company:sas

  • #Mir_Streiked !

    „Mir Streiked!“ ist die Hymne für der Schweizerischen Frauen*streiktag 2019. SASA, KimBo, Mer Ayang und Sascha Rijkeboer komponieren in ihrer musikalischen Unterschiedlichkeit ein Lied, das gleichzeitig bewegt, anklagt und mobilisiert.

    https://www.youtube.com/watch?v=m001Efj0ymI&feature=share


    #grève_féministe #14_juin #femmes #grève #Suisse #chanson #14_juin_2019 #hymne
    #musique_et_politique (ping @sinehebdo)

    v. aussi le #manifeste académique de la grève :
    https://seenthis.net/messages/777511

    et une tribune sur le #féminicide, tribune publiée en lien avec la grève :
    https://seenthis.net/messages/780868

    • "Les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes"

      Alors que l’égalité salariale est au coeur de la grève des femmes prévue le 14 juin, Manuela Honegger, politologue et politicienne indépendante, relève qu’en une année « les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes ».

      « L’écart de revenu entre l’homme et la femme reste notre préoccupation première », a affirmé dans La Matinale Manuela Honegger, membre du collectif genevois pour la grève des femmes. De plus, le travail domestique effectué par les femmes n’est toujours pas reconnu.

      « On estime aujourd’hui que faire à manger a plus de valeur en Suisse que ce que le secteur financier produit, la valeur que les femmes produisent tous les jours gratuitement et qui péjore leur vie est énorme. A la fin de l’année, les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes », a précisé la politicienne.

      De plus, « sur la base des différences salariales, les femmes devraient seulement travailler jusqu’à 57 ans et pas jusqu’à 64 ans », a-t-elle encore indiqué.
      Chiffre pas connu

      « La politique ne nous prend pas au sérieux, nous les femmes, et ne met pas nos préoccupations au centre », a encore souligné la politicienne. Alors que tout le monde connaît le nombre d’étrangers vivant en Suisse, « cela fait 25 ans que l’UDC martèle ces chiffres », combien de personnes connaissent le pourcentage des femmes qui font la lessive ou qui assument l’éducation des enfants ?

      « Les femmes accomplissent 80% de la lessive faite en Suisse et assument 70% de l’éducation des enfants. Ce sont des réalités à mettre sur l’agenda politique, c’est pourquoi nous avons choisi la grève. La grève est un moyen de pression pour dire stop », a conclu #Manuela_Honegger.

      https://www.rts.ch/info/suisse/10179694--les-femmes-gagnent-108-milliards-de-moins-que-les-hommes-.html

      #salaire

    • Vers la grève féministe en Suisse

      Dans cet entretien, Anouk (étudiante, investie dans les mouvements étudiants et de l’immigration coloniale et post-coloniale) et Maimouna (militante queer antiraciste « qui penche du côté marxiste de la force » et qui travaille dans un syndicat interprofessionnel du secteur public) nous livrent un récit du processus qui va porter nombreuses femmes* en Suisse à se mettre en grève pour la journée du 14 juin 2019. Nous saissons l’occasion pour relayer le manifeste de la grève, dont il est beaucoup question dans l’interview, et une émission radio sur cette lutte, dont le titre annonce : Ne changeons pas les femmes, changeons la société !

      – PEM : Le 14 juin se tiendra en Suisse une grève des femmes et féministe : Quel a été votre rapport à cette grève ?

      M : J’ai participé à cette grève surtout par l’organisation des travailleuses au sein de mon syndicat, mais également pendant une période par le biais de la coordination romande et du collectif genevois. Pour des raisons de santé, je n’ai pas pu participer à tout l’aspect collectif et de coordination des six derniers mois. Cette grève m’a accompagnée durant toute l’année et le fait de participer à sa construction sur les lieux de travail a sûrement été une des expériences militantes les plus intéressantes de ma vie.

      A : De mon côté, j’ai une position assez ambiguë par rapport à la grève. Rationnellement et politiquement, je suis super emballée par le processus. Je suis convaincue de la nécessité de s’y investir, et de la justesse d’organiser une grève générale à partir d’une position féministe. Mais d’un point de vue subjectif, j’arrive pas à me sentir concernée ou impliquée d’une quelconque manière. Pour plusieurs raisons, je n’arrive plus du tout à m’identifier aux discours du type “nous les femmes”, même si j’ai une compréhension du monde et des manières de me comporter profondément féministes. Du coup, je me suis tenue un peu à l’écart de tout le processus d’organisation de la grève, et j’ai juste participé aux débuts de la rédaction du manifeste, et j’ai été co-organisatrice de la journée du 10 février.

      – PEM : Pouvez-vous nous dire comment en Suisse on en est arrivé à organiser une grève féministe ? Quels ont été les éléments déclencheurs ?

      M : En Suisse, cette grève a été impulsée par des femmes syndicalistes après une énième discussion au parlement sur un projet de loi sur l’égalité salariale qui n’a abouti à rien. Je pense que c’est un aspect assez intéressant, notamment par rapport à d’autres endroits où ce genre de mobilisation a eu lieu, comme dans l’Etat espagnol, où le rôle des syndicats était beaucoup moins fort, voire un frein à l’organisation de cette mobilisation. Néanmoins, l’impulsion ne vient pas des directions syndicales mais plutôt de la base. Elles ont d’ailleurs plutôt été forcées à rejoindre le mouvement sous pression de leurs militantes. Je trouves aussi assez intéressant que ça vienne pas forcément de femmes très jeunes à la base, mais plutôt de militantes assez expérimentées, même si ça a très vite pris chez les femmes plus jeunes. Certaines étaient déjà là en 1991, lors de la première grève des femmes en Suisse d’ailleurs.

      A : Il y a une autre particularité par rapport à la Suisse. Ici, la construction de la grève s’appuie sur un réseau militant de syndicalistes féministes, de féministes organisées dans des partis de gauche radicale, et aussi de féministes autonomes, qui s’étaient toutes mobilisées contre cette loi sur l’augmentation de l’âge de la retraite - soutenue par les centrales syndicales au niveau national. Il y a donc une filiation entre cette opposition référendaire dans le champ institutionnel et l’impulsion de la grève féministe.

      – PEM : Pouvez-vous préciser quel a été le rôle des syndicats par rapport au mouvement ?

      M : Il faut bien comprendre que ce mouvement vient de la base. Il y a eu cette énorme manifestation à Berne qui a réuni 22 000 personnes en septembre 2018. Pour la petite histoire, chaque deux ans la plus grande organisation syndicale, l’USS [1], organise une manifestation nationale. Il s’agit avant tout d’une démonstration de force mais souvent avec un contenu politique très institutionnel. Donc du coup, comme chaque deux ans, l’USS a choisi un thème, et cette année-là c’était l’égalité salariale. Il n’y avait pas la volonté de parler de la grève qui se prépare aujourd’hui mais l’idée c’était simplement de mettre en avant cette revendication qui pouvait plaire à tout le monde. Le mouvement a fini par presque troller cette manifestation en créant un tronçon appelant à la grève féministe en 2019, ce qui a fait apparaître clairement nos revendications comme bien plus larges et radicales. Ça s’est fait littéralement aux nez et à la barbe des centrales syndicales qui ne voulaient parler que d’égalité salariale.

      A : Dès le début, et en raison de la manière dont le mouvement s’est structuré, il a appelé à aller plus loin qu’une grève « classique », qui reste contenue à un cadre de rapport salarié uniquement. Tout ceci ouvre des perspectives beaucoup plus larges, et ça remue le mouvement ouvrier dans son ensemble, notamment sur la question du travail reproductif, et de la grève politique (qui est d’ailleurs implicitement interdite par notre Constitution [2]).

      M : C’est vraiment important cette question de grève politique en Suisse. On a réussi à la rendre licite grâce à des mécanismes assez alambiqués, sachant que le droit de grève bien qu’inscrit dans notre constitution, est très limité.

      – PEM : Comment s’est organisé et structuré le mouvement pour la grève ? Quelles sont les formes d’organisation que vous vous êtes données et est-ce qu’elles sont présentes sur l’ensemble du territoire suisse (les différents cantons, dans les villes ou en campagne, etc.) ?

      M : En fait, le mouvement est né en Suisse romande et Suisse italienne et la Suisse allemande a rejoint le mouvement un peu plus tard. Actuellement, quasiment tous les cantons suisses et les grandes villes ont un collectif organisant la grève. Honnêtement, quand ça a commencé, ça aurait pu être ce genre d’initiatives super sympas lancées par dix meufs motivées qui aboutit à 5000 femmes dans la rue un an plus tard. Mais là, ça a pris bien plus d’ampleur ! Je pense que la manière dont le mouvement s’est construit, notamment la démocratie interne, la décentralisation, et surtout la totale liberté laissée aux collectifs - avec juste le Manifeste comme garde-fou - font que c’est un mouvement à la fois très large et radical.

      A : Oui, j’ai le souvenir d’une militante syndicale qui disait que ça avait impulsé la formation de collectifs sur plein de lieux de travail, ce qui en Suisse, est dingue ! En tous cas, je pensais pas que ça serait un truc aussi énorme, et que ça lancerait autant de personnes à s’organiser sur leur lieu de travail, de formation, etc. Au-delà même du 14 juin, ça ouvre des perspectives d’organisation beaucoup plus larges.

      M : La décentralisation du mouvement est très particulière mais aussi très adaptée à notre contexte fédéral. C’est vraiment une organisation décentralisée, qui part des collectifs locaux. C’est très difficile pour moi de parler de ce qui passe dans les cantons suisses alémaniques. Ce que je vois sur les réseaux sociaux (car le mouvement y est assez actif), c’est qu’en fait, finalement, dans des endroits où j’aurais pas pensé, il y a des choses qui se construisent.

      A : Le caractère de radicalité du mouvement est aussi lié au fait qu’il se construit au niveau national, au-delà des barrières linguistiques, mais d’une manière décentralisée comme tu l’as dit. C’est quand même très rare en Suisse. Mais l’organisation ne se fait pas uniquement selon des bases purement géographiques (ville, canton, etc.), mais aussi en fonction des lieux d’activité, sur les lieux de travail et de formation, etc.

      M : Je pense que c’est grâce aux organisatrices qui ont vraiment tout mis en place pour permettre la plus grande démocratie possible, ce qui est hallucinant et qui a représenté un travail phénoménal. S’assurer toujours qu’il existe des espaces de dialogues où les questions de contenu mais aussi de forme peuvent être entendues et discutées, ce qui a notamment permis de créer ce Manifeste avec une adhésion très large, a, d’après moi permis cette construction très large d’un mouvement.

      – PEM : Qu’est-ce qu’a apporté au mouvement la rédaction d’un manifeste ? Quels thèmes principaux en sont ressorti ?

      M : Alors, le manifeste regroupe dix-neuf revendications. Elles concernent tout : le rapport au corps, le rapport au travail, notamment l’inégalité salariale, mais la question du travail reproductif est également très développée. Je pense qu’on trouve pas le terme “anti-capitalisme” dans le texte (même si le terme capitalisme doit y apparaître), mais dans le fond, on est dans des revendications vraiment en rupture. Beaucoup de revendications tournent autour du monde du travail. Déjà parce que ce mouvement est très syndical mais aussi parce que les enjeux autour des inégalités sur les lieux de travail sont encore loin d’être résolus. Il n’y a pas de réelles protections contre les inégalités salariales, les protections contre le sexisme sur le lieu de travail sont peu ou mal mis en place, et la dévalorisation sociale et salariale des métiers typiquement féminins existe. On est quand même un pays où les personnes travaillant dans l’économie domestique ne sont même pas soumises à la loi sur le travail dont le texte est censé protéger les travailleuses et travailleurs.

      A : Oui, notamment celle de réduction du temps de travail ! Et la question des violences sexistes est aussi importante pour nous. C’est vrai qu’avec le Manifeste, on donne une vision d’unité, comme si tout le monde était d’accord sur tout, mais il y a quand même eu des grosses contradictions internes. D’ailleurs, la force du cas suisse, c’est d’avoir pu dépasser ces contradictions et de ne pas s’être scindé. C’est peut-être lié à la culture du compromis suisse [rires]. Dans tous les cas, il y a eu un travail politique phénoménal sur les sujets de dissension, pour aboutir à une orientation d’un féminisme de classe et anticapitaliste, et aussi sur la question de la pénalisation des violences de genre. À la première séance de rédaction du Manifeste en août passé, les nombreuses personnes présentes étaient réparties en groupes de travail « par thématique », où on discutait de nos revendications et leur articulation. Il se trouve que j’ai eu la bonne idée d’aller au groupe sur les violences faites aux femmes. C’était assez difficile, et il a fallu un travail important (que des camarades ont mené tout au long de l’année) pour éviter une orientation pro-punitive, et amener une vision globale sur les conséquences de ces orientations en termes de rapports sociaux de race, et plus largement de répression. Mais c’est une position qui est extrêmement ambivalente et compliquée à trouver et défendre, entre d’un côté dire que les violences de genre sont un sujet politique fondamental (et qu’on ne va pas s’en occuper « après » pour le dire vite), mais de l’autre, se demander comment on peut y répondre sans converger avec l’appareil répressif d’Etat. Il y a donc eu tout un travail : déjà, sur le moment même, et avec les relectures et amendements successifs du Manifeste. Plus largement, et dans un deuxième temps, on a organisé avec SolidaritéS [3] une journée d’étude qui a réuni des personnes actives dans les organisations qui luttent concrètement contre les violences de genre, pour essayer d’élaborer des pistes d’actions anti-punitives, mais concrètes et ancrées dans notre réalité. Il y avait beaucoup de personnes impliquées dans l’organisation de la grève, et l’idée était de revenir ensuite dans les différents collectifs et mettre ça en avant. Au final, quand on regarde le Manifeste maintenant, on remarque que ce travail collectif (qui prend différentes formes) a porté ses fruits.

      – PEM : Du coup, est-ce que vous diriez que le Manifeste, rédigé en août dernier, rend bien compte de la pluralité des composantes du mouvement tel qu’il est aujourd’hui ?

      M : Le mouvement s’est organisé en mixité choisie, sans hommes cisgenres. Pour la composante sociale, dans les collectifs que je connais, principalement en Suisse romande, on compte majoritairement des femmes* déjà militantes, peu de femmes non blanches, par contre plutôt très intergénérationnelle. Néanmoins, quelques femmes ayant un parcours migratoire ont été très actives, ce qui a permis d’amener des revendications concrètes et précises sur les questions d’asile et d’accueil. L’exemple qu’a donné Anouk, et il y en aurait d’autres, montre bien qu’en tant que minorités dans la minorité, c’est très dur de réussir à mettre en avant ses revendications s’il n’y a pas un vrai travail d’organisation en interne. On l’a notamment vu pour les questions LBTIQ, où finalement des revendications spécifiques n’ont pas été visibilisées et ce alors qu’en Suisse on serait dans un contexte assez propice à la mise en avant de revendications par exemple liées à la parentalité, aux parcours trans* ou encore d’égalité juridique. De ce que j’ai perçu, en tout cas en Romandie, il nous a été difficile de nous organiser entre nous pour faire émerger ces revendications. Par contre, le travail fait par les femmes migrantes et leurs alliées ont réussi à imposer des revendications puissantes sur cette question, autant dans le manifeste que dans l’organisation collective. Ces questions, par exemple le fait de ne pas avoir de permis de séjour ou juste un permis provisoire en tant que travailleuse – en lien avec tout le travail syndical qui est mené sur ce front depuis des années - sont bien comprises et intégrées. Par contre, on n’a pas constaté la même chose sur les questions de race. Pour être bien claire, quand on parle de femmes migrantes en Suisse, on parle de femmes qui viennent du troisième cercle (le Sud global) comme on dit, mais aussi d’Europe du Sud.

      A : C’est vrai qu’il y a eu un travail politique pour orienter ces revendications dans un sens émancipateur pour tout le monde. Donc le Manifeste n’est bien sûr pas parfait, mais c’est le fruit d’un travail politique de longue haleine, parfois éreintant, mené par un grand nombre de personnes. Au début, il y avait carrément des propositions islamophobes, ou abolitionnistes (du travail du sexe)… Le fait que ce genre de choses ne soient pas passées (même si le Manifeste n’est pas explicite sur ces questions), c’est aussi le fruit d’un travail. Ça permet de le garder ouvert à une organisation politique sur les rapports coloniaux, sur le travail du sexe, etc.

      M : Sur ces questions, on constate qu’il y avait cette peur au début, comme dans tout mouvement unitaire : « que vont faire les femmes qui ne sont pas organisées à gauche, et comment elles vont pouvoir adhérer à ce manifeste ? ». Finalement, on se rend compte que plus il y a de revendications, plus elles sont larges, plus elles sont radicales, et - c’est assez contre-intuitif - plus elles sont rassembleuses. En fait, ça a permis de créer un mouvement ultra large. La question des “femmes de droites” - doit-on les intégrer,, comment leur parler, est-ce qu’on les effraient ou pas - a souvent été posé, surtout au début dans les collectifs locaux. Je me souviens très clairement d’une femme qui disait « si les femmes de droite se reconnaissent dans le manifeste, elles viendront, et sinon tant pis ». Il faut juste imaginer que lors de l’appel de la première coordination nationale à Bienne, il devait y avoir 500 à 600 personnes, qui sont des personnes qui organisent activement cette grève.

      –PEM : Pourquoi est-il important de faire grève pour faire valoir ces raisons ?

      M : Il y a un truc que je trouve intéressant dans le droit suisse, la grève est considérée comme l’ultima ratio. Donc c’est le dernier outil que les travailleurs et travailleuses mettent en place pour obtenir leurs revendications, après que tout a échoué. Là, ça fait 38 ans qu’on a une égalité dans la constitution qui n’est pas appliquée, et tout part quand même de là ! On peut se dire que c’est très réformiste et partiel, mais littéralement, ça veut dire qu’en Suisse, il y a aucune possibilité de sanction ni de contrainte pour vraiment combattre l’égalité salariale même dans son sens le plus strict. Tu peux faire reconnaître - mais c’est très compliqué – que tu n’es pas payée la même chose que ton collègue masculin et toucher le différentiel ainsi qu’une indemnité représentant six mois de salaire et c’est la seule sanction que tu auras en tant qu’employeur. En gros, une mise en conformité plus une petite amende. De plus, ce n’est pas soumis à un contrôle régulier, sauf pour les entreprises de plus de 100 employé-e-s, ce qui représente environ 2% des employeurs en Suisse. On en est là. Donc c’est pour ça que c’est important de faire grève, c’est pour montrer qu’on en a marre du système suisse de la négociation et de la « paix du travail » et que oui, en tant que femmes ont a tout essayé mais que là ça suffit et que donc on utilise l’outil de l’ultima ratio.

      A : Pour moi, cette grève a permis de montrer, dans ce système suisse, qui est officiellement « pacifié » et qui jure que par cette fameuse « paix du travail », que la conflictualité sociale, elle existe ; que les antagonismes de classe, ils existent. La conflictualité, c’est pas nous qui l’inventons, elle est réelle. Du coup, l’analyse qu’on fait en étant marxistes et féministes, c’est de lier les raisons larges pour lesquelles on fait grève (qui ne concernent pas uniquement les inégalités dans le travail salarié), à ce mode de production particulier. Donc une fois qu’on a dit ça, notre mode d’action doit rendre compte de ça.

      M : Sur la question de la grève, ça a pas été sans tension, vraiment ! Évidemment, faire grève en Suisse en 2019, c’est aussi le rappel de la grève de 1991 [4], qui a été un des plus beaux moments de luttes en Suisse. C’est aussi le rappel de ces femmes qui se sont battues en 1971 pour obtenir le droit de vote [5]. Il y a des femmes qui ont fait grève en 1991, et nous en 2019, on lutte aussi !

      A : Il faut préciser que cette grève s’inscrit dans un renouveau de perspectives de luttes de la gauche politique et syndicale. Il faut rappeler brièvement que le système suisse permet de s’opposer à des projets du parlement (et d’en proposer) en récoltant un certain nombre de signatures. Les initiatives ou référendum sont ensuite soumises au vote de la population suisse. Je précise, car j’ai vu beaucoup de discussions sur ce système de démocratie semi-directe en France, en lien avec la revendication du RIC défendues par certain·es Gilets Jaunes. Or, un élément pour moi central est à chaque fois laissé de côté : le système suisse est fondé sur l’exclusion politique d’une partie importante (environ un cinquième) de la population et des classes populaires, à savoir la population “d’origine étrangère”. En effet, les droits politiques sont conditionnés à la possession de la nationalité suisse, qui est extrêmement difficile à obtenir. En l’espace d’un an, la gauche politique est parvenue à faire refuser un projet d’augmenter l’âge de la retraite des femmes (appelé PV2020), et une autre loi (appelée RIE3) sur la défiscalisation massive du capital des multinationales implantées en Suisse (ce qui représente un transfert massif de richesses des collectivités publiques, notamment du Sud global, vers les actionnaires de Nestlé, Glencore, etc.). J’ai l’impression que ça a vraiment créé une dynamique de gauche qui est de nouveau capable d’arracher des grandes victoires. En même temps, on a lancé tout récemment un référendum contre la soeur jumelle de la RIE3 , donc contre une loi qui prévoyait exactement les mêmes dispositifs fiscaux ; on a fait aboutir le référendum, mais on l’a perdu en votation car la réforme a été massivement approuvée. Et on a certes refusé l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, mais il y a déjà un projet au Parlement pour l’augmenter à nouveau. Cette question des initiatives et référendums constitue un grand débat au sein de nos organisations, et pour ma part, je ne crois pas qu’il faille rejeter une lutte institutionnelle par référendum en bloc, parce que comme on l’a vu, ça permet de lancer des dynamiques d’opposition substantielle. Par contre, sur la base de cette séquence politique, on voit que si on les considère comme une fin en soi, on n’a pas fini de s’opposer aux mêmes projets de loi, et on passe notre temps à récolter des signatures.

      M : Oui, au bout d’un moment, à ce jeu, ils gagnent en fait ! C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a ce dessin qui tourne et qui montre une femme avec une batte de base-ball disant “j’ai décidé de changer de méthode”.

      – PEM : Quelles autres expériences de lutte à l’échelle globale ou dans l’histoire suisse sont importantes pour vous ?

      M : La grève générale de 1918 ! Parce que j’ai découvert cette grève il y a un an et demi au moment du centenaire, et parce que l’organisation des syndicats au niveau national, l’USS (Union syndicale suisse) qui a organisé une super journée de conférence [rires] avec des historien·nes où, littéralement, leur conclusion c’était que c’était pas si bien parce qu’au final, on n’a rien gagné. C’est les syndicats qui disent ça ! Ça m’a donné envie de creuser, j’ai découvert plein de trucs, notamment que c’était pas tant un échec que ça, et je pense que ça montre aussi à quel point en Suisse, on ne connaît pas l’histoire des luttes.

      A : Au centre des revendications de la grève générale de 1918, il y avait celle du droit de vote des femmes ! Cette revendication dont on dit souvent qu’elle apparaît beaucoup plus tard, a été portée par le mouvement ouvrier dès 1918. Face aux frappadingues pour qui la grève féministe divise la classe ouvrière – ce qui est une analyse complètement hors sol quand on voit le développement massif de collectifs sur les lieux de travail – on se rend compte que dès le début, il y a un lien organique entre les luttes féministes et le mouvement ouvrier, simplement parce que les femmes font partie du mouvement ouvrier ! Après personnellement, l’histoire des luttes des travailleurs immigrés, et notamment italiens est importante politiquement pour moi.

      M : Ce qui est terrible, c’est qu’on est hyper à la ramasse et qu’on ne connaît presque pas notre histoire, parce qu’on a vraiment un roman national très fort : en Suisse, on dit qu’on est riche parce qu’on sait faire des compromis, que les valeurs paysannes et protestantes sont celles qui assurent notre prospérité et qu’on obtient jamais rien par la force. Par exemple, sur l’obtention du droit de vote des femmes en 1971, ce que tout le monde croit, c’est que le gentil parlement a décidé d’autoriser les femmes à voter parce que c’était quand même un peu la honte d’avoir attendu si longtemps. Or j’ai appris cette année, en creusant un peu, qu’il y avait eu une énorme mobilisation populaire, notamment des femmes autour de cette question.

      – PEM : Les institutions semblent réagir de manière plutôt bienveillante voire encourager certaines initiatives qui vont se tenir à l’occasion du 14 Juin : comment expliquez-vous cette bienveillance (paternaliste ?), et comment, dans ce contexte, garantir une certaine offensivité lors de cette journée de grève ?

      M : On constate effectivement une offensive massive du Parti socialiste (gauche gouvernementale) et des directions syndicales pour essayer de récupérer et pacifier cette grève en en retirant les aspects les plus combatifs. En même temps, c’est vrai qu’en Suisse , où qu’on soit sur l’échiquier politique il devient compliqué de dire qu’on est contre l’égalité. Les solutions choisies, comme dans beaucoup d’autres endroits, c’est de dire qu’on utilise pas la bonne méthode ou que l’on a mal compris l’égalité. On l’a vu syndicalement avec la réaction des employeurs. D’abord, il y a eu une offensive pour dire que cette grève n’était pas licite. Puis, sous la pression des collectifs, les employeurs du publics - sur Genève et sur Vaud, en tout cas - ont fini par dire qu’il n’y aurait pas de sanction pour cette grève, tout en sous-entendant que ça en était pas vraiment une. Une conseillère d’état PLR [6] à Genève a même affirmé que le mot grève n’avait qu’une valeur historique, et qu’en réalité il s’agissait d’une grande fête. On passe évidemment notre temps à rappeler que nous avons des revendications de ruptures et que oui c’est bien une grève. Le problème c’est qu’on n’est pas toujours entendu, face au discours dominant, notamment des médias. C’est ce qui permet à des meufs de l’exécutif ou de droite de participer aux mobilisations, qu’elles essaient de vider de leur sens...

      A : Oui, mais en même temps, elles vont marcher derrière des syndicalistes et des féministes qui revendiquent la réduction générale du temps de travail, et qui refusent catégoriquement l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes ! D’une certaine manière, c’est bon signe, ça veut dire que les collectifs ont réussi à imposer un rapport de force qui fait que les autorités se sentent obligées d’y participer. Surtout, les dynamiques d’organisation que cette grève a impulsées sur les lieux de travail, de vie et de formation, c’est pas quelque chose qui est “récupérable”. Pour moi c’est ça le plus important : le 14 juin n’est pas une fin en soi, c’est un but qui permet à des collectifs d’essaimer un peu partout, et de développer ou renforcer notre organisation collective.

      M : Ce qui est complètement dingue avec cette grève, c’est que malgré la radicalité du Manifeste (et même grâce à cette radicalité), des dizaines de milliers de femmes vont se mobiliser ce 14 juin. Ça permet de contrer cette idée très répandue, selon laquelle il faudrait pas être trop radicale, ou faire trop de bruit, pour pouvoir mobiliser largement. Or ce qu’on a constaté c’est qu’en permettant aux femmes de s’exprimer et en ancrant les revendications dans une réalité, ça marche, et c’est énorme !❞


      http://www.platenqmil.com/blog/2019/06/13/vers-la-greve-feministe-en-suisse

    • Un « ras-le-bol général » : vendredi, c’est la grève des femmes en Suisse

      Vingt-huit ans après une première mobilisation nationale, syndicats et collectifs féministes appellent à la mobilisation pour mettre fin aux inégalités femmes/hommes.

      Le reste du monde a le 8 mars. La Suisse a son 14 juin. Vendredi 14 juin 2019, collectifs féministes et syndicats organisent une « grève des femmes », pour l’égalité avec les hommes, 28 ans après la première du nom, en 1991.

      Une grève que les organisateurs espèrent nationale et globale. « Il ne s’agit pas seulement d’une grève du travail rémunéré, explique au Parisien Anne Fritz, coordinatrice de la mobilisation à l’Union syndicale suisse, à l’origine de la mobilisation. Il y aura aussi une grève du ménage, du prendre soin, de la consommation… » De toutes ses tâches, encore majoritairement effectuée au quotidien par des femmes, peu reconnues et non rémunérées.
      Une date symbolique

      Un mot d’ordre, l’égalité, et plusieurs déclinaisons : égalité des salaires, fin des violences sexistes, fin de la précarité des femmes… Plusieurs manifestations seront organisées ce jour-là, dans tout le pays. « Le plus important, c’est que chaque femme puisse participer à son niveau, là où elle est », poursuit Anne Fritz.

      La date du 14 juin est hautement symbolique en Suisse. En 1981, était introduit dans la Constitution un article concernant l’égalité entre les femmes et les hommes. Dix ans plus tard, près de 500 000 personnes - pour un pays de 3,46 millions d’habitants - se mobilisaient pour dénoncer les inégalités toujours persistantes.

      Près de trois décennies plus tard, les femmes continuent de toucher 20 % de moins que les hommes, il n’existe pas de congé paternité et les places en crèche sont rares et chères, freinant la participation des femmes à la vie active.

      L’année dernière, une loi sur l’égalité salariale a été votée dans le pays. Mais la version adoptée en définitive était nettement édulcorée, par rapport au texte initial. La dernière version ne prévoit pas, par exemple, de sanction pour les entreprises discriminantes.
      Le patronat suisse grince des dents

      Un sentiment de trop peu, qui fait germer l’idée d’une nouvelle grève, à l’image de celle de 1991, dans les milieux féministes, et au sein de l’Union syndicale suisse. Le mouvement #MeToo, ainsi que diverses mobilisations internationales, pour défendre l’avortement ou critiquer certains dirigeants comme le président américain Donald Trump ou Jair Bolsonaro, le président brésilien, sont aussi passés par là.

      Pour Anne Fritz, c’est un « ras-le-bol général des femmes » qui a permis de concrétiser cette grève anniversaire. Elle est née en cette année symbolique de 1991. Aujourd’hui, elle estime que les femmes ne sont « pas entendues en manifestation. C’est la raison pour laquelle il faut faire grève ».

      Plusieurs entreprises et administrations ont affiché leur soutien à cette grève des femmes. À Genève par exemple, la ville fermera des crèches. Mais l’Union patronale essaie de contrer le mouvement. Le syndicat le considère comme « illicite », car ne visant « pas uniquement les conditions de travail », selon les propos Marco Taddei, un de ses représentants, à l’AFP.

      Difficile de prévoir l’ampleur du mouvement de vendredi, la grève ne faisant pas partie de la culture suisse. Depuis l’instauration en 1937 de la « paix du travail », une convention signée entre patronats et syndicats, la négociation est souvent préférée à la grève. Anne Fritz espère « énormément » de personnes. Ou au moins autant qu’en 1991.

      http://m.leparisien.fr/societe/un-ras-le-bol-general-vendredi-c-est-la-greve-des-femmes-en-suisse-13-0

    • Les guettes ont appelé Lausanne à une nuit mauve

      Du haut de la cathédrale, quatre femmes ont lancé la mobilisation du 14 juin. Un cri inédit, relayé une bonne partie de la nuit avant la grande journée de vendredi.

      l faut « garder le dos bien droit, mettre les mains en porte-voix et s’adresser à Lausanne ». Un rapide conseil, glissé par Renato Häusler, guet de la cathédrale de Lausanne, à celles qui s’apprêtent à prendre sa place. Pour la première fois depuis 614 ans, la voix d’une femme va donner l’heure à la ville. A 23 heures, ce jeudi 13 juin en guise d’échauffement, puis à minuit, 1 heure et 2 heures, avec en prime un appel à la grève des femmes, à la grève féministe.

      C’est ainsi qu’à minuit, Nadia Lamamra, représentante du collectif vaudois pour la grève, Nicole Christe, cheffe du Service de l’architecture de la Ville de Lausanne, Joëlle Moret, déléguée à l’égalité et la chanteuse Billie Bird crient de concert « C’est la grève, c’est la grève ! ». Et après un bref silence, les acclamations montent de l’esplanade où plusieurs centaines de personnes affluent depuis 22 heures. « Il y a enfin un peu de reconnaissance, même dans les professions très atypiques les bastions masculins finissent par tomber », apprécient les guettes en chœur. La grève nationale du 14 juin est lancée à Lausanne, la cathédrale peut s’enflammer et briller en mauve dans la nuit.

      « C’était un moment fou, j’en ai eu des frissons. Il y avait un grand silence, on entendait juste les tambours, il y avait quelque chose de mystique et, tout à coup, tout le monde a hurlé. J’ai failli pleurer », raconte Anne-Julie.

      Au pied de la cathédrale, en continu, il y a les banderoles et les pancartes, les danses et les accolades, les chants et les slogans comme autant de cris du cœur. Entres autres : « Fortes, fières et pas prêtes de se taire » ou « Patriarcat t’es foutu, les femmes sont dans la rue ». « Ça me rend euphorique cet engouement, j’espère que ce sera le début d’un vrai mouvement. Il faut que les gens comprennent ce que l’on vit, commente Charlotte. Je pense aussi à celles qui ont de grandes difficultés, les travailleuses pauvres, les mères isolées ou celles qui ne peuvent pas être là parce qu’elles sont empêchées par quelque chose ou quelqu’un. »

      Puis comme la cathédrale, la place de la Riponne s’embrase. Autour d’un feu de camp, la foule donne de la voix tandis que quelques objets volent au milieu des flammes. Du carton, un tee-shirt ou un soutien-gorge, avalés par les flammes sous les applaudissements. « Symboliquement c’est déjà très fort ce que l’on voit ce soir, observe Yesmine. J’ai vécu près de la cathédrale et tous les jours j’ai entendu un homme crier. Alors aujourd’hui c’est beaucoup d’émotions, quelque chose se concrétise. »


      Beaucoup d’émotions et pas mal d’actions, au moment de se disperser dans la ville aux alentours d’1h30. Un peu partout, l’eau des fontaines devient violette, comme la cheminée de Pierre-de-Plan. Les stickers militants fleurissent sur les murs et 56 rues sont même rebaptisées. C’est l’oeuvre du collectif ruElles, parti arpenter la ville toute la nuit avec de la colle et de faux panneaux en papier. « Une soixantaine de rues lausannoises portent le nom de personnes illustres ayant marqué l’histoire suisse. Trois d’entre elles seulement sont des femmes, explique les membres. Ce soir, les femmes sortent de l’ombre de l’Histoire et vont dans les rues. » Elles feront de même ce vendredi 14 juin, dès 8 heures et pour toute la journée.

      https://www.24heures.ch/vaud-regions/guettes-appele-lausanne-nuit-mauve/story/13485264

    • Toutes les femmes du Courrier…

      … se joignent aux revendications de la grève féministe / grève des femmes*. Toutes, nous croiserons les bras en ce vendredi 14 juin, vingt-huit ans après la journée historique qui avait vu 500 000 femmes s’unir à travers toute la Suisse pour exiger, enfin, l’égalité dans les faits.

      Car nous observons chaque jour l’ampleur du fossé qui nous sépare de l’égalité. Aujourd’hui comme hier, nous exigeons une meilleure reconnaissance de toutes les tâches que nous exécutons au quotidien ainsi que le respect de notre personne et de notre individualité. Par notre refus de travailler ou d’exécuter des travaux domestiques durant vingt-quatre heures, nous posons nos limites. 91-19… Et cette impression de tourner en rond.

      C’est ce que ressentent aussi les femmes du Courrier, qui se sont réunies pour énoncer leurs doléances. Notre cahier de revendications en cinq axes complète celles du manifeste de la grève et, surtout, rejoint l’expérience d’innombrables femmes, par-delà la branche économique du journalisme. Les problèmes soulevés touchent des facettes très différentes de nos vies et, pourtant, s’imbriquent pour former un continuum sexiste.

      Nous demandons la valorisation du travail des femmes. Comme tant de pairs, nous portons une immense partie de la charge émotionnelle au travail. Est attendu de nous que nous soyons patientes, à l’écoute, gestionnaires du quotidien. Quand on se tournera vers les hommes pour ce qui relève de compétences jugées plus techniques et mesurables. Invisibilisé, notre travail est pourtant essentiel à la bonne marche de toute entreprise.

      Nous attendons que notre parole soit écoutée, notre légitimité reconnue comme celle de nos collègues masculins.

      Nous voulons concilier vie privée et professionnelle sans nous épuiser dans de doubles journées, que nous soyons mères ou proches-aidantes. Cela passe par le respect de notre temps de repos, des congés (parentaux notamment) suffisants et la possibilité d’aménager notre temps de travail selon nos besoins. Il n’existe pas de recette magique applicable à toutes. Et nous méritons d’être considérées au-delà des stéréotypes de genre.

      Nous exigeons la parité à tous les niveaux de l’entreprise, de la base aux instances dirigeantes.

      Enfin, la lutte contre le sexisme doit s’appliquer à chacune de nos pages. Elle passe par la généralisation du langage épicène, des images non stéréotypées, des formulations s’abstenant de ramener les femmes à leur seul statut de mère, de fille ou d’épouse, sans cliché machiste.

      Le chantier ne fait que commencer. Et nous aurons toutes et tous à gagner de ce monde plus égalitaire. Solidaires, les hommes du Courrier nous soutiennent d’ailleurs dans notre lutte. Nous leur confions, l’espace d’une journée, la tâche de confectionner un journal spécial dédié à la grève, qui paraîtra samedi. Cette édition ancrera la date du 14 juin 2019 dans les mémoires. Pour qu’elle ne devienne pas une date anniversaire, mais une date charnière, le marqueur d’un changement de société dans toute sa profondeur.

      https://lecourrier.ch/2019/06/13/toutes-les-femmes-du-courrier

    • Swiss women strike for more money, time and respect

      Women across Switzerland are preparing for a nationwide strike in protest against what they say is the country’s unacceptably slow pace to equality.

      Friday’s protest comes 28 years after similar action saw half a million women take to the streets in 1991.

      Swiss women have long campaigned to accelerate the pace of gender equality.

      They joined millions of other women in Europe after World War One ended in 1918 in demanding the right to vote - but did not get it until 1971.

      At the time of the 1991 strike there were no women in the Swiss government, and there was no statutory maternity leave.

      Appenzell, the last Swiss canton to refuse women the right to vote, had just been ordered to change its policy by Switzerland’s Supreme Court.


      https://www.bbc.com/news/world-europe-48615911

    • Les journaux romands se mettent au violet

      Que ce soit sur un mode humoristique, ironique ou sérieux, la presse romande relate largement la grève des femmes vendredi.

      Les quotidiens romands parlent abondamment de la grève des femmes dans leurs éditions de vendredi. La plupart se sont parés de violet, la couleur du mouvement.

      « Suissesses en colère », écrit « 24 heures » en une. Le quotidien vaudois illustre sa première page avec le dessin d’une femme en violet sur fond jaune, poing dressé en l’air. Plus sobre, la « Tribune de Genève » titre « Une journée de grève pour exiger l’égalité » avec la photo de manifestantes vêtues en violet.

      « 20 Minutes » titre « Hall of femmes » en référence à l’expression anglophone « Hall of fame », temple de la renommée en français. Du côté de Neuchâtel, « Arcinfo » propose la photo d’une foule de femmes en première page avec le titre « Respect ».

      Le « Journal du Jura » opte lui pour un dessin de presse humoristique, montrant une mère en train d’accoucher à 15h24, heure symbolique à laquelle les femmes ne sont plus payées par rapport aux hommes. « L’étoffe des héroïnes » lance quant à lui le « Quotidien jurassien ».

      Un dessin orne également la une de « La Liberté », celui d’une femme en gants de boxe. « Pour que la lutte porte ses fruits », titre le journal fribourgeois. « Grève féministe Jour G », renchérit Le Courrier, qui a abandonné sa traditionnelle couleur rouge pour le violet.

      « Le Temps » montre un dessin où plusieurs hommes sont représentés, mais aucune femme. « Un genre vous manque, et tout un journal est dépeuplé », titre le quotidien. Son édition de vendredi est parsemée de cases blanches, là où une journaliste devait écrire un article.

      https://www.tdg.ch/suisse/suisse-romandejournaux-romands-mettent-violet/story/25605124

    • En Suisse, les femmes appelées à la grève pour dénoncer les inégalités

      Les organisateurs souhaitent mettre en lumière les différences salariales, mais aussi insister sur la reconnaissance du travail domestique et dénoncer les violences contre les femmes.


      https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/14/en-suisse-les-femmes-appelees-a-la-greve-pour-denoncer-les-inegalites_547605

    • Why Swiss women are back on strike today

      On June 14, 1991, half a million women in Switzerland joined the first women’s strike. Now, nearly 30 years later, they’re mobilising again.

      Many people in Switzerland were taken by surprise on that spring day in 1991. The idea came from a small group of women watchmakers in the Vaud and Jura regions. Organised by trade unionist Christiane Brunner, it became one of the biggest political demonstrations in Swiss history.

      About 500,000 women throughout the country joined in the women’s strike through various types of actions. They called for equal pay for equal work, equality under social insurance law, and for the end of discrimination and sexual harassment.
      Why 1991?

      The choice of date was not arbitrary: on June 14 a decade prior, Swiss voters had approved a new article in the constitution on equality of the sexesexternal link. But the principle laid down in the constitution had not been translated into concrete legislation. The gap between men’s and women’s pay was still glaring.

      The 1991 strike was also intended to mark the 20th anniversary of women getting the vote at the federal level, a goal achieved very late in Switzerland compared to all other countries in Europe and most of the world.
      Why a strike?

      The idea of presenting the mobilisation of 1991 as a strike at first struggled to find acceptance. “At the outset, the Swiss trade union congress was not enthusiastic,” recalls historian Elisabeth Joris, who specialises in women’s and gender history in Switzerland. “The word was going round: ‘This is a day of action, not a strike’, because the very notion of a strike was linked to paid work, while women worked in very varied settings and often not for a paycheque.”

      On the other hand, talking in terms of a strike took on a highly political significance. “Every social movement takes place in a historical context, it is linked to other events,” notes Joris. Declaring a nationwide political strike meant appealing to the precedent of the other great nationwide political strike in Swiss history: the general strike of 1918, which included women’s suffrage among its demands, and in which women played an important role.

      “Women were borrowing a tradition from the workers’ movement, but gave it a wider meaning, transforming and adapting it to the needs of the feminist movement,” explains Joris. The idea of a women’s strike was not new, either. In 1975 there was such a strike in Iceland, to mark International Women’s Year. Even the choice of March 8 as International Women’s Day commemorates the strike by New York garment workers in 1909 and 1910.

      A different kind of strike

      The 1991 strike movement had many obstacles to overcome. In the economic and political world, there was much opposition. At the time, Senate President Max Affolter urged women not to get involved in it and risk “forfeiting men’s goodwill towards their aspirations”.

      On the other hand, the varied working environment of women, often outside the realm of paid work, did not lend itself to traditional forms of mobilisation. “The 1991 women’s strike involved a wide range of actions,” points out Elisabeth Joris. “This was able to happen because the strike was organised on a decentralised basis, unlike traditional strikes.”
      Snowballs for politicians

      Even if its historical significance was not recognised at the outset, the 1991 strike had a decisive impact on progress regarding equality of the sexes and the struggle against discrimination in Switzerland. The newfound strength of the women’s movement showed itself in 1993, when the right-wing majority in parliament declined to elect the Social Democratic Party candidate Christiane Brunner to a seat in the Federal Council, preferring a man.

      “The majority in parliament thought it could do the same thing it had done ten years before with Lilian Uchtenhagen [another Social Democrat who failed to win the election]”, notes Joris. “But Christiane Brunner was the women’s strike. The reaction was immediate. A few hours later, the square in front of parliament was full of demonstrators. Some parliamentarians found themselves pelted with snowballs.”

      Francis Matthey, the candidate elected to the Swiss executive branch, came under such pressure from his own party as well as demonstrators that he felt obliged to resign. A week later Ruth Dreifuss was elected in his place. “Since that time, the idea of there being no women in cabinet is just not acceptable.”

      In 1996, legislation was brought in to ensure the equality of the sexes, which had been one of the demands of the strike. In 2002, Swiss voters approved legislation legalising abortion. In 2004, the article in the constitution on maternity leave, which had been in the constitution since 1945, was finally implemented in a piece of enabling legislation.
      ‘A new generation that favours feminism’

      And yet, in spite of the victories of the women’s movement, equality remains a burning issue. Pay gaps between women and men remain considerable. The #metoo movement has brought to the fore – like never before – the issue of sexual harassment and discrimination based on a person’s gender or sexual orientation.

      “Already around the 20th anniversary there was talk of another women’s strike, but the idea didn’t take hold,” notes Elisabeth Joris. “To succeed, a movement needs an emotional energy to it. This energy has now accumulated. There is a huge generation of young women in their 20s and 30s that favours feminism.”

      “In 2019, we are still looking for equality, and realise that there has to be a lot more than this – the culture of sexism is part of everyday life in Switzerland, it’s invisible, and we are so used to getting along that we hardly notice it is there,” says Clara Almeida Lozar, 20, who belongs to the collective organising the women’s strike at the Swiss Federal Institute of Technology Lausanne.

      https://www.swissinfo.ch/eng/feminism_why-swiss-women-are-back-on-strike-today/45025458

  • Actualité des médiashttps://www.acrimed.org/Actualite-des-medias-mediatisation-des-gilets

    Mediapart condamné suite à une plainte de Vincent Bolloré – La passion de Vincent Bolloré pour les poursuites-baillons ne se dément pas. Dans la plupart des cas, l’oligarque des médias Vincent Bolloré perd les procès qu’il intente à la presse. Le 8 janvier dernier, Mediapart a malgré tout été condamné pour diffamation contre Vincent Bolloré en raison d’un article de Fanny Pigeaud intitulé « Comment le groupe Bolloré a ruiné deux entrepreneurs camerounais ». Selon Le Monde, « le tribunal correctionnel de Nanterre a condamné cette spécialiste de l’Afrique à une amende de 1 500 euros avec sursis. Le journaliste Edwy Plenel, poursuivi en tant que directeur de la publication, se voit infliger une amende de 1 500 euros ferme. Le tribunal a également condamné les deux prévenus à verser solidairement 2 000 euros à chaque partie civile – Vincent Bolloré et deux de ses entreprises, Bolloré SA et SAS Bolloré Africa Logistics – en dédommagement du préjudice d’image subi. Mediapart devra en outre supprimer de son site les passages de l’article incriminés, sous peine d’astreinte

  • Maps Mania: Unboxing the Shetlands
    http://googlemapsmania.blogspot.com/2018/10/unboxing-shetlands.html

    Yesterday the Scottish government passed a law which makes it illegal to place the Shetlands Islands in an inset box on a map of Scotland.

    Just as Hawaii is often shown in an inset box on maps of the United States the Shetland Islands are often placed in an inset box on maps of Scotland. By making it illegal to place the Shetland Islands inside an inset box the politicians have created a huge problem for cartographers.

    Or have they?

    My solution to this problem is simply Unboxing the Shetlands and placing the rest of Scotland in an inset box instead. This simple and elegant solution to the new law will hopefully satisfy everybody.

    Obviously my solution does not quite fit the letter of the new law which requires that the islands be “displayed in a manner that accurately and proportionately represents their geographical location in relation to the rest of Scotland”. However I think it does fit the spirit of the law in that it more accurately reflects the huge cultural and historical significance of the islands. My map obviously has the additional benefit of putting Scotland back in the box where it belongs.

    #cartographie #Écosse #Shetlands #LOL

    • À quand une loi du même genre pour la Corse ?

      Note : ça me rappelle mes débuts sur le module de cartographie de SAS, il y a vraiment longtemps. Les fonds de carte fournis par SAS Institute plaçait la Corse en encart dans le Golfe de Gascogne. Ça n’avait pas duré très longtemps.

      C’est vrai qu’il y a de la place à utiliser ; d’ailleurs, c’est souvent là que sont placés les encarts pour les DOM.

  • How a small group of Israelis made the Western Wall Jewish again
    http://www.haaretz.com/israel-news/.premium-1.792857

    On Saturday, June 10, 1967, the fifth day of the Six-Day War, Yosef Schwartz, a contractor, entered the bomb shelter in the Kiryat Hayovel neighborhood in western Jerusalem and found his daughter and grandchildren. “It was quite normal to see us and bring bread and milk,” says his daughter Zehava Fuchs. “But this time he was very tense, he hugged me and the children and he looked different than usual.”

    Schwartz, who was wearing the uniform of the old Haganah police force, left without saying where he was going. “I went up to the apartment to call my mother, she told me he didn’t want to say where he wast going,” said Fuchs.

    “The next day he came back crying. My brother was a pilot then and I was very worried something had happened, but then he told me that he had been in the Old City and touched the Kotel. He told how at night they demolished all the Mughrabi neighborhood. He was completely secular, but he said that when they worked there was a mystical feeling, they felt they were on a mission,” she added.

    Schwartz was one of 15 older contractors from the Jeruslaem contractors association who were called on by then Mayor Teddy Kollek that night to come to the Western Wall, which had just been captured. The task was to demolish the houses in the Mughrabi (Moroccan) Quarter that was built right next to the Kotel and create the Western Wall Plaza.

    Sasson Levy, one of the two contractors who is still alive, remembers the excitement very well: “I was sky-high, it was a pleasure.”

    Kollek enlisted the contractors for the work, but to this day it is still not clear who made the decision about the demolition. It is clear Kollek was involved, as well as Shlomo Lahat, who was the new military governor of East Jerusalem (and later mayor of Tel Aviv), and the head of the IDF’s Central Command, Maj. Gen. Uzi Narkiss. It is clear they intentionally made the decision without asking for – or receiving permission. No written documents remain concerning the decision, except for a hand-drawn map on a piece of paper that marked the boundaries of the area to be demolished.

    The contractors association was the most readily available source of manpower, but that was not the only reason that Kollek turned to them. The fear of an international protest made it necessary to use an unofficial civilian body to take on the job. The demolition work was given to the Jerusalem contractors and builders organization to distance any involvement of official bodies in the demolition as much as possible, wrote Uzi Benziman in Haaretz Magazine last week (in Hebrew).

    Kollek explained the urgency of clearing the plaza stemmed from the Shavuot holiday in a few days, when tens of thousands of Israelis were expected to flock to the Kotel. Leaving the old buildings standing could be dangerous, said Kollek. But the contractors, who were not called up to the reserves because of their age, saw it as much more than just another engineering project: That night remained engraved in their memories as a historic moment. So much so that after the war they established the “Order of the Kotel,” a sort of imitation of an order of knights for those who “purified the Kotel plaza for the people of Israel,” as they wrote about themselves.

    A coincidence led researchers from Yad Ben Zvi, the Ben Zvi Institute in Jerusalem named after former President Yitzhak Ben-Zvi, to study the Order of the Kotel story. Next week an exhibition will go on display at the Institute about the Order and the creation of the Western Wall Plaza.

    The work began about 11 P.M. The first job was to demolish a toilet that was built up against the Western Wall. A day earlier, Prime Minister David Ben-Gurion visited the Kotel and reprimanded Yaakov Yannai, the head of the National Parks Authority, about the bathroom. “You come to place like this and you see a stench in the wall, we were surprised by it,” Levy remembers. “It made us angry in all the joy. At first we worked with hoes, pickaxes, cultivators and hammers. After that Zalman [Broshi, one of the largest builders in Jerusalem] brought in the tractor.”

    Two bulldozers worked to demolish the houses. They ran into difficulties when the rooms underground collapsed suddenly under the bulldozers, but the collapse also provided them with space to bury the rubble and flatten the ground. 135 houses were demolished, and in the end the demolition exceeded the area drawn on the map.

    Levy does not remember the residents of the houses or whether anyone was evacuated from them. Fuchs says that when she asked her father about them, “he said they went with a megaphone and asked the people to gather, and they went out through the Zion Gate, because through this gat they took out the refugees of the Jewish Quarter [in 1948].”

    Bruria Shiloni, the daughter of Yosef Zaban, and who was there that night, does not remember the residents. “I didn’t have the impression that people lived there, that there was life,” says Shiloni. “Later I heard that they smuggled them out of there. The feeling was that they were demolishing empty and piled up huts, I didn’t see movement of people.”

    Benziman tells how in one case the residents refused to leave the house and left only after the bulldozer rammed the wall. In one house, an elderly woman named Haja Ali Taba’aki was found dead in her bed. In one of the pictures a bulldozer can be seen demolishing a house with furniture, curtains and a vase with flowers inside.

    Zaban was the father of Yair Tsaban, who became a member of Knesset for the left-wing Mapam party. Shiloni went to the Kotel with her father and remembers the trip and Kollek standing on a crate or step, speaking to those present. During the demolition she was not there, after two officers accompanied her to find her husband, a platoon commander who had been wounded in the fighting.

    The Order of the Western Wall was founded that same night and the members continued to meet regularly until the 1990s, when most of them passed away. In 1967 they enlisted in another task from Kollek and built the structure near the windmill in the Yemin Moshe neighborhood of the capital that housed the original carriage used by Moses Montefiore in his travels. In 1983 they published album with almost prophetic predictions by Itamar Ben-Avi, a journalist and son of Eliezer Ben-Yehuda, about the creation of the Kotel Plaza. Ben-Avi died in 1943. In 1987 the members of the Oder attended a ceremony in their honor in the Knesset, and received the “Defender of the Kotel” decoration.

    The founder of the order was Baruch Barkai, who became the secretary of the group and a rather unusual figure. Barkai was born in Latvia, studied law, was a journalist, art collector and a member of the Lehi pre-state underground, also known as the Stern Gang. He was even arrested on suspicions of being involved in the murder of Chaim Arlosoroff. Barkai later wrote a number of books, two of which are etiquette guides, and founded the most polite Knesset member competition.

    “It was a difficult day for him,” says Barkai’s son Itamar, who was named after Ben-Avi, who his father admired. The 1983 album says the Order was founded on Sunday, the third day of the Hebrew month of Sivan, June 11, 1967 at 3 A.M. in the Kotel Plaza, with the 15 members who had answered the call of the engineering officer, Capt. Eitan Ben Moshe, to purify the Kotel Plaza. “In doing so they fulfilled the vision of Itamar Ben-Avi: ‘The Kotel with space on the right and space on the left too, the Kotel with a broad courtyard in front of it.”

    The Yad Ben- Zvi researchers discovered the story by accident, through a person who participated in the demolition, but not a member of the Order.

    Ze’ev Ben Gal was born to a Samaritan family, fled his parent’s home, enlisted in the Palmah and lived on Kibbuts Rosh Hanikra. During the Six-Day War he served as a bulldozer driver in the reserves and was called to the Mughrabi neighborhood. During his work he noticed a large iron lock, it seems the lock on the gate to the neighborhood, and kept it. After he died last year, the lock made its way to the kibbutz archive, where they decided to give it, and the story behind it, to Yad Ben-Zvi.

    Fuchs was photographed for the movie that was part of the “50 Faces, 50 years” project created by the Tower of David Museum in the Old City. She said about her father, Schwartz, that he was so proud of every house he built, and suddenly he was proud of demolishing houses, “but he felt that he was carrying out a great mission for the Jewish people.”

    Anyone who knew the Kotel before the demolition was amazed by the plaza that was born overnight. “I read in the newspaper that they demolished the houses and straightened the plaza in front of the Kotel, but I didn’t imagine they made a stadium,” an “elderly Yemenite” Jew was quoted in the Davar newspaper. The quote appears in an article that appeared recently by Shmuel Bahat in the journal Et-mol, published by Yad Ben Zvi. Kollek too is quoted justifying the demolitions: “It ws the greatest thing we could do and it is good we did it immediately.”

  • Des dirigeants d’un magasin Leclerc sont jugés pour la séquestration de salariés et travail dissimulé
    C’était il y a un certain temps, mais trés révélateur

    Les patrons sont parfois séquestrés, les salariés, très rarement. C’est pourtant un tel fait qui a mené des dirigeants du supermarché Leclerc de Montbéliard (Doubs) devant le tribunal correctionnel de la ville, jeudi 14 novembre. Ils sont accusés d’avoir séquestré, en 2006, une cinquantaine de salariés durant environ une heure dans une réserve afin de les soustraire au contrôle inopiné de l’inspection du travail. La CGT s’est portée partie civile. Une vingtaine de salariés ont demandé le paiement d’heures supplémentaires ainsi que des dommages et intérêts pour leur enfermement dans la réserve.

    L’audience a duré treize heures, le temps d’essayer d’éclaircir de nombreux points de cette affaire exceptionnelle. Le 30 juin 2006, vers 21 h 45, le magasin est en plein inventaire quand arrivent des agents de l’inspection du travail, de l’Urssaf et des policiers. L’inspection enquête sur une comptabilisation suspecte des heures supplémentaires depuis plusieurs mois après des plaintes de salariés. Une partie de ces heures n’étaient ni comptabilisées ni payées. Une ancienne employée a confié, dans L’Est Républicain du 17 novembre 2011, qu’elle avait établi de faux relevés d’heures, mentionnant 37,5 heures par semaine alors que des salariés en faisaient 50 à 60.

    A la vue des inspecteurs, le directeur du magasin Leclerc ordonne à une chef de département de cacher une cinquantaine de salariés. Ceux-ci sont conduits dans une réserve. Ils se retrouvent dans le noir, avec interdiction de parler, sans savoir pourquoi ils sont là. "Quand j’ai vu les enquêteurs et la police sur le parking, j’ai paniqué, je savais qu’on ne respectait pas les amplitudes horaires" légales, a reconnu le directeur à la barre.  « J’aurais dû réagir mais je ne l’ai pas fait, a admis, de son côté, la chef de département. J’ai suivi [les ordres] sans comprendre les enjeux. »

    DIFFÉRENTES VERSIONS POUR UNE "FRAUDE MASSIVE"

    Comment s’est passé la séquestration ? L’enfermement aurait duré de 20 à 60 minutes. Certains salariés ont affirmé que le local avait été fermé à clé, la chef de département disant, elle, qu’elle a maintenu la porte avec son pied. « C’était comme si on nous faisait passer pour des travailleurs clandestins », a souligné une salariée dans L’Est Républicain du 17 novembre 2011, ajoutant avoir été "suivie par une psychologue" ensuite.

    Pour Sébastien Bender, avocat du directeur du magasin et de la directrice des ressources humaines (DRH), qui a plaidé leur relaxe, on ne peut pas vraiment parler de séquestration. "Le directeur n’a pas donné l’ordre d’enfermer les salariés mais de les cacher. Et personne ne s’est opposé à aller dans le local", affirme-t-il. Mais peut-on s’opposer aux ordres de son patron ? M. Bender a une autre explication : "Certains salariés ont dit qu’ils avaient pensé qu’ils allaient faire l’inventaire de la réserve, d’autres qu’il y avait le feu. Même dans la réserve, personne n’a demandé à en sortir."

    Des salariés ont pourtant indiqué s’être sentis "oppressés" dans le local. Mais M. Bender a un doute. "Une personne a déclaré avoir joué au foot dans la réserve. Il n’y a pas deux versions identiques." De même, il y a plusieurs versions de la libération des salariés. Etait-ce après le départ des inspecteurs ? Ou bien, comme le dit M. Bender, "au bout d’un quart d’heure, quand le directeur a donné l’ordre de remettre les salariés dans les rayons par petits groupes" , après avoir réalisé qu’il avait "fait une bêtise" ? Le tribunal devra trancher.

    En tout cas,  « c’est la première fois qu’on arrive à prouver une fraude massive , a souligné la direction du travail dans Libération du 20 octobre 2006. Mais à côté de ça, il y a quantité d’affaires qui n’aboutissent pas faute de preuves et parce que les gens qui viennent se plaindre d’heures sup non payées veulent rester anonymes. Les heures sup, c’est la grande plaie du secteur de la grande distribution (…). Il y a une chape de silence."

     LE NERF DE CE DOSSIER, C’EST L’ARGENT

    Après cet épisode, le PDG de la société SAS Montdis, qui gère le magasin, "s’est excusé auprès des salariés, indique M. Bender. Une prime a été versée aux 92 qui avaient été présents ce soir-là, dont les 40 qui étaient dans la réserve". La chef de département, qui est la fille du PDG, et la DRH n’ont pas été sanctionnées. Le directeur a reçu une mise à pied de dix jours et est toujours à la tête du magasin. Depuis cet incident, une pointeuse a été installée.

     « Le nerf de ce dossier, c’est l’argent » , a lancé le procureur lors du procès. La séquestration, a-t-il ajouté, "c’est l’aboutissement d’une gestion uniquement tournée vers le profit financier, jamais vers l’humain." Une vision que conteste M. Bender : "Le magasin gagne autant d’argent, voire plus, maintenant, alors qu’il y a la pointeuse et que 50 salariés ont été embauchés depuis."

    Le procureur a requis 200 000 euros d’amende à l’encontre de la SAS Montdis pour travail dissimulée ; 15 000 à l’encontre le PDG pour travail dissimulé, obstacle à la mission de l’inspection du travail et paiement de salaires inférieurs au minimum conventionnel ; 2 500 euros d’amende à l’encontre la DRH et 6 000 euros à l’encontre le directeur du magasin ; ainsi qu’un mois de prison avec sursis assorti d’une amende de 2 500 euros pour la chef de département pour séquestration et obstacle à la mission de l’inspection. La décision du tribunal sera rendue par le tribunal le 23 janvier 2014.

    Source : http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/11/16/des-dirigeants-d-un-magasin-leclerc-sont-juges-pour-la-sequestration-de-sala
    #leclerc #séquestration #grande_distribution #inventaire #travail #esclavage

  • Les États-Unis interdisent aux Européens d’utiliser des lanceurs russes
    http://www.brujitafr.fr/article-les-etats-unis-interdisent-aux-europeens-d-utiliser-des-lanceurs-r

    Washington a bloqué plusieurs lancements par le lanceur russe Proton de satellites européens dotés d’équipements américains, écrit lundi le quotidien russe Moskovski Komsomolets. D’après l’expert américain Peter de Selding, les sanctions concernent, entre autres, le satellite de télécommunications Astra 2G de la société luxembourgeoise SAS, dont le lancement était prévu en juin depuis le cosmodrome de Baïkonour sur la fusée porteuse Proton M. Le lancement du satellite Inmarsat 5 F2 a également été annulé. Le satellite turc Turksat 4B, qui devait sortir en orbite cet été, a aussi été victime des sanctions. Ces mesures frappent les compagnies qui avaient l’intention de lancer leurs vaisseaux conformément au contrat avec la compagnie russo-américaine International (...)

    #ACTUALITES

  • Mer du Nord, Energie, Publicité

    Trouvé cette carte-pub dans le Scanorama de décembre 2013-janvier 2014 (c’est le journal qu’on trouve à bord des vols de la SAS - Scandinavian Airlines).

    https://dl.dropbox.com/s/7liz6esw5gji5up/pub-carte.jpg

    Les Gazoducs Mer du Nord - continent(s). Usage de la carte pour la pub, effet graphique assez réussi, et document convaincant, non ?

    #cartographie #publicité #marketing #énergie #gaz #mer_du_nord #visualisation #images #manipulation

  • Transport aérien : on reparle de Ryanair... accusé de « casser et finalement détruire » le transport aérien.

    Ça revient très souvent : régulièrement, la presse norvégienne dénonce la compagnie à bas prix Ryanair d’être en marge de la loi. le site de la NRK, la radio-télévision norvégienne, rapporte dans un article paru le 10 avril 2003 que la compagnie aérienne SAS accuse Ryanair de non seulement violer la loi, mais aussi de le faire pratiquement avec la complicité des autorités qu’on connait beaucoup plus « actives » quand il s’agit de faire respecter d’autres principes, par exemple expulser des migrants (au nom de la loi).

    Quelques passage du papier :

    La SAS a fustigé les autorités norvégiennes qu’elle accuse de laisser Ryanair opérer en Norvège aux marges (externes) de la loi. La Sas pense que Ryanair viole la loi norvégienne sur plusieurs points.

    Ryanair paye actuellement ses taxes et ses impôts en Irlande, et non en Norvège. L’argument de la compagnie ici est que les avions sont immatriculés en Irlande

    Les salariés de Ryanair travaillant en Norvège ont des contrats irlandais, et non pas norvégiens. Selon la direction des impôts, cela constitue une grave violation au droit du travail. Travaillant en Norvège, ils doivent payer des impôts en Norvège, mais ont aussi le droit de bénéficier du régime d’assurance maladie, des allocations familiales et des indemnités de chômage.

    Mais Michael O’Leary, le très turbulent PDG de Ryanair n’en démort pas : « Nous sommes une société irlandaise, nous payons des impôts en Irlande » a-t-il dit aux médias lors d’une rencontre à l’aéroport de Rygge en mai 2012.

    Un hôtesse de l’air témoigne :

    « Vous êtes en quelque sorte obligé de travailler lorsque vous êtes malade, parce que sinon, vous perdez beaucoup d’heures de vol, et vous n’êtes pas payé (il n’y a pas de couverture sociale qui prévoit de payer le salaire le temps de la maladie). »

    La couverture sociale est à peu près nulle en Irlande, et le taux d’imposition n’est que de 11 %. Comment, dans ces conditions, la SAS peut-elle rivaliser avec Ryanair ?

    Source : NRK, 10 avril 2013
    SAS : – Ryanair øydelegg norsk luftfart
    http://www.nrk.no/okonomi/sas-kritiserer-norske-styresmakter-1.10979843

    #ryanair #transport-aérien #norvège

    • C’est donc en 2013 qu’on découvre ce qu’est le Marche Unique imposé par Mitterrand et Delors à toute l’Europe ?

      Quand il ne s’agissait que de détruire les mines, la sidérurgie et la paysannerie, l’Europe des bobos intellos n’en avait évidemment rien à faire, c’était la fatalité, c’était comme ça. Maintenant que l’ogre libéral va menacer les postes de cadres, règlementeurs, journalistes et autres bonasses du ciel, bizarrement, le bourgeois se réveille.

      Et vous espérez sérieusement un soutien des travailleurs sur le fond ? L’Europe, vous l’avez voulu, bouffez-la, à en crever.

    • Il y a un papier de complément aussi très intéressant, le témoignage de deux anciennes employées de Ryanair en Norvège qui expliquent le système Ryanair.

      En gros, tout est illégal dans le contrat de travail : le salaire (117 000 couronnes soit 15 000 euros pour dix mois) totalement inadapté dans le contexte norvégien ; pas de couverture maladie (bien qu’elle soit obligatoire en Norvège) le contrat précise qu’à la, place de la couverture maladie, les employés ont la possibilité de consulter... un médecin de la compagnie !! Bonjour la confidentialité.

      Mais le plus étonnant dans cette affaire, c’est le laxisme des autorités norvégiennes qui ne font rien alors que maintes fois des employés et les syndicats ont prouvés que ces contrats de travail sont totalement illégaux.

      Deux anciennes hôtesses témoignent :

      « Mais ça n’a rien à voir avec du dumping social, c’est bien pire : c’est purement et simplement de l’esclavage »

      « Un jour, alors que j’aidais un passager à ranger son sac dans un coffre à bagages, on est venu me dire que je n’étais pas assez efficace, trop gentille avec les passagers qui pouvaient bien ranger leurs affaires tout seuls, et que moi, j’avais d’autres tâches imposées »

      Elle décrivent un régime de travail effrayant, des horaires impossibles, des contrôles et une surveillance en permanence. Les employés travaillent dans la peur d’être licenciés à tout moment « parce qu’ils sentent l’alcool, qu’ils n’ont pas pu ou su utiliser les micros, qu’ils n’ont pas assez vendu de produits pendant le vol ou qu’ils ne sont pas assez rapides » par exemple (souvent des motifs futiles).

      « La majorité du personnel est recruté dans des pays très brutalement touché par la crie économique (Slovaquie, Hongrie, Pologne, Pays baltes, Portugal, Espagne,...). Un travail pour eux est un espoir, ils n’ont pas le choix et sont obligés d’accepter ces conditions. Pour beaucoup, c’est une question de survie ».

      « Il ne fait aucun doute que ceux qui travaillent ici à la base de Ryanair à Rygge [petit aéroport près d’Oslo] doivent être couverts par les lois et règlements de la Norvège. Or, ce n’est pas le cas. »

      « On a l’impression que Ryanair à l’aéroport de Rygge est une espèce d’ambassade d’un pays étranger : ils violent la loi en toute impunité, et ils ne sont même pas inquiétés par les autorités norvégienne comme si ils avaient une immunité diplomatique ! »

      Ces hôtesses attaquent Ryanair en justice, l’affaire devrait être traitée dans les semaines qui viennent. Elles sont conscientes que Ryanair en retour pourrait aussi les attaquer pour n’avoir pas respecter leur « obligation de confidentialité absolue » sur ce qui se passe dans l’entreprise ! (c’est une clause du contrat que les employés signent).

      Le porte parole de Ryanair répond :

      « Aucun des employés de Ryanair ne sont obligés de rester avec nous, et tout le monde a la possibilité de quitter l’entreprise si bon leur semble. Pour le salaire, nous sommes obligé de le fixer à un taux qui nous permet d’employer 8 500 personnes » dit-il.

      « Ryanair est une société irlandaise, tous les employés reçoivent un salaire irlandais, et payent des impôts irlandais et sont soumis au droit du travail irlandais, un point c’est tout ».

      « Cela fait partie du principe de la libre circulation des travailleurs que la Norvège est obligé de respecter : il y a une législation européenne claire en ce sens (UE/EEE). Il existe aussi une convention fiscale entre la Norvège et l’Irlande qui montre que nous sommes dans la loi ».

      Source : NRK, le 10 avril 2013
      Kabinansatt saksøker Ryanair
      http://www.nrk.no/nyheter/distrikt/ostfold/1.10979931

    • Et en France :
      Marseille : Ryanair en procès pour travail dissimulé
      http://www.air-journal.fr/2013-01-30-marseille-ryanair-en-proces-pour-travail-dissimule-565791.htm

      Des accusations qui remontent à l’époque où Ryanair avait une base à l’aéroport de Marseille – Provence, avec quatre avions stationnés sur place et 127 employés L’enquête, lancée en avril 2010 et portant sur l’activité de la compagnie depuis 2006, faisait suite aux plaintes des syndicats UNAC et SNPL et de la caisse de retraite des navigants, qui reprochaient à la low cost de déclarer ses salariés en Irlande, où le droit est beaucoup plus favorable à l’employeur qu’en France.

      Je n’arrive pas à trouver d’infos sur le résultat de ce procès. Peut-être est-ce encore en délibéré ?

    • J’ai pris ryanair pour la premiere fois il y a moins d’un mois, le personnel de bord ne rigolait pas et avaient l’air épuisés. Tout le long du vol ils passent avec des parfums, des sacs a maiń, des jeux a gratter, des revues, des bd, des jouets, de la bouffe et des boissons a vendre et je ne sais quoi d’autre. Pendant les 2h de vol, ils ont pas arrêter une seconde leur défilé. Je ne sais pas combien de voyage font les hôtesse et les hôtes de l’air, mais vu que mon billet était a 25euro je pense que pour avoir leur paye ils doivent en faire beaucoup beaucoup.

    • C’est sûr que Ryanair sont des escrocs mais ils vont continuer à bien prospérer, simplement parceque toutes les autres compagnies aériennes pratiquent des prix hallucinants et injustifiables. Et toutes facturent des taxes d’aéroport de plus de la moitié du prix du billet. C’est toujours le même problème Ryanair sont des pourri qui devrait se faire boycotter ne serait ce que pour leurs arnaques répétées des voyageurs (concernant les confirmations de billet d’avion, etc...) mais en même temps aucun service de substitution n’est proposé...

  • La compagnie aérienne scandinave SAS a augmenté sensiblement les salaires de certains de ses cadres alors qu’elle frôlait la faillite : les employés sont scandalisés.

    La réaction des syndicats maison et des employés a été vigoureuse. Ils apprennent par voie de presse (Finansavisen) que les salaires de certains cadres et dirigeants de la compagnie ont été sensiblement augmenté (Finansavisen indique qu’ils ont reçu six mois de salaires en plus de leur salaire normal) alors que tous les autres employés ont consenti d’énormes sacrifices (revenu et conditions de travail) pour permettre à la compagnie de continuer à fonctionner au moment où elle n’avait qu’à peine dix jours de cash d’avance.

    La direction prétend qu’il était nécessaire de « retenir » des dirigeants « clés » de l’entreprise [qui menaçaient de partir] sans lequels elle ne pouvait sortir des difficultés financières. Le président de la SAS affirme que c’était le seul moyen de retenir les compétences nécessaires pour sortir de la crise.

    Les syndicats et les employés, choqués, ne l’entendent pas de cette oreille et considèrent cette situation comme tout à fait inacceptable. Ils demande au conseil d’administration d’intervenir, et aux Etats qui ont renfloué la compagnie et dont l’argent n’était « pas destiné à engraisser les dirigeants » de réagir.

    SAS-ansatte reagerer på lokkelønn til ledere

    SAS-ansatte reagerer på lokkelønn - Økonomi
    http://www.nrk.no/okonomi/sas-ansatte-reagerer-pa-lokkelonn-1.10868614

    Mange SAS-ansatte reagerer kraftig på at ledere i det kriserammede flyselskapet har fått en halv årslønn ekstra for å bli værende i selskapet.

    Det var Finansavisen som sist lørdag skrev om den gullkantede avtalen som noen ledere ble lokket med for å bli værende gjennom kriseperioden.

    Det har vakt sterke reaksjoner, og saken vil trolig eksplodere i Sverige når den blir kjent. Vi hadde et møte med vår ledelse tirsdag, hvor de bekreftet at « en håndfull nøkkelpersoner har mottatt nye kontrakter med økt lønn », sier klubbleder Stig Lundsbakken i verkstedklubben i SAS Norge til VG.

    #scandinavie #sas #transport-aérien #emploi #entreprise #travail