company:general dynamics

    • #arf !

      As Popular Mechanics’ Kyle Mizokami reported in 2017, this is not the first time this sort of thing has happened. During flight testing in 1956, a Grumman F-11 Tiger flying from Grumman’s test facility in Riverhead, New York fired a burst from four 20mm cannons toward the Atlantic Ocean. The pilot then entered a steeper dive, kicked in the jet’s afterburners, and went supersonic—when suddenly the windshield blew in and the engine failed. The pilot had caught up with the shells and in the process shot himself down.

      De toutes façons, ils vont bientôt les changer…
      … et les remplacer par les superbes fers à repasser volants.

      Meanwhile, the Dutch Air Force is in the process of replacing the F-16 with the Lockheed F-35A; eight are scheduled to be delivered in 2019. The F-35A carries the four-barrel General Dynamics GAU-22 Equalizer, a 25mm cannon that carries a mere 182 rounds in its magazine—so about two seconds worth of shells. That might make for fewer opportunities for a self-kill.

      #Equalizer

  • Ralph Nader : Les démocrates sont incapables de défendre les Etats-Unis face aux républicains “le plus brutal” de l’histoire The Intercept, Jon Schwarz, 25-06-2017 Traduction Les Crises
    https://www.les-crises.fr/ralph-nader-les-democrates-sont-incapables-de-defendre-les-etats-unis-fac

    LE PARTI DÉMOCRATE est à son niveau le plus bas de mémoire d’homme. Il a perdu la Maison-Blanche et les deux chambres du Congrès. A l’échelle de l’État, il s’agit du niveau le plus bas depuis 1920. Et aujourd’hui en 2017 les Démocrates n’ont gagné aucune des 4 élections spéciales destinées à élire les remplaçants des membres républicains du congrès qui ont rejoint l’administration de Trump.
    Comment en est-on arrivé là ? Personne dans le Parti démocrate ne va poser la question, mais peut être le devrait-on et c’est ce que fait le légendaire défenseur des consommateurs, trois fois candidat aux élections présidentielles, Ralph Nader.

    Nader, âgé maintenant de 83 ans et installé à Washington D.C depuis plus de 50 ans, a été aux premières loges de la lente chute des Démocrates. Après ses révélations explosives sur l’industrie automobile américaine dans son livre « Ces voitures qui tuent », lui et ses organisations ont collaboré avec les Démocrates du Congrès pour passer un kyrielle de lois visant à protéger l’environnement, les consommateurs et les lanceurs d’alerte. Le journaliste William Greider a dit de lui qu’il était l’un des trois plus grands modèles du militantisme démocratique, avec Saul Alinsky et Martin Luther King Jr. D’un autre côté, le « Memo Powell » de 1971, qui pose les bases d’une résurgence des droits des entreprises, le considère comme l’ennemi principal du « système » et l’appelle « l’unique opposant efficace au pouvoir des entreprises américaines ».


    Quoi qu’il en soit, Nader est bien évidemment devenu persona non grata dans le Parti démocrate depuis ses candidatures pour le Parti vert dans les années 2000. George W. Bush a officiellement battu Al Gore en Floride de 537 voix, avec les votes électoraux menant Bush à la Maison-Blanche bien que ce dernier n’ait pas gagné le vote populaire. En réalité, cependant, une étude approfondie, peu remarquée, publiée peu après le 11 Septembre a établi que Gore aurait gagné en Floride si tous les votes contestés avaient été recomptés.
    Les démocrates ont fustigé Nader, qui a obtenu 97 000 votes en Floride, pour avoir permis l’élection de Bush. Puisqu’ il est impossible de refaire l’histoire, il n’y a aucune manière de savoir si Gore aurait gagné sans la candidature de Nader. Certes il aurait pu gagner, mais il est possible aussi que, sans la menace Nader, qui a beaucoup poussé Gore à prendre des positions plus populaires, plus progressistes, le candidat démocrate aurait fait un score encore pire avec une élection où Nader n’aurait pas figuré.

    En tout cas, il est maintenant incontestable que le Parti démocrate a d’importants problèmes qui ne peuvent être imputés à ce qu’a fait Ralph Nader en 2000. Dans une interview récente, Nader, toujours très bien informé et riche d’une expérience de plusieurs dizaines d’années, donne son opinion sur la manière dont les États-Unis en sont arrivés là dans le domaine politique :

    JON SCHWARZ  : Je suis intéressé par l’histoire des Démocrates cédant à la pression, devenant de plus en plus désireux de faire tout ce que la droite veut, lors de ces 40 dernières années. Prenons les récentes histoires à propos de Jared Kushner. Quelle que soit l’ultime réalité ici, je pense qu’il est juste de dire que si un président démocrate avait désigné son gendre à un poste de grand pouvoir à la Maison-Blanche – si Hillary Clinton avait désigné Marc Mezvinsky le mari de Chelsea – et si les péripéties sur sa tentative de mettre en place des liens informels avec la Russie étaient sorties dans le Washington Post et le New York Times, il aurait été mis à la porte avant la fin de la journée.

    RALPH NADER  : Voulez-vous que je vous raconte l’histoire du déclin et de la décadence du Parti Démocrate ? Je vais vous donner les boulets que traîne le Parti Démocrate qui sont des événements marquants.
    Le premier grand événement fut en 1971. Tony Coelho, qui était un membre californien du Congrès, et qui s’occupait de la trésorerie de campagne des Démocrates, a convaincu les Démocrates qu’ils devraient solliciter l’argent des entreprises, et qu’ils pourraient grâce à des levées de fonds obtenir beaucoup d’argent. Pourquoi les laisser aux Républicains et simplement miser sur le socle des syndicats pour le financement, quand vous avez un énorme pot de miel dans le milieu des affaires ?

    Et ils l’ont fait. Et j’ai pu voir la différence presque immédiatement. Premièrement, ils ont perdu l’élection face à Reagan. Et ensuite ils ont commencé à devenir plus faibles au congrès. A ce moment, 1980, quelques-uns de nos plus grands alliés perdirent après la victoire écrasante de Reagan face à Carter, nous avions perdu le sénateur [Gaylord] Nelson, le sénateur [Warren] Magnuson, le sénateur [Frank] Church. Nous avions davantage de difficultés pour obtenir des audiences devant le Congrès à propos des malversations des sociétés par les dirigeants Démocrates [commission du congrès]. Quand les Démocrates regagnèrent la Maison-Blanche [en 1992] vous pouviez voir la différence dans les nominations pour les agences de réglementation, la difficulté pour leur faire améliorer la santé et les réglementations de sécurité.

    Le second boulet est le fait qu’ils ne savaient pas comment traiter avec Reagan. Et les Républicains en prirent note. Cela veut dire paroles douces, sourires… Vous pouvez dire des choses terribles et faire des choses terribles aussi longtemps que vous avez ce genre de présentation.

    [Les Démocrates] continuaient de penser que les conservateurs Républicains étaient ternes, stupides et sans humour. Ils ne s’étaient pas adaptés.

    Ronald Reagan battant le président Jimmy Carter le 4 novembre. Reagan est montré tenant une copie du 4 novembre de The News World, prédisant sa victoire écrasante sur Carter pour l’élection du Président des États-Unis. Ronald Reagan tient une copie du 4 novembre de The News World prédisant sa victoire écrasante sur Carter pour l’élection du président des États-Unis.

    RN  : De plus en plus ils commencèrent à juger leur opposition face aux Républicains à travers la quantité d’argent qu’ils levaient. Vous parliez à [Marcy] Kaptur de Cleveland, elle disait, nous allons au « caucus » démocrate à la Chambre des Représentants, nous y allons pour parler d’argent, nous continuons de parler d’argent, et nous allons sortir avec notre part d’argent…

    La conséquence est que cela a fait sortir les questions économiques de la table, celles-là qui ont permis aux Démocrates de gagner encore et encore dans les années 30 et 40. Les questions sur le travail, les questions sur le salaire minimum, la question de l’assurance maladie, les questions sur les pensions. Et ce fut bien sûr une grande aubaine pour le parti Républicain car le parti Républicain ne pouvait faire face sur la question économique. Ils faisaient face sur la question raciale, sur la question de l’intolérance, et c’est comme cela qu’ils ont commencé à prendre un contrôle sur le solide Sud démocrate après le vote des lois sur les droits civils.

    Lever de l’argent de Wall Street, des compagnies pharmaceutiques, des compagnies d’assurance santé, des sociétés énergétiques, éloignaient les Démocrates de leur principal avantage sur les Républicains, qui est, dans le langage de Roosevelt : « Le Parti Démocrate est le parti des familles de travailleurs, les Républicains sont le parti des riches ». Cela s’est complètement inversé et a laissé les Démocrates extrêmement vulnérables.

    Cela a eu pour conséquence de les faire reculer géographiquement, vers la côte est, la côte ouest et autres.

    Et ils ont créé un autre boulet : ils n’ont pas fait de campagne [présidentielle] dans les 50 États. Si vous ne faites pas campagne dans les 50 États, premièrement vous renforcez le parti adverse dans ces États que vous avez abandonnés, ils peuvent donc prendre ces États pour acquis et se concentrer sur les États qui sont dans la zone grise. C’était le raté numéro un.

    Le raté numéro deux est ce que Ben Barnes, le politicien averti au Texas, m’a dit. Il m’a dit, quand vous ne vous battez pas pour la présidentielle au Texas, cela pourrit tout le parti… jusqu’aux maires et conseils municipaux. Ainsi cela répète cette décadence et perte de pouvoir pour les années futures.

    Quand ils ont abandonné les États rouges, ils ont abandonné cinq États dans la zone de Rocky Mountain et ont commencé déjà avec un handicap de 9 ou 10 sénateurs.

    Vous devez vous souvenir de votre histoire, les deux sénateurs du Montana étaient Démocrates, le Sénateur Church de l’Idaho était un Démocrate, le Sénateur Frank Moss, grand défenseur des consommateurs, un Démocrate de l’Utah. Maintenant il n’y a presque plus personne. Les deux sénateurs du Wyoming sont Républicains, les deux sénateurs du Montana sont Républicains [John Tester,le sénateur principal du Montana, est un Démocrate], les deux sénateurs de l’Utah sont Républicains. Je pense que les Démocrates ont un siège au Colorado. Ensuite vous descendez en Arizona et c’est deux Républicains.

    Ainsi ils n’ont jamais été à l’abri d’un veto de l’opposition même à leur apogée au Sénat. Et bien sûr plus tard lorsqu’ils n’étaient pas à leur apogée cela leur coûté le Sénat encore et encore. Et maintenant ils sont dans un grand trou, avec la débâcle aux sénatoriales de 2016, ils font face à trois fois plus de Démocrates pour une réélection en 2018.
    Le [troisième] boulet est qu’ils ont décidé de faire campagne à la télévision, avec des consultants politiques les influençant et recevant leurs parts de 15-20 pour cent. Quand vous faites campagne à la télévision, avec des slogans, vous ne faites pas campagne sur de la politique.

    Le boulet suivant, les syndicats ont commencé à devenir faibles, faibles en nombre et faibles en leadership. Ils ont commencé à verser beaucoup d’argent aux Démocrates pour la télévision. Et en même temps qu’ils s’affaiblissaient ils perdirent leur capacité de mobilisation populaire au nom des Démocrates.

    Les Démocrates avaient initié le procédé où le message précède la politique. Non – la politique précède le message. Cela signifie qu’ils continuent de dire à quel point les Républicains sont mauvais. Ils ont fait campagne non pas en disant, regardez comme nous sommes bons, nous allons vous apporter l’assistance médicale [à tous], nous allons sévir face aux crimes des sociétés contre les travailleurs et les consommateurs et l’environnement, volant, mentant, vous trompant. Nous allons vous donner un salaire minimum. Nous allons avoir une défense moins importante, une meilleure défense, et investir un peu de cet argent et commencer à reconstruire vos écoles et ponts et systèmes d’eau et d’assainissement, et librairies, et cliniques.

    Au lieu de dire cela, ils ont fait campagne en disant « Pouvez-vous croire à quel point les Républicains sont mauvais ? » Un fois cela dit, ils ont piégé leur aile progressiste, car leur aile progressiste est le seul segment qui peut changer le parti en un formidable opposant. Car ils ont dit à leur aile progressiste : « vous n’avez nulle part où aller, fichez-nous la paix ».

    Et cela nous amène aux boucs émissaires de ces 20 dernières années. « Oh, c’est Nader, oh, c’est les frères Koch, oh, c’est le collège électoral, oh, c’est de la misogynie, oh, ce sont les lamentables rednecks ». Ils ne se sont jamais regardés dans la glace.

    Le bouton de campagne pour Ralph Nader, qui se présentait comme le candidat du Parti Vert au élections présidentielles de 2000.

    RN  : Les Républicains, quand ils perdent, ils se battent sur les idées, aussi terrifiantes soit-elles. Les idées du Tea Party, les idées libertaires, les mornes idées républicaines. Ils se battent. Mais les Démocrates veulent de l’uniformité, ils veulent faire taire les gens. Ainsi ils ont la transition la plus défectueuse de toutes. Ils ont la transition de Nancy Pelosi à Nancy Pelosi, quatre fois perdante face au pire Parti Républicain de l’histoire du Parti Républicain.

    Si vous mettiez aujourd’hui des politiques Républicains d’avant le fantôme de Teddy Roosevelt, Dwight Eisenhower, et « Mr Conservateur » le sénateur Robert Taft, ils se retourneraient dans leurs tombes. C’est la forme radicalement extrémiste, cruelle, vicieuse, Wall Street, militariste du parti républicain. Cela aurait signifié que les Démocrates les auraient écrasés. Ils ne les auraient pas juste battus, ils les auraient écrasés dans le corps législatif dans tout le pays, les gouverneurs, le Président et le congrès.
    Mais non, ce sont toujours les boucs émissaires. Peut-être que Jill Stein, le petit Parti Vert, ont pris la Pennsylvanie et le Michigan au faucon Hillary.

    JS  : Les Démocrates semblent avoir assimilé les vues des Républicains sur tout ce qui concerne l’armée.

    RN  : [Un autre] boulet est qu’ils ne se sont jamais différenciés des Républicains sur la politique militaire étrangère – car ils étaient comme eux. Ils n’ont jamais remis en question le budget de l’armée, ils n’ont jamais remis en question la politique étrangère militarisée, comme le faucon Hillary sur la Libye, qui fit peur aux généraux et fuir [le secrétaire à la défense Robert] Gates qui s’était opposé à ce qu’elle aille à la Maison-Blanche pour [prôner] le renversement du régime, métastasant la violence dans sept ou huit pays africains à ce jour.
    Ainsi ils ont abandonné la politique étrangère et militaire, car ils recevaient de l’argent de Lockheed et Boeing et General Dynamics et Raytheon et d’autres. Même Elizabeth Warren quand elle a eu sa chance commença en discutant du maintien de ces contrats avec Raytheon. Voilà l’aile gauche du parti discutant avec la société Raytheon, qui est le plus grand gâchis de subvention à l’est du Pécos.

    [Un autre] boulet est : personne n’a été viré. Ils enchaînent défaite après défaite, et ne peuvent pas remplacer leurs compères par de nouvelles personnes, vigoureuses, énergiques. Même chose pour les syndicats. Ils [gardent leurs positions] des années 80 peu importe à quel point le syndicat est décalé de la réalité. Vous n’êtes pas viré quelle que soit l’envergure de la perte, à l’inverse du milieu des affaires, où vous vous faites virer.

    Le dernier boulet est qu’ils prennent leurs précautions en harcelant les tierces partis progressistes afin que ces tierces partis ne les dépassent pas. Je suis un expert dans ce domaine. Ils ont essayé de les faire disparaître du vote. Nous avions eu 24 poursuites judiciaires en 12 semaines durant l’été 2004 par le Parti démocrate pour nous faire disparaître du vote dans des dizaines d’États. Même si nous n’avions que 5 pour cent, 6 pour cent de votes, ils subiraient une forte pression pour changer de direction et changer leurs pratiques car il y aurait assez d’électeurs américains pour dire aux Démocrates, « nous avons un autre endroit où aller », un troisième parti viable. Ils les harcèlent, violent les libertés civiles, ils utilisent leurs juges Démocrates désignés pour rendre de mauvais jugements ou les harceler de dépositions. Avant que [les troisièmes partis] soient liquidés, c’est de toute façon la Fête du travail et ils ont une campagne de huit semaines.

    Il y a certaines personnes qui pensent que le Parti démocrate peut être réformé de l’intérieur sans changer le personnel. Je leur dis bonne chance. Que s’est-il passé ces 20 dernières années ? Ils se sont retranchés davantage. Débarrassez-vous de Pelosi, vous avez Steny Hoyer. Débarrassez-vous d’Harry Reid, vous avez [Charles] Schumer. Bonne chance.

    Malheureusement, en résumé, les Démocrates sont incapables de défendre les États-Unis d’Amérique du [Parti Républicain] le plus vicieux, ignorant, soumis aux entreprises, militariste, anti-syndical, contre les intérêts du consommateur, anti-environnement, contre la postérité, de l’histoire.

    Article original : https://theintercept.com/2017/06/25/ralph-nader-the-democrats-are-unable-to-defend-the-u-s-from-the-most-v
    #USA #républicains #démocrates #Ralph_Nader

  • Naomi Klein : Maintenant, répliquons à la politique de la peur Blog de Paul Jorion - 11 Juin 2017
    http://www.pauljorion.com/blog/2017/06/11/naomi-klein-maintenant-repliquons-a-la-politique-de-la-peur

    Paru dans The Guardian le 10 juin 2017. Traduction française : Timiota

    Chocs politiques, chocs de sécurité, chocs climatiques, – si instable que le monde nous apparaisse aujourd’hui, cela pourrait devenir bien pire demain. Mais nous pouvons nous unir pour un futur meilleur.

    Choc, c’est un mot qui n’a cessé de revenir depuis que Donald Trump a été élu en novembre 2016 : pour décrire le suffrage faisant mentir les sondages, pour décrire l’état émotionnel de pleins de gens observant son ascension vers le pouvoir, et pour décrire son approche en mode blitzkrieg de l’art de la politique. « Un choc pour le système », c’est précisément ainsi que sa conseillère Kellyane Conway a constamment décrit la nouvelle ère.

    Depuis deux décennies maintenant, j’ai étudié les chocs de grande échelle subis par les sociétés : comment ils arrivent, comment ils sont exploité par les politiciens et les castes, et comme ils sont même délibérément accentués de façon à tirer profit d’une population désorientée. J’ai aussi longuement parlé de la contrepartie de ce processus : comment les sociétés qui parviennent à une compréhension d’une crise qu’elles partagent sont capables de changer le monde pour le meilleur.

    Observant l’ascension de Donald Trump, j’avais un sentiment étrange. Ce n’est pas seulement qu’il serait en train d’appliquer la politique du choc à la nation la plus puissante et la plus armée sur terre ; c’est davantage que cela. A travers des livres, des films documentaires et des enquêtes journalistiques, j’ai documenté un ensemble de tendances : l’ascension des « supermarques », l’extension du pouvoir des fortunes privées dans le système politique, la mainmise globale du néolibéralisme, mettant souvent à profit le racisme et la peur de l’« autre » comme un outil puissant, les impacts nocifs du commerce sans entrave des multinationales, et l’emprise profonde que le courant climato-sceptique a gagnée sur l’aile droite de l’éventail politique. Et quand je me suis mis à scruter Trump, il a commencé à ressembler au monstre de Frankenstein, fait d’un empiècement de morceaux du corps venant de toutes ces tendances à haut danger et de beaucoup d’autres.

    Il y a 10 ans, je publiais « La stratégie du choc » [The Shock Doctrine : The rise of Disaster Capitalism], une enquête qui couvrait quatre décennies d’histoire, depuis le Chili d’après le coup de Pinochet [le 11 septembre 1973] à la Russie après l’écroulement de l’URSS, depuis Bagdad sous l’attaque US « Shock and Awe » [Choc et Effroi] à la Nouvelle-Orléans après l’Ouragan Katrina. Le vocable de « Stratégie du Choc » décrit la tactique brutale consistant à mettre à profit systématiquement la désorientation du public qui suit un choc collectif — guerre, coup, attaque terroriste, crash des marchés boursiers ou désastre naturel,— pour imposer des mesures pro-grandes-firmes [pro-corporate], souvent appelées « thérapie de choc ».

    Trump et ses conseillers sont en train d’essayer d’exécuter une « stratégie du choc » de leur cru, dont le but est une guerre totale contre le domaine public [the public interest].

    Même si Trump a par certains côtés brisé le moule, ses tactiques du choc suivent bien un scénario, scénario familier aux pays qui ont eu à subir des changements majeurs imposés sous couvert de crise. Pendant la première semaine de Trump président, quand il signait un tsunami de décrets et que la population vacillait encore, essayant comme des fous de ne pas décrocher, je me suis prise à penser à la description qu’avait faite l’avocate des droits de l’homme Halina Bortnowska de l’expérience polonaise lorsque la thérapie de choc économique fut imposée par les USA en plein écroulement du communisme. Elle décrit la vitesse du changement que subissait son pays comme « la différence entre des années de chien et des années d’humains », et elle observait que « vous commencez à observer ces réactions semi-psychotiques ». Vous ne pouvez plus vous attendre à ce que les gens agissent au mieux de leur propres intérêts quand ils sont si désorientés qu’ils ne savent pas – ou n’ont cure de savoir – quels sont au juste ces intérêts.

    Pour ce que nous en voyons jusqu’ici, il est clair que Trump et ses principaux conseillers espèrent le type de réponse que Bortnowska décrivait, qu’ils mettent en œuvre une stratégie du choc à l’échelle nationale. Le but est une guerre sans merci contre la sphère publique, contre l’intérêt du public, qu’il s’incarne dans des règlements anti-pollution ou dans des programmes contre la faim. En lieu et place de quoi s’annoncent une liberté d’agir et un pouvoir débridés pour les grandes firmes [corporations]. C’est un programme à l’injustice si provocante et au caractère si manifestement vicieux qu’il peut seulement être exécuté avec l’assistance de politiques raciales et sexuelles de type « diviser pour régner », en même temps qu’une série-spectacle ininterrompue de distractions médiatiques. Et bien sûr, il s’appuie sur une augmentation massive des dépenses militaires, une escalade spectaculaire de conflits guerriers sur des fronts multiples, de la Syrie à la Corée du Nord, le tout ponctué de digressions présidentielles sur le point auquel « la torture ça marche ».

    Le gouvernement de Trump garni de milliardaires et multimillionnaires nous en dit long sur les buts sous-jacents de l’administration. Exxon Mobil pour le secrétariat d’Etat, General Dynamics et Boeing pour le département de la Défense, et les gars de Goldman Sachs pour à peu près tout ce qui reste. La poignée de politiciens de carrière qui ont été mis aux manettes des grandes agences semblent avoir été sélectionnés ou bien parce qu’ils ne croient pas aux missions centrales de l’agence, ou bien pensent que l’agence qu’ils dirigent ne devrait carrément pas exister. Steve Bannon, le stratège en chef de Trump qu’on dit écarté, était franc à ce sujet quand il s’adressait à un auditoire conservateur en février. Le but, disait-il, est « la déconstruction de l’état administratif » (ce par quoi il entendait les règlements gouvernementaux et les agences en charge de protéger le peuple et de veiller à ses droits). « Si vous regardez ces nominations ministérielles, elles ont été faites pour une bonne raison, et cette raison c’est la déconstruction. »

    On a attaché une énorme importance au conflit entre le nationalisme chrétien de Bannon et le transnationalisme des aides de Trump davantage issus de l’establishment, en particulier son gendre Jared Kushner. Et Bannon pourrait bien être entièrement viré de ce show de télé-réalité un brin gore d’ici pas très longtemps (à moins que ce ne soit, compte tenu des problèmes juridiques en cours, le sort de Kushner). Compte tenu de ces intrigues de palais, il convient de souligner que pour ce qui est de déconstruire l’État et d’externaliser autant que possible les taches à des entreprises à but lucratif, Bannon et Kushner ne sont nullement en conflit, mais en parfait alignement.

    À la faveur de l’atmosphère constante de chaos de cette administration, — une part délibérément générée par Trump, mais le gros lui étant attribué en raison de son incompétence et de sa cupidité — cet agenda partagé est poursuivi avec une détermination méthodique et inflexible. Par exemple, dans les quelques heures qui ont suivi son entrée en fonction, Trump a souhaité une réduction fiscale massive, qui verrait les sociétés ne payer que 15% (contre 35% actuellement), et a promis de diminuer les règlements de 75% . Son plan fiscal inclut un ensemble d’autres abattement et exemptions pour les plus fortunés comme ceux qui peuplent son gouvernement (pour ne pas parler de lui-même). Le plan sur la santé qu’il a appuyé fera perdre à environ un million de gens leur couverture, tout en ouvrant toujours plus d’exemption d’impôt pour les riches.

    Il a nommé Kushner à la tête d’un commando bourré de grands patrons, qui a été chargé de trouver de nouveaux règlements à éliminer, de nouveaux programmes à privatiser, et de nouvelles façons de faire tourner le gouvernement fédéral « comme une grande firme américaine » (suivant l’analyse du groupe de pression Public Citizen, Trump a rencontré au moins 190 grands patrons en moins de trois mois de fonction – avant d’annoncer que le carnet des visiteurs ne serait plus rendu public). Quand on lui a demandé avec insistance ce que l’administration avait accompli en substance dans ses premiers mois, le directeur du Budget Mick Mulvaney cita l’averse de décrets de Trump et souligna ceci : « La plupart d’entre eux sont des lois et règlements pour abroger d’autres lois. Des règlements qui abrogent d’autres règlements. »

    Et c’est bien en effet ce qu’ils sont. Trump et son équipe sont déterminés à mettre en miette les programmes qui protègent les enfants des toxines environnementales, ils ont dit aux compagnies gazières qu’elles n’auraient plus à rendre compte de tous les puissants gaz à effet de serre qu’elles recrachent, et préparent des dizaines et dizaines de mesures du même acabit. C’est, en bref, de la démolition à grande échelle.

    Ce que représente le gouvernement de Trump, c’est un fait simple : les gens qui possèdent d’ores et déjà une part absolument obscène de la fortune de la planète, et dont ladite part croît sans mollir année après année – les dernières statistiques d’Oxfam indiquent que les huit hommes les plus riches valent autant que la moitié la plus pauvre du monde – sont déterminés à mettre la main sur encore davantage. Selon NBC News, en décembre 2016, les ministres pressentis par Trump totalisaient une fortune nette considérable de 14,5 milliards de dollars (sans compter le conseiller spécial Carl Icahn qui pèse 15 milliards de dollars à lui tout seul).

    Une crise de grande échelle fournirait le bon contexte pour déclarer l’état d’urgence, et donc que les règles usuelles ne s’appliquent plus.

    Alors soyons clairs sur ce qui se passe à Washington. Ce n’est pas le passage de relais habituel entre partis. C’est une prise de pouvoir sans fard des grandes firmes, dans la suite logique de plusieurs décennies de la même volonté. Il apparaît que les intérêts économiques qui ont depuis longtemps arrosé les deux grands partis pour qu’ils prennent soin de passer les lois à hauteur de leurs enchères ont décidé qu’ils étaient fatigué de jouer ce jeu-là. Apparemment, tous ces dîners arrosés de bons vins pour les chefs élus, toute cette corruption légalisée et avenante, insultait le sens qu’ils avaient de leur propre droit divin. Et du coup, les voilà se débarrassant des intermédiaires – ces politiciens dans le besoin qui sont supposés protéger l’intérêt du public – et font ce que tous les caïds font quand ils veulent que quelque chose soit bien fait : ils le font eux-mêmes.

    Et c’est pour cela que les questions préoccupantes sur les conflits d’intérêts et les manquements à l’éthique ne reçoivent presque aucune réponse. De la même façon exactement que Trump a opposé une obstruction complète au fait de rendre publiques ses déclarations d’impôt, il a complètement refusé de vendre, ou de cesser de bénéficier, de son empire commercial. Cette décision, compte tenu du degré de dépendance de la Trump Organisation vis-à-vis des gouvernements étrangers dans l’attribution de juteuses licences d’exploitation et de permis, pourrait de fait enfreindre l’interdiction faite par la constitution des USA aux présidents de recevoir tout cadeau ou « émolument » de gouvernements étrangers. Au point qu’une poursuite judiciaire ayant ce grief comme base légale a déjà été lancée.

    Mais les Trump n’ont pas l’air plus concernés que ça. Ce sens quasi inentamable de l’impunité – d’être au-dessus des lois et des règles usuelles – est une marque de fabrique de cette administration. Quiconque représente une menace pour cette impunité est sommairement renvoyé – demandez par exemple au ci-devant directeur du FBI James Comey. Jusqu’ici, dans le monde politique des USA, il y avait la Maison Blanche qui se présentait comme un masque sur l’État dans l’État que sont les grandes firmes. Il y avait le sourire du visage d’acteur de Ronald Reagan, ou l’allure de faux cow-boy de Georges W. Bush (avec le regard torve de Dick Cheney/ Halliburton à l’arrière-plan). Mais maintenant le masque est tombé. Et personne ne se soucie de faire croire le contraire.

    La situation est rendue encore plus sordide du fait que Trump n’a jamais été à la tête d’une firme traditionnelle, mais a plutôt été la figure de proue d’un empire construit autour de sa marque personnelle – une marque qui, ainsi que celle de la marque de sa fille Ivanka, a déjà bénéficié de sa « fusion » avec la présidence fédérale d’une multitude de façons (les cotisations pour devenir membre à Mar-a-Lago ont doublé, les ventes de produits d’Ivanka, nous dit-on, crèvent le plafond). Le business modèle de la famille Trump fait partie d’un plus vaste changement dans la structure de gouvernance de nombre de firmes multinationales, un changement aux vastes conséquences transformationnelles sur la culture et sur le marché du travail, tendances que j’avais documentées dans mon premier livre « No Logo, Taking Aim at Brand Bullies » [No Logo, la tyrannie des marques]. Ce que ce modèle nous dit est que l’idée même qu’il puisse y avoir – ou qu’il doive y avoir une quelconque distinction entre la marque Trump et la présidence Trump est un concept dont l’occupant actuel de la Maison Blanche ne saisit pas le début du commencement. La présidence est l’extension sous forme de couronnement de la marque Trump.

    Le fait que des niveaux aussi provocants de mise à profit d’une charge publique puissent se dérouler en pleine lumière est assez dérangeant. Tout autant que les nombreuses actions de Trump dans ses premiers mois de fonction. Mais l’histoire nous montre que, aussi déstabilisées que soient les choses maintenant, la stratégie du choc veut dire que cela pourrait devenir bien pire.

    Les principaux piliers du projet politique et économique de Trump sont : la déconstruction de l’État régulateur, une attaque en règle de l’État-providence [welfare state] et des services sociaux (rationalisée entre autres, par les manipulations raciales alarmistes à visée belliqueuse, et les attaques sur les femmes ayant voulu exercé leurs droits [T. : allusion à l’avortement ?]) ; le déchaînement d’une frénésie de combustibles fossiles (qui exige de balayer la science du climat et de bâillonner une grande part de la bureaucratie gouvernementale) ; et d’une guerre civilisationnelle contre les immigrants et « le terrorisme islamique radical » (avec des théâtres d’action nationaux et étrangers qui s’étendent sans cesse).

    En sus des menaces immédiates que ce projet dans son entier pose à ceux qui sont déjà les plus vulnérables, c’est une vision qui ne manquera pas d’engendrer vague sur vague de crise et de chocs. Chocs économiques, tels que les explosions de bulles spéculatives – renforcées grâce à la dérèglementation – ; des chocs de sécurité, quand viendra dans le pays le contrecoup des politiques anti-islamiques et des agressions à l’étranger) ; et des chocs industriels, quand les pipelines de pétrole répandront des marées noires et que les puits exploseront [cf. plateforme DeepWater Horizon dans le golfe du Mexique], ainsi qu’ils risquent de le faire quand les règlements de sécurité et de respect de l’environnement qui empêchent le chaos sont victimes de coupes sombres.

    Tout cela est extrêmement dangereux. Et davantage encore le fait que l’on puisse faire confiance à l’administration Trump pour exploiter ces choses et faire avancer les volets les plus radicaux de son agenda.

    Une crise à grande échelle – qu’il s’agisse d’une attaque terroriste ou d’un krach financier – fournirait sans doute le prétexte pour déclarer un quelconque état d’exception ou d’urgence, durant lequel les règles usuelles cessent de s’appliquer. Cela conduirait, à son tour, à fournir une couverture pour faire passer des aspects de la réforme de l’agenda qui nécessitent une suspension encore plus forte du cœur des normes démocratique – tel que son vœu de refuser l’entrée à tout Musulman (pas seulement ceux de pays choisis), sa menace sur Twitter d’amener « les feds » [l’armée] pour faire taire la violence des émeutes dans les rues de Chicago, ou son désir évident de mettre en place des restrictions à l’encontre de la presse. Une crise économique assez profonde offrirait une excuse pour démanteler des programmes comme la Sécurité Sociale [aux EU, les retraites], dont Trump a promis qu’il la protègerait, mais dont beaucoup autour de lui verraient d’un bon œil la disparition depuis des décennies.

    Trump pourrait avoir d’autres raisons de hausser le niveau de la Crise. Comme le romancier argentin César Aira l’écrivait en 2001 : « Tout changement est un changement du sujet dont on parle ». Trump a déjà prouvé qu’il était le champion du changement de sujet à vous en donner le vertige, faisant feu de tout bois, des tweets foldingues jusqu’aux missiles Tomahawk. À vrai dire, son attaque aérienne sur la Syrie, en réponse à une affreuse attaque à l’arme chimique, lui a valu la couverture de presse la plus laudative de sa présidence (en quelques lieux, cela a mené à un glissement (encore en cours) vers un ton plus respectueux). Ou bien que ce soit encore au sujet de révélations sur ses connexions avec la Russie ou des scandales liés à des contrats ou pactes dans son labyrinthique empire international, nous pouvons nous attendre à encore davantage de cette rhétorique du changement de sujet — et rien n’offre la possibilité de changer de sujet autant qu’un choc de grande échelle.

    Ce n’est pas quand quelque chose de majeur et mauvais survient que nous sommes plongés dans un état de choc, il faut encore que ce soit quelque chose de majeur et mauvais qui échappe provisoirement à notre compréhension. Un état de choc, c’est ce qui survient quand un fossé s’ouvre entre les évènements et notre capacité initiale à les expliquer. Quand nous nous trouvons dans cette position, sans un narratif, sans un point d’ancrage, la grande majorité des gens devient vulnérable aux figures d’autorité qui nous disent de nous craindre les uns des autres et nous font nous dessaisir de nos droits au motif d’une cause supérieure.

    C’est aujourd’hui un phénomène global, en aucun cas une particularité restreinte aux États-Unis. Après l’attaque coordonnée des terroristes à Paris en novembre 2015, le gouvernement français a déclaré l’état d’urgence, interdisant les réunions politiques publiques de plus de 5 personnes – et a dans la foulée prolongé ce régime, et avec lui la possibilité de restreindre les manifestations publiques jusqu’en juillet 2017 [NdT : tout récemment prolongé à novembre 2017]. En Grande-Bretagne, après le choc du Brexit, beaucoup ont dit qu’ils se sentaient comme s’ils s’étaient réveillés dans un autre pays qu’ils ne reconnaissaient pas. C’est dans ce contexte que le gouvernement conservateur du Royaume-Uni a commencé à pousser pour un ensemble de réformes régressives, incluant la suggestion que le seul moyen pour la Grande-Bretagne de retrouver sa compétitivité était de tailler dans les règlements et les impôts sur les classes fortunées au point qu’il deviendrait de fait un havre fiscal pour toute l’Europe. Theresa May tenta d’exploiter davantage la peur de l’inconnu pour justifier sa décision d’une élection anticipée, et les électeurs furent instruits que le seul moyen de ne pas être humiliés par l’UE était de la mandater par un quasi plébiscite pour un « leadership fort et stable ».

    Le recours à la peur mit beaucoup d’électeurs mal à l’aise, et de cela il faut tirer des leçons. Car s’il y a bien une chose que j’ai apprise en enquêtant dans des dizaines d’endroits pris dans la tourmente d’une crise, que ce soit à Athènes bouleversée par la débâcle de la dette grecque, à la Nouvelle-Orléans après l’ouragan Katrina, ou encore à Bagdad pendant l’occupation américaine : c’est que, oui, on peut résister à ces pratiques. Pour y parvenir, deux choses essentielles doivent advenir : premièrement, il nous faut une bonne maîtrise des rouages de la stratégie du choc, et savoir quels sont les intérêts qu’elle entend servir. Cette compréhension est ce qui nous permet de sortir du choc rapidement, et de lancer une contre-offensive. Deuxièmement, et c’est un point tout aussi important, il nous faut produire un récit différent de celui que les « docteurs du choc » colportent à l’envi, une vision du monde assez probante pour concurrencer la leur à un même niveau de persuasion. Cette vision basée sur des valeurs doit offrir un chemin différent, à l’écart des séries de chocs – un chemin basé sur la réunion au-delà des divisions raciales, ethniques, religieuses et hommes/femmes, plutôt que d’être renvoyé chacun plus isolé dans son coin, et une vision qui soit aussi basée sur un soin et une guérison de la planète, plutôt que le déchainement d’un cortège de guerres déstabilisantes et de pollutions. Surtout, cette vision se doit d’offrir à ceux qui sont blessés – par le chômage, par le manque de soin de santé, par le manque d paix, par le manque d’espoir, — une vie tangiblement meilleure.

    Je ne revendique pas de savoir exactement à quoi cette vision ressemble. Je me l’imagine comme n’importe qui peut le faire, et je suis convaincue qu’elle ne peut naître que d’un processus authentiquement collaboratif, avec un leadership assuré par ceux qui sont les victimes les plus flagrantes de notre système actuel. Aux États-Unis, dans la foulée de réseaux tels que Black Lives Matter, Fight for $15 (qui exige de relever le salaire minimum) et de National Nurses United, nous commençons à voir de très fructueuses collaborations à la base [grassroots] entre des dizaines d’organisations et de penseurs qui commencent à se réunir pour mettre à jour ce type d’agenda [/manifeste], un programme qui soit capable de faire pièce au militarisme, au nationalisme et au corporatisme qui se dressent devant nous. Bien qu’à un stade précoce, cela donne à voir les éléments d’une majorité progressive, une majorité qui soit fondée sur un plan audacieux pour un monde
    assaini et porteur d’attention [aux plus faibles] que nous voulons et dont nous avons besoin.

    Tout ce travail est basé sur l’expérience que dire non à de mauvaises idées est encore loin du compte. Si nous acceptons l’hypothèse que, désormais, les batailles sont toutes sur le mode défensif, toutes autour du maintien de notre base contre les attaques régressives de style Trump, alors nous finirons sur un terrain véritablement très dangereux. Parce que le terrain sur lequel nous étions avant que Trump soit élu est le même que celui qui a pu produire Trump ; un terrain dont beaucoup d’entre nous savaient déjà qu’il constituait une urgence sociale et écologique, avant même ce dernier round de défaites.

    Bien sûr, les attaques venant de Trump et de sa clique de démagogues autour de la planète doivent rencontrer une farouche résistance. Mais nous ne pouvons pas passer les quatre années qui viennent à jouer uniquement en défense. Les crises sont toutes si urgentes, elles ne nous permettent pas de perdre de laps de temps.

    Sur un volet que je connais passablement bien, le changement climatique, l’humanité n’a qu’une fenêtre finie dans laquelle agir, après quoi protéger quoi que ce soit qui ressemble à un climat stable deviendra impossible. Et cette fenêtre se referme à toute vitesse.

    Ce qu’il nous faut donc, c’est à la fois la défensive et l’offensive – résister aux attaques du moment et en même temps trouver un espace pour construire le futur que nous voulons. En d’autres termes, les plus farouches des « non » doivent être accompagnés par d’audacieux et ambitieux « oui » – un plan pour le futur qui soit suffisamment crédible et captivant pour qu’une foule de gens se battent pour le voir réalisé, quels que soient les chocs et les mots d’ordre alarmistes qui soient mis en travers de leur chemin. Non – non à Trump, non à la France de Marine Le Pen, non à tout ce lot de partis hypernationalistes et xénophobes qui montent partout dans le monde – tel est sans doute le premier mouvement qui puisse rassembler des millions de gens dans les rues. Mais c’est un « oui » qui nous fera poursuivre la bataille.

    « Oui » est le phare dans les tempêtes en vue qui nous empêchera de nous égarer de notre route.

    Voici ce qu’il nous faut nous mettre en tête : Trump, tout extrême qu’il soit, n’est pas tant une aberration qu’une conclusion logique – une parodie d’à peu près tout ce qu’ont été les pires tendances du demi-siècle écoulé. Trump est le produit d’un système de pensée puissant qui classe les vies humaines suivant leur race, leur religion, leur genre, leur sexualité, leur apparence physique et leur degré de handicap – et qui ont systématiquement fait usage de la race comme arme au service de politiques économiques brutales depuis les tout débuts de la colonisation nord-américaine et du commerce transatlantique [triangulaire] des esclaves. Trump est aussi la personnification de la fusion des humains avec les grandes firmes – une mégamarque d’un seul homme, dont la femme et les enfants sont des marques dérivées, avec toutes les pathologies et tous les conflits d’intérêt inhérents à une telle situation. Il est la réalisation de la croyance suivant laquelle l’argent et la puissance garantissent le droit d’un seul d’imposer sa volonté aux autres, que cette licence s’exprime par attraper des femmes [allusion au « grabbing by their pussy » de Trump] ou par se saisir des ressources finies d’une planète au bord d’un réchauffement catastrophique. C’est aussi le produit d’une culture entrepreneuriale qui fétichise les « disrupteurs » [les briseurs de tabous, les innovateurs, style BFM] qui font leur fortune en ignorant de façon flagrante tant les lois que les standards règlementaires [voir Uber, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft ou VW].

    Plus que tout, Trump est l’incarnation du projet idéologique du marché libre, encore tout-puissant – un projet relayé tant par les partis centristes que les partis conservateurs – qui déclare la guerre à tout ce qui est public et possédé en commun, et veut voir dans les PDG [CEO] des grandes firmes des superhéros qui vont sauver l’humanité. En 2002, George W. Bush organisa un anniversaire des 90 ans pour celui qui fut l’architecte intellectuel de cette guerre contre la sphère publique, l’économiste apôtre radical du libre marché Milton Friedman. Lors de cette sauterie, Donald Rumsfeld, alors Secrétaire américain de la Défense [Ministre de la Défense] déclara : « Milton est l’exemple incarné de la simple vérité suivant laquelle les idées ont des conséquences ». Il avait raison – et Donald Trump est une conséquence directe de ces idées.

    En ce sens, un pan important se révèle de ce qui ne devrait pas nous choquer chez Trump. Il est le résultat entièrement prévisible, jusqu’au cliché le plus stéréotypé, d’idées et de tendances qui auraient dû être stoppées depuis bien longtemps. Et c’est pourquoi, même si sa présidence cauchemardesque devait se terminer demain, les conditions politiques qui l’ont produite, et qui en produisent des répliques à travers le monde, devront encore être combattues. Avec le Vice-président US Mike Pence ou bien le speaker de la chambre Paul Ryan aux aguets dans les coulisses, et un Parti démocrate lui aussi de mèche avec la classe des milliardaires, le monde dont nous avons besoin ne sera pas gagné juste en remplaçant l’actuel occupant du Bureau Ovale.

    Alors, il nous faut être très clairs sur ce à quoi nous disons non – pas seulement à un individu ou même à un groupe d’individus (bien que ce soit aussi cela). Nous disons aussi non à un système qui les a élevés à de telles hauteurs. Et de là passons à un Oui – un oui qui soit porteur d’un changement si fondamental que l’actuelle mainmise des grandes firmes sera reléguée à une note de bas de page historique, un avertissement à nos enfants. Et Donald Trump et ses compagnons de route seront vus pour ce qu’ils sont : un symptôme d’une maladie profonde, une maladie qui nous a décidés, collectivement, à nous rassembler pour la soigner.

    #Naomi_Klein #blitzkrieg #trump #thérapie_de_choc #stratégie_du_choc #domaine_public #sphère_publique #intérêt_public #déconstruction #état_d_urgence #Peur #Résister Les idées politiques de Monsieur #macron #national_libéralisme

    • Extraits

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      Une crise à grande échelle – qu’il s’agisse d’une attaque terroriste ou d’un krach financier – fournirait sans doute le prétexte pour déclarer un quelconque état d’exception ou d’urgence, durant lequel les règles usuelles cessent de s’appliquer. Cela conduirait, à son tour, à fournir une couverture pour faire passer des aspects de la réforme de l’agenda qui nécessitent une suspension encore plus forte du cœur des normes démocratique.
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      Plus que tout, Trump est l’incarnation du projet idéologique du marché libre, encore tout-puissant – un projet relayé tant par les partis centristes que les partis conservateurs – qui déclare la guerre à tout ce qui est public et possédé en commun, et veut voir dans les PDG [CEO] des grandes firmes des superhéros qui vont sauver l’humanité.
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      On croirait que Naomi Klein par de la France en marche

    • The Border / La Frontera

      For the native nations living along the US-Mexico border, the border is a barbed wire fence through their living room. Over the course of generations, they’ve formed connections on both sides of the border, and yet they’re considered foreigners and illegal immigrants in their ancestral homelands. In the O’odham language, there is no word for “state citizenship.” No human being is illegal.

      In this map, the territories of the #Kumeyaay, #Cocopah, #Quechan, #Tohono_O’odham, #Yaqui, #Tigua, and #Kickapoo are shown straddling the 2,000 mile border, with the red dots along the border representing official border crossings.


      https://decolonialatlas.wordpress.com/2017/03/21/the-border-la-frontera
      #cartographie #visualisation #frontières

    • No wall

      The Tohono O’odham have resided in what is now southern and
      central Arizona and northern Mexico since time immemorial.
      The Gadsden Purchase of 1853 divided the Tohono O’odham’s
      traditional lands and separated their communities. Today, the
      Nation’s reservation includes 62 miles of international border.
      The Nation is a federally recognized tribe of 34,000 members,
      including more than 2,000 residing in Mexico.

      Long before there was a border, tribal members traveled back
      and forth to visit family, participate in cultural and religious
      events, and many other practices. For these reasons and many
      others, the Nation has opposed fortified walls on the border for
      many years.

      https://www.youtube.com/watch?v=QChXZVXVLKo


      http://www.tonation-nsn.gov/nowall

    • A Standing Rock on the Border?

      Tohono O’odham activist #Ofelia_Rivas has a reputation for clashing with U.S. Border Patrol. On her tribe’s 4,500-square-mile reservation, which straddles the U.S.-Mexico border, that can be a stressful vocation. But she doesn’t show it, sharing conversational snippets and a slight, quick grin. Her skin is the color of stained clay, and she cuts a stylish figure: narrow glasses and a red-flecked scarf trailing in the slight breeze. Her black sneakers are gray with dust.


      http://progressive.org/dispatches/a-standing-rock-on-the-border-wall-180406

    • How Border Patrol Occupied the Tohono O’odham Nation

      In March 2018, Joaquin Estevan was on his way back home to Sells, Ariz., after a routine journey to fetch three pots for ceremonial use from the Tohono O’odham community of Kom Wahia in Sonora, Mexico (where he grew up)—a trek his ancestors have made for thousands of years. His cousin dropped him off on the Mexico side of the San Miguel border gate, and he could see the community van of the Tohono O’odham Nation waiting for him just beyond.

      But when Estevan handed over his tribal card for identification, as he had done for years, to the stationed Border Patrol agent, he was accused of carrying a fraudulent ID, denied entry to Arizona and sent back to Mexico.

      Tohono O’odham aboriginal land, in what is now southern Arizona, historically extended 175 miles into Mexico, before being sliced off—without the tribe’s consent—by the 1853 Gadsden Purchase. As many as 2,500 of the tribe’s more than 30,000 members still live on the Mexico side. Tohono O’odham people used to travel between the United States and Mexico fairly easily on roads without checkpoints to visit family, go to school, visit a doctor or, like Estevan, a traditional dancer, perform ceremonial duties.

      But incidents of U.S. Customs and Border Protection (CBP) aggression toward members of the Tohono O’odham Nation have become increasingly frequent since 9/11, as Border Patrol has doubled in size and further militarized its border enforcement. In 2007 and 2008, the United States built vehicle barriers on the Tohono O’odham Nation’s stretch of the U.S.-Mexico border, and restricted crossings.

      The Tohono O’odham’s struggles with Border Patrol received little attention, however, until President Donald Trump took office and pushed forward his vision for a wall along the border. Verlon Jose, Tohono O’odham vice chairman, announced in 2016 that the wall would be built “over my dead body,” a quote that went viral.

      What the border wall debate has obscured, however, is the existing 650 miles of walls and barriers on the U.S. international divide with Mexico, including the 62 miles of border that run through the Tohono O’odham Nation. An increasingly significant part of that wall is “virtual,” a network of surveillance cameras, sensors and radar systems that let Border Patrol agents from California to Texas monitor the remote desert stretches where border crossers have been deliberately pushed—a strategy that has led to thousands of migrant deaths in the dangerous desert terrain. The virtual wall expands away from the international boundary, deep into the interior of the country.

      As Trump fights Congress and the courts to get $5 billion in “emergency funding” for a border wall, Border Patrol is already tapping into existing funds to expand both physical and virtual walls. While new border barrier construction on the Tohono O’odham Nation remains in limbo, new surveillance infrastructure is moving onto the reservation.

      On March 22, the Tohono O’odham Legislative Council passed a resolution allowing CBP to contract the Israeli company Elbit Systems to build 10 integrated fixed towers, or IFTs, on the Nation’s land, surveillance infrastructure that many on the reservation see as a high-tech occupation.

      The IFTs, says Amy Juan, Tohono O’odham member and Tucson office manager at the International Indian Treaty Council, will make the Nation “the most militarized community in the United States of America.”

      Amy Juan and Nellie Jo David, members of the Tohono O’odham Hemajkam Rights Network (TOHRN), joined a delegation to the West Bank in October 2017 convened by the Palestinian organization Stop the Wall. It was a relief, Juan says, to talk “with people who understand our fears … who are dealing with militarization and technology.”

      Juan and David told a group of women in the Palestinian community about the planned IFTs, and they responded unequivocally: “Tell them no. Don’t let them build them.”

      The group was very familiar with these particular towers. Elbit Systems pioneered the towers in the West Bank. “They said that the IFTs were first tested on them and used against them,” says David. Community members described the constant buzzing sounds and the sense of being constantly watched.

      These IFTs are part of a broader surveillance apparatus that zigzags for hundreds of miles through the West Bank and includes motion sensor systems, cameras, radar, aerial surveillance and observation posts. In distant control rooms, soldiers monitor the feeds. The principal architect, former Israeli Col. Danny Tirza, explained in 2016, “It’s not enough to construct a wall. You have to construct all the system around it.”

      That is happening now in the U.S.-Mexico borderlands.

      The massive post-9/11 bolstering of border enforcement dramatically changed life on the Tohono O’odham Nation. At a UN hearing in January on the rights of indigenous peoples in the context of borders, immigration and displacement, Tohono O’odham Nation Chairman Edward Manuel testified that when he came back to the Nation in 2009 after six years living off-reservation, it had become “a military state.”

      Border Patrol has jurisdiction 100 miles inland from U.S. borders, giving it access to the entirety of the reservation. Drones fly overhead, and motion sensors track foot traffic. Vehicle barriers and surveillance cameras and trucks appeared near burial grounds and on hilltops amid ancient saguaro forests, which are sacred to the Tohono O’odham.

      “Imagine a bulldozer parking on your family graveyard, turning up bones,” then-Tohono O’odham Nation Chairman Ned Norris Jr. testified to Congress in 2008. “This is our reality.”

      Around 2007, CBP began installing interior checkpoints that monitored every exit from the reservation—not just on the U.S.-Mexico border, but toward Tucson and Phoenix.

      “As a person who once could move freely on our land, this was very new,” Amy Juan says. “We have no choice but to go through the armed agents, dogs and cameras. We are put through the traumatic experience every day just to go to work, movies, grocery shopping, to take your children to school.”

      Juan calls this “checkpoint trauma.” The most severe impact is on children, she says, recalling one case in which two kids “wet themselves” approaching a checkpoint. Previously the children had been forcefully pulled out of a car by Border Patrol agents during a secondary inspection.

      Pulling people out of their vehicles is one in a long list of abuses alleged against the Border Patrol agents on the Tohono O’odham Nation, including tailing cars, pepper spraying people and hitting them with batons. Closer to the border, people have complained about agents entering their homes without a warrant.

      In March 2014, a Border Patrol agent shot and injured two Tohono O’odham men after their truck sideswiped his vehicle. (The driver said he was swerving to avoid a bush and misjudged; Border Patrol charged him with assault with a deadly weapon.) In 2002, a Border Patrol agent ran over and killed a Tohono O’odham teenager.

      Between checkpoints and surveillance, there is a feeling of being “watched all the time,” Tohono O’odham member Joseph Flores told Tucson television station KVOA.

      “I’ve gotten flat tires, then when I come to the checkpoint the agents made comments about me having a flat earlier in the day,” says Joshua Garcia, a member of TOHRN. “I felt like they were trying to intimidate me.”

      An anonymous respondent to TOHRN’s O’odham Border Patrol Story Project said, “One time a BP told me, ‘We own the night,’ meaning that they have so much surveillance cameras and equipment on the rez, they can see everything we do all the time.”

      Undocumented migrants are the ostensible targets, but agents have long indicated that Tohono O’odham are also in the crosshairs. One Tohono O’odham youth (who wishes to remain anonymous because of fears of reprisal) says that when they complained to a Border Patrol agent in February about a camera near their house, the agent responded, “It’s your own people that are smuggling, so you really need to ask yourself what is going on in that area for a camera to be set up in the first place.” That perception is common. Geographer Kenneth Madsen quotes an agent who believed as many as 80% to 90% of residents were involved in drug or human smuggling. Madsen believes the numbers could only be that high if agents were counting humanitarian acts, such as giving water to thirsty border-crossers.

      Elder and former tribal councilman David Garcia acknowledges some “smuggling that involves tribal members.” As Tohono O’odham member Jay Juan told ABC News, there is “the enticement of easy money” in a place with a poverty rate over 40%.

      Nation Vice Chairman Verlon Jose also told ABC, “Maybe there are some of our members who may get tangled up in this web. … But the issues of border security are created by the drugs … intended for your citizen[s’] towns across America.”

      Estevan knew the agent who turned him back at the border—it was the same agent who had accused him of smuggling drugs years prior and who had ransacked his car in the search, finding nothing and leaving Estevan to do the repairs. A few days after being turned away, Estevan tried again to get home, crossing into the United States at a place known as the Vamori Wash—one of the planned locations for an IFT. He got a ride north from a friend (the kind of favor that Border Patrol might consider human smuggling). Eleven miles from the border on the crumbling Route 19, the same agent flashed his lights and pulled them over. According to Estevan, the agent yanked him out of the car, saying, “I told you that you were not supposed to come here,” and handcuffed him.

      Estevan was transported to a short-term detention cell at Border Patrol headquarters in Tucson, where he was stripped of everything “except my T-shirt and pants,” he says. The holding cell was frigid, and Border Patrol issued him what he describes as a “paper blanket.” Estevan contracted bronchitis as he was shuffled around for days, having his biometrics and picture taken for facial recognition—Border Patrol’s standard practice for updating its database.

      At one point, Estevan faced a judge and attempted to talk to a lawyer. But because he was not supplied a Tohono O’odham interpreter, he had only a vague idea of what was going on. Later, Estevan was taken 74 miles north to a detention center in Florence, Ariz., where the private company CoreCivic holds many of the people arrested by Border Patrol. Estevan was formally deported and banished from the United States. He was dropped off in the late afternoon in Nogales, Mexico.

      Estevan is far from the only Tohono O’odham from Mexico to say they have been deported, although there has not been an official count. The Supreme Council of the O’odham of Mexico—which represents the Tohono O’odham who live on the Mexican side of the border—made an official complaint to the Tohono O’odham Nation’s government in May 2018, saying the Nation was “allowing the deportation of our people from our own lands.”

      Some members of the Nation, such as Ofelia Rivas, of the Gu-Vo district, have long contended that the Legislative Council is too cozy with Border Patrol. Rivas said in a 2006 interview that the Nation “has allowed the federal government to control the northern territory [in the U.S.] and allows human rights violations to occur.” The Nation has received grants from the federal government for its police department through a program known as Operation Stonegarden. Over the years, the Legislative Council has voted to allow a checkpoint, surveillance tech and two Border Patrol substations (one a Forward Operating Base) on the reservation.

      These tensions resurfaced again around the IFTs.

      ***

      In 2006, Border Patrol began to use southern Arizona as a testing ground for its “virtual wall.” The agency awarded the Boeing Company a contract for a technology plan known as SBInet, which would build 80-foot surveillance towers in the Arizona desert.

      When Secretary of Homeland Security Janet Napolitano cancelled the plan in 2011, complaining about cost, delays and ineffectiveness, CBP launched a new project, the 2011 Arizona Border Surveillance Technology Plan. As part of it, Elbit Systems won a $145 million contract to construct 53 IFTs in 2014. As CBP’s Chief Acquisition Officer Mark Borkowski explained in 2017 at the San Antonio Border Security Expo, CBP sought technology that “already existed” elsewhere. Elbit, with its towers in the West Bank, fit the bill.

      The IFTs take the all-seeing eye of Border Patrol to a whole new level. Jacob Stukenberg, a Border Patrol public information officer, tells In These Times they are “far superior than anything else we’ve had before,” adding that “one agent can surveil an area that it might take 100 agents on foot to surveil.”

      The IFT system has high-definition cameras with night vision and a 7.5-mile radius, along with thermal sensors and a 360-degree ground-sweeping radar. The data feeds into command centers where agents are alerted if any of thousands of motion sensors are tripped. In an interview in May with the Los Angeles Times, Border Patrol tribal liaison Rafael Castillo compared IFTs to “turning on a light in a dark room.”

      As with other monitoring, the towers—some as tall as 140 feet and placed very visibly on the tops of hills—have already driven migrants into more desolate and deadly places, according to a January paper in the Journal of Borderlands Studies. The first IFT went up in January 2015, just outside of Nogales, Ariz. By 2017, according to Borkowski, nearly all the towers had been built or were about to be built around Nogales, Tucson, Douglas, Sonoita and Ajo. The holdout was the Tohono O’odham Nation.

      Between 2015 and 2018, Joshua Garcia of TOHRN gave more than 30 presentations around the Nation raising the negatives of the IFTs, including federal government encroachment on their lands, the loss of control over local roads, the potential health consequences and racism in border policing. “I didn’t expect people necessarily to agree with me,” Garcia says, “but I was surprised at how much the presentations resonated.”

      Garcia joined other tribal and community members and Sierra Club Borderlands in contesting CBP’s 2016 draft environmental assessment—required for construction to begin—which claimed the IFTs would have “no significant impact” on Tohono O’odham land. Garcia listed the sites that new roads would threaten, like a saguaro fruit-harvesting camp and his own family’s cemetery.

      The Sierra Club argued the assessment had failed to properly look at the impacts on endangered species, such as the cactus ferruginous pygmy owl and the lesser longnosed bat, and hadn’t adequately studied how electro-magnetic radiation from the towers might affect people, birds and other wildlife. CBP agreed that more study was needed of the “avian brain,” but issued its final report in March 2017: no significant impact.

      In July 2017, the Gu-Vo district passed a resolution in opposition to the IFTs. “Having the land remain open, undeveloped and home to food production and wildlife, and carbon sequestration with natural water storage is crucial to the community,” the statement read.

      At the March 22 Legislative Council meeting, Garcia, the tribal elder (and a close relative of Estevan), implored the Council not to approve the IFTs. He looked to Councilman Edward Manuel, who had two months earlier described the Border Patrol presence on the Nation as a “military state,” and said, “Veto it, if it passes.”

      The resolution passed, without veto, although with a number of stipulations, including compensation for leased land.

      Nation Vice Chairman Jose told the Los Angeles Times that the vote was intended to be a compromise to dissuade the federal government from building the wall. The Nation is “only as sovereign as the federal government allows us to be,” Jose said.

      A Border Patrol spokesperson told the Los Angeles Times, however, that there are no plans to reduce agents, and that the IFTs do not eliminate the need for a wall.

      ***

      Garcia and other resisters are up against an enormous system. Trump’s plan has never been just about a border wall: The administration wants to fortify a massive surveillance apparatus built over multiple presidencies. Asked in February what he thought about the focus on the wall, Border Patrol’s Stukenberg said it was just one component of border infrastructure. Three things are required—fence, technology and personnel, he said, to build a “very solid system.”

      The endeavor is certainly very profitable. Boeing received more than $1 billion for the cancelled SBInet technology plan. For the 49 mobile surveillance trucks now patrolling the border, CBP awarded contracts to the U.S.-based private companies FLIR Systems and Telephonics. Another contract went to General Dynamics to upgrade CBP’s Remote Video Surveillance Systems, composed of towers and monitoring systems. As of 2017, 71 such towers had been deployed in desolate areas of southern Arizona, including one on the Tohono O’odham Nation. Other major companies that have received CBP contracts include Northrop Grumman, Lockheed Martin, Raytheon and KBR (a former Halliburton subsidiary).

      These companies wield tremendous lobbying power in Washington. In 2018, General Dynamics spent more than $12 million on lobbying and gave $143,000 in campaign contributions to members of the House Homeland Security Committee. To compare, the Tohono O’odham Nation spent $230,000 on lobbying and $6,900 on campaign contributions to the committee members in 2018.

      Meanwhile, at the UN hearing in January, Serena Padilla, of the nearby Akimel O’odham Nation, described an incident in which Border Patrol agents held a group of youth at gunpoint. She ended her testimony: “As a woman who is 65 years old with four children, 15 grandchildren, 33 great-grandchildren—I’ll be damned if I won’t go down fighting for my future great-great-grandchildren.”

      http://inthesetimes.com/article/21903/us-mexico-border-surveillance-tohono-oodham-nation-border-patrol

  • Missing from Trump’s grand Navy plan: skilled workers to build the fleet | Reuters
    http://www.reuters.com/article/us-usa-trump-shipbuilding-insight-idUSKBN16O142

    U.S. President Donald Trump says he wants to build dozens of new warships in one of the biggest peace-time expansions of the U.S. Navy. But interviews with ship-builders, unions and a review of public and internal documents show major obstacles to that plan.

    The initiative could cost nearly $700 billion in government funding, take 30 years to complete and require hiring tens of thousands of skilled shipyard workers - many of whom don’t exist yet because they still need to be hired and trained, according to the interviews and the documents reviewed.
    […]
    Union and shipyard officials say finding skilled labor just for the work they already have is challenging. Demand for pipeline welders is so strong that some can make as much as $300,000 per year, including overtime and benefits, said Danny Hendrix, the business manager at Pipeliners Local 798, a union representing 6,500 metal workers in 42 states.

    Much of the work at the submarine yards also requires a security clearance that many can’t get, said Jimmy Hart, president of the Metal Trades Department at the AFL-CIO union, which represents 100,000 boilermakers, machinists, and pipefitters, among others.

    To help grow a larger labor force from the ground up, General Dynamics’ Electric Boat has partnered with seven high schools and trade schools in Connecticut and Rhode Island to develop a curriculum to train a next generation of welders and engineers.

    It has historically taken five years to get someone proficient in shipbuilding," said Maura Dunn, vice president of human resources at Electric Boat.

    It can take as many as seven years to train a welder skilled enough to make the most complex type of welds, radiographic structural welds needed on a nuclear-powered submarine, said Will Lennon, vice president of the shipyard’s Columbia Class submarine program.

  • Naomi Klein : « Le cabinet de copains de Trump a peut-être l’air très fort, mais ces gens ont peur » Solidaire - Naomi Klein - 15 Février 2017

    L’activiste canadienne Naomi Klein voit dans le nouveau gouvernement des États-Unis un coup d’État très clair des grandes entreprises. Dans un article qu’elle a écrit pour The Nation et que nous publions ci-dessous traduit en français, elle explique comment ce coup d’État a été inspiré par la peur. En effet, dans le monde entier, l’influence des mouvements sociaux qui menacent les intérêts de l’establishment ne cessent de croître. Klein estime donc que ces mouvements ont désormais une tâche difficile mais nécessaire. Et que « nous pouvons toujours les vaincre ».

    Zoomons sur Washington et observons ce qui s’y passe. Les gens qui possèdent déjà une part absolument obscène de la richesse de notre planète, et dont la fortune ne cesse d’augmenter d’année en année – les derniers chiffres montrent que huit hommes possèdent autant que la moitié de l’humanité –, sont bien déterminés à s’emparer d’encore davantage. Les personnalités-clés qui composent le cabinet de Donald sont non seulement des ultra-riches, mais ces individus ont amassé leur argent en nuisant aux personnes les plus vulnérables de notre planète, et à la planète elle-même. Cela fait apparemment partie du profil requis pour le job.

    Les gens qui possèdent déjà une part absolument obscène de la richesse de notre planète sont bien déterminés à s’emparer d’encore davantage.
    Il y a le banquier des produits pourris, Steve Mnuchin, le choix de Trump pour occuper les fonctions de ministre van Finances. Sa « machine à expulsions », illégale, a mis des dizaines de milliers de gens à la porte de leur logement.

    Passons des hypothèques à la malbouffe, c’est-à-dire à Andrew Puzder, que Trump a nommé ministre de l’Emploi. En tant que CEO de son empire du fast-food, cela ne lui suffisait pas de payer ses travailleurs d’un salaire scandaleux tout à fait insuffisant pour vivre, mais son entreprise a également été condamnée pour vol dans divers procès : des travailleurs n’étaient pas payés pour leur tâche et pour leurs heures supplémentaires.

    Après la malbouffe, la fausse science. Pour diriger les Affaires étrangères, Trump a désigné Rex Tillerson. En tant que cadre de direction puis CEO d’Exxon Mobil, Tillerson a financé des recherches prétendument scientifiques et en amplifié la diffusion, tout en exerçant en coulisses un lobbying intense contre les actions internationales totalement pertinentes en faveur du climat. Ces manœuvres ont fortement contribué au fait que le monde a perdu des décennies pour sortir des combustibles fossiles et ont grandement accéléré la crise climatique. En conséquence, d’innombrables personnes perdent déjà actuellement leur habitation à cause de tempêtes et de la montée du niveau des océans, meurent à cause de sécheresses et de canicules et, au bout du compte, des millions de gens verront leur pays être submergé par les eaux. Comme toujours, les gens qui sont frappés en premier lieu et le plus fortement sont les plus pauvres, et essentiellement des non-Blancs.

    Des logements volés. Des salaires volés. Des cultures et des pays volés. Tout cela est immoral. Et tout cela rapporte énormément d’argent.

    Sous le feu
    Mais un contre-courant populaire s’est développé. Et c’est précisément la raison pour laquelle ce gang de CEO – et les secteurs dont ils sont issus – se sont inquiétés à juste titre de voir leur fête approcher de la fin. Ils ont pris peur. Les banquiers comme Mnuchin se rappellent l’écroulement financier de 2008, lors duquel on a ouvertement parlé de nationalisation des banques. Ils ont assisté à la montée du mouvement Occupy et vu la résonance qu’a eue le message anti-banques de Bernie Sanders durant sa campagne.

    Des patrons du secteur des services comme Andrew Puzder ont une peur bleue de la force croissante de Fight for $15 (le mouvement qui lutte pour le salaire horaire minimum de 15 dollars, NdlR), qui a engrangé des victoires dans des villes et des États de tout le pays. Et, si Bernie avait gagné cette primaire qui fut étonnamment serrée, le mouvement aurait bien pu avoir un champion à la Maison blanche. On peut imaginer l’effroi que cela représente pour un secteur qui repose fondamentalement sur l’exploitation du travail afin de maintenir les prix très bas et les profits très hauts.

    Il ne faut pas se leurrer : le mouvement pour le climat constitue pour Exxon Mobil une menace existentielle.
    Et personne n’a plus de raisons de craindre la montée des mouvements sociaux que Tillerson. Suite à l’essor mondial du mouvement pour le climat, Exxon Mobil est sous le feu sur tous les fronts. Des oléoducs transportant son pétrole sont bloqués non seulement aux Etats-Unis mais aussi ailleurs dans le monde. Les campagnes pour le désinvestissement s’étendent comme des feux de forêt et entraînent l’incertitude pour les marchés. Et, au cours de l’année dernière, diverses tromperies effectuées par Exxon ont fait l’objet d’enquêtes judiciaires. Il ne faut pas se leurrer : le mouvement pour le climat constitue pour Exxon Mobil une menace existentielle. Les objectifs concernant le réchauffement de la Terre figurant dans les accords climatiques de Paris sont totalement incompatibles avec la consommation de tous les combustibles fossiles que des entreprises comme Exxon ont dans leurs réserves, ce qui constitue la source de leur valeur sur le marché. C’est pourquoi les propres actionnaires d’Exxon ont posé de plus en plus de questions embêtantes pour savoir s’ils étaient sur le point de se retrouver avec des paquets d’actions n’ayant plus aucune valeur.

    Le monde de l’entreprise prend le contrôle du gouvernement
    Telle est la toile de fond de la victoire de Trump. Nos mouvements ont commencé à gagner. Je ne dis pas qu’ils étaient assez forts. Ils ne l’étaient pas. Je ne dis pas que nous étions suffisamment unis. Nous ne l’étions pas. Mais quelque chose était bel et bien en train de basculer. Et, plutôt que de courir le risque que les mouvements continuent à progresser, ce gang de porte-parole de l’industrie des combustibles fossiles, de colporteurs de malbouffe et de prêteurs prédateurs se sont alliés pour prendre le contrôle du gouvernement et protéger leurs richesses mal acquises.

    Trump et ses lieutenants rigolent bien des faibles protestations quant aux conflits d’intérêts – toute l’affaire n’est qu’un seul très grand conflit d’intérêts.
    Que ce soit clair : ceci n’est pas un changement pacifique du pouvoir. C’est une prise de contrôle des commandes par le monde de l’entreprise. Ceux qui achetaient les deux plus grands partis pour défendre leurs intérêts ont décidé qu’ils en avaient marre de jouer le jeu. Apparemment, tous ces dîners fins avec les politiciens, toutes ces cajoleries et pots-de-vin légalisés insultaient leur sentiment de pouvoir de droit divin.

    Désormais, ils suppriment l’intermédiaire et font ce que tout grand chef fait quand il veut que quelque chose soit fait comme il l’entend : ils le font eux-mêmes. C’est Exxon qui est ministre des Affaires étrangères. C’est Hardee qui est ministre de l’Emploi. C’est General Dynamics qui est ministre de la Défense. Et, pour tout le reste, ce sont les types de Goldman Sachs. Après avoir privatisé l’État par petits morceaux pendant des décennies, ils ont décidé de s’emparer du gouvernement lui-même. La dernière frontière du néolibéralisme. C’est pourquoi Trump et tous ses lieutenants qu’il a nommés rigolent bien des faibles protestations quant aux conflits d’intérêts – toute l’affaire n’est qu’un seul très grand conflit d’intérêts.

    Surfer sur la peur de Trump
    Bon, alors, que faisons-nous ? En premier lieu, nous devons toujours nous rappeler leurs faiblesses, même s’ils exercent le pouvoir de manière brute. La raison pour laquelle le masque est tombé et que nous voyons maintenant sans fard la manière dont les grandes entreprises dirigent les choses, ce n’est pas parce que ces grandes entreprises se sentaient toutes-puissantes, c’est parce qu’elles étaient en panique.

    Une partie de la base de Trump regrette déjà son vote, et cette partie ne fera qu’augmenter.
    En outre, une majorité d’Américains n’a pas voté pour Trump. 40 % sont restés chez eux et parmi ceux qui sont allés voter, une nette majorité a voté pour Clinton. Trump a gagné grâce à un système truqué. Et même dans ce système, il n’a pas gagné. Ce sont Clinton et l’establishment du Parti démocrate qui ont perdu. Trump n’a pas gagné avec un enthousiasme débordant et un haut pourcentage de voix. L’establishment du Parti démocrate n’a pas jugé important de mener campagne autour d’améliorations concrètes de la vie des gens. Ils n’avaient pour ainsi dire rien à offrir aux gens dont la vie a été ruinée par les attaques néolibérales. Ils ont pensé qu’ils pouvaient surfer sur la peur de Trump, et cela n’a pas marché.

    La bonne nouvelle, c’est : tout ceci rend Donald Trump incroyablement vulnérable. C’est le type qui est arrivé au pouvoir en racontant les plus gros et les plus éhontés de mensonges, en se vendant comme le champion des travailleurs qui s’opposerait enfin au pouvoir des grandes entreprises et à leur influence à Washington. Une partie de sa base regrette déjà son vote, et cette partie ne fera qu’augmenter.

    L’heure est à l’optimisme
    Qu’est-ce qui nous attend d’autre ? Ce gouvernement va très vite tomber sur le dos de tout le monde. On parle d’un budget du « choc et de l’effroi », (« shock and awe » est un terme militaire qui désigne l’écrasement de l’adversaire et l’anéantissement de sa volonté de combattre par l’emploi d’une très grande puissance de feu et des démonstration de force spectaculaires, NdlR) : en dix ans, 10 trillions ( c’est-à-dire 10 milliards de milliards) de dollars seront supprimés. La tronçonneuse sévira sur tout, des programmes contre la violence envers les femmes aux arts, du soutien aux énergies renouvelables aux polices de proximité. Ils pensent clairement que cette stratégie de Blitzkrieg va nous renverser. Mais ils pourraient être surpris – cela pourrait bien tous nous unir pour une cause commune. Si l’ampleur de la Marche des femmes en est un signe, nous sommes alors bien partis.

    Ce gouvernement va très vite tomber sur le dos de tout le monde.
    Construire des coalitions solides en des temps de politique de bunker est un dur travail. Il faut affronter des questions difficiles avant que le progrès soit possible. Et le financement de fondations et la culture de la célébrité parmi les activistes peuvent monter les gens et les mouvements les uns contre les autres au lieu d’encourager la collaboration. Mais les difficultés ne peuvent pas mener au désespoir. Pour reprendre une phrase populaire de la gauche en France, « l’heure est à l’optimisme, laissons le pessimisme pour des temps meilleurs ».

    Personnellement, je ne peux pas vraiment mobiliser de l’optimisme. Mais, en ce moment où tout est menacé, nous pouvons et nous devons faire appel à notre détermination la plus inébranlable.

    Naomi Klein

    #Naomi_Klein #Etats_Unis #Trump #Peur #mouvements_sociaux #establishment #Steve_Mnuchin #malbouffe #Andrew_Puzder #fausse_science #Rex_Tillerson #Exxon_Mobil #Climat #vol #CEO #Mnuchin #Andrew_Puzder #prêteurs_prédateurs #General_Dynamics #Goldman_Sachs #Hardee #shock_and_awe #Blitzkrieg

  • #Think_Tank Scholar or Corporate Consultant? It Depends on the Day
    http://www.nytimes.com/2016/08/09/us/politics/think-tank-scholars-corporate-consultants.html

    An examination of 75 think tanks found an array of researchers who had simultaneously worked as registered lobbyists, members of corporate boards or outside consultants in litigation and regulatory disputes, with only intermittent disclosure of their dual roles.

    With their expertise and authority, think tank scholars offer themselves as independent arbiters, playing a vital role in Washington’s political economy. Their imprimatur helps shape government decisions that can be lucrative to corporations.

    But the examination identified dozens of examples of scholars conducting research at think tanks while corporations were paying them to help shape government policy. Many think tanks also readily confer “nonresident scholar” status on lobbyists, former government officials and others who earn their primary living working for private clients, with few restrictions on such outside work.

    Largely free from disclosure requirements, the researchers’ work is often woven into elaborate corporate lobbying campaigns.

    #lobbying #fraude

  • Military Sealift Command To Honor Gay Rights Activist Harvey Milk - gCaptain
    https://gcaptain.com/military-sealift-command-to-honor-gay-rights-activist-harvey-milk


    Rendering of a John Lewis class oiler in San Diego Bay.
    Courtesy NASSCO

    Military Sealift Command, the transportation provider for the US Navy, will name it’s newest ship after Harvey Milk, the San Francisco gay rights activist featured in Sean Penn’s award winning movie, Milk.

    U.S. Naval Institute News reported that a July 14, 2016 congressional notification, signed by Secretary of the Navy Ray Mabus, indicated he intended to name a planned Military Sealift Command fleet oiler USNS Harvey Milk (T-AO-206). The ship would be the second of the John Lewis-class oilers being built by General Dynamics NASSCO in San Diego, California

    The Secretary of the Navy’s office is deferring releasing additional information until the naming announcement, a Navy official told USNI News on Thursday.

    Mabus has said the John Lewis-class – named after civil rights activist and congressman Rep. John Lewis (D-Ga.) – would all be named after civil rights leaders.

    • Harvey Milk — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Harvey_Milk

      Harvey Bernard Milk (né le 22 mai 1930 à Woodmere, à Long Island, mort le 27 novembre 1978 à San Francisco) est un homme politique américain et un militant pour les droits des homosexuels. Il a été le premier « superviseur » (poste similaire à celui de conseiller municipal) ouvertement homosexuel de la ville de San Francisco.

      Harvey Milk a été assassiné avec le maire de San Francisco, George Moscone, le 27 novembre 1978. Leur meurtrier, Dan White, a été condamné à sept ans et huit mois de prison, pour homicide involontaire. Ses défenseurs plaidèrent qu’il aurait été perturbé par une « mauvaise alimentation » ; il sera finalement libéré après cinq ans de réclusion. Le verdict, considéré comme trop clément par la communauté gay mais pas seulement, a provoqué les émeutes de la Nuit White (qui ont eu lieu dans la nuit du 21 mai 1979), réprimées par la police de San Francisco.

  • Davos, cannabis, cocaïne, armée Suisse, armée danoise, coup de feu - La Tribune de Genéve du 22 Janvier 2016

    Parmi les 4500 militaires chargés d’assurer la sécurité au forum économique mondial (WEF) de Davos (GR), certains semblent assumer leur tâche à la légère. La police militaire a surpris douze soldats alors qu’ils consommaient cannabis et cocaïne.

    Stefan Hofer, porte-parole de l’état-major de l’armée, a confirmé vendredi l’information publiée par le Corriere del Ticino . Sur les douze soldats interpellés, tous l’ont été pour consommation de cannabis et parmi eux, cinq ont aussi pris de la cocaïne.
    Les contrôles ont été effectués mardi dans le bataillon d’infanterie de montagne 30. Celui-ci est composé essentiellement de soldats et de gradés en provenance du Tessin et du sud des Grisons. L’alerte a été donnée par des membres de la troupe concernée.

    La police militaire est tout de suite intervenue et a demandé aux soldats concernés de s’expliquer. Quelques-uns ont immédiatement avoué. La police militaire a aussi recouru aux chiens pour rechercher la drogue. Sur un soldat, plus de trois grammes de cocaïne ont été découverts.

    Cet homme a été immédiatement renvoyé à la maison et devra répondre devant les tribunaux civils, a expliqué le porte-parole. Les autres soldats, qui ont consommé de la cocaïne, ont aussi été renvoyés chez eux. Ils seront punis disciplinairement après le WEF.
    . . . . . .
    La justice militaire a également confirmé qu’un coup de feu involontaire est parti dans le cadre de l’engagement de l’armée au WEF. « Le coup est parti au moment du retrait des cartouches de l’arme », a dit Tobias Kühne à l’ats. Personne n’a vraiment été mis en danger. Le porte-parole n’a pas été en mesure d’en dire davantage. Une enquête devra éclaircir les circonstances exactes de l’incident. (ats/nxp)

    http://www.tdg.ch/suisse/police-surprend-douze-soldats-drogues/story/24030450
    + Quelque 200 personnes qui répondaient à un appel à manifester de l’Alliance anti-WEF ont été encerclées par la police samedi après-midi à Zoug. Le rassemblement n’avait pas été autorisé.

    Bonus : Grosse commande de l’armée danoise

    Mowag a décroché une belle commande des forces armées danoises. Le fabricant thurgovien de véhicules militaires, filiale du géant américain General Dynamics, leur livrera pas moins de 309 blindés à roues du type Piranha 5, pour 600 millions de francs.

    L’armée danoise entend utiliser ces véhicules de combat essentiellement dans le cadre de missions de maintien de la paix. La commande permet d’assurer du travail sur le site de Kreuzlingen jusqu’en 2023, a précisé vendredi Oliver Dürr, le patron de Mowag, confirmant une information du journal St-Galler Tagblatt.


    Il s’agit d’une des plus importantes commandes de matériel militaire en Europe à l’heure actuelle. A titre de comparaison, les exportations helvétiques en la matière se sont chiffrées en 2014 à 563,5 millions de francs.
    http://www.tdg.ch/economie/grosse-commande-armee-danoise-mowag/story/15566330

    #Davos #armée_Suisse #cannabis #cocaïne #WEF #Mowag #Suisse #véhicules_militaires #General_Dynamics #maintien_de_la_paix

  • Commerce et droits de la personne : le dilemme canadien face à l’Arabie saoudite | ICI.Radio-Canada.ca

    http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/International/2016/01/05/001-arabie-saoudite-canada-droits-homme-executions-reaction-diploma

    En campagne électorale, Justin Trudeau avait annoncé qu’il n’allait pas suspendre la vente de véhicules blindés légers à l’Arabie saoudite par une entreprise ontarienne, General Dynamics. Il s’agit d’un contrat de 15 milliards de dollars, signé en grande pompe sous le gouvernement conservateur en 2014.

    #badawi #canada #arabie_saoudite

  • 10 companies profiting the most from war
    http://www.usatoday.com/story/money/business/2013/03/10/10-companies-profiting-most-from-war/1970997

    10. United Technologies (UTX) — aircraft, electronics, engines
    Arm sales: $11.6 billion, total sales: $58.2 billion
    Gross profit: $5.3 billion, total workforce: 199,900
    United Technologies makes a wide range of arms — notably military helicopters, including the Black Hawk helicopter for the U.S. Army and the Seahawk helicopter for the U.S. Navy. The company was the biggest employer in the top 10 though arms sales accounted for just 20% of revenue. UTX also produces elevators, escalators, air-conditioners and refrigerators. International sales comprised 60% of the company’s revenue in 2012.

    9. L-3 Communications (LLL) — electronics
    Arm sales: $12.5 billion, total sales: $15.2 billion
    Gross profit: $956 million, total workforce: 61,000
    Some 83% of L-3 Communications sales in 2011 came from arms sales, but this was down from what it sold the prior year. The company has four business segments: electronic systems; aircraft modernization and maintenance; national security solutions; and command, control, communications, intelligence, surveillance and reconnaissance. Among many products manufactured, the company has become a major provider of unmanned aircraft systems.

    8. Finmeccanica — aircraft, artillery, engines, electronics, vehicles and missiles
    Arms sales, $14.6 billion, total sales: $24.1 billion
    Gross profit: $ -3.2 billion, total workforce: 70,470
    Italian company Finmeccanica makes a wide range of arms, including helicopters and security electronics. Nearly 60% of the company’s sales in 2011 were in arms. Finmeccanica lost $3.2 billion in 2011. The Italian company is currently fending off allegation that it paid bribes to win an approximately $750 million contract to provide 12 military helicopters to the Indian government in 2010. The then-head of the company, Giuseppe Orsi, was arrested in February but has denied wrongdoing. Other executives, including the head of the company’s helicopter unit, have been replaced, and the company has delayed the release of recent financial results.

    7. EADS — aircraft, electronics, missiles and space
    Arm sales: $16.4 billion, total sales: $68.3 billion
    Gross profit: $1.4 billion, total workforce: 133,120
    The European Aeronautic Defense and Space Company (EADS), based in the Netherlands, had sales in 2011 roughly in line with the prior year. Arms sales comprised just 24% of the company’s revenue. EADS and BAE Systems unsuccessfully attempted to merge for $45 billion in 2012, which would have created the world’s largest aerospace company. The deal collapsed in October after German Chancellor Angela Merkel expressed concerns about the merger.

    6. Northrop Grumman (NOC) — aircraft, electronics, missiles, ships, space
    Arm sales: $21.4 billion, total sales: $26.4 billion
    Gross profit: $2.1 billion, total workforce: 72,500
    Northrop Grumman’s 2011 arms sales comprised about 81% of total sales even after a sharp decline in arms sales year over year. The company attributed the decline to reduced government spending on defense projects. Nevertheless, the company was more profitable than in the prior year.

    5. Raytheon (RTN) — electronics, missiles
    Arm sales: $22.5 billion, total sales: $24.9 billion
    Gross profit: $1.9 billion, total workforce: 71,000
    Raytheon, based in Waltham, Mass., is one of the largest defense contractors in the U.S. The company makes the Tomahawk Cruise Missile, among others. Arms sales comprised about 90% of the company’s sales in 2011 though they as a total they were lower than in the prior year. The slide hasn’t let up. Total sales in 2012 fell 1.5%, and Raytheon is expecting sales to fall 3% in 2013, a projection which doesn’t take into account the effects of mandated budget cuts. The company can rely on overseas customers to somewhat offset weak sales at home. As of January, approximately 40% of the company’s backlog was booked overseas. The company expects approximately a 5% increase in international sales in 2013.

    4. General Dynamics (GD) — artillery, electronics, vehicles, small arms, ships
    Arm sales: $23.8 billion, total sales: $32.7 billion
    Gross profit: $2.5 billion, total workforce: 95,100
    With 18,000 transactions in 2011, General Dynamics was the third-largest contractor to the U.S. government. Of those contracts, approximately $12.9 billion worth went to the Navy, while an additional $4.6 billion went to the Army. The company’s arms sales in 2011 comprised 73% of total sales. Arms sales in 2011 were slightly below 2010 levels. The company makes a host of products, including electric boats, tracked and wheeled military vehicles, and battle tanks. The company announced layoffs in early March, blaming mandated federal budget cuts.

    3. BAE Systems — aircraft, artillery, electronics, vehicles, missiles, ships
    Arm sales: $29.2 billion, total sales: $30.7 billion
    Gross profit: $2.3 billion, total workforce: 93,500
    BAE Systems was the largest non-U.S. company based on arms sales. Arms sales represented 95% of the company’s total sales in 2011 even though they were lower as a total of overall sales compared to the prior year. The products BAE sells include the L-ROD Bar Armor System that shields defense vehicles and the Hawk Advanced Jet Trainer that provides sophisticated simulation training for military pilots. In 2013, the company said its growth would likely come from outside the U.S. and Great Britain — its home market. BAE noted that its outlook for those two countries was “constrained,” likely due to the diminished presence in international conflicts and government budget cuts.

    2. Boeing (BA) — aircraft, electronics, missiles, space
    Arm sales: $31.8 billion, total sales: $68.7 billion
    Gross profit: $4 billion, total workforce: 171,700
    Boeing was the second-largest U.S. government contractor in 2011, with about $21.5 billion worth of goods contracted. The Chicago-based company makes a wide range of arms, including strategic missile systems, laser and electro-optical systems and global positioning systems. Despite all these technologies, just 46% of the company’s total sales of $68.7 billion in 2011 came from arms. Boeing is the largest commercial airplane manufacturer in the world, making planes such as the 747, 757 and recently, the 787 Dreamliner. The company is also known for its space technology — Boeing had $1 billion worth of contracts with NASA in 2011.

    1. Lockheed Martin (LMT) — aircraft, electronics, missiles, space
    Arm sales:$36.3 billion, total sales: $46.5 billion
    Gross profit: $2.7 billion, total workforce, 123,000
    Lockheed Martin notched $36.3 billion in sales in 2011, slightly higher than the $35.7 billion the company sold in 2010. The arms sales comprised 78% of the company’s total 2011 sales. Lockheed makes a wide range of products, including aircraft, missiles, unmanned systems and radar systems. The company and its employees have been concerned about the effects of the “fiscal cliff” and sequestration, the latter of which includes significant cuts to the U.S. Department of Defense. In the fall of 2012, the company planned on issuing layoff notices to all employees before backing down at the White House’s request.

  • The Vulnerabilities Market and the Future of Security
    http://www.forbes.com/sites/bruceschneier/2012/05/30/the-vulnerabilities-market-and-the-future-of-security

    This market is larger than most people realize, and it’s becoming even larger. Forbes recently published a price list for zero-day exploits, along with the story of a hacker who received $250K from “a U.S. government contractor” (At first I didn’t believe the story or the price list, but I have been convinced that they both are true.) Forbes published a profile of a company called Vupen, whose business is selling zero-day exploits. Other companies doing this range from startups like Netragard and Endgame to large defense contractors like Northrop Grumman, General Dynamics, and Raytheon.

    This is very different than in 2007, when researcher Charlie Miller wrote about his attempts to sell zero-day exploits; and a 2010 survey implied that there wasn’t much money in selling zero days. The market has matured substantially in the past few years.

    This new market perturbs the economics of finding security vulnerabilities. And it does so to the detriment of us all.

    I’ve long argued that the process of finding vulnerabilities in software system increases overall security. This is because the economics of vulnerability hunting favored disclosure. As long as the principal gain from finding a vulnerability was notoriety, publicly disclosing vulnerabilities was the only obvious path. In fact, it took years for our industry to move from a norm of full-disclosure — announcing the vulnerability publicly and damn the consequences — to something called “responsible disclosure”: giving the software vendor a head start in fixing the vulnerability. Changing economics is what made the change stick: instead of just hacker notoriety, a successful vulnerability finder could land some lucrative consulting gigs, and being a responsible security researcher helped. But regardless of the motivations, a disclosed vulnerability is one that — at least in most cases — is patched. And a patched vulnerability makes us all more secure.

    This is why the new market for vulnerabilities is so dangerous; it results in vulnerabilities remaining secret and unpatched. That it’s even more lucrative than the public vulnerabilities market means that more hackers will choose this path. And unlike the previous reward of notoriety and consulting gigs, it gives software programmers within a company the incentive to deliberately create vulnerabilities in the products they’re working on — and then secretly sell them to some government agency.