Le rejet de l’immigration est aussi très net parmi les « gilets jaunes » préoccupés par les questions fiscales et le pouvoir d’achat. Ceux qui jugent prioritaires les questions de pauvreté ou d’inégalités y sont beaucoup moins hostiles.

    Les « gilets jaunes » sont très opposés à la mondialisation. Près de 87 % sont d’accord avec l’idée selon laquelle « les conséquences économiques de la mondialisation sont extrêmement négatives pour la France » (contre 63 % des Français). Les « gilets jaunes » partagent aussi un euroscepticisme bien ancré, puisqu’ils sont 83 % à s’opposer à l’idée que « la France doit aller plus loin dans la construction européenne ». Ce refus est d’autant plus fort que l’antiélitisme est élevé. A quelques mois des élections européennes, ce résultat suggère que certains d’entre eux pourraient être attentifs aux listes eurosceptiques et souverainistes, pour peu que les partis qui les portent parviennent à rendre cet enjeu plus saillant.

    Aussi peu écologistes que les Français

    Parce que leur mobilisation est née de la contestation d’une augmentation des taxes sur les carburants, les « gilets jaunes » ne sont pas spontanément apparus comme des défenseurs de la transition écologique. Les préoccupations liées à la dégradation de l’environnement ne sont toutefois pas absentes. Ainsi, 7 % de notre échantillon cite l’environnement et le réchauffement climatique comme le thème le plus important pour la France aujourd’hui. C’est évidemment peu par rapport au poids écrasant des questions économiques, mais lors de la dernière élection présidentielle, 6 % des Français seulement estimaient que l’environnement était l’enjeu le plus important pour la France !

    Les « gilets jaunes » sont néanmoins partagés sur la question de la transition écologique. Au sein de notre échantillon, 31 % se déclarent « prêts à accepter une réduction de leur niveau de vie afin de protéger l’environnement », contre 35 % qui refusent cette idée et 34 % qui ne s’estiment ni prêts ni pas prêts. Là encore, ce sont des proportions similaires à celles mesurées dans l’ensemble de la population française. Le week-end des 26 et 27 janvier, avec l’« acte XI » de la mobilisation des « gilets jaunes » et la quatrième Marche pour le climat, devrait nous en dire plus sur l’éventuelle convergence entre les deux mouvements.

    Tristan Guerra, Frédéric Gonthier, Chloé Alexandre, Florent Gougou et Simon Persico sont chercheurs à Sciences Po Grenoble et au laboratoire Pacte-CNRS. Sources : Insee ; « Baromètre de la confiance politique » du Cevipof, vague 10, 2018 ; « European Values Study », enquête française, 2018 ; « French Electoral Study », 2017 ; « International Social Survey Programme », enquête environnement, 2010.

  • Pourquoi il faut (sérieusement) s’intéresser à Fortnite – Signaux Faibles
    https://signauxfaibles.co/2018/12/26/pourquoi-il-faut-serieusement-sinteresser-a-fortnite

    Pourquoi donc s’intéresser à un jeu vidéo lorsque l’on n’est pas soi-même joueur, ni proche de cet univers qui peut légitimement laisser de marbre ?

    Parce que Fortnite, phénomène de l’année avec plus de 200 millions de joueurs à fin novembre (en hausse de 400% par rapport à janvier), soit plus que le nombre d’habitants qu’un pays comme la Russie, constitue l’un de ces mouvements de fond qui préfigurent demain.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéos #Fortnite #Sony #Google #Amazon #Epic_Games #socialisation #enfants #ado

    • « Fortnite is not really a game about shooting people. It’s a game about escape. »

      lolz : et HBO is not TV.

      La puissance de Fortnite s’est notamment manifestée cette année avec le rapport de force exercé par son éditeur, Epic Games, face à Sony puis Google.

      Sony d’abord : le géant japonais, fabricant de la console PS4, a toujours eu pour habitude d’interdire la possibilité de jouer à un même jeu sur plusieurs plateformes (possibilité appelée cross-plateforme), dont celles de ses concurrents.

      « Depuis des décennies, des entreprises comme Sony, Nintendo et Microsoft fixent les standards de relations business avec les éditeurs de jeux. Puis Fortnite est arrivé ». (Matthew Gault)

      Suite à de nombreuses protestations de joueurs, mécontents de ne pas pouvoir utiliser leurs personnages sur d’autres plateformes, Epic Games a réussi le tour de force de faire plier Sony, qui a changé son fusil d’épaule fin septembre en autorisant le cross-plateforme pour Fortnite. Début septembre encore, le PDG de Sony lui-même affirmait qu’il n’en serait rien. Mais la pression des joueurs, symbolisée par le hashtag #BlameSony, aura eu raison de sa volonté.

      Pour Daniel Joseph, auteur de multiples études sur l’économie des plateformes de jeux, Fortnite établit une nouvelle tendance parmi les concepteurs de jeux vidéo : « c’est un nouveau business model qui émerge. Sony était jusqu’ici la plateforme. Maintenant, c’est la plateforme qui laisse une autre plateforme opérer par-dessus elle, avec sa propre économie interne. Je pense que ça les a surpris, et qu’ils sont maintenant obligés de suivre ces changements ».

      Le coup de maître le plus impressionnant d’Epic Games n’est pourtant pas celui-ci : il est surtout d’avoir réussi à outrepasser Google.

      D’ordinaire, tout éditeur passe par le magasin d’applications de Google (Google Play) pour permettre aux utilisateurs de smartphones sur Android d’accéder à ses applications : en contrepartie d’être listée et de pouvoir être téléchargée sur Google Play, l’application doit s’acquitter d’une commission de 30% sur chaque achat.

      Epic Games a décidé de ne pas faire lister Fortnite sur Google Play et d’inviter les utilisateurs désirant télécharger le jeu à se rendre directement sur son site, contournant ainsi Google et sa commission de 30%, jugée disproportionnée. Ce choix a constitué un pari commercial considérable mais a été permis par la puissance acquise par Fortnite en seulement quelques mois. Ce pari s’est avéré payant.

      Anyway c’est très intéressant parce que ça accrédite la thèse selon laquelle l’avenir du secteur se jouera hors des supports physiques type console. Là aussi les #plate-formes et le #streaming vont accélérer la dématérialisation des #jeux_vidéo.

      Cf. https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/12/16/jeux-video-la-revolution-du-streaming_5398439_3234.html

      Fortnite : une plate-forme qui fait la nique à Sony et aux GAFA, ça me rappelle Netflix faisant la nique à… Sony et autres majors du #divertissement. Même si les GAFA n’ont pas dit leur dernier mot en matière de #SVOD : Amazon Prime Video est bien engagé, Facebook Watch, Youtube Originals, Apple TV vont grandir. (Mais je suis ptet obsédé, quand on travaille sur un sujet on a tendance à le voir partout.)

      En l’occurrence, en tout cas : Fortnite se la joue cross-plate-formes, mais à la fin ça profite à Epic Games, soit un éditeur de jeux vidéo qui veut lancer son propre magasin d’applications, c’est-à-dire… une plate-forme, pour faire la nique à une autre — Steam —, avec pour seule ambition de proposer une meilleure rémunération des auteurs, ce qui est déjà ça me direz-vous.

      Enfin :

      Le visionnage de jeux vidéo en tant que contenus concurrents de programmes TV, vidéos et films connaît une croissance qui ne devrait que s’accélérer. Par le passé, le spectateur regardait la #télévision ; aujourd’hui, les nouvelles générations regardent #Netflix et YouTube ; les générations suivantes se tourneront vers les plateformes comme #Twitch, leader actuel du streaming de compétitions d’#esport.

      Il n’est pas anodin que dans sa dernière lettre aux actionnaires, Netflix ait écrit : « We compete with (and lose to) Fortnite more than HBO. »

      NB. Sur quoi repose la fluidité cross-plate-formes de Fortnite ? #AWS d’Amazon (comme Netflix). Et qui a racheté Twitch en 2014 ? #Amazon.

      Bref, à la fin c’est toujours Jeff Bezos qui gagne.