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  • Paléontologie : découverte en Sibérie d’une jeune métisse de 90 000 ans
    https://www.lemonde.fr/paleontologie/article/2018/08/22/paleontologie-decouverte-en-siberie-d-une-jeune-metisse-de-90-000-ans_534514


    Cet os trouvé en 2012 dans la grotte de Denisova (Altaï) par des archéologues russes appartenait à une adolescente (Denisova 11) dont la mère était néandertalienne, et le père dénisovien.
    T. HIGHAM, UNIVERSITY OF OXFORD

    Nous sommes tous métis, issus de brassages de populations immémoriaux. Mais Denisova 11 l’est d’une manière toute singulière. Cette ado vivait il y a environ 90 000 ans en Sibérie. Elle est morte vers l’âge de 13 ans, d’une cause inconnue, et a été enterrée dans la grotte de Denisova dans les montagnes de l’Altaï, où un fragment de ses os a été trouvé en 2012.

    Son ADN a été extrait et analysé, et son génome reconstitué a stupéfié les chercheurs : sa mère était une néandertalienne, et son père un dénisovien, deux lignées humaines disparues, dont il ne subsiste que quelques traces dans le patrimoine génétique d’une partie des hommes d’aujourd’hui.

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    • L’article original (non accessible)…

      The genome of the offspring of a Neanderthal mother and a Denisovan father | Nature
      https://www.nature.com/articles/s41586-018-0455-x

      Abstract
      Neanderthals and Denisovans are extinct groups of hominins that separated from each other more than 390,000 years ago. Here we present the genome of ‘Denisova 11’, a bone fragment from Denisova Cave (Russia) and show that it comes from an individual who had a Neanderthal mother and a Denisovan father. The father, whose genome bears traces of Neanderthal ancestry, came from a population related to a later Denisovan found in the cave. The mother came from a population more closely related to Neanderthals who lived later in Europe than to an earlier Neanderthal found in Denisova Cave, suggesting that migrations of Neanderthals between eastern and western Eurasia occurred sometime after 120,000 years ago. The finding of a first-generation Neanderthal–Denisovan offspring among the small number of archaic specimens sequenced to date suggests that mixing between Late Pleistocene hominin groups was common when they met.

      … est annoncé en une de Nature

      Mum’s a Neanderthal, Dad’s a Denisovan: First discovery of an ancient-human hybrid
      http://www.nature.com/articles/d41586-018-06004-0

      Genetic analysis uncovers a direct descendant of two different groups of early humans.
      […]
      To find a first-generation person of mixed ancestry from these groups is absolutely extraordinary,” says population geneticist Pontus Skoglund at the Francis Crick Institute in London. “It’s really great science coupled with a little bit of luck.

    • Nous sommes tous métis, issus de brassages de populations immémoriaux. Mais Denisova 11 l’est d’une manière toute singulière. Cette ado vivait il y a environ 90 000 ans en Sibérie. Elle est morte vers l’âge de 13 ans, d’une cause inconnue, et a été enterrée dans la grotte de Denisova dans les montagnes de l’Altaï, où un fragment de ses os a été trouvé en 2012.

      Son ADN a été extrait et analysé, et son génome reconstitué a stupéfié les chercheurs : sa mère était une néandertalienne, et son père un dénisovien, deux lignées humaines disparues, dont il ne subsiste que quelques traces dans le patrimoine génétique d’une partie des hommes d’aujourd’hui.

      « Notre réaction ? La surprise », raconte Benjamin Vernot, qui a participé à ces analyses à l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste de Leipzig, en Allemagne, la Mecque de l’étude de l’ADN ancien, dirigé par le pionnier Svante Pääbo.

      « C’était tellement fou qu’on a passé plusieurs mois à vérifier que ce n’était pas une erreur. » Les vérifications ont été jugées suffisamment solides pour que la découverte soit publiée, jeudi 23 août, dans la revue Nature.

      Précision confondante

      La grotte de Denisova est célèbre dans les cercles de la paléontologie humaine depuis qu’elle a livré un fragment d’une phalange dont l’ADN a révélé, en 2010, l’existence d’une lignée humaine inédite, à qui a été donné le nom de cette grotte.

      Cette lignée est différente des néandertaliens qui peuplaient alors l’Europe, et d’Homo sapiens qui n’allait pas tarder à supplanter toutes ces populations. Les dénisoviens ne nous sont connus que par quelques ossements et quelques dents retrouvés dans la grotte de l’Altaï : on ne sait pas à quoi ils ressemblaient, mais on a pu retrouver des fragments de leur ADN dans le génome de populations actuelles de Papouasie ou d’aborigènes australiens. Mais aussi dans celui de populations arctiques, pour lesquelles la version dénisovienne de certains gènes influençant la gestion des tissus adipeux constituerait un avantage évolutif pour résister aux grands froids.

      Mais revenons à Denisova 11. L’étude de son ADN livre des informations d’une précision confondante sur son ascendance. L’équipe de Svante Pääbo a comparé son génome à celui de Denisova 3, la première dénisovienne identifiée et datée d’environ 40 000 ans, à celui d’un néandertalien trouvé dans la même grotte, et lui vieux de 120 000 ans environ, et aussi à celui d’un Africain actuel. Cette comparaison a montré que, chez Denisova 11, 38,6 % de fragments d’ADN pris au hasard se rapprochaient des spécificités d’un génome néandertalien, et 42,3 % de celui de Denisova 3.

      Cette quasi-parité pouvait signifier deux choses : soit qu’elle appartenait à une population dont les ancêtres étaient issus d’un mélange entre néandertaliens et dénisoviens ; soit que ses propres parents appartenaient chacun à un de ses groupes. Pour l’équipe de Leipzig, c’est cette seconde interprétation qui prévaut : Denisova 11 est une métisse de première génération, sa mère était néandertalienne, son père dénisovien.

      Coexister, « au sens biblique »

      Mais son arbre généalogique est encore plus mêlé : l’analyse génétique permet de plonger dans l’ascendance de son père dénisovien – c’est la partie de l’étude réalisée par Benjamin Vernot. « Il est probable que son père dénisovien a lui-même eu un ancêtre néandertalien, voire plusieurs, dans sa généalogie, possiblement aussi loin que 300 à 600 générations avant sa naissance », écrivent les chercheurs. Vertige de la profondeur d’analyse génétique…

      Et cet héritage néandertalien viendrait d’une population différente de celle à laquelle la mère de Denisova 11 est apparentée. Celle-ci était elle-même génétiquement plus proche de néandertaliens qui ont vécu en Croatie 20 000 ans plus tard que du « Neandertal de l’Altaï » retrouvé dans la même grotte de Denisova, et lui plus vieux de 50 000 ans.

      La reconstitution de ce puzzle génétique dessine donc un monde où des lignées humaines longtemps séparées restaient interfécondes et pouvaient à l’occasion avoir une descendance aux ramifications elles-mêmes croisées des générations plus tard. Elle suggère des mouvements de population sur de vastes territoires – 6 000 kilomètres séparent la grotte croate de Vindija et celle de Denisova.

      « Ces mouvements ont longtemps été envisagés sur un axe nord-sud, commente l’archéologue Pascal Depaepe (Institut national de recherches archéologiques préventives), qui n’a pas participé à l’étude. C’était sûrement bien plus compliqué avec des mouvements latéraux, en l’occurrence est-ouest, de la Sibérie vers la Croatie. » Des mouvements dont il a étudié les indices dans du mobilier archéologique (des silex taillés), en Europe occidentale, note-t-il. « Mais la Sibérie, c’est encore plus loin ! » Il n’est pas exclu non plus que la parenté consatée entre Croatie et Altaï soit due à une migration néandertalienne ouest-est plus ancienne...

      Autre enseignement : « Cela montre que les populations préhistoriques se mélangeaient assez facilement, remarque Pascal Depaepe. Elles n’ont pas fait que cohabiter, mais se sont connues au sens biblique du terme. » « Bien sûr, on savait que cela arrivait, par des analyses génétiques antérieures, constate Benjamin Vernot. Mais trouver l’os d’un descendant direct de ces métissages, c’est très cool, et l’illustration de la force de la sérendipité » – c’est-à-dire de ces choses que l’on découvre par hasard ou par chance, une dimension qui fait partie intégrante des recherches en paléontologie, selon M. Depaepe.

      Questions de « fitness »

      « Grâce à ce type d’études la génétique rejoint enfin l’archéologie qui nous montrait de profondes convergences dans les savoir-faire et les techniques des populations néandertaliennes et Denisova, se réjouit Ludovic Slimak (CNRS, Université Toulouse Jean-Jaurès). Ces convergences sont visibles dans les traditions techniques locales de ces deux populations, mais aussi plus largement vis-à-vis des populations néandertaliennes européennes. » Même si « la profondeur ethnographique de cette histoire-là nous échappe encore, note-t-il, on voit émerger quelque chose qui ressemble à une réalité concrète de ces populations humaines. Les peuples se rencontrent, se croisent, se déplacent. »

      Ces multiples métissages bousculent une nouvelle fois la définition de ce qu’est une espèce, en principe confinée dans les frontières de l’interfécondité. Svante Pääbo et ses collègues s’étaient d’ailleurs gardés, après la découverte de Denisova 3, de proposer un nom d’espèce binominal latin, comme pour Homo sapiens ou Homo neandertlhalensis. Si ces croisements étaient possibles, pourquoi néandertaliens et dénisoviens sont-ils restés génétiquement distincts ? Dans leur conclusion, Svante Pääbo et ses collègues écrivent que les premiers habitaient l’ouest de l’Eurasie, et les seconds une portion inconnue autour de l’Altaï. Les occasions de rencontres entre petits groupes, dans le temps et dans ces espaces immenses, n’étaient peut-être pas si fréquentes.

      Autre hypothèse : les individus issus de ces croisements auraient pu être en moins bonne santé que leurs parents et moins aptes à laisser une descendance – les scientifiques parlent de « fitness ». A l’inverse, notent-ils, l’arrivée de groupes plus nombreux d’Homo sapiens en Eurasie, venus d’Afrique autour de 60 000 ans, et eux aussi capables de se reproduire avec ces populations archaïques, a pu aboutir à leur « absorption » – un autre terme pour dire disparition.

  • Les routes de l’orge.
    L’orge s’est propagée vers l’est : un article révèle des voies de propagation à travers divers paysages eurasiens. Et c’est encore un résultat d’une analyse génétique.

    L’une des cultures les plus importantes au monde, l’orge, a été domestiquée au Proche-Orient il y a environ 11 000 ans. L’orge est une culture très résiliente, capable de pousser dans des environnements variés et marginaux, comme dans les régions de haute altitude et de latitude. Des preuves archéobotaniques montrent que l’orge s’est répandue dans toute l’Eurasie vers 2000 BC. Pour mieux comprendre les voies de propagation de l’orge en Eurasie, [les chercheurs ont] utilisé l’analyse de séquences répétées (SSR) pour déterminer la diversité génétique et la structure de la population de trois taxons d’orge existants : l’orge domestique (Hordeum vulgare L. subsp vulgare), l’orge sauvage (H. vulgare sous-espèce spontaneum) et une forme de rachis cassant à six rangs (H. vulgare sous-espèce vulgare et agriocrithon (Aberg) Bowd.).

    L’orge cultivée se propageait à travers l’Eurasie via plusieurs voies différentes, qui étaient très probablement séparées à la fois dans le temps et dans l’espace. Les datations directes au radiocarbone publiées récemment et fournies par Liu et al. [ Journey to the east : Diverse routes and variable flowering times for wheat and barley en route to prehistoric Chinahttps://doi.org/10.1371/journal.pone.0187405_ ], ainsi que les dates publiées précédemment (par exemple [ _https://doi.org/10.1098/rspb.2013.3382 , https://doi.org/10.1016/j.cell.2015.07.002, http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0196652#_ ]), ont fourni un cadre précieux pour considérer ces modèles phylogéographiques, comme l’a fait un article original de Zhao [http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0196652#]_ , qui a proposé une variété des routes ont été prises par les agriculteurs s’étendant vers l’est en Chine.

    [Les auteurs proposent] la chronologie suivante pour la propagation de la culture de l’orge en Eurasie :

    1/ L’IAMC [Inner Asian Mountain Corridor]
    Plusieurs pools génétiques d’orge avec différents caractères morphologiques et génotypes de temps de floraison se sont répandus à travers l’IAMC au 2ème millénaire cal. BC. De l’IAMC, l’orge s’est dispersée plus au nord et à l’est au 1er millénaire. BC.

    2/ Une route vers le sud du plateau tibétain
    Un pool distinctif d’orge des basses terres s’étendait vers l’est au sud du plateau iranien au 5ème et 4ème millénaire BC. et à travers l’Asie du Sud, enserrant la limite du plateau, avec des dattes dans le nord de l’Inde au 3ème millénaire avant notre ère.

    3/ Une route maritime entre l’Asie du Sud et la Chine, la Corée et le Japon
    Bien que non encore confirmé, un lien maritime entre la civilisation de l’Indus et la Chine côtière aurait pu amener l’orge en Chine du 3 au 2 millénaire. BC., avec une possible voie maritime ultérieure durant la période Han, à la fin du 1er millénaire BC. / début du 1er millénaire AD. Ce pool de gènes a un SGH d’hiver, qui peut avoir été sélectionné pour croître en rotation avec une culture de riz d’été.

    4/ Une propagation en haute altitude sur le bord sud du plateau tibétain
    Un pool de gènes distinctif, principalement avec un SGH hivernal et un caryopse nu, s’est propagé autour de la bordure sud du plateau tibétain, probablement dans le plateau depuis son extrémité ouest ou sud au début du 2e millénaire BC. Ce pool de gènes est également présent dans le plateau nord-est par c. 2 000 cal. BC.

    5/ Une route le long du bord nord du plateau tibétain
    Au cours du 1er millénaire BC., deux pools génétiques d’orge ont été dispersés au Xinjiang au nord du plateau tibétain, au moins 1 000 ans après leur extension au sud du plateau tibétain. Ces pools génétiques auraient pu traverser le corridor Tianshan d’est en ouest ou d’ouest en est.

    6/ Une propagation aux latitudes élevée dans la steppe nord
    Trois groupes de gènes principalement nordiques, avec différents génotypes de temps de floraison, se sont dispersés vers le nord depuis le sud de l’Asie centrale depuis la fin du 2e et le début du 1er millénaire. BC. Un éventuel mouvement de trans-steppe d’orge s’est produit vers la fin de cette période, ou pendant les périodes historiques plus tardives.

    7/ Une propagation en deux étapes au Japon
    Un gisement de gènes du nord s’est propagé à Hokkaido depuis l’Extrême-Orient russe, vers le milieu et vers la fin du 1er millénaire AD. Un pool de gènes différent s’est répandu au Japon depuis le sud, au cours de la fin du 1er millénaire BC. Ces dates renvoient à des preuves substantielles de la culture de l’orge au Japon.

    Barley heads east : Genetic analyses reveal routes of spread through diverse Eurasian landscapes
    http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0196652
    http://journals.plos.org/plosone/article/figure/image?id=10.1371/journal.pone.0196652.strk&size=inline

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