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  • Ultime surréaliste, intime connaisseuse de Sade, son cinglant essai sur l’art contemporain, qui vient de sortir chez Stock, a été refusé par Gallimard
    Annie Le Brun : grande dame, d’un bloc Marie-Dominique Lelièvre - 5 Septembre 2018 - Le nouveau magazine littéraire
    https://www.nouveau-magazine-litteraire.com/idees/grande-dame-d-un-bloc

    Aussitôt qu’on franchit le seuil, on tangue sur la pente d’un plancher gauchi par le poids du papier. Portant le plafond, des murs de livres grimpent en rangs serrés, et dans toutes les pièces en vue. Mince comme une badine, Annie Le Brun au premier regard intimide, à cause d’une intelligence crépitante, et parce qu’on la sait lectrice de Sade, auteur qui fout les jetons. Puis deux yeux de chat couleur limon vous cueillent, et tout s’arrange. « Annie est une oeuvre d’art, a prévenu l’anthropologue Paul Jorion. J’aime beaucoup la regarder. » Sous les paupières délicatement fardées, un regard pailleté, pénétrant et amusé, des yeux de vigie qui voient tout. Un peu trop, puisque son éditeur, Gallimard, lui a demandé d’aller éditer ailleurs son Ce qui n’a pas de prix, essai majuscule sur l’art contemporain.

    Sentinelle en colère – une saine colère –, Annie Le Brun a écrit un livre violent – une saine violence. Si les manifestes sont souvent enfumés de moralisme et de rhétorique, son essai précis et concret nomme les prédateurs de l’art contemporain, Bernard Arnault, par exemple, le milliardaire qui possède tout, même des actions chez Gallimard, et qui décide de tous nos besoins, primaires (Carrefour), secondaires (LVMH), spirituels (fondations et musées).

    Si Annie Le Brun n’est pas la première à dénoncer cette négation de l’art qu’est l’art contemporain, elle réussit à en définir la nature et à le décrédibiliser définitivement. « Réalisme globaliste », ainsi qualifie-t-elle cette production manipulatrice qui privilégie la sidération (Koons, Hirst, Kapoor) et anesthésie les sensibilités. Tout se tient, dit-elle, tirant le fil secret qui lie le désordre écologique, la mode et l’art contemporain. Nourriture frelatée, camelote griffée et faux luxe des marques, ersatz de rébellion, air irrespirable et rêve asphyxié, elle fait le lien. Dans son essai, l’intraitable Annie Le Brun balance tout. L’endogamie du monde de l’art contemporain, des fondations privées aux Frac en passant par les musées et la critique, tous au service des encaisseurs d’un goût standardisé. « Annie a des fulgurances », dit l’homme d’affaires et collectionneur Alain Kahn-Sriber. Sa plume dévastatrice n’est dupe de rien, d’aucune illusion, d’aucune fausse révolution, d’aucune contrefaçon. Les plus petits détails, elle les note dans de jubilants paragraphes sur le conformisme, l’arrogance et l’exhibitionnisme des fausses rébellions bobo – barbe de trois jours, jean lacéré, tatouages.

    La laideur partout
    « Je suis pas un écrivain qui écrit », dit-elle drôlement. Elle prend la plume par nécessité, sous l’effet d’une colère ou de la passion. Torse d’enfant moulé dans un body en dentelle jaune fluo sur bas opaques, l’insoumise Annie porte une jupe en Pleats Please, ce plissé néo-Fortuny qui libère le mouvement. L’innovation poétique, pas le bling-bling du luxe industriel. « Annie est très sophistiquée », a prévenu Alain Kahn-Sriber. Au doigt elle porte un anneau en argent offert par le plasticien surréaliste Jean Benoît, un phallus qui se mord la queue. « Il y avait cette histoire d’enlaidissement du monde… », dit-elle. Un exemple parlant : le sac Vuitton épandu, dans sa version contrefaite ou pas, sur toute la planète. « Partout, les choses les plus violentes de la marchandisation. » Venise, Rio, Bogotá, Moscou, mais aussi dans les replis secrets du globe. « Une pollution nouvelle qui use nos paysages intérieurs. Une prise en otage qui me terrifie », dit-elle. L’été dernier, elle villégiature chez son frère Alain, archéologue réputé, dans la partie nord de Chypre. Un jour, dans un village reculé, que voit-elle ? Des contrefaçons Vuitton sur le marché et des villageois qui les achètent. La laideur partout. Petit à petit, l’impossibilité de discerner le laid du beau. « Même pas des ersatz, mais une pollution qui avance. » La suffocante dictature des marques, « cette esthétique du marquage, image de la soumission heureuse », a gagné ce village perdu. « Quelque chose avait changé. Je fonctionne beaucoup à l’intuition. Je voyais les choses s’enlaidir, je n’arrivais plus à respirer », dit-elle.

    Libres de leur mouvement, des yuccas poussent devant les fenêtres en arabesques exubérantes, comme son écriture. « Annie Le Brun tend par ses livres à délivrer la vie », a écrit le poète et auteur Mathieu Terence, autre insoumis. « Annie Le Brun, c’est la poésie continuée par d’autres moyens », ajoute-t-il. Pourquoi des poètes en temps de détresse ? demandait Hölderlin. Comme l’abeille, le poète est un pollinisateur. Incisif, il va au coeur des choses. S’il disparaît, le danger menace car ce guetteur envoie des signaux. « J’admire la grande rigueur de sa pensée, dit Étienne-Alain Hubert. Elle est un repère sur l’horizon des grands débats intellectuels. » Le grand spécialiste de Pierre Reverdy (un autre intraitable) admire la pensée sans compromis, le jaillissement perpétuel de la prose, la force de ses images. « La beauté d’aéroport », par exemple, dans son dernier livre. Une formule admirable qui doit beaucoup à Bernard Arnault, puisque LVMH est aussi propriétaire du groupe Duty Free Shoppers (DFS).

    Si « l’homme le plus riche de France » qui veut devenir « l’homme le plus riche du monde » ne lui fait pas peur, c’est que cette grande dame n’a jamais craint d’être pauvre. « Je vivais avec Radovan Ivšic. » Le poète croate, interdit deux fois, par l’occupant nazi puis par le régime socialiste de Tito, n’avait pas peur de grand-chose. « Nous vivions de ce que nous appelions des petits boulots : traducteurs, relecteurs d’imprimerie, rewriter. Il y avait plus de hauts que de bas… Voyez la bibliothèque : des caisses d’oranges que nous ramassions sur les marchés. » Des cageots Pedro Perez, oranges de Séville. « Seule, je ne sais si j’aurais pu vivre ainsi. J’ai peur que non. Mais Radovan était une espèce de sauvage, il avait une sorte de confiance. Pour moi c’était formidable. »

    Intransigeante et souveraine, elle refuse les situations stables, prof par exemple. « Je viens d’une famille moyenne, mon père était commerçant, ma mère professeur. Je ne voulais pas participer de ce monde-là. Une sorte d’impossibilité. » Devant les questions personnelles, elle se dérobe. Va chercher la Vie de Rancé et lit : « Enfant de Bretagne, les landes me plaisent, leur fleur d’indigence est la seule qui ne se soit pas fanée à ma boutonnière. » Annie Le Brun est un mystère qui se soustrait. Sa personnalité est difficile à définir. « Ce qu’elle a dit de sa famille justifie ce qu’elle est », ajoute Alain Kahn-Sriber, énigmatique. « Une famille à 200 % conformiste fait surgir le "non" chez l’enfant curieux. Annie Le Brun, c’est l’intelligence insolente de l’enfant rebelle, qui refuse de prendre pour argent comptant ce que le parent ignorant lui raconte », dit Paul Jorion. Surprenante amitié que celle qui lie la dernière des surréalistes, nourrie de poésie et d’art, avec l’économiste-anthropologue-psychanalyste, ancien élève de Lacan. Deux visionnaires qui s’augmentent l’un l’autre. « Nous déjeunons au Vaudeville, à la Coupole, au Terminus Nord. Nos conversations durent entre quatre et six heures… » Ces deux curieux insatiables ne débattent pas, mais partagent de l’information. « À nous deux, nous élaborons un puzzle qui est une représentation du monde. À chaque rencontre, nous ajoutons deux ou trois pièces. » Des rendez-vous jubilatoires : « Nous rions de ce monde désespérant. »

    Garbo punk
    Un été de 1963, encore étudiante à Rennes, Annie accompagne un ami à Saint-Cirq-Lapopie, où André Breton passe les derniers beaux jours de sa vie. Dans l’ancienne auberge des Mariniers, qu’il occupe, elle ne dit pas un mot, mais il la remarque et l’invite à lui rendre visite à La Promenade de Vénus, le café où se tiennent les réunions du groupe surréaliste. Chercher l’or du temps, c’est sans doute une quête à sa démesure. Dans le groupe, elle rencontre deux forts caractères qui vont beaucoup compter pour elle : Radovan et le peintre Toyen. « Radovan était un être étrange et bariolé, portant des cravates aux teintes extraordinaires. Un être comme on en rencontre peu, un romantisme, un mystère, un accent slave ajoutant au mystère », dit Alain Kahn-Sriber. Autour de Breton, Annie Le Brun se lie aussi avec les plasticiens québécois Mimi Parent et Jean Benoît ; la stèle funéraire brisée de ce dernier est posée sur un radiateur, chez elle. « Une liberté d’être et de raconter ce qui lui arrivait, avec humour. Pour montrer que les idées, c’est pas du papier, Jean Benoît s’était fait marquer au fer rouge du nom de SADE. » Lors de cette cérémonie, intitulée « Exécution du testament du marquis de Sade », Jean Benoît risquait sa peau. Cette saisissante manifestation artistique, qu’on nommerait aujourd’hui une performance, mais sans exhibitionnisme, se déroula dans l’intimité d’un appartement, chez la poète Joyce Mansour.

    Rue Mazagran, chez Annie Le Brun, le salon est habité par des oeuvres surréalistes : boîte de Mimi Parent, huile de Toyen, tableaux naïfs, meubles de Fabio De Sanctis. Tous des amis. « Dans le surréalisme, elle a pris les choses intéressantes », selon Raphaël Sorin, qui fut son éditeur en 1977, année punk. Cette année-là, cette bad bad girl, démolisseuse de faux-semblants, fait elle-même figure de punk à l’émission littéraire d’alors, « Apostrophes » de Bernard Pivot. Sans sommation, elle balance un cocktail Molotov au visage des néoféministes, sur le plateau : Lâchez tout, son pamphlet, édité au Sagittaire. « Contre l’avachissement de la révolte féministe avec Simone de Beauvoir, contre le jésuitisme de Marguerite Duras […], contre le poujadisme de Benoîte Groult, contre les minauderies obscènes d’Hélène Cixous, contre le matraquage idéologique du choeur des vierges en treillis et des bureaucrates du MLF, désertez, lâchez tout : le féminisme c’est fini. » Son oeil à infrarouge s’exaspère devant l’imposture du néoféminisme post-soixante-huitard qui s’approprie un siècle de combat des femmes, devant son corporatisme sexuel consternant. « Dans militantisme, il y a militaire. Je serai toujours du côté des déserteurs », écrit celle qui ne veut représenter qu’elle-même.

    Sombre, sophistiqué, délicat, son visage de Garbo punk reste impassible tandis que se déchaîne la riposte sur le plateau d’« Apostrophes ». « Elle tenait tête, sarcastique. Le retentissement fut extraordinaire », dit Raphaël Sorin. Calme, cette « âme insurgée » (selon Mathieu Terence) défend son propos en allumant des cigarettes à la chaîne. « Ce fut la première et la seule critique d’extrême gauche du féminisme », dit-elle aujourd’hui avec malice. Le lendemain, un bouquet de deux mètres est livré dans ce même appartement, « Ces fleurs étaient de Jean-Jacques Pauvert, dont les publications m’avaient nourrie. J’étais abasourdie. » L’éditeur s’incline devant une femme capable de parler contre la censure.

    Deux désobéissances viennent de se reconnaître. Débute une amitié passionnelle qui va engendrer une aventure littéraire des plus singulières. « L’homme de sa vie (intellectuelle) c’est Jean-Jacques Pauvert. Il avait tout lu, se souvenait de tout ce qu’il avait lu », dit Alain Kahn-Sriber. Elle, elle n’a pas froid aux yeux. Lui, cancre et ex-vendeur chez Gallimard, a entrepris de publier les oeuvres complètes de Sade, alors inédites, dans le garage de ses parents. Traîné en justice pour pornographie, suspendu de ses droits civiques, il a néanmoins achevé son entreprise, après qu’en 1958 la cour d’appel eut décidé que Sade était « un écrivain digne de ce nom ».

    Malade de Sade
    Comme Annie, Pauvert est venu à Sade par la face Apollinaire-les surréalistes. « Lecteur extraordinaire, il n’était pas un intellectuel. Il parlait des choses avec un sens de la poésie, avec humour, sans prétention », dit-elle. De temps à autre un sourire illumine le visage d’Annie Le Brun, comme un éclat de soleil dans une pièce sombre. En 1985, Pauvert lui commande une préface pour les seize volumes de l’édition de Sade. Elle accepte sans réfléchir, puis regrette, mais il est trop tard. Annie a lu Sade à 20 ans sous la tutelle des grands exégètes, Bataille, Blanchot. Cette lecture lui répugne. En 1985, elle décide de relire toute l’oeuvre, sans garde-corps cette fois. De le lire, lui. « Je l’ai approché à ma façon. Je l’ai pris à la lettre. Comme la poésie. » La grande expédition littéraire commence. En moins d’un an, elle a tout relu. Ce voyage, elle l’entreprend par le commencement, en poussant la porte du château de Silling. Corps et âme, elle pénètre dans les eaux noires des Cent Vingt Journées, « ce bloc d’abîme ». « C’était très étrange. Je dormais peu. J’étais… ailleurs. » Son trouble n’est pas seulement littéraire, mais sensuel. La pression érotique lui maintient la tête sous l’eau.

    À l’extérieur du château, Radovan, Pauvert et Alain Le Brun, son frère, forment son équipe d’assistance. « De temps à autre, je leur demandais : Suis-je folle si je pense ça ? Est-ce que je délire ? » Trois décennies plus tard, Annie Le Brun met de l’humour dans ce récit de voyage. « À la fin, j’étais très nue malade. Et cela se voit. Le 28 novembre 1985, alors qu’elle assiste à la première d’une pièce de théâtre de Radovan Ivšic en Croatie, une amie frappée par son aspect lui demande : « Que t’est-il arrivé ? » Son travail est terminé. Le 28 novembre 1785, Sade a achevé la mise au propre des Cent Vingt Journées de Sodome. Deux cents ans plus tard, ALB reprend l’avion pour remettre son manuscrit à Pauvert, qui assiste à un spectacle au Crazy Horse. À minuit, ils se retrouvent Chez Francis, place de l’Alma. Elle lui donne le texte, il retourne au Crazy Horse. À 6 heures du matin, coup de téléphone enthousiaste. Annie Le Brun n’est pas la première à lire Sade, mais, à partir de son aversion à le lire, la première à comprendre comment fonctionne cette machinerie. « Annie Le Brun a du génie. Comme l’extralucide André Breton, elle touche le noyau. Son Sade, ce n’est pas de l’érudition. Elle va très loin dans ce qu’elle restitue des émotions qu’ on éprouve à lire cette oeuvre. Ce qu’elle ose raconter est inouï », dit Raphaël Sorin, pourtant avare en compliments. Ainsi écrit-elle : « J’étais la proie d’un désir qui, d’être apparemment sans objet, me dépouillait même de ma nudité ».

    De l’atelier d’André Breton, Julien Gracq a écrit qu’il était un refuge contre tout le machinal du monde. La maison d’Annie Le Brun, avec ses objets d’art, ses livres, ses colliers de plume, ses plantes fantasques, est un refuge contre la marchandisation du monde. L’intelligence d’Annie Le Brun n’a jamais emprunté les autoroutes, et dans la vie, pareil, pas de métro, pas de bus, elle marche sur ses deux jambes montées sur semelles compensées. C’est une dame qui ne se transporte pas en commun. « Je ne sais pas où je vais mais je sais ce que je méprise », a-t-elle déclaré, cinglante. En la lisant, « on a la magnifique sensation que de l’avenir et du toujours sont encore possibles » (Mathieu Terence). On respire plus large.

    #censure #gallimard #edition #editions #livres #France #littérature #livre #art_contemporain #laideur #capitalisme #Art #Annie_Le_Brun

  • Nous rendons le Journal d’Anne Frank au domaine public ! Serez-vous des nôtres ? | : : S.I.Lex : :
    http://scinfolex.com/2015/10/07/nous-rendons-le-journal-danne-frank-au-domaine-public-serez-vous-des-notr

    Il y a eu le cas de Guillaume Apollinaire, sur l’oeuvre duquel l’éditeur Gallimard a conservé les droits pendant plus de 94 ans après sa mort, alors que le poète était disparu sans enfant. Il y a ensuite celui d’Antoine de Saint-Exupéry, entré dans le domaine public partout dans le monde… sauf en France, parce que notre loi « remercie » les auteurs morts pour leur pays en empêchant pendant 30 années supplémentaires que leur oeuvre ne devienne le bien de tous.

    Et désormais, il y aura aussi l’histoire du Journal d’Anne Frank, peut-être plus choquante encore.

  • Je me demande bien pourquoi cette « célèbre librairie » ferme définitivement… une piste : l’article qui te l’annonce a été rédigé par quelqu’un qui a – hum – « laissé tombé »…
    http://www.france24.com/fr/20150615-librairie-paris-la-hune-fermeture-litterature-mythique-culture-ga

    Certains clients estiment que l’éditeur Gallimard a laissé tombé La Hune.

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2015/06/14/97002-20150614FILWWW00228-la-libraire-la-hune-est-definitivement-fermee.php

    Certains clients estiment que Gallimard a laissé tombé La Hune, ce que réfute M. Place.

  • Impossible traduction d’Hemingway : Gallimard, tombeau à auteurs
    http://www.actualitte.com/actualite/monde-edition/les-maisons/impossible-traduction-d-hemingway-gallimard-tombeau-des-auteurs-32142.ht

    Après deux jours passés sur la toile à considérer les réactions d’indignation ou de colère, cette affaire Hemingway a bel et bien démontré les limites d’une société protégeant non pas le droit des auteurs à vivre de leur art, mais la sur-protection des ayants droit. Et pire encore, la vampiraisation de ceux qui signent avec eux.

    Hemingway intraduisible, donc ? Si fait : l’éditeur Gallimard avait expliqué à ActuaLitté, dans l’urgence d’une communication de crise, qu’il disposait de l’exclusivité des droits sur l’oeuvre d’Hemingway. Ce qui impliquait que tout produit dérivé, comme peut l’être une traduction, découlant des oeuvres originales, relevait de son champ de compétence et de droit. Si Publie.net avait considéré possible de pouvoir publier une nouvelle traduction, c’est à partir d’un mauvais calcul sur l’entrée dans le domaine public de l’oeuvre. Certes. Mais nous allons y revenir.

    D’abord, parce qu’il faudrait parvenir à décider d’une chose. La signature des accords entre la succession Hemingway et les éditions Gallimard doit remonter à une époque où les droits numériques ne devaient même pas être une chose envisageable. Or, pour établir un parallèle, l’affaire qui oppose actuellement la maison numérique Open Road Media à HarperCollins, autour de la publication numérique de Julie of the Wolves, a pour le moment donné raison à ORM. 

    Dans cette histoire, l’éditeur HC qui a publié le livre en 1972 estime que les droits numériques relèvent de sa juridiction, et que personne d’autre ne peut commercialiser un livre numérique tiré de ce texte. (voir notre actualitté et l’origine de l’histoire)

  • Une belle et longue interview de Raphaël Meltz, co-créateur du Tigre. Il y est assez acide avec la revue XXI, qui répond par ailleurs dans les commentaires.

    Un égo très créatif » OWNI, News, Augmented
    http://owni.fr/2011/12/09/raphael-meltz-le-tigre

    En ce qui concerne XXI, mon sentiment est ambivalent : bien sûr qu’il y a quelque chose de réjouissant à voir le succès d’une aventure hors-norme, qui donne à lire de grands reportages écrits “à l’ancienne” (entendre : pas formatés comme on l’apprend dans les écoles de journalisme). Mais je suis gêné par pas mal de choses : le côté “empilement” des sujets, un aspect visuel que je trouve peu cohérent, le refus de “réenchanter” la presse (XXI n’est vendu qu’en librairies, affirmant ainsi que la presse en kiosque n’a plus vocation à croire en la qualité ; je pense au contraire qu’il est essentiel d’être présent à la fois en kiosques et en librairies : sinon la presse “différente” restera cantonnée dans ces lieux culturels relativement élitistes que sont, qu’on le veuille ou non, les librairies).

    Par ailleurs, je suis assez amusé de leur façon de se proclamer indépendant (avec le groupe Gallimard et Charles-Henri Flammarion au capital) et sans publicité (en nouant des partenariats, logos à l’appui, avec la Fnac et France Info)… Bien entendu qu’il y a une part de jalousie derrière tout ça : le succès qu’ils ont obtenu, nous ne l’avons jamais eu avec Le Tigre, alors que, honnêtement, notre projet est beaucoup mieux que le leur… Mais ce que ça montre surtout, c’est la différence entre des gens qui conçoivent leur projet également dans sa portée commerciale, et des clowns dans notre genre qui ne s’intéressent qu’à la beauté du geste – ni à sa réussite, ni à sa longévité. Et des lignes qui précèdent le lecteur conclura aisément que je préfère la compagnie d’un clown à celle d’un cadre commercial.

    La réponse de XXI :

    Petites précisions sur XXI pour prolonger ce débat intéressant et égotiste, comme le définit justement le titre.

    Je passe sur les jugements de valeur sur XXI, qui par définition sont respectables et discutables.

    Mais il y a deux erreurs dans le propos de Raphaël Meltz sur la revue.

    –1 “le refus de “réenchanter” la presse” en étant absent des kiosques

    XXI est vendu dans les rayons livres des Relay (10% des ventes totales), et les maisons de la presse dans les villages et petites villes (20% des ventes totales). La distinction kiosque populaire/librairie élite est peu pertinente car une diffusion en kiosque d’une revue cible justement les kiosques dans les quartiers CSP+.

    –2 “Par ailleurs, je suis assez amusé de leur façon de se proclamer indépendant (avec le groupe Gallimard et Charles-Henri Flammarion au capital) et sans publicité (en nouant des partenariats, logos à l’appui, avec la Fnac et France Info)”

    Avec Patrick de Saint-Exupéry, en tant que co-fondateurs nous détenons plus de 70% du capital. L’indépendance, c’est de maîtriser sa ligne éditoriale et toutes les décisions économiques. La holding familial de Gallimard a pris 20% du capital et Charles-Henri Flammarion, qui a vendu le groupe du même nom il y a quelques années, a pris 3% à titre personnel. Ces actionnaires, séparément ou ensemble, ne détiennent aucune minorité de blocage.

    En ce qui concerne le soupçon de double langage, il y a méprise. Depuis 2009, France Info interroge chaque dimanche matin pendant trois minutes l’auteur d’un reportage de XXI, qui raconte aux auditeurs ce qu’il a vu. Et en 2008, la première année d’existence, nous avons organisé 6 débats avec la Fnac autour des thèmes des dossiers de XXI prolongés par de très nombreuses rencontres dans les librairies indépendantes ou par des portes ouvertes dans nos bureaux en septembre. Raphaël Meltz tient-il ces rendez-vous avec les lecteurs pour de la publicité ?

    Depuis le 1er numéro, XXI ne comporte aucune page de pub. Les abonnements se font par les bulletins insérés dans la revue, sans campagne de recrutement ou marketing direct. Le bouche-à-oreille est notre seul moteur.

    Il n’y a pas d’autres lois pour un journal que celle-ci : être lu et aimé. Cela ne se commande pas. C’est mystérieux et précieux. Le Tigre a son alchimie, délicate et non reproductible. XXI aussi. Et personne ne gagne à baver sur autrui.

    Laurent Beccaria

  • Le prix Goncourt corrigé par des pirates - LeMonde.fr
    http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/11/14/le-prix-goncourt-corrige-par-des-pirates_1603364_651865.html

    Mais le groupe ne s’est pas contenté de publier le fichier du prix Goncourt : il a également entrepris de corriger les fautes. D’après les observations du site spécialisé ebouquins.fr, les fautes de conjugaison figurent également dans l’édition papier du roman, tandis que des fautes de typographie seraient l’apanage des versions numériques – ce qui laisse supposer que l’éditeur, Gallimard, aurait pu scanner une version papier du livre pour créer les versions numériques.

    sont cool ces pirates , je veux bien aussi qu’ils corrigent mes fôtes d’ortho à moi ....

    Maison de correction recherche fautes d’orthographe.
    Pierre Dac