company:junge welt

  • Hartz IV : la Commission veut en finir avec les acquis sociaux Ralph Wurzbacher (Junge Welt) - 20 Avril 2018
    http://ptb.be/articles/hartz-iv-la-commission-veut-en-finir-avec-les-acquis-sociaux

    La Commission européenne envisage de récompenser financièrement les États membres qui démantèleront leurs acquis sociaux. Et c’est l’Allemagne qui ouvre la marche.

    Préserver un État de la faillite ? D’accord. Mais d’abord, qu’il baisse les pensions. La campagne de dérégularisation (présentée sous le nom de « sauvetage de la Grèce ») que la troïka - composée de la Banque centrale européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Commission européenne - a mené contre l’État grec pourrait bien devenir un modèle pour l’Europe entière. C’est en tout cas le projet des eurocrates et de ceux qui, de leurs bureaux de direction des grandes entreprises, leur soufflent le texte. Leur idée est aussi dangereuse que sournoise : offrir des aides financières à tout État de l’UE disposé à raboter ses dispositifs sociaux. Les récalcitrants resteront les mains vides et ne pourront que pleurer sur les ruines de leur économie nationale, ravagée par la concurrence déloyale opérée par les volontaires au projet.

    Le portail en ligne #Blickpunkt WISo a rendu ces procédures publiques le 22 mars dernier dans un article paru en allemand sous le titre « #Troika für alle ? » (La troïka pour tous ?). Son auteure, Anne Karrass, membre du bureau de liaison du syndicat Verdi à l’UE, y constate que : « Si un État membre s’engage à procéder à certaines réformes, qu’il bétonne dans des conventions signées avec la Commission, il recevra - une fois les mesures concrétisées - des moyens financiers provenant du budget de l’UE ». Les réformes en question devront « explicitement » porter sur des domaines « relevant des compétences des États membres, et sur lesquels l’UE n’a aucun pouvoir de codécision ». Un tel projet a cependant quelques relents d’illégalité. En effet, il ne prévoit rien de moins que d’appuyer, par des promesses financières, des décisions dans lesquelles Bruxelles ne peut ni ne doit s’immiscer selon les termes des traités fondateurs de l’UE. Dans le code pénal, de telles pratiques s’apparentent à de la corruption, voire, si celui qui refuse de jouer le jeu s’expose à des représailles, à du chantage.

    Libéralisation, réformes fiscales pour les grandes entreprises
    Naturellement, rien de tout cela ne transparaît dans les déclarations officielles. En fait, ce concept fait partie de la feuille de route du 6 décembre 2017 visant à aller plus loin dans l’Union économique et monétaire. Son titre intégral, et pour le moins lourd, figure tout en bas, bien caché dans le pied de page : « Proposition d’amendement du règlement portant dispositions communes pour les fonds européens structurels et d’investissement ». La Commission explique son intention de proposer un « outil d’aide à la mise en place de réformes destiné aux États membres qui s’engagent à mener des réformes examinées à l’échelle de l’Union et arrêtées dans des « engagements de réformes ». Cet outil disposerait d’une « dotation budgétaire propre » afin de « soutenir » les États membres de l’#UE et de leur « garantir l’appropriation de ces réformes » par ceux-ci.

    Ce document contestable recommande « un large éventail de réformes (...) les plus susceptibles de contribuer à la résilience des économies nationales et d’avoir des retombées positives sur d’autres États membres », comme la libéralisation des « marchés des produits et du travail, les réformes fiscales, le développement des marchés de capitaux, les réformes visant à améliorer l’environnement des entreprises ou les mesures d’investissement dans le capital humain et les réformes de l’administration publique ». Il est également question d’« engagements de réformes pluriannuels » contenant un « un ensemble de mesures de réforme assorties de valeurs intermédiaires et de valeurs cibles claires ». Ensuite, un « montant » serait fixé, « proportionné à la nature et à l’importance de la réforme ». « L’aide serait versée en totalité lorsque l’État membre concerné aurait pleinement exécuté son engagement de réformes. »

    Pour l’économiste brêmois Rudof Hickel, ces plans s’inscrivent dans la volonté de Paris et de Berlin de « marquer des points en forçant l’Union économique européenne ». Dans un entretien accordé au quotidien berlinois Junge Welt le 22 mars dernier, il affirme que le modèle de la politique appliquée par la troïka à la Grèce devrait « à l’avenir être étendu à l’Union économique européenne entière ». Les fonds ne seraient octroyés qu’en échange d’une #subordination du marché de l’emploi et des systèmes sociaux à une économie fondée sur le profit, par exemple en abaissant le montant du salaire minimum ou en détricotant les systèmes de pension légale. Pour l’économiste, un tel programme est « idiot sur le plan économique, irresponsable sur le plan social et scandaleux sur le plan politique ».

    Cette offensive de la Commission fait suite à des efforts emmenés par l’Allemagne et visant à mettre sur pied un gouvernement économique européen. Le « Pacte de compétitivité » présenté par Angela Merkel (CDU) en 2011 prévoyait déjà que les États membres de l’UE s’engagent à prendre des mesures de libéralisation et à opérer des coupes sociales moyennant récompense une fois celles-ci accomplies. La chancelière entendait notamment établir un « frein à la dette » pour tous les États membres, inspiré du modèle allemand. États membres et syndicats s’étaient toutefois violemment opposés à ce projet qui a dû être abandonné.

    Avec cette nouvelle tentative, la Commission veut du concret, et vite. Selon Blickpunkt WISo, le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen devraient voter le projet de loi dès la mi-2018. Leur vote devrait être suivi d’une « phase pilote » visant à mettre au banc d’essai « les principales caractéristiques de cet outil » sur la période 2018 - 2020. Pour l’économiste Rudolf Hickel, cela n’augure rien de bon. Selon lui, « en intensifiant le stress social, la Commission se fait le fossoyeur de l’Europe ».
    (Article paru dans le journal allemand Junge Welt)

     #allemagne #europe #union_européenne #grèce #international #france #économie #commission_europénne #FMI #BCE #parlement_européen #union_européenne #union_économique_européenne #Angela_Merkel

  • Des entreprises allemandes s’arrangent pour payer des salaires de misère illégaux Solidaire - Susan Bonath (junge Welt) - 14 Février 2017
    http://solidaire.org/articles/des-entreprises-allemandes-s-arrangent-pour-payer-des-salaires-de-misere-

    Le secrétaire d’État à la Lutte contre la fraude fiscale Philippe De Backer (OpenVLD) veut davantage de flexi-jobs. Il a également démantelé l’Inspection sociale. Les mini-jobs et des contrôles très affaiblis forment un cocktail dangereux : c’est ce que montre la situation en Allemagne. Dans ce pays, des millions de travailleurs ne gagnent même pas le salaire minimum, les entreprises falsifiant les heures de travail comptabilisées, explique le journal allemand Junge Welt. Est-ce vraiment la direction que doit prendre la Belgique ?

    En Allemagne, malgré l’instauration du salaire minimum, la situation de millions de gens ayant un mini-job ne s’est pas du tout améliorée. Quand il s’agit de contourner le salaire minimum, de nombreuses entreprises se montrent bien plus inventives que ce qu’on aurait pu imaginer. En Allemagne, en 2015, près de la moitié des gens ayant un mini-job ont dû se contenter in fine d’un salaire horaire brut au-dessous de 8,50 euros. Une personne sur cinq ayant un mini-job perçoit même moins de 5,50 euros de l’heure. Tel est le constat d’une étude réalisée par le Wirtschafts- und Sozialwissenschaftliche Institut (WSI, Institut d’économie et de sciences sociales, qui collabore étroitement avec les syndicats) et présentée au début de ce mois de février.


    Le salaire minimum n’a donc apporté qu’une amélioration minime à la situation des gens ayant un mini-job, constatent les auteurs de l’étude, Toralf Pusch en Hartmut Seifert. Avant l’instauration du salaire minimum en 2014, environ 60 % des gens ayant un emploi précaire gagnaient moins de 8,50 euros per heure. Une demi-année après l’entrée en application effective du salaire minimum, c’était toujours le cas pour 44 % de ces travailleurs. La plus grande partie d’entre eux touchait maximum 7,50 euros.

    Les victimes du système sont en majorité des femmes
    « Les salaires horaires extrêmement bas sont certes devenus plus rares, mais il sont loin d’avoir disparu », précisent les chercheurs, qui mettent par ailleurs en garde : « Le non-respect de la loi sur le salaire minimum commence à faire partie du système des conditions de travail problématiques qui sont très souvent la caractéristique des mini-jobs. » Des études précédentes avaient déjà montré que les personnes travaillant dans un mini-job n’étaient souvent pas payées en cas de maladie ou quand elles prenaient leurs congés, alors même qu’elles y ont légalement droit.

    Pour les auteurs, le résultat de cette étude indique donc qu’ « il ne suffit pas d’instaurer légalement un salaire minimum ». Selon eux, il faudrait que des contrôles soient appliqués dans tout le pays. Mais ceux-ci ne résoudront pas à eux seuls le problème de la pauvreté due aux bas revenus. « Le salaire minimum est désormais fixé à 8,84 euros, ce qui est toujours au-dessous du seuil de bas salaire d’environ 9,50 euros », soulignent les chercheurs. Le vice-président du groupe de Die Linke (la gauche) au Parlement fédéral allemand, Klaus Ernst, a parlé de tromperie qui devait enfin être sanctionnée. Ernst a insisté sur le fait que ce sont le plus souvent des femmes qui sont victimes de ce système et il a déclaré qu’il était « intolérable que ce modèle d’exploitation soit en plus encore subsidié par l’État par des primes sociales supplémentaires ».

    Se taire de peur de perdre son travail
    L’étude n’explique pas de manière précise comment le salaire minimum est contourné, alors que les entreprises sont légalement tenues de comptabiliser le temps de travail de manière correcte. Mais un des auteurs de l’étude, Toralf Pusch, déclare dans une interview à Junge Welt que « l’on s’y prend clairement de manière très créative. Dans la pratique, cela a souvent l’air correct sur papier, mais le temps de travail effectivement presté est en réalité bien supérieur à ce qui est mentionné ». Les travailleurs pourraient dénoncer ce fait, mais ils se taisent par peur de perdre leur travail.

    Pour leur étude, les chercheurs ont analysé le « panel socio-économique » et le « panel marché du travail » qui rassemblent les informations du Deutsche Institut für Wirtschaftsforschung (DIW, Institut allemand de recherche économique) collectées auprès de 27 000 personnes et de l’Institut für Arbeitsmarkt- und Berufsforschung (IAB, Institut de recherche sur le marché du travail et la formation professionnelle) auprès de 13 000 personnes à propos de leurs conditions de vie et de travail. Les travailleurs ayant un mini-job pour lesquels ont été fixés en 2015 des salaires minimum plus bas au niveau sectoriel – comme les livreurs de journaux et les coiffeurs –, ont été le plus possible écartés de l’étude, expliquent les chercheurs. Les stagiaires et les chômeurs de longue durée, à qui le salaire minimum ne s’applique pas, n’ont pas non plus été pris en compte. Les travailleurs pris en compte par l’étude sont ceux pour qui le mini-job ne constitue pas un travail complémentaire mais bien l’emploi principal. Selon la Bundesagentur für Arbeit (l’agence fédérale allemande pour l’Emploi), il s’agit de près de 5 millions de personnes sur les 7,4 millions ayant un mini-job.

    #Allemagne #flexi-jobs #salaire_minimum #mini-job #conditions_de_travail #Femmes #misère #pauvreté