Comment l’application Telegram a tout fait pour se mettre hors de portée des Etats
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Actuellement, c’est bien une société immatriculée dans le Delaware, Telegram LLC, qui distribue l’application sur l’Apple Store.
Sur le Google Play Store, l’application est au nom de Telegram Messenger LLP. Cette société, immatriculée en Grande-Bretagne et domiciliée à Londres, dans un petit immeuble en brique dans le quartier de Covent Garden, à deux pas de la Royal Opera House, est détenue à parts égales par deux autres sociétés. La première, Telegraph Inc., est domiciliée au Belize, à une adresse qui apparaît d’ailleurs dans l’affaire des Panama Papers ; la seconde, Dogged Labs Ltd, émarge aux îles vierges britanniques – selon les documents du greffe britannique des sociétés, M. Durov en est son « managing partner ».
Une quatrième société, immatriculée dans l’Etat de New York, Digital Fortress LLC, s’est chargée de contracter des prestations d’hébergement informatique, avec des fonds fournis par Dogged Labs Ltd.
L’avantage de ce millefeuille juridique ? « Les autorités étatiques ne disposent pas de véritable moyen de coercition sur une société qui est établie dans plusieurs Etats et dont les actionnaires et les serveurs sont disséminés dans le monde entier, explique François Buthiau, avocat spécialisé en droit international pénal. Cette complexification des systèmes ne va pas dans le sens de la coopération avec les autorités judiciaires. »