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  • #Mir_Streiked !

    „Mir Streiked!“ ist die Hymne für der Schweizerischen Frauen*streiktag 2019. SASA, KimBo, Mer Ayang und Sascha Rijkeboer komponieren in ihrer musikalischen Unterschiedlichkeit ein Lied, das gleichzeitig bewegt, anklagt und mobilisiert.

    https://www.youtube.com/watch?v=m001Efj0ymI&feature=share


    #grève_féministe #14_juin #femmes #grève #Suisse #chanson #14_juin_2019 #hymne
    #musique_et_politique (ping @sinehebdo)

    v. aussi le #manifeste académique de la grève :
    https://seenthis.net/messages/777511

    et une tribune sur le #féminicide, tribune publiée en lien avec la grève :
    https://seenthis.net/messages/780868

    • "Les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes"

      Alors que l’égalité salariale est au coeur de la grève des femmes prévue le 14 juin, Manuela Honegger, politologue et politicienne indépendante, relève qu’en une année « les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes ».

      « L’écart de revenu entre l’homme et la femme reste notre préoccupation première », a affirmé dans La Matinale Manuela Honegger, membre du collectif genevois pour la grève des femmes. De plus, le travail domestique effectué par les femmes n’est toujours pas reconnu.

      « On estime aujourd’hui que faire à manger a plus de valeur en Suisse que ce que le secteur financier produit, la valeur que les femmes produisent tous les jours gratuitement et qui péjore leur vie est énorme. A la fin de l’année, les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes », a précisé la politicienne.

      De plus, « sur la base des différences salariales, les femmes devraient seulement travailler jusqu’à 57 ans et pas jusqu’à 64 ans », a-t-elle encore indiqué.
      Chiffre pas connu

      « La politique ne nous prend pas au sérieux, nous les femmes, et ne met pas nos préoccupations au centre », a encore souligné la politicienne. Alors que tout le monde connaît le nombre d’étrangers vivant en Suisse, « cela fait 25 ans que l’UDC martèle ces chiffres », combien de personnes connaissent le pourcentage des femmes qui font la lessive ou qui assument l’éducation des enfants ?

      « Les femmes accomplissent 80% de la lessive faite en Suisse et assument 70% de l’éducation des enfants. Ce sont des réalités à mettre sur l’agenda politique, c’est pourquoi nous avons choisi la grève. La grève est un moyen de pression pour dire stop », a conclu #Manuela_Honegger.

      https://www.rts.ch/info/suisse/10179694--les-femmes-gagnent-108-milliards-de-moins-que-les-hommes-.html

      #salaire

    • Vers la grève féministe en Suisse

      Dans cet entretien, Anouk (étudiante, investie dans les mouvements étudiants et de l’immigration coloniale et post-coloniale) et Maimouna (militante queer antiraciste « qui penche du côté marxiste de la force » et qui travaille dans un syndicat interprofessionnel du secteur public) nous livrent un récit du processus qui va porter nombreuses femmes* en Suisse à se mettre en grève pour la journée du 14 juin 2019. Nous saissons l’occasion pour relayer le manifeste de la grève, dont il est beaucoup question dans l’interview, et une émission radio sur cette lutte, dont le titre annonce : Ne changeons pas les femmes, changeons la société !

      – PEM : Le 14 juin se tiendra en Suisse une grève des femmes et féministe : Quel a été votre rapport à cette grève ?

      M : J’ai participé à cette grève surtout par l’organisation des travailleuses au sein de mon syndicat, mais également pendant une période par le biais de la coordination romande et du collectif genevois. Pour des raisons de santé, je n’ai pas pu participer à tout l’aspect collectif et de coordination des six derniers mois. Cette grève m’a accompagnée durant toute l’année et le fait de participer à sa construction sur les lieux de travail a sûrement été une des expériences militantes les plus intéressantes de ma vie.

      A : De mon côté, j’ai une position assez ambiguë par rapport à la grève. Rationnellement et politiquement, je suis super emballée par le processus. Je suis convaincue de la nécessité de s’y investir, et de la justesse d’organiser une grève générale à partir d’une position féministe. Mais d’un point de vue subjectif, j’arrive pas à me sentir concernée ou impliquée d’une quelconque manière. Pour plusieurs raisons, je n’arrive plus du tout à m’identifier aux discours du type “nous les femmes”, même si j’ai une compréhension du monde et des manières de me comporter profondément féministes. Du coup, je me suis tenue un peu à l’écart de tout le processus d’organisation de la grève, et j’ai juste participé aux débuts de la rédaction du manifeste, et j’ai été co-organisatrice de la journée du 10 février.

      – PEM : Pouvez-vous nous dire comment en Suisse on en est arrivé à organiser une grève féministe ? Quels ont été les éléments déclencheurs ?

      M : En Suisse, cette grève a été impulsée par des femmes syndicalistes après une énième discussion au parlement sur un projet de loi sur l’égalité salariale qui n’a abouti à rien. Je pense que c’est un aspect assez intéressant, notamment par rapport à d’autres endroits où ce genre de mobilisation a eu lieu, comme dans l’Etat espagnol, où le rôle des syndicats était beaucoup moins fort, voire un frein à l’organisation de cette mobilisation. Néanmoins, l’impulsion ne vient pas des directions syndicales mais plutôt de la base. Elles ont d’ailleurs plutôt été forcées à rejoindre le mouvement sous pression de leurs militantes. Je trouves aussi assez intéressant que ça vienne pas forcément de femmes très jeunes à la base, mais plutôt de militantes assez expérimentées, même si ça a très vite pris chez les femmes plus jeunes. Certaines étaient déjà là en 1991, lors de la première grève des femmes en Suisse d’ailleurs.

      A : Il y a une autre particularité par rapport à la Suisse. Ici, la construction de la grève s’appuie sur un réseau militant de syndicalistes féministes, de féministes organisées dans des partis de gauche radicale, et aussi de féministes autonomes, qui s’étaient toutes mobilisées contre cette loi sur l’augmentation de l’âge de la retraite - soutenue par les centrales syndicales au niveau national. Il y a donc une filiation entre cette opposition référendaire dans le champ institutionnel et l’impulsion de la grève féministe.

      – PEM : Pouvez-vous préciser quel a été le rôle des syndicats par rapport au mouvement ?

      M : Il faut bien comprendre que ce mouvement vient de la base. Il y a eu cette énorme manifestation à Berne qui a réuni 22 000 personnes en septembre 2018. Pour la petite histoire, chaque deux ans la plus grande organisation syndicale, l’USS [1], organise une manifestation nationale. Il s’agit avant tout d’une démonstration de force mais souvent avec un contenu politique très institutionnel. Donc du coup, comme chaque deux ans, l’USS a choisi un thème, et cette année-là c’était l’égalité salariale. Il n’y avait pas la volonté de parler de la grève qui se prépare aujourd’hui mais l’idée c’était simplement de mettre en avant cette revendication qui pouvait plaire à tout le monde. Le mouvement a fini par presque troller cette manifestation en créant un tronçon appelant à la grève féministe en 2019, ce qui a fait apparaître clairement nos revendications comme bien plus larges et radicales. Ça s’est fait littéralement aux nez et à la barbe des centrales syndicales qui ne voulaient parler que d’égalité salariale.

      A : Dès le début, et en raison de la manière dont le mouvement s’est structuré, il a appelé à aller plus loin qu’une grève « classique », qui reste contenue à un cadre de rapport salarié uniquement. Tout ceci ouvre des perspectives beaucoup plus larges, et ça remue le mouvement ouvrier dans son ensemble, notamment sur la question du travail reproductif, et de la grève politique (qui est d’ailleurs implicitement interdite par notre Constitution [2]).

      M : C’est vraiment important cette question de grève politique en Suisse. On a réussi à la rendre licite grâce à des mécanismes assez alambiqués, sachant que le droit de grève bien qu’inscrit dans notre constitution, est très limité.

      – PEM : Comment s’est organisé et structuré le mouvement pour la grève ? Quelles sont les formes d’organisation que vous vous êtes données et est-ce qu’elles sont présentes sur l’ensemble du territoire suisse (les différents cantons, dans les villes ou en campagne, etc.) ?

      M : En fait, le mouvement est né en Suisse romande et Suisse italienne et la Suisse allemande a rejoint le mouvement un peu plus tard. Actuellement, quasiment tous les cantons suisses et les grandes villes ont un collectif organisant la grève. Honnêtement, quand ça a commencé, ça aurait pu être ce genre d’initiatives super sympas lancées par dix meufs motivées qui aboutit à 5000 femmes dans la rue un an plus tard. Mais là, ça a pris bien plus d’ampleur ! Je pense que la manière dont le mouvement s’est construit, notamment la démocratie interne, la décentralisation, et surtout la totale liberté laissée aux collectifs - avec juste le Manifeste comme garde-fou - font que c’est un mouvement à la fois très large et radical.

      A : Oui, j’ai le souvenir d’une militante syndicale qui disait que ça avait impulsé la formation de collectifs sur plein de lieux de travail, ce qui en Suisse, est dingue ! En tous cas, je pensais pas que ça serait un truc aussi énorme, et que ça lancerait autant de personnes à s’organiser sur leur lieu de travail, de formation, etc. Au-delà même du 14 juin, ça ouvre des perspectives d’organisation beaucoup plus larges.

      M : La décentralisation du mouvement est très particulière mais aussi très adaptée à notre contexte fédéral. C’est vraiment une organisation décentralisée, qui part des collectifs locaux. C’est très difficile pour moi de parler de ce qui passe dans les cantons suisses alémaniques. Ce que je vois sur les réseaux sociaux (car le mouvement y est assez actif), c’est qu’en fait, finalement, dans des endroits où j’aurais pas pensé, il y a des choses qui se construisent.

      A : Le caractère de radicalité du mouvement est aussi lié au fait qu’il se construit au niveau national, au-delà des barrières linguistiques, mais d’une manière décentralisée comme tu l’as dit. C’est quand même très rare en Suisse. Mais l’organisation ne se fait pas uniquement selon des bases purement géographiques (ville, canton, etc.), mais aussi en fonction des lieux d’activité, sur les lieux de travail et de formation, etc.

      M : Je pense que c’est grâce aux organisatrices qui ont vraiment tout mis en place pour permettre la plus grande démocratie possible, ce qui est hallucinant et qui a représenté un travail phénoménal. S’assurer toujours qu’il existe des espaces de dialogues où les questions de contenu mais aussi de forme peuvent être entendues et discutées, ce qui a notamment permis de créer ce Manifeste avec une adhésion très large, a, d’après moi permis cette construction très large d’un mouvement.

      – PEM : Qu’est-ce qu’a apporté au mouvement la rédaction d’un manifeste ? Quels thèmes principaux en sont ressorti ?

      M : Alors, le manifeste regroupe dix-neuf revendications. Elles concernent tout : le rapport au corps, le rapport au travail, notamment l’inégalité salariale, mais la question du travail reproductif est également très développée. Je pense qu’on trouve pas le terme “anti-capitalisme” dans le texte (même si le terme capitalisme doit y apparaître), mais dans le fond, on est dans des revendications vraiment en rupture. Beaucoup de revendications tournent autour du monde du travail. Déjà parce que ce mouvement est très syndical mais aussi parce que les enjeux autour des inégalités sur les lieux de travail sont encore loin d’être résolus. Il n’y a pas de réelles protections contre les inégalités salariales, les protections contre le sexisme sur le lieu de travail sont peu ou mal mis en place, et la dévalorisation sociale et salariale des métiers typiquement féminins existe. On est quand même un pays où les personnes travaillant dans l’économie domestique ne sont même pas soumises à la loi sur le travail dont le texte est censé protéger les travailleuses et travailleurs.

      A : Oui, notamment celle de réduction du temps de travail ! Et la question des violences sexistes est aussi importante pour nous. C’est vrai qu’avec le Manifeste, on donne une vision d’unité, comme si tout le monde était d’accord sur tout, mais il y a quand même eu des grosses contradictions internes. D’ailleurs, la force du cas suisse, c’est d’avoir pu dépasser ces contradictions et de ne pas s’être scindé. C’est peut-être lié à la culture du compromis suisse [rires]. Dans tous les cas, il y a eu un travail politique phénoménal sur les sujets de dissension, pour aboutir à une orientation d’un féminisme de classe et anticapitaliste, et aussi sur la question de la pénalisation des violences de genre. À la première séance de rédaction du Manifeste en août passé, les nombreuses personnes présentes étaient réparties en groupes de travail « par thématique », où on discutait de nos revendications et leur articulation. Il se trouve que j’ai eu la bonne idée d’aller au groupe sur les violences faites aux femmes. C’était assez difficile, et il a fallu un travail important (que des camarades ont mené tout au long de l’année) pour éviter une orientation pro-punitive, et amener une vision globale sur les conséquences de ces orientations en termes de rapports sociaux de race, et plus largement de répression. Mais c’est une position qui est extrêmement ambivalente et compliquée à trouver et défendre, entre d’un côté dire que les violences de genre sont un sujet politique fondamental (et qu’on ne va pas s’en occuper « après » pour le dire vite), mais de l’autre, se demander comment on peut y répondre sans converger avec l’appareil répressif d’Etat. Il y a donc eu tout un travail : déjà, sur le moment même, et avec les relectures et amendements successifs du Manifeste. Plus largement, et dans un deuxième temps, on a organisé avec SolidaritéS [3] une journée d’étude qui a réuni des personnes actives dans les organisations qui luttent concrètement contre les violences de genre, pour essayer d’élaborer des pistes d’actions anti-punitives, mais concrètes et ancrées dans notre réalité. Il y avait beaucoup de personnes impliquées dans l’organisation de la grève, et l’idée était de revenir ensuite dans les différents collectifs et mettre ça en avant. Au final, quand on regarde le Manifeste maintenant, on remarque que ce travail collectif (qui prend différentes formes) a porté ses fruits.

      – PEM : Du coup, est-ce que vous diriez que le Manifeste, rédigé en août dernier, rend bien compte de la pluralité des composantes du mouvement tel qu’il est aujourd’hui ?

      M : Le mouvement s’est organisé en mixité choisie, sans hommes cisgenres. Pour la composante sociale, dans les collectifs que je connais, principalement en Suisse romande, on compte majoritairement des femmes* déjà militantes, peu de femmes non blanches, par contre plutôt très intergénérationnelle. Néanmoins, quelques femmes ayant un parcours migratoire ont été très actives, ce qui a permis d’amener des revendications concrètes et précises sur les questions d’asile et d’accueil. L’exemple qu’a donné Anouk, et il y en aurait d’autres, montre bien qu’en tant que minorités dans la minorité, c’est très dur de réussir à mettre en avant ses revendications s’il n’y a pas un vrai travail d’organisation en interne. On l’a notamment vu pour les questions LBTIQ, où finalement des revendications spécifiques n’ont pas été visibilisées et ce alors qu’en Suisse on serait dans un contexte assez propice à la mise en avant de revendications par exemple liées à la parentalité, aux parcours trans* ou encore d’égalité juridique. De ce que j’ai perçu, en tout cas en Romandie, il nous a été difficile de nous organiser entre nous pour faire émerger ces revendications. Par contre, le travail fait par les femmes migrantes et leurs alliées ont réussi à imposer des revendications puissantes sur cette question, autant dans le manifeste que dans l’organisation collective. Ces questions, par exemple le fait de ne pas avoir de permis de séjour ou juste un permis provisoire en tant que travailleuse – en lien avec tout le travail syndical qui est mené sur ce front depuis des années - sont bien comprises et intégrées. Par contre, on n’a pas constaté la même chose sur les questions de race. Pour être bien claire, quand on parle de femmes migrantes en Suisse, on parle de femmes qui viennent du troisième cercle (le Sud global) comme on dit, mais aussi d’Europe du Sud.

      A : C’est vrai qu’il y a eu un travail politique pour orienter ces revendications dans un sens émancipateur pour tout le monde. Donc le Manifeste n’est bien sûr pas parfait, mais c’est le fruit d’un travail politique de longue haleine, parfois éreintant, mené par un grand nombre de personnes. Au début, il y avait carrément des propositions islamophobes, ou abolitionnistes (du travail du sexe)… Le fait que ce genre de choses ne soient pas passées (même si le Manifeste n’est pas explicite sur ces questions), c’est aussi le fruit d’un travail. Ça permet de le garder ouvert à une organisation politique sur les rapports coloniaux, sur le travail du sexe, etc.

      M : Sur ces questions, on constate qu’il y avait cette peur au début, comme dans tout mouvement unitaire : « que vont faire les femmes qui ne sont pas organisées à gauche, et comment elles vont pouvoir adhérer à ce manifeste ? ». Finalement, on se rend compte que plus il y a de revendications, plus elles sont larges, plus elles sont radicales, et - c’est assez contre-intuitif - plus elles sont rassembleuses. En fait, ça a permis de créer un mouvement ultra large. La question des “femmes de droites” - doit-on les intégrer,, comment leur parler, est-ce qu’on les effraient ou pas - a souvent été posé, surtout au début dans les collectifs locaux. Je me souviens très clairement d’une femme qui disait « si les femmes de droite se reconnaissent dans le manifeste, elles viendront, et sinon tant pis ». Il faut juste imaginer que lors de l’appel de la première coordination nationale à Bienne, il devait y avoir 500 à 600 personnes, qui sont des personnes qui organisent activement cette grève.

      –PEM : Pourquoi est-il important de faire grève pour faire valoir ces raisons ?

      M : Il y a un truc que je trouve intéressant dans le droit suisse, la grève est considérée comme l’ultima ratio. Donc c’est le dernier outil que les travailleurs et travailleuses mettent en place pour obtenir leurs revendications, après que tout a échoué. Là, ça fait 38 ans qu’on a une égalité dans la constitution qui n’est pas appliquée, et tout part quand même de là ! On peut se dire que c’est très réformiste et partiel, mais littéralement, ça veut dire qu’en Suisse, il y a aucune possibilité de sanction ni de contrainte pour vraiment combattre l’égalité salariale même dans son sens le plus strict. Tu peux faire reconnaître - mais c’est très compliqué – que tu n’es pas payée la même chose que ton collègue masculin et toucher le différentiel ainsi qu’une indemnité représentant six mois de salaire et c’est la seule sanction que tu auras en tant qu’employeur. En gros, une mise en conformité plus une petite amende. De plus, ce n’est pas soumis à un contrôle régulier, sauf pour les entreprises de plus de 100 employé-e-s, ce qui représente environ 2% des employeurs en Suisse. On en est là. Donc c’est pour ça que c’est important de faire grève, c’est pour montrer qu’on en a marre du système suisse de la négociation et de la « paix du travail » et que oui, en tant que femmes ont a tout essayé mais que là ça suffit et que donc on utilise l’outil de l’ultima ratio.

      A : Pour moi, cette grève a permis de montrer, dans ce système suisse, qui est officiellement « pacifié » et qui jure que par cette fameuse « paix du travail », que la conflictualité sociale, elle existe ; que les antagonismes de classe, ils existent. La conflictualité, c’est pas nous qui l’inventons, elle est réelle. Du coup, l’analyse qu’on fait en étant marxistes et féministes, c’est de lier les raisons larges pour lesquelles on fait grève (qui ne concernent pas uniquement les inégalités dans le travail salarié), à ce mode de production particulier. Donc une fois qu’on a dit ça, notre mode d’action doit rendre compte de ça.

      M : Sur la question de la grève, ça a pas été sans tension, vraiment ! Évidemment, faire grève en Suisse en 2019, c’est aussi le rappel de la grève de 1991 [4], qui a été un des plus beaux moments de luttes en Suisse. C’est aussi le rappel de ces femmes qui se sont battues en 1971 pour obtenir le droit de vote [5]. Il y a des femmes qui ont fait grève en 1991, et nous en 2019, on lutte aussi !

      A : Il faut préciser que cette grève s’inscrit dans un renouveau de perspectives de luttes de la gauche politique et syndicale. Il faut rappeler brièvement que le système suisse permet de s’opposer à des projets du parlement (et d’en proposer) en récoltant un certain nombre de signatures. Les initiatives ou référendum sont ensuite soumises au vote de la population suisse. Je précise, car j’ai vu beaucoup de discussions sur ce système de démocratie semi-directe en France, en lien avec la revendication du RIC défendues par certain·es Gilets Jaunes. Or, un élément pour moi central est à chaque fois laissé de côté : le système suisse est fondé sur l’exclusion politique d’une partie importante (environ un cinquième) de la population et des classes populaires, à savoir la population “d’origine étrangère”. En effet, les droits politiques sont conditionnés à la possession de la nationalité suisse, qui est extrêmement difficile à obtenir. En l’espace d’un an, la gauche politique est parvenue à faire refuser un projet d’augmenter l’âge de la retraite des femmes (appelé PV2020), et une autre loi (appelée RIE3) sur la défiscalisation massive du capital des multinationales implantées en Suisse (ce qui représente un transfert massif de richesses des collectivités publiques, notamment du Sud global, vers les actionnaires de Nestlé, Glencore, etc.). J’ai l’impression que ça a vraiment créé une dynamique de gauche qui est de nouveau capable d’arracher des grandes victoires. En même temps, on a lancé tout récemment un référendum contre la soeur jumelle de la RIE3 , donc contre une loi qui prévoyait exactement les mêmes dispositifs fiscaux ; on a fait aboutir le référendum, mais on l’a perdu en votation car la réforme a été massivement approuvée. Et on a certes refusé l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, mais il y a déjà un projet au Parlement pour l’augmenter à nouveau. Cette question des initiatives et référendums constitue un grand débat au sein de nos organisations, et pour ma part, je ne crois pas qu’il faille rejeter une lutte institutionnelle par référendum en bloc, parce que comme on l’a vu, ça permet de lancer des dynamiques d’opposition substantielle. Par contre, sur la base de cette séquence politique, on voit que si on les considère comme une fin en soi, on n’a pas fini de s’opposer aux mêmes projets de loi, et on passe notre temps à récolter des signatures.

      M : Oui, au bout d’un moment, à ce jeu, ils gagnent en fait ! C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a ce dessin qui tourne et qui montre une femme avec une batte de base-ball disant “j’ai décidé de changer de méthode”.

      – PEM : Quelles autres expériences de lutte à l’échelle globale ou dans l’histoire suisse sont importantes pour vous ?

      M : La grève générale de 1918 ! Parce que j’ai découvert cette grève il y a un an et demi au moment du centenaire, et parce que l’organisation des syndicats au niveau national, l’USS (Union syndicale suisse) qui a organisé une super journée de conférence [rires] avec des historien·nes où, littéralement, leur conclusion c’était que c’était pas si bien parce qu’au final, on n’a rien gagné. C’est les syndicats qui disent ça ! Ça m’a donné envie de creuser, j’ai découvert plein de trucs, notamment que c’était pas tant un échec que ça, et je pense que ça montre aussi à quel point en Suisse, on ne connaît pas l’histoire des luttes.

      A : Au centre des revendications de la grève générale de 1918, il y avait celle du droit de vote des femmes ! Cette revendication dont on dit souvent qu’elle apparaît beaucoup plus tard, a été portée par le mouvement ouvrier dès 1918. Face aux frappadingues pour qui la grève féministe divise la classe ouvrière – ce qui est une analyse complètement hors sol quand on voit le développement massif de collectifs sur les lieux de travail – on se rend compte que dès le début, il y a un lien organique entre les luttes féministes et le mouvement ouvrier, simplement parce que les femmes font partie du mouvement ouvrier ! Après personnellement, l’histoire des luttes des travailleurs immigrés, et notamment italiens est importante politiquement pour moi.

      M : Ce qui est terrible, c’est qu’on est hyper à la ramasse et qu’on ne connaît presque pas notre histoire, parce qu’on a vraiment un roman national très fort : en Suisse, on dit qu’on est riche parce qu’on sait faire des compromis, que les valeurs paysannes et protestantes sont celles qui assurent notre prospérité et qu’on obtient jamais rien par la force. Par exemple, sur l’obtention du droit de vote des femmes en 1971, ce que tout le monde croit, c’est que le gentil parlement a décidé d’autoriser les femmes à voter parce que c’était quand même un peu la honte d’avoir attendu si longtemps. Or j’ai appris cette année, en creusant un peu, qu’il y avait eu une énorme mobilisation populaire, notamment des femmes autour de cette question.

      – PEM : Les institutions semblent réagir de manière plutôt bienveillante voire encourager certaines initiatives qui vont se tenir à l’occasion du 14 Juin : comment expliquez-vous cette bienveillance (paternaliste ?), et comment, dans ce contexte, garantir une certaine offensivité lors de cette journée de grève ?

      M : On constate effectivement une offensive massive du Parti socialiste (gauche gouvernementale) et des directions syndicales pour essayer de récupérer et pacifier cette grève en en retirant les aspects les plus combatifs. En même temps, c’est vrai qu’en Suisse , où qu’on soit sur l’échiquier politique il devient compliqué de dire qu’on est contre l’égalité. Les solutions choisies, comme dans beaucoup d’autres endroits, c’est de dire qu’on utilise pas la bonne méthode ou que l’on a mal compris l’égalité. On l’a vu syndicalement avec la réaction des employeurs. D’abord, il y a eu une offensive pour dire que cette grève n’était pas licite. Puis, sous la pression des collectifs, les employeurs du publics - sur Genève et sur Vaud, en tout cas - ont fini par dire qu’il n’y aurait pas de sanction pour cette grève, tout en sous-entendant que ça en était pas vraiment une. Une conseillère d’état PLR [6] à Genève a même affirmé que le mot grève n’avait qu’une valeur historique, et qu’en réalité il s’agissait d’une grande fête. On passe évidemment notre temps à rappeler que nous avons des revendications de ruptures et que oui c’est bien une grève. Le problème c’est qu’on n’est pas toujours entendu, face au discours dominant, notamment des médias. C’est ce qui permet à des meufs de l’exécutif ou de droite de participer aux mobilisations, qu’elles essaient de vider de leur sens...

      A : Oui, mais en même temps, elles vont marcher derrière des syndicalistes et des féministes qui revendiquent la réduction générale du temps de travail, et qui refusent catégoriquement l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes ! D’une certaine manière, c’est bon signe, ça veut dire que les collectifs ont réussi à imposer un rapport de force qui fait que les autorités se sentent obligées d’y participer. Surtout, les dynamiques d’organisation que cette grève a impulsées sur les lieux de travail, de vie et de formation, c’est pas quelque chose qui est “récupérable”. Pour moi c’est ça le plus important : le 14 juin n’est pas une fin en soi, c’est un but qui permet à des collectifs d’essaimer un peu partout, et de développer ou renforcer notre organisation collective.

      M : Ce qui est complètement dingue avec cette grève, c’est que malgré la radicalité du Manifeste (et même grâce à cette radicalité), des dizaines de milliers de femmes vont se mobiliser ce 14 juin. Ça permet de contrer cette idée très répandue, selon laquelle il faudrait pas être trop radicale, ou faire trop de bruit, pour pouvoir mobiliser largement. Or ce qu’on a constaté c’est qu’en permettant aux femmes de s’exprimer et en ancrant les revendications dans une réalité, ça marche, et c’est énorme !❞


      http://www.platenqmil.com/blog/2019/06/13/vers-la-greve-feministe-en-suisse

    • Un « ras-le-bol général » : vendredi, c’est la grève des femmes en Suisse

      Vingt-huit ans après une première mobilisation nationale, syndicats et collectifs féministes appellent à la mobilisation pour mettre fin aux inégalités femmes/hommes.

      Le reste du monde a le 8 mars. La Suisse a son 14 juin. Vendredi 14 juin 2019, collectifs féministes et syndicats organisent une « grève des femmes », pour l’égalité avec les hommes, 28 ans après la première du nom, en 1991.

      Une grève que les organisateurs espèrent nationale et globale. « Il ne s’agit pas seulement d’une grève du travail rémunéré, explique au Parisien Anne Fritz, coordinatrice de la mobilisation à l’Union syndicale suisse, à l’origine de la mobilisation. Il y aura aussi une grève du ménage, du prendre soin, de la consommation… » De toutes ses tâches, encore majoritairement effectuée au quotidien par des femmes, peu reconnues et non rémunérées.
      Une date symbolique

      Un mot d’ordre, l’égalité, et plusieurs déclinaisons : égalité des salaires, fin des violences sexistes, fin de la précarité des femmes… Plusieurs manifestations seront organisées ce jour-là, dans tout le pays. « Le plus important, c’est que chaque femme puisse participer à son niveau, là où elle est », poursuit Anne Fritz.

      La date du 14 juin est hautement symbolique en Suisse. En 1981, était introduit dans la Constitution un article concernant l’égalité entre les femmes et les hommes. Dix ans plus tard, près de 500 000 personnes - pour un pays de 3,46 millions d’habitants - se mobilisaient pour dénoncer les inégalités toujours persistantes.

      Près de trois décennies plus tard, les femmes continuent de toucher 20 % de moins que les hommes, il n’existe pas de congé paternité et les places en crèche sont rares et chères, freinant la participation des femmes à la vie active.

      L’année dernière, une loi sur l’égalité salariale a été votée dans le pays. Mais la version adoptée en définitive était nettement édulcorée, par rapport au texte initial. La dernière version ne prévoit pas, par exemple, de sanction pour les entreprises discriminantes.
      Le patronat suisse grince des dents

      Un sentiment de trop peu, qui fait germer l’idée d’une nouvelle grève, à l’image de celle de 1991, dans les milieux féministes, et au sein de l’Union syndicale suisse. Le mouvement #MeToo, ainsi que diverses mobilisations internationales, pour défendre l’avortement ou critiquer certains dirigeants comme le président américain Donald Trump ou Jair Bolsonaro, le président brésilien, sont aussi passés par là.

      Pour Anne Fritz, c’est un « ras-le-bol général des femmes » qui a permis de concrétiser cette grève anniversaire. Elle est née en cette année symbolique de 1991. Aujourd’hui, elle estime que les femmes ne sont « pas entendues en manifestation. C’est la raison pour laquelle il faut faire grève ».

      Plusieurs entreprises et administrations ont affiché leur soutien à cette grève des femmes. À Genève par exemple, la ville fermera des crèches. Mais l’Union patronale essaie de contrer le mouvement. Le syndicat le considère comme « illicite », car ne visant « pas uniquement les conditions de travail », selon les propos Marco Taddei, un de ses représentants, à l’AFP.

      Difficile de prévoir l’ampleur du mouvement de vendredi, la grève ne faisant pas partie de la culture suisse. Depuis l’instauration en 1937 de la « paix du travail », une convention signée entre patronats et syndicats, la négociation est souvent préférée à la grève. Anne Fritz espère « énormément » de personnes. Ou au moins autant qu’en 1991.

      http://m.leparisien.fr/societe/un-ras-le-bol-general-vendredi-c-est-la-greve-des-femmes-en-suisse-13-0

    • Les guettes ont appelé Lausanne à une nuit mauve

      Du haut de la cathédrale, quatre femmes ont lancé la mobilisation du 14 juin. Un cri inédit, relayé une bonne partie de la nuit avant la grande journée de vendredi.

      l faut « garder le dos bien droit, mettre les mains en porte-voix et s’adresser à Lausanne ». Un rapide conseil, glissé par Renato Häusler, guet de la cathédrale de Lausanne, à celles qui s’apprêtent à prendre sa place. Pour la première fois depuis 614 ans, la voix d’une femme va donner l’heure à la ville. A 23 heures, ce jeudi 13 juin en guise d’échauffement, puis à minuit, 1 heure et 2 heures, avec en prime un appel à la grève des femmes, à la grève féministe.

      C’est ainsi qu’à minuit, Nadia Lamamra, représentante du collectif vaudois pour la grève, Nicole Christe, cheffe du Service de l’architecture de la Ville de Lausanne, Joëlle Moret, déléguée à l’égalité et la chanteuse Billie Bird crient de concert « C’est la grève, c’est la grève ! ». Et après un bref silence, les acclamations montent de l’esplanade où plusieurs centaines de personnes affluent depuis 22 heures. « Il y a enfin un peu de reconnaissance, même dans les professions très atypiques les bastions masculins finissent par tomber », apprécient les guettes en chœur. La grève nationale du 14 juin est lancée à Lausanne, la cathédrale peut s’enflammer et briller en mauve dans la nuit.

      « C’était un moment fou, j’en ai eu des frissons. Il y avait un grand silence, on entendait juste les tambours, il y avait quelque chose de mystique et, tout à coup, tout le monde a hurlé. J’ai failli pleurer », raconte Anne-Julie.

      Au pied de la cathédrale, en continu, il y a les banderoles et les pancartes, les danses et les accolades, les chants et les slogans comme autant de cris du cœur. Entres autres : « Fortes, fières et pas prêtes de se taire » ou « Patriarcat t’es foutu, les femmes sont dans la rue ». « Ça me rend euphorique cet engouement, j’espère que ce sera le début d’un vrai mouvement. Il faut que les gens comprennent ce que l’on vit, commente Charlotte. Je pense aussi à celles qui ont de grandes difficultés, les travailleuses pauvres, les mères isolées ou celles qui ne peuvent pas être là parce qu’elles sont empêchées par quelque chose ou quelqu’un. »

      Puis comme la cathédrale, la place de la Riponne s’embrase. Autour d’un feu de camp, la foule donne de la voix tandis que quelques objets volent au milieu des flammes. Du carton, un tee-shirt ou un soutien-gorge, avalés par les flammes sous les applaudissements. « Symboliquement c’est déjà très fort ce que l’on voit ce soir, observe Yesmine. J’ai vécu près de la cathédrale et tous les jours j’ai entendu un homme crier. Alors aujourd’hui c’est beaucoup d’émotions, quelque chose se concrétise. »


      Beaucoup d’émotions et pas mal d’actions, au moment de se disperser dans la ville aux alentours d’1h30. Un peu partout, l’eau des fontaines devient violette, comme la cheminée de Pierre-de-Plan. Les stickers militants fleurissent sur les murs et 56 rues sont même rebaptisées. C’est l’oeuvre du collectif ruElles, parti arpenter la ville toute la nuit avec de la colle et de faux panneaux en papier. « Une soixantaine de rues lausannoises portent le nom de personnes illustres ayant marqué l’histoire suisse. Trois d’entre elles seulement sont des femmes, explique les membres. Ce soir, les femmes sortent de l’ombre de l’Histoire et vont dans les rues. » Elles feront de même ce vendredi 14 juin, dès 8 heures et pour toute la journée.

      https://www.24heures.ch/vaud-regions/guettes-appele-lausanne-nuit-mauve/story/13485264

    • Toutes les femmes du Courrier…

      … se joignent aux revendications de la grève féministe / grève des femmes*. Toutes, nous croiserons les bras en ce vendredi 14 juin, vingt-huit ans après la journée historique qui avait vu 500 000 femmes s’unir à travers toute la Suisse pour exiger, enfin, l’égalité dans les faits.

      Car nous observons chaque jour l’ampleur du fossé qui nous sépare de l’égalité. Aujourd’hui comme hier, nous exigeons une meilleure reconnaissance de toutes les tâches que nous exécutons au quotidien ainsi que le respect de notre personne et de notre individualité. Par notre refus de travailler ou d’exécuter des travaux domestiques durant vingt-quatre heures, nous posons nos limites. 91-19… Et cette impression de tourner en rond.

      C’est ce que ressentent aussi les femmes du Courrier, qui se sont réunies pour énoncer leurs doléances. Notre cahier de revendications en cinq axes complète celles du manifeste de la grève et, surtout, rejoint l’expérience d’innombrables femmes, par-delà la branche économique du journalisme. Les problèmes soulevés touchent des facettes très différentes de nos vies et, pourtant, s’imbriquent pour former un continuum sexiste.

      Nous demandons la valorisation du travail des femmes. Comme tant de pairs, nous portons une immense partie de la charge émotionnelle au travail. Est attendu de nous que nous soyons patientes, à l’écoute, gestionnaires du quotidien. Quand on se tournera vers les hommes pour ce qui relève de compétences jugées plus techniques et mesurables. Invisibilisé, notre travail est pourtant essentiel à la bonne marche de toute entreprise.

      Nous attendons que notre parole soit écoutée, notre légitimité reconnue comme celle de nos collègues masculins.

      Nous voulons concilier vie privée et professionnelle sans nous épuiser dans de doubles journées, que nous soyons mères ou proches-aidantes. Cela passe par le respect de notre temps de repos, des congés (parentaux notamment) suffisants et la possibilité d’aménager notre temps de travail selon nos besoins. Il n’existe pas de recette magique applicable à toutes. Et nous méritons d’être considérées au-delà des stéréotypes de genre.

      Nous exigeons la parité à tous les niveaux de l’entreprise, de la base aux instances dirigeantes.

      Enfin, la lutte contre le sexisme doit s’appliquer à chacune de nos pages. Elle passe par la généralisation du langage épicène, des images non stéréotypées, des formulations s’abstenant de ramener les femmes à leur seul statut de mère, de fille ou d’épouse, sans cliché machiste.

      Le chantier ne fait que commencer. Et nous aurons toutes et tous à gagner de ce monde plus égalitaire. Solidaires, les hommes du Courrier nous soutiennent d’ailleurs dans notre lutte. Nous leur confions, l’espace d’une journée, la tâche de confectionner un journal spécial dédié à la grève, qui paraîtra samedi. Cette édition ancrera la date du 14 juin 2019 dans les mémoires. Pour qu’elle ne devienne pas une date anniversaire, mais une date charnière, le marqueur d’un changement de société dans toute sa profondeur.

      https://lecourrier.ch/2019/06/13/toutes-les-femmes-du-courrier

    • Swiss women strike for more money, time and respect

      Women across Switzerland are preparing for a nationwide strike in protest against what they say is the country’s unacceptably slow pace to equality.

      Friday’s protest comes 28 years after similar action saw half a million women take to the streets in 1991.

      Swiss women have long campaigned to accelerate the pace of gender equality.

      They joined millions of other women in Europe after World War One ended in 1918 in demanding the right to vote - but did not get it until 1971.

      At the time of the 1991 strike there were no women in the Swiss government, and there was no statutory maternity leave.

      Appenzell, the last Swiss canton to refuse women the right to vote, had just been ordered to change its policy by Switzerland’s Supreme Court.


      https://www.bbc.com/news/world-europe-48615911

    • Les journaux romands se mettent au violet

      Que ce soit sur un mode humoristique, ironique ou sérieux, la presse romande relate largement la grève des femmes vendredi.

      Les quotidiens romands parlent abondamment de la grève des femmes dans leurs éditions de vendredi. La plupart se sont parés de violet, la couleur du mouvement.

      « Suissesses en colère », écrit « 24 heures » en une. Le quotidien vaudois illustre sa première page avec le dessin d’une femme en violet sur fond jaune, poing dressé en l’air. Plus sobre, la « Tribune de Genève » titre « Une journée de grève pour exiger l’égalité » avec la photo de manifestantes vêtues en violet.

      « 20 Minutes » titre « Hall of femmes » en référence à l’expression anglophone « Hall of fame », temple de la renommée en français. Du côté de Neuchâtel, « Arcinfo » propose la photo d’une foule de femmes en première page avec le titre « Respect ».

      Le « Journal du Jura » opte lui pour un dessin de presse humoristique, montrant une mère en train d’accoucher à 15h24, heure symbolique à laquelle les femmes ne sont plus payées par rapport aux hommes. « L’étoffe des héroïnes » lance quant à lui le « Quotidien jurassien ».

      Un dessin orne également la une de « La Liberté », celui d’une femme en gants de boxe. « Pour que la lutte porte ses fruits », titre le journal fribourgeois. « Grève féministe Jour G », renchérit Le Courrier, qui a abandonné sa traditionnelle couleur rouge pour le violet.

      « Le Temps » montre un dessin où plusieurs hommes sont représentés, mais aucune femme. « Un genre vous manque, et tout un journal est dépeuplé », titre le quotidien. Son édition de vendredi est parsemée de cases blanches, là où une journaliste devait écrire un article.

      https://www.tdg.ch/suisse/suisse-romandejournaux-romands-mettent-violet/story/25605124

    • En Suisse, les femmes appelées à la grève pour dénoncer les inégalités

      Les organisateurs souhaitent mettre en lumière les différences salariales, mais aussi insister sur la reconnaissance du travail domestique et dénoncer les violences contre les femmes.


      https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/14/en-suisse-les-femmes-appelees-a-la-greve-pour-denoncer-les-inegalites_547605

    • Why Swiss women are back on strike today

      On June 14, 1991, half a million women in Switzerland joined the first women’s strike. Now, nearly 30 years later, they’re mobilising again.

      Many people in Switzerland were taken by surprise on that spring day in 1991. The idea came from a small group of women watchmakers in the Vaud and Jura regions. Organised by trade unionist Christiane Brunner, it became one of the biggest political demonstrations in Swiss history.

      About 500,000 women throughout the country joined in the women’s strike through various types of actions. They called for equal pay for equal work, equality under social insurance law, and for the end of discrimination and sexual harassment.
      Why 1991?

      The choice of date was not arbitrary: on June 14 a decade prior, Swiss voters had approved a new article in the constitution on equality of the sexesexternal link. But the principle laid down in the constitution had not been translated into concrete legislation. The gap between men’s and women’s pay was still glaring.

      The 1991 strike was also intended to mark the 20th anniversary of women getting the vote at the federal level, a goal achieved very late in Switzerland compared to all other countries in Europe and most of the world.
      Why a strike?

      The idea of presenting the mobilisation of 1991 as a strike at first struggled to find acceptance. “At the outset, the Swiss trade union congress was not enthusiastic,” recalls historian Elisabeth Joris, who specialises in women’s and gender history in Switzerland. “The word was going round: ‘This is a day of action, not a strike’, because the very notion of a strike was linked to paid work, while women worked in very varied settings and often not for a paycheque.”

      On the other hand, talking in terms of a strike took on a highly political significance. “Every social movement takes place in a historical context, it is linked to other events,” notes Joris. Declaring a nationwide political strike meant appealing to the precedent of the other great nationwide political strike in Swiss history: the general strike of 1918, which included women’s suffrage among its demands, and in which women played an important role.

      “Women were borrowing a tradition from the workers’ movement, but gave it a wider meaning, transforming and adapting it to the needs of the feminist movement,” explains Joris. The idea of a women’s strike was not new, either. In 1975 there was such a strike in Iceland, to mark International Women’s Year. Even the choice of March 8 as International Women’s Day commemorates the strike by New York garment workers in 1909 and 1910.

      A different kind of strike

      The 1991 strike movement had many obstacles to overcome. In the economic and political world, there was much opposition. At the time, Senate President Max Affolter urged women not to get involved in it and risk “forfeiting men’s goodwill towards their aspirations”.

      On the other hand, the varied working environment of women, often outside the realm of paid work, did not lend itself to traditional forms of mobilisation. “The 1991 women’s strike involved a wide range of actions,” points out Elisabeth Joris. “This was able to happen because the strike was organised on a decentralised basis, unlike traditional strikes.”
      Snowballs for politicians

      Even if its historical significance was not recognised at the outset, the 1991 strike had a decisive impact on progress regarding equality of the sexes and the struggle against discrimination in Switzerland. The newfound strength of the women’s movement showed itself in 1993, when the right-wing majority in parliament declined to elect the Social Democratic Party candidate Christiane Brunner to a seat in the Federal Council, preferring a man.

      “The majority in parliament thought it could do the same thing it had done ten years before with Lilian Uchtenhagen [another Social Democrat who failed to win the election]”, notes Joris. “But Christiane Brunner was the women’s strike. The reaction was immediate. A few hours later, the square in front of parliament was full of demonstrators. Some parliamentarians found themselves pelted with snowballs.”

      Francis Matthey, the candidate elected to the Swiss executive branch, came under such pressure from his own party as well as demonstrators that he felt obliged to resign. A week later Ruth Dreifuss was elected in his place. “Since that time, the idea of there being no women in cabinet is just not acceptable.”

      In 1996, legislation was brought in to ensure the equality of the sexes, which had been one of the demands of the strike. In 2002, Swiss voters approved legislation legalising abortion. In 2004, the article in the constitution on maternity leave, which had been in the constitution since 1945, was finally implemented in a piece of enabling legislation.
      ‘A new generation that favours feminism’

      And yet, in spite of the victories of the women’s movement, equality remains a burning issue. Pay gaps between women and men remain considerable. The #metoo movement has brought to the fore – like never before – the issue of sexual harassment and discrimination based on a person’s gender or sexual orientation.

      “Already around the 20th anniversary there was talk of another women’s strike, but the idea didn’t take hold,” notes Elisabeth Joris. “To succeed, a movement needs an emotional energy to it. This energy has now accumulated. There is a huge generation of young women in their 20s and 30s that favours feminism.”

      “In 2019, we are still looking for equality, and realise that there has to be a lot more than this – the culture of sexism is part of everyday life in Switzerland, it’s invisible, and we are so used to getting along that we hardly notice it is there,” says Clara Almeida Lozar, 20, who belongs to the collective organising the women’s strike at the Swiss Federal Institute of Technology Lausanne.

      https://www.swissinfo.ch/eng/feminism_why-swiss-women-are-back-on-strike-today/45025458

  • Peu d’écho pour la grève générale du jeudi 25 avril en Colombie pour protester contre le plan de réformes du président Duque…

    Les manifestations, syndicats et étudiants, se sont déroulées dans le calme.

    Huelga de 24 horas en Colombia - Diario La Prensa
    https://www.laprensa.hn/mundo/1278945-410/huelga-24-horas-colombia-protestas-presidente-ivan-duque

    Miles de trabajadores colombianos suspendieron ayer sus actividades para sumarse a una huelga nacional de 24 horas convocada por las centrales obreras en contra de las políticas económicas y sociales del presidente Iván Duque.

    Esperamos movilizar por lo menos un millón de colombianos en todas las ciudades capitales y adicionalmente en las ciudades intermedias”, dijo en el inicio de la jornada a periodistas el presidente de la Central Unitaria de Trabajadores (CUT), Diógenes Orjuela.

    Los manifestantes, que se congregaron en diferentes puntos del país, están en contra del Plan Nacional de Desarrollo (PND) del Gobierno nacional, que según afirman, incorpora una reforma laboral y una de la seguridad social.

    Según Orjuela, dicho plan “permite la contratación por debajo del salario mínimo y elimina el sistema de seguridad social para los trabajadores, con lo que perderían su derecho a pensión, riesgos laborales, licencias de maternidad, paternidad, e incapacidades, y el derecho a la afiliación a Cajas de Compensación Familiar”.

    A la jornada se sumaron conductores de los autobuses públicos de Bogotá, que en su gran mayoría salieron con sus vehículos a la calle pero sin recoger pasajeros y solo unos pocos prestaron el servicio.

    • Revue de presse avant la journée de grève. Airs connus :
      • réforme des retraites,
      • réforme du Code du travail (flexibilité pour les employeurs, précarisation des salariés, suppression du salaire minimum.

      De 9h à 14h, enseignants, agriculteurs, étudiants, syndicats vont se mettre en marche contre les politiques d’Ivan Duque. Dans toutes les villes du pays, des milliers de personnes se mobilisent contre le #Plan_national_de_développement actuellement débattu au Congrès et qui prévoit notamment une réforme de la loi travail.

      Plus de flexibilité pour les employeurs, moins de sécurité pour les travailleurs. Le principal point d’achoppement c’est l’élimination du salaire minimum, remplacé par un système de rémunération à l’heure : « une attaque directe aux Conventions collectives » condamne le président de la Centrale unitaire des travailleurs dans La Opinión.

      La réforme des retraites aussi crispe de nombreux Colombiens, rappelle le journal en ligne Social Geek, car elle prévoit le remplacement du système contributif par un système de « prestations périodiques » qui, selon les syndicats, réduira l’enveloppe des retraités.

      Dans El Tiempo, on lit que huit écoles sur dix seront à l’arrêt aujourd’hui puisque les enseignants seront dans la rue pour rappeler qu’ils attendent toujours l’augmentation du budget consacré à l’éducation qu’ils ont réussi à négocier avec le gouvernement. « Cette protestation est un nouveau défi pour le gouvernement, et le moment politique lui est très défavorable » juge El Espectador.

  • #Paywall : The Business of Scholarship

    Paywall: The Business of Scholarship, produced by #Jason_Schmitt, provides focus on the need for open access to research and science, questions the rationale behind the $25.2 billion a year that flows into for-profit academic publishers, examines the 35-40% profit margin associated with the top academic publisher Elsevier and looks at how that profit margin is often greater than some of the most profitable tech companies like Apple, Facebook and Google. For more information please visit: Paywallthemovie.com


    https://vimeo.com/273358286

    #édition_scientifique #université #documentaire #film #elsevier #profit #capitalisme #savoir #impact_factor #open_access
    signalé par @fil, que je remercie

    –-----------

    Quelques citations du tirés du film...

    John Adler, prof. Standford University :

    “Publishing is so profitable, because the workers dont’ get paid”

    Paul PETERS, CEO #Hindawi :

    “The way we are adressing the problem is to distinguish the assessment of an academic from the journals in which they publish. And if you’re able to evaluate academics based on the researchers they produce rather than where their research has been published, you can then start to allow researchers to publish in journals that provide better services, better access”

    Paul PETERS, CEO Hindawi :

    “Journals that are highly selective reject work that is perfectly publishable and perfectly good because it is not a significant advance, it’s not gonna made the headline as papers on disease or stemcells”

    Alexandra Elbakyan :

    “Regarding the company itself (—> Elsevier), I like their slogan ’Making Uncommon Knowledge Common’ very much. But as far as I can tell, Elsevier has not mastered this job well. And sci-hub is helping them, so it seems, to fulfill their mission”

    –-

    ajouté à la métaliste sur l’éditions scientifique :
    https://seenthis.net/messages/1036396

    • je suis tres surpris par un point mentionne plusieurs fois : il faut que la recherche sur la sante, le rechauffement climatique, etc, bref, tout ce qui a « un vrai impact » soit ouvert, parce qu’il y a des vrais problemes, et donc il faut du monde pour y participer.... Mais je n’ai pas entendu grand chose sur la recherche fondamentale... Je ne sais pas si ca tient du fait que la recherche fondamentale etant moins « remuneratrice », le probleme est moins flagrant... Mais ca me met mal a l’aise cette separation entre « les vrais problemes de la vie » et les questions fondamentales qui n’interessent pas grand monde....

    • The Oligopoly of Academic Publishers in the Digital Era

      The consolidation of the scientific publishing industry has been the topic of much debate within and outside the scientific community, especially in relation to major publishers’ high profit margins. However, the share of scientific output published in the journals of these major publishers, as well as its evolution over time and across various disciplines, has not yet been analyzed. This paper provides such analysis, based on 45 million documents indexed in the Web of Science over the period 1973-2013. It shows that in both natural and medical sciences (NMS) and social sciences and humanities (SSH), Reed-Elsevier, Wiley-Blackwell, Springer, and Taylor & Francis increased their share of the published output, especially since the advent of the digital era (mid-1990s). Combined, the top five most prolific publishers account for more than 50% of all papers published in 2013. Disciplines of the social sciences have the highest level of concentration (70% of papers from the top five publishers), while the humanities have remained relatively independent (20% from top five publishers). NMS disciplines are in between, mainly because of the strength of their scientific societies, such as the ACS in chemistry or APS in physics. The paper also examines the migration of journals between small and big publishing houses and explores the effect of publisher change on citation impact. It concludes with a discussion on the economics of scholarly publishing.

      https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0127502

    • L’accès ouvert, un espoir qui donne le vertige…

      Les années 2018 et 2019 marquent une étape importante dans la politique scientifique de l’accès ouvert. Avec #Horizon_2020, l’Europe a annoncé l’obligation d’assurer le libre accès aux publications issues des projets de recherche qu’elle finance. En septembre 2018 #cOALition_S, un consortium européen d’établissements de financement de la recherche (l’ANR pour la France), soutenu par la commission européenne et l’ERC, publie les 10 principes de son Plan S. L’objectif est clairement désigné : “d’ici 2020, les publications scientifiques résultant de recherches financées par des subventions publiques accordées par les conseils de recherche et organismes de financement nationaux et européens participants doivent être publiées dans des journaux Open Access conformes ou sur des plates-formes Open Access conformes.”

      Le problème est que l’expression « #open_access » peut recouvrir des modèles économiques très différents : le “#green_open_access” (auto-archivage par l’auteur de ses travaux), le “#gold_open_access”, avec toute l’ambiguïté qu’il comporte puisque pour Couperin, il inclut aussi bien les articles dans des revues à comité de lecture en accès ouvert pour les lecteurs, payé par les auteurs avec des APC (Article processing charges) que le modèle Freemium OpenEdition, sans coût pour les auteurs ou encore les revues intégralement en accès ouvert[i]. C’est la raison pour laquelle a été introduit un nouvel intitulé dans les modèles celui de la voie “#diamant” ou “#platine” en opposition précisément à la voie “dorée” de plus en plus identifiée comme la voie de l’auteur/payeur (#APC).

      Alors que l’objectif ne concerne à ce stade que les articles scientifiques et non les ouvrages, chapitres d’ouvrages etc., les dissensions s’affichent au grand jour et dans les médias. Pour nombre de chercheurs, le Plan S de l’Union européenne ne va pas assez loin. Ils n’hésitent pas à dénoncer ouvertement les pratiques “anticoncurrentielles” d’Elsevier en saisissant la Direction générale de la commission européenne[ii]. La maison d’édition s’est en effet engagée depuis plusieurs années dans le « tout accès ouvert »[iii]. Il faut traduire ce que signifie ce « gold open access » ainsi promu : si les lecteurs ont accès aux articles gratuitement, les auteurs paient pour être publiés des APC (« author processing charges ») dont le montant, variable, engendre des profits inédits.

      De l’autre côté, logiquement, des associations d’éditeurs et les sociétés commerciales d’édition scientifique se sont élevées contre ce plan qui semble menacer leurs intérêts. Ils ont été soutenus par au moins 1700 chercheurs qui ont signé une Lettre ouverte[iv] lancée le 28 novembre à l’Union européenne contre le plan S. En France, d’autres ont publié en octobre 2018 une tribune dans Le Monde[v] contre ce même plan, non sans quelques confusions tellement la complexité du paysage est savamment entretenue, avec des arguments plus recevables qu’on ne l’aurait pensé. Qui croire ?

      Le Consortium national des bibliothèques françaises Couperin[vi] nous apporte une information utile sur les APC sur le site d’OpenAPC qui ont été versées aux éditeurs commerciaux en 2017, par chacun des 39 grands établissements de recherche enquêtés. Au total, 4 660 887 euros ont été dépensés par ces établissements pour publier 2635 articles, soit environ 1769 euros par article[vii]. Cela vient s’ajouter aux abonnements aux bouquets de revues et aux accès aux bases de données bibliométriques (Scopus d’Elsevier, WOS de Clarivate) dont les coûts, négociés, ne sont pas publiés.

      On mesure le bénéfice que les éditeurs retirent pour chaque article en comparant ces montants avec ceux estimés pour traiter un article dans l’alternative Freemium. A Cybergeo , en incluant les coûts d’un ingénieur CNRS qui encadre l’activité de la revue, du temps moyen investi par les évaluateurs, les correcteurs bénévoles et l’éditeur, ainsi que les coûts de la maintenance de la plateforme éditoriale, nous sommes parvenus à un coût moyen de 650 euros pour un article… Si Cybergeo appliquait le coût moyen des APC, elle en retirerait un revenu de près de 100 000 euros/an !

      Le plus extraordinaire dans ces calculs est que ni les APC ni cette dernière estimation “frugale” de 650 euros/article ne prennent en compte la vraie valeur ajoutée des articles, les savoir et savoir-faire scientifiques dépensés par les auteurs et par les évaluateurs. Voilà qui devrait confirmer, s’il en était encore besoin, que la “production scientifique” est bien une activité qui ne peut décidément se réduire aux “modèles économiques” de notre système capitaliste, fût-il avancé…

      L’exigence de mise en ligne des articles en accès ouvert financés sur des fonds publics s’est donc institutionnalisée, mais on peut se demander si, loin d’alléger les charges pour la recherche publique, cette obligation ne serait pas en train d’ouvrir un nouveau gouffre de dépenses sans aucun espoir de retour sur investissement. Les bénéfices colossaux et sans risques de l’édition scientifique continuent d’aller aux actionnaires. Et le rachat en 2017 par Elsevier (RELX Group) de Bepress la plate-forme d’archives ouvertes, créée en 1999 sous le nom de Berkeley Electronic Press par deux universitaires américains de l’université de Berkeley, pour un montant estimé de 100 millions d’euros, n’est pas non plus pour nous rassurer sur le devenir du “green open access” (archives ouvertes) dans ce contexte.

      https://cybergeo.hypotheses.org/462

    • Open APC

      The #Open_APC initiative releases datasets on fees paid for Open Access journal articles by universities and research institutions under an Open Database License.

      https://treemaps.intact-project.org
      #database #base_de_données #prix #statistiques #chiffres #visualisation

      Pour savoir combien paient les institutions universitaires...


      https://treemaps.intact-project.org/apcdata/openapc/#institution

      12 millions d’EUR pour UCL selon ce tableau !!!!!!!!!!!!!!!!!

    • Communiqué de presse : L’#Académie_des_sciences soutient l’accès gratuit et universel aux #publications_scientifiques

      Le 4 juillet 2018, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a publié un plan national pour la science ouverte, dans lequel « la France s’engage pour que les résultats de la recherche scientifique soient ouverts à tous, chercheurs, entreprises et citoyens, sans entrave, sans délai, sans paiement ». Le 4 septembre 2018, onze agences de financement européennes ont annoncé un « Plan cOAlition S(cience) » indiquant que dès 2020, les publications issues de recherches financées sur fonds publics devront obligatoirement être mises en accès ouvert.

      En 2011, 2014, 2016 et 2017, l’Académie des sciences a déjà publié des avis mentionnant la nécessité de faciliter l’accès aux publications (voir ci-dessous « En savoir plus »). Elle soutient les principes généraux de ces plans et recommande la prise en charge des frais de publications au niveau des agences de financement et des institutions de recherche. Toutefois, la mise en place concrète de ces mesures imposera au préalable des changements profonds dans les modes de publication. L’Académie des sciences attire l’attention sur le fait que ces changements dans des délais aussi courts doivent tenir compte des spécificités des divers champs disciplinaires et de la nécessaire adhésion à ces objectifs de la communauté scientifique. De nombreux chercheurs rendent déjà publiques les versions préliminaires de leurs articles sur des plates-formes ouvertes dédiées comme HAL (Hyper Articles en Ligne).

      Il est important de noter que le processus d’accès ouvert des publications ne doit pas conduire à une réduction du processus d’expertise qui assure la qualité des articles effectivement acceptés pour publication. Sans une évaluation sérieuse des publications par des experts compétents, une perte de confiance dans les journaux scientifiques serait à craindre.

      Un groupe de l’Académie des sciences travaille actuellement sur les questions soulevées par la science ouverte et un colloque sera organisé sur ce thème le 2 avril 2019 pour en débattre.


      https://www.academie-sciences.fr/fr/Communiques-de-presse/acces-aux-publications.html
      #résistance

    • Lancement de la fondation #DOAB : vers un #label européen pour les livres académiques en accès ouvert

      OpenEdition et OAPEN (Open Access Publishing in European Network, fondation implantée aux Pays-Bas) créent la fondation DOAB (Directory of Open Access Books). Cette fondation permettra de renforcer le rôle du DOAB, index mondial de référence répertoriant les ouvrages académiques en accès ouvert, et ce, notamment dans le cadre de la stratégie européenne pour le projet d’infrastructure OPERAS (Open access in the European research area through scholarly communication).


      Depuis plusieurs années les pratiques de publication en accès ouvert se multiplient en Europe du fait d’une plus grande maturité des dispositifs (archives ouvertes, plateformes de publication) et de la généralisation de politiques coordonnées au niveau des États, des financeurs de la recherche et de la Commission européenne. Ce développement du libre accès s’accompagne d’une multiplication des initiatives et des publications dont la qualité n’est pas toujours contrôlée.

      En 2003, l’Université de Lundt a créé le Directory of Open Access Journals (DOAJ). Devenu une référence mondiale, le DOAJ garantit la qualité technique et éditoriale des revues en accès ouvert qui y sont indexées.

      En 2012 la fondation OAPEN a créé l’équivalent du DOAJ pour les livres : le Directory of Open Access Books (DOAB). Ce répertoire garantit que les livres qui y sont indexés sont des livres de recherche académique (évalués par les pairs) et en accès ouvert. Le DOAB s’adresse aux lecteurs, aux bibliothèques mais aussi aux financeurs de la recherche qui souhaitent que les critères de qualité des publications en accès ouvert soient garantis et certifiés. Il indexe aujourd’hui plus de 16 500 livres en accès ouvert provenant de 315 éditeurs du monde entier.

      En Europe, les plateformes OAPEN et OpenEdition Books structurent largement le paysage par leur étendue internationale et leur masse critique. Leur alliance constitue un événement majeur dans le champ de la science ouverte autour de la labellisation des ouvrages.

      Via la fondation DOAB, le partenariat entre OpenEdition et OAPEN permettra d’asseoir la légitimité et d’étendre l’ampleur du DOAB en Europe et dans le monde, en garantissant qu’il reflète et prenne en compte la variété des pratiques académiques dans les différents pays européens en particulier. Les deux partenaires collaborent déjà au développement technique du DOAB grâce au projet HIRMEOS financé par l’Union Européenne dans le cadre de son programme Horizon 2020.
      La création de la fondation est une des actions du Plan national pour la science ouverte adopté en 2018 par la ministre française de la Recherche, Frédérique Vidal.

      OpenEdition et OAPEN forment avec d’autres partenaires le noyau dur d’un projet de construction d’une infrastructure européenne sur leur domaine de compétence : OPERAS – Open access in the European research area through scholarly communication. Avec un consortium de 40 partenaires en provenance de 16 pays européens, OPERAS vise à proposer une offre de services stables et durables au niveau européen dont le DOAB est une part essentielle.

      Selon Eelco Ferwerda, directeur d’OAPEN : « Le DOAB est devenu une ressource essentielle pour les livres en accès ouvert et nous nous en réjouissons. Je tiens à remercier Lars Bjørnshauge pour son aide dans le développement du service et Salam Baker Shanawa de Sempertool pour avoir fourni la plateforme et soutenu son fonctionnement. Notre collaboration avec OpenEdition a été très précieuse dans l’élaboration du DOAB. Nous espérons à présent atteindre un niveau optimal d’assurance qualité et de transparence ».

      Marie Pellen, directrice d’OpenEdition déclare : « L’engagement d’OpenEdition à soutenir le développement du DOAB est l’un des premiers résultats concrets du Plan national français pour la science ouverte adopté par la ministre de la Recherche, Frédérique Vidal. Grâce au soutien conjoint du CNRS et d’Aix-Marseille Université, nous sommes heureux de participer activement à une plateforme internationale cruciale pour les sciences humaines et sociales ».

      Pour Pierre Mounier, directeur adjoint d’OpenEdition et coordinateur d’OPERAS : « La création de la Fondation DOAB est une occasion unique de développer une infrastructure ouverte dans le domaine de la publication scientifique, qui s’inscrit dans le cadre de l’effort européen d’OPERAS, pour mettre en œuvre des pratiques scientifiques ouvertes dans les sciences humaines et sociales ».
      OpenEdition

      OpenEdition rassemble quatre plateformes de ressources électronique en sciences humaines et sociales : OpenEdition Books (7 000 livres au catalogue), OpenEdition Journals (500 revues en ligne), Hypothèses (3 000 carnets de recherche), Calenda (40 000 événements publiés). Depuis 2015, OpenEdition est le représentant du DOAB dans la francophonie.

      Les principales missions d’OpenEdition sont le développement de l’édition électronique en libre accès, la diffusion des usages et compétences liées à l’édition électronique, la recherche et l’innovation autour des méthodes de valorisation et de recherche d’information induites par le numérique.
      OAPEN

      La Fondation Open Access Publishing in European Networks (OAPEN) propose une offre de dépôt et de diffusion de monographies scientifiques en libre accès via l’OAPEN Library et le Directory of Open Access Books (DOAB).

      OpenEdition et OAPEN sont partenaires pour un programme d’interopérabilité sur leur catalogue respectif et une mutualisation des offres faites par chacun des partenaires aux éditeurs.

      https://leo.hypotheses.org/15553

    • About #Plan_S

      Plan S is an initiative for Open Access publishing that was launched in September 2018. The plan is supported by cOAlition S, an international consortium of research funders. Plan S requires that, from 2020, scientific publications that result from research funded by public grants must be published in compliant Open Access journals or platforms.

      https://www.coalition-s.org

    • Les #rébellions pour le libre accès aux articles scientifiques

      Les partisans du libre accès arriveront-ils à créer une brèche définitive dans le lucratif marché de l’édition savante ?

      C’est plus fort que moi : chaque fois que je lis une nouvelle sur l’oligopole de l’édition scientifique, je soupire de découragement. Comment, en 2018, peut-on encore tolérer que la diffusion des découvertes soit tributaire d’une poignée d’entreprises qui engrangent des milliards de dollars en exploitant le labeur des scientifiques ?

      D’une main, cette industrie demande aux chercheurs de lui fournir des articles et d’en assurer la révision de façon bénévole ; de l’autre main, elle étrangle les bibliothèques universitaires en leur réclamant des sommes exorbitantes pour s’abonner aux périodiques savants. C’est sans compter le modèle très coûteux des revues « hybrides », une parade ingénieuse des éditeurs qui, sans sacrifier leurs profits, se donnent l’apparence de souscrire au libre accès − un mouvement qui prône depuis 30 ans la diffusion gratuite, immédiate et permanente des publications scientifiques.

      En effet, les journaux hybrides reçoivent un double revenu : l’abonnement et des « frais de publication supplémentaires » versés par les chercheurs qui veulent mettre leurs articles en libre accès. Autrement, leurs travaux restent derrière un mur payant, inaccessibles au public qui les a pourtant financés, en tout ou en partie, par l’entremise de ses impôts. Les grands éditeurs comme Elsevier, Springer Nature et Wiley ont ainsi pris en otage la science, dont le système entier repose sur la nécessité de publier.

      Au printemps dernier, on a assisté à une rebuffade similaire quand plus de 3 300 chercheurs en intelligence artificielle, dont Yoshua Bengio, de l’Université de Montréal, se sont engagés à ne pas participer à la nouvelle revue payante Nature Machine Intelligence.

      Un consortium universitaire allemand, Projekt DEAL, a tenté d’ébranler les colonnes du temple. Depuis deux ans, ses membres négocient avec Elsevier pour mettre fin au modèle traditionnel des abonnements négociés à la pièce, derrière des portes closes. Collectivement, les membres de Projekt DEAL veulent payer pour rendre accessibles, à travers le monde, tous les articles dont le premier auteur est rattaché à un établissement allemand. En échange, ils auraient accès à tous les contenus en ligne de l’éditeur. L’entente devrait obligatoirement être publique.

      Évidemment, cela abaisserait les prix des abonnements. Pour l’instant, Elsevier refuse toute concession et a même retiré l’accès à ses revues à des milliers de chercheurs allemands l’été dernier. La tactique pourrait toutefois se révéler vaine. Pour obtenir des articles, les chercheurs peuvent toujours demander un coup de main à leurs collègues d’autres pays, recourir à des outils gratuits comme Unpaywall qui fouillent le Web pour trouver une version en libre accès ou encore s’en remettre à Sci-Hub, un site pirate qui contourne les murs payants.

      Mais plus que la perte de ses clients, c’est l’exode de ses « fournisseurs » qui écorcherait à vif Elsevier. Déjà, des scientifiques allemands ont juré qu’ils ne contribueraient plus à son catalogue de publications – qui contient pourtant des titres prestigieux comme The Lancet et Cell.

      Au printemps dernier, on a assisté à une rebuffade similaire quand plus de 3300 chercheurs en intelligence artificielle, dont Yoshua Bengio, de l’Université de Montréal, se sont engagés à ne pas participer à la nouvelle revue payante Nature Machine Intelligence. Partisans du libre accès, ils la considèrent comme « un pas en arrière » pour l’avenir de leur discipline.

      Et puis il y a le « plan S » : début septembre, 11 organismes subventionnaires européens ont annoncé que, à partir de 2020, ils ne financeront que les scientifiques promettant de diffuser leurs résultats dans des revues en libre accès. Le plan S exclurait d’office environ 85 % des journaux savants, y compris Nature et Science.

      Ces petites rébellions déboucheront-elles sur une véritable révolution de l’édition scientifique ? Difficile à dire, mais c’est suffisant pour passer du découragement à l’espoir.

      https://www.quebecscience.qc.ca/edito/rebellions-libre-acces-articles-scientifiques

    • Le business très juteux des revues scientifiques

      Les chercheurs produisent et révisent gratuitement des articles publiés dans des journaux dont l’accès est ensuite facturé très cher aux organismes de recherche dont ils dépendent.

      La crise sanitaire a mis les grands noms de l’édition scientifique sur le devant de la scène. Au début du mois de mars, la majorité des journaux scientifiques ont choisi de diffuser gratuitement les articles en lien avec le coronavirus, afin d’accélérer la recherche. Philanthropes ? Pas vraiment...

      En temps normal, les connaissances scientifiques se monnaient très cher. Les quelques maisons d’édition qui possèdent l’essentiel de ces revues sont parmi les entreprises les plus rentables au monde, affichant des marges de 30 % à 40 %. C’est plus que le géant de l’informatique Apple, qui enregistre une marge de 21 % sur ces dix dernières années. Le secret des éditeurs scientifiques réside en grande partie dans le fait qu’ils vendent des produits obtenus sans dépenser un sou... ou presque. Au sein de la communauté scientifique, les voix sont de plus en plus nombreuses à dénoncer ce système, source de profits considérables au détriment des fonds publics. Jeudi, le prestigieux Institut de technologie du Massachusetts (MIT) annonçait ainsi mettre fin aux négociations avec le leader du secteur, Elsevier.

      Le système est ainsi construit : un chercheur a tout intérêt à proposer des articles, puisque sa carrière (obtention d’un poste, de financements...) dépend étroitement du nombre d’articles qu’il publie et du prestige des journaux dans lesquels il publie. Lorsque le comité éditorial d’une revue est intéressé par un article qui lui a été proposé, il le soumet à des scientifiques spécialistes du domaine, qui sont chargés de l’évaluer. Ce travail essentiel, appelé « révision par les pairs » dans le jargon de l’édition scientifique, est réalisé bénévolement. Si l’article est accepté, le chercheur est alors contraint d’en céder les droits à l’éditeur, à titre exclusif et gracieux. L’entreprise revend ensuite aux bibliothèques universitaires et aux laboratoires de recherche des abonnements permettant d’accéder à ces articles. « Des personnes non rémunérées par l’éditeur produisent et évaluent gratuitement des résultats scientifiques que leurs institutions doivent ensuite acheter à l’éditeur » , résume Didier Torny, spécialiste de l’économie politique de la publication scientifique au CNRS. « Les profits arrivent ensuite dans la poche des actionnaires, c’est la poule aux oeufs d’or » , poursuit Marie Farge, mathématicienne et physicienne, directrice de recherche émérite au CNRS.

      Le secteur se porte mieux que jamais. En 2018, le marché pesait 25,7 milliards de dollars, selon l’Association internationale des éditeurs scientifiques, contre 21 milliards de dollars en 2010. Elsevier (désormais RELX), qui possède plus de 2 500 revues dont The Lancet et Cell , affichait en 2019 un chiffre d’affaires de 7,87 milliards d’euros (dont un tiers provient de l’édition), soit 5 % de plus qu’en 2018. Un succès qui s’explique notamment par l’augmentation des montants facturés aux clients. Lors des négociations, le rapport de force n’est pas en faveur des bibliothèques. « Nous étions contents quand nous arrivions à négocier une hausse de 12 % au lieu de 15 % » , se souvient Bernard Rentier, recteur de l’université de Liège (Belgique) entre 2005 et 2014. « Si nous refusions le contrat, nous nous entendions dire que notre établissement allait devenir un petit trou de province, faute de pouvoir accéder à cette littérature , poursuit l’universitaire, auteur de Science ouverte, le défi de la transparence (Éditions de l’Académie royale de Belgique). Ce sont des requins assumés, mais je ne leur jette pas la pierre : ils ont pour oeuvre de gagner de l’argent. On ne peut que reprocher aux clients d’être clients. »

      Actuellement, la France dépense environ 62 millions d’euros par an pour l’accès aux revues électroniques. Entre les années 1990 et 2018, la facture aurait augmenté annuellement de 2 % à 4 %, d’après une source proche du dossier. Mais il est difficile de le savoir précisément car la transparence n’est pas de mise. Jusqu’à récemment, les contrats noués entre Couperin (le consortium représentant plus de 250 acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche en France) et les éditeurs étaient confidentiels, à la demande de ces derniers. « Les négociations se font à la tête du client, et comme les contrats sont secrets, personne ne sait combien paient les autres » , dénonce Marie Farge. Pour la première fois en France, le contrat négocié avec la firme Elsevier en octobre 2019 a été divulgué officiellement (certains ont déjà fuité par le passé) : pendant quatre ans, 227 établissements de recherche et d’enseignement supérieur pourront accéder à 2 300 revues et services pour 34,7 millions d’euros par an en moyenne.

      Pendant longtemps, les frais d’édition semblaient tout à fait justifiés et n’étaient pas remis en cause par la communauté scientifique. « Au moment de l’essor des revues spécialisées, au XIXe siècle, les sociétés savantes ont délégué le travail d’édition, d’impression et de diffusion à des libraires et des éditeurs , rapporte Valérie Tesnière, spécialiste des pratiques et politiques éditoriales scientifiques contemporaines à l’École des hautes études en sciences sociales. Le modèle économique a été conçu à un moment où les auteurs et les rédactions des journaux avaient bien du mal à écrire en anglais (pour les Européens) et à assurer les mises aux normes des données qui facilitent la circulation internationale de l’information. Les éditeurs ont fait payer ce service et plus il était performant, plus les marges ont été confortables, car un bon service se paie. »

      Le développement d’internet aurait pu signer la fin de ce système, mais c’est tout le contraire qui s’est produit. Et certains chercheurs estiment désormais que les prix pratiqués sont excessifs. « Bien sûr, il y a encore des frais liés aux serveurs, à la main-d’oeuvre, aux stockages des données , concède Laurette Tuckerman, physicienne à l’École supérieure de physique et de chimie industrielles à Paris, mais la distribution se fait désormais essentiellement par voie électronique et ce sont souvent les chercheurs eux-mêmes qui s’occupent de la mise en page. » « Les coûts ne sont pas si nuls , conteste Valérie Tesnière. Les éditeurs fournissent aussi d’autres services aux chercheurs. Ils assurent en outre une diffusion internationale, organisée et immédiate via des systèmes d’information élaborés, qui leur font gagner du temps. »

      Mais l’escalade des prix s’explique en grande partie par un autre phénomène : la mise en place d’un oligopole, qui peut donc dicter à sa guise les lois du marché. « En trente ans, nous avons assisté à l’émergence de grands consortiums par fusions et acquisitions » , rapporte Bernard Rentier. Sur les quelque 12 000 éditeurs dans le monde, cinq se partagent 40 % du chiffre d’affaires. Autre raison de cette hausse spectaculaire, la nature des biens échangés. « En principe, si une entreprise vend un bien trop cher, les consommateurs vont se tourner vers ses concurrents. Mais en sciences, c’est impossible car les biens sont uniques » , explique Laurette Tuckerman. En économie, on parle de « demande inélastique » : la consommation n’est pas modifiée - ou très peu - par l’augmentation des prix. Cette spécificité du secteur n’est pas passée inaperçue aux yeux des investisseurs. Dès le début des années 2000, la banque d’investissement Morgan Stanley constatait que « la nature de niche du marché et la croissance rapide du budget des bibliothèques universitaires ont fait du marché de la publication scientifique le secteur de l’industrie des médias le plus florissant de ces quinze dernières années » .

      Pour justifier ces hausses répétées des prix, les éditeurs se sont mis à proposer des bouquets de revues (les « big deals » ) à des tarifs plus intéressants que la vente à l’unité, puis à augmenter le nombre de revues (et donc d’articles). Plus récemment, ils ont développé une autre stratégie, calquée sur une idée chère à la communauté scientifique : l’accès libre, gratuit pour tous... sauf pour les auteurs. Depuis le milieu des années 2000, ils proposent aux chercheurs de payer des frais de publication (les Article Publishing Charges, ou APC) afin que leur travail soit diffusé gratuitement. « Les établissements de recherche déboursent deux fois , résume Florence Audier, chercheuse à l’université Panthéon-Sorbonne, dans un article publié en 2018 dans la revue La Vie de la recherche scientifique . D’un côté en payant les frais de publication open access et de l’autre en maintenant l’abonnement à ces mêmes revues. »

      Si les frais d’abonnement commencent tout juste à s’infléchir - comme l’atteste la baisse des coûts de 13,3 % négociée lors du dernier contrat entre la France et Elsevier -, les APC connaissent une croissance très importante. D’après le consortium Couperin, les charges demandées par article par les éditeurs ont augmenté de 12 % en France entre 2015 et 2017, passant de 1 500 à 1 700 euros. Ces frais peuvent s’élever jusqu’à 7 000 dollars pour certains journaux. Des sommes souvent décorrélées des coûts de publication : « Les coûts réels pour publier un article uniquement en ligne peuvent être estimés entre 260 et 870 dollars, selon la qualité du travail d’édition et de relecture. Pour une version imprimée, c’est 1 300 à 2 000 dollars » , indique Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS. Pour Marie Farge, ces pratiques « relèvent plus du droit de péage que de la tarification de services apportés aux auteurs et aux lecteurs des articles publiés électroniquement » . Contacté par Le Figaro , Elsevier n’a pas répondu aux questions soulevées dans cet article.

      Depuis une dizaine d’années, les initiatives se multiplient pour lutter contre ce système. Certains chercheurs refusent désormais de publier dans des revues commerciales ou de réviser les articles qui y sont soumis, des comités éditoriaux démissionnent pour protester contre l’augmentation des coûts de publication, et des bras de fer entre les éditeurs et les universités ont lieu un peu partout. Après tout, si les chercheurs quittaient la table des négociations, que deviendraient les éditeurs ?

      https://www.lefigaro.fr/sciences/le-business-tres-juteux-des-revues-scientifiques-20200612

    • Le business très juteux des revues scientifiques

      Les chercheurs produisent et révisent gratuitement des articles publiés dans des journaux dont l’accès est ensuite facturé très cher aux organismes de recherche dont ils dépendent.

      La crise sanitaire a mis les grands noms de l’édition scientifique sur le devant de la scène. Au début du mois de mars, la majorité des journaux scientifiques ont choisi de diffuser gratuitement les articles en lien avec le coronavirus, afin d’accélérer la recherche. Philanthropes ? Pas vraiment...

      En temps normal, les connaissances scientifiques se monnaient très cher. Les quelques maisons d’édition qui possèdent l’essentiel de ces revues sont parmi les entreprises les plus rentables au monde, affichant des marges de 30 % à 40 %. C’est plus que le géant de l’informatique Apple, qui enregistre une marge de 21 % sur ces dix dernières années. Le secret des éditeurs scientifiques réside en grande partie dans le fait qu’ils vendent des produits obtenus sans dépenser un sou... ou presque. Au sein de la communauté scientifique, les voix sont de plus en plus nombreuses à dénoncer ce système, source de profits considérables au détriment des fonds publics. Jeudi, le prestigieux Institut de technologie du Massachusetts (MIT) annonçait ainsi mettre fin aux négociations avec le leader du secteur, Elsevier.

      Le système est ainsi construit : un chercheur a tout intérêt à proposer des articles, puisque sa carrière (obtention d’un poste, de financements...) dépend étroitement du nombre d’articles qu’il publie et du prestige des journaux dans lesquels il publie. Lorsque le comité éditorial d’une revue est intéressé par un article qui lui a été proposé, il le soumet à des scientifiques spécialistes du domaine, qui sont chargés de l’évaluer. Ce travail essentiel, appelé « révision par les pairs » dans le jargon de l’édition scientifique, est réalisé bénévolement. Si l’article est accepté, le chercheur est alors contraint d’en céder les droits à l’éditeur, à titre exclusif et gracieux. L’entreprise revend ensuite aux bibliothèques universitaires et aux laboratoires de recherche des abonnements permettant d’accéder à ces articles. « Des personnes non rémunérées par l’éditeur produisent et évaluent gratuitement des résultats scientifiques que leurs institutions doivent ensuite acheter à l’éditeur » , résume Didier Torny, spécialiste de l’économie politique de la publication scientifique au CNRS. « Les profits arrivent ensuite dans la poche des actionnaires, c’est la poule aux oeufs d’or » , poursuit Marie Farge, mathématicienne et physicienne, directrice de recherche émérite au CNRS.

      Le secteur se porte mieux que jamais. En 2018, le marché pesait 25,7 milliards de dollars, selon l’Association internationale des éditeurs scientifiques, contre 21 milliards de dollars en 2010. Elsevier (désormais RELX), qui possède plus de 2 500 revues dont The Lancet et Cell , affichait en 2019 un chiffre d’affaires de 7,87 milliards d’euros (dont un tiers provient de l’édition), soit 5 % de plus qu’en 2018. Un succès qui s’explique notamment par l’augmentation des montants facturés aux clients. Lors des négociations, le rapport de force n’est pas en faveur des bibliothèques. « Nous étions contents quand nous arrivions à négocier une hausse de 12 % au lieu de 15 % » , se souvient Bernard Rentier, recteur de l’université de Liège (Belgique) entre 2005 et 2014. « Si nous refusions le contrat, nous nous entendions dire que notre établissement allait devenir un petit trou de province, faute de pouvoir accéder à cette littérature , poursuit l’universitaire, auteur de Science ouverte, le défi de la transparence (Éditions de l’Académie royale de Belgique). Ce sont des requins assumés, mais je ne leur jette pas la pierre : ils ont pour oeuvre de gagner de l’argent. On ne peut que reprocher aux clients d’être clients. »

      Actuellement, la France dépense environ 62 millions d’euros par an pour l’accès aux revues électroniques. Entre les années 1990 et 2018, la facture aurait augmenté annuellement de 2 % à 4 %, d’après une source proche du dossier. Mais il est difficile de le savoir précisément car la transparence n’est pas de mise. Jusqu’à récemment, les contrats noués entre Couperin (le consortium représentant plus de 250 acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche en France) et les éditeurs étaient confidentiels, à la demande de ces derniers. « Les négociations se font à la tête du client, et comme les contrats sont secrets, personne ne sait combien paient les autres » , dénonce Marie Farge. Pour la première fois en France, le contrat négocié avec la firme Elsevier en octobre 2019 a été divulgué officiellement (certains ont déjà fuité par le passé) : pendant quatre ans, 227 établissements de recherche et d’enseignement supérieur pourront accéder à 2 300 revues et services pour 34,7 millions d’euros par an en moyenne.

      Pendant longtemps, les frais d’édition semblaient tout à fait justifiés et n’étaient pas remis en cause par la communauté scientifique. « Au moment de l’essor des revues spécialisées, au XIXe siècle, les sociétés savantes ont délégué le travail d’édition, d’impression et de diffusion à des libraires et des éditeurs , rapporte Valérie Tesnière, spécialiste des pratiques et politiques éditoriales scientifiques contemporaines à l’École des hautes études en sciences sociales. Le modèle économique a été conçu à un moment où les auteurs et les rédactions des journaux avaient bien du mal à écrire en anglais (pour les Européens) et à assurer les mises aux normes des données qui facilitent la circulation internationale de l’information. Les éditeurs ont fait payer ce service et plus il était performant, plus les marges ont été confortables, car un bon service se paie. »

      Le développement d’internet aurait pu signer la fin de ce système, mais c’est tout le contraire qui s’est produit. Et certains chercheurs estiment désormais que les prix pratiqués sont excessifs. « Bien sûr, il y a encore des frais liés aux serveurs, à la main-d’oeuvre, aux stockages des données , concède Laurette Tuckerman, physicienne à l’École supérieure de physique et de chimie industrielles à Paris, mais la distribution se fait désormais essentiellement par voie électronique et ce sont souvent les chercheurs eux-mêmes qui s’occupent de la mise en page. » « Les coûts ne sont pas si nuls , conteste Valérie Tesnière. Les éditeurs fournissent aussi d’autres services aux chercheurs. Ils assurent en outre une diffusion internationale, organisée et immédiate via des systèmes d’information élaborés, qui leur font gagner du temps. »

      Mais l’escalade des prix s’explique en grande partie par un autre phénomène : la mise en place d’un oligopole, qui peut donc dicter à sa guise les lois du marché. « En trente ans, nous avons assisté à l’émergence de grands consortiums par fusions et acquisitions » , rapporte Bernard Rentier. Sur les quelque 12 000 éditeurs dans le monde, cinq se partagent 40 % du chiffre d’affaires. Autre raison de cette hausse spectaculaire, la nature des biens échangés. « En principe, si une entreprise vend un bien trop cher, les consommateurs vont se tourner vers ses concurrents. Mais en sciences, c’est impossible car les biens sont uniques » , explique Laurette Tuckerman. En économie, on parle de « demande inélastique » : la consommation n’est pas modifiée - ou très peu - par l’augmentation des prix. Cette spécificité du secteur n’est pas passée inaperçue aux yeux des investisseurs. Dès le début des années 2000, la banque d’investissement Morgan Stanley constatait que « la nature de niche du marché et la croissance rapide du budget des bibliothèques universitaires ont fait du marché de la publication scientifique le secteur de l’industrie des médias le plus florissant de ces quinze dernières années » .

      Pour justifier ces hausses répétées des prix, les éditeurs se sont mis à proposer des bouquets de revues (les « big deals » ) à des tarifs plus intéressants que la vente à l’unité, puis à augmenter le nombre de revues (et donc d’articles). Plus récemment, ils ont développé une autre stratégie, calquée sur une idée chère à la communauté scientifique : l’accès libre, gratuit pour tous... sauf pour les auteurs. Depuis le milieu des années 2000, ils proposent aux chercheurs de payer des frais de publication (les Article Publishing Charges, ou APC) afin que leur travail soit diffusé gratuitement. « Les établissements de recherche déboursent deux fois , résume Florence Audier, chercheuse à l’université Panthéon-Sorbonne, dans un article publié en 2018 dans la revue La Vie de la recherche scientifique . D’un côté en payant les frais de publication open access et de l’autre en maintenant l’abonnement à ces mêmes revues. »

      Si les frais d’abonnement commencent tout juste à s’infléchir - comme l’atteste la baisse des coûts de 13,3 % négociée lors du dernier contrat entre la France et Elsevier -, les APC connaissent une croissance très importante. D’après le consortium Couperin, les charges demandées par article par les éditeurs ont augmenté de 12 % en France entre 2015 et 2017, passant de 1 500 à 1 700 euros. Ces frais peuvent s’élever jusqu’à 7 000 dollars pour certains journaux. Des sommes souvent décorrélées des coûts de publication : « Les coûts réels pour publier un article uniquement en ligne peuvent être estimés entre 260 et 870 dollars, selon la qualité du travail d’édition et de relecture. Pour une version imprimée, c’est 1 300 à 2 000 dollars » , indique Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS. Pour Marie Farge, ces pratiques « relèvent plus du droit de péage que de la tarification de services apportés aux auteurs et aux lecteurs des articles publiés électroniquement » . Contacté par Le Figaro , Elsevier n’a pas répondu aux questions soulevées dans cet article.

      Depuis une dizaine d’années, les initiatives se multiplient pour lutter contre ce système. Certains chercheurs refusent désormais de publier dans des revues commerciales ou de réviser les articles qui y sont soumis, des comités éditoriaux démissionnent pour protester contre l’augmentation des coûts de publication, et des bras de fer entre les éditeurs et les universités ont lieu un peu partout. Après tout, si les chercheurs quittaient la table des négociations, que deviendraient les éditeurs ?

      https://www.lefigaro.fr/sciences/le-business-tres-juteux-des-revues-scientifiques-20200612

    • Privés de savoir ?

      Dans le monde de la recherche scientifique, publier ses travaux est un passage obligé. Cela permet aux chercheuses et chercheurs de faire connaître leur travail mais aussi d’être identifié par leurs pairs et pourquoi pas d’obtenir un poste, à condition d’être publié dans
      les bonnes revues. Sauf que cette mécanique de publication - qui permettait à la base de faire circuler le savoir - est devenue une vraie chasse gardée économique : celle des éditeurs scientifiques. Quelques grands noms comme le neerlandais Elsevier ou le groupe Springer/Nature se partagent un marché juteux et privatisent au passage des travaux scientifiques la plupart du temps financés par des fonds publics.

      https://www.youtube.com/watch?v=WnxqoP-c0ZE

      voir aussi ce fil de discussion dans lequel ce film est cité :

      On turning down poorly-paid, limited value, academic work

      https://seenthis.net/messages/653533

  • Mining in Space Could Lead to Conflicts on Earth - Facts So Romantic
    http://nautil.us/blog/-mining-in-space-could-lead-to-conflicts-on-earth

    Platinum-group metals in space may serve the same role as oil has on Earth, threatening to extend geopolitical struggles into astropolitical ones, something Trump is keen on preparing for. Yesterday he said he’s seriously weighing the idea of a “Space Force” military branch.Illustration by Maciej Frolow / Getty Images Space mining is no longer science fiction. By the 2020s, Planetary Resources and Deep Space Industries—for-profit space-mining companies cooperating with NASA—will be sending out swarms of tiny satellites to assess the composition of hurtling hunks of cosmic debris, identify the most lucrative ones, and harvest them. They’ve already developed prototype spacecraft to do the job. Some people—like Massachusetts Institute of Technology planetary scientist Sara Seager, former NASA (...)

  • Bon, j’ai une question super facile pour les seenthisnautes mais elle me hante et je ne trouve pas la réponse : quel est ce film (en noir et blanc je crois) dont le début se situe, si je me souviens bien, dans un avion qui va atterrir à Berlin, juste après la guerre, qui est rempli de militaires (je crois) qui, très excités, regardent tous par la fenêtre, sauf une femme qui range méthodiquement toutes ses affaires dans son sac ? Merci d’avance !

    #Opening_scene #Film #Berlin #avion

  • Syrie : qui veut (vraiment) la paix ?
    http://galacteros.over-blog.com/2018/02/tribune-etat-d-esprit-esprit-d-etat-sur-le-point-syrie-qui-veut-vraiment-la-paix-27/02/2018.html

    Et si des puissances régionales et occidentales avaient intérêt à faire durer l’interminable conflit qui sévit dans ce pays… Analyse à rebrousse-poil.

    L’Occidental postmoderne goûte la lumière des évidences simples, la clarté des antagonismes légitimes. Il prend l’information pour de la connaissance, donne à fond dans la substitution de l’image au réel qui devient le quotidien de la politique et ne produit plus seulement une déformation du réel, mais une autre réalité. Et puis, la complexité le fatigue, le paradoxe le lasse, la mise en perspective l’égare. Il croit dans « le su parce que vu ». Il croit que les fake news tombent du ciel ou proviennent directement des enfers que seuls les bad guys et leurs hackers habitent. L’homme occidental a donc la conscience assoupie et les yeux bandés, mais sa sentimentalité exacerbée lui donne l’illusion d’avoir une conscience morale.

    Aussi bien ne voit-il aucune indécence, aucun cynisme dans la façon dont les médias occidentaux décrivent et montrent la situation militaire et humanitaire dans la Ghouta orientale. Et pourtant… La terreur bien réelle vécue par les populations civiles de cette banlieue damascène gangrénée depuis des années par les groupes djihadistes, le calvaire des enfants morts-vivants, pris sous les décombres des bombardements de l’armée syrienne appuyés par la Russie en prélude à une probable offensive terrestre dans l’espoir de réduire ce foyer islamiste qui bombarde régulièrement les faubourgs de la capitale dans un silence occidental assourdissant, sont présentés comme la marque d’une cruauté insensée, délibérée et ciblée des « forces du régime » et de ses soutiens contre la population civile effectivement prise au piège de cet affrontement sans merci. Comme si l’ogre Assad, chaque matin, réclamait à ses sicaires pour son petit déjeuner, son saoul de femmes et d’enfants démembrés et sanguinolents. Comme si ces malheureux civils étaient les cibles de ces bombardements et non les boucliers humains dont se servent impunément depuis des années les salafistes qui veulent faire tomber le président syrien et prendre le pouvoir à Damas pour le compte de leurs puissances mandataires. Des groupuscules ultraviolents qui le forcent ainsi à leur livrer son pays ou bien à faire la « guerre au milieu des populations » pour déclencher l’ire internationale et le diaboliser encore un peu plus…

    Rédigé par Caroline Galactéros : Docteur en Science politique, ancien auditeur de l’IHEDN, elle a enseigné la stratégie et l’éthique à l’Ecole de Guerre et à HEC. Colonel de réserve, elle dirige aujourd’hui la société de conseil PLANETING et tient la chronique « Etat d’esprit, esprit d’Etat » au Point.fr. Elle a publié « Manières du monde. Manières de guerre » (éd. Nuvis, 2013) et « Guerre, Technologie et société » (avec R. Debray et V. Desportes, éd. Nuvis, 2014). Polémologue, spécialiste de géopolitique et d’intelligence stratégique, elle décrit sans détours mais avec précision les nouvelles lignes de faille qui dessinent le monde d’aujourd’hui.

    Certainement une femme de droite ! Néanmoins l’analyse semble assez pertinente.

  • Nothing Protects Black Women From Dying in Pregnancy and… — ProPublica
    https://www.propublica.org/article/nothing-protects-black-women-from-dying-in-pregnancy-and-childbirth

    A black woman is 22% more likely to die from heart disease than a white woman, 71% more likely to perish from cervical cancer, but 300% more likely to die from pregnancy- or childbirth-related causes.

    • Travail impressionnant ! Cette histoire m’a bouleversée.
      C’est en comparant avec ce genre d’analyse systémique qu’on ne peut que regretter l’absence de statistiques mêlant race classe et genre en France. Interdire de dresser 1 éventuel constat sur ce genre de conséquences du racisme est un gros problème.

    • The disproportionate toll on African Americans is the main reason the U.S. maternal mortality rate is so much higher than that of other affluent countries. Black expectant and new mothers in the U.S. die at about the same rate as women in countries such as Mexico and Uzbekistan, the World Health Organization estimates.

      What’s more, even relatively well-off black women like Shalon Irving die or nearly die at higher rates than whites. Again, New York City offers a startling example: A 2016 analysis of five years of data found that black college-educated mothers who gave birth in local hospitals were more likely to suffer severe complications of pregnancy or childbirth than white women who never graduated from high school.

      The fact that someone with Shalon’s social and economic advantages is at higher risk highlights how profound the inequities really are, said Raegan McDonald-Mosley, the chief medical officer for Planned Parenthood Federation of America, who met her in graduate school at Johns Hopkins University and was one of her closest friends. “It tells you that you can’t educate your way out of this problem. You can’t health-care-access your way out of this problem. There’s something inherently wrong with the system that’s not valuing the lives of black women equally to white women.

      For much of American history, these types of disparities were largely blamed on blacks’ supposed innate susceptibility to illness — their “mass of imperfections,” as one doctor wrote in 1903 — and their own behavior. But now many social scientists and medical researchers agree, the problem isn’t race but racism.

  • Les 400 culs - On se tient par la main quand on s’aime ? - Libération.fr
    http://sexes.blogs.liberation.fr/2017/12/04/se-tient-par-la-main-quand-saime

    Dans les années 1960 au Japon, des manuels pour les amoureux obtiennent un vif succès : ils montrent comment les hommes doivent tenir la main de leur bien-aimée. Comment lui caresser le visage. Comment lui toucher le nombril.

    Très intéressant sur le lien avec le programme idéologique pour promouvoir les codes de l’occupant américain au Japon où embrasser va devenir un symbole de démocratie.
    Le corps est politique !
    #corps #contrôle #japon #mauss #cinéma

  • How a tax haven is leading the race to privatise space | News | The Guardian
    https://www.theguardian.com/news/2017/sep/15/luxembourg-tax-haven-privatise-space

    The nation of Luxembourg is one of Planetary Resources’ main boosters. The country’s pledge of €25m (£22.5m) – which includes both direct funding and state support for research and development – is just one element of its wildly ambitious campaign to become a terrestrial hub for the business of mining minerals, metals and other resources on celestial bodies. The tiny country enriched itself significantly over the past century by greasing the wheels of global finance; now, as companies such as Planetary Resources prepare for a cosmic land grab, Luxembourg wants to use its tiny terrestrial perch to help send capitalism into space.

    And the fledgling “NewSpace” industry – an umbrella term for commercial spaceflight, asteroid mining and other private ventures – has found eager supporters in the investor class. In April, Goldman Sachs sent a note to clients claiming that asteroid mining “could be more realistic than perceived”, thanks to the falling cost of launching rockets and the vast quantities of platinum sitting on space rocks, just waiting to be exploited.

    “[Mining asteroids] is not a new idea, but what’s new is state support of the idea,” says Chris Voorhees, the chief engineer of Planetary Resources. “Everyone thought it was inevitable but they weren’t sure when it would occur.” Now, he says, Luxembourg is “making it happen”.

    Loi du Luxembourg qui enterre l’idée de l’espace comme un commun

    And in July, the parliament passed its law – the first of its kind in Europe, and the most far-reaching in the world – asserting that if a Luxembourgish company launches a spacecraft that obtains water, silver, gold or any other valuable substance on a celestial body, the extracted materials will be considered the company’s legitimate private property by a legitimate sovereign nation.

    Une vieille histoire au Luxembourg

    Luxembourg’s first significant attempts at liberalisation began in the late 1920s and early 1930s. As radio grew popular, the grand duchy decided not to create a publicly funded radio service like its neighbours. Instead, it handed its airwaves to a private, commercial broadcasting company. That company – now known as RTL – became the first ad-supported commercial station to broadcast music, culture and entertainment programmes across Europe in multiple languages. “By handing the rights to a public good to a private company, the state commercialised, for the first time, its sovereign rights in a media context,” notes a 2000 book on Luxembourg’s economic history. The title of the book, published by a Luxembourgish bank, is, tellingly, The Fruits of National Sovereignty.

    Then, just three months before the stock market collapsed in 1929, Luxembourg’s parliament passed legislation exempting holding companies – that is, parent firms that exist solely to own parts of or control other companies – from paying corporation taxes. In the first five years after the law’s passing, 700 holding companies were established; in 1960, there were 1,200, and by the turn of the century, some 15,000 “letterbox” firms – one for every 18 citizens – were incorporated in Luxembourg. (In 2006, the European commission found that this exemption violated EU rules, so Luxembourg promptly created a new designation, the “family estate management company”, that complied with the country’s EU treaty obligations while offering many of the same money-saving advantages.)

    Crucially, Luxembourg never seemed to let an opportunity pass it by. Following its support for commercial radio 50 years prior, the country was the first in Europe to privatise satellite television. In 1985, the grand duchy granted a company called Société Européenne des Satellites (SES) the right to broadcast TV directly to viewers’ homes from a satellite positioned in space. “The big innovation is that this was a privatisation of space,” says Schmit, who served for 17 years on the SES board. “All the other operators were owned by governments through international agreements. This was the first commercial company that set out to use space for broadcasting.” When SES grew profitable, Luxembourg’s bet paid off: the tiny country became home to a telecoms giant, and, as an early investor, received a piece of the pie.

    In the early 2000s, Luxembourg pounced at the chance to court retailers such as Amazon and Apple with tax incentives. There were the perks the state was happy to publicise – the lowest VAT in Europe, for instance – and there were case-by-case deals with large companies that it kept rather quieter. The companies flocked in, but in the aftermath of the financial crisis, with awareness of wealth inequality growing and austerity measures bruising ordinary Europeans across the continent, Luxembourg could only keep these arrangements under wraps for so long.

    Les lois américaines et luxembourgeoises sur la propriété de ce qui est rapporté de l’espace. Ils ont décidé tout seuls, en vieux reste Wesphaliens

    Since the emergence of the NewSpace sector, individual countries have attempted to lend some clarity to eager entrepreneurs, reasoning that the prospect of private property in space will encourage hard work and innovation. The American Space Act, passed in 2015, is the first “finders, keepers” law that recognises ownership of space resources, but it only does so for companies owned by US citizens.

    In October 2015, Luxembourg commissioned a study on whether it could fill that legal void. The report, completed in 2016, noted that “while legal uncertainty remains, under the current legal and regulatory framework, space mining activities are (at least) not prohibited” and concluded that Luxembourg should pass legislation that gives miners the right to keep the extraterrestrial bounty they extract.

    Such a law was drafted shortly after the study’s completion, and on 1 August 2017, it went into effect. Luxembourg’s bill does not discriminate by nationality, or even by the location of a company’s headquarters. In fact, the law indicates the country’s willingness to serve as a sort of flag of convenience for spacecrafts, allowing them to play by one country’s futuristic rules in the absence of universal, binding agreements. Rick Tumlinson, of Deep Space Industries, another space exploration company in which Luxembourg has invested, told me that there was value in Luxembourg’s law because it saw no citizens and no borders: just one blue planet from high above.

    Zucman shares Schmitz’s view. “Adapting this strategy to the business of space conquest is what being an offshore financial centre means,” he says. “It’s not diversification. It’s just extending the logic of being a tax haven to new area.”

    Le mythe de “l’argent propre” au Luxembourg. Mourrir de rire

    His speech focused on the financial aspects of Luxembourg’s space race, and the country’s intention to get in on the ground floor of commercial space exploration. “Under the US Space Act, your capital has to be majority US capital,” he said, referring to US willingness to recognise property rights in space for its citizens. “We don’t really care where the money comes from in our country, as long as the money is clean.”

    #Luxembourg #Espace #Enclosure #Communs #Europe

  • How a tax haven is leading the race to privatise space | News | The Guardian
    https://www.theguardian.com/news/2017/sep/15/luxembourg-tax-haven-privatise-space

    The nation of #Luxembourg is one of Planetary Resources’ main boosters. The country’s pledge of €25m (£22.5m) – which includes both direct funding and state support for research and development – is just one element of its wildly ambitious campaign to become a terrestrial hub for the business of mining minerals, metals and other resources on celestial bodies. The tiny country enriched itself significantly over the past century by greasing the wheels of global finance; now, as companies such as Planetary Resources prepare for a cosmic land grab, Luxembourg wants to use its tiny terrestrial perch to help send capitalism into space.

    #espace #extractivisme #paradis_fiscal

  • Le Luxembourg lance le commerce de l’espace L’Essentiel - AFP 13 Juillet 2017 _
    http://www.lessentiel.lu/fr/luxembourg/story/Le-Luxembourg-lance-le-commerce-de-l-espace-30770329

    « Avec le cadre juridique que le Parlement vote aujourd’hui, le Grand-Duché fera un pas majeur supplémentaire pour se positionner comme pôle européen en matière d’exploration et d’utilisation commerciales des ressources spatiales », a expliqué le ministre de l’Économie, Étienne Schneider. « Le Luxembourg devient ainsi le premier pays européen à mettre en place une législation conforme au droit international et qui donne aux opérateurs privés des assurances quant à la propriété des ressources qu’ils extraient dans l’espace », a précisé M. Schneider.


    La loi permet aux sociétés établies au Grand-Duché de pouvoir extraire et s’approprier des ressources spatiales telles que des métaux, des hydrocarbures ou de l’eau. Les compagnies peuvent soit les ramener sur Terre ou bien les utiliser pour construire des bases d’où pourrait partir une exploration spatiale plus lointaine par exemple. Le Luxembourg ambitionne ainsi de développer une industrie du « New space » (« nouvel espace ») afin de stimuler la croissance économique et d’offrir de nouveaux horizons à l’exploration spatiale, selon l’exposé des motifs du projet de loi déposé le 15 novembre 2016.

    Gaspillage des ressources
    Le but est aussi de diversifier l’économie du Luxembourg, qui à côté de sa place financière, développe des initiatives dans le domaine de la logistique, de la recherche et de l’industrie. À ce jour, quatre entreprises du secteur spatial se sont déjà installées au Luxembourg : les américaines Deep Space Industries et Planetary Resources, la japonaise ispace et la société germano-luxembourgeoise Blue Horizon. L’État luxembourgeois est même devenu actionnaire de Planetary Resources, à hauteur de 25 millions d’euros, espérant ainsi réitérer la formule du partenariat public-privé lancé en 1985 avec la Société européenne des satellites, aujourd’hui SES dont il détient près de 17% du capital.

    Mais le projet luxembourgeois d’exportation et d’utilisation des ressources spatiales ne fait pas l’unanimité. « Plusieurs États membres de l’Union européenne ne vont pas dans ce sens-là », confie un scientifique européen souhaitant garder l’anonymat. « Quand on dit qu’on peut avoir accès à tous les matériaux à l’avenir, on ouvre la boîte de Pandore vers un gaspillage des ressources et la fin du recyclage parce qu’on se dit qu’on en aura autant qu’on le souhaite », souligne cette source.

    Mission promotion
    Ces derniers mois, le Luxembourg a intensifié la promotion de son projet spatial. En avril 2017, une mission économique en Californie pilotée par M. Schneider et le Grand-Duc héritier Guillaume, a débouché sur l’annonce de la mise en place d’une Agence spatiale luxembourgeoise et d’un fonds d’investissement dédié au financement de cette nouvelle structure. Un accord est également attendu en octobre avec l’UAE Space Agency, l’agence spatiale des Émirats arabes unis.

    En novembre, le Grand-Duché accueillera la première édition européenne de la conférence internationale annuelle dédiée à l’espace, NewSpace. Et en mars 2018, le Luxembourg sera invité au deuxième Forum de l’exploration internationale spatiale (International Space Exploration Forum) de Tokyo. Enfin, l’initiative spatiale du Grand-Duché s’exposera dans le pavillon luxembourgeois à l’Exposition universelle de Dubai (octobre 2020).

    #Fantasme #Espace #Paradis_fiscaux #fric #Pillage #newspace #Exploration #Spatial

  • De retour de la révolution du Rojava
    http://www.revue-ballast.fr/de-retour-de-revolution-rojava

    Une révolution socialiste, féministe, pluri-ethnique et écologiste prend forme depuis près de cinq ans : quelque part en Syrie, au nord d’un pays divisé par la guerre, en région autonome kurde : le Rojava. L’anthropologue libertaire américain David Graeber va jusqu’à la qualifier de « l’un des rares points lumineux » de la région et de l’une « des grandes expériences démocratiques du monde ». Les principaux ennemis de la révolution ? Le fascisme théocratique de Daech et l’autocratie turque. Nous suivons avec un vif intérêt l’évolution de la situation et traduisons, pour le lectorat francophone, cet entretien de Peter Loo paru il y a trois mois de cela dans les colonnes du site Novara Media : professeur d’anglais bénévole, il a passé plus d’un an sur place dans le cadre du groupe de solidarité anticapitaliste Plan C Rojava. Et livre, à son retour, une analyse pédagogique de la situation, soucieux des grandes réalisations autant que des limites certaines .

    • La révolution ne correspond pas ici au fantasme parfait de certains révolutionnaires occidentaux. Cela n’a pas été le soulèvement spontané de l’immense majorité des gens, ils n’ont pas aboli l’État (à supposer que cela soit possible) ou le capitalisme, et il y a encore des problèmes à régler. Malgré le fait que ce n’est pas le communisme ici et maintenant, cette révolution a besoin d’applaudissements et de soutiens. Comme toutes les révolutions, elle n’est pas apparue achevée une fois pour toutes, elle se construit sur le tas, en faisant face à beaucoup d’opposition. Contrairement à de nombreuses révolutions, celle-ci est assez difficile à définir : les étiquettes « anarchiste » ou « révolution sans État » obscurcissent plus qu’elles ne font voir. Ce que nous savons cependant, c’est que cette révolution impulse des formes de démocratie populaires, la libération des femmes et certaines formes d’économie de la solidarité. La vie au Rojava est meilleure pour les gens que dans la plupart des régions du Moyen-Orient. Pour ceux qui sont effrayés de voir des révolutionnaires ayant un réel pouvoir de changer les choses plutôt que de se maintenir à jamais dans la « résistance », je voudrais citer Murray Bookchin (dont l’influence sur la lutte ici est clairement exagérée dans certains milieux) : « Les anarchistes peuvent appeler à l’abolition de l’État, mais une coercition d’une certaine forme sera nécessaire pour prévenir le retour de l’État bourgeois en pleine force et avec une terreur débridée. Le fait qu’une organisation libertaire échoue, du fait de la peur déplacée de créer un "État", à prendre le pouvoir quand elle le peut, avec le soutien des masses révolutionnaires, est au mieux de la confusion, au pire une perte totale de ses nerfs . »

      Ceux qui adoptent une position d’ultragauche au Rojava, et qui placent la révolution hors de portée, mettent plus en évidence les faiblesses de leur propre positionnement politique que celles de la révolution qui se met en place ici. Une vraie révolution est une masse de contradictions dont la plupart doivent être affrontées à mesure qu’elles apparaissent. Ce qui fait qu’il est particulièrement important pour la gauche libertaire de soutenir cette révolution, c’est qu’elle affronte ces contradictions sans en passer par la dictature d’un parti politique. Il y a d’autres moyens pour la gauche d’exprimer sa solidarité avec le Rojava, et la lutte plus large dont il est un des éléments dans la région, que d’écrire des articles et de partager des trucs sur Facebook. Diffuser des informations sur ce qui se passe ici est bien sûr important, mais les exigences des organisations politiques qui soutiennent la révolution ici, et qui en ont la capacité, sont bien plus élevées. En Grande-Bretagne, par exemple, le groupe de solidarité pour le Rojava du Plan C travaille avec des structures dirigées par des Kurdes, qui organisent des débats et des manifestations ; il a rassemblé de l’argent, notamment pour un bus-école et du matériel médical, et envoie maintenant des volontaires pour faire du travail civil. Il y a quelques groupes de solidarité kurdes qui travaillent dur en Grande-Bretagne également, qui font du très bon travail. Si on les compare à avec des campagnes de solidarité au long cours comme les campagnes de solidarité pour la Palestine, les campagnes de solidarité des Kurdes sont encore très jeunes au Royaume-Uni. L’intensification massive du rôle contre-révolutionnaire de la Turquie, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières, susceptible de s’étendre à l’Irak cette année, augmente encore la nécessité de cette solidarité. Des structures nationales efficaces de solidarité doivent être rejointes ou créées, et fédérées à un niveau international. C’est un peu cliché, mais nous ne pouvons pas oublier ce slogan : « La solidarité n’est pas un mot, c’est une arme. »

  • Abortion Rate In U.S. Falls To Lowest Level Since Roe v. Wade : The Two-Way : NPR
    http://www.npr.org/sections/thetwo-way/2017/01/17/509734620/u-s-abortion-rate-falls-to-lowest-level-since-roe-v-wade

    The abortion rate in the United States fell to its lowest level since the historic Roe v. Wade Supreme Court decision legalized abortion nationwide, a new report finds.
    […]
    Perhaps not surprisingly, given the longstanding controversy around abortion policy, the meaning of the report is somewhat in dispute.

    Planned Parenthood President Cecile Richards said efforts to help women get better access to contraception are paying off. She points in particular to recent improvements in the rate of unintended pregnancies, and a historically low teen pregnancy rate.
    […]
    Some anti-abortion groups, meanwhile, argue the Guttmacher report shows new state restrictions on abortion are working. Kristi Hamrick, a spokeswoman for Americans United for Life, said she has her doubts about the Guttmacher report — since the data come from surveys of abortion providers — but accepts the overall conclusion. She emphasized the impact of new regulations on clinics and laws requiring women seeking abortions to get an ultrasound, which she said are having a “real, measurable impact on abortion.”

    These have been game-changers, and we see the abortion rate dropping in response,” Hamrick said.

    Hamrick said she believes abortion numbers are also falling in part because public sentiment is turning against abortion — although surveys by the Pew Research Center show opinions on abortion have been largely stable over the past two decades. The Gallup polling firm has found Americans largely divided on abortion in recent decades, with a majority labeling themselves “pro-choice” in a 2015 survey.

  • Mining in Space Could Lead to Conflicts on Earth - Facts So Romantic
    http://nautil.us/blog/mining-in-space-could-lead-to-conflicts-on-earth

    Space mining is no longer science fiction. By the 2020s, Planetary Resources and Deep Space Industries—for-profit space-mining companies cooperating with NASA—will be sending out swarms of tiny satellites to assess the composition of hurtling hunks of cosmic debris, identify the most lucrative ones, and harvest them. They’ve already developed prototype spacecraft to do the job. Some people—like Massachusetts Institute of Technology planetary scientist Sara Seager, former NASA deputy administrator Lori Garver, and science writer Phil Plait—argue that, to continue advancing as a space-faring species, we need to embrace this commercial space mining industry, and perhaps even facilitate it, too. But should we? This question concerns me, as both an astrophysicist and a space enthusiast. Before (...)

    • NASA may have its shortcomings, but at least its missions and research goals answer to the public. It’s not exactly a welcome thought to imagine more and more of our presence and activity in space being ceded, with NASA’s help, to private industry.

      What should happen instead? Commercial space mining and science would both be served well by decoupling from each other. We should treat outer space like we do Antarctica. That icy landscape is humankind’s common heritage, where we encourage scientific investigations and conservation and forbid territorial claims. If some organizations want to mine asteroids, then we should take the time to develop and establish an international framework to regulate it properly.

      #espace #extractivisme #privatisation

  • Jacques Attali : « Il y a des moments où la guerre est nécessaire » | Débats - lesoir.be

    http://www.lesoir.be/987612/article/debats/2015-09-12/jacques-attali-il-y-des-moments-ou-guerre-est-necessaire

    Le jour où il sera dégommé au Bazooka, il fera peut-être moins le malin.

    Jacques Attali est économiste, professeur, écrivain. Il fut aussi le conseiller spécial du président François Mitterrand. Premier président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement après la Chute du Mur de Berlin, il est aujourd’hui avec sa société PlanNet Finance, engagé dans la croisade de la microfinance.

  • 80 percent of crops dead, 150 billion MNT buried in the ground | The UB Post
    http://ubpost.mongolnews.mn/?p=15463

    Approximately 80 percent of Mongolia’s crops have died this summer due to extreme drought across the country, according to board member of the Mongolian Plantation Union B.Erdenebat.
    Though the situation has reached a critical level, the Ministry of Industry and Agriculture has yet to take action, let alone announce to the public what is happening.
    According to B.Erdenebat, who is more commonly known as a member of the famous Mongolian pop group Camerton, crop fields remain productive in only in the regions of the Khalkh River in Bulgan and Selenge provinces.
    […]
    Last year, Mongolia harvested more than it had in over 17 years, but the state only reserved 30,000 tons of grain, a one-month reserve. According to B.Erdenebat, the Plantation Union advised the ministry to buy reserves from private companies, and received no response.
    “Mongolia should at least have a year’s worth of reserve since it can’t manage four to five years like bigger countries. But the ministry didn’t listen. The people will feel what it’s like to live in a country with no reserve this fall,” he said.
    B.Erdenebat said that when given the official report on the dying crops, the ministry told him “not to be so downtrodden and think about good things.
    The Ministry of Agriculture refused to comment via phone on the issue.

  • How outer space is becoming the next Internet
    http://www.cnbc.com/2015/07/22/how-outer-space-is-becoming-the-next-internet.html

    Silicon Valley venture capitalists are betting big, pouring $1.7 billion into space-related companies this year, according to CB Insights. Even if you exclude the $1 billion of that raised just by SpaceX, the market has still attracted almost twice as much money in 2015 as in the past three years combined. Planet Labs closed a $118 million round in April.

    Google, of course, is firmly in the mix. The Web giant shelled out $500 million last year for satellite maker Skybox Imaging, a venture-backed start-up whose technology can bolster products like search, maps and Google Earth.

    “There are going to be a number of companies built upon the back of all this fundamental technology,” said Peter Hebert, co-founder of Lux Capital, a Silicon Valley venture firm that’s investing heavily against that thesis. “This is a huge wave that’s going to play out over decades.”

    #espace #silicon_valley #silicon_army #capital-risque

  • Asteroid mining: Second company announces plans. Time to stake a claim? (+video) - CSMonitor.com
    http://www.csmonitor.com/Science/2013/0122/Asteroid-mining-Second-company-announces-plans.-Time-to-stake-a-claim-vid

    Less than a year after a company called Planetary Resources announced plans to survey, then mine, asteroids, a second company has set out its plans to turn orbiting piles of cosmic rubble into rocket fuel, solar panels, and trusses for spacecraft hundreds to thousands of miles above Earth.

    (...)
    As a start, representatives of Deep Space Industries (DSI) on Tuesday outlined the company’s plans to launch small prospector missions to asteroids beginning in 2015. A year later, the firm plans to launch its first sample-return mission, which aims to bring back samples of an asteroid not by the cupful, but in 60- to 150-pound quantities.

    #espace

  • MENU DE NAVIGATION : « L’UNIVERS ET SES MYSTÈRES »

    Toutes ces vidéos font partie de la chaîne PlaneteAstro sur youtube. Ceux qui aiment l’astrophysique le remercie chaudement pour ces vidéos de vulgarisation scientifique. Dommage qu’elles aient si peu de succès. Si elles vous plaisent, n’hésitez pas à le faire savoir en publiant un commentaire sur la chaîne.

    http://www.youtube.com/user/PlaneteAstro

    Ces vidéos ont été produites au États-Unis. Le producteur est #Louis_C._Tarantino. La série s’appelle « #The_Univers » et en est à sa 6ème saison. Voici, je crois, un lien vers le site history.com qui les publie :

    http://www.history.com/shows/the-universe/articles/about-the-universe

    Où trouver les épisodes en anglais :

    http://sharetv.org/shows/the_universe

    – Épisode 1 - Le Soleil :
    http://seenthis.net/messages/58498

    – Épisode 2 - Mars, la planète rouge :
    http://seenthis.net/messages/58507

    – Épisode 3 - La fin de la terre :
    http://seenthis.net/messages/58510

    – Épisode 4 - Jupiter, la planète géante :
    http://seenthis.net/messages/58512

    – Épisode 5 - La Lune :
    http://seenthis.net/messages/58514

    – Épisode 6 - La Terre, notre vaisseau spatial :
    http://seenthis.net/messages/58515

    – Épisode 7 - Mercure et Vénus, les planètes intérieures :
    http://seenthis.net/messages/58516

    – Épisode 8 - Saturne et ses anneaux :
    http://seenthis.net/messages/58517

    – Épisode 9 - Les galaxies :
    http://seenthis.net/messages/58518

    – Épisode 10 - Vie et mort d’une étoile :
    http://seenthis.net/messages/58520

    – Épisode 11 - Neptune, Uranus et Pluton :
    http://seenthis.net/messages/58521

    – Épisode 12 - Les endroits les plus dangereux de l’Univers :
    http://seenthis.net/messages/58525

    – Épisode 13 - À la recherche de la vie extra-terrestre :
    http://seenthis.net/messages/58533

    – Épisode 14 - Les exoplanètes :
    http://seenthis.net/messages/58537

    – Épisode 15 - Les trous cosmiques :
    http://seenthis.net/messages/58540

    – Épisode 16 - Les énigmes de la Lune :
    http://seenthis.net/messages/58542

    – Épisode 17 - La Voie Lactée :
    http://seenthis.net/messages/58544

    – Épisode 18 - Les lunes du système solaire :
    http://seenthis.net/messages/58546

    – Épisode 19 - Matière Noire et Énergie Sombre :
    http://seenthis.net/messages/58547

    – Épisode 20 - Astrobiologie
    http://seenthis.net/messages/58550

    – Épisode 21 - Voyage dans l’Espace
    http://seenthis.net/messages/58551

    – Épisode 22 - Les supernovae
    http://seenthis.net/messages/58555

    – Épisode 23 - Les constellations
    http://seenthis.net/messages/58559

    – Épisode 24 - Les énigmes inexpliquées :
    http://seenthis.net/messages/58564

    – Épisode 25 - Les collisions cosmiques :
    http://seenthis.net/messages/58566

    – Épisode 26 - Coloniser l’Espace :
    http://seenthis.net/messages/58567

    – Épisode 27 - Les nébuleuses
    http://seenthis.net/messages/58570

    – Épisode 28 - Tempête dans le cosmos
    http://seenthis.net/messages/58572

    – Épisode 29 - Les objets monstrueux de l’Univers
    http://seenthis.net/messages/58573

    – Épisode 30 - La gravitation
    http://seenthis.net/messages/58574

    – Épisode 31 - Apocalypse cosmique :
    http://seenthis.net/messages/58706

    – Épisode 32 - Objets étranges :
    http://seenthis.net/messages/58707

    – Épisode 33 - Catastrophes dans l’espace lointain :
    http://seenthis.net/messages/58708

    – Épisode 34 - Les univers parallèles :
    http://seenthis.net/messages/58709

    – Épisode 35 - phénomènes cosmiques :
    http://seenthis.net/messages/58711

    – Épisode 36 - Comètes et astéroïdes
    http://seenthis.net/messages/58712

    – Épisode 37 - Au bord de l’Espace :
    http://seenthis.net/messages/58714

    – Épisode 38 - Visages extraterrestres :
    http://seenthis.net/messages/58715

    – Épisode 39 - Vivre dans l’Espace :
    http://seenthis.net/messages/58716

    – Épisode 40 - La vitesse de la lumière :
    http://seenthis.net/messages/58717

    – Épisode 41 - Sexe dans l’Espace :
    http://seenthis.net/messages/58809

    – Épisode 42 - Une autre Terre :
    http://seenthis.net/messages/58811

    – Épisode 43 - Stopper Armageddon :
    http://seenthis.net/messages/58812

    – Épisode 44 - L’étoile de la mort :
    http://seenthis.net/messages/58815

    – Épisode 45 - Le jour où la Lune mourut :
    http://seenthis.net/messages/58817

    – Épisode 46 - Tombés de l’Espace :
    http://seenthis.net/messages/58819

    – Épisode 47 - Les plus grandes Explosions :
    http://seenthis.net/messages/58822

    – Épisode 48 - La chasse aux planètes annelées :
    http://seenthis.net/messages/58824

    – Épisode 49 - Dix moyens de détruire la Terre :
    http://seenthis.net/messages/58826

    – Épisode 50 - À la recherche d’amas cosmiques :
    http://seenthis.net/messages/58827

    – Épisode 51 - Guerres spatiales :
    http://seenthis.net/messages/58841

    – Épisode 52 - Pulsars et quasars :
    http://seenthis.net/messages/58842

    – Épisode 53 - univers liquide :
    http://seenthis.net/messages/58844

    – Épisode 54 - Science-fiction, fait scientifique :
    http://seenthis.net/messages/58845

    – Épisode 55 - Énergie extrême :
    http://seenthis.net/messages/58846

    – Épisode 56 - Sept merveilles du système solaire :
    http://seenthis.net/messages/58847

    – Épisode 57 - Mars, nouveaux indices :
    http://seenthis.net/messages/58848

    – Épisode 58 - Tempêtes magnétiques :
    http://seenthis.net/messages/58849

    – Épisode 59 - Voyage dans le Temps :
    http://seenthis.net/messages/58850

    – Épisode 60 - Les secrets des sondes spatiales :
    http://seenthis.net/messages/58851

    – Épisode 61 - Attaques d’astéroïdes :
    http://seenthis.net/messages/58949

    – Épisode 62 - Éclipse totale :
    http://seenthis.net/messages/58951

    – Épisode 63 - Sombre avenir pour le Soleil :
    http://seenthis.net/messages/58952

    – Épisode 64 - La Puissance du Soleil
    http://seenthis.net/messages/60879

    #magazine_l'univers_et_ses_mystères, #documentaire_scientifique, #astronomie, #astrophysique, #cosmos

  • Universitaires et chercheurs s’inquiètent des ambiguïtés de François Hollande (Médiapart via Sauvons l’Université !)
    http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article5275

    Après la mobilisation historique de 2009 contre la LRU, loi sur l’autonomie des universités, et une série de réformes contestées (création de l’Agence nationale de la recherche, Plan Campus, etc.), l’échec du mouvement a suscité beaucoup d’amertume. La communauté universitaire a longtemps espéré pouvoir prendre sa revanche dans les urnes. Les effets des différentes réformes qui ont profondément modifié le paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche commencent désormais à apparaître au grand jour. Universités exsangues placées sous tutelle, nouveaux territoires de relégation universitaire ou enseignants-chercheurs noyés sous la bureaucratie, le besoin d’un changement de cap est plus fort que jamais. (...) Source : Médiapart via Sauvons l’Université !